samedi 8 octobre 2016

Le refus de prestation de serment du clergé de Saint-Fulgent en 1791


Dans mon article sur Simon Charles Guyet (1733-1793), publié sur ce site en avril 2013, j’ai repris les informations données par Maurice Maupilier dans son livre d’Histoire de Saint-Fulgent. J’écrivais alors : « Étienne Martineau, âgé de vingt-six ans et membre de la municipalité de Saint-Fulgent présidée par le notaire Frappier, avait apostrophé le curé Gourdon dans l’église, alors qu’il était en chaire, sur son refus de prêter serment. Martineau s’était fait accompagner d’un joueur de cornemuse ! ».

 La consultation du fonds de l’abbé Boisson aux Archives historiques de l’évêché de Luçon, amène à réviser ce récit (1). Le fait est vrai, l’implication de Martineau est très douteuse.

Professeur d’histoire au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, puis aumônier de l’hospice de Saint-Fulgent, l’abbé Paul Boisson (1912-1979), est bien connu de certains anciens du canton de Saint-Fulgent. Les moins familiers d’entre eux se souviennent de sa silhouette, sillonnant les routes en soutane sur son vélo, celui-ci portant accrochée à la garniture de la roue avant une sacoche contenant des documents, d’Histoire certainement. Qu’a-t-il trouvé sur ce refus de prestation de serment par le curé de Saint-Fulgent en 1791 ?

Il s’est d’abord demandé d’où provenait cette information mettant en scène Étienne Benjamin Martineau à cette occasion, accompagné d’un joueur de vèze lit-on dans les nombreux livres d’Histoire relatant l’évènement. Il a trouvé le témoignage original écrit par Alexis des Nouhes, le maire de Saint-Fulgent dans les années 1875-1879 et 1881-1884. Il était licencié en droit et militant royaliste connu. Il rechercha et écrivit des témoignages des survivants de la guerre de Vendée dans la région de Saint-Fulgent, quelques dizaines d’années après l’évènement. Il n’a pas publié de récits, mais ses manuscrits ont ensuite été utilisés par les historiens (A. Baraud, E. Bourloton, comte de Chabot, abbé Deniau, abbé Billaud, etc.). Alexis des Nouhes (1808-1889) avait acheté ce qui restait du château de Saint-Fulgent en 1841 à Mathurin Frogier, et vint de Pouzauges habiter les lieux. Il construisit à neuf le château actuel de Saint-Fulgent avec sa femme Henriette de Bejarry (2).

Qu’avait écrit Alexis des Nouhes ? Voici son passage : « Un jour de dimanche, pendant la grande messe, alors que M. Gourdon, curé de la paroisse, était en chaire, le citoyen-maire de Saint-Fulgent, accompagné des autorités républicaines en armes, précédé d’un joueur de vèze, le chapeau sur la tête, envahit l’église. S’avançant près de l’autel et lui tournant le dos, le citoyen maire pose au curé et à son vicaire, M. l’abbé Brillaud, les questions relatives à la constitution civile du clergé : les deux prêtres refusent de prêter le serment ; procès-verbal est rédigé séance tenante. »

Déjà on voit qu’il ne nomme pas Martineau, mais le citoyen-maire de Saint-Fulgent. Or le 13 février 1791, date de l’évènement, Martineau n’était pas maire de Saint-Fulgent. C’était alors le notaire Frappier. Et Saint-Fulgent n’était pas sa demeure officielle. Celle-ci était à Pouillé avec sa mère, selon son contrat de mariage du 16 mai 1791 du notaire Frappier, ou à la Chapelle-Thémer, selon l’acte de mariage daté du lendemain dans le registre paroissial de Saint-Fulgent. En réalité le bourg de Saint-Fulgent était sa demeure de fait, peut-être intermittente. En février il s’apprêtait à se fiancer avec la fille de Simon Charles Guyet, fermier et ancien maître de postes à Saint-Fulgent, avec laquelle il se mariera le 17 mai suivant à l’église, avec la bénédiction du curé Gourdon. Celui-ci aurait-il pu lui pardonner l’affront qu’il aurait subi de sa part ? Sans désespérer de l’abnégation infinie de ce prêtre, l’abbé Boisson, historien et prêtre lui-même, reste incrédule dans ses notes en réponse à la question.  
 
Joueur de vèze
Mais Alexis des Nouhes n’a certainement pas inventé cette histoire. Elle relate « un fait qui a été sans doute déformé dans ses détails et circonstances et est exact dans sa substance », note l’abbé Boisson. On peut seulement douter que Martineau, et peut-être le joueur de vèze, fassent partie de la substance.

Que ce Benjamin Martineau soit cité ensuite par les historiens n’étonne pas. Il a été haï dans la région. On a pu aussi montrer dans une autre affaire qu’il a été victime de sa mauvaise réputation chez les royalistes. Il avait acheté en 1798 les deux métairies de la Valinière à Saint-Fulgent en tant que bien national, pour le prix de 110 000 F, alors que l’abbé Deniau dans son livre : « Histoire de la Vendée », donne le chiffre de 600 F, répétant un témoignage local exagéré. Le prix payé en faisait un profiteur, mais cela ne justifie pas l’exagération. Voir la biographie publiée sur ce site en avril 2011 : Etienne Benjamin Martineau

La relation du refus de prêter le serment à Saint-Fulgent a fait l’objet d’un procès-verbal des officiers municipaux de la commune, envoyé au district de Montaigu, dont le canton de Saint-Fulgent faisait partie. Et le 24 mars 1791, l’accusateur public du tribunal de Montaigu porta plainte contre le curé de Saint-Fulgent pour propos séditieux, et demanda au juge l’assignation de témoins pour le 30 mars suivant au tribunal de Montaigu. Le délai est court, mais on a trouvé 8 témoins, assignés par huissier, et qui sont venus témoigner ce jour-là. Après quoi le curé fut convoqué le 8 avril 1791 pour un interrogatoire, fixé devant les juges du tribunal de Montaigu le 4 mai suivant.

Les pièces de cette procédure se trouvent à Paris aux Archives nationales. L’abbé Boisson les a copiés à la main, et ses copies sont restées dans ses papiers, dont il a fait don aux Archives historiques du diocèse de Luçon. Que nous apprennent-elles ?

Des membres du conseil municipal de la commune de Saint-Fulgent, ont pénétré dans l’église paroissiale pour recevoir le serment civique du curé Gourdon et du vicaire Brillaud, le dimanche 13 février 1791. Ils l’ont fait à l’issue de la messe, donc sans interrompre le culte, mais déjà cette entrée dans l’église a pu choquer. La réunion habituelle, en effet, de l’assemblée des paroissiens de Saint-Fulgent se tenait à l’extérieur, sous les halles et devant la grande porte et principale entrée (3). Les édiles ont rompu un usage.

Prestation de serment obligatoire …
 Le serment à prononcer avait été lu et affiché à la porte de l’église par le greffier Bellet le dimanche d’avant. De plus, le procès-verbal de la municipalité indique que le 10 mars précédant, le curé et le vicaire avaient fait l’offre de faire le serment. C’est le procureur de la commune qui prit l’initiative dans l’église, Pierre François Augustin Garnaud, praticien (homme de lois) demeurant dans le bourg. Il lut même une lettre du procureur syndic du district de Montaigu au sujet du décret portant obligation de prêter serment à la constitution civile du clergé devant « tout le peuple qui était à entendre la sainte messe ». Puis il invita le curé et le vicaire « à se conformer précisément et uniquement aux dispositions dudit décret ».

Visiblement chacun avait préparé son rôle à tenir. Le curé avait changé d’avis, et cela devait se savoir, en final il refusait de prêter serment, d’où l’intrusion des officiers municipaux dans l’église. Il monta en chaire et lut un discours « tout à fait contraire à l’esprit du susdit décret ». Il est noté qu’il « veut bien le faire d’être fidèle à la nation et au roi seulement, ce que le conseil général (municipal) de la commune a regardé et pris pour un refus formel de la part dudit sieur curé de faire le serment ». Le procureur ayant renouvelé sa demande de faire le serment sous la forme prescrite par le décret, le curé a refusé. Puis il lui a demandé une copie du discours prononcé en chaire. Le curé le lui a promis, expliquant qu’il le remettrait sous peu, l’original qu’il avait en mains étant mal imprimé. 

Attardons nous sur l’attitude des autorités révolutionnaires. Elle paraît excessive dans les normes modernes de tolérance. Mais pour elles le refus du serment constituait une atteinte à la constitution en refusant d’appliquer une loi. Cette atteinte était jugée comme grave, car s’attaquant au fondement sacré du nouveau régime. Ainsi une question religieuse devint une question politique. La crispation antireligieuse des révolutionnaires entraîna la tournure anti révolutionnaire des résistances, provoquant un durcissement des positions dans les deux camps. Pour les révolutionnaires, les premiers troubles vinrent ainsi des prêtres réfractaires, nouveaux ennemis à côté des nobles, tandis que la masse des Vendéens se sentaient agressés par les initiatives révolutionnaires. Quant à comprendre pourquoi de telles réactions, les débats entre historiens durent toujours.

Nous reviendrons sur ce discours plus loin, lors de l’interrogatoire qui porta sur son contenu. Mais l’accusateur public de Montaigu lui reprocha des propos séditieux, se permettant « les expressions les plus scandaleuses au lieu de prêcher l’obéissance à la loi comme son état l’exigeait. Il osa dire que ce décret est contraire à la religion … ». D’où sa plainte auprès des juges du tribunal du district de Montaigu. Ce qui est frappant ici est la réaction ressentie comme un outrage par les autorités, au seul motif que des prêtres discutaient la loi. Celle-ci était pour eux comme un nouveau dieu. La divergence politique à sa naissance prenait les allures d’une guerre de religion.

Le tribunal présidé par le juge Jean Alexandre Marchais le 30 mars 1791 entendit 8 témoins à charge le même jour. Il était bien connu à la Porcelière (Saint-André-Goule-d’Oie), ayant reçu des propriétaires de ce village et terroir une reconnaissance de rente de 20 boisseaux 3/4 de seigle en 1789. Voir notre article publié sur ce site en septembre 2016 : Plus de 60 ans de procès à la Porcelière de Saint-André-Goule-d’Oie. Avant d’être désigné juge à ce nouveau tribunal qu’on venait de créer, il avait été président au siège présidial des tailles foraines (droits de douane) à Montaigu. Son enregistrement des témoignages est qualifié par lui « d’information secrète et criminelle (pénale) ». La notion de contradictoire semble donc en avoir été exclue, et peut-être que le curé Gourdon n’a jamais connu le nom de ses témoins à charge.

Nous connaissons la moitié d’entre eux, tous du camp révolutionnaire :
-        Marie Monnoir, âgée de 58 ans, épouse de Louis Merlet, marchand, qui sera le commissaire du directoire de la municipalité cantonale de Saint-Fulgent, de juillet 1796 à avril 1798.

-        Catherine Guyet, âgée de 20 ans, fille de Charles Simon Guyet, fermier général et révolutionnaire connu de Saint-Fulgent. Nous avons fait le récit de sa biographie sur ce site en avril 2013 : Simon Charles Guyet à Saint-Fulgent (1733-1793).

-        Jean Baudry, âgé de 48 ans, régisseur au château de Saint-Fulgent. Il aida l’ex seigneur de Saint-Fulgent, Agnan Fortin (habitant Nantes), à acheter presque tous les biens du clergé dans la commune.

-        Étienne Benjamin Martineau, âgé de 25 ans, le fiancé de Catherine Guyet qu’on ne présente plus, mais dont la présence comme témoin est importante. Il dit avoir seulement assisté à la messe. Comme la plupart des autres témoins, il paraît avoir eu une étonnante mémoire, répétant les nombreux propos « séditieux » du curé dans les mêmes termes que les autres.

Daumier : gens de justice
Les autres témoins ne nous sont pas connus, mais leurs déclarations confirment toutes, elles aussi, les reproches faits au curé d’avoir tenu des propos séditieux. Ils ont pour noms :

-        Pierre Claude Baudry, fermier, âgé de 35 ans, demeurant en la ville de Montaigu paroisse de Saint-Jean,

-        Jean Chatry, bordier, âgé de 42 ans, demeurant à la Courpière de Saint-Fulgent. Il était originaire de la Bergeonnière,


-        Pierre Barbot, laboureur, âgé de 40 ans, demeurant à la Chapelle Verre de Saint-Fulgent,

-        Charles Hurtaud, boulanger, âgé de 34 ans, demeurant au bourg de Saint-Fulgent.

Quels sont donc ces propos séditieux confirmés par ces témoins, et reprochés au curé de Saint-Fulgent dans son discours en chaire du 13 février, pour justifier son refus de prêter serment ? Voyons l’interrogatoire du curé le 4 mai 1791, où ses arguments défilent les uns après les autres, présentés dans le langage du parti révolutionnaire.

1° Le serment exigé était contraire à la religion catholique, apostolique et romaine, il altérait la morale, le dogme et la discipline ecclésiastique. Le curé Gourdon a répondu « n’avoir fait qu’une instruction conforme aux principes évangéliques et constamment suivis par l’Église catholique, apostolique et romaine ».

2° De la constitution civile du clergé, il était à craindre qu’en découleraient bientôt le mariage des prêtres et le divorce. Pour le curé c’est une « accusation fausse et calomnieuse ».

3° Les prêtres qui le remplaceraient seraient des intrus, qu’ils n’auraient aucuns pouvoirs et que les sacrements qu’ils administreraient seraient nuls. Le curé Gourdon a répondu « n’avoir rien dit à ce sujet que conformément aux principes de la foi enseignée par l’Église catholique, apostolique et romaine ».

4° N’a-t-il pas dit à ses paroissiens qu’il ne les abandonnerait pas et qu’il les priait non plus de ne pas l’abandonner, et à quel dessein il l’a dit ? Le curé a répondu « qu’il peut l’avoir dit, mais sans aucun dessein d’exciter du trouble et dans les vues les plus pacifiques et les plus conformes à la charité chrétienne qui doit exister entre le pasteur et ses brebis ».

5° Il a indiqué son espoir dans une contre-révolution, et n’en a-t-il point fomenté les moyens ? Ce à quoi le curé a « répondu que non, se déclarant avoir toujours eu des vues pacifiques et avoir en horreur toutes actions sanguinaires ».

6° La constitution civile était faite pour des gens sans religion. Pour le curé c’est une « accusation injurieuse et calomnieuse ».

Que pensait l’abbé Boisson au terme de la lecture des pièces qu’il a copiées aux Archives Nationales ? Nous partageons ses réflexions. Plutôt que de se les approprier, nous préférons les publier. Il est resté modeste à l’égard du grand public, et pour des raisons qui nous échappent, il n’a rien publié. L’extrait suivant de son opinion sur le sujet est reproduit en forme de gratitude pour ses fructueuses recherches :

« À en juger par la concordance des affirmations des témoins, même si l’on tient compte d’une entente préalable sur leurs dépositions, les propos du curé semblent bien avoir été tenus. Dans ses réponses du reste, le curé n’en renie pas l’ensemble. Mais que penser des propos qu’il juge calomnieux ? Là encore il convient sans doute de se rappeler qu’il y a eu information secrète et que le curé ignore les dépositions des témoins. Peut-être les partisans de la Révolution voulurent-ils faire un exemple ? ».

Encensoir
Pour être complet sur ce refus de prêter serment, et peut-être mieux le saisir, il faut évoquer l’affaire de l’encens, qui fit aussi scandale à Saint-Fulgent. Le 6 janvier 1791 déjà, les officiers municipaux de la commune informèrent les autorités du district de Montaigu que, contrairement au décret du 19 juin précédent, le curé et le vicaire continuaient à « prendre l’un et l’autre l’encens, tous les jours qu’on a accoutumé d’en faire brûler dans l’église de ce lieu » (4).

Pour comprendre, rappelons-nous d’abord cette époque de 1789/1790, prolongeant celle du Moyen Âge déjà lointain dans une société confondant le religieux et le temporel. L’usage au cours des cérémonies religieuses, où on brûlait de l’encens en signe d’honneur à rendre, était d’encenser Dieu bien sûr, mais aussi les prêtres entre eux, et même le seigneur fondateur de l’église présent. Cela faisait partie des droits honorifiques de la noblesse. Dans son aveu en 1774 à la vicomté de Tiffauges, le seigneur de Saint-Fulgent y déclare ses droits, consistant notamment : « dans le droit de fondation et patronage de l’église de madite ville et bourg de Saint-Fulgent, banc et sépulture dans le chœur, litres, armoiries et ceinture funèbre tant au-dedans qu’au dehors, avec tous les droits d’encens, pain bénit et autres honorifiques en icelle » (5).

En abolissant la féodalité, l’assemblée constituante voulut en éliminer tous les signes. Dans sa séance du 19 juin 1790, l’assemblée constituante compléta l’œuvre qu’elle avait commencée dans celle du 4 août 1789, supprimant la noblesse héréditaire et toutes les qualifications qui en dérivent. Elle édicta : « L’Assemblée nationale décrète que la noblesse héréditaire est pour toujours abolie en France ; qu’en conséquence les titres de marquis, chevalier, écuyer, comte, vicomte, messire, prince, baron, vidame, noble, duc, et tous autres titres semblables, ne seront pris par qui que ce soit, ni donnés à personne ; qu’aucun citoyen français ne pourra prendre que le vrai nom de sa famille ; qu’il ne pourra non plus porter, ni faire porter de livrée, ni avoir d’armoiries ; que l’encens ne sera brûlé dans les temples que pour honorer la Divinité, et ne sera offert à qui que ce soit ». Le diable (si l’on ose dire ici) est dans les détails, c’est bien connu. Ces derniers mots : « qui que ce soit », excluaient en toute rigueur les prêtres participant à la célébration des cultes. Alors, chez les révolutionnaires de Montaigu et de Saint-Fulgent on prit l’expression au pied de la lettre, mû par anticléricalisme faut-il le préciser (mais quand le spirituel et le temporel se confondent ….). Le vicaire et le curé de Saint-Fulgent devaient modifier les rituels de leur culte. Ils s’y refusèrent, estimant sur ce point n’avoir à répondre que devant leur évêque.

Les sieurs Gourdon et Brillaud contreviennent « au décret du 19 juin dernier, sanctionné par le roi, qui porte que l’encens ne sera plus brûlé que pour honorer la divinité et ne sera offert à qui que ce soit », selon les révolutionnaires de Saint-Fulgent (4).

On se souvient que le curé Gourdon avait d’abord donné son accord pour prêter le serment exigé au jour du 13 février 1791, puis il changea d’avis. On comprend qu’il subissait déjà l’adversité des révolutionnaires. De plus les ecclésiastiques connaissaient une crise de conscience, faite de discussions et d’incertitudes, alimentée par les hésitations du pape, qui prit du retard pour condamner le serment, obligeant le roi à contresigner le décret malgré ses interrogations. Ce revirement du curé de Saint-Fulgent paraît normal. Rappelons qu’au niveau national, 50 % environ des prêtres jurèrent, mais que dans le Bocage vendéen ce fut 20 %. Les curés de Chavagnes et Saint-André-Goule-d’Oie refusèrent le serment, mais le curé et le vicaire de Chauché le prêtèrent.

Quant au vicaire de Saint-Fulgent, l’abbé Brillaud, il fit comme son curé. Le procès-verbal des officiers municipaux de Saint-Fulgent note simplement à son sujet : « Ledit sieur Brillaud, vicaire, a de sa part déclaré tout simplement ne pouvoir ni ne devoir faire ledit serment, étant contraire à sa conscience, et après la lecture d’un petit discours, dont on lui a demandé aussi copie signé de lui. »

Prêtres déportés
Il semble que l’accusation de propos séditieux contre le curé Gourdon n’alla pas loin. A-t-il été emprisonné à la prison de Montaigu ? On l’a écrit, et on a aussi écrit qu’il en fut libéré par un groupe de paroissiens qui désarmèrent la garde (6). Ce qui est sûr c’est qu’il resta dans son église encore pendant plus d’un an. Il maria même Benjamin Martineau et Catherine Guyet en mai 1791 dans l’église de Saint-Fulgent. On sait qu’arriva au bourg un nouveau curé pour le remplacer, Jean Baptiste Baudry, ancien vicaire de la Pommeraye qui avait prêté le serment. Une minorité de paroissiens le soutenait, une majorité le boudait et voulut même le chasser. Il fallut un renfort de brigade de gendarmerie pour le protéger. Ce fut l’escalade de la violence.

Convoqué comme d’autres prêtres non jureurs à Fontenay-le-Comte en mars 1792, où siégeaient les autorités départementales, le curé Gourdon n’obtempéra pas. Un mandat d’amener fut lancé contre lui et il dut se cacher en juillet 1792, comme son vicaire et le curé de Saint-André-Goule-d’Oie. Il fut capturé par les bleus et déporté en Espagne en application de la loi du 26 août 1792. Il s’y trouvait en décembre 1792, et il y mourut dans la ville de Zumarraga en décembre 1793 (7). Leur sort était celui de réfugiés politiques, recueillis souvent dans des monastères ou congrégations religieuses. Le roi d’Espagne leur interdisait toute activité sacerdotale. Cette inaction fut leur plus grande souffrance (8).

Faut-il rappeler que la révolte armée des masses vendéennes se déclencha en mars 1793 ? Sans une crise bien installée dans la région elle n’eut pas eu lieu. C’est un des éléments de cette crise qu’illustre le refus de la plupart des ecclésiastiques vendéens de prêter le serment. Encore faut-il débarrasser le récit de ce refus à Saint-Fulgent, des rumeurs qui l’y ont déformé.

(1) Archives historiques de l’évêché de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 6 III, le refus de prestation de serment du curé de St Fulgent en 1791.
(2) Maurice Maupilier, Des étoiles au lion d’or, St Fulgent sur la route royale, Hérault Éditions, 1989, page 246.
(3) Archives de Vendée, notaires de St Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, assemblée des habitants de St Fulgent du 11-10-1789 sur les réparations à faire au presbytère.
(4) Archives de Vendée, fichier historique du diocèse de Luçon de l’abbé Delhommeau à St Fulgent : 1 Num 47/426, lettre 6-1-1791 des officiers municipaux de St Fulgent au district de Montaigu sur l’usage de l’encens selon les rites habituels (vue 16).
(5) Archives historiques de l’évêché de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23 juin 1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche).
(6) Archives historiques de l’évêché de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 117, origines de la guerre de Vendée.
(7) Edgar Bourloton, Le clergé de la Vendée pendant la Révolution, Revue du Bas-Poitou (1903-3), page 215.

(8) A. Billaud, La petite église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830), N. E. L. 1961, page 50, note 38.

Emmanuel François, tous droits réservés
Octobre 2016, complété en août 2018




samedi 1 octobre 2016

Les divers terroirs du Pin à Saint-André-Goule-d’Oie

Le village du Pin à Saint-André-Goule-d’Oie offre deux aspects intéressants à la recherche historique. D’abord il donne à voir les importantes modifications de l’espace qui ont suivi la fin de la guerre de Cent Ans et des épidémies aussi dévastatrices que l’a été la peste noire des années 1350. Ensuite, on peut connaître d’assez près qui étaient les propriétaires du village dans les derniers siècles de l’Ancien Régime.

hache polie
Le Pin est un des deux endroits à Saint-André-Goule-d’Oie, où l’on a trouvé des haches polies indiquant une occupation humaine au temps du néolithique (1). C’est la période préhistorique précédant celles des métaux, quelques milliers d’années avant notre ère, à une époque variable suivant les régions du globe. Elle se caractérise par la sédentarisation des humains, et leur passage à une subsistance fondée sur les débuts des cultures et de l’élevage. La commune de Saint-André-Goule-d’Oie a été pauvre en recherches ou trouvailles archéologiques, et l’autre endroit où on en a trouvées est le village du Peux. On n’a pas découvert de vestiges de métal pré romain, ou quoique ce soit après aux périodes gauloise, romaine, gallo-romaine, mérovingienne et carolingienne. Alors qu’à Saint-Fulgent on a des poteries gallo-romaines. C’est surtout à Chavagnes qu’on a plusieurs traces de la civilisation romaine et des temps carolingiens.

Au sortir du Moyen Âge, les terroirs du Pin étaient au nombre de quatre. Il y avait le village et tènement du Pin proprement dit, le tènement des Landes du Pin, les étangs du Pin et des Noues, et enfin le fief de la Crochardière. Et dans cet ensemble on ne trouve pas de métairie d’au moins une vingtaine d’hectares. La propriété y était dispersée comme les tènements eux-mêmes. C’est la situation inverse de celle des Noues et de la Roche Mauvin, où le tènement était devenu presque entièrement une grande métairie.

Les mots employés de « fief » et de « tènement », pour désigner ces territoires avaient parfois perdu dans l’usage leur sens propre. Au départ, le mot de fief associait un bien noble et une relation vassalique entre nobles. Le mot tènement associait une concession de terre à des roturiers. À Saint-André-Goule-d’Oie on voit bien des tènements censifs concédés après leur création à nouveau à foi et hommage, devenant ainsi des fiefs. Et inversement des fiefs sont devenus terres roturières après le Moyen Âge. On voit aussi le fief du Coudray s’appeler le Coudray Loriau, du nom d’un nommé Loriau dont un descendant en 1343 possédait un fief dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, et était officier de justice et police de Jean de Thouars, seigneur de l’Herbergement-Antier. Le Coudray Loriau fut un fief noble dès le Moyen Âge, mais on ne sait pas ce qu’il en était à l’origine, et le nom de Loriau ne suffit pas à nous éclairer. Au fil du temps, les terroirs ont été appelés tantôt fief, tantôt tènement, tantôt les deux à la fois, comme on le voit dans le fief voisin de la Crochardière dans une période de quelques mois en 1688 dans 11 déclarations différentes.

Avant de se concentrer sur le tènement et village du Pin, regardons les autres terroirs géographiquement associés.

Les Étangs


Il y a d’abord l’étang des Noues, et une partie de ceux du Pin probablement aussi, concédés en 1658 au même Charles Tranchant (2). Plus tard, on dissociera l’étang des Noues, rattaché au tènement du même nom, des étangs du Pin. D’ailleurs cet étang des Noues a été déplacé sous l’Ancien Régime à l’endroit que nous connaissons actuellement. Avant il se situait plus proche du Pin, car plusieurs pièces de terre dépendant du tènement des Landes du Pin étaient limitées en 1808 par le « rivage de l’ancien étang des Noues ».

Un étang au Pin
On a peu d’informations sur le régime de ces étangs, sinon qu’ils étaient dissociés des terres environnantes, constituant à eux seuls une concession seigneuriale. Dans les villages, la fosse commune pour abreuver les animaux, et parfois fournir l’eau d’arrosage des jardins, était aussi un droit concédé par le seigneur à l’origine du village. On sait seulement que le seigneur de la Boutarlière (voisin d’une demi-lieue) percevait 8 ras d’avoine par an pour le droit d’abreuvage dans les étangs du Pin. On n’en est pas étonné quand on se souvient que la Boutarlière est une création probable des Drouelin, qui fondèrent aussi la Drollinière devenue Linières, et qu’on sait que le tènement voisin des Noues appartenait au domaine de Linières.

Il y avait plusieurs étangs au nord-est du village du Pin. Certains d’entre eux étaient appelés les étangs du Bois Potay. Nous y reviendrons dans la description de la concession des Landes du Pin.

Ces étangs sont des ouvrages utilisant les ressources disponibles en eau. Nul doute qu’ils ont transformé le milieu, à la lisière de la forêt de l’Herbergement. Ont-ils été une réponse à une remontée de la nappe phréatique suite à un défrichement forestier, ou au contraire un préalable pour cultiver un espace marécageux ?

Au village proche de Fondion, l’étang a disparu à l’époque moderne, alors qu’au Pin comme aux Noues, ils existent toujours. À Linières aussi l’étang existait au Moyen Âge, il a failli disparaître à partir du 18e siècle, pour renaître au milieu du 19e siècle. Ces étangs pourraient en dire beaucoup sur l’histoire des hommes dans la région, si les écrits du chartrier de la Rabatelière avaient été mieux conservés au fil des siècles, nous indiquant des droits seigneuriaux nés au Moyen Âge. Et n’oublions pas que les étangs, avec leurs carpes, ont constitué longtemps une source importante de protéines animales dans un pays où la chasse était un privilège de quelques-uns, et l’élevage une activité agricole longtemps limitée dans la région.  

En 1656 Mathurin et Lucas Paquereau déclarent à Languiller leurs droits sur les Landes du Pin (voir ci-dessous). Aussi dans le même texte : « l’étang du Pin avec ses appartenances et chaussée, bondes et rivages ». Le mot « appartenances » signifie l’accessoire d’un bien, qu’il n’est pas nécessaire de nommer et détailler (étui d’un bijou, clé d’une serrure, arbres, haies, clôture, poisson d’un étang, etc.). Il est souvent associé par les notaires avec ses synonymes : « dépendances » et « circonstances ». Ces termes paraissent en voie de désuétude dans le langage juridique moderne. Faut-il prendre au pied de la lettre le mot étang écrit au singulier dans le texte ? Au vu des confrontations décrites, il s’agit plutôt des étangs.

Les droits prélevés sur ces étangs ne sont pas indiqués. S’il s’était agi du droit de pêcherie imposé sur les pêcheurs, il aurait été spécifié. On suppose que les déclarants l’exploitaient eux-mêmes, et vendaient les poissons.

Claude Prosper Moreau a fait présenter en 1701 aux Assises de Languiller une déclaration noble « pour raison des 2/3 du fief de l’étang du Pin mouvant du fief du Coin Foucaud » (3). Le texte du registre n’en dit pas plus. 

Les Landes du Pin


Autrefois appelées les Landes du Bois Pothé, le baron des Essarts en possédaient une partie au milieu du 16e siècle. C’est ainsi qu’il vendit 20 boisselées de landes situées dans ce terroir au seigneur de la Boutarlière le 23 mai 1564. Le vendeur était Jean de Bretagne, duc d’Étampes, et l’acheteur Jean Gazeau. Ce fut une cession à foi et hommage, et à devoir  annuel de 15 boisseaux de seigle et 23 ras d’avoine, mesure des Essarts (4). Ces redevances signifient que la surface concédée était cultivée, ou à mettre en culture à cette date. Cela signifie aussi que le suzerain de tout le territoire de Saint-André à cette époque, le baron des Essarts, n’avait pas encore concédé cette partie des landes du Pin au seigneur du Coin Foucaud, comme il l’avait fait pour le reste. On en déduit que nous sommes ici probablement dans un espace primitif, c’est-à-dire défriché pour la première fois.

En 1550 les étangs du Pin étaient bordés de « landes communes » en direction de la forêt de l’Herbergement, devenues propriétés individuelles ensuite. Ces landes servaient alors de pâturage, dont le droit avait été concédé par le seigneur du Coin Foucaud aux habitants de 7 villages aux alentoursDans l’aveu du Coin Foucaud, elles formaient un tènement d’environ 16 septrées de terres, soit 31 hectares (5).

Un siècle après, la nature de ces landes avait radicalement changé. La plus grande partie avait été concédée en fief, sous l’hommage des frères Paquereau en 1656. Elle occupait une surface de 35 hectares dans 21 parcelles cultivées, possédées privativement par les nommés Gaucher, Fluzeau, Metereau, Benoît, Brisseau, les héritiers Sébastien Menanteau, Revelleau, Bouffard, Bertrand, Besnard, etc. On reconnaît beaucoup d’habitants de la Brossière parmi eux. Ces parcelles étaient alors encloses de haies et fossés, signe d’une véritable mise en valeur de ces anciennes landes. On a là, sur une échelle importante, un autre exemple du défrichement opéré à Saint-André-Goule-d’Oie à partir du 16e siècle environ, après la grande dépopulation des années ayant atteint son point le plus bas en 1440/1450 en France. On l’a déjà rencontré pour une friche à la Machicolière (voir notre article publié sur ce site en août 2015 : La Machicolière dont le seigneur fut un prince).

Guy Dezaunay : Bord d’étang
(Antiquités Thébaud, Nantes)
Ces « terres et landes appelées les Landes du Bois Pothé, autrement les Landes de l’étang du Pin » relevaient de la seigneurie du Coin Foucaud. Ses propriétaires payaient leurs droits seigneuriaux à Mathurin et Lucas Paquereau en 1656, qui étaient des propriétaires eux aussi habitant la Brossière voisine. On rencontre cette famille des Paquereau, possédant des droits seigneuriaux acquis du seigneur de Belleville au 16e siècle, aussi aux tènements de la Maigrière et de la Bergeonnière. Apparemment les descendants ont dû les vendre dès la fin du 16e siècle et au début du 17e siècledans ces ceux derniers villages.

Dans une déclaration noble à Languiller du 13 juillet 1656, les Paquereau reconnaissent tenir ces anciennes landes communes du Pin « en perpétuel gariment sous l’hommage qu’il (Languiller) en fait au baron des Essarts, à 5 sols de service payable à noël ». Ils ont droit de prélever des droits seigneuriaux, dont le terrage. Celui-ci consistait à prélever un sixième des récoltes, ce qui confirme bien que les terres avaient été mises en cultures. On relève une exception à ce droit de terrage, qui était important on le voit : 30 boisselées (3,6 ha), soit 10% du tènement en était exonérées. À la place, les propriétaires payaient une rente de 6 boisseaux d’avoine et 6 chapons. Et on relève sur toute cette surface le droit de prélever les « lods et ventes », qui étaient un droit de mutation au moment des changements de propriétaires par vente, dot ou succession (6).    

Il est intéressant de s’arrêter sur ce défrichement des landes du Pin à cette époque sur une telle surface. D’abord on remarquera la dimension des parcelles, en moyenne de 1,6 hectare. À la même époque les champs portant un nom dans les déclarations roturières atteignaient des surfaces approchantes, mais presque toujours divisés en plusieurs parcelles appartenant à des propriétaires différents. On a enclos de haies les nouveaux champs en même temps qu’on défrichait. C’était la manifestation de la propriété individuelle, remplaçant les « landes communes ».

Au bord de la  forêt de l’Herbergement
S’agissait-il de landes primitives ou d’espaces rendus à l’état de friches après la dépopulation de la fin du Moyen Âge ? Les textes consultés ne nous donnent pas de réponse claire pour le Pin. Touchant la forêt de l’Herbergement, on peut penser qu’à l’origine cet espace avait été aussi une forêt. Défriché au Moyen Âge, il était ensuite devenu une friche appelé « landes communes », ou bien il n’avait jamais été cultivé et était resté en nature de landes depuis l’origine du défrichement. Nous avons déjà vu que la petite partie vendue par le baron des Essarts en 1564 était probablement un espace primitif. Pour le reste, l’historien Amblard de Guerry pense qu’il en a été probablement de même. Il affirme même que les Noues, les Gâts, le Pin, le Clouin ont été des défrichements tardifs comme l’indiquent, selon lui, les noms de lieux (7). On a trouvé une situation de ce type au village de la Brossette (Chauché) en 1777 (8).

On ne fait que constater en 1656 le défrichement du fief des Landes du Pin possédé par les Paquereau. Ce sont probablement leurs prédécesseurs qui l’ont ordonné à la fin du 16e siècle. Et encore ils n’ont pas eu l’exclusivité, puisqu’on trouve 2 concessions de terres, faites à des particuliers par le seigneur du Coin Foucaud et de Languiller, Jules de Belleville, le 23 mai 1564. Il était représenté pour ces actes notariés par André Brisseau demeurant au village de la Gandouinière en la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, devant les notaires de Saint-Fulgent, Paineau et Morineau (9). Il a concédé à titre de terrage au 1/6e des récoltes des terres à Maurice Apparilleau (6 boisselées), laboureur demeurant à la Bergeonnière, et à André Pidoux (9 boisselées), laboureur à bœufs demeurant à la Brossière. Ces deux parcelles avaient été préalablement « gaulayées et mesurées » par des arpenteurs en présence de Brisseau et de Jean Paineau, greffier de la seigneurie de Languiller.

Pour marquer le lien féodal de la terre, le nouveau propriétaire devait en plus payer chaque année à la Saint-Michel « un ras d’avoine bonne et nouvelle, de cens et rente noble portant fief et juridiction, mesure des Essarts », pour les 6 boisselées. Pour les 9 boisselées le cens était de 1,5 ras d’avoine. Rappelons que le cens représentait une somme modique, mais il entrainaît le paiement des lods et ventes au moment des mutations des biens et soumettait la terre au régime seigneurial des déclarations et de juridiction. Mais cette concession de terrage de la terre ne faisait pas du bénéficiaire un propriétaire au sens moderne du mot, libre de disposer du bien à sa guise. Il s’engageait dans l’acte à « bien et dument labourer, cultiver et ensemencer ladite terre selon la coutume du pays de Poitou où elle est située et assise ». Il devait aussi rendre le terrage et l’avoine à Languiller, entretenir les chemins d’accès aux parcelles, et « acquitter les cens, rentes et devoirs par lui dus à ladite seigneurie du Coin Foucaud ». Les actes notariés furent accompagnés des serments par les deux parties de respecter l’accord et « donnés aux saints évangiles de notre seigneur ». Jules de Belleville signa lui-même le 6 septembre 1564, chez les mêmes notaires, un acte de consentement à ces deux concessions.

Les seigneurs de la terre étaient donc des gros propriétaires locaux roturiers au 17e siècle, tenant leurs droits du Coin Foucaud, comme les Paquereau, ou de petits propriétaires comme les Apparilleau et les Pidoux. On trouve aussi une « borderie des Landes », près du Pin, où demeuraient en 1626 Pierre Chatry, laboureur à bras, et Perrine Guesdon sa femme (10). Elle ne devait occuper que quelques hectares probablement.

Pourquoi n’avoir pas profité de l’occasion pour créer une métairie ? C’est ce qu’auraient fait les seigneurs en Gâtine poitevine (nord des Deux-Sèvres et est de la Vendée) à cette époque. Au lieu de cela, le seigneur de Languiller a vendu ses droits seigneuriaux au milieu du 16e siècle par fiefs et tènements, se contentant d’affermer le reste. Il ne s’est pas donné la peine de tirer lui-même le bénéfice de la mise en valeurs des terres défrichées. Pris dans ses combats des guerres de religion, il ne vivait pas régulièrement sur place pour s’investir dans la mise en valeur de ses domaines.

Michel Moy : Tondo
Pierre Moreau, sieur du Coudray (Saint-André) et sénéchal de Beaurepaire, a acheté les deux tiers des droits seigneuriaux sur les Landes du Pin dans la deuxième moitié du 17e siècle. Il déclarait à Languiller devoir 5 sols à noël, le droit de terrage au 1/6 des récoltes, et une rente de 40 boisseaux d’avoine due à la mi-août, avec ses autres part-prenants (autres propriétaires des droits représentés par l’un d’entre eux, le chemier, à l’égard du suzerain), qu’il n’indique pas (11). Peut-être les Pasquerau, cités plus haut, avaient-ils conservés une partie de ces droits ?

Il est intéressant de voir ce qu’était devenu ce tènement des Landes du Pin au début du 19e siècle. Or en 1808, après la Révolution, ses propriétaires devaient encore collectivement la rente non féodale de 40 boisseaux d’avoine par an à deux créanciers : Jean Aimé de Vaugiraud pour 2/3 (héritier des Moreau), et les Fluzeau de la Brossière pour 1/3 (qui avaient dû l’acheter). Cette année-là ils demandèrent à un voisin du village du Clouin, Louis Charpentier, de réaliser un gaulaiement de tout le tènement pour calculer la part de chacun dans le total de la rente, au prorata des surfaces individuelles possédées (12). Plus besoin de notaire, Louis Charpentier rédigea un texte à l’amiable avec les teneurs. Les mesures utilisées, comme la forme de l’acte, reprenaient les usages d’avant 1789. Les 279 boisselées et 7 gaulées furent réparties entre les 42 propriétaires.

Elles correspondaient à 34 hectares, soit une surface proche des 35 hectares de 1656. À cette dernière date nous avons une dizaine de noms de propriétaires cités, mais la liste n’est pas exhaustive. En revanche les 21 parcelles sont parfaitement bien délimitées. En 1808, elles sont devenues 71, réparties entre 42 propriétaires. Là aussi la parcellisation des terres s’est imposée par les héritages.

La Brossière
Les propriétaires les plus nombreux habitant la Brossière ont vendu leurs terres aux Brisseau et Fluzeau, deux familles alliées qui y demeuraient et possédaient 96 boisselées en 1808. La métairie voisine des Noues, dépendant du domaine de Linières, y avait 19 boisselées sur le tènement. Les autres propriétaires se partageaient le reste des 164 boisselées.

Le gaulaiement de 1808 prolonge la notion de tènement au-delà de la Révolution. Sa raison d’être était le périmètre géographique des redevances seigneuriales. Il a été remplacé par le cadastre, qui servit à calculer l’impôt foncier. Mais les rentes collectives non féodales, n’ont pas été abolies, devenant simplement rachetables de droit par leurs débiteurs, ce qui s’est passé progressivement au cours du 19e siècle. C’est ce qui explique ce nouveau gaulaiement. Son auteur mérite une brève présentation.

Louis Charpentier est le père d’Augustin Charpentier, qui fut maire de Saint-André-Goule-d’Oie de 1848 à 1869. Il s’était marié une première fois avec Jeanne Giraudeau. Celle-ci mourut en 1801, quelques mois après avoir mis au monde son fils Louis. Il se remaria une deuxième fois en 1803 avec Marie Bouffard, à l’âge de 42 ans. Celle-ci mit au monde Augustin au Clouin le 2 octobre 1808 (registre d’état-civil numérisé de Saint-André-Goule-d’Oie, vue 328 accessible sur le site internet des Archives de Vendée). L’enfant avait 7 ans quand son père est mort le 5 octobre 1815 à Saint-André (vue 230). Louis Charpentier est visiblement un homme considéré, sachant lire, bien écrire et compter surtout. C’est ainsi qu’il faut comprendre cette fonction qu’il a assumée à la demande amiable des propriétaires du tènement des Landes du Pin. Il a tenu, à l’âge de 47 ans, un rôle dévolu autrefois aux notaires. Les surfaces étaient connues, sauf à en vérifier certaines. Mais il fallait être un as de la règle de trois pour calculer les gaulaiements, « à la main » si l’on peut dire. Son deuxième fils (Augustin) fut maire, et deux des fils de son premier enfant (Louis) furent prêtres, répertoriés dans le dictionnaire des Vendéens (voir sur le site internet des Archives départementales de la Vendée). Le premier, Jean Louis Charpentier, a été archiprêtre de Luçon, et le deuxième, Ferdinand Charpentier, a été curé et aussi écrivain. Il est en effet l’auteur, entre autres, d’un précieux ouvrage publié en 1906 : « Chez nous en 1793, Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen ». Sur lui et sa famille, on peut lire notre article publié sur ce site en juin 2012 : Maires de St André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869)

Le moulin Briand, Dria, Belair


Beaucoup de noms pour désigner le même moulin !

Dans le gaulaiement de 1808 des Landes du Pin, on rencontre Charles Marmin, habitant Vendrennes, qui possédait deux champs appelés « les champs de la Croix » sur lesquels étaient une maison et un moulin à vent dit « de Belair ». Ceux-ci se trouvaient au bord du chemin qui conduit de la Brossière à Saint-André, contenant ensemble 4 boisselées et 50 gaulées. C’est le seul bâti dans le tènement des Landes du Pin, et à cette date il était en ruines.

Jean Burkhalter : Moulins en Vendée
Le moulin de Belair s’est appelé aussi le moulin "Brieau" « Briand » ou « Dria », suivant les écritures, et il est connu dans les livres d’Histoire. On en parle dans les récits des premiers jours du soulèvement en mars 1793 : « Ce fut dans la nuit du 9 au 10 mars, au moulin Briand dit Dria, entre le bourg de Saint-André et le village de la Brossière, que se réunirent spontanément tous les conscrits du voisinage, pour se concerter sur la conduite à tenir au sujet de la loi de conscription » (13). Le chroniqueur ajoute dans une note datée de 1904 : « Le moulin Dria a disparu ; mais son emplacement est encore marqué, à l'heure où j'écris, par un vieux pan de mur. ».

Les géomètres du cadastre napoléonien en 1838 ont donné au nom de la section no 4 de l’assemblage de la Brossière celui de « Le moulin Briand et les Marzelles no 4 ».

En 1766, ce moulin, avec sa maison et ses terres, a appartenu aux frères Garnaud. Ils ont eu un procès avec un nommé René Audureau, « émouleur » habitant Beaurepaire. Ce dernier a eu gain de cause devant le tribunal civil de Montaigu en mars 1793, obtenant le délaissement du moulin à son profit. C’est à cette occasion qu’on apprend qu’autrefois le moulin s’appelait « Belair » (14).

Ensuite l’état-civil de Saint-André nous fait connaître le nom d’autres meuniers. En 1804, Jean Janière est farinier demeurant avec son épouse, Françoise Charrieau, au moulin de Belair, suivant l’acte de naissance de son fils Jean Pierre, le 13 brumaire an 13 (vue 141). Il en est de même pour la naissance de sa fille Rose le 4 octobre 1807 (vue 277).

On n’est pas sûr qu’il ait été propriétaire du moulin, car en 1797, un nommé Charles Marmin y habitait, indiqué en 1808 comme propriétaire demeurant à Vendrennes, suivant l’acte de gaulaiement évoqué plus haut. A moins d’être deux fariniers à exploiter le moulin. Puis en 1823 André Marmin habite au moulin suivant l’acte de naissance de son fils, François André, du 3 février (vue 307). Il y avait un Marmin, meunier à la Basse Clavelière (15).

En 1827 on découvre un autre habitant au moulin, Louis Coutaud, marié avec Renée Boudaud. Leur fils, Louis y et décédé à l’âge de 7 ans le 22 avril de cette année (vue 121). À cette occasion on découvre la présence de François Coutaud, frère du précédent, aussi farinier au moulin de Belair.

La Crochardière


Autrefois la Crochardière
Le seigneur de Languiller fit un aveu aux Essarts, à cause du Coin Foucaud, entre 1405 et 1441, comprenant le fief de la Crochardière. Ce dernier touchait aux terres du Pin et le tènement de la Frissonnière (habitat disparu situé aux Essarts) appartenant à Jean Amauvin. Le rachat est estimé à 3 septiers de blé et 3 charrettes de foin (16). Plus précisément il était situé entre les villages du Pin et du Clouin, bordant le chemin qui va de Chauché à Sainte-Florence-de-l’Oie, les terres de la Gandouinière et de la Frissonnière. L’habitat actuel appelé Saint-Joseph-de-Bel-Air, ne paraît pas en être une survivance, plutôt une création plus récente. En consultant les vues aériennes, les bâtis de la Crochardière nous semblent avoir été construits un peu plus à l’est dans un champ descendant en pente douce, vers un chemin de servitude (autrefois appelé « le chemin du Pin à Laubrière »). Sur la photo ci-dessus le paysage ne laisse rien deviner de ces anciens bâtis sur le champ situé au troisième plan.

Le seigneur du fief en 1526 était Jean Audureau, prêtre, qui le vendit cette année-là à André Daviet, un habitant du village voisin du Pin (17). André Daviet offrit la foi et hommage plain le 10e jour de juillet l’an 1545 aux Assises de Languiller, comme seigneur chemier du fief de la Crochardière (17). Les autres possesseurs de droits dans le fief ne sont pas indiqués. Il en rendit l’aveu daté du 15e décembre suivant rédigé par un notaire « et scellé à double queue en cire verte ». 

En 1550 on décrivait encore le village avec ses masuraux, ses cours et ses jardins. Ceux-ci contenaient 2 boisselées, les terres labourables et en friches contenaient environ 5 septrées (10 ha), et les prés « en journaux à 10 hommes de pré ». Il était alors tenu de la seigneurie du Coin Foucaud par André Daviet, sous « foi et hommage plain et à droit de rachat par mutation d’hommes quand le cas y advient, et à douze deniers de service annuel à moi rendable en chacun terme d’Ascension de notre Seigneur », dit le seigneur de Languiller (18). Voilà bien qui désigne un fief au sens originel du terme. D’ailleurs, l’aveu cité indique aussi qu’en cas de mutation l’acheteur payait le droit de rachat, le même qu’au début du 14e siècle, qui valait « trois septiers ou environ et par foin trois charretées ». Si les septiers étaient du seigle, cela faisait environ 8 quintaux d’aujourd’hui. Or cette valeur de rachat équivalait en principe dans le Poitou à une année de revenus. Et il y a plus, le propriétaire du fief devait payer un droit de garde, c’est-à-dire une redevance en argent ayant remplacé une ancienne obligation de garder un lieu au Moyen Âge. La redevance était de 15 deniers, payables chaque année à la Saint-Jean-Baptiste au seigneur du Coin Foucaud.

Après 1550 il y eu des transferts de propriété des droits de fief, car Me Étienne Fonteneau, procureur au siège présidial à Poitiers (tribunal), devint le seigneur du fief. Sa fille et unique héritière lui succéda, et en 1589 son curateur donna pouvoir à Jean Daviet de faire l’hommage à Languiller (19). Puis en 1597, Sébastien Masson, possédant déjà les droits de fief de la Jaumarière et du Pin, acheta des droits de fief de la Crochardière à Marie Chaigneau, veuve de Jehan Fonteneau, et Catherine Ardouin, veuve d’André Fonteneau. Le prix est faible, correspondant à une partie des droits féodaux : 25 écus sol, soit 75 livres (20).

En 1626, un hommage a été offert aux Assises de Languiller par Étienne Fonteneau, probablement petit-fils du précédent Étienne Fonteneau (21). On ne sait pas à quels droits correspondaient cet hommage. En 1654, nouveau changement : le seigneur du fief est René de Vaugiraud, aussi seigneur de Logerie (Bazoges-en-Paillers), qui avait épousé Renée Moreau issue d’une riche famille de bourgeois de Saint-André. Il se fit représenter pour offrir sa foi et hommage par son beau-frère Pierre de Vaugiraud (22).

Quelques années après, Languiller est devenu seigneur direct de la Crochardière, par achat des droits, peut-être après l’exercice de son droit de retrait féodal. Nous avons en effet 11 déclarations roturières rédigées par des notaires de Saint-Fulgent, Proust et Arnaudeau, entre le mois d’août 1688 et le mois de février 1689. C’est pour elles que les notaires ont hésité entre le mot de « fief », et celui de « tènement ». Les 11 déclarants possèdent en tout 9,1 hectares, soit un peu plus de la moitié de cet ancien fief, évalué désormais à 130 boisselées au total (16 hectares), y compris les prés et jardins, décomptées avec un arpentement précis (23). Ils se nomment : Jacques et Mathurin Brisseau, Hilaire Menanteau, André Barbot, Jacques Badreau, Louis Texier, Jean Auvinet, René Besson, Jacques Charpentier, Hilaire Menanteau, Julien Crespeau, les héritiers Jean Bonnin. On connaît aussi Philippe Chatry et Nicolas Cougnon, qui n’ont pas fait de déclaration conservée.

La redevance seigneuriale est fixée de manière « moderne » désormais, à raison de 4 deniers pour une boisselée de terre, payable à Languiller à chaque noël. Cette valeur a remplacé l’ancienne rente de 4 boisseaux d’avoine due chaque année par les teneurs. À cette occasion, le seigneur ne semble pas avoir profité de la situation pour revaloriser la redevance. Nous le vérifions en 1779 dans un procès-verbal du partage de la succession du seigneur de la Rabatelière, où il est indiqué qu’à la Crochardière le revenu annuel perçu est de 43 sols et 4 deniers à raison de 4 deniers par boisselée (24). Cela donne un boisseau valant 10 sols et 10 deniers, tout à fait en ligne avec sa valeur de l’époque. Rappelons que l’essentiel des revenus seigneuriaux provenait dans ce cas des droits de lods et ventes. Les déclarations de 1688/1689 disent bien la parcellisation des terres entre de nombreux propriétaires. Le plus petit déclare une parcelle de 60 gaulées, et le plus important déclare 4 parcelles pour un total de 1,7 hectare. Trois d’entre eux habitent à coté au Pin et un au Clouin. Les autres habitent dans les environs, dispersés par les mariages et les héritages.

L'aveu de 1550 ne donnait aucun indice de ruine à la Crochardière. On soupçonne que c’était le cas pourtant, car le village va disparaître, comme d’autres à Saint-André avant le milieu du 17e siècle. Son nom sera même ignoré par le cadastre napoléonien de 1838, comme il l’avait été de la carte Cassini à la fin du 18e siècle. Cette dernière couvre d’ailleurs l’espace par la forêt de l’Herbergement de manière excessive.

La grande dépopulation avec son niveau le plus bas dans les années 1440/1450, que nous avons évoquée plus haut, a diminué la population d'un tiers en France. Ensuite, du fait de l’espacement des épidémies devenues moins meurtrières, et de la fin de la guerre de Cent Ans, la démographie a fait un bond en avant, entraînant la remise en culture d’espaces en friches. Il ne faut pas oublier non plus l’amélioration relative du climat au cours du 16e siècle, dans la période du Petit Âge Glaciaire, expliquée par l’historien Le Roy Ladurie (25). Après les ruines, des fortunes se sont construites ou reconstruites, et d’autres ont disparu. Elles ont pu remodeler les espaces de la propriété foncière. Une étude intéressante dans la région de Partenay et Bressuire a pu montrer qu’alors, dans cette situation, le nombre de grandes métairies a augmenté par amassage de terres (26). Il n’en a rien été à la Crochardière, où l’on vendit les redevances en l’état, sans que nous puissions proposer une explication basée sur une documentation.

N’oublions pas cependant que les épidémies n’avaient pas complètement disparu, non plus que les disettes. Ainsi les récoltes de blés en 1682 avaient été quatre fois moins importantes que d’habitude dans certaines métairies de la baronnie des Essarts. Le blé récolté, mélangé de graines de mauvaises plantes, était impropre à faire du pain. Pour la nourriture et la semence de l’année à venir, il avait fallu acheter des graines propres. Et certains métayers des Essarts, par exemple, se disaient réduits à la misère, incapables de payer leur taille (27). On sait aussi que l’hiver glacial de 1684 a tué en Poitou des bestiaux et perdu les deux tiers du froment (28).

Autour du village du Pin 
et de la Crochardière autrefois
Plus d’un siècle après 1550, le village de la Crochardière a disparu, et le droit de fief a été rattaché directement à son suzerain, la seigneurie du Coin Foucaud. Pour parler comme les jurisconsultes de l’époque, le droit de fief a été « infus » dans la seigneurie directe du Coin Foucaud. Quoique celle-ci n’est même plus désignée. À la place on désigne son possesseur : le seigneur de Languiller.



Le tènement du Pin


Enfin, venons-en maintenant au village et tènement du Pin. En 1550 il était tenu directement par le seigneur de Belleville, possesseur de Languiller et du Coin Foucaud, mouvant de cette dernière seigneurie, dont le sort restera lié à celui de Languiller jusqu’à la Révolution. C’est à lui que les propriétaires payaient leurs redevances seigneuriales, d’un montant symbolique, sauf deux : le terrage et les lods et ventes. Il y avait une rente en argent : 59 sols par an, soit 2 livres et sols, à se répartir entre tous les teneurs. Ce montant tenait compte de l’incorporation faite de la valeur des anciennes corvées féodales.  Il en était de même du droit de garde, qu’on voit réclamé en 1525 aux Assises de Languiller à 3 teneurs du Pin (29). Puis il y avait les rentes en nature à se répartir de la même manière : 14 boisseaux de seigle, 36 boisseaux d’avoine, 5 poules et 3 chapons (30). Ces derniers valaient en 1779 : 2 livres 3 sols (31). Quelques teneurs ont été poursuivis par les Assises de Languiller de 1526 à 1537 pour le paiement des redevances, le plus souvent pour une partie d’entre elles (32). Pour le défaut de paiement, le tribunal seigneurial prononça des amendes, taxées à 2 sols 6 deniers

Au 17e siècle ces rentes avaient été acquises par Pierre Moreau, sieur du Coudray, les tenant roturièrement au devoir de 1 sol par an payé à la recette de Languiller (33).

Le Pin
Le terrage était de 1/6 des récoltes comme très souvent ailleurs à Saint-André. Mais le terrage des jardins et quelques boisselées de terre avaient été donné en franche aumône « à la templerie de Mauléon à 14 sols de rente par chacun an », par les prédécesseurs du seigneur en 1550. Mais dans un autre aveu du Coin Foucaud à la même date, on précise que ce don avait été fait antérieurement, c’est-à-dire hors de l'influence du protestantisme (33). Le Temple de Mauléon était un lieu-dit où se trouvait une commanderie d’hospitaliers. On n’a pas réussi à savoir si au départ cette commanderie faisait partie de l’ordre des Templiers ou Chevaliers du Temple, victimes du roi de France Philippe le Bel (le grand-maître Molay exécuté en 1314), ou bien déjà de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. On sait que ses biens immobiliers furent récupérés par l’Église et que plus tard la commanderie du Temple de Mauléon a fait partie des établissements poitevins du Grand prieuré d’Aquitaine, organisation provinciale de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, devenu l’ordre de Malte. Le terrage des autres surfaces était réparti à raison des deux tiers pour le seigneur de Belleville et d’un tiers pour le prieur de Saint-André-Goule-d’Oie

Une dîme seigneuriale était prélevée sur les éleveurs habitant le village pour les agneaux, la laine, les veaux et les « gorons » (devenus « gorets » en patois, ou cochons). Elle aussi était répartie par deux tiers pour le seigneur de Belleville et un tiers pour le prieur de Saint-André. Ce tiers, « autrefois par mes prédécesseurs, baillé en franche aumône audit prieur-curé ».

À cet égard, il y a bien une particularité concernant les dîmes à Saint-André-Goule-d’Oie. Elles s’appliquaient normalement sur les fruits de la terre (grosse dîme) et le croît des animaux (dîme de charnage), au profit de l’Église. Sur les fruits de la terre on sait qu’au sortir du Moyen Âge à Saint-André on n’a pas noté de terres où on prélevait la grosse dîme dans la mouvance du Coin Foucaud. Mais notre documentation est incomplète et ne comprend pas pour cette période les autres mouvances dans la paroisse. En revanche le seigneur du Coin Foucaud prélevait le terrage au 1/6 des récoltes, partagé par moitié avec le prieur de la paroisse. La part de ce dernier équivalait au prélèvement au 1/13 habituel de la grosse dîme. Après les guerres de religion à la fin du 16e siècle, où le seigneur du Coin Foucaud, Jules de Belleville, s’est montré un ardent combattant protestant, la part du prieur a été confisquée par lui. Plus tard on voit le droit de boisselage apparaître au profit du prieur, mais l’insuffisance de la documentation ne nous permet pas de situer précisément l’apparition de ce droit. Déjà pendant la guerre de Cent Ans dans certains tènements de Saint-André, de grosses rentes à valeurs fixes étaient apparues au seul bénéfice du seigneur du Coin Foucaud, à la place du droit de terrage. Le boisselage, qui suppléait à la grosse dîme ecclésiastique dans les tènements documentés, était d’un boisseau par feu, ce qui fait peu.

Le Pin
Sur le croît des animaux, on constate suivant les tènements que la dîme était prélevée tantôt par le seigneur, tantôt par le prieur, et tantôt partagée entre eux comme au Pin, apparemment suivant les anciennes décisions des seigneurs d’avant les guerres de religion.

La situation de toutes ces redevances que nous venons de décrire après la fin du 16e siècle n’évoluera guère ensuite. En revanche le bénéficiaire de ces redevances a souvent changé, donnant lieu à une histoire forte en rebondissements dans ses relations avec le suzerain de Languiller.  

Le village du Pin avec ses habitants nous apparaît à travers 21 déclarations roturières faites par ses propriétaires en 1684 (34). Deux d’entre elles sont faites par deux propriétaires en indivision, ce qui ramène les domaines déclarés à 19. Au total nous avons là un échantillon propre à nous fournir certaines informations sur les habitants. 11 propriétaires déclarent posséder des bâtiments dans le village du Pin, dont 4 y habitent. Les 7 autres sont des enfants du village qui l’ont quitté pour s’installer ailleurs, ou des étrangers venus s’y marier sans s’y installer, ou de simples acquéreurs.

On cite 9 maisons, dont 3 « portant planché », c’est-à-dire ont un étage destiné habituellement au séchage des fruits et céréales. Deux y logent un four dans une des deux pièces. Les autres n’ont que la hauteur d’un niveau, avec un toit d’une seule pente, ou « à chaps », c’est-à-dire avec deux pentes et un faîte au milieu du toit. On compte en plus 4 granges, 2 toits à cochon et 7 appentis appuyés sur un mur de maison ou de grange. Ces 4 granges et 2 toits révèlent l’existence d’un élevage significatif, contrairement au constat fait chez les voisins au village des Gâts en 1703.

Ce décompte vaut pour les 11 déclarations comportant l’énumération d’un ou plusieurs bâtiments. Elles sont incomplètes, et il faut ajouter d’autres habitats confrontés dans le village, sans déclaration roturière les concernant. Leurs propriétaires sont : Jean Moreau, René Daviet, Michelle Besson, Étienne Nicou, Jean Bonnin, Perrine Badreau, René Besson journalier demeurant au Pin et teneur à la Crochardière. Il est donc probable que le village possédait environ une quinzaine de maisons d’habitation au moins, beaucoup habitées par des locataires. Ainsi avons-nous relevé qu’André Barbot, laboureur, habite au Pin, qu’il est possesseur de deux champs d’un demi hectare chacun à la Crochardière, mais que, ne déclarant pas posséder une maison au Pin, il y est donc locataire.

Il est difficile en l’absence de recensement de connaître le nombre d’habitants dans le village. On peut néanmoins proposer à titre d’hypothèse minimum un nombre d’environ 80 personnes, à cette époque de familles nombreuses et de forte mortalité.

Une maison au village du Pin
Pour nourrir tout ce monde, les jardins étaient nombreux, totalisant une surface d’environ 11 000 m2, pour 12 propriétaires nommés dans les 19 domaines déclarés. Installés pour la plupart entre les maisons et leurs cours, ils donnaient au village des espaces dégagés, ouverts vers le ciel. La lumière baignant le village y faisait oublier l’ombrage de la forêt proche de l’Herbergement. Les habitats s’étendaient sur une grande surface avec plusieurs chemins à l’intérieur, comme on voyait dans les bourgs. De nos jours cet espace offre un cadre idéal aux architectes pour y construire des maisons modernes, et y choisir des couleurs d’un goût parfait.

Les 21 auteurs des déclarations sont presque tous des hommes, parfois déclarant pour les biens de leurs femmes ou de leurs enfants, ayant eux seuls alors la capacité civile de le faire. Dans deux cas, on trouve des veuves, à qui les notaires de Saint-Fulgent reconnaissaient alors cette capacité.

Pour 16 personnes les notaires nous indiquent leur profession : laboureurs pour 9 d’entre eux et artisans pour les 7 autres. Pour ces derniers on rencontre les métiers suivants : au Pin : 2 marchands et 1 tailleur d’habit, un maître tanneur (habitant la Girarderie), un tisseur de laine (habitant la Milonnière), un forgetier (ou forgeron, habitant la Forêt), et un meunier (habitant au Coudray). Le marchand est une appellation vague, assimilée aux artisans ici, pouvant désigner le mercier ou le marchand de bœufs, par exemple. Comme toujours sa force résidait dans sa capacité à faire voyager les biens meubles ou les choses, pour les offrir aux sédentaires, et souvent à en gérer les stocks. Il a parfois été incompris, assimilé à un intermédiaire abusif, et son incorporation aux producteurs, artisans et laboureurs, mérite pour cela des précautions. D’autant qu’une certaine tradition de prédicateurs faisait l’éloge moral des paysans qui nourrissent les populations, au contraire des marchands corrompus par leur activité d’échanges des biens et richesses (35).  

Cette présence aussi importante des artisans parmi les propriétaires du Pin indique leur appartenance au même monde des « paysans » (au sens de gens du pays), que les laboureurs (agriculteurs). Possédant de petites surfaces de terres ou prés, on les a appelés parfois des bordiers. Ils complétaient alors leurs revenus en fabriquant des objets, à une époque où l’industrie n’existait pas. D’autant que leurs épouses, comme toutes les autres, ajoutaient très souvent un travail rémunérateur ou nourricier à ses tâches ménagères et de mère de famille. Sans compter aussi les enfants qui devaient aider. C’est pourquoi ils étaient nombreux, y compris dans les villages où se trouvaient leurs terres. L’artisan travaillait en indépendant à son compte, mais il pouvait aussi travailler à façon pour un marchand.

L’indication du domicile des propriétaires est faite dans 20 déclarations, dont 4 habitent au Pin. Les 16 autres habitent dans les villages aux alentours de Saint-André (Bourg, Coudray (2), Jaumarière, Brossière, Milonnière (2), Forêt, Gandouinière, Javelière), ou de Vendrennes (Guierche et Girarderie), voire de Saint-Martin-des-Noyers (Fonteny et la Barre). Deux personnes habitent plus loin : aux Herbiers et à Ardelay (Barillère).


Voici le début d’une déclaration faite par Mathurin Brisseau de la Brossière, reproduite ci-contre : « Sachent tous que de vous haut et puissant messire Philippe Chitton, écuyer, seigneur de Fontbrune, de Languiller, fiefs des Bouchaux, Coin Foucaut, Touroil, Pothé, le Vrignault, Avenage de Chauché, la Ramée, Maître Mille et autres, Je Mathurin Brisseau, laboureur, tant pour moi que pour Charlotte Pavageau ma femme, demeurant au village de la Brossière paroisse de Saint-André, tiens et avoue tenir de vous mondit seigneur au village et tènement du Pin à cause de votre fief de Languiller les choses qui suivent »

La répartition de la propriété des terres est intéressante à examiner. Les 19 domaines déclarés totalisent une surface de 36 ha répartis sur 146 parcelles différentes de prés et champs, soit une moyenne de 2 465 m2 par chaque pièce de terre ou pré. La parcellisation est donc très poussée. D’ailleurs l’origine des propriétés est pour plus de 90 % à titre successif, excluant presque totalement l’acquisition. Quelques borderies pouvaient subsister. La plus importante comprend 5,3 ha, plus 590 m2 de jardin. Les autres propriétaires sont au nombre de 8 à posséder de 2 à 4 ha. Enfin on compte 10 déclarations totalisant une surface inférieure à 2 ha, pour un total de 8,6 ha. Ces petites surfaces étaient souvent louées à d’autres propriétaires, soit laboureurs, soit artisans.

Bref, le village et tènement du Pin est alors surtout possédé par des personnes extérieures, principalement à cause des héritages et des mariages.  

Enfin, si on ne veut rien oublier des messages délivrés par les déclarations roturières de cet échantillon représentatif des propriétaires du Pin en cette année 1688, on relève que 8 personnes sur 21 signent, alors que les notaires de Saint-Fulgent font à chaque fois de cette signature un article particulier de leurs actes. Ce ne sont que des hommes, et encore, à voir certaines graphies, il y avait des débutants parmi eux. Comparé aux constats faits par les historiens à la même époque, notamment dans la France du nord de la Loire, on a ici un niveau d’alphabétisation en retard (36).

On regrettera la restriction que nous imposent involontairement les documents disponibles sur les habitants du village. Ceux qui n’étaient pas propriétaires nous échappent. On ne peut même pas en évaluer le nombre. Et pourtant on ne saurait passer sous silence les journaliers ne possédant rien, se louant à la journée ou à la tâche, avec un attelage ou seulement munis d’un outil à bêcher ou à faucher. Sans travail ou malades, ils tombaient dans la misère, au Pin comme ailleurs.

Dans les minutes des notaires de Saint-Fulgent on a relevé l’existence de petites borderies néanmoins. En 1740 Pierre Piveteau, bordier demeurant à la Maigrière, afferme une borderie au Pin à Pierre Borleteau pour 10 livres par an, somme pouvant correspondre à une surface de 1,5 ou 2 ha environ. Le bail est de 3 ans (1740-1743), avec des droits d’usage de terres collectives du village, appelés les « communaux » (37). Dans le cadastre de 1838 ils étaient devenus propriété de la commune et totalisaient 18 boisselées, à côté de la pièce des Bergaudières en la versaine sur l’étang joignant d’un bout le chemin de Sainte-Florence. La parcelle des Bergaudières, contenant 30 boisselées, faisaient alors partie de l’ancien tènement des Landes du Pin (38). En 1754 Louis Corbier de Beauvais, bourgeois et propriétaire au Coudray, afferme sa borderie pour 30 livres par an, ce qui laisse supposer une contenance de quelques hectares seulement, peut-être 5. Il reconduit les fermiers sortants, Marie Cougnon, veuve de Louis Robin, et Jean Robin son fils, pour 7 ans (1755-1762). Les clauses du bail sont celles habituelles des actes notariés (39). Le 6 février 1790, François Bordron, bordier demeurant à la Guierche (Vendrennes), afferme à François Aulneau, bordier demeurant au Pin, une petite borderie au Pin, à prix d’argent de 18 livres par an, pour 5 ans (1789-1794). Le mot de borderie employé ici apparaît comme une commodité de langage pour quelques pièces de terre seulement dans le village : planche de verger, ruages, prés, terres labourables et non labourables (40).

Il faut faire un saut de 2 siècles pour voir construire le chemin allant du bourg de Saint-André au village du Pin. C’était un chemin rural à la charge de la commune, et il était encore dans son état primitif. Dans sa session du mois de mai 1934 le conseil municipal décida, pour payer les travaux, d’un emprunt de 15 000 F sur 15 ans à 4 % d’intérêts annuels, autorisé par le préfet le 20 juillet 1934. Son remboursement fut financé par une imposition extraordinaire. Le conseil décida que l’emprunt serait proposé à des particuliers par tirage au sort, vu les conditions des établissements de crédit (41).   


La guerre de Vendée au Pin


On sait à quel point l’évènement dispose de peu d’archives dans la commune de Saint-André-Goule-d’Oie, notamment pour comprendre sa dépopulation de 268 personnes, constatée en 1800 (21 % de la population de 1791). Aussi même les indices sont intéressants à relever sur ce point. Et c’en est un que fourni un inventaire effectué par le notaire de Chavagnes en 1802 dans la maison des enfants d’Alexis Poiron et de sa femme Jeanne Maindron au village du Pin. Alexis Poiron, cultivateur, était mort cinq mois auparavant à l’âge de 50 ans, déjà veuf, laissant quatre enfants mineurs : Jean, Jeanne, Modeste et Marie. Leur tuteur a demandé cet inventaire, d’autant qu’il n’a pas fait apposer les scellés sur les meubles et effets mobiliers. Il explique qu’il a voulu éviter ainsi « la multiplication des frais » sur un mobilier peu « conséquent » (important), « attendu le fléau de la guerre civile qui a désolé ce département ». Derrière cette formulation du notaire on voit le pillage ou l’incendie comme conséquence très probable du fléau évoqué. L’inventaire lui-même est éloquent sur ce point, se montant au total à 105 livres. Il comprend une vache pour 21 livres (valeur faible), diverses productions agricoles (fumier, foin, paille, lin) pour 38 livres, des instruments de travail pour 19 livres, le mobilier et les ustensiles de ménage pour 19 livres. Enfin, disant le dénuement extrême, les habits et la literie ne valent que 2 livres. Il n’y a pas de lits pour tous (42). Et on peut craindre que cette maison des Poiron ne fût pas la seule victime de la guerre dans le village. Un autre cas similaire s’est rencontré au village de la Maigrière en 1808 avec les trois enfants mineurs de Jean Micheneau et Marie Anne Billaud. La valeur de la literie n’y était que de 12,50 livres, même si le total des meubles et effets mobiliers s’élevait à 232 livres (43). Un lit garni était estimé à 50 F an 1810 à la Boutarlière dans un autre inventaire après-décès, et une berne (gros drap) valait 3 livres (44).


(1) Bertrand Poissonnier, La Vendée préhistorique, Geste Éditions, 1997, page 214.
(2) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 10, déclaration du 8 avril 1658 de Charles Tranchant à Languiller pour les étangs des Nouhes et du Pin.
(3) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1701, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 44, pages 46 et 47.
(4) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson, : 7 Z 29-2, Lieux-dits de Chauché. 
(5) 150 J/G 61, aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par Languiller aux Essarts – deuxième copie d’un aveu de 1550.
(6) 150 J/G 11, déclaration noble du 13-7-1656 de Mathurin et Lucas Paquereau à Languiller pour les Landes de l’étang du Pin.
(8) Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/9, transaction du 27-9-1777 entre Henriette de Tinguy et les teneurs de la Brossette sur l’usage du droit de pacage dans les landes communes de la Brosette.
(9) Deux baux du 23-5-1564 de 6 boisselées dans les Landes du Bois Pothé, de Jules de Belleville à Maurice Aparilleau, et de 9 boisselées au même lieu par le même, à André Pidoux, Archives du diocèse de Luçon, Saint-André-Goule-d’Oie sous l’Ancien régime : AAP.
(10) Note sur la borderie des Landes à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(11) Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, déclarations roturières de Pierre Moreau vers 1675.
(12) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 14, gaulaiement du 3-2-1808 du tènement des Landes du Pin.
(13) La Vendée historique (revue de la Vendée militaire) 1904 (No 169-70), page 503 et 529.
(14) Archives de Vendée, notaire de Montaigu, étude E, P.M. Thibaud : 3 E 27/47, acte de notoriété du 2 pluviôse an 9, sur un jugement du tribunal de Montaigu au sujet du moulin Briand (vue 88).
(15) Fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 108, Fortin, arrentement de 2 moulins à vent près de la Basse Clavelière le 3 juillet 1770.
(16) Note sur la Crochardière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(18) Idem (5).
(19) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1589, ibidem : 150 J/M 33, pages 63 et 64.
(20) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 76-1, Saint-André-Goule-d’Oie, lieux-dits et autres.
(21) Assises de Languiller en 1626, ibidem : 150 J/M 33, pages 40.
(22) Assises de Languiller en 1654, ibidem : 150 J/M 38, pages 16.
(23) 150/G 4, déclaration roturière du 21-9-1688 d’André Barbot à Languiller pour des domaines à la Crochardière.
(24) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, pages 31 et 33, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(25) Emmanuel le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat Tome I, Fayard, 2004.
(26) Louis Merle, La métairie et l’évolution agraire de la Gâtine poitevine de la fin du Moyen Âge à la Révolution, Éditions Jean Touzot, 1958.
(27) Archives de Vendée, archives des baronnies des Essarts et de Rié, fonds conservé à Turin : 1 Num 231/43, déposition des fermiers : vue 1.
(28) Emmanuel le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat Tome I, Fayard, 2004, page 471.
(30) Idem (5).
(31) Idem (24).
(33) Notes no 2 et 3 sur le Pin à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 3.
(34) chartrier de la Rabatelière, dossier : 150/G 11.
(35) J. C. Cassard, 1180-1328, L’âge d’or capétien, Gallimard, Folio histoire de France, 2021, page 240.
(36) Histoire de la France rurale tome II, Jean Jacquart, Immobilisme et catastrophes 1560-1660, Seuil, 1975, pages 308 et s.
(37) Ferme du 12-6-1740 d’une borderie au Pin de Piveteau à Borleteau, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/2.
(39) Ferme du 12-10-1754 d’une borderie au Pin par Corbier, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/114.
(40) Ferme du 6-2-1790, de terres au Pin, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/131.
(42) Inventaire du 14-10-1802 de la succession mobilière de Poiron et Maindron, notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/20.
(43) Bouron : 3 E 31/23, PV de vente du 30-1-1808 d’effets mobiliers à la Maigrière.
(44) Bouron : 3 E 31/24, Inventaire du 14-9-1810 des meubles et effets de la mineure Herbreteau.

Emmanuel François, tous droits réservés 
Octobre 2016, complété en février 2024