Nous savons que pour la
Mancellière, le seigneur suzerain de Languiller, dans un long procès contre les possesseurs de cette seigneurie (1677-1685), fit état des métairies qui en dépendaient :
Maison Neuve, les Petites Mancellières, le Plessis-le-Tiers, la Bordinière, la
Fesselière, la Racinauzière, etc. Et pourtant la documentation conservée est
incomplète à leur sujet. Peut-être faut-il voir dans ce constat l’état
déficient de la tenue des chartriers concernés, constaté souvent à cette époque
pour Languiller et ses fiefs annexes, sans même évoquer leur mauvaise
conservation jusqu’à nos jours. Et dans ces deux constats, les guerres civiles
ont dû avoir une part déterminante. De plus, le rachat des petits fiefs de la
région avec ceux de leurs suzerains, tous disparus et réunis à Languiller, a pu
faire oublier les liens vassaliques en cascades, devenus d’un moindre intérêt,
à partir du moment où toutes ces seigneuries étaient possédées par le même
seigneur. Et cette situation s’accentua quand le seigneur de la Rabatelière
acheta Languiller, c'est-à-dire son suzerain pour la Mancellière, au début du
18e siècle. D’ailleurs cette situation confuse contribue à expliquer
les procès que fit Philippe Chitton, le nouveau seigneur de Languiller à partir
des années 1677, pour faire respecter par ses vassaux ses prérogatives de
seigneur dominant. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans un autre article.
Ces dépendances de la seigneurie
de la Mancellière se situent évidemment dans les environs immédiats à Saint-André-Goule-d’Oie. Mais elles débordent aussi sur les territoires de Chauché, la
Rabatelière et Chavagnes-en-Paillers. Encore que pour Chavagnes il ne s’agisse que de la
partie de son territoire située au-delà de la Petite Maine. En revanche, le ruisseau
du Vendrenneau paraît former une frontière, et la Mancellière ne possédait pas
de dépendances sur Saint-Fulgent et la partie de nord-est de Chavagnes. On fait un
constat de même portée pour les demeures des 48 propriétaires de baux à
complant du fief de vigne de la Mancellière en 1788. À l’ouest, la Petite Maine
nous apparaît comme un lieu de passages, alors qu’au nord-est le Vendrenneau
est une frontière qui sépare. Celui-ci a été
une frontière politique décidée vers 943 pour séparer la sphère d’influence de Tiffauges
de celle de Thouars et du Poitou (1). On sait que l’Histoire peut parfois peser
lourd, mais de là à s’y référer huit siècles après pour comprendre la répartition
géographique des propriétaires du fief de vigne de la Mancellière en 1788, on
hésite beaucoup à le faire.
Sur la Petite Maine pouvait exister une navigation pour le transport de marchandises. Que diraient les documents, qui n’existent probablement plus, sur l’histoire de ces lieux au temps des dynasties mérovingienne et carolingienne ? On a pu lire que des vikings sont venus jusqu’à Chauché par la Petite Maine, partant de la région nantaise qu’ils avaient envahie. Qu’ils aient emprunté la Maine au sud de Vertou est
avéré, mais qu’ils aient descendu aussi en amont le cours d’eau parait
difficile à croire. On sait aussi qu’une villa wisigothe était implantée à Benaston proche, pouvant attirer des chasseurs de butin. Mais sans document, même au sens large, pas d’Histoire.
Les documents accessibles nous projettent juste après le monde féodal du Moyen Âge. Au 15e siècle la féodalité survit à la Mancellière, mais les chevaliers des origines ont disparu. Pour beaucoup de familles nobles il reste leurs patrimoines dévalués de droits seigneuriaux, parfois de manière compliquée comme ce fut le cas à St André Goule d’Oie. Examinons maintenant ce qui reste de ces droits pour la seigneurie de la Mancellière tels qu’ils nous apparaissent dans les archives de la Rabatelière.
Les tènements du Puy Sallé, des Charprais et de la Maison Neuve
Le tènement (terroir d’étendue
variable tenu d’un seigneur) du Puy Sallé, situé près du chemin qui va de la
Roche Mauvin à la Porcelière, contenait 3 septrées de terres et 1 journal de
pré (au total environ 6,5 ha), et il a été concédé aux teneurs du Plessis-le-Tiers, habituellement représentés par Jean Boudaud en 1514. Ceux-ci devaient porter à
la Mancellière 32 boisseaux de seigle chaque année (5,5 quintaux) (2). Il y avait un champ à la
Porcelière (au tènement des Chopinières) qui s’appelait aussi le Puy Sallé, à
ne pas confondre avec le fief du même nom, de même une mare portait le même nom
(3).
La Maison Neuve |
La Maison Neuve a d’abord été un
fief occupant une surface de 128 boisselées de terres labourables (environ 16
ha), tenu de la seigneurie de la Guichardière voisine (Rabatelière), et bordant
les terres de la Bordinière, la Racinauzière, la Mancellière et le chemin par
lequel l’on allait de Saint-Fulgent à la Guichardière. Le fief a été acheté par
le seigneur de la Mancellière au seigneur de la Parnière (Brouzils), Henri
d’Aubigné. En 1499, le seigneur de la Mancellière, Jean Prevost, y a fait
édifier « une métairie garnie de maison, grange, four, jardin, ruage, et
autres choses nécessaires pour ladite maison contenant le tout une minée de
terre ou environ » (6). En 1619 on y comptait « 6 septerées de terres
labourables et gâtes et 8 journaux de pré faisant partie de la métairie de
Beauregard au tènement de la Maisonneuve » (7). Ensuite on y a ajouté des terres provenant du
tènement de la Bordinière, et le domaine de la Maison Neuve s’est trouvé alors bordé
par les terres du Plessis-le-Tiers, avec une haie et un ruisseau entre eux (8).
Au 17e siècle ce fief-métairie est passé du territoire de
Saint-André-Goule-d’Oie à celui de la nouvelle paroisse de la Rabatelière créée
officiellement en 1640. À la même époque elle a été achetée avec la seigneurie
de la Mancellière par le seigneur de la Rabatelière.
Le tènement du Plessis-le-Tiers
Plus important est la partie de
l’aveu de 1607 concernant le village et tènement du Plessis-le-Tiers. En 1515, le seigneur de la Mancellière ne mentionne
aucun droit pour lui. En revanche,
dans son aveu du 7 novembre 1607 (9), il avoue tenir, à cause de la seigneurie
des Bouchauds, une terragerie (terre soumise au droit de terrage, non précisé
ici, mais en général de 1/6 des récoltes dans la région), sur ce tènement. Ces
droits de terrage s’appliquent aussi sur les foins, et il en partage le revenu
avec Nicolas Amauvin à raison d’un quart pour ce dernier. Et il a droit de dîme
sur les pourceaux, les chevreaux et la laine. Sur les « fruits de hautes branches »
(poires, pommes, cerises, etc.) du verger, il prélève aussi une dîme, partagée à
moitié avec le prieur de Saint-André. Ce Nicolas Amauvin est un descendant de la famille qui a été possesseur de la Mancellière, et qui a créé le tènement voisin de la Roche Mauvin, anciennement
appelé Roche Amauvin.
Le Plessis-le-Tiers |
On comprend mieux cette situation
confuse en consultant les registres des assises de la Rabatelière, où les
teneurs du Plessis-le-Tiers s’y trouvent régulièrement cités. Ils sont
défaillants les 7 juin et 19 août 1632, c’est-à-dire absents tout simplement,
malgré les affiches qui annonçaient le jour des assises. En revanche, ils sont
une trentaine le 4 juin 1637, à présenter une déclaration détaillée (11).
Ils reconnaissent relever de la
Rabatelière à cause de la sergenterie de la Menancenerie pour un tènement
particulier appelé les Guimardrie où ils doivent 20 mesures de seigle et un terrage au
1/6 des récoltes. Ils déclarent aussi les redevances, à Languiller bien sûr les
8 boisseaux de seigle et les 20 ras d’avoine, puis à divers autres
créanciers :
-
à la baronnie des Essarts : 29 boisseaux de
seigle et 20 ras d’avoine et 54 sols en argent,
-
à Léandre Thoumazeau sieur de la
Rousselière : 13 sols 6 deniers en argent et 46 boisseaux de seigle,
-
au sieur de Landrelière à cause du fief des
Drillères : 2 boisseaux et 12 deniers,
-
à Louis Loizeau de la Boninière, Moreau et
Breau : 4 boisseaux seigle,
-
au prieur de Saint-André : 1 boisseau de
blé de rente,
-
à Amaury Maillard : 2 boisseaux de seigle,
- aux Basty de la Laneresnière : 3 boisseaux de seigle, de laquelle rente les défunts Jean et Christophe Basty ont donné 1,5
boisseau à la fabrique de Chauché.
Dans la même déclaration on
trouve que le seigneur de la Vrignonnière et de la Guiffardière (Essarts), lève
sur le tènement du Plessis-le-Tiers 32 boisseaux de seigle rendus à la
Guiffardière, et 2 chapons et 10 sols à noël. Ces redevances résultaient d’un
affranchissement de terrage fait autrefois, qui avait donné lieu à un conflit
avec le seigneur de la Rabatelière, se terminant par un accord où la
Guiffadière en rendait hommage à la Rabatelière. Sauf que le seigneur de Languiller,
suzerain de la Guiffardière, prétendit que cet hommage lésait ses droits, et la
querelle repartit à nouveau (12) !
le Plessis-le-Tiers |
Il paraît en revanche qu’à la
Giroulière (Rabatelière), les teneurs devaient un « bian à bœufs »
(corvée) par semaine à la Rabatelière, et que ceux des teneurs du Plessis-le-Tiers voisin, qui y possédaient des terres, étaient d’astreinte une semaine sur
trois. Et pour les rentes ils en prenaient en charge le tiers (14). On voit là
que la seigneurie de la Rabatelière avait conservé des corvées au 17e
siècle, supprimées dans la seigneurie du Coin Foucaud depuis longtemps.
Dans un état des redevances dues
au château de la Rabatelière, on relève une redevance du village du Plessis-le-Tiers à noël de 8 sols et 2 poules (15). Et dans un livre de comptes de la
Rabatelière les teneurs dans le village ont payé 16 sols et 6 deniers pour
dîmes d’agneaux à la date du 23 août 1736 (16) et 7 livres pour les deux années 1786
et 1787. Leur cens d’une livre 3 sols 9 deniers par an dû à chaque noël, fut
payé en septembre 1788, en payant 8 années en retard (17).
La mouvance du Plessis-le-Tiers parait tiraillée à partir du 16e siècle entre les Bouchauds à cause
de la Mancellière, et la Rabatelière, nouveau possesseur de la Mancellière. Languiller (pour les Bouchauds) et la Rabatelière, se sont partagé une partie des droits seigneuriaux de manière peu claire pour
la postérité. Néanmoins, sur un plan humain, le village apparaît plutôt dans « l’orbite »
de la Rabatelière. D’ailleurs on voit en 1779, lors
d’un partage de succession du seigneur de la Rabatelière, la Mancellière citée
parmi les fiefs annexes de la Rabatelière (18). Ce n’était juridiquement pas
vrai, mais cela était pratiqué sans porter à conséquence.
Cette situation féodale du Plessis-le-Tiers résulte de sa composition compliquée, faite de 5
parties différentes : le fief de la Guimardrie, avec son terrage au 1/6
des récoltes, et 4 autres fiefs avec leur terrage au 1/8 des récoltes : fief des Filées, fief des Landes communes,
fief des Landes renfermées, et fief des Epinettes. Leur surface totale était de 403 boisselées
dépendant de la Rabatelière en 1789 (19). Nous avons une
même concentration de fiefs à la Brossière avec une documentation accessible
pour chacun d’eux. Ce n’est malheureusement pas le cas au Plessis-le-Tiers. Et en 1748, la baronnie des Essarts recevait toujours une
reconnaissance de titre nouveau de la part des 18 teneurs du Plessis-le-Tiers (20).
Pour terminer nous donnons le nom
de ces teneurs, certains étant en communauté : Denis Grolleau, Pierre et
Nicolas Brisseau, Jean Pidoux, Étienne Guesdon, René Caillé, Pierre Cailleau,
Jean Girard, Jacques Girard, Denis et Pierre Ardouin, Pierre Herbreteau, André
Borgleteau, Nicolas Trotin, Maurice Giraud, Jean Lardière, Jeanne Giraud,
Pierre Fonteneau.
Malgré la disparition des aveux
concernant les fiefs dépendants de la Mancellière, quelques actes conservés
nous informent sur certains d’entre eux. Ce sont des fermes conclues à une
époque où le propriétaire de la Mancellière est désormais le seigneur de la
Rabatelière, et nous allons commencer par un bail concernant la métairie du
manoir lui-même.
La borderie de la Mancellière
La Mancellière |
Le bail est prévu pour durer six
ans, commençant à la fête de la chandeleur (2 février), moyennant le paiement
annuel de 172 livres pour la Mancellière et de 210 livres pour la Brenenière. En 1686 le métayer est toujours Gabriel Debien
(22).
Les obligations des preneurs sont
d’abord un rappel des principaux usages, sur le paiement des devoirs
seigneuriaux payés par eux (cens, rentes), et leur obligation d’entretenir les toitures (une fois dans la durée du bail), le bailleur les
fournissant des matériaux nécessaires, à prendre là où il l’indiquera. Il est
aussi interdit aux preneurs de couper les arbres sans autorisation express,
sinon pour entretenir les haies suivant les règles de la coutume (émonder un
1/5e des arbres têtards chaque année). Nous savons que les métayers
pouvaient loger dans une partie du manoir, laissant l’autre au régisseur, et
devant réserver une chambre au propriétaire de passage ou à son chargé
d’affaire. Il y avait aussi une autre restriction concernant un jardin, loué à
Louis Moreau de la Racinauzière pour 30 livres, et qui à son terme intégrerait
le bail des Debien à moitié, l’autre moitié étant réservée à la jouissance du
régisseur.
À la fin du 17e siècle
la Mancellière connu une triste période, probablement la conséquence des
disettes des années 1690 et des ennuis judiciaires des propriétaires, seigneurs
de la Rabatelière. En 1700, nous apprenons qu’il y a toujours un adjudicataire judiciaire ayant pris en ferme l’ensemble des domaines de la Rabatelière, Laurent Trotin.
Pour engager des réparations, il a obtenu du parlement de Paris le droit de
faire faire des visites des biens pour constater leur nécessité et les évaluer.
Le sénéchal de Fontenay-le-Comte a nommé en juillet 1700 un charpentier et un
maçon de Chavagnes, assistés d’un notaire demeurant à Chauché pour rédiger le
procès-verbal, Christophe Basty. Ces trois personnes, en présence de Me Ceaux,
procureur de l’adjudicataire, viennent à la Mancellière le 18 août 1700, pour
leurs constatations (23).
Ils sont accueillis vers 8 heures
du matin, dit le procès-verbal de la visite, par Pierre Pineteau, fermier. Le
devis total des réparations est particulièrement important : 800 livres, à
comparer à ceux de la Racinauzière (75 livres), Maison Neuve (110 livres), la
Roche Mauvin (320 livres), la Porcelière (90 livres), etc. Il y a d’abord le
mur d’enceinte du manoir démoli sur les trois quarts de sa longueur. Il faut
refaire à neuf le four à cuire le pain, et reconstruire le grenier sans
couverture et avec une partie des murs à remonter. Il faut faire 5 portes pour
remplacer ce qui en tient lieu. La couverture de la grange est à refaire et une
partie d’un mur de la petite écurie est tombée. Le pignon est en partie en
ruine.
En 1713, le métayer est Marie Drapeau, veuve depuis 1710 de Jean
Boisson (24). En 1728
le châtelain de la Rabatelière afferme la métairie de la Mancellière à son fils Charles
Boisson (baptisé à la Rabatelière en 1697), pour 7 ans, moyennant une ferme annuelle de 160 livres. Le prix de ferme a baissé, victime du climat lui aussi. Le complant de
vigne cultivé par le fermier n’est pas compris dans le bail, devant revenir au
château est-il écrit dans les livres de comptes tenus par le régisseur, Orion.
Une nouvelle ferme fut signée en 1738 avec le même Charles Boisson pour 6 ans
au prix de 180 livres par an (25).
En 1758, le prix était toujours
de 180 livres, quand un nouveau bail de 9 années fut signé au profit d’un
nouveau fermier : Jean Allain et Jacquette Champaigne sa femme, venant de la Chambornière (Rabatelière), une autre métairie du même propriétaire. Ils remplacèrent la veuve de Charles Boisson à
partir de la Saint-Georges 1760. C’est ce dernier qui avait payé le droit de rachat
en 1732 dû par l’héritier du propriétaire à son suzerain, à cause de la
succession. Il se montait à la moitié de la ferme annuelle et il lui fut
remboursé (26). Au montant de la ferme s’ajoutaient les menus suffrages pour
10 livres de beurre par an, et les droits seigneuriaux dus par moitié à
Languiller (à cause des Bouchauds) et l’autre moitié aux Essarts(à cause aussi
des Bouchauds). Les nouveaux fermiers devaient fournir eux-mêmes le bétail
nécessaire à l’exploitation. Les obligations du bail sont reprises d’une sorte
d’exemplaire qu’on trouve systématiquement un peu partout à l’époque, même pour
l’obligation de refaire la couverture des toits, alors que celle-ci est en
tuiles à la Mancellière, et ne nécessite pas l’obligation d’une intervention
tous les 5 ans, comme pour les couvertures en végétal séché tel que le chaume.
Comme d’autres métayers, ils ont l’obligation d’entretenir chacun leur portion
dans la vigne du château de la Rabatelière. Le bail précise que le fermier n’a
aucun droit sur le fief de vigne de la Mancellière : « et quant à la vigne de la Mancellière qui
est à droit de complant, ainsi que de tous les droits et émoluments de fief
dépendants du même lieu de la Mancellière, ledit seigneur bailleur se les réserve en
entier » (27). En 1762 on fit recouvrir une
grange à la Mancellière et le château paya 4 jours d’artisan. En 1764, le
château paya aussi à Jean Portal, du Peux, la somme de 20 livres 8 sols pour une
longueur de 102 brasses de fossés qu’il avait faite avec plantation de haie, au
champ des Brosses (28). La brasse était une unité de
longueur dont nous ignorons l’équivalence dans notre système métrique.Le 2 avril 1771 les mêmes métayers signent un nouveau bail pour les 5 années 1770-1775, pour le même prix de 180 livres (29). En 1786 et 1788 ils payaient un montant de 224 livres par an (30). La hausse de 24 % constatée ici comprend probablement l’incorporation des redevances féodales dans le prix de ferme, comme on le constate dans les métairies voisines de la Roche Mauvin et de la Racinauzière, mais on n’a pas pu le vérifier.
Le moulin des landes de la Mancellière
Il y avait un moulin à vent
appelé le Moulin des landes de la
Mancellière, pour lequel nous n’avons pas pu déterminer son emplacement, à
ne pas confondre avec le moulin à vent du Peux malgré sa proximité. Amblard de Guerry a noté que son emplacement vers le
milieu du 20e siècle était toujours visible dans un petit champ à
droite de la route après le carrefour des Essarts et de la route de la Roche
Mauvin (31). Au milieu
du 17e siècle il était loué, comme on le faisait d’une métairie, les
notaires utilisant le même type de texte. Le 25 juillet 1676, ce sont Jacques
Roger, meunier, demeurant à la Moriniène de Chavagnes, et Maurice Maindron,
aussi meunier, demeurant à la Boninière de Saint-André-Goule-d’Oie, qui afferment
le moulin avec un bail de cinq ans (32). Dans la visite de la Mancellière en 1700 évoquée plus
haut le moulin à vent est tout ruiné depuis longtemps, il ne reste que la
tonnelle (33).
Le bail de 1676 commence à la Saint-Jean-Baptiste
(24 juin), moyennant un loyer annuel de 45 livres. La propriétaire est Catherine
Charlotte Bruneau de la Rabatelière, fille de Charles II Bruneau et de Marie de
La Baume Le Blanc, et mariée en 1676 avec Charles Henri de Choiseul. Exceptionnellement
elle était présente à la Mancellière, où les notaires de la Rabatelière se sont
déplacés pour faire signer le bail. Celui-ci concerne, outre le moulin et ses
dépendances immédiates, une petite ouche de terres de trois boisselées.
Le paiement est prévu en deux termes
égaux à noël et à la Saint-Jean-Baptiste. Une clause de participation aux corvées
de métayers est prévue. Une clause particulière prévoit l’entretien d’une
rouère (rigole d’eau) par les preneurs.
La métairie de la Fesselière
Un autre bail concernant la
métairie de la Fesselière (Chauché), proche de la Mancellière, a été signé le
11 février 1662 au lieu de Bourneuf par des notaires de la Copechagnière (34).
Le bailleur est Marie de La Baume Le Blanc, deuxième épouse de Charles Bruneau,
IIe du nom, déjà citée. Elle est représentée par le régisseur sur place, Louis
Penisson, sieur de Sainte-Catherine. Les preneurs en communauté sont Jacques et
Jean Gallot, venant de la Roche Mauvin (Saint-André), village voisin de la
Mancellière.
Il s’agit d’un bail de cinq ans
commençant à la Saint-Georges (23 avril). Le prix annuel de la ferme s’élève à 300
livres, payables en deux termes égaux, moitié à noël, moitié à la Saint-Georges. Il
s’y ajoute la livraison à la Mancellière de 50 boisseaux d’avoine mesure de
Montaigu à la mi-août, et les traditionnels menus suffrages. Ces derniers sont
précisés : à la fête de Pâques, deux chevreaux, à la fête de la Pentecôte,
30 livres de beurre net, 12 poules, 4 oisons, et à noël 6 poulets, un millier
de fagots pris dans le bois taillis de la métairie, rendable à la Mancellière.
On aimerait connaître ce que représente ce millier, s’agissant de fagots,
probablement 1 000 livres ou 500 kg. Et on trouve les clauses habituelles
sur les corvées, la couverture en chaume des toitures, l’entretien des haies et
l’interdiction d’abattre les arbres, le paiement des devoirs seigneuriaux. On
précise aussi une clause habituelle, de laisser à la fin du bail l’herbe non coupée
à l’usage du métayer entrant, ainsi que la même quantité de foin, de bourrées
(produits des landes destinés à faire de l’engrais) et litières, qu’à l’entrée
en jouissance.
Pour terminer, indiquons que les
archives du notaire de Saint-Fulgent comprennent des baux concernant les métairies
de la Mancellière et de la Racinauzière,
louées par de Montaudouin, châtelain de la Rabatelière, avant la Révolution (35).
L’Herbretière
L’histoire de cette habitation
isolée, située au sud du village de la Mancellière et au bord de la D 17, ne se trouve pas dans les documents anciens. L’autorisation de construction a
été donnée par arrêté du maire de Saint-André-Goule-d’Oie en date du 24 juillet
1898 (vue 26 des délibérations municipales numérisées de la commune aux
Archives départementales de la Vendée). On y voit que l’autorisation a été
donnée à Henri Herbreteau demeurant à Bel air (Rabatelière), pour y construire
maison, grange, écurie et aqueducs au bord du chemin vicinal ordinaire no 8
(devenu D 17) conduisant de Saint-Fulgent aux Brouzils, au lieu-dit des Landes
du Peux. L’abbé Boisson indique dans ses
notes que le nom du nouveau lieu habité, l’Herbretière, provient de son
fondateur, et que la construction date du début du 20e siècle
seulement. Les familles Mary et Pillard y habitèrent ensuite (36).
(1) Bulletin de la Société
des Antiquaires de l’Ouest, 1896, article de M. Richard. Et Jan Hendrik Prell, Comtes,
vicomtes et noblesse au nord de l’Aquitaine aux Xe et XIe siècles, K. S. B.
Keats-Rohan&Christian Settipani, 2012, pages 44, 51 et 67.
(2) Aveu du 26-8-1514 de la
Mancellière aux Bouchauds, Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière : 150 J/G 38.
(3) Notes no 6 et 7 sur le Puy Sallé à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives
d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(5) Signification du 12-4-1713 au
seigneur de la Rabatelière pour le rachat dû à Chitton, Archives de Vendée,
chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 25.
(6) Copie de l'aveu du 26-8-1514 de la Mancellière aux Bouchauds, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 38.
(7) Mémoire du 8-3-1720 d’extraits d’assises de Languiller
(1609-1653), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 24.
(8) Le fief de la Mancellière à
Saint-André-Goule-d’Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4. Et ibidem, note sur la
Maison Neuve : S-A 2.
(9) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 38, aveu du 7-11-1607 pour la
Mancellière, le Plessis-le-Tiers, le Coin et le Peux.
(10) 150 J/G 38, copie de la déclaration
roturière du 8-1-1608 des 16 teneurs du Plessis-le-Tiers à Languiller à cause
du fief des Bouchauds.
(16) Livre des recettes et dépenses (1735-1755), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 3.
(11) 150 J/E 2, registre d’assises
de la Rabatelière de 1637 à 1651 du jeudi 4 du juin 1637 :
page 43.
(12) 150J/A 12-2, accord du 14-5-1653
entre le procureur de Languiller et le seigneur de la Vrignonnière sur leurs
litiges en cours.
(13) 150 J/A 12-3, aveu du 12-8-1606 d’Hélie de Saint-Hilaire à Languiller pour la Guiffardière et 11 lieux à Saint-André-Goule-d’Oie.
(14) 150 J/A 13-2, mémoire sur les droits de quelques
tènements de la Rabatelière de 1741 à 1743
(15) 150 J/A 13-3, état non daté du dépouillement des
domaines sujets à dîmes et terrages pour le château de la Rabatelière.(16) Livre des recettes et dépenses (1735-1755), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 3.
(17) Livre des recettes et
dépenses de 1787 à 1789, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150J/I 55, page 3 et 12.
(18) Partage du 18-10-1779 de la
succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 12, Archives
de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(19) Livres des recettes et dépenses
du château de la Rabatelière (1787-1789) page 22, Archives de Vendée, chartrier
de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(20) Archives historiques du
diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 76-1, déclaration
roturière 20 juillet 1748 des teneurs du Plessis-le-Tiers à la baronnie
des Essarts.
(21) 150 J/G 48, bail du 26-1-1677 de la Mancellière et de la
Brenenière.
(22) 150 J/G 48, signification 31-10-1686 de P. Chitton à 7 métayers de la Mancellière et environs
(22) 150 J/G 48, signification 31-10-1686 de P. Chitton à 7 métayers de la Mancellière et environs
(23) 150 J/A 12-10, visites en 08
et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière.
(25) Livre de recettes en argent
de la Rabatelière (1730-1768), Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière : 150 J/K 1, pages 14 et 175.
(26) Quittance du 25-8-1732 du
rachat payé à Languiller pour la Mancellière, Archives de Vendée, chartrier de
la Rabatelière : 150 J/F 8.
(27) 150 J/E 29, ferme du
18-4-1758 de la métairie de la Mancellière à Jean Allain.
(28) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, pages 122 et 140.
(28) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, pages 122 et 140.
(29) Archives de la Vendée,
notaires de Saint-Fulgent, Frapier : 3 E 30/6, ferme de la Mancellière du 2-4-1771.
(30) Livre des recettes et dépenses 1787-1789, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55, pages 1 et 18.
(30) Livre des recettes et dépenses 1787-1789, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55, pages 1 et 18.
(31) Note no 35 sur la Mancellière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives
d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(32) 150 J/G 48, ferme du
25-7-1676 du moulin à vent de la Mancellière avec quittances.
(33) Note no 28 sur la Mancellière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 3.
(34) 150 J/G 48, bail du 11-2-1662 de la Fesselière à Jacques et Jean Gallot.
(33) Note no 28 sur la Mancellière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 3.
(34) 150 J/G 48, bail du 11-2-1662 de la Fesselière à Jacques et Jean Gallot.
(35) Archives de Vendée, notaire
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6, fermes du 2-4-1771.
(36) Archives du diocèse de
Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 76-1, Saint-André-Goule-d’Oie,
lieux-dits et autres.
Emmanuel
François, tous droits réservés
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