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107 de mon livre, Les châtelains de Linières à Saint-André-Goule-d’Oie, l’acte d’enterrement en date du 2 février 1794, dans le
registre clandestin du prieur Allain, de Jacques Mandin, régisseur « de la
terre de Linière », comporte le nom de quelques témoins. Nous avons pu les
retrouver en relisant de près le registre paroissial de Saint-André-Goule-d’Oie.
Sa
femme s’appelait Françoise Robin, avec sans doute Marie comme autre prénom,
celui noté lors de l’acte d’enterrement de son mari. Ils eurent une fille
baptisée à Saint-Jean-Baptiste de Montaigu, Jeanne Françoise en 1766. Une autre
fille, Henriette, est née au château du Pally à Chantonnay en 1768.
Le
recueil des informations sur les témoins de l’enterrement du régisseur nous
permet de faire connaissance avec le personnel de la ferme de Linières en cette
fin du XVIIIe siècle, à la veille de la Révolution française. Les témoins cités
sont Jean Herbreteau, Pierre Herbreteau, Jacques Godard et Jean Bonnière.
Jean Herbreteau (métayer et voisin)
En
1794, il est métayer à la ferme « de la porte ». L’expression désigne
la ferme attenante au château de Linières. Il
est le fils de Jean et le neveu de Mathurin Herbreteau, tous deux vivant et
travaillant à Linières dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Ces deux
derniers étaient les enfants de André Herbreteau et de Anne Pavageau et ils se
sont mariés avec deux filles Rondeau, dont les parents demeuraient aussi à
Linières depuis longtemps. Nous savons maintenant qu’il y avait environ 90 ha
de terres autour du logis de Linières, partagés pour l’exploitation agricole en
deux métairies.
On
note la sépulture de Jeanne Chacun le 13 octobre 1761, à l’âge de 75 ans
environ, décédée « à la maison noble
de Linière ». Elle était l’épouse de Jean Rondeau (1693-1753), lui-même fils de André Rondeau (1660-1720). Avec son mari elle avait eu au moins
deux fils, André et François et deux filles, Renée et Marie.
André
Rondeau avait un homonyme au village de la Brossière, peut-être celui qui a été
désigné en 1796 par Mme de Lespinay pour évaluer le domaine de Linières en vue
de son rachat (page 116 de mon livre), peut-être aussi le même qui a participé
à une évaluation du presbytère de Saint-André en vue de sa vente en 1796 (1). C’est
peut-être lui aussi qui avait été libéré de la prison de Fontenay, par jugement
de la commission militaire le 12 décembre 1793, après avoir été accusé
« d’avoir été avec les brigands ».
Sa
fille Renée Rondeau s’est mariée le 5 juillet 1751 avec Mathurin Herbreteau.
Ils vivront à Linières et donneront naissance à huit enfants entre 1752 et
1770. Dans les archives du notaire de Saint-Fulgent, on voit Mathurin Herbreteau
acquérir la moitié en indivision d’une vigne à complant sur un espace,
probablement celui appelé le « Maroc » plus tard, situé sur le
territoire de Chauché. Bordant « le
chemin qui conduit de Saint-André à Chauché ».On
y trouvait aussi la vigne du seigneur de Linières et celle d’un nommé Mandin.
Cette vigne vendue était divisée en cinq planches totalisant environ un hectare
et demi, mais laissée à l’abandon. Or les vignes à complant étaient une
concession du propriétaire du sol à un exploitant qui, lui, était propriétaire
des pieds de vigne. Le propriétaire du sol percevait en contrepartie une partie
des récoltes, dans notre cas 1/5. L’exploitant s’engageait à cultiver la vigne
selon les façons fixées par la coutume, faute de quoi le propriétaire pouvait
reprendre la vigne pour lui. Et on lit dans l’acte notarié que la vigne est en
« inéluctable ruine, et que par
cette raison il [vendeur] craignait
que le seigneur s’en fut emparé ». Le seigneur est ici celui de
Linières, propriétaire du sol. En conséquence, Mathurin Herbretau a acheté la
vigne pour « une bouchée de pain » : 33 livres, comptant bien
reprendre en main la culture laissée à l’abandon (2).
Il
pratiquait aussi le commerce du bétail. Ainsi a-t-il vendu en 1781 deux paires
de bœufs à un autre marchand laboureur comme lui, de Saint-Martin-Lars, pour 235
livres (3). Il a aussi donné en louage à moitié, appelé droit de cheptel de
fer, 4 vaches aux fermiers Fonteneau (père et fils) de la Bourolière. Puis il
les leur a vendues pour 120 livres en 1782 (4). Au-delà de ces exemples on a pu relever 9 baux de
cheptel de bestiaux signés devant notaires par Mathurin Herbreteau, et plusieurs
prêts d’argent à des particuliers. Les sommes sont modestes, mais situent l'intéressé dans la catégorie de ces métayers de grandes métairies qui pouvaient mettre de
l’argent de côté et le placer chez des emprunteurs du voisinage. Son frère Jean
Herbreteau a aussi fait des placements d’argent ou des baux de cheptel de bestiaux. Mais
lui parait plus actif dans les actes notariés conservés. En ajoutant le
commerce des bestiaux à l’exploitation d’une grande métairie, on se donnait les
moyens financiers d’un véritable décollage social. L’étape d’après, à la
génération suivante, consistait à donner une véritable instruction à ses
enfants et à leur acheter un office.
L’ascension
sociale de Mathurin Herbreteau et de ses enfants sombra malheureusement avec sa mort le 15
septembre 1793, « tué par les
républicains pendant la guerre civile, à l’âge d’environ 65 ans »,
enterré au cimetière de Saint-André-Goule-d’Oie en présence de Mathurin et
Jacques Herbreteau ses enfants » (5). Quittant Linières, il s’était
installé vers 1787 comme métayer à la Morelière, dépendant du domaine de
Linières.
Le
frère de Mathurin, Jean Herbreteau, épousa à Saint-André le 2 juillet 1742 (vue
249) Marie Rondeau, probablement une sœur de l’épouse de son frère. Jean Herbreteau était comme son frère marchand
laboureur, c’est-à-dire marchand de bestiaux, en plus de tenir la métairie « de
la porte » de Linières. C’est le métier indiqué dans un acte d’arrentement
en 1777 d’une
portion de masure à la Ridolière et de 7 pièces de terre et pré aux alentours,
à Marie Anne Verdon, veuve de Joseph Verdon, demeurant aux Essarts. Le montant
de la rente foncière, annuelle et perpétuelle est de 20 £, plus à titre viager
une rente annuelle se montant en nature à une bécasse et un lièvre. Ces biens
sont louées à Trotin, cabaretier dans le bourg de Saint-André (6). Marie Rondeau mourra à l’âge de 28 ans environ, le 6 janvier 1752 (vue 95), après avoir donné
naissance à au moins quatre enfants, dont un fils Jean Herbreteau né le
18-2-1745 à Linières.
Ce fils
Jean Herbreteau, témoin à l’enterrement du régisseur en 1794, se mariera le 9
juin 1761 (vue 192) avec Marie Bordron, la fille d’un maréchal ferrant du bourg. Ce mariage témoigne qu’un fils de métayer d’une grande
métairie appartenait au même milieu aisé que celui des gros artisans. Une tante
Bordron avait d’ailleurs épousé un fils du fermier de Languiller à Chauché, une
petite seigneurie avec 5 métairies. La jeune épouse viendra habiter Linières où elle aura 8 enfants nés entre 1762 et 1782.
Parmi eux :
Jean,
né le 2 mai 1762. Il deviendra prêtre et en 1791 on le note comme vicaire de
Venansault, au moment du mariage de son frère Simon Pierre. Ses
études au séminaire avaient été prises en charges par le châtelain de Linières.
Simon
Pierre, né le 29 mars 1765, le gendre de Jacques Mandin. On le désigne souvent
avec le seul prénom de Pierre.
Simon Pierre Herbreteau (gendre)
Pierre
Herbreteau, fils de Jean et de Marie Bordron, exercera le même métier de
maréchal taillandier que son grand-père maternel, Jean François Bordron
(1716-1790), dans le bourg. Comme son oncle Jean Bordron, premier maire de Saint-André-Goule-d’Oie en 1791/1792, il sera élu conseiller municipal de la commune en 1800 et choisi par la préfecture pour être nommé maire la même
année. Il participa à la guerre de Vendée jusqu’au bout, alors que son oncle s’était rangé du côté des républicains. Il continuera d’être nommé maire ensuite, en 1814, sous le régime de la
restauration monarchique, jusqu’en 1825. Il mourra le 26 mai 1831, cinq mois
avant sa femme. Voir notre article publié sur lui en août 2010 : Simon Pierre Herbreteau maire de 1800 à 1825.
Il
épousera, le 23 août 1791, Henriette Mandin, la fille du domestique des
châtelains, Jacques Mandin, régisseur au moment de son décès en 1794. Il
est donc témoin de l’enterrement de son beau-père.
Sur son acte de mariage on reconnaît la signature des trois frères de Lespinay :
Alexis, Charles et Armand, ainsi que celle de l’épouse de l’aîné, Pauline de
Montault. Il est probable que l’accouchement de la vicomtesse de Linières, deux
mois plus tard, explique l’absence de sa signature sur le registre paroissial.
Henriette était née au château du Pally à Chantonnay chez les parents de
Lespinay, Alexis Samuel et sa femme, Félicité Cicoteau.
À la
naissance de sa fille, prénommée Henriette elle aussi, le 23 juin 1793, le
parrain est le frère du châtelain de Linière, Armand de Lespinay et la marraine
est sa fille aînée, Henriette, âgée alors de 3,5 ans. Le châtelain était alors
émigré.
Pierre Herbreteau aura au moins trois fils, tous maréchal : Pierre, né en 1795 qui
s’établira dans le bourg de Bazoges-en-Paillers, Alexis, né 1797 qui s’établira
au bourg de Saint-André, et Louis, né en 1800, qui s’établira au bourg de Saint-André lui aussi.
À noter que sur les registres paroissiaux l’orthographe varie selon les curés. On
trouve ainsi Bordron ou Borderon. De même on trouve Arbreteau, Herbretaud et
Herbreteau.
Jacques Godard (métayer et voisin)
Jacques
Godard est né à la Mauvelonière le 22-8-1762. Il est le fils de Pierre Godard
et de Marie Loiseau, mariés le 10-2-1752.
On
trouve plusieurs fois ce Jacques Godard à Villeneuve. En particulier à
l’enterrement de sa fille Marie, âgée de 3,5 ans le 23-8-1793, où il est
indiqué comme laboureur à Villeneuve. Sur le registre du curé il est noté tantôt
laboureur, tantôt métayer.
On
relève aussi dans le premier registre paroissial clandestin, comme présent à la
sépulture de Françoise Brillouet le 1-5-1793, veuve de Nicolas Boudault, et
habitant Villeneuve.
Jean Bonnière (charpentier)
Jean
Bonnière est le fils de Jean Bonnière et d'Anne Sionneau, de la paroisse de
Chauché. Charpentier de son état, il s’est marié le 19 juin 1782 avec Jeanne
Micheleau, fille de René Micheleau, tailleur d’habit, et de Catherine Huvelin,
de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie.
(1) Archives
de Vendée, vente des biens nationaux, maison curiale de Saint-André-Goule-d’Oie le
11 thermidor an 4 : 1 Q 240 no 261.
(2) Archives
de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/9, acquêt de vigne à
complant à Linière de Mathurin Herbreteau à Cauneau le 5-9-1781.
(3)
Archives de Vendée, notaire du canton des Herbiers, Jean Chaigneau : 3 E
020 065, reconnaissance
de dette au profit de Mathurin Herbreteau du 30 août 1781, vue 446/628.
(4)
Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, vente de 4
vaches de M. Herbreteau à Fonteneau le 17-7-1782.
(5)
Archives de Vendée, registre d’état-civil de Saint-André-Goule-d’Oie, 2e registre
clandestin, enterrement de Mathurin Herbreteau le 15-9-1793 (vue 15/19).
(6) Archives de Vendée, minutier ancien des notaires des Essarts, étude
(A), Louis-Marie Landais, 3 E 13 1-7, accessible par internet vue 7 et 8/66.
Emmanuel
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