Dans les débuts de l’
Église, le mot fabrique désignait la masse des biens affectés à la
construction et à l’entretien d’une église. Puis le concile de Trente (1545-1563)
décida que la fabrique demeurait un organisme chargé d'assurer l'administration
des biens d'une église, en prêtant son concours, à cette fin, à celui qui en
était le recteur ou curé. À sa suite, le statut de la fabrique fut fixé par des
lois civiles en France, et devint ainsi une personne morale autonome (1). À Saint-André-Goule-d’Oie, le premier document trouvé indiquant la présence d’un
fabriqueur est le registre paroissial, où François Aulneau, âgé de 34 ans et
demeurant à la Brossière, est inhumé le 2 octobre 1744.
En
1748 c’est Pierre Piveteau qui est fabriqueur, un jeune métayer des Noues (voir
l’acte de baptême de sa fille le 27 avril 1748, vue 59). On a ensuite le
procès-verbal de l’élection à la fonction de fabriqueur de Louis Loizeau fils,
le 12 septembre 1784, par l’assemblée des habitants de la paroisse réunie
devant la porte de l'église à l'issue de la grand-messe (2). Voir notre article
publiée sur ce site en janvier 2013 :
La fabrique de Saint-André-Goule-d'Oie au 18e siècle. Les fabriques ont été supprimées par la Révolution, leurs
biens confisqués et revendus comme biens nationaux. À Saint-André la fabrique
n’avait pas de biens immobiliers.
Pour le
19
e siècle nous disposons enfin des documents sur la fabrique dans
les archives de la paroisse.
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Caricature : signature du concordat
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Avant d’en rapporter le contenu, rappelons que les fabriques
ont été rétablies par le concordat de juillet 1801, reconnues par l’article 76
de la loi du 18 germinal an 10 (8 avril 1802), et son statut a été fixé
définitivement par le décret du 30 décembre 1809. Celui-ci fait des fabriques des
établissements publics chargés de l’administration civile des paroisses, au
moyen d’un conseil et d’un bureau. Elles assument les frais des célébrations du
culte (habits, ornements, cierges, etc.), les salaires des éventuels auxiliaires
du clergé, l’entretien et les grosses réparations des églises et cures, les
frais d’assurances des bâtiments et le financement des retraites du clergé
desservant, celui-ci rémunéré par l’État. Elles ont le pouvoir d’accepter des
dons et legs, après avis de l’évêque et autorisation préalable du préfet, et de
nommer des auxiliaires de l’église (bedeau, sonneur, etc.), sur proposition du
curé. Dans tous les cas de travaux
entrepris par la fabrique, le conseil municipal est obligatoirement consulté.
Il exerce un droit de surveillance tant sur l'attribution des travaux que sur
leur exécution. Ce même droit est reconnu au conseil de fabrique lorsque la maîtrise
d'ouvrage est assurée par la commune sur des biens d’Église.
Le conseil de la fabrique, selon le concordat, comprend 5 membres dans les
paroisses ayant moins de 5000 habitants. Nommés par le préfet pour commencer,
ils sont renouvelés par 1/3 par les membres restants, tous les 3 ans et sont
rééligibles. Le maire et le curé sont membres de droit du conseil. Ses membres
sont appelés fabriqueurs, fabriciens ou marguilliers, suivant les endroits. Le conseil élit son président, son secrétaire et son
trésorier lors de la première réunion trimestrielle de chaque année civile. Il
se réunit chaque trimestre, et en urgence sur l’autorisation de l’évêque. Il vote
le budget de l’année à venir, accepte les comptes de l’année passée. Il décide
de l’emploi des dons, des travaux, des actions en justice, des emprunts, des
baux, etc. et passe les marchés. Le bureau de la fabrique est composé de 3 membres en
plus du curé. Il se réunit sur convocation du président, ou sur demande du curé,
pour préparer le budget et l’exécuter, comme toutes les décisions du conseil
dont il est l’organe exécutif.
Le décret du 30 décembre 1809 tint à interdire l’érection de
cénotaphes dans les églises, ou des inscriptions, etc. à moins d’être autorisées
par l’évêque. On craignait en effet des signes favorables à l’ancienne
monarchie. Cette règle valut à la fabrique de Saint-André l’obligation de
demander en 1846 à l’évêché l’autorisation de créer sur les murs de l’église
paroissiale les représentations du chemin de croix (3). À
travers le nouveau statut des fabriques notamment, Napoléon a domestiqué l’Église catholique à son profit. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater
que c’est la IIIe république qui libéra, par anticléricalisme, l’Église de ce
statut en dénonçant le concordat en 1905.
Des
débuts mal connus à partir de 1804
La première réunion du conseil de fabrique, dont les
archives de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie ont gardé le procès-verbal, date du 5 avril 1812 (4). Les membres
présents examinent les recettes et les dépenses de la fabrique. Que
s’est-il passé avant ce mois d’avril 1812, depuis l’arrivée au pouvoir de
Napoléon ? Dans les jours qui ont suivi son coup d’État de novembre 1799,
Napoléon libère les prêtres emprisonnés et promet la liberté religieuse. La
circulaire du ministre de la police du 21 août 1800 n’exigeait des prêtres
clandestins qu’un serment anodin de fidélité à la Constitution. Puis le
concordat de juillet 1801 entre Napoléon et le pape, organisa la nouvelle Église de France. Mgr
de Mercy, évêque de Luçon revenu d’exil, a démissionné en 1801. Le régime
concordataire est introduit en avril 1802. Mgr de Mandolx est évêque de la
Rochelle en 1802 et 1803, remplacé par Mgr Paillou en 1804.
Saint-André-Goule-d’Oie fait partie de ce diocèse de La Rochelle.
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Mgr Paillou |
L'État prend en charge le salaire du clergé mais se débrouille pour minimiser les coûts. Dans
les articles organiques du concordat pour le culte catholique on ne prévoit que
50 évêchés en France. Celui de Luçon disparaît dans l’opération, et il faudra
attendre 1817 pour qu’il soit rétabli avec Mgr Soyer, comprenant toute la Vendée. Les économies portent aussi sur le nombre de curés payés par l’État. Au
départ on regroupe plusieurs paroisses pour un même curé, au minimum une
paroisse par justice de paix. Et dans les paroisses l’évêque établit des
succursales « de concert avec le préfet », administrées par des
desservants. Ceux-ci touchent, suivant les règlements des évêques, des pensions
et reçoivent les oblations (offrandes des fidèles), dit l’article organique no
68 du concordat. D’ailleurs le
procès-verbal du conseil de fabrique à Saint-André du 5 avril 1812 commence
ainsi : « Nous membres soussignés composant le bureau et
conseil de fabrique de la succursale de Saint-André-de-Goule-d’Oie, diocèse de
La Rochelle, canton de Saint-Fulgent, arrondissement communal de Napoléon,
département de la Vendée, assemblés dans la sacristie de l’église de ladite
succursale ... ». Pourtant Saint-André était bien une paroisse au sens religieux, desservie
par un curé, mais les nouveaux mots employés officiellement ont créé temporairement des
catégories juridiques permettant de diminuer les engagements de l’État pour le
salaire du clergé.
Le premier curé de Saint André connu après la guerre de
Vendée est Charles Louis Audebert, né en 1741,
ancien curé de Mallièvre, réfractaire et déporté en Espagne. Il rentre en
France au concordat. En 1803 il est desservant à Saint-André-Goule-d’Oie,
jusqu’en octobre 1804 (Voir le dictionnaire
des Vendéens sur le
site internet des Archives départementales de la Vendée). Il
dut prêter le serment concordataire le 4 mai 1803 à Montaigu. Et sur
autorisation de Portalis, ministre des cultes, il put revêtir le costume
clérical, proscrit depuis la fin d’août 1792 (5).
Le curé Audebert est remplacé par son prédécesseur en novembre 1804, Louis
Marie Allain. Celui-ci avait été nommé à la cure de
Saint-André en 1783, s’était caché à partir de juillet 1792 dans les environs
après son refus de prêter le serment à la constitution civile du clergé, puis à
Saint-Mars-la-Réorthe. Il était revenu au grand jour à Saint-André de 1795 à
août 1797, sur la foi d’une lettre du général républicain Hoche, cherchant à
mettre fin à la guerre de Vendée. Persécuté à nouveau en septembre 1797, il fut
condamné à la déportation en Guyane et emprisonné. Mais il réussit à
s’échapper en janvier 1798 du port de Rochefort et dû se cacher à nouveau. En
1801 il réapparut à Saint-Mars-la-Réorthe où il fut un temps desservant de la
paroisse.
Le maire de la commune, membre de droit de la fabrique, était
depuis 1800 Simon Pierre Herbreteau, qui participa aux combats de la guerre de
Vendée jusqu’à la fin, au début de l’année 1796, avec le général Charette.
Il était fils d’un métayer de Linières, le neveu du premier maire de la
commune, Jean Bordron, et maréchal-ferrant dans le bourg comme son grand-père
maternel. Il restera maire au temps de la restauration monarchique, jusqu’en
1825. Nous avons raconté son histoire dans un article publié sur ce site en
août 2010 :
Simon Pierre Herbreteau maire de 1800 à 1825. En son absence il se faisait remplacer aux réunions de la
fabrique par François Fluzeau de la Brossière (1763-1824), l’adjoint au maire,
qui fut capitaine dans l’armée vendéenne, élu agent communal en 1796,
démissionnaire l’année d’après en refusant lui aussi comme le curé Allain le
serment de septembre 1797, et cachant ce dernier avant sa capture le 18
décembre 1797. Nous avons raconté l’histoire de François Fluzeau dans deux
articles publiés sur ce site : en août 2010,
Les agents communaux Fluzeau (1796-1797) et Bordron (1797-1799), et
en juillet 2017 :
Les Fluzeau de la Brossière.
Les premiers fabriqueurs connus de Saint-André en 1812 ne
sont pas les premiers désignés, mais les archives sur les débuts de la fabrique
font défaut. On en a la preuve quand en 1829 on réélit François Mandin en
indiquant qu’il exerce ses fonctions depuis 23 ans. Il a donc été nommé en
1806, date très proche du début de la fabrique. Et nous avons l’année 1805 dans
un autre cas.
Le premier président est le curé lui-même en 1812. Le
secrétaire n’est pas connu au début, et on ne serait pas étonné que la fonction
soit tenue par le curé lui aussi, qui de toute façon rédige toujours les
procès-verbaux des réunions du conseil. Pierre Rondeau (jusqu’en 1823), et
Pierre Blandin (jusqu’en 1825) font partie des premiers fabriqueurs, pour
lesquels nous n’avons pas d’informations.
Le trésorier est Jean Rochereau (1745-1817), dans cette
fonction en 1816, mais à l’époque les procès-verbaux ne faisaient pas état des
élections au sein de la fabrique. On a donc une approximation sur les dates
pour les fonctions occupées. Ce Jean Rochereau demeurait à la Boninière. Il a
cessé sa fonction de fabriqueur vers 1817, année de son décès à l’âge de 62
ans. Il était le fils de Louis Rochereau (1719-1779), ancien syndic de la paroisse
en 1772, et de Marie Boudaud, et s’était marié en 1776 avec Marie Moreau.
Un autre fabriqueur est François Mandin (1769-1839),
prénommé Jean François en 1826, alors qu’il est connu par l’état-civil avec les
prénoms de Pierre François. Sa signature est identique à celle qui figure au
bas de son acte de mariage avec Jeanne Guilmineau et dans son testament. Il a
été capitaine dans l’armée vendéenne et sera nommé adjoint au maire en
remplacement de François Fluzeau évoqué plus haut. Il le restera jusqu’à la
Révolution de 1830. François Mandin est fabriqueur depuis 1805. Il signera un
procès-verbal de la fabrique le 10 avril 1836 comme président, et il décédera
en 1839. Nous avons raconté son histoire dans un article publié sur ce site en
avril 2011 :
Pierre François Mandin, adjoint au maire de 1826 à 1830.
Un autre François Fluzeau est aussi fabriqueur, depuis 1814.
Il est cousin du François Fluzeau adjoint au maire, ayant un arrière-grand-père
en commun. Il est né en 1783 à Beaurepaire et a vécu à la Brossière, restant
célibataire semble-t-il. Il remplacera Jean Rochereau comme trésorier en
1818/1819 et arrêtera en 1835 sa fonction de fabriqueur.
Les
dirigeants de la fabrique de 1817 à 1835
Ces 5 fabriqueurs ont vu le curé Allain partir à la fin de
l’année 1816, nommé à la cure de Boufféré. Pendant plusieurs mois il n’y eut plus de messes, « les quêtes et oblations ont cessé dans cette église à
cette époque » (6). ). Le curé de Saint-Fulgent, Marie Jean d’Orfeuille aurait été le
desservant officiel, mais il n’est pas mentionné dans les archives de la
fabrique (7). Il fut remplacé en août 1817 par François
Trichereau,
malade en arrivant et mort le 12 octobre 1819, âgé de 33 ans, au bourg
de Saint-André (vue 141/411 du registre
d’état-civil accessible sur le site internet des Archives de la Vendée). Après un remplacement fin 1819 et début 1820 du même curé de
Saint-Fulgent, Marie Jean d’Orfeuille, son successeur fut Victor Marie Challet, né le 13
novembre 1783 et ordonné prêtre à La Rochelle en 1817 (dictionnaire des Vendéens). Il est curé de Saint-André le 28
octobre 1820, son nom apparaissant sur les comptes de la fabrique de l’exercice
1821. Et nous n’avons pas de procès-verbal de la fabrique pour l’année 1820, à
cause de l’absence du curé plus probablement qu’à cause de l’insuffisance de conservation des
archives. Le curé Challet sera muté en 1836 à Saint-Georges-de-Montaigu.
En 1824 Jean André Chaigneau (1801-1866) est un nouveau
fabriqueur (8). Il est le mari de Félicité Angélique Loizeau, cousine de
François Cougnon fils, le futur maire de Saint-André, et propriétaire au
Coudray. Il cessera d’être fabriqueur en 1835. Son fils unique, Jean François
Chaigneau, sera maire de Saint-André aussi brièvement en 1869 après avoir été
adjoint au maire.
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Tombe de François Cougnon
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En 1826 le maire Pierre Herbreteau est remplacé par François
Cougnon fils. Le père de ce dernier est l’ancien capitaine de paroisse pendant
la guerre de Vendée. En 1829 il laissera la place de maire à Léon de Tinguy du
Pouët, fils du maire de Saint-Fulgent, qui démissionna l’année d’après quand la
Révolution de juillet 1830 installa sur le trône le roi Louis Philippe, vu
comme un usurpateur et trop proche des idées de la Révolution. Le procès-verbal de la réunion de la fabrique en 1831 ne
mentionne pas les membres présents contrairement à l’habitude, mais à la fin il
manque la seule signature du maire (9). Et pourtant Jean Bordron fils avait été
nommé à cette fonction en octobre 1830. On sait que de vives tensions
perturbaient la commune dans cette période, nées de l’opposition entre les
légitimistes et les orléanistes, parmi ceux qui professaient une opinion politique.
Les élections du 25 mars 1832 désignèrent pour la première fois un nouveau
conseil municipal, mais le maire restait encore nommé par le préfet. Jean
Bordron apparaît dans le procès-verbal de la fabrique en 1832, mais au 1e
janvier 1835, le préfet le remplaça par Pierre Rochereau, du Coudray. Ce dernier
était cousin par alliance de François Cougnon fils et d’Angélique Loizeau,
épouse de Jean André Chaigneau. C’est le moment de prévenir que ce village du
Coudray et la même famille vont fournir jusqu’en 1969 les maires de la commune
de Saint-André-Goule-d’Oie de la manière la plus démocratique qui soit.
Dans cette même année 1826 deux nouveaux membres
apparaissent. D’abord Alexis Herbreteau, fils de l’ancien maire Simon Pierre
Herbreteau, et comme lui aussi exerçant le métier de maréchal dans le bourg.
Ensuite on a Jacques Seiller, nommé par le préfet en se référant au décret du
30 décembre 1809. C’est bizarre puisque ce décret prévoyait la nomination par
le préfet des premiers membres et leur élection ensuite par les membres restants
de la fabrique. Peut-être manquait-on de candidat et l’autorité du préfet
aurait pu servir alors de moyen de pression sur les pressentis. Jacques Seiller
était cultivateur à la Porcelière,
âgé de 38 ans aux élections municipales de 1832 (voir le procès-verbal des
élections).
Les dirigeants de la fabrique de 1836 à 1877
En 1835, l’ancien maire, François Cougnon fils, remplace
comme trésorier de la fabrique François Fluzeau. Ensuite nous n’avons plus
d’archives de la fabrique indiquant le nom de ses membres jusqu’en 1875, sauf
une brève période de 1857 à 1859. Néanmoins dans les archives de la préfecture concernant Saint-André,
dans un dossier de concession de terrain à la fabrique, apparaissent les noms
des membres du conseil de fabrique en 1847. Jacques Seiller est président et Alexis
Charpentier est secrétaire (10). Le curé Challet était desservant en 1831, mais parti en 1836, il a
été remplacé par Benjamin Viaud de 1836 à 1842 (11), puis par Pierre Michel Chauvin à partir de noël 1842, ex vicaire de Saint-Fulgent. Dans une demande de don au roi en août 1843
pour faire des réparations dans l’église, Pierre Chauvin n’hésite pas à
critiquer son prédécesseur. « Sa grandeur de Luçon vient de m’envoyer en qualité de desservant dans
une importante paroisse de son diocèse où j’ai à succéder à un vieillard
respectable il est vrai, mais il faut l’avouer loin de partager l’idée
d’avancement moral pour son troupeau. » On a connu plus habile sur le fond
et sur la forme, sinon plus charitable (12). Le curé Chauvin sera muté en 1857 à la cure de
Saint-Philbert-de-Bouaine. En 1877, quand on retrouve des procès-verbaux de la
fabrique, le curé desservant à Saint-André est Isidore Martin, arrivé en 1868.
Le maire est alors Pierre Fonteneau, qui a remplacé le châtelain de Linières
mort en 1875, Marcel de Brayer.
Les dirigeants de la fabrique
de 1877
à 1905
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Livre de Ferdinand Charpentier
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À partir de 1877 nous avons une nouvelle équipe de
fabriqueurs (13). Pierre Piveteau laissera sa fonction de président du bureau de
la fabrique à Alexis Charpentier en 1881, et celle de président du conseil de
la fabrique en 1882. Il démissionnera en 1883, « vu son grand âge ».
Le nouveau président est un neveu de l’ancien maire de 1848 à 1869, Augustin
Charpentier. Un de ses frères est archiprêtre de Luçon (Jean Louis
Charpentier), et un autre (Ferdinand Charpentier) est curé et écrivain,
l’auteur de « Chez nous en 1793,
Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen » (1906). Son fils,
Constant Charpentier (1872-1957) deviendra prêtre et eut une position remarquée dans
le diocèse de Luçon : secrétaire des Œuvres Diocésaines en 1908, et directeur
du secrétariat social de la Vendée en 1922. Il a aussi un neveu, Gustave
Fonteneau (1865-1925), qui sera longtemps curé de Beaulieu-sous-la-Roche.
François
Rochereau est secrétaire jusqu’en 1881. Il demeurait à la Gandouinière et était
le fils de Jean Rochereau et Anne Bordron. Il s’était marié avec Jeanne Robin
et décédera à l’âge de 58 ans le 12 mai 1887 (vue 42). C’est lui qui affermait
la borderie de la Basse Gandouinière appartenant à la fabrique suite à un legs. À sa suite Jean Moreau est secrétaire du conseil de la fabrique en 1882 et
décède le 17 mars 1883 (vue 182), à l’âge de 56 ans, demeurant à la Jaumarière.
Il était le fils de Jean Moreau et de Jeanne Fonteneau.
Jean
Tricoire est fabriqueur jusqu’en 1888, avec une particularité : il ne sait
pas signer, seul dans son cas.
En 1883 apparaissent deux nouveaux membres de la fabrique (14).
Marie Soulard et Pierre Rochereau. Jean Marie Soulard, du Coudray, deviendra
trésorier de la fabrique en 1887, et président pour le dernier exercice documenté
en 1903. Il sera présent à l’inventaire des biens de la fabrique en 1906, à
côté du maire et du curé. Il fut réélu aussi au conseil municipal en 1888, et on le voit déjà en faire partie dans les délibérations du conseil en
1873. Il avait
épousé en 1876 Clémentine Fonteneau et eut 9 enfants, dont François Marie
Josèphe Soulard en 1878, qui épousa Marie Chatry. Ce dernier est le père de
Gabriel Soulard, propriétaire au Coudray comme son grand-père. Pierre
Rochereau, de la Boninière, sera secrétaire du conseil jusqu’à la fin en 1903.
Nous manquons d’informations à son sujet, à cause de la protection des données
personnelles de l’état-civil, mais ses descendants peuvent le reconnaître.
En 1884 Auguste Fonteneau, de la Maigrière, est
nouveau venu au conseil de fabrique (15). Il est élu à la place de
François Rochereau de la Gandouinière. En 1889 c’est Marie Mandin, de la
Baritaudière, qui remplace Jean Tricoire (16).
Du côté des curés, Isidore Martin a été remplacé par Charles
Verdon en octobre 1891. Ce dernier restera en fonction jusqu’en octobre 1903,
et sera remplacé par Émile Morandeau, ancien vicaire de la paroisse.
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Château de Linières
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Du côté des maires, Pierre Fonteneau a cédé la place de
maire au nouveau propriétaire de Linières, ancien préfet, Eugène de Marcilly en 1888. Celui-ci meurt l’année d’après, et son fils Gaston prend
la suite à la mairie. Il se faisait souvent remplacer aux réunions de la
fabrique par l’adjoint au maire, et ancien maire, Pierre Fonteneau. En voie
d’être ruiné, son domaine de Linières fut saisi par le tribunal de la
Roche-sur-Yon et vendu en 1897. Il ne se représenta pas aux élections de 1896
et fut remplacé par Eugène Grolleau, gendre de Jean François Chaigneau évoqué
plus haut, qui avait été maire en 1869. Eugène Grolleau resta maire de
Saint-André-Goule-d’Oie jusqu’en 1943 ! Du coup on le décora de la légion
d’honneur.
La loi de 1905, dite de séparation de l’Église et de l’État,
supprima les fabriques, leur retirant certaines compétences civiles
(sépultures, aides sociales) au profit des communes. Leurs compétences de
gestion en matière religieuse ont été attribuées à des associations cultuelles,
refusées d’abord par l’Église. En 1924 un accord avec le gouvernement porta sur
les associations diocésaines et débloqua la situation. Les églises paroissiales
devinrent propriété des communes. Néanmoins la législation napoléonienne des
fabriques s’applique toujours en Alsace et en Moselle, territoire ayant appartenu
à l’Allemagne de 1870 à 1918. Avec le retour à la France, ses habitants ont
voulu conserver leurs avantages, sociaux surtout (jours fériés, sécurité sociale,
etc.) hérités de la gouvernance allemande. Le concordat de 1801 n’a pas été
abrogé par l’Allemagne dans ce territoire, ni par la loi française de 1905 bien
sûr. Sa conservation avait été promise à leurs habitants par les autorités
françaises pendant les combats de la première guerre mondiale. L’État continue
d’y rémunérer le clergé, les fabriques continuent leurs gestions, et l’emploi
du temps des écoles publiques aménage des cours de religion aux élèves
volontaires.
Les
recettes et dépenses de la fabrique (1811-1835)
Napoléon a conservé un des principes de la constitution
civile du clergé de 1790 : le clergé est rémunéré par l’État, tous les
biens d’Église ayant été confisqués et presque tous vendus. L’administration
civile des paroisses fut confiée à des établissements publics, appelées
fabriques comme sous l’Ancien Régime, suivant le décret du 30 décembre 1809. L’église paroissiale de Saint-André-Goule
d’Oie appartient à un collectif de paroissiens en indivision et à leurs
héritiers depuis 1801, date de son rachat à l’acquéreur de bien national. Il en
est de même du presbytère (17). Mais pour ce dernier, le décret de 1809 prévoit
que les bâtiments de la cure sont fournis par les communes. Tous n’ont pas pu
être rachetés en effet.
Les biens d’une fabrique proviennent des dons, legs,
fondations, quêtes, casuels, droits d’inhumation, subventions. Au départ il est
fait obligation d’un inventaire des effets et mobiliers dans l’église. Ses
charges sont les frais des célébrations du culte, des salaires des
personnels éventuels, d’entretien et grosses réparations des églises et cures, d’assurances des bâtiments et
retraites des desservants. Les comptes de la fabrique sont transmis à l’évêque
pour approbation.
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Premier livre des recettes et dépenses
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La première comptabilité de la fabrique de l’église de
Saint-André-Goule d’Oie conservée par les archives de la paroisse est de 1811,
pour l’année comptable allant du 1e avril 1811 au 1e
avril 1812 (18). Les dates de l’exercice ne sont pas conformes à la
législation, qui prévoyait un exercice sur l’année civile. En 1821 seulement,
avec le nouveau curé Challet, on adoptera l’année civile. Leur présentation
n’est pas celle non plus prévue, devant respecter le plan comptable général.
Les francs et centimes, monnaie en vigueur, s’écrivent avec les mots de livres
et de sols dans le vocabulaire employé. Même la dénomination de la paroisse n’a
pas changé : « Saint-André-de-Goule-d’Oie », avec le mot
« de ». Le rédacteur des procès-verbaux est le curé Allain, autrefois
réfractaire au serment. Il a prêté le serment à Napoléon pour exercer son
ministère, mais ses épreuves subies pendant la guerre de Vendée l’attachent
définitivement à ces habitudes d’Ancien Régime.
Les recettes s’élèvent en 1811 à 414 F, et sont détaillées
pour chaque rentrée d’argent, chaque dimanche pour les quêtes et oblations
(offrandes). Elles se répartissent en :
-
Quêtes et oblations : 189,5 F. On
ne connaît pas la part de l’État dans la rémunération du curé ou desservant de
Saint-André en 1811, mais il apparait que les oblations allaient à la fabrique
plutôt qu’en complément de sa pension.
-
Location des bancs et chaises dans
l’église : 163,5 F. Ces locations font l’objet d’une mise aux enchères
tous les 5 à 6 ans. Le châtelain de Linières, Joseph Guyet, paie la plus grosse
somme par an de 9 F en 1817. François Cougnon, du Coudray, l’ancien capitaine
de paroisse et important propriétaire, paie 4,5 F (19).
-
Droits d’inhumation et services
religieux : 61 F
Dans les quelques années qui suivent, ces montants vont
légèrement baisser, et le montant des recettes en 1815 sera de 338 F. En 1814 (20)
on a en plus un don de 98 F de particuliers pour l’achat d’une bannière.
Les dépenses sont du même montant que les recettes en 1811,
et le resteront dans les années suivantes. Les gestionnaires indiquent
d’ailleurs : « nous observons que les recettes et les mises
(dépenses) seront à quelques sols près toujours à peu près égales, parce que
nous n’achetons [que] ce qui est nécessaire à l’église, et nous ne faisons
faire de réparations qu’au fur et à mesure que nous avons de l’argent »
(21). Dans ces dépenses on relève des dépenses courantes de fonctionnement,
renouvelées chaque année, qui se montent en 1811 à 105 F : cordes et huile
pour l’entretien de l’horloge de l’église et la remonter régulièrement,
blanchissage, raccommodage du linge et arrangement des autels, cordes et
courroie des deux cloches, cire, saintes huiles, encens, pain d’autel. Le reste
des dépenses concerne des réparations et surtout des achats (objets pour le
culte, habillement pour le prêtre et ses assistants, décoration des autels).
Pour ces derniers les libellés ne permettent pas de distinguer les
renouvellements des nouveautés, car on présume l’importance des renouvellements
à effectuer encore 11 ans après le retour à la paix religieuse. Il est révélateur à cet égard que le procès
|
Croix de Charette |
-verbal évoque les réparations à faire pour
expliquer le montant des dépenses. On note le 1e avril 1815 l’achat
d’un bâton pour la croix d’argent, la fameuse croix de Charette « que l’on
met à la tête du corps des défunts les jours de l’enterrement et du
service » (comptes de 1815). Cette même année on répare le calvaire devant
l’entrée de l’église (disparu depuis), et l’année suivante on construit un
auvent joignant une petite porte de l’église sur le côté nord. Cette dernière
construction a coûté 300 F, dont 24,5 journées de charpentier à raison de 35
sols par jour, persiste à écrire le curé Allain, soit 1,75 F (21).
Ce dernier a quitté Saint-André en novembre 1816 pour
desservir la cure de Boufféré. Il est remplacé par l’abbé Trichereau en août
1817, étant malade dans les mois suivants. D’ailleurs il mourra en octobre
1919, et sera remplacé par un nouveau jeune titulaire en octobre 1820, Victor Marie
Challet.
Les premiers comptes de la fabrique pour un exercice complet sont de 1821,
après une interruption depuis l’année 1817. Mais jusqu’en 1833, nous n’avons
alors que les montants totaux des recettes et des dépenses, sans les détails.
Ils se situent un peu au-dessus de 400 F avec un quasi équilibre entre les
entrées et sorties d’argent.
Ces valeurs changent en 1828, près de 1480 F, pour continuer
ensuite de 1829 à 1834 à un niveau de 650 F de recettes en moyenne, et de 611 F
de dépenses en moyenne. Mais nous n’avons pas le détail qui expliquerait cette
augmentation de 50 %. L’inflation générale des prix ne peut pas être invoquée, et
l’explication vraisemblable est la fin des restrictions de la période qui a suivi la guerre de Vendée. On voit le même phénomène dans la
revalorisation de certains baux de fermes. En 1835 un imprimé de l’évêché de
Luçon est rempli par le trésorier de la fabrique pour présenter les comptes
conformément au plan comptable. Mais c’est un compte d’exploitation sans le
détail des dépenses et des recettes (22).
La fabrique dressa le 8 mai 1836 un inventaire des
effets et mobiliers appartenant à l’église de Saint-André-Goule-d’Oie (23).
C’est une liste des objets du culte (croix, crucifix, vase aux saintes huiles,
livres, missel, etc.), ornements (linge d’autel, tapis, bannière, etc.) et
habits (aubes, surplis, rochets, soutanes, etc.). On relève l’existence de 2
cloches dans le clocher et d’une horloge placée dans une boîte. Il y a aussi
une chaire, des stalles et un confessionnal, « les bénitiers de l’église
sont assez commodes, le grand est en pierre et l’autre, creusé dans le mur,
n’est pas bien beau ». Le cimetière « est grand et fermé de haies
vives avec une barrière en bois fermant à clé ». Sur le cadastre napoléonien de
1838 c’est la parcelle no 232 d’une surface de 40 ares, déjà située à l’endroit
du cimetière actuel, mais agrandie depuis. « Il n’y a pas de rente sur la
fabrique, tous ses revenus consistent dans le produit des bancs, des chaises et
des oblations ».
Les
recettes et dépenses de la fabrique (1846-1859)
L’imprimé des comptes de fabrique de l’évêché vaut aux
procès-verbaux du conseil de fabrique une interruption dans l’indication des
montants de recettes et de dépenses de 1836 à 1845, sans que l’imprimé y soit
joint. En 1846 le procès-verbal mentionne à nouveau les montants totaux,
jusqu’en 1852. Le détail des dépenses revient dans les procès-verbaux du
conseil de fabrique à partir de 1846 jusqu’en 1851. De 1853 pour les dépenses,
et de 1854 pour les recettes, nous avons une interruption dans les archives,
jusqu’en 1856. Pour les trois années 1857 à 1859, nous disposons cette fois du
détail des recettes et des totaux des dépenses. Les curés, rédacteurs des
procès-verbaux, n’avaient pas chacun une même façon de faire comme on le voit,
et l’absence de certaines archives reste sans explications, même si elle
n’étonne pas. Malgré ces lacunes, qu’observe-t-on dans cette période ?
De 1846 à 1852, le plus faible montant des recettes est de
878 F en 1849, et le plus élevé est de 3007 F, avec une moyenne autour de 1500
F. Là encore on est passé à un nouveau palier représentant plus qu’un
doublement du budget, et alors que les dépenses ont suivi à un même niveau. On
observe qu’en 1857/1859 la location des bancs et chaises dans l’église approche
les 1500 F. Étant mises aux enchères dans une église dont les dimensions
n’avaient pas changé, cette hausse reflète celle du nombre d’habitants néanmoins
et de leur pouvoir d’achat, réel globalement, celui-ci expliquant une participation
financière plus élevée de leur part dans la pratique religieuse. Il fallut attendre l’année 1845 pour que la commune
retrouve un nombre d’habitants identique à celui de 1791, après la perte de 23
% de sa population à cause de la guerre de Vendée, c'est à dire deux générations après 1800. Le budget des trois années 1857/1859 est de près de 1800 F en moyenne de recettes, mais de 2860 F
en dépenses. Voici pourquoi.
Pour cette période incomplète de 1846 à 1856, des dépenses
de grosses réparations apparaissent (24) : confection d’autel (450 F),
réparation du clocher de l’église et du hangar de la cure (275 F), achat d’une
petite maison (925 F), construction de la maison des religieuses avec l’école
des filles (3300 F), ouvrage sur l’église (2979 F), charpente et autres
dépenses pour la sacristie (500 F), réfection du mur du cimetière (200 F). Les
dépenses courantes de fonctionnement aussi ont augmenté. Ainsi on paye Mandin 8
F pour monter l’horloge en 1846, 24 F à Fonteneau en 1847 et 25 F à Michel Fonteni
en 1848 et les années suivantes. 150 F sont « payés aux dames religieuses
pour soigner la sacristie, prendre soin du linge (au lieu de 36 F avant). On
relève aussi des dépenses nouvelles de fonctionnement, signe des temps :
10 F par an pour « les
prêtres âgés à la caisse de secours ». On a aussi l’impôt foncier du
couvent des religieuses (7 F) (c’est la maison des institutrices), à payer au
receveur de Saint-Fulgent. On paye des honoraires de chantre à Marie Roy (25
F). En 1857 et 1858 on paye un supplément de traitement au curé et au
vicaire : 200 F chacun, pour pallier l’insuffisance des sommes versées par
la préfecture. Les vicaires étaient à cette époque payés par l’État à partir
d’un procès-verbal d’entrée en fonction fournit par la fabrique. C’était une
obligation résultant d’une ordonnance du 13 mars 1832, selon le procès-verbal
de la fabrique de Saint-André du 2 janvier 1881. Pour des travaux à la cure on
se fournit en matériaux au four de Fondion (briques, tuiles, barriques de
chaux), chez Drapeau dit « Grand Bol », tuilier de profession.
Entouré du bois nécessaire au four, le lieu se prêtait à cette activité
nouvelle, qui dura jusque vers le début des années 1870.
Dans les années 1860, sans comptabilité passée à la
postérité, nous avons un acte testamentaire révélateur. Jeanne Rochereau, veuve
de Pierre Biré demeurant à la Boninière, dicte le 8 janvier 1860 son testament
à son cousin Pierre Fonteneau de la Jaumarière, qu’elle institue son exécuteur
testamentaire. N’ayant pas de descendance, elle lègue à ses frères et sœurs
tous ses meubles et immeubles, comprenant notamment quelques pièces d’or :
« Je remercie le bon dieu de me permettre de lui offrir quelques pièces de
cet or qu’il a bien voulu me donner, je m’estime très heureuse de pouvoir lui
rendre ». La phrase dictée résume bien son état d’esprit. Et ses héritiers
devront donner :
- à la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie 1 100
F, dont 300 F pour l’acquisition d’un ornement ou autre objet de l’église au
choix de M. le curé, et les autres 800 F à l’entretien d’une lampe allumée
devant l’autel de la Sainte-Vierge le jour de ses fêtes.
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L’Italie avant
1860
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- au pape 100 F. « C’est l’aumône d’une
pauvre femme de la catholique Vendée qui veut relever autant qu’il est en
elle le pouvoir temporel du saint siège si sacrilègement attaqué de nos jours ». L’actualité internationale,
s’agissant de ce qui se passait à Rome, était donc bien connue à la Boninière
en 1860. Les armées sardes menaçaient d’envahir les états pontificaux pour
opérer l’unité italienne, soutenues par le gouvernement français de Napoléon
III. Dans l’opération, la Savoie et Nice allaient être rattachés à la France
cette année-là. Et puis ces mots de « catholique Vendée » claquent
comme un étendard de la foi fortement identitaire, née dans la guerre de
Vendée.
-
Au curé de la paroisse, 400 F consacrés à faire
prier Dieu dans l’église de Saint-André pour le repos de mon âme, pour celle de
mon mari, de mes père et mère, de mes frères et sœurs et autres parents défunts.
-
S’il reste du blé au jour de mon décès dans mon
grenier, je veux qu’il soit distribué 1 hl aux pauvres du village de la
paroisse selon le bon plaisir de M. le curé (25).
Le registre de locations des bancs et chaises dans l’église,
de 1861 à 1870, nous donne des informations nominatives intéressantes (26).
Dans l’adjudication du 1e novembre 1861, le prix annuel le plus
élevé est payé par Joseph Fonteneau de la Maigrière (67 F), suivi du
propriétaire de la Boutarlière, Samuel Bordron (66 F). Jaques Brochard, métayer
à Linières, paye 55 F. On a ainsi 38 adjudications pour les bancs les mieux
placés devant l’autel de la Vierge et l’autel de Saint Pierre, moyennant un
prix annuel moyen d’environ 50 F. Ensuite on a des places de tribune adjugées
de 7 F à 8 F et des chaises adjugées de 4,75 F à 6,25 F. Dans l’adjudication du
1e novembre 1866, on voit des paroissiens payer un peu moins et
d’autres au contraire ayant fait monter les enchères, comme Augustin
Charpentier, maire demeurant au Clouin, à 73 F, Jacques Brochard de Linières, à
75 F, et Pierre Fonteneau de la Jaumarière, à 103 F. Le total des locations des
chaises se montent à 224,70 F et celui des bancs à 2393,50 F.
En 1877, le conseil de fabrique
décide de mettre à disposition dans l’église quelques chaises volantes
qui seraient payées 25 centimes par chaise. « Il a décidé en outre que ces
chaises ne pourraient être placées que du côté des chapelles, et il fait
défense à qui que ce soit d’apporter des chaises de chez soi ou d’en prêter à
d’autres pour les porter à l’église » (27). Pour l’adjudication des places
dans l’église en avril 1887 « selon les anciens usages », le conseil de
fabrique décide d’une exception rémunératrice. « Prenant
en considération le désir exprimé par la famille de Marcilly, propriétaire du
château de Linières, il a décidé que le 1e banc du côté de l’épître,
et les 5 premières places de la banquette qui se trouvent devant ce banc, ne
seraient pas mises à l’adjudication ni cette année, ni plus tard. La famille de
Marcilly offrant 200 F par an pour ces 10 places. La fabrique n’a que du
bénéfice à lui accorder la concession de ces places à ce prix tant qu’elle
voudra. » (28) Il y avait aussi de mauvaises surprises dans ces locations,
comme en 1895 où on a dû constater un défaut de paiement cumulé de 512 F par
des paroissiens ayant quitté le pays et étant insolvables.
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Église de Saint-André-Goule-d’Oie
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De 1860 à 1875, la comptabilité de la fabrique a disparu
dans les archives paroissiales. C’est pourtant la période cruciale où se situe
la construction de la nouvelle église. Elle sera prise en charge par la
fabrique, et le devis initial de septembre 1874 se monte à 75 880 F. La
fabrique avait une réserve de 26 560 F au départ, dont nous ne connaîtrons pas
en conséquence le contexte et les modalités de sa constitution. L’église fut
bénite en 1877, et c’est en 1876 que les archives nous ont conservé à nouveau
le registre des délibérations du conseil de fabrique, jusqu’en 1903.
Nous connaissons les montants des recettes de la fabrique de
1876 à 1894, puis de 1900 à 1902, mais sans leur détail. Les trois premières
années ils incluent les emprunts réalisés pour la construction de l’église. La
moyenne de leurs montants hors emprunts de 1880 à 1894 est de 4120 F, puis de
3145 F de 1900 à 1902. On a un seul décompte des recettes du deuxième trimestre
1890 (29). Leur total de 692 F se répartit comme suit :
-
Reçu pour les places des bancs : 501
-
Offrandes : 61
-
Honoraires de sépulture : 43
-
Tronc : 4
-
Quêtes : 83
Dans la même période les montants comptabilisés des
dépenses, tantôt comprennent les remboursements d’emprunts pour la construction
de l’église, et tantôt les exclus. Hors emprunts, les dépenses sont en moyenne
de 3570 F, ce qui montre la marge positive dégagée pour ces remboursements. Ces
derniers seront terminés en avril 1902 (30). Et nous n’avons pas les détails
des dépenses.
Cette comptabilité était-elle complète ? On devine que
non pour trois raisons. La première est l’existence de la caisse des messes.
Elle était gérée par le curé de la
paroisse, recevant des sommes d’argent des fidèles pour qu’il dise des messes à
des intentions demandées par eux, généralement pour le repos de leur âme et
celle des parents défunts. Parfois un testament faisait un don ou un legs à la
fabrique, à la charge par celle-ci d’acquitter le prix des messes demandées,
selon un tarif fixé par l’évêché. C’est alors la fabrique qui alimentait la
caisse des messes du curé.
L’autre raison tenait aux œuvres de charité pour les
pauvres. On a l’exemple d’un legs testamentaire d’une petite borderie à la
Gandouinière, fait à la fabrique, à la charge par elle que les revenus soient
distribués aux pauvres de la paroisse. La fabrique passait les baux et
percevait le prix de ferme, qu’elle versait à la caisse des pauvres gérée par
le curé, suivant un antique usage. En 1881, comme les années suivantes, on lit
dans le procès-verbal de la réunion du conseil de fabrique : « Le
conseil a aussi été d’avis de laisser à M. le curé la disposition des 200 F
provenant de la ferme de la Gandouinière aux pauvres les plus nécessiteux de la
paroisse, et il a vu que dans la caisse des pauvres il y avait actuellement 500
F, dont 300 F ont été économisés afin d’acheter un petit mobilier mis à la
disposition des malades pauvres quand on jugera le moment propice, et 200 F
pour être distribués » (31). Les fabriqueur géraient, mais c’est le curé
qui allait au contact des pauvres ou les recevait, gratuitement bien sûr.
L’époque n’imaginait pas l’emploi de travailleur social.
Enfin devait exister une caisse des écoles, au
moins concernant celle des filles appartenant à la fabrique, pour gérer les
flux financiers de fonctionnement. Comme les deux autres elle devait être
indépendante, car on ne voit pas la trace de ces flux dans la comptabilité de
la fabrique, sinon pour les frais de gros entretien des bâtiments.
Conclusion
Cette fabrique du 19e siècle, dont nous venons de
raconter l’histoire à Saint-André-Goule-d’Oie, a été conçue par Napoléon en
reprenant l’institution de l’Ancien Régime et en l’adaptant à l’évolution des
lois. La confusion du temporel et du spirituel dans les assemblées d’habitants
d’avant la Révolution a cessé. Le syndic devenu maire, et le fabriqueur, sont
désormais deux entités distinctes dans leur objet et leur fonctionnement. Au
cours du siècle on verra d’abord les conseillers municipaux élus par les
citoyens (1830), puis le maire définitivement élu au sein du conseil municipal (1884). Pendant ce temps
les fabriqueurs sont cooptés sous l’œil du curé, car l'Église catholique est
fondamentalement hiérarchique dans son organisation. Néanmoins la commune comme
la fabrique agissent sous la tutelle de l’État. Qui plus est ce dernier
rémunère le clergé et surveille la nomination des évêques par le pape.
C’est-à-dire que pour l’essentiel l’Église reste un rouage de la société politique.
Dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, cela ne posait pas de problème, au
moins pour une raison toute simple : tout le monde était catholique.
Mais ce que ne nous disent pas les procès-verbaux du conseil
de la fabrique de Saint-André, c’est la lutte, allant crescendo au cours du
siècle, entre l’Église et les républicains pour contrôler l’instruction. Cette
lutte était étrangère aux habitants de Saint-André. Pourquoi ne pas enseigner
la religion à l’école, comme aussi de confier l’aide aux pauvres au curé de la
paroisse ? Cela leur semblait si habituel et si naturel. Mais Saint-André
n’est pas la France, car la République s’est construite en France contre
l’Église, elle-même longtemps monarchiste, sauf en Alsace-Moselle. Cette lutte va conduire à la loi de 1905,
dite de séparation de l’Église et de l’État, qui mettra fin au concordat de
Napoléon et supprimera les fabriques. Nous reviendrons bientôt sur cette
séparation à Saint-André-Goule-d’Oie.
(1) Abbé Yvon Marcoux, pages.infinit.net/eglisejc/mot-fabrique.htm L’Histoire des Fabriques paroissiales.
(2) Acte
d’assemblée d’habitants de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie du 12-9-1784,
Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10.
(3) Autorisation
du 10-1-1846 d’ériger un chemin de croix dans l’église de Saint-André, Archives
de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie,
carton no 28, chemise II.
(4) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André Goule-d’Oie (1811-1812), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(5) A. Billaud, La petite église dans la Vendée et les Deux-Sèvres
(1800-1830), NEL, 1961, pages 126 et 160.
(6) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1816-1817), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(7)
Arch. hist. dioc. Luçon, Chroniques paroissiales, Saint-André-Goule-d'Oie, t. 1 (38 fasc.), 4 num 503 33, p. 280-293, vue 5/14.
(8) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1821-1829), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(9) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1830-1825), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(11)
Cf. Note (7).
(13) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1877, ibidem : E 2/2.
(14) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1883, ibidem : E 2/2.
(15) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1884, ibidem : E 2/2.
(16) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1891, ibidem : E 2/2.
(17) Inventaire de la fabrique le 1-2-1906,
ibidem : carton no 29, chemise VII. Et Archives de Vendée, notaire de Mouchamps, étude A, Morisson (an V-
an X, vue 63.(16)
(18) Idem (4).
(19) Idem (6).
(20) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1813-1814), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(21) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1815-1816), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(22) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1830-1835), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(23) Inventaire des effets et mobiliers appartenant
à l’église de Saint-André-Goule-d’Oie pour l’an 1836, ibidem : carton no
28, chemise II.
(24) Recettes et
dépenses de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie (1846-1856), ibidem :
carton no 29, chemise V.
(25) Testament du 8-1-1860 de Jeanne Rochereau avec
un legs à la fabrique, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(26) Registre des locations des places dans l’église
(1861-1870), ibidem : E 2/11.
(27) Ibidem (9).
(28) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1887, ibidem : E 2/2.
(29) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1890, ibidem : E 2/2.
(30) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1902, ibidem : E 2/2.
(31) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1881, ibidem : E 2/2.
Emmanuel François, tous droits réservés
Novembre 2018, complété en décembre 2013
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