Le nom de la Bergeonnière a
toujours été orthographié Brejonnière autrefois. Sa transformation en
Bergeonnière est récente, vieille seulement d’un siècle et demi environ.
L’histoire de ce village et tènement est des plus compliquée. D’abord il y
avait au sortir du Moyen Âge deux petits fiefs indépendants à l’intérieur des
limites du tènement, ce qui n’était pas fréquent dans la contrée. La
connaissance de ses habitants n’est pas facile à cerner avec certitude, faute
d’une documentation suffisante. Surtout, les redevances seigneuriales ont été
partagées entre différents possesseurs, et presque chacune a une histoire
propre. Mais entrons dans les détails.
Sa géographie
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La Bergeonnière en
2017
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Tel que nous le connaissons le
tènement remonte au Moyen Âge, et se trouve coincé entre deux
seigneuries : Linières et le Coudray. De peuplement probablement très
ancien, le village de la Bergeonnière à Saint-André-Goule-d’Oie est né sur une
pente au pied duquel coule un ruisseau, comme beaucoup d’habitats primitifs. Celui-ci
rejoint Saint-Fulgent où il se jette dans le ruisseau du Vendrenneau. Il
constituait la limite vers l’est, de ce qu’on appelait sous l’Ancien Régime le
tènement de la Bergeonnière, finissant au « moulin aux draps » situé près
de la Boutinière (1). Au nord il bordait le Vendrenneau, puis sa limite ouest
le séparait du tènement voisin de la Bourolière, difficile à repérer de nos
jours, car suivant des haies de champs dont les noms ont disparu. Au sud, le
tènement était limité par le domaine de Linières, en même temps territoire de
la paroisse de Chauché. Un chemin séparait ce domaine du terroir de la
Bergeonnière, longeant sa longue muraille jusqu’au ruisseau descendant de son
étang. Nous avons décrit cette dernière limite dans l’article publié sur ce
site en janvier 2015 :
Les fiefs de Saint-André-Goule-d’Oie et de la Pinetière en 1550 et 1540.
Néanmoins, au-delà du ruisseau d’eau de la Fontaine de la Gandouinière venant
de Linières, entre le Coudray et la Forêt, un espace de pré et de terre d’un
peu plus d’un hectare, faisait partie du tènement de la Bergeonnière. Il
apparaît que les limites de ce tènement se retrouvent assez bien dans celles de
la section de la Brejonière no 3, faisant partie du secteur de la Boninière
dans le cadastre napoléonien de 1838.
Les maisons du village bordent la
route qui va de Saint-André à Chavagnes, et ses habitants avaient l’habitude
des passages. Pendant la guerre de Vendée, cette position lui valut des
malheurs avec les colonnes dites infernales. Nous avons raconté ce qui s’est
passé dans la biographie d’un de ses habitants, dans un article publié sur ce
site en avril 2011 :
Pierre François Mandin, adjoint au maire de 1826 à 1830.
Dans le tènement de la
Bergeonnière, subsista jusqu’à la Révolution, deux petits fiefs distincts
: le fief Chevillon et le fief de Lhommage. De surfaces très faibles, les
redevances seigneuriales qui y étaient perçues différaient de celles du tènement
proprement dit de la Bergeonnière, d’où leur existence à part dans les aveux et
déclarations roturières.
L’information la plus ancienne
sur le fief Chevillon le fait tenir par le seigneur de la Mancellière du
seigneur du Coin Foucaud, à foi et hommage, alors que le grand fief de la
Bergeonnière était tenu par le seigneur du Coudray du seigneur du Coin Foucaud.
Dès avant 1550 le fief Chevillon fut vendu à des teneurs de la Bergeonnière
(2). Il contenait 25 boisselées de terre (3 ha) et 4 journaux de pré (2 ha), et
se situait en limite des terres de la Bourolière et du ruisseau du Vendrenneau.
Après cet achat, les nouveaux propriétaires relevèrent directement du Coin
Foucaud.
Le fief de L’hommage n’était
qu’un champ de 5 boisselées (environ 6 000 m2), situé près du village de
la Bergeonnière, sans plus de précisions connues. Il était tenu du seigneur du
Coin Foucaud à foi et hommage plain, à droit de rachat et à 5 sols de service
par an payables à noël. Et en 1685, sa propriété était partagée entre deux
personnes (3).
On trouve d’autres fiefs de petites surfaces
ailleurs à Saint-André-Goule-d’Oie : Roche Herpière près
de la Javelière, Ségoninières près de la Jaumarière, et d’autres
autour du Plessis-le-Tiers et de la Brossière. Leurs créations
témoignent du nombre significatif de soldats ainsi équipés et
récompensés par les seigneurs locaux engagés dans les guerres de
toutes sortes au Moyen Âge.
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Espace près de la
Jonchère d’autrefois
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On relève au 17e
siècle l’existence d’une jonchère le long du ruisseau descendant de l’étang du
Pin, appelée la « Jonchère du Gui ». Le mot gui, désigne le gué permettant
de traverser le ruisseau de la Fontaine de la Gandouinière, pour rejoindre le
Coudray à la Bergeonnière. Espace où poussaient des joncs, la jonchère avait un
usage de pâturage, occupant une surface de près de 6 boisselées environ et s’appelait l’Ouche Libaut. En
1627, un aveu précise que la jonchère touchait un pré ayant appartenu à Gelais
Loriau, sans doute un des descendants de cette famille qui a donné son nom aux
villages du Coudray Loriau et de la Forêt Loriau (4), ainsi que du fief de
Lautruère Loriau près de la Brossière. Et « dans laquelle y avait
anciennement un petit village et quelques teneurs », précise-t-on en 1753 (5). On ne sait pas quand ce petit
village a disparu, mais en ce début du 21e siècle, des maisons sont
revenues occuper cet espace accueillant près du ruisseau.
Un village d’artisans et de journaliers et une propriété foncière
dispersée
En 1753 on comptait une quinzaine
de propriétaires de bâtiments dans le village. Pour 11 d’entre eux on a pu faire
le décompte de leurs bâtis : 15 maisons, 1 masureau, 1 four, 2 toits, et 2
granges (5). Deux maisons seulement comportent un étage, l’une ayant un « plancher » (grenier) et l’autre
une pièce habitable au deuxième niveau. Certaines des maisons pouvaient
comporter deux ou trois pièces accolées les unes aux autres au rez de chaussée.
Ce qui étonne dans cette énumération est le faible nombre de bâtiments destinés
à l’activité agricole (toits pour animaux et granges). En même temps plusieurs
maisons avaient plus de 2 pièces, ce qui était rare. Peut-être que certaines étaient
affectées à une activité artisanale. De plus, les 6 boisselées et 13 gaulées de
jardin (7 500 m2) n’avaient pas une surface en rapport avec la population
aussi nombreuse, au moins 100 personnes, qu’auraient pu le permettre la
trentaine de pièces décomptées. Nous ne connaissons le métier que de peu des
habitants, mais on a relevé en 1691 un sergetier (6). Il tissait une fine laine
appelée la sargette. Il devait y avoir d'autres artisans.
Autre caractéristique : l’absence
de métairie au 18e siècle. Néanmoins un texte de 1618 fait allusion
à la métairie de la Bergeonnière, sans que nous puissions connaître son
importance (7). Elle a été démembrée ensuite. La métairie du Coudray, y
possédait un peu plus d’un hectare seulement de terre dans le tènement. En
1627, on indique de manière significative dans le tènement de la Bergeonnière,
qu’il y a « un petit village et quelques teneurs : Antoine Brillouet,
Jean Cougnon, François Aparilleau, Julien et François Brisseau et autres »
(8).
En 1753, 70 % des 300 boisselées
(36 hectares) du tènement sont possédées par 22 propriétaires différents. Le
plus important, Jean Chacun, par l’héritage de sa femme Marianne Herbreteau, ne
possède que 46 boisselées (5,6 ha). 15 d’entre eux possèdent moins de 8
boisselées (1 ha). Sur les 22 propriétaires connus, 5 ont acquis leurs biens,
ou une partie, par arrentement, un autre en payant comptant l’achat de 8
parcelles de terres, ne totalisant qu’une surface totale de 14 boisselées. Les
16 autres propriétaires ont acquis leurs biens par héritage (9).
Les relations vassaliques et les redevances à payer par les
propriétaires en 1753.
Dès le début du 15e siècle les redevances féodales étaient possédées par plusieurs personnes, vassales du Coudray (seigneurie voisine) et du Coin, lui-même suzerain du Coudray. Puis la seigneurie de Languiller, suzeraine du Coin, va les posséder en partie au 16e siècle, puis les vendre, puis les récupérer en partie au 18e siècle. En marge d’un aveu de 1618,
quelqu’un a ajouté cette information tout à fait essentielle : « est
roturier par l’acquêt qu’en a fait le seigneur de Languiller » (10). Cela
ne s’est pas fait sans complications et conflits. Pour tenter d’en clarifier la
présentation, nous allons commencer par décrire la situation finale à la veille
de la Révolution, pour voir ensuite comment on y est arrivé.
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F. Herbo : Bord
de rivière (coll. part.)
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En 1753, la seigneurie de
Languiller et ses fiefs annexes (dont le Coin Foucaud) était possédée par le
seigneur de la Rabatelière (11). Il était le fils d’un riche négociant nantais
qui avait acheté la seigneurie une trentaine d’années auparavant. Plus le temps
a passé et moins les seigneuries constituaient un bon placement pour les finances
de leurs propriétaires. L’historien Le Roy Ladurie a écrit : « les
droits féodaux, pour de médiocres profits, présentent mille embarras et
difficultés, tant au seigneur qu’au vassal » (12). Mais pour la position
sociale de leur possesseur, on ne faisait pas mieux. Le fils ne faisait plus de
commerce, il « vivait noblement » en supervisant la gestion de ses
seigneuries, et en s’engageant dans l’armée « au service du roi ». C’est
l’occasion de se rappeler que cette société française d’Ancien Régime
n’entretenait pas des « valeurs » favorisant le commerce et
l’industrie, soutenue par ailleurs dans ce sens par l’Église catholique.
Que payaient au seigneur de la
Rabatelière les nombreux propriétaires de la Bergeonnière, se répartissant
entre eux le montant des redevances collectives du tènement au prorata de leurs
surfaces respectives ?
1° le cens d’un montant de 18
deniers payable à noël, soit un sol et demi. Aujourd’hui cela se monterait à un
euro environ. C’était une valeur fixe, et entre sa valeur d’origine au Moyen
Âge et celle de 1753, la dévaluation de la monnaie témoigne de toutes les
catastrophes vécues par les habitants du royaume.
2° la rente de 1,5 boisseau de
seigle (un peu plus de 20 kg),
« rendable à votre château de Languiller au jour qu’assigne votre recette,
et payable solidairement entre nous dits déclarants »
3° le droit de lods et ventes
payable à chaque transfert de propriété par le nouveau propriétaire au seigneur
suzerain, d’un montant d’1/6 de la valeur du bien dans la contrée. Plus que les
droits précédents, les lods et vente comportaient un enjeu financier significatif
pour le suzerain.
4° la dîme des agneaux et
cochons, qui était de 1/10 de la valeur des nouvelles bêtes nées et élevées
dans l’année dans le village, alors qu’ailleurs à Saint-André on a constaté des
prélèvements de 1/12. Elle représentait un montant faible, et elle portait
aussi sur la laine
5° le droit de terrage était un
prélèvement de 1/8 des récoltes de l’année, plus faible que partout ailleurs à
Saint-André où c’était de 1/6. Cette redevance représentait près de 12 % des
récoltes. Elle constituait une charge significative, s’appliquant aux plantes
cultivées bien sûr, dont aussi à la Bergeonnière sur les « lenfaits »
(lin). Dans d’autres villages, le lin pouvait être sujet à la dîme plutôt qu’au
terrage.
Le suzerain de Languiller
prélevait un quart seulement de ces deux dernières redevances seigneuriales
qu’étaient la dîme et le terrage. Les autres quarts allaient pour chacun d’eux
au prieur de Saint-André-Goule-d’Oie, à un chapelain d’une chapelle dite de
Saint-Jacques, et enfin à un particulier, comme il est indiqué dans le texte de
la déclaration (13).
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La Roche de Chauché
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S’ajoutaient à la Bergeonnière
comme ailleurs d’autres redevances échappant en 1753 à la relation avec le
seigneur suzerain du Coin Foucaud et de Languiller, féodales ou non :
1° une rente de 10 boisseaux de
seigle quérable au 15 août, et due à la seigneurie de la Roche de Chauché,
appartenant aussi au seigneur de la Rabatelière depuis le 17e
siècle. Le mot « quérable » signifie que le transport était à la
charge du créancier. « Rendable », le transport était à la charge du
débiteur. Cette rente va donner lieu à un procès après la Révolution. Les
propriétaires de la Bergeonnière la considéraient comme féodale et supprimée
par la Révolution. La propriétaire du château de la Rabatelière la considérait
comme foncière, donc non supprimée.
2° une rente d’1 boisseau de
seigle, et 1 sol 6 deniers en argent à la seigneurie de Laudelière, alors
propriété d’un Baudry d’Asson, demeurant au château de Beaumanoir à Dompierre-sur-Yon.
Peut-être venait-elle de la famille de Goulaine (Vieillevigne), propriétaire de
Linières au début du 17e siècle (14).
3° une rente de 4,5 boisseaux de
seigle, quérable, à la cure des Essarts
4° une rente de 18 deniers à la
baronnie des Essarts.
5° une rente de 24 carolus en
argent (faisant 20 sols) et 24 boisseaux d’avoine, mesure de Montaigu, à la
seigneurie de la Chardière en Chavagnes-en-Paillers. Le carollus était une
ancienne monnaie frappée sous Charlemagne, n’étant plus utilisée depuis longtemps
en Poitou. Mais dans la population le terme était utilisé comme monnaie de
compte.
6° De plus, une partie des
teneurs, on en compte 11 en 1753, déclaraient devoir une partie d’une rente de
48 boisseaux de seigle à la mesure de Montaigu le 15 août, et 5 livres en
argent à noël, due à la chapelle des Aubiers. En réalité ces teneurs
déduisaient ce qui avait été déjà payé à la seigneurie de la Chardière (voir le
point 5 ci-dessus) des montants à payer. Ce sont certaines terres, les plus
nombreuses, qui déterminaient les propriétaires redevables. On pense que la
rente ne s’est pas appliquée à de nouvelles surfaces foncières gagnées sur des
landes ou friches, et que le chapelain n’a pris aucune initiative sur ce point.
On a repéré en effet qu’au milieu du 16e siècle les surfaces
exploitées du tènement de la Bergeonnière se montaient à 200 boisselées, soit
100 de moins qu’au milieu du 18e siècle.
L’importance du terrage,
prélevant environ 12 % des récoltes, est difficile à évaluer faute de connaître
au moins la surface des terres cultivées et les cultures pratiquées. Mais
toutes les autres redevances que nous venons d’énumérer se montaient à un total
proche de 80 livres par an, valeur de 1762, payées par une trentaine de
propriétaires environ. La quote-part du plus petit d’entre eux n’était que de
1,7 % de ces 80 livres. C’était mon ancêtre, Mathurin François, qui déclarait
au nom de ses enfants une parcelle de 40 gaulées (600 m2), venant de
son épouse, Marie Chatry, originaire de la Bergeonnière et morte en 1747. Propriétaire
de quelques hectares à la Boninière, exploités par son fils aîné, il était en
1753 métayer à la Boule (Rabatelière), et il devait 1 livre et 7 sols chaque
année pour le tout petit champ de la Bergeonnière. Qui parmi les nombreux propriétaires
ramassait les quotes-parts individuelles pour porter le tout au fermier de
Languiller et aux six autres créanciers ? On ne le connaît pas.
Normalement c’était le plus important d’entre eux en surface. La tâche devait
être ingrate, et c’était ainsi dans tous les villages, encrant dans la
population l’idée notamment d’un statut de notabilité des plus importants
propriétaires.
Ceux de la Bergeonnière se sont
distingués au milieu du 18e siècle par les difficultés qu’ils mirent
à faire écrire par un notaire leurs déclarations roturières au seigneur de
Languiller, et les présenter ensuite à l’assise (tribunal seigneurial). Le procureur fiscal, Mathurin
Thoumazeau, dû envoyer en 1752 un huissier au village pour donner « assignation
à être et comparaître au mardi 27 du présent mois de juin, 9 heures du matin,
en la salle basse du château de Languiller paroisse de Chauché ».
L’huissier s’était présenté « en
parlant à Jacques Bertrand l’un des propriétaires dudit fief et tènement avec
injonction requise de faire savoir à ses coseigneurs ou copropriétaires ».
Au moins les désignait-on, vu d’aujourd’hui dans un sens différent, avec
déférence, de « seigneur », suivant l’expression juridique en vigueur pour
désigner les propriétaires (15).
Le cas d'assignation est rare à Saint-André
à cette époque dans la documentation conservée et
accessible. Mais aux Assises de Languiller les réticences à
remplir ses devoirs seigneuriaux furent fréquentes vers 1750, tant chez les
roturiers que chez les nobles. La lourdeur de "l’amassage" de ces rentes collectives pourrait à elle seule
décourager bien du monde. On semble loin des révoltes paysannes sporadiques
contre les droits seigneuriaux qu’on connut dans le même temps certaines
régions de France. L’année d’après, le même Mathurin Thoumazeau, en tant que
notaire de Saint-Fulgent cette fois-ci, rédigea la déclaration roturière des 22
propriétaires dans un texte unique. Il le fit avec une précision remarquable,
car les redevances reconnues, les parcelles décrites, avec les provenances de
propriétés, formaient un tout vraiment compliqué.
Et encore comprenaient-elles, bien
distingués, les deux petits fiefs de Chevillon et de L'hommage. Pour le champ de
L'homage les propriétaires payaient à Languiller chaque année 5 sols à noël.
Pour le fief Chevillon ils payaient au même aussi à noël 2 sols et 3 deniers.
Mais s’y ajoutait un droit de terrage au 1/6 des récoltes, payé moitié au
chapelain de la chapelle Saint-Jacques, et moitié à un particulier.
Cette situation éparpillée des
droits seigneuriaux de la Bergeonnière à la veille de la Révolution, est en
rapport avec la désagrégation des petites seigneuries qui les possédaient à
l’origine, tout au moins en partie. C’est ce qu’on va voir en remontant aussi
loin qu’il est possible.
Le seigneur de la Bergeonnière en 1550 et les redevances perçues
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Le Coudray vu du gué
de la Bergeonnière
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Dans un aveu de Jean de
Sainte-Flaive, seigneur de Languiller, à cause du Coin Foucaud, Pierre Chauveau
tient à foi et hommage plain et à 60 sols de plait de mortemain (ou rachat), le
quart de la coutume (possession par droit d’usage) de la Bergeonnière et les
trois quarts du terrage, le prieur de Saint-André en prenant l’autre quart. À
cause de son auteur on situe cet aveu vers 1405 au plus tôt, ou quelques années
après. Ensuite c’est un aveu à Jean de Sainte-Flaive, qu’on date avant la mort
de ce dernier en 1441, fait par Clément Chauveau, qui nous apprend que son rachat
est estimé 100 sous ou environ. La Bergeonnière est tenue à cause du Coin Foucaud
à foi et hommage plain et rachat, et à 5 sols de service à noël. Les domaines déclarés
comprennent 5 septerées de terres tant gastes (landes) que gaignes
(labourables), et journaux à 8 hommes de pré. S’y ajoutent journaux à moitié homme
de pré et 3 boisselées de terre en pâturage de l’Ouche Libaut (16). Or ces
surfaces ne constituent que la moitié déclarée des terres du tènement un siècle
après. C’est que l’autre partie du tènement est encore tenue du Coudray Loriau,
petite seigneurie voisine vassale du Coin Foucaud. C’est ce qu’on constate dans
l’aveu de Jean de Sainte-Flaive vers 1405 où il déclare tenir à cause du Coin
Foucaud le fief du Coudray Loriau. Sous l’hommage de ce dernier les héritiers
de Perette Baritaud, femme de Galéas de Plouer, tiennent des domaines à la Bergeonnière, prenant aussi une partie de la dîme des
bêtes, laines et lins prélevée dans le village (17). Galéas de Plouer était
seigneur du Beugnon, Lespinay, Saint-Benoît et du fief Orson, vivant vers 1392-1395.
Il épousa vers 1392 Perette Baritaud, l’une des trois sœurs héritières des
Roche Baritaud, dont il eut au moins un fils, Regnault de Plouer (18).
Et en 1550 Jean de Plouer, écuyer
seigneur de Saint-Benoît, tient sous l’hommage du Coudray Loriau la moitié par indivis
du tènement de la Bergeonnière qui peut valoir 2 septiers de blé par an et 11
trullaux d’avoine, plus le quart de la dîme des bêtes, laines et lin valant 12
deniers par an environ (19). Le seigneur du
Coudray, Audayer au début du 16e siècle, devait avec sa foi et
hommage au seigneur du Coin Foucaud, un service annuel de 10 sols à la Saint-Jean-Baptiste
(20). La moitié du service était représentée par le tènement de la Bergeonnière,
l’autre moitié par les tènements voisins du Coudray et de la Forêt.
Cette famille Audayer fut
représentée à la sortie du Moyen Âge par Loys Audayer, et avant lui par son
père François Audayer. Ce dernier était le fils de Pierre Audayer, seigneur de
la Maison Neuve (Montournais) et de Léone Racaudet, fille de Pierre Racaudet,
seigneur de la Cour Thiré et de la Barbotière à Saint-Martin-Lars. Celle-ci
hérita de tous les biens de sa famille, dont le Coudray, légués à son seul fils
ensuite. Elle est morte avant 1480 (21), et leur histoire mériterait un plus
long développement. Après Audayer, le nouveau seigneur du Coudray fut Toussaint
Menanteau, mais de quoi ce dernier était-il réellement seigneur, car beaucoup
de redevances avaient été vendues ?
Probablement dans la première moitié du 16e siècle
(comme aux Gast), les corvées de trois jours par an au maximum, au moment des fumailles (épandage du
fumier), de cinq charrettes de six bœufs à la Bergeonnière, ont été supprimées et
transformées en rente, comme dans tous les villages de Saint-André dépendant de
la seigneurie du Coin Foucaud. Après cette incorporation, le cens et la rente
féodale payées chaque année étaient en 1550 de 44 sols en argent, soit 2 livres
et 4 sols, et de 48 ras (boisseaux) d’avoine et d’1 boisseau de seigle.
En 1550, la moitié par indivis
des terrages et dîmes perçus à la Bergeonnière était due à Jehan de Plouer, lequel tenait ce droit de Loys Audayer, seigneur du Coudray (22).
L’autre moitié des terrages et dîme était due au prieur de Saint-André. Puis on relève que le seigneur de
la Chapelle Begouin tenait sous son hommage le seigneur de la Pitière
(Chauché), lequel possédait une rente de 20 boisseaux de seigle sur une septrée
de terre à la Chevaleraye et 4 boisselées à la Bergeonnière (23). Une autre petite
exception donc à la Bergeonnière, dont on n’a plus de trace ensuite. On voit là les redevances
déclarées par le suzerain du Coin Foucaud (Languiller) dans un aveu de 1605, décrivant
la situation de 1550. Malheureusement les archives du Coudray n’existent plus
dans le chartrier accessible de la Rabatelière, et on ne sait pas comment son droit de
fief a disparu au profit de son suzerain du Coin Foucaud en cette fin du 16e
siècle. Et ses droits seigneuriaux ont été par ailleurs vendus à diverses personnes.
C’est ce que nous allons décrire pour chacun d’entre eux.
L’évolution du cens et de la rente féodale
À la fin du 16e
siècle, le seigneur de la Chardière (Chavagnes-en-Paillers) avait acquis du
suzerain de Languiller, le cens de 2 livres 4 sols et la rente de 48 ras
d’avoine et d’un boisseau de seigle (24). La seigneurie de Languiller avait
récupéré ces droits de son vassal du Coudray, d’une manière ou d’une autre, par
retrait féodal probablement.
Félix Proust acheta vers 1627 une
partie du cens et de la rente dus sur le tènement : 22 ras d’avoine et 18
sols 4 deniers. Le surplus appartenait au seigneur de la Chardière, pour faire
un total de 48 ras d’avoine et 44 sols en argent. Proust possédait aussi la
rente d’un boisseau de seigle, devenue 1,5 boisseau, et 9 deniers de cens et devoir, appelé rivage et payable à noël. Le droit de rivage sera oublié ou incorporé par
la suite, car on ne le retrouve plus dans les documents consultés. On sait
qu’il correspondait au droit de couper les plantes qui poussaient sur le bord
des rivières et des ruisseaux. Enfin il possédait les droits sur le fief
Chevillon (25).
En 1664, les droits de Pierre Proust, probablement
fils de Félix, avaient été acquis par Jean Martin, sieur de la Puygarnière, en
indivision avec Antoine Moreau (26). Jean Martin les transmettra à son fils,
Charles Antoine Martin sieur du Clouzy, qui en rendra une déclaration noble le
12 juillet 1685. Le même jour il fit sa foi et hommage à Languiller pour le
champ de Lhommage (27).
Pierre Moreau sieur du Coudray,
fils du fermier-régisseur de Linières, a acheté pour 200 livres le 1e
septembre 1672 à Antoine Moreau, les droits seigneuriaux de ce dernier sur le
tènement de la Bergeonnière, avec le quart de ceux du fief Chevillon. Il avait
déjà acheté un premier quart du fief Chevillon en juillet 1670. Et il a payé
les droits de rachats (ou frais de mutations) au fermier de la baronnie des Essarts,
le sieur Penard, lésant le seigneur de Languiller de ses droits. Cela voudrait
dire qu’il avait rendu un aveu aux Essarts, mais on n’a pas le texte de sa
déclaration.
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Languiller (Chauché)
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Puis vint Philippe Chitton
seigneur de Languiller à partir de 1674. Il n’accepta pas que les Martin et
Moreau touchent les droits de lods et ventes, liés par définition au droit de
fief lui-même. Ce tènement allait-il devenir un fief noble propre à asseoir le
désir d’ascension sociale de Pierre Moreau, sieur du Coudray ? Les Moreau,
qui avaient investi une partie des biens du Coudray, paraissaient entretenir
l’ambition de devenir les nouveaux seigneurs des lieux, donc de la Bergeonnière
en même temps. Le heurt avec le seigneur de Languiller était inévitable, quand
on sait ce qui s’est passé ailleurs à Saint-André. Un procès devant le tribunal
de Fontenay-le-Comte fut intenté par Philippe Chitton.
Entre les frères Moreau de la
branche aînée existait apparemment une solidarité dans l’ambition de la famille.
En effet, Jean Moreau, prieur de la Couture, donna mandat en 1679 à son frère
Pierre de faire des poursuites en justice pour se voir reconnaître ses
prérogatives seigneuriales. Dans le texte il se présente comme « seigneur du fief du Coudray Loriau
en la paroisse de Saint André de Goulledoie »
(28).
Philippe Chitton, obtint un
jugement du tribunal de Fontenay-le-Comte du 30 décembre 1684 condamnant Pierre
Moreau à faire ses déclarations, exhiber ses contrats d’acquisition et payer
ses droits pour tous les domaines situés dans la seigneurie de Languiller, y
compris la Bergeonnière et le fief Chevillon. Après la mort de Pierre Moreau le
seigneur de Languiller attaqua sa veuve puis son fils, Claude Prosper Moreau,
ce dernier le 4 mai 1693 (29).
Celui-ci prétendait au droit de
justice sur la Bergeonnière. Dans un mémoire au sénéchal de Fontenay, il
revendiqua les attributs de la seigneurie sur la Bergeonnière à la place du
seigneur de Languiller (30). Il s’agissait du droit de justice et le paiement
des lods et ventes (en cas de vente ou succession) sur le tènement, qu’il
désigne comme un fief, ce qui qualifie pour les puristes du langage une terre
noble, ce qu’elle n’était plus on le sait.
Dans notre article sur la
Porcelière publié en juillet 2016 :
Les droits seigneuriaux de la Porcelière à Saint-André-Goule-d’Oie, nous avons raconté comment Philippe Chitton
fit céder le fils Moreau en lui signifiant le 14 janvier 1694 un retrait
féodal. Ce retrait comprenait aussi les droits acquis récemment à la
Bergeonnière, en même temps que ceux acquis à la Porcelière. C’est ainsi que le
seigneur de Languiller acheta par vente forcée la part des droits seigneuriaux
possédés par les Moreau à la Bergeonnière. Il devint aussi propriétaire de la
part des Martin, mais on ne sait pas comment. Il conserva le cens, mais sa
moitié de la rente de 48 boisseaux d’avoine fut transportée ensuite à la chapelle
des Aubiers.
L’évolution du droit de terrage et de la dîme
À la fin du 15e siècle une famille Royrand possédait des droits seigneuriaux à la Bergeonnière, pour lesquels les Assises de Languiller réclamaient l’offre de foi et hommage. Mery Rorand est citée, ainsi que son fils, Renée Royrand, et, à partir de 1526, sa petite fille, Renée Royrand, et sa belle-fille, Louise Beraud (31). Les sentences ne détaillent pas le contenu des aveux ni même des fois et hommages.
L’évolution du terrage et de la dîme reprend en partie le récit
de l’histoire du cens et de la rente féodale. A la fin du 16e siècle
Jean de Plouer avait vendu sa moitié dans le droit de terrage et la dîme à Jacques
Meance, vice sénéchal « de robe courte (toujours un noble) », de
Fontenay et de Niort. Il avait acquis, avec son frère Claude à Chavagnes-en-Paillers,
les métairies de "la Grande et Petite Hugetière", et c’est à Chavagnes qu’il fera
construire un château à la Chardière. Il épousa Renée Royrand, fille du
seigneur d’Essiré (Saint-Denis-la-Chevasse) (32). Il est mort avant le 5 juin
1589, date où sa veuve rendit son aveu au seigneur de Languiller pour la
Bergeonnière, alors Jules de Belleville.
La deuxième épouse de ce dernier,
Anne Goulard, pour des raisons que nous ignorons, avait fait une saisie des
droits appartenant au seigneur de la Chardière. Et le 7 juin 1602, elle fit la
main levée sur ces droits et accepta l’offre de foi et hommage de Renée
Royrand, dame de la Chardière (33). Dans cet acte il n’est pas question de la
seigneurie du Coudray, son suzerain du Coin Foucaud et de Languiller a bien
pris sa place.
Le 12 mai 1618, le seigneur de la
Chardière, Jean Méance, âgé alors de 18 ans et petit-fils de Renée de Royrand, est
représenté par Jean Thévenin, seigneur de la
Rochequairie, pour rendre son aveu à Languiller concernant ses droits sur la
Bergeonnière (34). Sa part dans le terrage et la dîme n’est plus que d’un quart,
l’autre quart allant à un prieur de Sainte-Catherine, et la moitié allant
toujours au prieur de Saint-André-Goule-d’Oie. Il possède aussi le terrage
entier du fief Chevillon et du fief de l’Hommage (35).
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La Bergeonnière
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Vers 1627, Félix Proust,
demeurant au bourg de Saint-André, acquit une partie de la dîme et du terrage.
Sa veuve, Perrine Pavageau, fit une déclaration noble pour la Bergeonnière à
cause du fief du Coin Foucaud à Languiller le 21 juin 1627 (36). Elle prend le
quart des droits de dîme et de terrage, le prieur de Saint-André ne prend plus
qu’un quart. Au début des années 1500, celui-ci est peut-être
Mathurin Bordron, « prêtre de Saint-André » (37). Il n’est plus question du prieur de Sainte-Catherine, et la moitié
va « au seigneur de Villedor ». Ce dernier n’est pas désigné mais
devait être à cette époque Isaac de Thorigné, seigneur du Bois Nerbert, à cause
de sa femme, Sarah de La Muce, fille de Joseph de La Muce et de Françoise de
Plouer (38).
En 1651, c’est Robine Thounard,
veuve de Pierre Proust, qui fait sa déclaration à Languiller. Cette fois-ci la
moitié de la dîme et du terrage que percevait le seigneur de La Muce a fait
l’objet d’un don au chapelain de la chapelle de Saint-Jacques. L’autre moitié
reste partagée entre la famille Proust et le prieur de Saint-André (39).
Comme pour le cens et la rente
féodale, les droits de Pierre Proust, sans changement, ont été acquis en
1664, par Jean Martin, sieur de la Puygarnière,
en indivision avec Antoine Moreau, et il les transmettra à son fils, Charles
Antoine Martin sieur du Clouzy. Et Pierre Moreau sieur du Coudray, a ensuite acheté
en 1672 à Antoine Moreau, ses droits seigneuriaux sur le tènement de la
Bergeonnière.
Jean Martin, demeurant au bourg
de Saint-Fulgent, fit plusieurs achats à la Bergeonnière. Le 22 janvier 1657 il acquit une maison à chaps (toiture avec un faîte)
consistant en 2 pièces au rez-de-chaussée et 2 à l’étage, avec un appentis attaché
à l’un des pignons dans lequel il y avait un four à cuire la pâte. Le vendeur
était Jean Royrand, écuyer seigneur du Coudray et Anne Trochon son épouse,
demeurant à Bel Air (Chauché devenu la Rabatelière). Le 13 mai 1657 Jean Martin
achète à Mathurin et Antoine Cougnon, frères, demeurant à la Clavelière (Saint-Fulgent)
leur part en un masuraux et ruage à la Bergeonnière pour 17 livres, plus une
pièce de terre joignant à la maison par le derrière, et 3 boisselées à semer blé
(bordant le chemin qui longe la muraille de Linières), pour 320 livres. Le 6
novembre 1658, le même acheta à Robine Tounard, veuve de Me Pierre Proust et à
Louis et Jeanne Proust ses enfants, demeurant à la Bergeonnière, une pièce de
terre labourable appelée Loisière (8 boisselées) à la Bergeonnière pour 68 livres
payées aux héritiers de feu noble homme Gabriel Bousquet à leur acquit. Enfin
le 7 janvier 1759, le même Martin acquit des mêmes Proust, une pièce de terre
appelée l’Ebaupin contenant avec ses haies 4 boisselées pour 130 livres et une rente
de 8 livres 5 sols (40).
Le seigneur de Languiller
récupéra vers 1700, les droits sur la Bergeonnière, comme nous l’avons vu
ci-dessus, sauf bien sur ceux possédés par le prieur de Saint-André, le
chapelain de Saint-Jacques et la famille Martin. Ces derniers la vendant ensuite
à Louis Proust, sieur de la Barre (41). Il en fut de même pour le terrage du
fief Chevillon.
Les droits du seigneur de la Chardière en 1782
Celui-ci conserva ainsi la moitié
du cens, après avoir vendu sa part dans le terrage et la dîme. Et il lui restait
aussi la moitié dans la rente de 48 ras d’avoine et 1 boisseau de seigle, après
qu’il eut vendu l’autre moitié aux Proust. Le 23 janvier 1702, Gabriel
Samuel Suzannet, chevalier seigneur de la Chardière, fit son offre de foi et
hommage aux Assises de Languiller pour les
24 boisseaux
d’avoine et 24 carolus en argent (42). Dans les mois suivants 5 autres
propriétaires dans le tènement de la Bergeonnière firent leurs déclarations
roturières pour les biens qu’ils y possédaient.
Jean Meance était mort le 2 novembre
1629 (vue 23 sur le registre de Chavagnes-en-Paillers), sans descendance. Avec
lui s’éteignit le nom de cette famille en Bas-Poitou.
Jean Meance avait de son vivant
emprunté une somme de 2000 livres à François de Suzannet écuyer seigneur de
Ponthabert. Cette somme n’ayant pas été remboursée, François de Suzannet fit
saisir la Chardière et la racheta (43). Il avait épousé Gabrielle Le Geay,
fille d’André Le Geay, Grand Prévost du Poitou. Il fut le premier possesseur de
la Chardière et certains de ses descendants y sont toujours présents (44).
Mais le château a été reconstruit à neuf après sa destruction
pendant la guerre de Vendée.
François Suzannet fit une déclaration
noble de la rente de 24 boisseaux d’avoine et 24 carolus en argent en 1751
(45). L’année d’après ce sont 22 teneurs de la Bergeonnière, des fiefs de l’Hommage
et Chevillon, qui présentent leur déclaration roturière, dont Louis Corbier (du
fief du Coudray) et Mathurin François.
On trouve une déclaration
roturière à la Chardière dans les archives du notaire de Saint-Fulgent en 1782.
Cette année-là ce sont 21 teneurs qui se sont retrouvés chez le
notaire Frappier, le 22 décembre. Leur reconnaissance ne porte que sur la rente
de 24 boisseaux d’avoine et de 24 carollus (valant 20 sols ou 1 livre). Le
texte est ainsi formulé : « qu’il est bien et légitimement due par chaque
an sur ledit village et tènement de la Brejonnière à messire Pierre de
Suzannet, … la rente noble de 24 boisseaux d’avoine mesure des Essarts à la
Saint-Michel-Archange et 24 carollus aux fêtes de la nativité de Saint-Jean-Baptiste,
à la Notre-Dame d’août et de Saint-Michel, suivant que les dits teneurs l’ont
toujours exactement payée » (46).
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Nouveau château de la
Chardière (Chavagnes)
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Le créancier était Pierre Alexandre
Gabriel de Suzannet, chevalier seigneur de la Chardière. Il était alors capitaine
des vaisseaux du roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. Absent
lors de la signature, il était représenté par les notaires, rédacteurs de
l’acte. Son père, Guy François de Suzannet, avait lui-même déclaré ce droit
qu’il percevait, dans un aveu du 9 juin 1751, au seigneur suzerain du Coin,
c'est-à-dire à monsieur de Montaudouin, aussi seigneur de la Rabatelière. Son
fils, Pierre Constant Jean Baptiste de Suzannet, a combattu sous les ordres de
Charette pendant la guerre de Vendée. Il prit ensuite le commandement des
soulèvements royalistes en Vendée en 1799 et aux Cent-Jours, et il est mort au
combat en 1815.
Nous reproduisons en annexe le nom
des vingt-un teneurs de la Bergeonnière cités dans l’acte, avec les indications
de leur profession et de leur domicile. Seulement deux d’entre eux signent
l’acte avec les notaires : Jean Bordron et François Mandin.
Jean Bordron, maréchal serrurier
dans le bourg, fut le premier maire de Saint-André en 1790 et l’oncle du futur
maire à partir de 1800, Simon Pierre Herbreteau. Il était aussi fermier des
métairies des Bouligneaux (Saint-Martin-des-Noyers) et du bourg de Saint-André (47).
Ils sous-affermaient ensuite les exploitations.
Qualifié ici de journalier,
François Mandin est le sacristain de Saint-André-Goule-d’Oie dont on reconnaît la
signature. Il épousa Marie Roger.
L’évolution de la redevance des lods et ventes
Jules de Belleville, seigneur de
Languiller, vendit le 26 février 1565 à Mathurin Pasquereau le droit de lods et
vente sur le tènement de la Bergeonnière (48). Vers 1627, Félix Proust s’en
était porté acquéreur (49). Il possédait aussi alors le fief de l’Hommage (50).
On a vu qu’après 1762 Pierre
Moreau, ayant acheté des droits seigneuriaux avec Martin, paya des droits de
rachats (ou frais de mutations) au fermier de la baronnie des Essarts, se
comportant comme le seigneur de la Bergeonnière, comme si par cet acte le fief
était redevenu noble, payant le rachat. Mais Philippe Chitton, seigneur de
Languiller, n’accepta pas que les Martin et Moreau touchent les droits de lods
et ventes à sa place. On sait que Languiller racheta pour finir toutes leurs
redevances.
Une vente d’1/6 de borderie en 1790
Dans l’étude Frappier de Saint-Fulgent
on trouve aussi un acte de vente intéressant au tènement de la Bergeonnière en
1790 (51). Jean Chatry et sa femme Perrine Bordron, demeurant à la Courpière de
Saint-Fulgent, ont vendu à François Cougnon (52), bordier à la Forêt Loriau de
Saint-André, leur part dans l’héritage d’une borderie à la Bergeonnière,
affermée verbalement à un nommé Guesdon. Cet héritage venait d’André
Chatry son père, sans doute le mari de Marguerite Chatry citée en annexe, et de
son oncle Pierre Chatry. Jean Chatry témoigna en mars 1791 contre le
curé de Saint-Fulgent au tribunal de Montaigu, après son refus de prêter serment à la constitution civile du clergé. La part vendue en 1790 était d’un 1/6e de la
borderie pour un montant de 400 livres, payé comptant. Il est difficile
d’apprécier cette somme, car déjà à l’époque l’inflation commençait à faire des
ravages dans l’économie du pays. On avait déjà remarqué le degré de
parcellisation des terres, on voit comment dans cette vente par licitation.
L’acte notarié de vente indique
en date du 17 août 1790, soit un an après l’abolition des droits
féodaux, : « à la charge à lui [l’acquéreur] de payer et acquitter à
l’avenir quitte du passé, la portion des cens, rentes, charges et devoirs
seigneuriaux et féodaux, dus et accoutumés être payés sur et pour raison des
dites portions de borderie ci-dessus vendues et d’en faire les reconnaissances
de droit au seigneur des Bouchaux, duquel la dite borderie est roturièrement
mouvante ». L’indication du
seigneur des Bouchauds est erronée on le sait, la Bergeonnière relevait du Coin
Foucaud, mais cela n’avait pas d’importance, les deux étant possédées alors par
le seigneur de la Rabatelière. Quant au rappel des droits seigneuriaux, un an
après la célèbre nuit du 4 août 1789 qui les supprima, la formule n’est pas
incongrue ici. En réalité certains droits étaient supprimés et d’autres
rachetables, mais selon des modalités qui tardaient à venir. Alors les notaires
n’avaient pas encore changé le texte habituel, et les propriétaires continuèrent
à payer les rentes féodales, jusqu’à la fin de l’année 1792 comprise. On a
cessé de le faire à partir de 1793, le rachat des droits féodaux ayant été abandonnés
en 1793.
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La Bergeonnière
|
ANNEXE : les teneurs de la
Bergeonnière mentionnés en 1782 :
-
François Cougnon bordier demeurant au village de
la Bergeonnière,
- Jean Moreau, maçon, au nom de Marie Chatry sa
femme, demeurant au même lieu de la Bergeonnière,
-
Pierre Crepeau, journalier, demeurant à la
Boninière,
- Pierre Chaigneau, aussi journalier, tant pour lui
que pour ses copartageants demeurant à la Boninière,
-
André Rochereau, bordier, demeurant à la Boninière,
-
Pierre Moreau, journalier, faisant tant pour lui
que pour ses copartageants (Boninière),
- Louis François, aussi bordier, faisant tant pour
lui que pour ses frères et sœurs, demeurant au lieu de la Boninière,
-
Mathurin Loizeau, journalier, demeurant au
village de la Maigrière,
-
Marguerite You veuve Pierre Girardin, mère et
tutrice de ses enfants, demeurant au village de la Machicolière,
-
Jean Millasseau, journalier, demeurant à la
Bourolière,
-
André Fonteneau, journalier, demeurant à la Bourolière,
-
Mathurin Faupier, journalier, demeurant à la
Bourolière,
-
Jean Pinet, aussi journalier, demeurant à la Milonnière,
-
René Loizeau, bordier, demeurant au Coudray
Loriau,
-
Jean Robin, laboureur, au nom de Marguerite Chatry
sa mère, demeurant au Coudray,
-
Jeanne Boudaud veuve Jacques Parpaillon,
demeurant au Coudray,
-
François Mandin, journalier, avec ses copartageants
demeurant au bourg de Saint-André,
- Jean Bordron, maréchal, au nom de messire de
Villars (53) propriétaire de la métairie de Saint-André, demeurant au bourg de
ce lieu,
-
Louis Girardin, farinier, demeurant à la Dalle
paroisse de Saint-Fulgent,
-
André Bertrand, domestique, demeurant à la
Fesselière paroisse de Chauché,
-
Pierre Pavageau, laboureur, demeurant à la
Nouette paroisse des Essarts.
À cette époque les
bordiers étaient des agriculteurs propriétaires, les laboureurs étaient des
agriculteurs, et les journaliers étaient des valets qui se louaient à la tâche.
(1) Déclarations roturières de Pierre Moreau vers 1675, Archives
de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29.
(2) Aveu pour le Coin Foucaud et le Vignault du 2-7-1605, reprenant
un texte d’aveu de 1550, par le seigneur de Languiller aux Essarts – deuxième
copie, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61.
(3) 150 J/G 114, aveu du 12-7-1685 de Charles Martin à
Languiller pour le champ de Lhomage près de la Bergeonnière.
(4) 150 J/G 114, déclaration
noble du 21-6-1627 de Perrine Pavageau à Languiller pour la Bergeonnière.
(5) 150 J/G 115, déclaration
roturière du 31-8-1753 de 22 teneurs à Languiller pour leurs domaines à la
Bergeonnière.
(6) 150 J/G 115, acquêt du
2-7-1691 de 7 gaulées de jardin à la Bergeonnière d’André Chatry à Clément
Cougnon.
(7) 150 J/G 114, aveu du
12-5-1618 de Jean Thevenin à Languiller pour la Bergeonnière.
(8) Idem (4).
(9) Idem (5).
(10) Idem (7).
(11) Idem (5).
(12) Le Roy Ladurie Histoire de la France rurale Seuil,
1975, Tome 2, page 424.
(13) Idem (5).
(14) 150 J/E 28, complainte du 24-4-1754 du seigneur de la
Rabatelière pour les scellés à Beaumanoir.
(15) 150 J/G 115, assignation à
comparaître aux assises de Languiller le 27 juin 1752 aux teneurs de la
Bergeonnière.
(16) Notes no 10 et 11 sur la
Bergeonnière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A
1.
(17) Notes no 1 sur le Coudray à
Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(19) Note no 2 sur la Bergeonnière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 1.
(20) Idem (2).
(21) Quelques familles anciennes
du Bas-Poitou, famille Audayer, Archives de Vendée, Guy de Raignac, :
8 J 5, 5e série terminé le 30-5-1986, page 1 et s.
(22) Idem (2).
(23) 8 J 101, copie inachevée d’un
aveu pour la Chapelle Beguoin entre 1680 et 1685, reproduisant un aveu rendu en
1580, page 71 et 72 ; et chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 74, aveu
du 29-5-1579 de la Chapelle Begouin, page 23.
(24) Aveu de Languiller et autres
fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605, Archives de Vendée, travaux de G. de
Raignac : 8 J 101, page 4.
(25) Idem (4).
(26) 150 J/G 114, déclaration
noble du 30-6-1664 de Jean Martin à Languiller pour la Bergeonnière.
(27) 150 J/G 114, main levée du
20-1-1685 et foi et hommage de Charles Martin à Languiller pour le champ de
Lhomage près de la Bergeonnière.
(28) 22 J 29, quittance de Jean
Moreau au métayer du Coudray du 8-10-1679.
(29) 22 J 29, exploit d’huissier
du 4 mai 1693 de Philippe Chitton contre Pierre Moreau.
(30) 22 J 29, mémoire de Claude
Moreau contre Philippe Chitton du 4-5-1693 sur des fiefs de Saint-André.
(32) Quelques familles anciennes
du Bas-Poitou depuis longtemps éteintes, 2e série, (famille Meance), Archives
de Vendée, G. de Raignac : 8 J/36, page 24.
(33) 150 J/G 114, main levée du
7-5-1602 par Anne Goulard pour la Bergeonnière.
(34) Idem (7).
(36) Idem (4).
(38) Quelques familles anciennes
du Bas-Poitou depuis longtemps éteintes, 2e série (famille de La Muce), Archives
de Vendée, G. de Raignac : 8 J/2, page 159 quarte.
(39) 150 J/G 114, déclaration
noble du 10-7-1651 de Robine Thounard à Languiller pour la Bergeonnière.
(40) Notes no 20 à 23 sur la Bergeonnière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 1.
(41) 150 J/G 115, déclaration
roturière du 21-3-1702 de Marie Boudaud à la Bergeonnière.
(42) Assises de Languiller en 1702,
Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 44, pages 1 et 2.
(43) Quelques familles anciennes
du Bas-Poitou depuis longtemps éteintes, 2e série, (famille Meance), Archives
de Vendée, G. de Raignac : 8 J/36, page 28.
(44) A C. Gourraud, Notes historiques sur Chavagnes,
Archives de Vendée, société d’émulation de la Vendée (1876) : BIP PC 16/10, la
Chardière : page 140 vue 52.
(46) Reconnaissance
d’une rente au tènement de la Bergeonnière du 22-12-1782, Archives de
Vendée, notaires de Saint-Fulgent, étude Frappier (1782-1784) :
3 E 30/ 10.
(47) Ferme
du 2-1-1778, de la métairie du bourg de St André par Bordron, Archives de la
Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/123.
(48) Idem (27).
(49) Idem (4).
(51) Notaire Frappier : 3 E 30/ 13, achat de 1/6 de borderie à
la Bergeonnière le 17-8-1790 de F. Cougnon à Chatry.
(52) Les Cougnon étaient nombreux
à cette époque à Saint-André et dans les environs, et nous ne situons pas
celui-ci parmi les autres avec certitude.
(53) Louis Auguste Pascault de
Villars de Pauléon, le deuxième mari de Marie Bénigne Chitton. La fille de
celle-ci, Marie Geneviève, née d’un premier mariage avec Charles Seguin de
Brilhac de Nouzières, vendra la métairie à Charles de Lespinay en 1791, ayant
épousé Charles Antoine de La Laurancie. La métairie du bourg avait été achetée,
on ne sait quand, au seigneur de la Boutarlière, qui la possédait depuis la fin
du Moyen Âge. Ses bâtiments étaient situés dans le bourg de Saint-André à côté
de l’église actuelle, donnant sur le chemin qui est devenu la rue de la Madone.
Emmanuel François, tous droits
réservés
Décembre 2017, complété en janvier 2023
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