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Les archives de la seigneurie de Linières ont été sauvegardées par la marquise de Lespinay au moment de la démolition du château en 1912. Elles ont été entreposées dans son château de la Mouhée (Chantonnay). L’historien Guy de Raignac les a consultées et il a publié une généalogie de ses possesseurs depuis son origine documentée. Malheureusement, ces archives ont été détruites avec le donjon du château qui les abritait lors d’une tornade en 1972. À partir de la liste de ses possesseurs, on peut cependant se documenter sur chacun d’eux dans les travaux des généalogistes et des historiens. On y accède désormais par internet, et les moteurs de recherche nous les font découvrir. De plus, les travaux des deux chercheurs locaux à la fin du 20e siècle : Amblard de Guerry (Chavagnes-en-Paillers) et Paul Boisson (Rabatelière), et ce qui reste du chartrier de la Rabatelière, enrichissent nos connaissances. En final, et malgré l’absence des archives de Linières, un récit sur ses possesseurs est devenu possible, même partiel. Il reste que des habitants, métayers, journaliers, domestiques, artisans, voire officiers et régisseurs, nous ne savons rien dans toute la période de l’Ancien Régime. Dans l’histoire du bourg de Saint-André, et dans celle du fief de la Boutarlière, on découvre les seigneurs de Linières au 14e siècle. Pour cela on peut voir les deux articles publiés sur ces sujets, le premier en octobre 2018 : Sept siècles d’Histoire du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, et le deuxième en décembre 2018 : Les seigneurs de la Boutarlière et leurs descendants. Nous proposons la suite : Les seigneurs de Linières aux 15e et 16e siècles.
Château de Linières (1890) |
- Jeanne, qui épouse vers 1405 Georges de la Forêt, seigneur de Beaurepaire.
- Marguerite, qui épouse Simon de Baro, seigneur de Tournehon (Pas de Calais).
- Jacquette, qui épouse vers 1420 Pierre Fradin, écuyer seigneur de Bessé et du Fraisne. Il fut échevin en 1430 et maire de Saint-Jean-d’Angély de 1434 à 1453 (4).
Antoine Ier
Foucher (v1390-v1471)
Il
est chevalier, seigneur de Thenies et de Linières, de Saint-Mars, de la
Chevalerie et de Saint-Porchaire en 1413. Vers 1405 son père lui a donné
Linières et le fief de Saint-André-Goule-d’Oie en dépendant, ce dernier
comprenant le bourg de la paroisse et des terres autour. À cette date il en
rend un aveu au seigneur du Coin Foucaud, Jean de Sainte-Flaive (5), lequel
deviendra seigneur de Languiller en 1414. Cet aveu marque la fin des bouleversements
qui se sont opérés à Saint-André dans la 2e partie du 14e
siècle dans l’organisation féodale. Le refroidissement climatique brutal
au début du 14e siècle, le déclenchement de la guerre de Cent ans en
1337 et de la guerre de succession au duché de Bretagne en 1341, l’épidémie de
la peste noire en 1348, provoquèrent ensemble une forte mortalité et un
appauvrissement général.
Le
roi de France, ayant confisqué la baronnie de Montaigu, remercia le baron des
Essarts pour sa fidélité et ses services en lui cédant la mouvance qu’elle
avait sur Saint-André, Chauché et d’autres paroisses des environs. Par
ailleurs, le seigneur de Linières qui n’avait qu’une partie du fief de
Saint-André, en devint le seigneur en totalité sous la dépendance de la
seigneurie du Coin. Cette dernière récupéra aussi les domaines de la seigneurie
de la Dibaudelière (située près de la Machicolière) après la disparition de ses
seigneurs, et les transforma en terres roturières. Les seigneurs du Coin
disparurent aussi à leur tour, leur château tombant en ruines. Leur seigneurie
devint une annexe de celle de Languiller. Et pour peupler à nouveau le bourg
presque abandonné, le seigneur de Linières attira des habitants en les
exonérant du droit de terrage, ne gardant que de faibles redevances
seigneuriales, et concéda le tout à des roturiers. Il créa une métairie dans le
fief du bourg, par rassemblement des tenures existantes, comprise dans la
concession de fief. Lui-même tenait ce fief du Coin par foi et hommage plain, avec
un abonnement de quarante sols par an pour tout droit de rachat.
Antoine
Foucher participa aux combats de la guerre de Cent Ans. Il eut la chance
d’échapper au massacre des nombreux chevaliers français à Azincourt. Par un
acte du 27 septembre 1420, on voit qu'il avait été fait prisonnier, et que le
prix de sa rançon fut fixé à 600 écus d'or, une somme très importante (6).
Il
épousa en 1417 Marguerite de Chateaubriand, fille de Briant de Chateaubriand et
de Marguerite de Partenay. Elle avait pour frère Jean de Chateaubriand,
seigneur des Roches-Baritaud, et pour sœur Isabeau de Chateaubriand, femme de
Guy du Puy-du-Fou. Ils eurent :
-
François
Foucher seigneur de Thenies. Il est aussi qualifié de seigneur de Linières en
1480 à l’Assise de Languiller et du Coin Foucaud (7). Il mourut célibataire,
peut-être l’année d’après.
-
Jeanne
Foucher, mariée vers 1420 à Jamet de la Ville qui combattit les Anglais sous
les ordres du connétable de Richemont.
-
Guillemette
Foucher, mariée à Maurice d’Escoubleau, seigneur de Sourdis (Gaubretière).
Antoine
Foucher se remaria vers 1443 avec Gillette Rouault, de la
famille de l'illustre maréchal de France, Rouault de Gamaches, fille de Miles
de Rouault et d'Isabeau de Beaumont-Bressuire. De ce mariage naquit :
-
Louis
Foucher qui suit.
-
Françoise
Foucher, mariée à Guillaume de Chergé.
-
Marie
Foucher, mariée à Pierre Tignon, seigneur de Marchais-Renaud (Maine-et-Loire),
chevalier de l’ordre du roi.
Louis
Foucher (v1445-?)
Il
épousa Gilette de la Porte de Vezins en 1465, fille de Hardi de la Porte, baron de Vezins
(Maine-et-Loire), et de Marguerite de la Jaille (8). Louis Foucher fut présent à l’arrière-ban du Poitou en 1465
convoqué par lettre du roi Louis XI pour aller se battre en Bretagne contre le
duc (9). Les ducs de Bourgogne et de Bretagne, avec le soutien du frère du roi,
s’impliquèrent dans une révolte de la haute noblesse contre l’autorité du roi
qu’ils jugeaient trop envahissante, « pour le bien public »,
disaient-ils. On l’appela d’ailleurs la ligue du bien public. Louis Foucher
servit aussi comme archer au ban du Poitou du 12 décembre 1485 sous le roi
Charles VIII. L’archer désignait à cette époque un cavalier légèrement armé. Ces
combats sporadiques ne touchèrent pas les habitants du Poitou. Ils
connaissaient la paix depuis la fin de la guerre de Cent Ans, officiellement en
1453. Et au temps de Louis Foucher, le Bas-Poitou commença à se repeupler,
entraînant plus tard des défrichements de terre. On peut supposer que le bourg
de Saint-André avait retrouvé à son époque son animation et effacé la plupart
de ses ruines.
Dans le domaine de sa vie privée on
relève qu’il passa une transaction, en 1476, avec Jacques de Beaumont, son
oncle maternel, chambellan du roi et grand sénéchal du Poitou (10). En 1489 il
passa une autre transaction avec le curé de Saint-Germain-de-Prinçay,
reconnaissant que les seigneurs de Thenies lui devaient 47 sols de rente annuelle
pour une messe chantée tous les lundis (11).
Vieux coutumier du Poitou Médiathèque Pierre-Moinot (Niort) |
Les enfants de Louis Foucher furent :
- Antoine Foucher qui suit.
- Germain Foucher seigneur de Thénies, la Baritaudière et Saint-Porchaire. Il vivait en 1515 et mourut célibataire.
- Jacquette Foucher, mariée à Louis de Vernon, seigneur de Montreuil-Bonnin (à l’ouest de Poitiers) et Chausseraie (Deux-Sèvres).
Antoine II
Foucher (v1470-1515)
Il
fut seigneur de Thénies, de Saint-Porchaire et la Péraudière.
Par transaction
passée le 25 juillet 1503 entre Antoine Foucher, faisant pour Marie de la Porte
de Vezins, sa mère, et François de la Porte, Jean de la Porte céda à Antoine
Foucher la terre et dépendances de Saint-Porchaire (Charente-Maritime) (14). La
Péraudière était un fief mouvant du comté de Civray, situé dans la commune de
Montjean (Charente).
Antoine II Foucher servit pour son père au ban du Bas-Poitou
en 1488 comme homme d’armes du seigneur de Bressuire (15). Ce fut le prélude à
la « Guerre folle », provoquée par le duc de Bretagne, profitant de
la faiblesse supposée du jeune roi Charles VIII (13 ans) et de la régente, sa
sœur, Anne de Beaujeu. Louis II de la Tremoïlle, vicomte de Thouars et baron de
Montaigu (entre autres), commandait l’armée royale et écrasa en juillet 1488
l’armée des princes à Saint-Aubin-des-Cormiers (Ille-et-Vilaine). Au traité de
Sablé qui suivit, le vieux duc François II de Bretagne accepta de rendre
hommage de ses États au roi de France. Sa fille, Anne de Bretagne, finit par
accepter en 1491 de se marier avec le roi de France, après la défaite de ses
troupes à Nantes et à Rennes.
Après la condamnation par le parlement
de Toulouse en 1506 du gouverneur d’Amboise, Pierre de Rohan, accusé de crime
de lèse-majesté, le roi Louis XII nomma Antoine Foucher pour le remplacer. Ce
poste de confiance marque sa proximité avec la cour. Il fut aussi reçu
chevalier de l’ordre du roi (15). C’était une distinction de l’ordre de
Saint-Michel, ancêtre de la légion d’honneur. Elle reconnaissait une carrière
militaire brillante pour laquelle nous manquons de documentation. Dans le
principe, cet ordre ne se donnait que pour de grands services, et le nombre des
chevaliers ne devait pas excéder trente-six.
Son beau mariage en 1509 avec Françoise
de Marconnay, demoiselle d’honneur de Louise de Savoie, marqua lui aussi la
reconnaissance que lui portait la famille royale. Louise de Savoie était
cousine du roi Louis XII, et mère de son successeur, François Ier. Françoise de
Marconnay était la fille de Pierre
de Marconnay, écuyer et seigneur de Marconnay (Sanxay dans la Vienne), maître
d’hôtel du roi, et de Prégente du Bois de Fienne, dame de la
Barbelinière (Thuré dans la Vienne). Le couple eut deux filles : Françoise
et Claude, qui devinrent orphelines jeunes. Antoine Foucher est mort le 14 août
1515 et sa femme le suivit dans la tombe le 16 Juillet 1519. Le roi François
Ier prit leurs enfants en charge et ils furent élevées à la cour. Il avait eu
une relation amoureuse avec une demoiselle de Polignac, demoiselle d’honneur de
sa mère, au temps de sa jeunesse à Amboise, mais il ne semble pas que Françoise
de Marconnay eut à subir son comportement de conquête.
Françoise et Claude devinrent filles
d’honneur d’Éléonore de Hasbourg, veuve du roi du Portugal et sœur de Charles
Quint, qui avait épousé en 1530 François Ier, lui-même veuf de Claude de
France. À partir de 1528, ce dernier avait installé sa cour au Louvre à Paris
où vivaient les demoiselles Foucher.
René
de Pierres
Il
épousa en 1530 Claude Foucher. Il était
chevalier seigneur du Plessis-Baudoin (Chemillé en Anjou) et de la Plaisse
(Anjou), gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, et fut nommé gouverneur
des villes et château d’Angers. Dans le contrat de mariage la reine voulut être
nommée tutrice honoraire de Claude Foucher (15). La dot de la mariée comprenait
les deux petites seigneuries de Thenies et de Linières.
René de Pierres
offrit aux Assises de Languiller en 1533 sa foi et hommage, par Richard Jeulin
son procureur, « pour raison de son hôtel de la Drouelinière », ce
fief ayant été saisi pour hommage non fait (16). Or ce fief était mouvant des
Essarts. C’est donc une erreur dans l’écriture du texte du jugement, alors
qu’il s’agit bien du fief de Saint-André comme on le verra dans les poursuites
en 1537 de manière explicite. Il faut dire que le chef d’hommage du fief de
Saint-André, situé sur son territoire, était constitué par la possession d’une
moitié d’étang et deux moulins faisant partie du domaine de Linières. La
situation était donc ambiguë. Le nouveau seigneur de Languiller à qui il
fallait offrir l’hommage, était Claude de Belleville. Il avait succédé à
son père Jean IV de Belleville. Le suzerain et le vassal ne vivaient pas sur
place. Leurs droits étaient gérés par leurs officiers, apparemment dans l’à peu
près de l’écriture ici.
Devenu veuf, René
de Pierres entra dans les ordres et devint aumônier de la reine. Il mourut en
1591. Il avait eu un enfant : René ou Guy de Pierres, né vers 1540.
Joachim de La Châtre (v1496-1546)
Hôtel de ville de La Châtre (Indre) |
Le nouveau
seigneur de Linières est poursuivi en 1537 pour un motif supplémentaire :
foi et hommage non fait, « qu’il doit à cause des moulins et autres choses
de la Drouelinnière » (18). Cette fois-ci le chef d’hommage est désigné
sans erreur. Le
fief de Saint-André étant saisi, le nouveau seigneur continuant d’en toucher
les fruits comme son beau-frère avant lui, la cour lui réclame de les
restituer. Avant la fin des Assises, Joachim de La Châtre fut reçu sous réserve
en son offre de foi et hommage plain faite par Jacques Messianne, en vertu
d’une procuration spéciale à son profit, signée le 14 octobre 1537 et passée
sous la cour de Bourges, « pour raison des moulins et de la moitié d’étang
dudit lieu de la Drouelinière », et à cause du Coin Foucaud. Il est alors qualifié de « chevalier
seigneur de la Nancay, la Bantandière et de la Drouelinière, capitaine de la
garde du corps du roi ».
Joachim de La Châtre recommencera
son offre de foi et hommage en 1539, probablement à la demande du procureur
fiscal de Languiller. Et le chef d’hommage est plus précis : « pour
raison des deux moulins, l’un à vent et l’autre à eau et moitié de l’étang
dudit lieu de la Drouelinière ». Il avait
délégué un nouveau procureur, Jean de Pochon, seigneur de l’Ansonnière
(Essarts) dans une procuration passée sous la cour de la châtellenie de Nancay
(Cher). À la suite, et en vertu de la même procuration, Jean Pochon rendit
l’aveu par écrit (19).
Les Assises de Languiller citèrent
à nouveau Joachim de La Châtre à venir faire sa foi et hommage en 1541 « à
cause des moulins » (20). C’était obligatoire après que Charles de Coucys,
mari de Suzanne de Belleville, soit devenu seigneur, au moins en partie, de
Languiller. Faute de l’avoir fait, la cour saisit l’année d’après en 1542 les
moulins à eau et à vent (21). En 1546 le procureur du seigneur de Linières
signa une attestation d’avoir fait la foi et hommage à Languiller pour le fief
de Saint-André, où il reproduit le texte de sa procuration datée vers 1544
(22). Pendant ce temps, Renée de Pierres continuait d’être poursuivi pour non-respect
de ses devoirs au temps de sa possession de Linières : faire son aveu et
restituer les revenus du fief.
Pour exécuter la saisie du fief
de Saint-André, la cour nomma un commissaire aux saisies, André Rochereau, qui
afferma les revenus du fief aux enchères. Pour cela il fit citer le seigneur de
Linières et celui de la Boutarlière. Ce dernier, François de la Muce, avait
épousé Louise Bonnevin, veuve de Léon Gazeau. Elle était propriétaire du fief
de Saint-André depuis peu. En février 1542, des affiches annonçant l’enchère du
fermage furent apposées à la porte du logis de Linières en même temps que sur
celle du logis de la Boutarlière (23). Cette saisie a été confirmée en 1544 et
1545.
Les registres des Assises ont disparu
des archives accessibles ensuite de 1546 à 1571, nous privant des suites des
procédures. Et ceux qui suivent à partir de 1571 n’évoquent pas le seigneur de Linières
avant l’année 1648.
Joachim de La Châtre et Françoise Foucher eurent 5 enfants :
- Gaspard qui suit.
- Balthasar, seigneur de Besigny.
- Jeanne, mariée avec Guy d'Auxy, seigneur de Houdan.
- Marie Jeanne, mariée avec François de Villeprouvée.
- Melchiote, mariée avec Pierre du Pé, seigneur de Tannere.
Joachim de la
Châtre donna procuration à Jean de Pochon pour faire sa foi et hommage à la
baronnie des Essarts, le 10 juin 1540, pour les terres de la Pinetière (27).
Situées au lieu actuel du hameau du Doué à la sortie du bourg de
Saint-André-Goule-d’Oie sur la route des Essarts, elles contenaient quatre septerées
(environ huit hectares) de terres et deux journaux de pré (environ un hectare).
Voir à ce sujet notre article publié sur ce site en janvier 2015 : Les fiefs de Saint-André-Goule-d’Oie et de la Pinetière en 1550 et 1540.
Joachim de La Châtre est mort en
1546. Françoise Foucher, dame de Saint-Porchaire en Charente-Maritime, reçut en
1550 un hommage de Jacques Barro pour la Guionnière (paroisse de Saint-Porchaire),
et en 1566 un aveu et dénombrement (28).
Gaspard de La Châtre (v1539-1576)
Il avait 7 ans à la mort de son
père et le roi Henri II en fit, avec son frère Balthazar, un enfant d’honneur
auprès du dauphin (futur François II) pour être élevé à la cour. En 1523 on
comptait une vingtaine d’enfants d’honneurs (29), et sans doute un nombre
proche vingt ans plus tard. L’emploi de capitaine des
gardes du corps du roi, lui fut réservé pendant ce temps, confié
provisoirement au seigneur de la Ferté-Ufeau. Adolescent, il entra dans une
compagnie de chevau-légers pour apprendre les armes, et dès l’âge de 17 ans il
s’engagea dans une première campagne militaire en Italie sous la direction du
duc de Guise. Puis il s’illustra surtout dans les guerres de religions, commencées
en 1562.
Frans Hogenbegr : L'ordonnance de la bataille de Jarnac (Musée du château de Pau) |
Henri II donna à Joachim de La Châtre, par
brevet du 26 décembre 1552, le titre de gentilhomme ordinaire de la chambre du
roi. En 1567, Charles IX le distingua de l’ordre de Saint-Michel et plus tard
de chevalier des Ordres. Il épousa Gabrielle de Bastarnay du Bouchage le 15
janvier 1570. Elle était la fille de comte René du Bouchage et d’Isabeau de
Savoie.
Les livres d’histoire évoquent la
participation du seigneur de Linières aux massacres ordonné par le roi, du
dimanche 24 août 1572, jour de la saint Barthélémy. Il y participa comme capitaine des gardes du corps du
roi (depuis 1568) au palais du Louvre à Paris, qu’il parcourut avec les gardes Suisses.
Ils massacrèrent tous les gentilshommes protestants qu’ils trouvaient dans les
galeries et dans les chambres.
Dans ses mémoires, Marguerite de Valois, qu’on venait juste de marier à Henri
de Navarre, raconte l’épisode tragique qu’elle vécut ce jour-là. Elle était la
sœur du roi, du camp catholique (la reine Margot du film de Patrice Chereau),
et Henri de Navarre était un des chefs du camp protestant (le futur Henri IV). Étant
étendue sur son lit dans la chambre, elle en fit ouvrir les portes pour
répondre aux coups répétés entendus. C’était un gentilhomme protestant blessé
qui cherchait à échapper à 4 archers. Il se jeta sur le lit de la reine pour
lui demander secours et protection. Celle-ci écrit : « Nous crions tous deux, et étions aussi effrayés
l’un que l’autre. Enfin Dieu voulut que monsieur de Nançay, capitaine des
gardes y vint, qui me trouvant en cet état-là, encore qu’il y eu de la
compassion, ne se put tenir de rire ; et se courrouçant fort aux archers
de cette indiscrétion, il les fit sortir, et me donna la vie de ce pauvre homme
qui me tenait » (30).
Pendant la maladie de Charles IX
(tuberculose pulmonaire), la reine mère Catherine de Médicis lui confia la
garde du duc d’Alençon et du roi de Navarre, deux chefs protestants retenus
prisonniers. Ce dernier lui rendit rendu grâce après, ce qui laisse à penser
qu’il s’acquitta de sa mission avec doigté.
Le roi Henri III (roi de 1574 à 1589),
accorda une pension de 2 000 livres le 28 novembre 1574 à Gaspard de La Châtre. Néanmoins ce dernier mit des bâtons dans
les roues à l’application
de la trêve de Champigny-sur-Veude du 21 novembre 1575 entre protestants et
catholiques. Gouverneur alors de Bourges, il devait confier la ville au duc d’Alençon.
Il ne voulut pas abandonner son poste sans compensation honorable (31). Avant
de partir, il livra même la citadelle aux bourgeois qui ne voulaient pas
entendre parler du duc d’Alençon, frère du roi. Gaspard de La Châtre est mort
l’année d’après en 1576, des suites d’une blessure reçue à la bataille de Dreux (32). Le célèbre jurisconsulte de
l’université de Bourges, Jacques Cujas, fit son oraison funèbre dans la
paroisse de Nançay le 17 janvier 1577. Déclamé en présence de tous les gentilshommes
de la contrée, le texte fut ensuite imprimé (33).
Françoise Foucher, sa mère,
avait rendu ses devoirs à Languiller à cause du Coin après le décès de son
mari, pour le fief de Saint-André. Dans l’aveu du Coin aux Essarts en 1550, il
est rappelé que pour ce fief, Linières devait la foi et hommage plain et le
rachat abonné chaque année de quarante sols tournois (2 livres). Françoise
Foucher avait droit de vagrelliers
(verolie) et destroit
(justice) pour ses moulins. Sous son hommage elle tenait aussi à foi et à
hommage plain et à rachat Louise Bonnevin dame de la Boutarlière (34). Celle-ci
avait en effet acheté le fief avec sa métairie depuis peu (35).
Gabrielle de Bastarnay, sa veuve, est mentionnée en 1582 pour la seigneurie de Saint-Porchaire (36). Avec son mari ils ont eu :
- Madeleine, mariée avec Henri de Bourdeilles, baron de Bourdeilles, marquis d’Archiac.
- Henry, marié avec Marie de La Guesle, seigneur de La Châtre.
- Marguerite, mariée avec Charles de Châtillon.
- Louise, mariée avec Martin du Bellay, seigneur du Bellay.
- Gasparde, née en 1577, mariée avec Jacques Auguste de Thou, baron de Meslay. Leur fils, François Auguste, fut décapité en 1642 sur ordre de Richelieu pour avoir gardé le secret dans la conspiration de Cinq-Mars avec les Espagnols.
Pierre Garreau
Les héritiers de Gaspard de La Châtre et Gabrielle de Bastarnay vendirent Linières à Charles Bruneau,
seigneur de la Rabatelière, à la fin des années 1570 (37). Ce dernier, est l’un des
cent gentilshommes de la maison du roi, alors que sa femme, Renée de la Motte,
est qualifiée en 1598, « l’une des dames de la reine ».
Celle-ci était la bien connue « reine Margot », première épouse
d’Henri IV. Le seigneur de la Rabatelière reconstruisit un nouveau château à la
place du château féodal et voulu agrandir ses domaines. C’est ainsi qu’il
acheta le fief-métairie de la Roche Mauvin à Saint-André-Goule-d’Oie en 1591 (38).
Il garda Linières peu de temps, car apparaît sur les lieux Pierre Garreau dès
1581 (39).
On
sait peu de choses sur le nouveau seigneur de Linières, écuyer et seigneur
aussi de la Laurentie et la Parentière à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers dans
la Vienne. Il épousa Gillette du Chaffault, fille de Jean du Chaffault,
seigneur de la Sénardière (Boufféré) et de Suzanne Girard.
Journal de raison de Julien de Vaugiraud Archives de Vendée |
En
janvier 1593 Pierre Garreau, sieur de Linières, est mort. C’est ce que nous
apprend le journal de raison de Julien de Vaugiraud. À la date du 20 janvier
1793, il note avoir reçu la copie d’un exploit d’huissier qu’il avait demandé à
l’encontre de la veuve et des
héritiers de défunt Pierre Garreau. Il ne donne pas de détails sur l’objet de
l’acte. On comprend plus tard qu’il est en procès contre eux. À la date du 2
septembre de la même année il enregistre la dépense de la caution qu’il a dû
donner pour continuer la procédure, en exécution d’une ordonnance du siège présidial
de Niort (40).
La veuve de Pierre Garreau reçut en 1605
un aveu d’Isabeau de Plouer, dame de la Boutarlière, pour le fief de
Saint-André (41).
La
fille de Pierre Garreau, Marie Olympe Garreau, dame de Linières, épousa en 1611 Élie de Goulaine, seigneur de l’Audonnière (Vieillevigne) et veuf de Marguerite
de La Lande de Machecoul (42).
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