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Tableau de Jean Burkhalter (coll. particulière)
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Nous avons utilisé plusieurs moyens pour repérer
les moulins. D’abord la carte Cassini donne une situation, non exhaustive
néanmoins, des moulins existants vers 1760. Le cadastre napoléonien de 1838 donne
des précisions sur les moulins, particulièrement sur les moulins à eau dans ses
plans des limites du territoire de la commune, celles-ci étant en partie des
ruisseaux, ainsi que sur les planches (pont léger en bois) permettant de les
franchir. Les documentations seigneuriales et notariales apportent des
informations partielles sur les localisations, les propriétaires, les
transactions et les redevances des moulins. Les recherches sur place de l’abbé
Boisson, avec recueil de témoignages des anciens dans les années 1970, sont précieuses
et disponibles aux archives du diocèse de Luçon. Les archives des Eaux et
Forêts de l’Ancien Régime ont été interrogées, n’apportant rien pour
Saint-André-Goule-d’Oie. Il reste à investiguer celles du 19e
siècle. Malheureusement notre documentation notariale du 18e siècle est
trop pauvre sur Saint-Fulgent pour nous fournir des inventaires et des comptes,
et nous permettre d’entrer dans la vie des meuniers. Pour y suppléer un peu on
se référera à des travaux d’historiens. C’est ainsi que nous avons proposé dans
l’histoire des villages de Saint-André-Goule-d’Oie des développements sur les
moulins qu’on y a trouvés, que nous ne reprendrons pas ici, y compris avec
leurs sources. C’est une synthèse que nous présentons maintenant, en commençant
par un inventaire des moulins repérés. Et d’abord une précision : les moulins
portaient généralement soit le nom des lieux-dits près desquels ils étaient
établis ou dont ils dépendaient à l’origine, soit le nom des meuniers qui en
étaient les propriétaires ou les exploitants.
Liste et
localisation des moulins
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Les deux moulins de Linières à vent et à eau, sont repérés dans la
documentation seigneuriale à partir de 1300 environ, tous deux situés sur la
paroisse de Saint-André. La première mention d’un moulin à vent en Vendée est
dans une charte de 1205 (1). La technique a été rapportée d’Orient lors
des croisades, alors que la technique des moulins à eau est un
héritage romain qui a prospéré avec la révolution des techniques au Moyen Âge (2). On est donc à Linières, vu d’aujourd’hui, dans les débuts des
moulins dans la région. Celui à eau était construit sur le ruisseau de la Fontaine de la Haute
Gandouinière à un endroit non repéré, proche de l’étang de Linières. En
revanche le cadastre de 1838 situe toujours l’emplacement du moulin à vent dans
« le champ du moulin » jouxtant vers le nord le village de la Forêt (section
E 2, près du village de la Forêt, parcelle no 198 de Saint-André-Goule-d’Oie).
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Les deux moulins du Peux à vent et à eau. Le moulin à eau est indiqué
sur le cadastre de 1838 au lieu appelé le déversoir du moulin du Peux, et situé
en amont du moulin Boudaud et en aval de la planche de la Roche Mauvin, sur le
ruisseau du Vendrenneau prenant sa source à Vendrennes. On l’appelait
« moulin à Maindron » ou « du Peux », suivant un témoignage
de Joseph Boisson recueilli par l’abbé Boisson vers 1970. Cela veut dire qu’il
fonctionnait encore probablement au 19e siècle.
Le moulin à vent du Peux était situé à la jonction du chemin de Chavagnes à
Saint-André et de celui venant de la Racinauzière, sur une enclôture de 2
boisselées. Il était proche du chemin qui allait de Saint-Fulgent aux Brouzils,
l’actuelle D 17, et plus au nord. Amblard de Guerry pense
qu’à cet emplacement se trouvait ce qu’il appelle le Moulin de la Mancellière (3). Les deux moulins à eau et à vent ont été
appelés dans certains textes « les moulins de la Burnière », du nom
du village et fief du même nom à Chavagnes, repris pour lui-même par le
seigneur du Coin et du Peux.
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Moulin à vent du Coin
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Les deux moulins du Coin à vent et à eau. Le moulin à eau était installé
sur la rivière du Vendrenneau, à la croisée du chemin conduisant directement du
Coin à la Burnière, dit « moulin à Boudaud » ou « du Coin ».
Ce lieu est appelé actuellement « le seuil de la Burnière ». Le
cadastre de 1838 indique toujours « le déversoir du moulin Boudaud »,
mais on n’est pas sûr que le moulin existât encore à cette époque. Il avait
probablement été remplacé par le moulin à eau du Peux construit un peu plus en
amont.
Une ruine de moulin à vent se trouve toujours à la
sortie du village du Coin sur la route qui mène à la Racinauzière. Cité nulle
part dans la documentation consultée, on en déduit qu’il serait récent, sa
ruine n’étant pas un gage d’ancienneté, au contraire.
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Le moulin à vent des Landes de la Mancellière a fait l’objet d’un
bail en 1676 par la châtelaine de la Rabatelière. On ne connaît pas sa
localisation et on doute que ce soit celui cité précédemment au village du
Coin, à cause des frontières entre les deux seigneuries voisines du Coin et de
la Mancellière, indépendantes l’une de l’autre tout au long de leur histoire.
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Les Moulins de la Maigrière. Un moulin à eau était situé près des maisons de la
Maigrière et du « jardin de la Brejonnée ». La facilité d’accès du
village explique en grande partie son implantation ici sur le ruisseau. Un peu
plus loin vers l’amont de la rivière du Vendrenneau (côté Saint-Fulgent), il y
avait un autre moulin à eau en ruine au milieu du 18e siècle, et
enclos dans le tènement de la Chaunière et Bourolerie.
Il y avait aussi 2 moulins à vent sur la rive
gauche du Vendrenneau (paroisse de Saint-André), presque en en face de la
Chaunière. Ils apparaissent sur la carte Cassini mais pas sur le cadastre de
1838. Néanmoins M. Suire habitant la Maigrière en avait encore le souvenir en
1978, indiquant à l’abbé Boisson un emplacement de moulin, et on parle toujours
d’un « verger du moulin ». De plus la documentation permet de repérer
un moulin à vent situé près du village de la Jaumarière et du ruisseau du
Vendrenneau, construit dans le « Champ
du Moulin ». Celui-ci partait de la Maigrière en direction du
moulin, sur plus d’un kilomètre. Le lieu-dit actuel des « Moulins »
se situe en gros à l’endroit indiqué par les textes anciens.
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Le Grand moulin de la Bourolière
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Les deux moulins à vent de la Bourolière. Le Grand moulin a été
construit vers 1570 et son successeur à la même place est toujours debout de
nos jours, ayant perdu son toit. C’est un moulin-tour. Sa tour en maçonnerie,
de forme ronde appelée « tonnelle », était surmontée d’une toiture de
forme conique. Il était en ruine en 1765 et fut reconstruit ensuite. On l’a
appelé parfois par erreur le moulin de la Boninière. Le Petit moulin de la
Bourolière n’apparaît dans la documentation qu’en 1724 et dut s’arrêter comme
le Grand moulin vers la fin du 19e siècle. Il était situé devant le
Grand moulin et plus proche du village de la Bourolière.
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Les moulins de la Boutinière. Le moulin à eau dit
« moulin Grolleau » figure sur le cadastre de 1838 (assemblage de la
section E de la Boninière à Saint-André) avec l’indication de « moulin à
Grolleau de la Clavière », situé dans l’ancien tènement de la Bergeonnière
et en amont de la planche du Chaillou (celle-ci en aval de la route de la
Rabatelière à Saint-Fulgent), et en aval de « l’ancien moulin de la
Boutinière » sur le ruisseau du Vendrenneau. Plus en amont de ce dernier
il y avait le Pont Boutin. En 1675 un texte cite le « moulin à
Grolleau » et le « moulin aux draps », en la paroisse de Saint-André. Ce dernier devait être
« l’ancien moulin de la Boutinière », mentionné dans le premier
cadastre. On a enfin sur le ruisseau du Vendrenneau « le moulin Soulard », probablement situé
à la place de l’un des deux derniers ou des deux à la fois. Son existence est
rapportée par Eugène Boisson de la Boutinière à l’abbé Boisson avec visite sur
les lieux en 1977.
Deux moulins à vent de la Boutinière figurent sur
la carte Cassini et le cadastre ancien. Ils étaient bâtis en haut de la butte
de la Boutinière, de l’autre côté du chemin par rapport au village à l’origine
(vers l’est). L’un d’eux était un moulin turquois (ailes fixées sur une cabine
pivotante) en 1595.
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Le moulin à vent Briand ou Dria ou Belair. Il est situé proche et
au sud de la Brossière sur le tènement des Landes du Pin. On le repère en 1766
et lors du soulèvement vendéen. Les hommes de Saint-André en avait fait un
point de rendez-vous à la veille du 13 mars 1793. Il dut s’arrêter de tourner
après 1818, et en 1904 il n’en restait qu’un vieux pan de mur.
● Le
moulin à vent dans l’enclos du tènement des Gâts, appelé le moulin des
Gaucher dans des déclarations de 1606 et 1654. En 1703 il est bâti sur une
parcelle de 2,5 boisselées et 10 gaulées, qui est franche de terrage
●
Le moulin à vent de la Boutarlière. Il figure sur la carte
Cassini et est cité dans un texte de 1653, appelé moulin turquois, comme celui
de la Boutinière.
Pour mémoire nous indiquerons quatre autres moulins.
Le moulin Chiron, qui est cité par l’abbé Boisson, situé à la sortie du village
de la Brossière vers Saint-Fulgent. Mais nous n’avons aucune information à son
sujet. Le moulin du prieuré est cité aussi dans un aveu du Coin Foucaud en 1550 : « me
doit et a accoutumé me payer le meunier ou teneur du moulin à vent du
prieur-curé dudit Saint- André deux sols de cens » (4).
Amblard de Guerry le situe dans le fief du bourg (5). Et ce n’est
pas un moulin au tènement de la Porcelière, probablement à vent, mentionné en
1666 dans un inventaire après-décès du prieur Moreau de Saint-André (6). Ici
c’est l’homme privé qui est propriétaire du moulin et non le prieur. Nous n’en
savons pas plus sur ce moulin en dehors de cette mention. Enfin il a existé un moulin à Fondion, à une date
non repérée vers les 17
e/18
e siècles, cité dans les
confrontations du tènement des Landes Borgères à Vendrennes situé près de la
Brossière (7).
Ce nombre d’une vingtaine de moulins que nous
venons de mentionner est plus élevé qu’il n’y en eut dans chacun des siècles
qui se sont succédés du Moyen Âge jusqu’au début du 20e siècle.
Certains en ont remplacé d’autres aux mêmes emplacements, et d’autres sont
tombés en ruine alors qu’on en construisait ailleurs. L’insuffisance de notre
documentation ne nous permet pas d’aller plus loin dans ces chronologies.
Les types de
moulins
Les moulins ne sont pas autre chose que des moteurs
transformant une énergie naturelle en énergie mécanique. L’arrivée des moteurs modernes
au 19e siècle a augmenté considérablement les rendements de
production, à cause notamment d’un fonctionnement régulier et indépendant des
aléas du vent et des débits d’eau. Ils remplacèrent les moulins qui utilisaient
une force motrice naturelle mais aléatoire (eau ou vent) pour réaliser un
travail mécanique de frappe, de mouture ou de pressage. Ces aléas naturels
expliquent que souvent on associait un moulin à eau et un moulin à vent, proches
l’un de l’autre. Les premiers moteurs mis en œuvre par les meuniers à Sainte-Cécile ont utilisé
des gaz pauvres produits par la combustion du bois (8). Puis vint le moteur
électrique, et les meuniers troquèrent alors leurs moulins pour des minoteries.
Les ailes tombèrent une fois le moulin arrêté, pour éviter de payer l’impôt. À
Saint-André-Goule-d’Oie les moulins documentés n’ont servi qu’à fouler des draps, moudre
des écorces et bien sûr moudre des grains de céréales. On n’y trouve pas des moulins
à huile, à papier, ou à pastel, etc.
Les moulins à eau pour fouler les draps
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Moulin à foulon
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On a vu un « moulin aux draps » à la Boutinière, et peut-être y
en eût-il un autre à la Maigrière par exemple. Les moulins à foulon se sont
répandus en France à partir du 13e siècle, permettant le travail des
étoffes ou des fibres végétales à l’aide de la force motrice des moulins à eau, grâce à l’invention de
l’arbre à cames diffusée à partir du 10e siècle (9). Il s’agissait de dégraisser, d’assouplir et de démêler les
tissus avec la frappe automatique de maillets ou de transformer des fibres végétales en pâte à papier ou en fil. La matière à broyer
était était pour cela
déposée dans une auge circulaire, ou de l’eau était mêlée à de la terre
spéciale, de l’argile à foulon, et autres ingrédients comme du saindoux ou de
l’urine (pour les étoffes). Cette mécanisation par les moulins avait remplacé le foulage avec les
pieds par les « foulonniers »,
qui durait des heures. En 1605 est mentionné à la Chevaleraye un « petit masureau ou foulon et autre
maison appelée la Chautoir », possédés par Toussaint Menanteau, seigneur
du Coudray (10). Le texte ne mentionne pas un moulin à eau, mais une simple
maison où on y pratiquait le travail de foulon, sans indication de la technique
utilisée, mais nécessitant de l’eau puisée dans le ruisseau, lequel récupérait
l’eau usée. Le progrès mécanique du Moyen Âge avait-il pénétré jusqu’à la
Chevaleraye à cette date ? On se pose la question, mais probablement que
derrière le texte cité il y avait un moulin non exactement dénommé. On reste
avec un petit doute. En tout cas le moulin aux draps de 1675, appartenant à
Grolleau, ne laisse pas de doute sur la technique utilisée, c'était un moulin à
foulon à usage textile.
Les moulins à tan
Aucun des moulins cités dans notre liste n’est
mentionné comme servant à moudre l’écorce
des chênes pour obtenir le « tan » (tanin) sous forme de poudre, ce
qui ne veut pas dire qu’il n’y en eut pas. Le tanin était absorbé par les peaux
dans les tanneries pour les rendre souples et imputrescibles. Il y avait des
moulins à tan près de la forêt de Gralas aux Brouzils. En
1708, la succession de Jacques Robin, un habitant de la Gandouinière, est
partagée entre Sébastien Robin et sa sœur Marie, mariée à Pierre Auvinet. Dans
le partage on mentionne un moulin à tan. Malheureusement il n’est pas dit où était situé ce moulin. La roue hydraulique du
moulin actionnait des pilons en bois dont les extrémités étaient munies de
couteaux métalliques, qui broyaient et pulvérisaient les écorces d’arbres.
Les moulins à seigle et les moulins à froment,
les plus nombreux
On distinguait aussi les moulins à seigle et les
moulins à froment, qu’ils soient à eau ou à vent. Les moulins à eau avaient une
roue différente pour le seigle et pour le froment.
Le régime
seigneurial des moulins
Les livres d’histoire expliquent que sur les
pressoirs des vendanges, les fours à cuire et les moulins, les seigneurs ont exercé
leur monopole appelé droit de banalité. Celui-ci consistait à obliger les
habitants à utiliser ces équipements pour en tirer profit. Sur l’exercice de la
banalité seigneuriale, on a rencontré le cas d’un four dans le bourg des
Essarts au 16e siècle, dans les bourgs de Boulogne et de la
Merlatière (à la Raslière) au 17e siècle, et dans le bourg de Saint-Fulgent
au 18e siècle. En revanche il existait dans la contrée des
boulangeries dans les villages, exemptes de ce droit de banalité. Et on n’a pas
rencontré de droit de banalité sur les pressoirs à vendanges.
La banalité des moulins s’incarnait dans le droit
de vérolie suivant le mot utilisé dans le Bas-Poitou, consistant à obliger les
habitants d’une seigneurie à faire moudre leurs grains au moulin du seigneur. Il
ne rapportait pas d’argent directement, mais garantissait une clientèle, ce qui
pouvait permettre de faire payer le service plus cher. On a rencontré ce droit
de vérolie à la Chapelle de Chauché en 1658 (11). Les meuniers devaient venir
charger les grains dans les maisons de la Chapelle et y rendre la farine, ne
pouvant retenir les grains que la durée d’une saison. Les
assises de Languiller (tribunal du seigneur) pouvaient condamner celui qui
faisait moudre ses grains à un autre moulin que celui du seigneur. En 1484,
l’amende se montait à 2 sols 6 deniers (12). Les droits étaient payés
aux meuniers en prenant une portion de farine fixée selon la coutume. Ce
quantum n’est pas indiqué dans la déclaration de 1658. On voit que le droit de
vérolie ne s’appliquait pas dans toute l’étendue de la seigneurie. Les moulins furent
vendus avec le droit de vérolie en 1718 par Daniel Prevost, seigneur de la
Chapelle de Chauché, moyennant la perception par lui d’une rente foncière
annuelle et perpétuelle de 36 livres (13). Ce montant valorise le bien à 720
livres, ce qui paraît bien peu pour les deux moulins. Ils devaient être en
mauvais état.
On s’est servi de la documentation des moulins de
la Chapelle de Chauché voisine, faute de connaître celle des moulins du Peux à
Saint-André-Goule-d’Oie, bénéficiant aussi du droit de vérolie. Et ce droit
n’est pas cité ailleurs pour les autres moulins dans la paroisse, ce qui ne
veut pas dire là encore qu’il n’a pas existé pour certains. Il trouve sa source
au Moyen Âge avec la création du système féodal et a dû probablement
s’appliquer pour les moulins de Linières et disparaître avec eux dans cette
seigneurie. Mais avant que la Révolution de 1789 n’y mette fin, ce droit
s’était bien évanoui dans les pratiques pour la période observée à Saint-André.
À la Boutinière, à la Bourolière et aux Landes du Pin, on observe que la
propriété des moulins avait été concédée par les seigneurs à des particuliers
sans mention du droit de vérolie, ceux-ci exerçant leur activité comme
n’importe qu’elle autre activité artisanale. Néanmoins certaines métairies
dépendant du château de la Rabatelière et proches des moulins du château
avaient l’obligation d’y faire moudre leurs grains (18e et 19e
siècles). Mais cela résultait d’une clause contractuelle des baux et non
d’un droit féodal, même si cela revient au même. Ce dernier
droit se rencontre néanmoins dans des tènements dépendants de la Rabatelière
comme à la Landouinière de Chauché en 1745 (14). Avec des tout petits fiefs, le
monopole créé par ce droit seigneurial perdait de son impact. On peut résumer
la banalité seigneuriale des moulins de Saint-André à la veille de la
Révolution en disant que sur les près de 11 moulins en fonctionnement alors, 1
seul appartenait à un seigneur (Boutarlière), 8 à des meuniers et 2 à des
propriétaires inconnus. Et le droit de vérolie s’appliquait pour 3 d’entre eux
au moins, et sans doute guère plus.
Avant la Révolution il fallait l’autorisation du
seigneur du fief de construire un moulin, moyennant une redevance annuelle très
faible (cens) et une redevance importante à chaque mutation de biens (rachat ou
lods et vente). C’est
la terre qui à l’origine faisait le droit de l’eau (pour réglementer
son usage par le seigneur) et le droit de bâtir (sur une terre seulement
concédée). S’est ajoutée ensuite’ajoutait l’autorisation de l’administration des Eaux et
Forêts, exerçant la police de l’eau « dans l’intérêt du roi et du public »,
disait-on dans une ordonnance en 1716 de la maîtrise des Eaux et Forêts de
Fontenay-le-Comte, compétente à Saint-André (15). La même administration
continua sa mission après la Révolution.
Les
propriétaires et périodes d’activité des moulins
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Le ruisseau de la Fontaine de la Haute
Gandouinière à la sortie de l’étang de Linières
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Sur les
moulins de Linières on ne dispose pas d’information mais il paraît très
probable, à cause de la période concernée, que le seigneur des lieux est resté
propriétaire des moulins, avec exercice du droit de vérolie. Le moulin à eau n’existait plus en 1675 et l’étang
lui-même était envasé au 18e siècle.
À
cette date le moulin à vent était mentionné encore, mais en 1796 il
était en ruine et en 1838 le cadastre le mentionne sans les maisons qui s’y
trouvaient auparavant avec leurs voies d’accès et cours attenantes. On ignore
l’époque de l’arrêt de son activité. A-t-il été victime des destructions lors
de la guerre de Vendée ? Rien ne permet de l’affirmer, non plus que pour
aucun autre moulin sur la paroisse. Au vu du nombre de maisons incendiées dans
la commune ce serait probable s’il était encore en activité à cette époque.
Mais faute de document à cet effet on ne peut rien affirmer sur ce point.
Les deux moulins à vent et à eau du Peux. Alexandre
Laheu, seigneur du Coin et du Peux, les a créés avec droit de vérolie au milieu
du 17e siècle. Il les vendit en 1723 à un meunier, André Maindron. Ce
fut en contrepartie d’une rente perpétuelle et annuelle de 45 livres et d’un
gâteau de farine par an. Ce gâteau paraît être un usage chez les meuniers, car
on le rencontre aussi accompagnant une rente sur un moulin de la Bourolière, où
dans un acte de 1784 il est estimé valoir en argent 3 livres. On n’a pas la recette de ce gâteau, et rien
ne dit qu’il était l’ancêtre de la fameuse brioche vendéenne. Les
petits-enfants d’André Maindron vendront leurs parts dans ces moulins du Peux
en 1782 à leur frère André. On suppose que le droit de verolie faisait partie
de la vente, mais ne pouvant s’appliquer que sur les villages du Coin et du
Peux à Saint-André, et quelques autres à Chavagnes, dont la Burnière. Il
obligeait les habitants de ces villages à faire moudre leurs grains au moulin
du seigneur. La rente fut rachetée en 1803 par André Maindron pour 650 F. L’arrentement
avait déjà transféré la propriété des moulins aux Maindron, mais c’était une
propriété obérée par une dette qu’il fallait racheter pour s’en libérer.
Le propriétaire du moulin à vent des landes de
la Mancellière était en 1676 le seigneur des lieux, c’est-à-dire le
châtelain de la Rabatelière. On le constate dans un bail de cette année-là, où
il est loué pour 45 livres par an à deux meuniers : Jacques Roger, de la
Morinière (Chavagnes), et Maurice Maindron, de la Boninière (Saint-André). Dans
cette période les revenus de la seigneurie de la Rabatelière étaient en majeure
partie saisis par un tribunal, et beaucoup de bâtiments dans les métairies au
début du 18e siècle, le château lui-même, étaient en mauvais état, menaçant ruine. Dans les comptes des régisseurs à partir de 1730 le
moulin de la Mancellière n’apparaît pas, alors que le châtelain de la
Rabatelière possédait deux moulins à eau
et à vent à proximité de son château, qu’ils louaient au meunier Pierre Suire
en 1759 pour 110 livres par an (16). Il louait aussi les moulins de Thorigny proches
aux meuniers Rochelet. La disparition du moulin de la Mancellière est avérée
dans le cadastre de 1838, mais remonte à la
fin du 17e siècle. En 1700 il ne restait que la tonnelle (17).
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Le ruisseau du Vendenneau à la Maigrière
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Un moulin à eau de la Maigrière appartenait
à la famille Papin de Saint-Fulgent en 1664. On ne connaît pas les propriétaires des moulins
à vent. Mais ce ne furent pas les familles de Vaugiraud et Moreau,
appartenant à la noblesse et à la riche bourgeoisie. Leurs propriétés à la
Maigrière sont connues et ne comprennent pas de moulins. Elles comprennent un pressoir, mais dont le
régime n’est pas indiqué. En revanche on les voit posséder des droits sur les
moulins de la Bourolière.
Le Grand moulin à vent de la Bourolière a été
construit vers 1570 par Mathieu Fonteneau, qui a racheté le droit de rachat
(droit de mutation d’un bien noble) au seigneur de Languiller. Ce dernier a
vendu ses autres droits seigneuriaux dans le tènement et sur les moulins à
d’autres personnes. Au passage on relève qu’un moulin pouvait être classé noble
ou roturier comme un autre bien foncier, ce qui entraînait un régime
différent de redevances seigneuriales. Jacques Moreau, bourgeois habitant le
bourg de Saint-André, paraît posséder un peu avant 1644 ce Grand moulin.
Ensuite on ignore les transactions dont il a fait l’objet, mais en 1692
l’héritier de Jacques Moreau, de Vaugiraud de Bazoges-en-Paillers, possédait
une rente de 10 livres par an sur lui et le Petit moulin à côté, ce qui veut
dire que les moulins appartenaient à quelqu’un d’autre. En 1732, les droits sur les deux moulins de la
Bourolière, étaient affermés par de Vaugiraud moyennant soixante livres par an,
ramenées à cinquante en 1740, avec une rente diminuant son revenu cette année-là
à trente-sept livres. La nature de ces droits n’est pas précisée. En
1740, le Grand Moulin était possédé pour une moitié par André Fonteneau,
farinier demeurant dans une maison attenante. L’autre moitié du moulin
appartenait à Jean Robin, laboureur, et à sa femme Renée Brillouet, demeurant
à la Bergeonnière. Le Grand moulin périclita ensuite et tomba en ruines. La
succession de Vaugiraud l’arrenta en 1765 à Charles Auguste de Tinguy, seigneur
de Vanzais demeurant à la Basse Clavelière (Saint-Fulgent). Le prix en était
une petite rente de 4 livres par an à hauteur du peu de valeur du bien, mais il
était prévu que l’acquéreur ferait faire les réparations nécessaires. Par cet acte on comprend
que le moulin supporte une nouvelle rente pour financer sa réparation, mais au
prix de l’arrivée d’un nouveau créancier. En 1782 les héritiers de Tinguy
vendirent leurs rentes à leur voisin meunier nommé Jean Badreau. La vente
concerna deux rentes : une ancienne de 20 livres due au chevalier de
Vaugiraud, et une nouvelle de 18 livres rendable chez les de Tinguy. André Fonteneau est
toujours le propriétaire en titre du moulin, mais avec ces dettes importantes.
Le Petit Moulin à vent de la Bourolière
fut acquis en 1721 par Jacques Maindron, meunier à la Clavelière, à André
Auneau, moyennant la poursuite du paiement d’une rente foncière aux de
Vaugiraud. Par mariage, le Petit moulin devint la propriété de Jean Badreau,
qui racheta aux de Vaugiraud leur rente sur le moulin. Sa fille unique épousa en
1785 Clément Grolleau, un des fils du meunier de la Boutinière. Ce gendre était
propriétaire des deux moulins à vent de la Bourolière au sortir de la
Révolution. Avec les rentes déjà possédées par son beau-père, il n’eut sans
doute pas à faire beaucoup d’efforts financiers pour cela. On ne saura
probablement jamais comment il procéda, puisque c’était l’époque de la Guerre
de Vendée, aussi destructrice pour les archives. Le fils de Clément Grolleau et de Jeanne
Badreau, Jacques Antoine Polycarpe Grolleau, fit prospérer les moulins de la
Haute Clavelière et de la Bourolière. Par mariages, les deux moulins de la
Bourolière échurent au 20e siècle à Madeleine Soulard, épouse de Charles
Audureau, marchand de grains à Saint-André. Le Grand moulin fut
peut-être le dernier de la commune à tourner, car sa propriétaire le remit en
marche momentanément lors de la première guerre mondiale.
Cette
histoire des moulins de la Bourolière a fait intervenir de riches propriétaires
de la bourgeoisie et de la noblesse à titre de possesseurs d’une partie des
redevances seigneuriales et de rentes foncières. Dans ce dernier rôle ils ont
prêté de l’argent dans les formes de crédit en usage à l’époque, les rentes
foncières. Mais les propriétaires sont restés des meuniers du début à la fin.
Le moulin aux draps de la Boutinière, qui
apparaît dans la documentation en 1675, appartient à un nommé Grolleau. On a pu
reconstituer la généalogie de cette famille de meuniers de la Boutinière à
partir du milieu du 18
e siècle, avec un testament en 1765 de Jeanne
Grolleau, fille de Clément Grolleau et Perrine Coutand.
Voir à
leur sujet l’article publié sur ce site en octobre 2015 : La Chevaleraye et la Javelière. Le moulin Soulard est
intéressant à cause de sa jeunesse. Construit par un nommé Soulard en 1860/1870,
il fut démoli au début du 20
e siècle par Eugène Boisson (né en
1911),
lequel l’avait fait tourner.
La famille Soulard, était la
famille maternelle d’Eugène Boisson. Aux meuniers Soulard avait succédé le
meunier Marché. N’oublions pas que la deuxième partie du 19
e
siècle fut une période d’un très important développement agricole avec la
modernisation des techniques, et la production céréalière s’était fortement
accrue.
Les moulins à vent de la Boutinière ont une
histoire connue plus ancienne. Le moulin turquois, appelé le moulin de Bordron,
appartenait en indivision à Maurice Beriau et Maurice Rabereul en 1595, ce
dernier meunier demeurant au Coudray. Comme toutes les propriétés immobilières,
la construction du moulin nécessitait une concession seigneuriale du sol, à la
Boutinière du seigneur des Bouchauds (Essarts). En contrepartie le seigneur
recevait un cens de 2
sols et 6 deniers et 2 chapons par année et avait droit de justice foncière et
droit de lods et ventes (droit de mutation sur des biens roturiers). En 1614
les propriétaires en indivision sont trois meuniers demeurant au Coudray :
Maurice Rabereul, Pierre Netraud et Pierre Ardouin.
L’autre
moulin à vent de la Boutinière appartenait en 1614 par moitié à Marguerite
Leray, veuve d’un Moreau sieur du Plessis, frère de Jacques Moreau sieur du
Coudray, une famille de riches bourgeois de Saint-André. L’autre moitié
appartenait à Denis Maignan. Peut-être ce dernier était-il meunier, louant la
partie ne lui appartenant pas. Ou bien les deux propriétaires louaient-ils le
moulin à un meunier pour son exploitation. Le bail était alors rédigé comme
celui d’une métairie, moyennant un loyer en argent généralement. On connait des
propriétaires près de 60 ans
plus tard. Dans une déclaration de 1671,
la moitié par indivis est possédée par Louis Payneau sieur de la Patissière,
auquel a succédé sa fille Catherine en 1698. Nous ne connaissons pas le
propriétaire de l’autre moitié. On suit l’histoire des deux moulins à
vent ensuite, sans pouvoir les distinguer, jusqu’au début du 19e
siècle avec la famille des meuniers propriétaires et exploitants, les Grolleau.
De nos jours des maisons ont été bâties sur leur motte, qu’on appelait jadis
des cernes.
Le moulin à vent Briand ou Dria ou Belair appartenait aux frères Garnaud
en 1766, de la famille des bourgeois qui ont été fermiers de la seigneurie de
la Boutarlière à cette époque. En 1797 le propriétaire est un habitant de
Vendrennes, Charles Marmin. C’est André Marmin qui habite au moulin en 1823.
Mais on sait qu’y habitait une autre famille de meuniers sans savoir si elle en
possédait une part. En 1804 et 1807 c’est Jean Janière, farinier, qui y
demeure avec son épouse, Françoise Charrieau. En 1827 Louis Coutaud, marié avec
Renée Boudaud y habite, avec François Coutaud, son frère, aussi farinier au
moulin de Belair.
Le moulin à vent des Gâst ou moulin des Landes, appelé le moulin
des Gaucher est cité en 1606 et 1654. Son possesseur paye un cens de 1 chapon
et 3 sols par an. Les Gaucher étaient des propriétaires demeurant à la
Brossière. Parmi eux, Jean Gaucher rend un aveu pour le fief de la Bequetière
près de la Brossière le 14 novembre 1607, à Languiller à cause de la seigneurie
des Bouchauds. En 1615 il rendait un autre aveu à Languiller pour le fief
Toillet situé aussi à la Brossière. Des membres de cette famille ont été
propriétaires à la Brossière au moins jusqu’en 1753. En 1701 le moulin est en
ruines, appelé alors le moulin des landes. En 1703 il est possédé par les sœurs
Gaucher, Perrine et Françoise, mariées respectivement à André Tetaud et Jean
Metereau.
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Un moulin turquois
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Le moulin à vent turquois de la Boutarlière était la propriété du seigneur des
lieux. Compte tenu de la petite étendue de la seigneurie, on doute que le droit
de vérolie, s’il a existé, ait pu suffire à fournir la clientèle suffisante
pour le faire tourner. On ignore l’époque de sa construction. Il semble
avoir disparu peu après la Révolution, car nous avons la mention en 1797 d’un
Pierre Beneteau meunier demeurant à la Boutarlière, très probablement
travaillant sur place (18). Et dans un acte de 1827 on voit que le moulin a été
démoli (19).
Pour
finir on notera que la disparition des moulins à Saint-André-Goule-d’Oie à la
fin du 19e siècle et tout début du 20e parait précoce par
rapport à d’autres régions. Ainsi en 1925 dans la Vienne il y avait
encore 186 moulins en activité (20). En 1801/1802 on dénombrait en France 82 300 moulins à eau et 15 800
moulins à vent. Le nombre total de moulins a diminué après : 50 000 en
1850, 29 688 en 1906 et 14 470 en 1931 (21).
Quelques
données techniques sur les moulins
Dans
les notes de l’abbé Boisson on relève, éparses, les informations suivantes
concernant les moulins de la Rabatelière. D’abord les meuniers distinguaient
les vents suivants :
-
Vent
de galerne : nord-ouest, subdivisé en haute galerne (plein nord) et basse
galerne.
-
Vent
d’ouest : vent de la marée.
-
Vent
de sud : vent de la soulaine, subdivisé en haute soulaine (soleil levant
ou est) et basse soulaine (sud sud-ouest).
Mais
l’abbé Boisson a écrit cette phrase qui incite à la prudence : « j’ai
interrogé 4 anciens meuniers de la Rabatelière : les 2 frères Herbeteau,
Célestin Rambaud et Joseph Boudaunet. Ils ne sont pas tout à fait d’accord. »
(22). On est tenté néanmoins de se référer à Henri Herbreteau qui
précisait :
-
Le
serein : brise du soir, « un bon vent sans à coup, utilisé chez nous
surtout au temps de la voile ».
-
Soulaine :
vent du sud « le meilleur, le plus régulier ».
- Marée :
ouest « mauvais à Bel-Air, contrarié par les bois du château ». À cet
égard il existait une coutume consacrée par les tribunaux emportant
l’interdiction de laisser pousser des arbres à moins de 200 mètres d’un moulin
à vent.
-
Galerne :
nord.
-
Bas :
sud-ouest.
Les
ailes des moulins à vent étaient munies de toiles, puis elles le furent par des
vergettes et planches en bois à partir de 1841 (invention Berton). Les vergettes étaient des tiges de fer partant
de la tête de l’arbre pour manœuvrer, il y en avait une pour chaque aile. Les
ailes en bois coûtaient plus cher aux meuniers, mais constituaient un net
progrès sur la voile pour les manœuvres. Le chapeau du moulin à tonnelle
supportant les ailes était manœuvré de l’extérieur par un « guide » (perche),
ou de l’intérieur à l’aide d’un « brassail » (chaîne) commandant dans
les deux cas une roue dentée graissée qui faisait coulisser le tout sur un
chemin de bois (souvent de cormier). L’attention nécessaire à la conduite du
moulin à vent en faisait un travail plus pénible que la conduite d’un moulin à
eau. Mais quand l’eau manquait, parfois dès le printemps, il fallait abandonner
ce dernier pour le moulin à vent. C’est au sujet de ce dernier qu’il faut
appliquer ce bout de chanson : « meunier tu dors, ton moulin va trop
vite ! ». Pour obtenir des ailes assez longues, les moulins à vent étaient
souvent construits sur une butte de terre ou un rocher, appelé avec ses
alentours un cerne. Mais pour les notaires de Saint-Fulgent chaque moulin à
vent avait son cerne, et ce mot désignait de manière générale pour eux le sol sur
lequel était construit le moulin avec ses abords immédiats.
Le
nettoyage des meules nécessitait d’abord de les lever avec un palan. Sa
fréquence dépendait de l’ail sauvage dont les graines restaient mélangées avec
les grains de céréales, et encrassaient les meules. La métallurgie moderne
apporta au 19e siècle des charrues en métal pouvant labourer
profond. Cela a permis d’enterrer les plantes adventices aux céréales appelées
« mauvaises herbes », et d’améliorer la qualité des grains. La
rotation normale des meules était de 60 à 70 tours par minute (100 à 120 dans
les coups de vent). On remplaça au 19e siècle les meules en pierre
par l’installation de cylindres (inventés en Autriche-Hongrie). Les meules furent conservées cependant avec
les cylindres, pour s’en servir jusqu’au bout pour moudre le blé noir
(sarrasin), dont les gens de nos contrées faisaient une consommation en hiver
sous forme de galettes de blé noir, comme cela se faisait à large échelle en
Bretagne.
Les
constructeurs de roues à aubes et autres machineries en bois des moulins (les moulanges) s’appelaient des amoulangeurs dans la contrée, pratiquant une
spécialité de charpentier. Dans les années 1760 le régisseur du château de la
Rabatelière payait les charpentiers 15 sols par jour. On est là sur un tarif
élevé d’artisan, mais l’amoulangeur était payé à 20 sols, voire 30 sols par
jour (23).
L’économie
des moulins.
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Pain de seigle
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Dans notre époque observée à partir du 17e
siècle, les grains étaient portés par les chefs de famille au meunier pour
faire de la farine, ou bien le meunier passait chercher dans les fermes les
grains et livrer la mouture. Le pain de pur froment était très rare à cette
époque. Il était plutôt composé de mouture avec une grande variété de
grains : froment, seigle, avoine dans des proportions adaptées aux revenus
des consommateurs. À l’aire du « progrès » au cours du 19e
siècle le froment s’imposa dans la fabrication du pain. Le seigle fait un
timide retour de nos jours dans les boulangeries, aidé par sa qualité nutritive
meilleure (plus riche en protéine). Mais il eut longtemps la réputation d’un
pain des pauvres.
Au 16e siècle les meuniers sont de
modestes personnages, louant leurs moulins à des prix peu élevés (24). La
coutume du Poitou fixa le salaire du meunier au 16e siècle. Pour un
boisseau de froment mesuré à ras (les grains affleurant les bords du boisseau),
le meunier devait rendre un boisseau de farine mesuré comble (le
cône de farine au-dessus des bords contenait autant de matière sèche que
possible). Son salaire était de 8 sols 7 deniers pour un setier de froment
(16 boisseaux). Ou parfois le meunier gardait une partie du grain pour se payer.
Le seigneur de Saint-Fulgent fixait à 1/16e le droit de mouture perçu
par lui ou ses fermiers (25). À la
Landouinière de Chauché le seigneur de la Rabatelière prélevait en 1639 1/12
pour le droit de vérolie (26). On ne connaît pas les quantums en vigueur à
Saint-André. Dans
son livre sur les moulins de Vendée, Élie Durel indique que les meuniers se
payaient au dixième. Ils « craulaient ». « Sur une rasière, soit
80 kg, le client retrouvait 51 kg de farine et 21 kg de son, 8 kg de farine servaient
à payer le meunier » (27).
Les
moulins à vent pouvaient moudre de 14 à 20 hectolitres de grains par jour dans
de bonnes conditions de vent. Selon l’auteur, le meunier apportait la mouture
non tamisée à son propriétaire dans de grandes pochées longues d’environ 1,50 m
et peu larges, fabriquées en toile de lin. Il repartait avec les mêmes pochées
remplies de grains à moudre (28). Au fil du temps et dès le milieu du 18e
siècle ce métier de meunier a permis de s’enrichir. À voir l’histoire des
Grolleau de la Boutinière et ceux de la Clavelière, on voit ses membres se
marier avec des artisans et agriculteurs aisés. On les voit aussi faire crédit
à des agriculteurs en difficultés, et finir parfois par s’approprier les biens
hypothéqués de ces derniers.
On a
du mal à connaître la valeur d’un moulin et son rapport. Le prix des fermes
tenait compte des terres et maisons attenantes au moulin lui-même et louées en
même temps. On a vu pour cela les prix varier dans des proportions
considérables. Néanmoins le bail de 5 ans du moulin des Landes de la
Mancellière en 1676 ne concernait, outre le moulin, qu’une ouche de 3
boisselées, et on est donc proche avec lui de la location du seul outil de
travail. La ferme se montait à 45 livres par an et ne paraît pas grevée de
rentes ou autres charges significatives (29). Ce montant est à l’époque celui
d’un prix de ferme d’une borderie de quelques hectares.
Pour
une autre approche on a un devis de réparation du moulin à seigle installé sur
le ruisseau de la Grande Maine, à la Pesotière de Saint-Fulgent en 1754, qui monte
à 683 livres, hors les bâtiments où il est installé. Il est difficile
d’apprécier sa valeur à neuf mais on est tenté d’arrondir à 1 000 livres
pour cela, à cause de l’importance des réparations envisagées qui sont décrites
au devis (30). On a une valeur de cet ordre en 1659 avec le moulin à vent du
château de la Rabatelière, dégarni de moulanges, qui fut estimé à 350 livres
comme bien noble et 310 livres comme bien roturier (31).
La
rentabilité des moulins variait de l’un à l’autre. Le régisseur de la
Rabatelière eut cette réflexion en 1730 sur un moulin à Champ-Saint-Père :
« les moulins ne conviennent qu’à ceux qui les font tourner, et non
à un propriétaire à qui ils coûtent plus qu’ils ne valent » (32). En
revanche le même régisseur avait conseillé quelques années plus tôt au
châtelain de la Rabatelière, seigneur du bourg de Chavagnes-en-Paillers :
« Pour Chavagnes je vous conseille de faire construire un four à ban qui
devrait produire au moins 75 livres de revenus » (33). S’agissant d’un bourg important, le
chiffre d’affaires escompté devait permettre apparemment d’envisager un bénéfice
intéressant. Mais il nous faudrait des comptes pour comparer le prix pratiqué par
un moulin banal dans la contrée avec celui des moulins sans monopole.
Il
ne reste plus de moulins à eau à Saint-André. Depuis le début des
années 2000 la réglementation donne la priorité aux poissons dans les cours d’eau.
Alors, les propriétaires de moulins à eau doivent installer une déviation ou
une échelle à poissons. Les frais importants qui en résultent découragerons les
propriétaires les moins fortunés.
(1) M. Chamard, La Vendée pour les nuls, First Édition,
2014, page 41.
(2) Myriam
Provence, Retrouver ses ancêtres meuniers et leurs moulins, Archives
& Culture, 2021, page 7.
(5) Note no 4 sur le bourg à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guery : S-A 3.
(6)
Inventaire après-décès en 1666
du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée,
chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 144.
(7) Note no 17 sur la Brossière et ses fiefs attenants à Saint-André-Goule-d'Oie aux 15e et 16e sdièclres,
Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4.
(8) Témoignage de Jean Thomas sur le moulin à eau
du Gué à Sainte-Cécile.
(9) Idem (2), page 10.
(10) Déclaration roturière du 7-6-1606 de Toussaint Menanteau
à Languiller pour la Chevaleraye à cause du Coin Foucaud, Archives de Vendée,
chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 58.
(11) Déclaration roturière du 4-11-1658 des teneurs
du bourg de la Chapelle et de la Barotière, ibidem : 150 J/C 77, page 5.
(13) Vente du 29-1-1790 d’une portion des moulins à
eau et à vent de la Chapelle Begouin par Piveteau à Dabreteau, Archives de
Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13.
(14) Déclaration roturière du
2-12-1745 de Jacques Mandin pour la Landouinière (Chauché), Archives de la
Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 24.
(15) Interdiction
du 18-9-1716 de détournement des eaux des rivières, Archives de Vendée,
maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1287.
(16) Livre
des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, ibidem :
150 J/K 6, page 90.
(17) Note no 28 sur la Mancellière
à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(18) Lieux-dits de Chauché, Archives du diocèse de
Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 29-2.
(19) La Boutarlière, fonds Lagniau, Archives de
Vendée : 250 J 59, page 12.
(20) Paul Raveau, Essai sur la situation économique et l’état social en Poitou au 16e
siècle, Librairie des sciences politiques et sociales, Paris, 1931, page 68 [Archives de Vendée : L 14, en
salle de lecture].
(21) Idem (2), page 59.
(22)
Les moulins à la Rabatelière, fonds de l’abbé boisson, Archives du
diocèse de Luçon : 7 Z 61.
(23) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767)
et titres de propriété, ibidem : 150 J/K 6.
(24) Idem (20), page 56.
(25)
Aveu du 23-6-1774 de
Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit
par Paul Boisson, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13.
(26) Déclaration roturière
du 20-5-1639 de 8 teneurs à Languiller pour la Landouinière (Chauché), Archives
de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 24.
(27) E. Durel, Les
moulins de Vendée, Geste Éditions, 2016, page 10.
(28) Augustin Herault, Les « gas » du bocage vendéen de 1760 à 1960, Hérault, Maulévrier, (1977), pages 30 et 246.
(29) Ferme du 25-7-1676 du moulin à vent de la
Mancellière avec quittances, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière,
ibidem : 150 J/G 48.
(30) Estimation des travaux du 17-6-1754 sur les
moulins de la Pesotière (Saint-Fulgent), Archives de Vendée, notaires de
Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/114.
(31) Arpentements et estimations en octobre 1659 du
château de la Rabatelière et autres terres jointes, ibidem : 150 J/A 13-4.
(32) Lettre du 29-4-1730 de Bousseau à M.
Montaudouin sur le moulin de Montorgueil, Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière, ibidem : 150 J/F 7.
(33) Lettre du 20-8-1727 de Bousseau à M.
Montaudouin sur les affaires en cours, Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière, ibidem : 150 J/F 7.
Emmanuel François, tous droits réservés
Octobre 2019, complété en janvier 2023
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