Avec tous les artistes et les peintres qui ont fréquenté Linières entre 1875 et 1885, c'est-à-dire au temps d’Amaury-Duval, on est un peu surpris de l’absence de tableaux représentant les lieux. On sait qu’Amaury-Duval lui-même était un portraitiste avant tout et on ne connaît de lui qu’un seul dessin de paysage (d’Italie)
Internet vient enfin de nous permettre de découvrir trois tableaux, œuvres de Louis Félix Achille Dien :
- « Un coin de parc à Linières » (figurant au Catalogue illustré du salon, 4e année, en 1882)
- « Dans le parc de Linières » (figurant au Catalogue illustré du salon, 3e année, en 1881 sous le no 859)
- « La pièce d’eau du château de Linières » (figurant au Catalogue des ouvrages de peinture et de sculptures exposés au Palais des Champs-Elysées le 2 Mai 1881 sous le no 739). Il semble que l’œuvre avait aussi un autre
titre :
Hallali
de chevreuil dans le parc de Linières.
Le catalogue illustré du salon a été édité par la librairie d’art L. Baschet, 125 Boulevard de St Germain à Paris.
Ces informations figurent dans le Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, ouvrage commencé par Émile Bellier de La Chavignerie, continué par Louis Auvray,... - T2 et suppl. (1885).
La Source de ces informations est la librairie du musée J. Paul Getty (Los Angeles), accessible par Google.
Que notre information provienne de Los Angeles ou de France n’a pas d’importance sur le point de savoir où sont ces tableaux. Car pour l’instant nous ne le savons pas encore. Internet reste la voie la plus facile pour trouver une réponse à cette question. Les propriétaires de ces tableaux, qui habitent quelque part dans le monde, peuvent vouloir se renseigner sur la pièce d’eau et le parc de Linières, certes moins connus que ceux du château de Versailles. Le présent site leur réservera un accueil empressé et leur ouvrira de larges horizons à Chauché et Saint-André-Goule-d’Oie en Vendée, pour situer l'histoire des lieux.
Musée Paul Getty (Los Angeles) |
De plus, les recherches internet, si elles sont infructueuses, ne le sont par définition que provisoirement. Chaque jour voit augmenter la richesse de la documentation accessible. Tel qui ne sait pas où sont ces tableaux un jour, le découvrira demain.
Mais au fait pourquoi Achille Dien à Linières ?
C’était un ami d’Amaury-Duval, propriétaire du nouveau château de Linières (Chauché, Vendée), depuis la mort de son petit-neveu, Marcel de Brayer qui venait de le construire. Le peintre Amaury-Duval avait entrepris la décoration intérieure à la demande de son petit-neveu. Plusieurs peintres l’aidèrent dans cette tâche :
- Mottez, son ami rencontré dans l’atelier d’Ingres.
- Victor Cesson, son élève et ami personnel de Marcel de Brayer.
- Eugène Froment, son élève qui sera son exécuteur testamentaire
- Anatole Jal, fils d’Augustin Jal, amis de toujours d’Amaury-Duval et de sa famille.
Achille Dien a fait partie des nombreux invités d’Amaury-Duval à Linières pour des séjours de loisirs. Ces invités étaient des membres de sa famille et des amis. Par ailleurs ils avaient presque tous un nom dans le monde des arts à Paris. On a parlé ensuite de la brillante société parisienne venue se promener au bord de l’étang. L’amitié et l’affection seules les avaient désignés.
Achille Dien était le fils, né en 1827, de Félix-Antoine Dien, graveur, et de Victoire-Pauline Piat. Il fut d’abord un musicien réputé et sa spécialité musicale fut la musique de chambre. Beethoven et Henri Reber (ce dernier, ami intime des Guyet-Desfontaines et d’Amaury-Duval) ont été ses compositeurs de prédilection. Ses premières mentions dans La Revue et Gazette musicale (8 et 15 mars 1857) le louent pour ce choix, et il propageait encore l’œuvre de Reber en 1884. C’est Dien qui prononça le discours pour l’inauguration du monument funéraire de son idole, Henri Reber, en 1883. Lors d’une de ses soirées de musique de chambre, qui « peuvent être rangées parmi les meilleures en ce genre » (La France musicale, 28 mars 1869), sa femme l’accompagne, sans doute au piano, et il était assez bon musicien pour jouer régulièrement avec Saint-Saëns et Batta (ces derniers, habitués du salon de Mme Guyet-Desfontaines).
Dans la Revue musicale, (1861/03), on peut lire cet extrait le concernant : « M. Achille Dien, un violoniste de talent, un musicien solide ; il a donné une belle soirée où il a conduit l’exécution de plusieurs morceaux de musique instrumentale avec intelligence et beaucoup de sentiment…. La transcription la plus ancienne de Saint-Saëns, la « Fantaisie sur des motifs d’Oberon de Carl Maria Von Weber », vit le jour en 1850, alors qu’il n’avait que quinze ans. Officiellement, cette page est le fruit d’un travail d’écriture réalisé conjointement avec son ami, le violoniste Achille Dien. Si ces deux jeunes musiciens étaient déjà des virtuoses de leurs instruments respectifs, il semblerait bien que le jeune pianiste ait défié les ressources du violoniste. Certes, le style de maturité de Saint-Saëns n’y est pas encore perceptible, pour autant son enthousiasme pour l’œuvre de Weber transparaît clairement, tout comme son humour au second degré qui joue non seulement avec la partition mais se joue aussi de celle-ci.
Gouttepagnon : château de Linières (dessin du 20-9-1883) |
Le premier concerto de Saint-Saëns fut le Concerto pour violon No 2 en ut majeur op. 58 ; il rencontra moins de succès et ne fut publié qu’en 1879. Il fut dédié au peintre et musicien Achille Dien, qui le joua lors d’une soirée donnée par Saint-Saëns le 9-4-1860 à la Salle Erard. »
Dien est représenté en joueur de
violon
dans cette fresque au château de Linières,
œuvre de V. Mottez : La
danse bretonne
|
En 1894 Dien donne encore des concerts et enseigne le violon.
Dien était à la fois violoniste et peintre. Après 20 ans de vie musicale, il exposa pour la première fois en 1869 et continua régulièrement à envoyer au salon des paysages, souvent au fusain, jusqu’en 1882.
La musique le fit rencontrer H. Reber et l’amena vers Amaury-Duval. Il était déjà lancé dans la peinture quand il vint à Linières et peignit les trois tableaux indiqués ci-dessus.
Dien se livrait aussi à des travaux théoriques et travaillait à l’amélioration de la colophane. C’est une substance issue des résines de pins, qui est frottée sur les crins de l'archet pour lui conférer l'aspérité dont il a besoin pour frotter les cordes du violon.
Son ami H. Reber, membre de l’académie, a rapporté à l’Académie des Sciences le 29 avril 1878, deux mémoires de M. Achille Dien, lesquels concernent : 1° les notes défectueuses des instruments à archet, 2° la résonance de la 2e mineure dans les cordes graves du piano.
Emmanuel François, tous droits réservés
Avril 2011
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