L’actuelle église paroissiale de Saint-André-Goule-d’Oie
a été construite en 1875/1876, à la place de l’ancienne, décalée vers l’ouest
de quelques mètres semble-t-il sur un terrain de 8 ares (1). L’adjudicataire a
été désigné le 3 septembre 1874 (2), et dans une lettre à Amaury-Duval du 7 mai
1875 le curé Martin écrit au sujet de la nouvelle église : « Elle
s’élève rapidement, nous voici déjà rendus à la naissance des croisées »
(espaces des vitraux) (3). On sait que l’église a été bénite le 19 août 1877 (4).
L’ancienne église
L’ancienne église n’était
qu’une simple chapelle qui fut agrandie plus tard par l’addition de deux bras
de croix. Elle était devenue insuffisante à
cause de l’augmentation de la population (1525 habitants). Elle avait une
surface totale de 230 m2, dont 185 m2 seulement pour les
fidèles, une fois déduits le chœur, les petits autels et les fonds baptismaux, soit
pour 500 d’entre eux environ, alors qu’ils sont au moins 1000 si les 2/3 des
habitants assistent aux offices. Sa disposition rendait son agrandissement impossible (5). L’architecte du
département, Victor Clair, qui a supervisé les travaux de construction, avait
réalisé en juillet 1873 un plan de l’ancienne église (6). D’origine vosgienne, il dressa environ 50 plans
d’édifices religieux en Vendée (7).
Plan de l’ancienne église (1873)
(Archives paroissiales : 28-I Église et bâtiments)
|
Dans cette coupe longitudinale l’entrée par la nef,
côté sud (gauche sur le plan ci-contre), ne comprend pas le ballet (auvent)
mentionné dans la description de l’église en 1796 : « la ci-devant
église dudit lieu, sacristie et ballet en dépendant, le tout se joignant »
(8). Le texte ne dit pas où se situe le ballet, mais les côtés nord et est
étant occupés par le presbytère on le suppose plutôt côté sud. Le plan ne fait
pas apparaître le presbytère non plus, situé à l’avant de cette coupe de la
seule église, ainsi que le bâtiment de servitude du presbytère adossé à
l’église, côté nord. Dans le plan de masse ci-dessous la tour à
droite de l’entrée est bien représentée, avec un mur extérieur la joignant. Ce
mur fut construit ou reconstruit en 1815 pour fermer une petite place devant
l’église et le presbytère, où se trouvait un calvaire (9). On voit la sacristie
prolongeant le chœur sur son côté nord. De plus, on sait que le sol de l’église
avait un carrelage refait en 1764 (10) et réparé en 1856 suivant la comptabilité
de la fabrique cette année-là. La
charpente avait été en partie changée ainsi que des lambris en 1843 et on avait
installé deux nouveaux retables dans les deux chapelles de l’église (11). Ses murs étaient blanchis à la chaux comme ceux
du presbytère (blanchissage en 1847). En 1850 on fit venir des ardoises de
Nantes et réparer la charpente de la sacristie. L’érection d’un chemin de croix
dans l’église de Saint-André avait été autorisée par l’évêché le 10 janvier
1846 (12).
Plan de l’ancienne église (1873)
(Archives paroissiales : 28-I Église et bâtiments)
|
Le financement de la construction de la nouvelle église
L’épiscopat
avait encouragé la fabrique à faire des économies dès 1866 en vue d’une
reconstruction. Une souscription fut lancée auprès des paroissiens pour la construction
de la nouvelle église. On fit les comptes le 6 juillet 1873 et 286 chefs de
famille répondirent à l’appel pour un montant total de 23 570 F (13). On
peut penser que presque tout le monde participa. Les archives gardent leurs
noms et prénoms, professions, lieux d’habitations et montants donnés. Cette
transparence est révélatrice de certains traits des relations dans ce milieu à
cette époque : simplicité et solidarité. Il y eut 2 anonymes. Les 6 plus
gros donateurs s’engagèrent pour 41 % du total de la contribution, les 55 gros
donateurs suivants pour 37 %, et les 225 petits donateurs pour 22 % de ce
total. Voyons les plus gros donateurs :
-
Isidore
Martin, curé né aux Herbiers d’un père marchand : 3 000 F
-
Pierre
Fonteneau, de la Jaumarière, est trésorier de la fabrique et adjoint au maire.
Il habitera le bourg plus tard et sera maire de la commune à l’été 1875. Il
donna 2 000 F
-
Marcel
de Brayer, maire et propriétaire de Linières : 1 500 F
-
Angélique
Loizeau, veuve de Jean André Chaigneau du Coudray, cousine de François Cougnon
fils : 1500 F
-
Henriette
Papin, belle-fille de la précédente et veuve de Jean François Chaigneau du
Coudray. Ce dernier fut maire 6 mois en 1869, et est mort à 35 ans. Elle
finança aussi le vitrail de la Vierge et donna pour la construction de l’église
1 200 F
-
Augustine
Fluzeau, veuve Rochereau de la Brossière, fille de François Fluzeau, capitaine
dans l’armée vendéenne, ancien agent de la commune en 1796 et adjoint au maire
à partir de 1800. Son mari était le fils de l’ancien maire (1835-1848), Pierre
Rochereau. Elle donna 500 F.
P Parmi les petits donateurs on relève que les métayers de Linières, Jean Rabau et Marie Payraudeau, veuve Brochard, ont donné chacunn 25 F. Le jardinier du château, Stanislas Rouleau, a donné 18 F.
P Parmi les petits donateurs on relève que les métayers de Linières, Jean Rabau et Marie Payraudeau, veuve Brochard, ont donné chacunn 25 F. Le jardinier du château, Stanislas Rouleau, a donné 18 F.
Les dirigeants de la fabrique établirent une liste
des donateurs avec les montants souscrits et l’étalement des paiements en 3
versements d’ici à 1876 (14). Le 1e paiement aura lieu quand les
murs de la nouvelle église seront hors de terre, le second sera fait une année
après le premier, et le dernier une année entière après le second (15). Cette liste a été conservée dans les
archives, et on voit quelques défauts de paiements minimes qui durent être
compensés. A
titre d’exemple on a Jean François (fils), mon aïeul de la Boninière, qui avait
souscrit 25 F et qui ne paya que 10 F au premier paiement à cause de son décès
peu de temps après. Son père Jean François avait souscrit 25 F et paya 8,5 F au
1e paiement et 16,5 F au 2e.
Initiales de Marcel de Brayer dans le
parc
du château de Linières
(photo Jean Caillé en juin 1974)
|
Des appels d’offres ont été affichés dans les
communes voisines au cours de l’été sur un devis des travaux de 72 313 F.
Et le 3 septembre 1874, se sont réunis au presbytère sous la présidence du président
du conseil de fabrique, assisté du curé et du maire, le conseil de fabrique et le
conseil municipal. Une seule soumission avait été déposée par le sieur Tilleau
de Mortagne, offrant 1 % de rabais. En conséquence ce dernier a été déclaré
adjudicataire, et le montant du devis d’adjudication qui était de 72 313 F
a été réduit à 71 589,87 F. Suivent les signatures de Marcel de Brayer
(maire), du curé et du vicaire et 11 autres édiles (16). C’est le même
entrepreneur Tilleau qui construira l’escalier d’entrée du château de Linières
devant la cour avec sa terrasse en grandes dalles de Charente (17). La
commission départementale des bâtiments civils, dans sa séance du 16 août 1873,
a émis un avis favorable au projet de l’église de Saint-André-Goule-d’Oie et à son style néo-gothique (18).
Le devis d’adjudication, majoré des honoraires d’architecte,
se montait à 75 883 F. On disposait de 23 570 F de souscriptions, de
16 219 F de disponibles dans la caisse de la fabrique, augmenté d’un
excédent prévu des exercices 1873 à 1876 de 10 000 F, et d’un emprunt de
10 500 F à 5 % d’intérêt sur 10 ans auprès de Pierre Fonteneau,
déjà évoqué parmi les souscripteurs. Son prêt se comprend par l’absence de
banque dans les campagnes. Il fut
autorisé par décret du président de la République, le maréchal de Mac Mahon,
signé à Versailles le 9 juillet 1874, suivant l’organisation constitutionnelle
de l’époque (19). Au total on disposait de 60 289 F. On demanda
une subvention au ministère de l’Intérieur de 15 594 F pour atteindre le
montant du devis. Il n’accorda que 10 000 F et on manqua d’argent (20). La
commune n’a pas participé au financement, ayant alors la charge d’un montant de
24 centimes additionnels aux quatre contributions, pour la construction des
routes et de l’école des garçons à la même époque. Dans
une lettre du 1er mars 1874 au maire de Saint-André, le ministre du
culte lui indique que « le projet, quoique bien conçu, pourrait être
amélioré dans quelques-uns de ses détails. Il y a donc lieu de recommander à
l’architecte les modifications suivantes … ». Suivent 10 conseils
techniques remarquables de précision, dont on ne sait pas s’ils furent pris en
compte par l’architecte du département (21). Voilà bien un ministère qui
poussait loin la pratique de centralisation administrative.
Surtout le devis initial fut dépassé de 24 %, et le décompte
général définitif du 15 novembre 1878 des travaux de construction de l’église
s’éleva à 93 940 F (22). On trouva de nouvelles ressources. De gros
donateurs s’engagèrent sur un complément de souscription de 7 840 F :
de Brayer (2 000 F), la veuve Chaigneau (2 400 F), Jean Louis Charpentier,
curé de Luçon et originaire du Clouin (1 390 F), Bordron de la Boutarlière
(1 200 F), Charles de Tinguy du Pouët du bourg (850 F). Si bien qu’au
total le montant des souscriptions s’éleva à 31 410 F (23).
On fit appel aux paroissiens pour des emprunts sans intérêts
dans les années 1876, 1877, 1878 et 1879 sur des montants très variables et
totalisant au moins 12 650 F suivant la documentation laissée, mais on soupçonne
un montant plus élevé (24). La durée des prêts n’est pas précisée. Dans ces
emprunts on comprit un emprunt de 2 000 F à la caisse des messes du curé.
Elle disposait toujours de sommes d’argent données d’avance. L’opération
fut faite « du consentement des donateurs, à la condition que les défunts
n’en souffriraient pas, et que les messes qui doivent être chantées pour eux
seraient chantées à leur tour, à la condition aussi que cette somme serait
remise dans la caisse des messes aussitôt que la fabrique pourrait la
rendre » (25). Les morts, on le voit, avaient leur mot à dire. On pourrait en sourire,
mais ce serait oublier leur présence dans l’esprit de leurs familiers en vie et la vitalité de la religion. Pour favoriser la souscription il fut décidé que
pour chaque somme de 25 F qui serait donnée pour la construction de la nouvelle
église, une messe serait chantée aux frais de la fabrique, pour le donateur ou
la donatrice après son décès. Les prêteurs sans intérêt seront regardés comme
prêtant à 5 %, et faisant don à l’église de l’intérêt qui leur serait dû
naturellement. Et dès lors toute personne à qui il serait dû 25 F d’intérêt
aura droit à une messe comme bienfaiteur de l’église et à autant de messes qu’elle
serait censée avoir gagné en intérêt de sommes de 25 F. Et certains
des prêteurs déclarèrent qu’ils abandonnaient les sommes prêtées pour
faire chanter des messes pour elles après leur mort.
Église de Saint-André-Goule-d’Oie
|
Et puis il y a le cas particulier de Mme veuve Jean
François Chaigneau du Coudray, « qui a donné à la fabrique la somme de 1
500 F à condition que chaque année, à perpétuité, un service de 2e
classe et une messe serait chantée pour François Cougnon fils du Coudray, son cousin
décédé en 1858. La fabrique, ayant besoin d’argent pour l’église, a inscrit
cette somme au commencement de la construction de l’église parmi ses recettes
du consentement de la donatrice, en lui promettant de faire célébrer le service
et la messe avec les intérêts de la
somme de 1 500 F. Elle a promis aussi de placer sur l’État une somme suffisante
pour faire le service et la messe dès que les dettes seront acquittées, et de
faire tout approuver par l’autorité compétente. » (25). Ce cousin de la veuve
Chaigneau, François Cougnon fils, était mort sans descendance et ses biens
allèrent aux Chaigneau et Rochereau, à une époque où les droits de succession
entre cousins n’étaient pas confiscatoires.
Dans la séance du 6 avril 1902 du conseil de
fabrique, « M. le curé fait observer que l’emprunt pour la construction de
l’église étant remboursé intégralement, il reste encore à la fabrique à remplir
l’engagement qu’elle avait pris de faire chanter une messe des bienfaiteurs par
chaque somme de 25 F prêtée pour la construction de l’église. Il propose en conséquence au conseil de
voter un crédit pour s’acquitter de cette dette. Le conseil à l’unanimité
reconnaît cet engagement prit au début de la construction de l’église et décide
que chaque année il sera ouvert au budget un crédit spécial pour faire
acquitter ces messes dites « messes de bienfaiteurs » jusqu’à
concurrence de la somme de 3 444 F » (26).
Le 2 décembre 1926, le curé Leboeuf, constatant l’inflation
des prix, conséquence directe de la première guerre mondiale, fit une demande à
leur sujet au vicaire général de l’évêché de Luçon. Il écrit :
« Après la construction de l’église paroissiale de Saint-André, la
fabrique a assumé la charge de faire célébrer, pour les bienfaiteurs ayant
versé une somme importante en faveur de l’édification de l’église, des messes
chantées aux honoraires de 3 F. D’après le relevé que je viens de faire, le
total de ces messes s’élève à la somme 3 888 F, soit 1296 messes chantées
à 3 F l’une. Monseigneur, je vous prie de bien vouloir demander à sa grandeur
Mgr l’évêque de Luçon, de convertir ces messes chantées à 3 F en messes
chantées à 15 F. Elles seraient annoncées pour les bienfaiteurs vivants et
défunts de l’église » (27). Dans sa réponse du 8 mars 1927, Mgr Mercier,
vicaire général de l’évêché de Luçon, indiqua au curé de Saint-André :
« Mgr a obtenu du Saint Siège, par indult (dérogation), que l’église de
Saint-André-Goule-d’Oie puisse acquitter son obligation de messes pour les
bienfaiteurs défunts en faisant célébrer des messes basses, et au plus tôt, en
aussi grand nombre que le comporte la somme à laquelle s’élevait le total des
honoraires de ces messes à l’époque où elles ont été
promises, c’est-à-dire si je ne me trompe 1296 messes à 3 F l’une :
3 888 F. L’évêché est en mesure de faire célébrer ces messes sans délai par des
prêtres du diocèse aussitôt que vous pourrez en verser les honoraires. Ainsi se
trouvera à peu près régularisé, au point de vue de la religion et de la justice
la situation de la fabrique de votre paroisse. Vous en aurez été le bon
ouvrier » (28). Il n’existait plus de fabrique à cette époque, mais des
associations cultuelles qui en tenaient lieu. Les messes chantées avaient été
transformées en messes basses et leur nombre maintenu.
Église de Saint-André-Goule-d’Oie
|
Pour terminer il est intéressant de relever la
synthèse du décompte des dépenses pour la construction de l’église dressé par
l’architecte le 15 novembre 1878 :
Chapitre 1 : Église : 76 980,47 F
Chapitre 2 : Beffroi : 8 234,05 F
Chapitre 3 : Sacristie et couloirs :
4 585,29 F
Chapitre 4 : Beffroi et palier : 571,45 F
Ensemble : 90 371,26 F
À déduire rabais 1 % : 903,70 F
Reste : 89 467,56 F
Honoraires 5 % : 4 473,37 F
Total général : 93 940,93 F (29).
Les vitraux et les cloches
Cette somme ne comprend pas les vitraux payés par
les paroissiens. On lit dans les comptes de la fabrique : « L’argent
donné pour les vitraux est dans la caisse de la fabrique dans une boite à part. »
(30) Dans une lettre du 7 mai 1875, le curé écrit au maire à Paris, le comte Marcel de
Brayer : « Mes paroissiens vont me payer mes vitraux. Je pense
que je n’en aurai pas assez à leur offrir. Sur onze croisées qu’il y aura dans
la première partie de l’église, neuf m’ont déjà été promises. Il ne m’en reste
plus qu’une d’un bas prix, qui sera au-dessus d’une petite porte d’entrée, et
une des plus belles que je réserve pour M. le comte. Elle sera placée dans le
transept du côté droit, en entrant dans l’église (autel de saint Joseph). En
face sera un vitrail de même grandeur qui sera payée par Mme veuve Chaigneau du
Coudray (autel de la Vierge) » (31). On peut toujours voir les noms des
familles donatrices gravés en bas de chaque vitrail. Le vitrail du châtelain de
Linières représente la sainte famille occupée au travail, et dans sa
partie basse, on remarque deux blasons. À droite c’est celui du général Michel
de Brayer (1769-1840), que Napoléon avait fait comte, le grand-père de Marcel
de Brayer. À gauche est
le blason d’Amilcar de Brayer (1813-1870), oncle de Marcel de Brayer, lequel
avait hérité de son titre. Voir notre article publié sur ce site en janvier
2011 : De Brayer et la nouvelle église de Saint-André-Goule-d’Oie.
Dans sa séance du 1e juillet 1883 le
conseil de fabrique a décidé d’augmenter la somme assurée au titre de
l’incendie de l’église de 10 000 F pour la porter à 130 000 F. On lit dans
le procès-verbal que l’église « a coûté tout compris avec les meubles qui
sont immeubles par destination 130 000 F » (32). Ces immeubles par
destination étaient les autels, fonds baptismaux, cloches, etc.
Église de Saint-André-Goule-d’Oie
|
Les deux cloches de l’ancienne église furent
récupérées dans l’église neuve. L’une était très récente, bénite par l’abbé
Louis Charpentier, archiprêtre de l’église de Luçon. Il en avait été autorisé
par l’évêque le 27 avril 1873 à la demande de l’abbé Isidore Martin, curé de la
paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie (33). N’était-il pas originaire du Clouin
et archiprêtre de Luçon ? C’est encore lui qui bénit les 4 nouvelles
cloches de l’église le 19 septembre 1893. À cette occasion, un chant fut
composé exprès pour la cérémonie, où il est appelé « le grand
prêtre ». Au
sein de l’Église catholique on ne parle pas de réussite sociale, mais cet
archiprêtre était quand même une fierté locale.
Son auteur était l’abbé Chatry, curé de
Saint-Mesmin et surtout originaire de la Courpière (Saint-Fulgent), dont la
famille était bien connue à Saint-André. Il a écrit ces mots : « Et
nous voulons suivre l’exemple des Essarts et de Saint-Fulgent », célébrant
ainsi sans complexe l’esprit des clochers. Les parrains et marraines des
cloches ont été Mme de Marcilly et Léon de Marcilly (ce dernier alors maire et
propriétaire de Linières), Mme Grolleau, M. Grolleau (fille et gendre de la
généreuse veuve Chaigneau, le gendre devenant maire en 1896), Mme Rochereau et
M. Fonteneau (34). Il est assez probable que l’achat des cloches bénéficia de
leur générosité. Et on électrifia les cloches en 1939 grâce à une souscription
auprès des paroissiens pour un montant de 7 200 F (35).
Conclusion
Ainsi la construction de la nouvelle église est une
œuvre de foi bien sûr, instructive sur la manière. Elle révèle en effet l’unité
et la force de la communauté des habitants de Saint-André-Goule-d’Oie incarnée
dans une volonté commune autour du projet. Cette communauté s’exprimait dans
les deux entités juridiques de la société politique d’alors : la commune
et la paroisse. Ses édiles, représentatifs et suivis, s’y répartissaient les
rôles conformément à la loi. Ils ont pris collectivement un risque financier,
appuyés sur deux principes forts qui les animaient : la solidarité dans la
transparence, avec la participation de tous en fonction de ses moyens, et
l’authentique simplicité des relations, où les possibles jalousies sur les
patrimoines n’entravent pas l’action commune. Ce qui les unissait était plus
fort que ce qui pouvait les diviser. Et puis on voit l’autorité du curé dans
les procès-verbaux qui sont nos sources, Isidore Martin restant sur place de
1868 à 1891, un entrepreneur en somme. Le curé et les édiles ont traversé des
difficultés, allant jusqu’à transformer des intérêts d’emprunts en messes et même
emprunter dans la caisse des messes. Ceci sans contrat ni garantie juridique,
mais avec une garantie plus forte, l’engagement moral entre gens qui se font
confiance. Leur sens pratique les a conduits à un mélange du temporel et du
spirituel à faire lever les bras au ciel de certains penseurs. Mais ils ont eu
leur nouvelle église ! Cette solidarité et cette simplicité des gens de
Saint-André ne sont-elles pas aussi plus généralement des caractéristiques de
la société vendéenne en cette fin du 19e siècle ? Elles
constituent une morale de l’action parmi d’autres connues, porteuse ici d’une
entreprise audacieuse et réussie. C’était une société religieuse qui impressionne généralement les observateurs,
mais au-delà elle présente d’autres caractéristiques tout aussi intéressantes, et peut-être plus permanentes, moins dépendantes de l’Histoire de la
Révolution Française qui s’est déroulé de 1789 à 1918. Pour celle-ci : (36).
(1) Inventaire du 1-2-1906 des biens de la
fabrique,
Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de
Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 29, chemise VIII.
(2) Procès-verbal
du 3-9-1874 de l’adjudication des travaux de construction de l’église, Archives
de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie,
carton no 28, chemise I.
(3) Lettre du 7-5-1875 du curé Martin à Amaury-Duval,
Archives de la société éduenne d’Autun, Fonds Amaury Duval : K8/34.
(4) Abbé Aillery, Chroniques paroissiales de Saint-André-Goule-d’Oie, (1892) T1, page
280.
(5) Archives de la Vendée, Saint-André-Goule-d’Oie : 1 O art.632.
(6) Plan de l’ancienne église de
Saint-André-Goule-d’Oie (cachet du 24-11-1873), Archives de la paroisse de
Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 28,
chemise I.
(7) Jérôme Biteau, Mémoire en images le canton
des Essarts, éditions Sutton, 2010, page 14.
(8) Estimation le 24-7-1796 du presbytère et de
l’église de Saint-André-Goule-d’Oie comme bien national, Archives de la
Vendée : 1 Q 218 no 190.
(9) Recettes et
dépenses de la fabrique de St André Goule-d’Oie (1815-1816), Archives de la
paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton
no 29, chemise V.
(10) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé
boisson : 7 Z 73-1, généralités sur Saint-André-Goule-d’Oie.
(11) Réparation
de l’église en 1843, Église (1831-1876), mairie de Saint-André-Goule-d’Oie,
Archives de Vendée : 1 Ǿ 632.
(12) Autorisation du 10-1-1846 d’ériger un chemin
de croix dans l’église de Saint-André, Archives de la paroisse de
Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 28,
chemise II.
(13) Souscription du 6-7-1873 pour la construction de
l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, ibidem : carton no 28,
chemise I.
(14) Paiements pour la souscription de 1873 de la
construction de l’église de Saint-André, ibidem : carton no 28,
chemise I.
(15) Réponses du curé Leboeuf du 10-12-1926 à un
questionnaire envoyé par Mgr Mercier, vicaire général, ibidem : carton no
29, chemise VI, dossier des fondations de messes.
(16) Idem (2)
(17) Lettre
du 21-11-1901 de V. Cesson à L. de la Boutetière dans V. Noël Bouton
Rollet, Amaury-Duval, l’homme et l’œuvre
(2007).
(18) Idem (5)
(19) Église (1831-1876), Mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 632.(20) Idem (5).
(21) Idem (19).
(22) Décompte général du 15-11-1878 des travaux de
construction de l’église, ibidem : carton no 28, chemise I.
(23) Idem (14).
(24) Emprunts sans intérêt de la fabrique de
l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, ibidem : carton no 28,
chemise I.
(25) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1880, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais
de Saint-André-Goule-d’Oie, E 2/2.
(26) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1902, ibidem : E 2/2.
(27) Lettre du 10-12-1926 du curé Leboeuf au
vicaire général de l’évêché de Luçon, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(28) Lettre du 8 mars 1927 du vicaire général de
l’évêché de Luçon au curé Leboeuf, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(29) Idem (20).
(30) Idem (14).
(31) Idem (3)
(32) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1883, ibidem : E 2/2.
(33) Autorisation du 27-4-1873 à Louis Charpentier
de bénir une cloche dans l’église de Saint-André, ibidem : carton no 28,
chemise III.
(34) Chant pour la bénédiction du 19-9-1893 des 4
cloches de l’église de Saint-André, ibidem : carton no 28, chemise III.
(35) Devis et quittance en 1939 pour
l’électrification des cloches de Saint-André, ibidem : carton no 28,
chemise III.
(36) Yves Simon, La Grande crise de la République française,
observations sur la vie politique des Français de 1918 à 1938, Éditions de l'Arbre,1941, page 20.
Emmanuel François, tous droits réservés
Mars 2019, complété
en mars 2021