vendredi 1 janvier 2016

Les seigneurs de Saint-Fulgent au 18e siècle

Du 13e au 17e siècle, les seigneurs de Saint-Fulgent ont été des nobles du Bas-Poitou se succédant par héritages et mariages dans une généalogie connue. Les paroissiens de Saint-Fulgent, n’ont que très peu vu les seigneurs du lieu, qui n’habitaient pas sur place. Heureusement pour eux, car après le temps des vauriens et des assassins, vint le temps des pirates et des marchands d’esclaves. Après 1720, la seigneurie a été en effet la propriété d’importants négociants nantais, qui n’y ont pas habité eux non plus. À ce titre ils avaient des droits seigneuriaux à la Boutinière, Chevaleraye et Javelière (Saint-André-Goule-d’Oie). Ils en étaient seigneurs au moins en partie, sinon à part entière, se battant pour cela contre le seigneur de Languiller. Leur histoire personnelle nous éloigne de Saint-Fulgent, et il faut se rendre à Nantes pour la découvrir.

Dans cette première moitié du 18e siècle on assiste dans la contrée à une concentration des seigneuries entre les mains de riches seigneurs. On va le voir à Saint-Fulgent, et ce fut le cas aussi à la Rabatelière où un autre négociant nantais, René Montaudouin, va venir acheter la Chapelle Begouin, la Rabatelière, Languiller, la forêt de Gralas, la Roche de Chauché et la Grassière (Chavagnes). Les plus gros rachètent les petits, comme le duc de Mortemart qui acquit Montaigu et la Rocheservière, le rendant maître de 14 paroisses. Le duc de Villeroy achète Mortagne et Chambretaud (1).

Joachim Descazeaux (1667-1732)


Paul Nassivet : Vue de Nantes

Il acheta la seigneurie de Saint-Fulgent en 1720 pour 122 700 livres, douze ans avant de mourir, débarquant sur les lieux en vieux pirate à bas de soie pour y placer une petite partie de ses profits. Il avait fait des placements bien plus rentables au cours de sa vie, mais la seigneurie de Saint-Fulgent possédait une valeur d’un autre ordre et éminente à cause de sa nature noble et de ses origines, remontant au temps des croisades et des chevaliers du Moyen Âge. La vie de Joachim Descazeaux, brillante et aventureuse, ne doit rien à Saint-Fulgent. Elle est celle d’un armateur nantais qui vaut qu’on la raconte, même si elle nous éloigne de la Vendée. Nous empruntons pour cela à J. Meyer, qui a étudié la trajectoire de Joachim Descazeaux, seigneur du Hallay et de Saint-Fulgent.

Ses origines et sa famille


Il était fils d’un basque de Bayonne, Pierre Descazeaux, venu s’installer à Nantes. Pierre Descazeaux demeurait au quartier de la Fosse à Nantes, paroisse de Saint-Nicolas. Il y épousa Marie François en 1659, alors âgée de 23 ans. Elle était la fille de Mathurin François, sieur de Beausoleil et de la Gourtière, et de Françoise Fruneau, à la tête d’une importante fortune (2). L’apport de Marie François aida son mari à se propulser dans le négoce. Ils héritèrent en 1661 du manoir de la Foliette à la Haie-Fouassière (Loire-Atlantique), qui passa par héritage à leur fils ainé, Pierre Julien, frère de Joachim.

Les François sont une famille aux nombreuses ramifications qu’on retrouvera aussi en Vendée, comme nous le verrons plus loin. Les François de Nantes exploitaient du minerai de fer et une forge à Riaillé près de Chateaubriant (Loire-Atlantique). Les propriétaires en avaient été les Penthièvre, par ailleurs barons des Essarts. La famille Monthulé, aussi importante famille du négoce nantais dès le 17e siècle, y eut des intérêts (3). Entre eux se nouèrent des alliances, familiales et probablement financières. Un Thomas François, sieur de Maleville, épousa au début du 17e siècle Catherine de Monthulé. Et on ne sera pas étonné plus tard de constater qu’un Jean-Baptiste de Monthulé, conseiller au parlement de Paris, soit exécuteur testamentaire de Joachim Descazeaux.

Pierre Descazeaux et Marie François eurent au moins quatre enfants connus, dont l’un mourut en bas âge en 1679.

En 1693, lors du partage de la succession de Pierre Descazeaux, sa veuve, Marie François, fit appel à la décision du conseil de famille comme arbitre. Les intérêts sont bien entendu financiers. Quand Pierre décède, leurs enfants sont mariés et majeurs. Les droits de succession ont déjà été réglés par les contrats de mariage. En fait, au décès de leur père, les trois enfants – dont une fille, Françoise – réclament la valeur des biens promis lors de leur mariage, et qu’ils n’ont jamais reçus : leurs parents en ont disposé. De plus, les époux se sont faits une donation mutuelle. Marie François accepte un partage mais garde la jouissance d’un bien immeuble afin que « le présent acte puisse opérer une paix et tranquillité stable entre elle et ses enfants ». Elle reconnaît les actions positives de ses deux fils (Pierre Julien et Joachim) grâce à leur négoce, c’est-à-dire le remboursement d’une grande partie des dettes. En 1689 ces dettes de leur père s’élevaient à 121.000 livres. Joachim, le second fils, avait repris le négoce de son père dès 1689 et déjà remboursé 77 965 livres. Les enfants héritent encore de 23 840 livres de dettes ! Pourtant, Marie François leur demande de ne pas prétendre aux sommes payées pour dettes du défunt, « jusqu’après son décès... pour les voir bien unis... À quoi ledit sieur du Hallay [Joachim] a dit qu’il se remarque une prédilection de ladite demoiselle sa mère en faveur de son frère aîné et de sa sœur ». Il accepte néanmoins le partage « pour mieux s’acquérir son amitié et celles de son frère et de sa sœur ». Les rivalités entre frères et sœurs sont mises en évidence : la préférence d’une mère pour certains de ses enfants est ici dénoncée. Marie François est partagée entre son rôle de mère et celui de responsable du capital de la famille, comme l’écrivent les chercheurs Nicole Dufournaud et Bernard Michon (4). Elle mourut en 1704 (2). 
Port de Nantes en 1776
Pierre Julien, dit Descazeaux de la Foliette, frère aîné de Joachim se lança lui aussi dans le négoce maritime. En 1706 il fit son premier départ de bateaux de Nantes, en même temps que René Darquistade, tous deux armés par Joachim. Les Descazaux ont participé à l’essor du commerce nantais à partir des années 1670-1680.

Ses activités d’armateur à Nantes


Joachim Descazeaux, le futur châtelain de Saint-Fulgent, pratique d’abord le commerce avec les îles, les mers du Sud et l’armement morutier. Les mers du Sud désignaient dans le vocabulaire de l'Ancien Régime, en particulier celui des pirates corsaires et armateurs, les côtes pacifiques de l'empire espagnol. S'y trouvaient les riches villes minières du Pérou et du Potosi (Colombie). L'expression de « Mers du Sud » signifiait bien souvent « Océan Pacifique », un espace réservé habituellement à l'empire espagnol.

Le ministre Pontchartrin
Au moment de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), Joachim Descazeaux est le principal négociant nantais. Dès 1691, il organise outre-Atlantique des expéditions à Placentia avec le secrétaire d'état à la Marine Louis II Phélyppeaux de Pontchartrin (1643-1727), pour le ravitaillement de Terre-Neuve en ce temps de guerre. Les pêcheurs basques pêchaient dans le secteur des grands bancs de Terre-Neuve dès le début du 17e siècle, utilisant la rade de Plaisance ou Placentia comme centre saisonnier des opérations. Le site comporte une grande plage rocheuse permettant le séchage des poissons. En 1655, les Français, installés sur plus de la moitié des côtes de l'île de Terre-Neuve et la majeure partie du Canada atlantique, font de Plaisance un port important. Des forts, dont le fort Louis qui contrôlait l'entrée du port, sont construits et des garnisons de soldats y sont maintenues. Les Anglais occupaient la côte est entre Bonavista et Fermeuse. Apporter de l’aide aux colonies françaises de Terre-Neuve pendant la guerre contre les Anglais, c’était rendre service au roi et Descazaux s’est formé ainsi d’utiles relations. Il fut par exemple ami du fils de Colbert. Les ennemis de Louis XIV sur les mers étaient nombreux pendant la Ligue d’Augsbourg : Anglais, Hollandais, Espagnols, principalement. S’attaquer à leurs navires marchands relevait du patriotisme et pouvait rapporter gros. Armer un bateau nécessitait beaucoup d’argent, mais le profit pouvait être important. Et Joachim Descazeaux s’enrichit notablement à cette époque.

En 1703, un de ses navires revint d'une expédition de corsaires malouins dans les mers du Sud avec un butin de piastres d'argent évalué à près de 3 millions de livres. Il avait l’obligation de livrer les métaux précieux à l’hôtel des monnaies appartenant au roi pour un prix inférieur au marché, mais les armateurs et marins s’adonnaient à la fraude.  

Descazeaux était un négociant en vue. Le mot de « négociant » distinguait du vulgaire marchand et apportait du prestige social. Parfois assimilé par les lettres de noblesse aux militaires, auréolé de la gloire des combats de course, mais aussi secrètement jalousé, le négociant formait l’aristocratie de la ville de Nantes. Ce milieu très fermé fut dominé par un groupe d’armateurs richissimes, dont faisaient partie Descazeaux, son neveu par alliance Darquistade et la famille Montaudouin (dont un membre était devenu seigneur de la Rabatelière 1725, lui aussi). Ils construisirent de magnifiques résidences près de la bourse de Nantes et sur le quai de la Fosse.

 Maison de Tourelles 
au Quai de la Fosse
Les Descazeaux habitaient à l’entrée de la Fosse dans l’immeuble dit des tourelles, où avait été signé l’édit de Nantes.  Dans ses souvenirs, F. Lefeuvre décrit « ces importants personnages appuyés sur leurs hautes cannes à pommeau d’or », se rendant à la Bourse, « ne se mêlant jamais, que lorsque les affaires l’exigent, au commun des mortels ». Habillés en « grande toilette de ville, coiffés, poudrés, en habit de soie de couleur sombre ou tendre suivant la saison, en longue veste et culotte également de soie, bas blancs et souliers à larges boucles d’or ou d’argent », ils portent l’épée au côté, comme n’importe quel noble. En 1629 le roi avait autorisé des nobles à pratiquer le grand commerce sur mer, sans déroger. Puis on anobli des négociants sous réserve qu’ils continuent à commercer.

Député au Conseil du Commerce


Dans le Conseil du Commerce créé en 1701 auprès du roi, Joachim Descazeaux en est le premier député de Nantes. On trouve à la bibliothèque municipale de Viré un Mémoire du sieur Descazeaux du Hallay, député de Nantes à la chambre du Conseil de Commerce, établie pour le Roy à Paris par rapport à l'état présent du commerce en général (1701). Il souligne que les compétences maritimes acquises lors de la guerre ouvrent des horizons commerciaux beaucoup plus vastes, sur le modèle de ce qu'ont réussi les Hollandais et les Anglais. Contre un certain « colbertisme », il défend le principe du libéralisme dans le commerce, et recommande la suppression des privilèges des compagnies maritimes.
Il fut anobli par la charge de secrétaire du roi en 1702, quand il quitta le Conseil du Commerce.

Son épouse et ses relations à Luçon et à Saint-Fulgent


La première épouse de Joachim Descazeaux, Françoise Sarsfield, est la fille de Paul Sarsfield, lui aussi armateur, de la communauté des Irlandais de Nantes. Le demi-frère de Françoise, Patrick Sarsfield, né vers 1660 à Lucan (Irlande), est un militaire irlandais du parti jacobite, qui a combattu au service de Jacques II, roi d’Angleterre et d’Irlande, puis de Louis XIV entre 1671 et 1693. Cette guerre politico-religieuse provoqua un lot de réfugiés « irois » ou « jacobites » (irlandais et partisans de Jacques II) en France, fuyant les persécutions des protestants ayant renversé Jacques II. La paroisse de Saint-Nicolas de Nantes en compta beaucoup, notamment des prêtres et des religieuses catholiques, mais aussi des marins et de riches négociants. L’arrivée des Irlandais a contribué à la même époque au renforcement du négoce local.

Devenu veuf en Irlande et naturalisé en 1678, Paul Sarsfield s’est remarié en 1672 avec Guyonne François, fille d’Antoine François, sieur de la Briaudère, échevin de la ville de Nantes, et Françoise Saligot. Elle était probablement parente de Marie François, la mère de Joachim Descazeaux.

Elle était aussi proche parente d’une autre Marie François de la Sanglaire qui épousa Pierre Coutouly, écuyer, maire de Luçon et receveur des décimes du diocèse Bas-Poitevin. Il possédait une borderie à la Ridolière de Saint-André-Goule-d’Oie. Elle lui était venue de sa première femme originaire de Saint-Fulgent, Marguerite Proust, décédée le 16 novembre 1712 à Luçon (vue 205 sur le registre paroissial numérisé et accessible sur le site internet des Archives de la Vendée). Au baptême du premier enfant de Pierre Coutouly et de Marie François, Joachim, le 24 juillet 1716 à Luçon (vue 81), le parrain est Joachim Descazeaux. Ne pouvant être présent ce jour-là, c’est le sénéchal de Saint-Fulgent et avocat, Louis Prosper Proust (1685-1745), qui tint l’enfant en son nom sur les fonts baptismaux.

Pour le baptême du deuxième enfant, Pierre Louis, le 23 août 1717 (vue 105), le parrain est le même Louis Prosper Proust. La marraine est Françoise Sarsfield, épouse de Joachim Descazeaux. En l’absence de cette dernière, l’enfant est tenu sur les fonts baptismaux par Françoise Daïherre, la deuxième épouse de Louis Prosper Proust. Ce dernier, rappelons-le, était le frère de Marguerite Proust, la première épouse de Pierre Coutouly. Et Perrine Daïherre, avait pour mère une Perrine François, probable parente des autres François. Ainsi sont nées les liens entre le sénéchal et notaire de Saint-Fulgent avec le futur châtelain des lieux. Ils ont été assez proches pour que Françoise Sarsfield soit la marraine de Françoise Proust, la fille de Louis Prosper Proust et de Perrine Daïherre, le 2 juillet 1718 à Saint-Fulgent (vue 68).

Ses acquisitions de domaines seigneuriaux


C’est en effet en 1720 que Joachim Descazeaux acheta la seigneurie de Saint-Fulgent pour 122 700 livres. Elle avait été saisie à son propriétaire, Louis Gabriel Charles Gazaux, qui avait été condamné à mort par contumace, coupable de l’assassinat de Charles-Daniel de Montsorbier demeurant à la Brallière (Boulogne).

Joachim Descazeaux eut un fils unique, Pierre Descazeaux, né en 1693 qui devint conseiller au parlement de Paris. Devenu veuf, Joachim Descazeaux se remaria en 1721 avec Marie-Henriette de Briquemault, marquise de Férole (5). Elle appartenait à la branche des marquis de Rothelin de la famille des Orléans, faisant partie de la maison royale. Ce mariage signait évidemment sa brillante ascension sociale.

Joachim Descazeaux acheta le château du Hallay au Pallet (Loire-Atlantique). En 1718 il avait acheté la châtellenie du Gué au Voyer et celle de la Sénéschallière à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique) à Mme de Mortemart. Il en fit hommage au roi en 1723. En 1714, Les « moulins du château » à Clisson appartiennent à Descazeaux du Hallay. Leur affectation est uniquement farinière et un moulin à vent dit de « Toutejoye » leur est adjoint.

Joachim Descazeaux, écuyer seigneur du Hallay, du Gué au Voyer, la Sénéchaussière, Saint-Fulgent et autres lieux, se retira à partir de 1717 à Paris. Sa maison était située quai des Théatins (paroisse de Saint-Sulpice), devenu quai Malaquais. Mais il mourut en son château du Hallay en novembre 1732. Le château actuel a été construit après lui.

Dans son testament (10 septembre 1731) il légua à l'abbé de Rothelin, oncle de sa femme, une grande tenture complète de tapisserie représentant l'Histoire de Jacob, et à Monsieur de Monthulé, conseiller au parlement, une tenture complète représentant l'Histoire de Scipion et AnnibalSa veuve eut notamment deux grands bassins d’argent doré, envoyés du Mexique par Dom Gilles Celo de la Ria (5).

Un inventaire après décès de ses biens meubles fut dressé dans sa maison parisienne, le 30 janvier 1733. Ses trois exécuteurs testamentaires furent : Jean-Baptiste de Monthulé, conseiller au parlement, chef du conseil de la princesse de Conti, de René Darquistade, seigneur de La Maillardière, au nom de Françoise Descazeaux son épouse, et de Pierre-Charles Glot, avocat au parlement.

La veuve de Joachim Descazeaux, Marie Henriette de Briquemault se retira à l’abbaye du Ronceray (Angers) après la mort de son mari. Après sa mort, ses biens propres furent partagés entre Charles Armand de Rohan, prince de Rochefort et Marie Henriette d’Orléans de Rothelin (6). Joachim Descazeaux avait destiné son fils unique vers un office au parlement de Paris, son ascension sociale devant se poursuivre en abandonnant le négoce suivant les mentalités de l’époque. Joachim ne s’entendait pas avec son frère Pierre Julien Descazeaux et recueilli ses filles Françoise et Angélique quand ce dernier se remaria en 1669 avec Claire Gombault. N’ayant pas de neveu, et pour garder sa maison de commerce dans son clan, il maria en 1714 l’une de ses nièces avec un parent éloigné, René Darquistade. Et dans son testament en 1731 il fit d’eux ses légataires universels (7).  


René Darquistade (1680-1754)


Ses origines et sa famille


Notre source principale sur la destinée des Darquistade aux 17e et 18e siècles à Nantes est un mémoire d’université de Cécile Hérault présenté en 2003 (7). Entre parenthèses nous indiquerons les pages d’où nous tirons nos informations. Le grand-père de René Darquistade, Pierre Darquistade, était marié avec Madeleine Decazeaux, une sœur de Pierre Descazeaux, ce dernier père de Joachim et Pierre Julien Descazeaux. Le père de René Darquistade, Armand René Darquistade, était venu lui aussi de Bayonne s’installer à Nantes, se mariant le 21 avril 1676 avec Marie Audet, dont le père, Pierre Audet était marchand et à la fin de sa vie receveur général des décimes de Bretagne et conseiller secrétaire du roi (page 16). Armand René Darquistade et Marie Audet eurent une fille, Françoise, et un autre fils Joachim. Ce dernier, né en 1688, épousa Françoise Souchay. 

René Darquistade marin (1698-1713)


René Darquistade est né le 26 juillet 1680 et mourut le 14 janvier 1754 à Nantes. Il perdit son père à l’âge de 17 ans, alors que celui-ci avait fait faillite en 1681 dans son activité de négoce maritime. Il remboursa les dettes de son père et commença une carrière de marin (pages 30 à 32), ayant déjà mené 3 expéditions avec son père, René Darquistade. Il inaugura sa carrière de capitaine en 1701 à 21 ans dès sa 4e expédition. C’est un peu tôt, n’étant pas fils de négociants, mais il était protégé par son armateur et parent, Joachim Descazeaux.

Sa carrière au long cours s’étale au total sur 15 années, en représentant 10 à naviguer. Il fait du cabotage vers Cadix et surtout des expéditions au Mexique et en « mers du sud ». Là il pratique la contrebande à l’insu des Espagnols. Cette carrière lui permettra de se former à sa future activité de négociant (tractations secrètes, maîtrise de l’espagnol, pots de vin). Elle lui permettra aussi de s’enrichir, non pas tant avec son salaire de capitaine, qu’avec le droit au « port-permis », ou droit pour les officiers d’embarquer pour leur compte une certaine quantité de marchandises qu’ils négocient (pacotilles). Avec la complicité de son armateur, toujours Joachim Descazeaux, il se livre à des trafics « juteux », notamment sur les piastres volées aux Espagnols. Ils se soustraient en partie au paiement de l’indult (droit de 6 % sur les marchandises et métaux ramenés des mers du sud en 1709 et 1710), ainsi qu’à l’obligation de porter les métaux précieux aux hôtels des Monnaies (pages 48 à 52). Ainsi grâce à Joachim Descazeaux et à un heureux hasard, René Darquistade était devenu un homme riche en 1713 quand il arrêta la navigation.

En 1714 il épousa Françoise Descazeaux, nièce de Joachim Descazeaux dans le manoir de la Foliette (Haie-Fouassière), et fille de Pierre Julien Descazeaux, frère aîné de Joachim.

Pierre Julien Descazeaux (décédé en 1726) s’était marié deux fois, d’abord avec Marie Olive Chenu. De son premier mariage il eut trois filles : Marie, religieuse ursuline, Angélique, qui épousa André Boussineau, et Françoise (1687-1769), qui épousa René Darquistade. Puis il épousa en 2e noces le 31 décembre 1699 Claire Gombaud, dans la chapelle privée du manoir de la Foliette (2), fille de Siméon Gombaud, écuyer, et de Gilette Pradier.

De nombreux sites internet racontent un aspect anecdotique de la vie de marin de René Darquistade : il introduisit une espèce de magnolia en France. Un de ses bateaux, le Saint-Michel, (mais est-ce bien lui ?) ramena un spécimen des bords du Mississipi en 1711. Féru de botanique, il le fit planter dans les serres de sa propriété de la Maillardière aux Sorinières (sud de Nantes). Puis l’arbre fut mis en pleine terre et grandit pendant une vingtaine d’années, fleurissant abondamment. En 1764 il fut identifié par le botaniste François Bonamy, « Magnolia grandiflora maillardiensis ». Et il est à l'origine des magnolias qui ont fait la réputation du jardin des plantes de Nantes, considéré comme le premier Magnolia grandiflora introduit en Europe.

Magnolia
Cette histoire de Magnolia fit se rapprocher René Darquistade avec un marin célèbre et voisin : Barrin de la Galissonière. Militaire, qui fut gouverneur de Louisiane puis du Canada, il se passionna tôt pour les plantes exotiques, qu’il tenta d’acclimater dans sa propriété de la Galissonnière (Le Pallet en Loire-Atlantique). Avec le tulipier, le liquidambar et le sassafras, il introduisit vers 1740 un nouveau clone de magnolia qui passera à la postérité sous le nom de « Magnolia grandiflora galissonniensis ».

Sa femme, Marie de Lauzon, était propriétaire, par héritage de ses parents, de la seigneurie et métairie de la Richerie (Beaurepaire) et des métairies de la Bonétrie et Petite Boucherie (Saint-Fulgent). Elle vendit le tout en 1764 à Claude Charles Conrart pour la somme de 27 000 livres (8). La Petite Boucherie était tenue de la seigneurie du Puy-Greffier (Saint-Fulgent), à la charge de payer chaque année à celle-ci 4 sols, et une redevance bien particulière. On amenait en effet au suzerain un bouc blanc, auquel on avait attaché à ses cornes une bourse neuve garnie de 10 sols et une gousse d’ail. Le suzerain devait choisir le bouc ou la bourse ! (9).

René Darquistade négociant et armateur (1713-1742)


Joachim Descazeaux, son oncle par alliance, associe désormais René Darquistade à ses affaires. Parallèlement ce dernier fait des armements de navire pour son propre compte de 1714 à 1742. Mais il n’arme que 20 navires. Darquistade n’égale en rien les Montaudouin, Grou et Drouin (page 59). Voyons de près les orientations de ses armements, en commençant par les moins importants. La pêche à la morue ne représente que 5 % de ses armements dans la période de 1714 à 1742. Elle était surtout pratiquée par les ports du Croisic, Pornic et surtout les Sables à partir du 18e siècle. L’interlope ou contrebande ne représente aussi que 5 % comme ci-dessus (armement au Mexique et voyage dans les mers du sud). Le relèvement des navires coulés est une exclusivité de Darquistade, notamment dans la baie de Vigo, port espagnol où s’était déroulée une bataille en 1702 (page 89). Il a représenté 25 %. L’activité de cabotage de sa compagnie a représenté 10 %. Il a pratiqué deux autres activités, la droiture (40 %) et la traite (15 %) (page 66). 

Il a armé 8 navires pour les Antilles en trafic de droiture (pas de transbordement entre le port de chargement et celui de déchargement), emportant à l’aller des marchandises de peu de valeur nécessaires aux colons (nourriture, produits manufacturés, matériaux de construction). Au retour les navires ramenaient des produits tropicaux : sucre, indigo, cacao, coton, cuir, tabac (pages 81 et 82).

Il a pratiqué enfin le commerce « triangulaire », ainsi appelé parce que les bateaux quittaient les ports français avec des marchandises (fusils et pacotilles diverses) vendues sur les côtes africaines. Sur place les capitaines achetaient des humains captifs aux chefs locaux, qu’on allait revendre à des colons comme esclaves en Amérique du sud et dans les Caraïbes. Avec le produit de leur vente, ils achetaient sur place des sucres et autres marchandises exotiques, vendues au retour en Europe. On multipliait ainsi la mise par cinq en moyenne en quelques mois, sauf incidents.

Bien sûr dans les grandes civilisations de l’époque, y compris l’européenne, les mentalités avaient un regard bien primitif sur les populations d’Afrique. Il était renforcé par l’évidente supériorité technique des Européens. On sait que la science éclaire l’objet de ses études, mais que sa lumière ne se réfléchit pas sur elle-même. À propos de ce commerce, ceux qui savaient et ceux qui participaient au trafic en Europe, peu nombreux, en éprouvaient néanmoins de l’embarras. Il est significatif que les trafiquants désignaient les esclaves, leur « marchandise » entre l’Afrique et les Antilles, par l’expression : « bois d’ébène ». Elle trahissait une gêne personnelle, transformée en cynisme dans la relation avec autrui. On pense à d’autres situations de même nature dans l’Histoire pour désigner l'innommable : la « solution finale » chez les nazis, et le « quartier général » chez les généraux des colonnes infernales en Vendée en 1794. Y-avait-il dans l’église de Saint-Fulgent un « tronc des captifs » comme on en trouva un dans l’église de Chauché en 1780 ? C’est probable, et les dons des fidèles servaient à racheter les esclaves capturés sur les côtes de la Méditerranée par les Arabes. Cela veut au moins dire que l’esclavage était mal vu et connu des populations du Bocage. On n’est pas sûr néanmoins qu’elles étaient au courant de toutes les activités maritimes du seigneur de Saint-Fulgent. Quant à ce dernier, on peut même se demander s’il y fit des dons. L’Église catholique, après s’être posé la question, conclu dans sa doctrine que tous les hommes étaient des fils de Dieu sans distinction. Buffon, dans son Histoire Naturelle (1749-1789), professait l’égalité des races. Plus tard Tocqueville observa qu’au XVIIIe siècle on « croyait à la diversité des races, mais à l’unité de l’espèce humaine » (10). Néanmoins Bossuet se fit l'avocat du Code noir qui légalisa la traite des Noirs. Sans confondre les idées dominantes des intellectuels et celles en vigueur dans divers milieux sociaux, ce siècle parait en somme plus évolué sur la question raciale et de l’esclavage que ceux qui l’ont suivi, et le commerce triangulaire y était moins accepté qu’on le pense parfois.. Tout se passe comme si nos ancêtres ont toléré la pratique de l’esclavage dans l’intérêt de l’industrie sucrière, puis ont inventé des théories racistes pour se justifier.

Les circuits du commerce triangulaire
René Darquistade ne fut pas le seul à s’enrichir dans cette traite des Africains : les Montaudouin et les Descazeaux aussi, parmi d’autres. Les historiens placent les Montaudouin parmi les plus importants armateurs nantais dans la première moitié du 18e siècle, au vu du nombre de leurs campagnes commerciales sur les mers. René II Montaudouin, qui avait acheté la seigneurie de la Rabatelière en 1725, doit l’essentiel de son immense fortune à la traite négrière. Ses descendants, anoblis, sortirent de ce milieu et firent carrière dans les armes, tandis que les descendants de ses frères, Jacques et Thomas Montaudouin, restèrent dans l’armement maritime nantais. Cet abandon du négoce au profit des armes est révélateur des mœurs de l’époque. Car ce n’est pas l’objet du négoce qui est ici en cause malheureusement, mais l’activité de négoce elle-même, considérée comme moins noble que les armes ou la rente des terres. C’est dire si l’époque n’était pas portée à valoriser dans le royaume de France l’entreprise industrielle et commerciale, qui allait bientôt enrichir les sociétés européennes.  
   
Entre 1723 et 1740 les colonies françaises reçurent 233 520 noirs embarqués par les bateaux nantais, chiffre presque doublé si on prend la période de 1715 à 1789. Nantes représenta plus d’un tiers de la traite française, et fut le premier port « négrier » d’Europe (11).

Ces marchands d’esclaves firent aussi venir des hommes et des femmes à la peau noire en France. Un édit de 1716 avait accordé le droit d’amener des « esclaves nègres » en métropole pour servir comme domestiques ou apprendre un métier, à la condition de les déclarer et de les renvoyer au bout d’un an, terme porté à trois ans en 1738. L’autorité royale était réticente sur ce point. Elle craignait de favoriser le métissage en métropole, crainte accrue par la règle appliquée par certains parlements comme celui de Paris, de considérer la terre de France comme « privilège d’affranchissement ». Mais les négociants résistaient aux ordonnances royales, et Nantes fut le point d’entrer le plus important de la Bretagne dans cette importation (12). Mme Descazeaux avait un « nègre » connu : Isidore.

Dans ce trafic de traite d’êtres humains René Darquistade n’arma que 3 expéditions de 1719 à 1721, alors que de 1702 à 1719, près de 150 navires ont quitté Nantes pour la traite. Il prit sa part dans la mise en place des circuits, poussé par la hausse de la culture sucrière aux Antilles (page 83). Au total 555 noirs ont été traités par les navires Darquistade de 1719 à 1722 (page 88). Il délaissa par la suite le trafic négrier, la droiture était plus sûre et tout aussi rentable.

Enfin n’oublions pas que son frère, Joachim Darquistade, fut un navigateur et explorateur français. Capitaine du Saint-François, il contribua à faire connaître la Terre de Feu. Le 12 avril 1715 il découvrit et cartographia une baie à proximité du cap Horn, très propre à servir de port de refuge, lit-on dans un texte publié sur internet.

On retrouve René Darquistade aussi dans le Bas-Poitou. Ainsi est-il parrain d’Henriette Coutouly, fille de Pierre Coutouly et de Marie François à Luçon le 25 septembre 1723 (vue 56). Louis Prosper Proust tient l’enfant à sa place ce jour-là sur les fonts baptismaux. Il est aussi parrain d’Henriette Proust, fille de Louis Prosper Proust, le 29 mars 1724 à Saint-Fulgent (vue 17). Au baptême d’un autre fils, Pierre-Henri-Benoît Proust le 22 octobre 1734 (vue 95), le parrain est Pierre-Henri-Benoît Darquistade, le fils de René. Le curé précise dans l’acte de baptême que le parrain est « seigneur de ces lieux ». D’ailleurs il porta cette qualité toute sa vie, y compris dans son contrat de mariage.

Pour conclure sur son activité de négociant on notera qu’elle fut importante, mais moyenne, ne justifiant pas à elle seule l’importance du personnage dans le milieu négociant nantais. Mais à côté de l’activité de négoce de sa compagnie il pratiqua l’intéressement avec d’autres armateurs, les invitant à placer des fonds dans l’investissement nécessaire aux expéditions de navires. Les bénéfices étaient ensuite partagés au prorata des sommes investies. Cela permettait de diviser les risques en diversifiant les placements. Il semble surtout avoir investi chez d’autres armateurs que d’avoir accepté des investissements dans sa propre compagnie (page 73 et s.). Et il mit fin à son activité de négoce en 1742 à cause de l’entrée en guerre de la France dans la guerre de succession d’Autriche (1740-1748) (page 79), emportant de grands risques pour la marine marchande du royaume de France.

Le maire de Nantes anobli


René Darquistade avait acquis le château de la Maillardière (Sorinières au sud de Nantes) en 1722 (13) possédée auparavant par Marie Gabard, femme de Charles de Monti. Le bâtiment fut brûlé pendant la Révolution. Le château actuel est une bâtisse du 19e siècle. En 1728 il acquiert un 2e domaine, la Foliette (Haye-Fouassière en Loire-Atlantique), de son beau-père, Pierre Julien Descazaux pour 45 000 livres. En 1741 il obtient les terres de la Resangle et des Aubraies (Chevrolière près du lac de Grand lieu), cédé par son beau-frère, Pierre François Descazeaux. Surtout il hérite en 1732 de son oncle Joachim Descazeaux : terres de Saint-Fulgent, Haye-Gaisselin en Anjou, de Gué au Voyer à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique) et Meslean (Basse-Bretagne), des maisons à Nantes et Paris pour 244 000 livres (pages 112 et 113). Son capital foncier est de 970 000 livres en 1740. En 1739 avec 421 livres de capitation (impôt), il fait partie des 3 négociants les plus capités à Nantes, exæquo avec la veuve Montaudouin et devant Luc O’Schiel, capité à 340 livres. En 1745, avec 470 livres de capitation il s’approche de l’infime fraction des 160 à 200 familles du royaume, payant plus de 500 livres (page 118). René Darquistade possédait aussi la seigneurie de la Poitevinière à Saint-Georges-de-Montaigu, comme en témoigne une déclaration roturière passée devant le notaire des lieux, maître Étienne Bouron, le 29 avril 1748 par 11 propriétaires des environs (14).

René Darquistade occupe une maison donnant sur la Fosse à Nantes. Les étages sont voués à l’habitation et le rez-de-chaussé aux bureaux, magasins et comptoirs de vente. La partie des étages donnant sur le quai est louée, et Darquistade habite la partie à l’arrière de la cour donnant sur la rue de la Héronnière (page 114). C’est la vitrine de prospérité du port de Nantes avant le début des constructions sur l’île Feydeau. La demeure est vendue en 1735 pour 27 000 livres à Nicolas Mercier (page 115). Devenu maire, il loge à l’hôtel de ville et dans une maison à la Fosse non repérée. De 1741 à 1745, maire pour la 2e fois, il réintègre l’hôtel de ville. Seulement en 1746 il habite la paroisse Saint-Laurent, quartier aristocratique près de la cathédrale. Il choisit la maison des « Minimes » situé juste devant l’édifice religieux, à l’angle de la place Saint Pierre et de la rue Saint Laurent, qu’il loue à l’abbé Bourgeois, chanoine de la cathédrale (page 115). Il avait été anobli en 1743 et il lui importait alors de délaisser le milieu des négociants de la Fosse.

       Jetons de la seconde mairie de Nantes 
                   de M. Darquistade
René Darquistade fut échevin de Nantes en 1718, puis maire de la ville de 1735 à 1737, puis de 1740 à 1747. Il fut aussi colonel de la milice bourgeoise.

Il acheta une charge de secrétaire du roi, maison et couronne de France de ses finances en 1737. En 1741 il acquiert une deuxième charge : lieutenant de la vénerie du roi, charge purement honorifique, « qui lui sert à renforcer sa légitimité et tenter de faire oublier une situation de parvenu » (page 140).

Son anoblissement en 1743 le fut par mérite, ce qui reste exceptionnel dans le milieu négociant nantais (page 142), motivé officiellement et principalement par ses expéditions de capitaine de navires. Dans la guerre de succession d’Espagne il a contribué à faire rentrer en France des sommes considérables. Et puis il y ses responsabilités : au consulat, en tant que commissaire pour l’abonnement à la capitation, et surtout ses deux mandats municipaux. Officieusement, ses relations tissées jusqu’à la cour grâce à sa fortune, ont dû compter. Écuyer, seigneur de la Maillardière, il portait « d’argent au chevron de gueules, accompagné de trois trèfles de sinople deux et un ».

Il restait encore un échelon social à monter : se faire accepter dans les rangs de la haute aristocratie. Ce sera à son fils de le faire. Le 26 juillet 1743, ce dernier est reçu « conseiller du roi en sa cour de parlement et commissaire aux requêtes du palais ». Il siège parmi les 12 conseillers de la 1e chambre des requêtes, avec une dispense d’âge, étant âgé de 21 ans (au lieu de 25 ans minimum) (page 148). Deux jours après, le 28 juillet 1743, Pierre Henri Benoît, dit monsieur de Saint-Fulgent, se marie avec Louise Adélaïde Lorimer. Le père, Antoine Charles Lorimer, est maître de la chambre aux deniers de sa majesté entre autres. Sont notamment témoins au contrat de mariage le prince Charles de Bourbon, comte de Charolais, Louise Élisabeth de Bourbon, veuve de Louis Armand de Bourbon, prince de Conty et du Langon, Charles de Lorraine, grand écuyer de France (15).

Une faillite déshonorante


Des créanciers, les Bellabre, réclament le paiement de 94 538 livres dues par René Darquistade à leur père. Ils veulent saisir des biens et engagent un procès. Darquistade n’obtient pas de l’assemblée des créanciers le délai de 3 ans, possible, pour régler sa dette, car il avait 1 000 000 livres d’actifs et seulement 585 000 livres de passifs déclarés. Il est mis en faillite le 25 octobre 1748 au siège du consulat de Nantes. La cause essentielle de ses difficultés réside dans la gestion de son patrimoine : 79,3 % en domaines fonciers, hôtels et maisons. Il a voulu en vendre certains pour se refaire, mais la conjoncture économique ne s’y prêtait pas. Il aurait dû placer plus d’argent en rentes constituées, d’un rapport intéressant et régulier, faisant trop confiance à la terre et à la pierre, et ne diversifiant pas assez ses placements (page 158). 

Le 18 décembre 1752, le curé de Saint-Fulgent, Jacques Gilbert, écrit dans son registre paroissial, qu’il a bénit la petite cloche de l’église paroissiale, nommée Jacques, « à défaut de Henri Darquistade de Saint-Fulgent (il s’agit de Pierre Henri Benoît, fils de René), conseiller au parlement (de Paris), et de dame Henriette de Briquemault, marquise de Férole, autrefois dame de cette paroisse, dont les noms sont gravés sur ladite cloche, et qui ont refusé de la nommer, vu, disent-ils, les circonstances où ils se trouvent » (16). René Darquistade n’est décédé que deux ans plus tard, et on comprend qu’ils font allusion au déshonneur qui les frappait à cause de la faillite de 1748.

René Darquistade dut abandonner la Maillardière à ses créanciers. Il se retira avec sa femme dans le petit domaine de la Foliette. Malade, il survit 5 ans à sa faillite. Il décéda le 14 janvier 1754 à 73,5 ans à la Foliette. Après le décès de son épouse Françoise Descazeaux en 1769, la Foliette fut vendue à Joseph Lelong et Saint-Fulgent à Agnan Fortin.

Pierre Henri Benoît Darquistade (1722-1759)


Sans possibilité d’évolution à cause de la faillite de son père, Pierre Henri Benoît Darquistade demeura 16 ans dans sa fonction de conseiller à la chambre des requêtes, jusqu’à sa mort prématurée en mai 1759 à l’âge de 37 ans seulement. Sa femme eut la garde de leur fille unique : Élisabeth. Elle sera mariée à Louis Élisabeth de Pardieu, colonel aux grenadiers de France (pages 160 et 161).

Le seigneur de Saint-Fulgent fut inhumé à Bièvres (Essonne). Dans un article décrivant en 1885 l’église de Bièvres, dans l’ancien canton de Palaiseau (arrondissement de Versailles), l’auteur écrit la remarque suivante à propos de l’ancien chœur et sanctuaire : « Une grille en bois sépare ces parties de la nef. Sur ses barreaux sont fixées quatre petites plaques de cuivre rouge, provenant de débris de cercueils extraits des caveaux ayant existé dans cette partie de l'église ; elles portent les inscriptions, dont l’une est la suivante » :
« Ici Repose le corps de messire Pierre Henry Benoist Darquistade de Saint-Fulgent conseiller du roi en sa cour de parlement et commissaire aux requêtes du palais décédé en sa maison rue du Faubourg-Saint-Honoré paroisse de la Madeleine de la Ville-L’Évêque le 20 mai 1759 âgé de trente-sept ans passé et transporté en la paroisse de Bièvres le Châtel le 21 du dit mai Resquiescat in pace » (17).  

                 Château des Roches à Bièvres
Ainsi nous est donnée sa dernière adresse parisienne dans le faubourg-Saint-Honoré, faisant alors partie de la paroisse de la Ville-l'Évêque dans le futur 8e arrondissement de Paris. Elle a disparu comme son ancienne église paroissiale de la Madeleine, démolie en 1764. On apprend que son cercueil a aussi disparu pour des raisons ignorées, et seule une plaque a été récupérée pour perpétuer sa mémoire. On suppose que son inhumation à Bièvres le rapprochait d’une résidence de campagne, que peut-être il y possédait. Le cimetière de l’église de La-Ville-l’Évêque ne datait que de 1690 et il fut remplacé par un marché à l’époque du décès du seigneur de Saint-Fulgent (18). Ce contexte contribue sans doute à expliquer l’inhumation à Bièvres. 

Les Guyet-Desfontaines et Amaury-Duval, amis très proches des Bertin, propriétaires du Journal des Débats, ont fréquenté assidûment ceux-ci dans leur résidence de Bièvres au milieu du 19e siècle. Propriétaires alors de Linières situé à proximité de Saint-Fulgent où ils y possédaient des métairies, il est presque certain qu’ils ont connu l’existence de cette plaque. Ils en savaient certainement plus que nous sur ses mystères. Mais ils n’en ont fait aucune allusion dans les courriers que nous avons pu lire. Cette plaque est-elle toujours en place 130 ans après ?

La publication de notre article en janvier 2016 a suscité les recherches d’un internaute voisin des lieux dans la région parisienne, Vendéen originaire des Essarts. Nous ajoutons ici les informations qu’il nous a données (19).

Les plaques de cuivre ne sont plus visibles dans l’église de Bièvres probablement parce que la grille qui séparait le chœur de la nef a été enlevée depuis longtemps. Pierre Henri Benoît Darquistade avait épousé le 28 juillet 1743 dans la paroisse Saint-Sulpice à Paris Louise Adélaïde Lorimier (1728-1829) fille d'Antoine Charles Lorimier, secrétaire du roi de la grande chancellerie de France, intendant et contrôleur général des livrées du roi. Ce beau-père de Darquistade possédait à Bièvres le château du Petit Bièvres encore appelé « pavillon Marie Antoinette ». Ce pavillon existe toujours, au n° 5 rue du Petit Bièvres, près de la mairie et de l’église. C’est très vraisemblablement en raison de cette résidence de Bièvres appartenant à sa belle-famille que Darquistade y a été enterré. 

              Château du Petit Bièvres
Le beau-frère de Darquistade s’appelait Claude Christophe Lorimier de Chamilly, né en 1732. Il était premier valet de chambre de Louis XVI et brava les plus grands dangers le 10 août 1792 pour pénétrer aux Tuileries auprès de la personne du Roi. Serviteur loyal, il fut emprisonné à la Force mais échappa aux massacres de Septembre. Arrêté une seconde fois le 9 février 1794, il fut enfermé dans la prison du Luxembourg, et périt sur l'échafaud le 23 juin à l'âge de soixante-deux ans.

L’acte d’inhumation de Pierre Henri Benoît Darquistade est consultable en ligne aux Archives Départementales de l’Essonne dans le registre paroissial de Bièvres, années 1748-1760, vue 161 : « Lundi vingt et unième de mai 1759 a été apporté dans cette église par la permission de monseigneur l'archevêque de Paris le corps de messire Pierre Henry Benoît Darquistade de Saint-Fulgent conseiller du Roi en sa cour du Parlement et commissaire aux requêtes du Palais, époux de Louise Adélaïde de Lorimier décédé de hier en la paroisse de Sainte-Marie-Magdelaine de la Ville-l'Évêque à Paris âgé de trente-sept ans ou environ, au transport duquel ont assisté messire Claude Christophe Lorimier de Chamilly intendant et contrôleur général des écuries et livrées du Roy et messire Philippe Hilaire de Beaufort écuyer avocat au Parlement, témoins qui ont signé ».

Pendant que la seigneurie de Saint-Fulgent était aux mains d’un commissaire des saisies réelles à Rennes, les créanciers négligeaient les dépenses d’entretien. Le régisseur et receveur des recettes sur place, Mathurin Thoumazeau, fit face à la situation, pris entre les exigences des créanciers et les obligations du propriétaire. C’est ainsi qu’il reçut le 10 juin 1754 une sommation par sergent royal (huissier) de faire faire les réparations convenables aux deux moulins à eau et aux bâtiments de la Pesotière, installés sur le ruisseau de la Grande Maine dans la paroisse de Saint-Fulgent, par Mathurin Guicheteau, meunier et fermier des moulins. On a le procès-verbal de la visite des lieux et le devis initial des réparations, qui se monte à 700 livres (20).

Ce sont les créanciers des parents de Pierre Henri Benoît Darquistade qui vendirent la seigneurie de Saint-Fulgent dix années après ce décès, en 1769, à Agnan Fortin, un autre Nantais pour la somme de 157 000 livres (21). Rappelons qu’elle avait été achetée en 1722 pour un montant de 122 700 livres, et qu’elle fut estimée lors de la faillite de 1748 130 000 livres (page 187).

De son vivant Pierre Henri Benoît Darquistade tenait le petit fief Ruffin à Saint-Fulgent de la seigneurie du Puy-Greffier. Il y eut rectification ensuite, le fief Ruffin rendant hommage à la seigneurie de la Thibaudière, appartenant à la seigneurie de Saint-Fulgent et mouvante du marquisat de Montaigu.  Il était situé proche du village de Manerier (9).

Agnan Fortin (1727-1798)


Ses origines et sa vie d’officier


Il était fils de Louis Fortin, né vers 1686 en Indre-et-Loire, et de Marie Anne Jaroffroy. Ils s’étaient mariés le 12 septembre 1719 à la Croix-des-Bouquets, dans l’île de Saint-Domingue. Ils exploitèrent la sucrerie du Petit Bois, sise au quartier du Cul-de-Sac, paroisse Notre-Dame-du-Rosaire de la Croix-des-Bouquets. Ils rentrèrent à Nantes dès 1745 et acquirent en 1746 la propriété de Bellanton (à Thouaré, sur la rive droite de la Loire à 6 km en amont de Nantes) et en prirent le nom. Nous devons ces informations et celles qui suivent au comte de Grimoüard, qui a publié un article dans la revue « Généalogie et Histoire de la Caraïbe », no 240 en octobre 2010 : « Les Fortin de Saint-Fulgent et de Bellaton ». 

              Croix-des-Bouquets en 1881
Agnan Fortin est né le 14 septembre 1727 à la Croix-des-Bouquets à Saint-Domingue (actuellement Haïti), où il passa son enfance et sa jeunesse. Ses parents y exploitaient la sucrerie du Cul-de-Sac, comprenant de nombreux esclaves. Dès 1752, il sert dans les mousquetaires gris (maison du Roi). Son acte de mariage en 1768 le dit « capitaine de cavalerie, chevalier de Saint Louis » et domicilié paroisse Saint-Nicolas à Nantes.

Le 19 juillet 1768 en effet, il épouse dans la chapelle des capucins à Nantes Suzanne Élisabeth Marie Lieutaud de Troisville, fille de Jean Baptiste Lieutaud de Troisville, ancien négociant, et de Suzanne Élisabeth Guitton, qui possédaient une sucrerie à Saint-Domingue.

L’implantation à Saint-Fulgent


L’année d’après Agnan Fortin achète la seigneurie de Saint-Fulgent et une charge de secrétaire du roi.
Grâce aux revenus des plantations de Saint-Domingue, il fait d’importants travaux dans le château de Saint-Fulgent et prodigue des dons à l’église de la paroisse. Il a fait démolir l’ancien château. Les nouvelles constructions comprennent en 1774 six corps de bâtiments se joignant (granges, écuries, remises, toits, métairie et bas office), bâtis dans le jardin et la cour de l’ancien château. Son futur « hôtel ou nouveau château » est à reconstruire à cette date en prenant une partie de l’ancien jardin et une autre partie dans l’ancien parc. Le reste du parc sera transformé pour y créer les nouveaux jardins, vergers, cour et basse-cour. Le tout occupe une surface de 36 boisselées (4,3 ha) (22).  

Il conserve toujours un droit de passage par un jardin et une cour d’un particulier pour aller directement de son château à l’église ou dans sa « ville de Saint-Fulgent, étant à pied avec notre compagnie, et domestiques familiers étant avec nous, et ce à heures dues, conformément à l’arrentement qui a été fait de ladite maison cour et jardin par les anciens seigneurs à Dominique de Loche sieur de la Touche, laquelle maison était appelée la maison de la Tour ». Celle-ci appartient en 1774 à Jean Leloup sieur du Parc, chirurgien (22).

Il arrenta le four banal du bourg de Saint-Fulgent. L’acte fut passé devant Frappier et Boisson, notaires des lieux, le 15 janvier 1771 (23). Il avait donné pouvoir d’agir en son nom à son procureur fiscal sur place, Mathurin Thoumazeau. Les acquéreurs du four, avec sa maison de trois pièces de rez de chaussée et un jardin, sont pour moitié chacun Marianne Pairaudeau, veuve de François Tricoire, et François Morlière, marchand, tous deux demeurant dans le bourg de Saint-Fulgent. Le four et ses annexes, occupant « 3 boisselées à semer lin », est situé dans les préclôtures du château, touchant la route de Nantes à la Rochelle et la tour prison. D’ailleurs les acquéreurs s’engagèrent à laisser le passage pour accéder à cette prison.

Le nouveau seigneur de Saint-Fulgent se réserve pour le principe le droit de banalité et la faculté de contraindre les habitants de Saint-Fulgent, qui y sont sujets, à l’usage du four. Les preneurs ne pourront donc pas faire usage de ce droit, et il est prévu qu’ils laissent ceux qui le souhaitent, faire construire des fours dans leurs maisons, pour un usage familial. Conformément au droit féodal de la propriété, il est convenu que le four sera tenu roturièrement sous l’hommage du seigneur de Saint-Fulgent au marquisat de Montaigu, en même temps que la partie de Saint-Fulgent en dépendant. On sait que la plus grande partie dépendait de la seigneurie de Tiffauges. Mais le cens et devoir noble annuel de 5 sols et 2 chapons dû par le seigneur de Saint-Fulgent, sera pris en charge par les preneurs du four. Cette présentation juridique de l’acte d’arrentement montre bien la volonté du seigneur de Saint-Fulgent de ne plus appliquer ce droit de banalité, et pour cela, il le garda pour lui. 

Louis Toffoli : Le four à pain
Il faut savoir que ce droit de banalité seigneuriale, né avec le millénaire, a eu du mal a perduré dans la contrée à cause de la dispersion des habitants dans la campagne. C’était une obligation réservée aux habitants des agglomérations comme un bourg. Dans les villages et les grosses métairies il existait souvent une boulangerie et un four à cuire le pain, dénués de tout droit de banalité. Celui-ci fut aboli le 17 juillet 1793.

La rente foncière, annuelle et perpétuelle fut fixée à 24 boisseaux de seigle, quitte des impôts royaux nés et à naître. Elle devait être versée à la fête du 15 août, et les 24 boisseaux étaient à la mesure du minage de Saint-Fulgent, égale à celle des Herbiers. Il semble que cette dernière information était valable pour toute l’histoire de cette seigneurie (24). Très proche de la valeur du minage des Essarts, ces 24 boisseaux correspondaient à 3,5 quintaux environ.

Au moment de cet acte en 1771, comme dans l’acte suivant en 1773, Agnan Fortin habite à la Fosse à Nantes. À partir de 1775, il a déménagé dans un hôtel de l'Île Feydeau à Nantes. Quand en 1790 il signe un pouvoir pour Jean Baudry, son garde-chasse et régisseur à Saint-Fulgent, il indique résider dans la paroisse Saint-Clément à Nantes (25).

Le 22 décembre 1773, Agnan Fortin vendit par arrentement une métairie d’une vingtaine d’hectares à la Chaunière (Saint-Fulgent) à quatre voisins ensemble. Le montant de la rente annuelle et perpétuelle payée par ces derniers est de « 50 boisseaux de seigle loyal et marchand, mesure du minage de Saint-Fulgent, net de toutes impositions royales ». Cela devait représenter une somme de près de 70 livres par an, bien faible pour une telle surface. On soupçonne une situation dégradée, et il est assez probable que les terres furent ensuite réparties entre les acquéreurs : 3 bordiers et un meunier. Agnan Fortin a gardé à titre de devoir noble et féodal, les menus suffrages apportés par l’ancien fermier : 18 livres de beurre, 12 poulets, 6 chapons et 5 sols en argent. Ces droits s’ajoutèrent à ceux dus sur le village et tènement de la Chaunière aux seigneurs de Saint-Fulgent et de la Thibaudière, notamment le terrage sur une partie des domaines arrentés (26).

Les chances et malchances de la Révolution


En 1791, habitant toujours dans la paroisse Saint-Clément (27), Agnan Fortin acquiert l’essentiel des biens nationaux de Saint-Fulgent confisqués à l’Église, renchérissant sur Simon Charles Guyet (Voir notre article publié sur ce site en avril 2013 : Simon Charles Guyet à Saint-Fulgent (1733-1793)). Son  château de Saint-Fulgent fut incendié par les révolutionnaires en 1793, et sa fortune connut des vents contraires à cause de la révolte des esclaves en août 1791 à Saint-Domingue, et de l'interruption des relations maritimes avec l'île à cause des Anglais.

De ses huit enfants, quatre lui survivront. Son fils aîné émigra dans le camp royaliste, et le père dut négocier pour conserver la terre de Saint-Fulgent dans l’héritage laissé à ses enfants après sa mort à Paris en 1798. Pour plus de détails sur ses achats de biens nationaux dans la contrée, voir l’article publié sur ce site en mai 2017 :  La vente des biens des émigrés à Saint-André-Goule-d’Oie.

Son fils aîné, Guy Auguste Fortin, hérita de Saint-Fulgent. Il eut une carrière peu reluisante de sous-préfet sous Napoléon, laissant le château de Saint-Fulgent à l’abandon, sommairement retapé après la guerre de Vendée.

En 1804 ses biens à Saint-André sont les métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye, achetées par son père en 1789 à Perrine Bruneau, veuve d’Abraham de Tinguy. Il possédait aussi une rente de 16 boisseaux de froment à la Gandouinière. À Saint-Fulgent il possède les métairies de la Coussaie, de Lérandière, de la Courpière, de la Haute Thibaudière, de la Basse Thibaudière, deux métairies à l’Oisellière, le Plessis Richard, le Doullay et la borderie et tuilerie de Boizard.

Déjà nous sommes dans une autre époque, celle du 19e siècle, et il est temps de revenir en arrière pour voir comment ces nouveaux seigneurs de Saint-Fulgent se sont comportés dans la querelle que leurs prédécesseurs ont entretenue, à propos de leurs droits seigneuriaux sur la Boutinière, la Chevaleraye et Javelière.

À suivre.


(1) J. Dehergne, Le Bas-Poitou à la veille de la Révolution, CNRS, 1963, page 156, Archives de Vendée : BIB 1224.
(3) Jean François Belhoste, Les Forges du pays de Chateaubriant, 1984, page 62.
(4) Nicole Dufournaud et Bernard Michon, Les femmes et le commerce maritime à Nantes (1660-1740), un rôle largement méconnu, Open édition publié en 2006.
(5) Transaction du 12-11-1733 entre René Darquistade et l’abbé de Rothelin sur les droits de Henriette de Briquemault, veuve de Joachim Descazaux, Archives départementales de Loire-Atlantique, famille Darquistade : 2 E/735.
(6) Aimé de Soland, Bulletin historique et monumental de l'Anjou, Angers, 1855, volume 3, page 104.
(7) Cécile Herault, Heurs et malheurs d’une famille de négociantes nantaise d’origine basque, les Darquistade aux 17e et 18e siècles, Archives départementales de Loire-Atlantique, mémoire de maîtrise, université de Nantes, UFR Histoire, 2003, pages 54 à 56.
(8) Ventes du 20-8-1764 de la Richerie, Bonnetrie et Petite Boucherie (Saint-Fulgent), Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/3.
(9) 150 J/G 40, extraits et notes sur la vente à Crespeau de 1559 et sur l’aveu de Saint-Fulgent en 1604 à Languiller. Voir aussi : Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, pages 22, 18.
(10) Lettre d’Alexis de Tocqueville à Arthur Gobineau du 15 mai 1852. Citée par A. Arendt dans Les origines du totalitarisme, Quarto Gallimard, 2020, page 440.  
(11) Armel de Wismes, Nantes et le temps des négriers, Édition France-Empire, 1e édition en 1983.
(12) Dominique Le Page, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne, mis en ligne le 30 juin 2016.
(13) M. Ernest de Cornulier, Essai sur le dictionnaire des terres et des seigneuries comprises dans l’ancien comté nantais.
(14) Archives de Vendée, notaires de Saint-Georges-de-Montaigu, étude A Bouron, déclaration roturière de 11 teneurs à René Darquistade à cause de la Poitevinière (vues 82 à 106).
(15) Contrat de mariage de M. de Saint-Fulgent du 28 juillet 1743, Archives départementales de Loire-Atlantique, famille Darquistade : 2 E/735.
(16)http://recherche archives.vendee.fr/data/files/ad85.ligeo/pdf/FRAD085_4NUM220/4Num220_1899_3/4Num220_1899_3_0306.pdf
(17) « notice sur la commune de Bièvres » par M. F. Martin, Revue de la commission des antiquités et des arts du département de Seine-et-Oise, 1885, page 99.
(18) Philippe Ariès, L’homme devant la mort, Seuil, 1977, page 314.
(19) Mail de J. P. Guibert à l’auteur de l’article du 22-02-2016.
(20) Estimation du 17-6-1754 des travaux sur les moulins de la Pesotière (St Fulgent), Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/114.
(21) Vente du 11-10-1769 de la terre de Saint-Fulgent par la direction des créanciers Darquistade à M. Fortin, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 108, Fortin et Rezeau.
(22) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, pages 4 et 63..
(23) Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6, arrentement du 15-1-1771 du four banal de Saint-Fulgent.
(24) Minute du notaire Frappier du 15 avril 1771, acte d’accensement de l’emplacement de l’ancien châtel, Archives d'Amblard de Guerry : classeur prix et mesures.
(25) Frappier : 3 E 30/13, pourvoir du 6-2-1790 donné par Agnan Fortin à son garde-chasse.
(26) Arrentement du 22-12-1773 d’une métairie à la Chaunière par Fortin, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(27) Frappier : 3 E 30/12, vente du 11-11-1789 des métairies de la Boutinière et la Chevaleraye par P. Bruneau à A. Fortin.


Emmanuel François, tous droits réservés
Janvier 2015, complété en octobre 2020

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