La Parnière |
Le même historien a transcrit un aveu en 1343 au roi de France, ce dernier en tant que seigneur de Montaigu, de Guillaume Normandeau pour la Normandelière (Copechagnière). Il y cite Maurice de la Parnière qui tenait de lui des domaines, en un lieu que la dégradation du document n’a pas permis de lire, occupant une surface de 12 septerées de terres, bois et landes, et pré en journaux à 7 hommes (3). À la même époque le seigneur de la Parnière était un parent de Maurice, Guillaume de la Parnière, marié à Létice Buor (fille du seigneur de La Lande, Guillaume Buor). Le même Guillaume, ou son fils, est cité comme témoin dans un aveu de 1402 de Jean Begaud, seigneur de la Chapelle de Chauché. Le père de Jean, Sauvestre Begaud était marié à Isabeau Buor (4). Ce sont les premiers seigneurs de la Parnière connus, portant le nom de leur terre. Leurs blasons étaient « de gueules, à cinq annelets d'argent, posés deux, deux et un ; au franc quartier d'azur » (5).
La Parnière et la famille d’Aubigné (v1443-v1540)
Le deuxième seigneur connu de la Parnière est Charles de la Parnière,
marié à Marguerite Charuelle à la fin du 14e siècle. Il était le
fils de Guillaume cité ci-dessus. On le connaît par son gendre, qui épousa en
1443 Jeanne de la Parnière, Thibault d’Aubigné. Thibault était aussi seigneur
de la Jousselinière et de la Touche d’Aubigné (Maine-et-Loire), fils de
Jean d'Aubigné et de Marguerite Gasselin. Il promit en 1445 à Jean de Mauges 400 écus d'or neufs, en faveur de son
mariage accordé avec Marguerite de la Parnière, sœur de Jeanne sa femme (6).
Thibault d’Aubigné (1402-av1482) fut reçu écuyer en
l’écurie du roi Charles VII par lettres données le 12 juillet 1450 aux Montils-les-Tours,
en considération de sa noblesse. Il fit son
testament le 12 juillet 1480, par lequel il ordonna sa sépulture dans le chœur
de l'église paroissiale de Pin-en-Mauges avec ses prédécesseurs, et fonda une
chapelle dans la maison de la Jousseliniere, dont il se réserva la présentation
à lui et à ses successeurs. Il était mort avant le 14 décembre 1482 (6). Les
d’Aubigné avaient pris le nom de la terre dont ils étaient seigneurs en Anjou (Aubigné-sur-Layon
dans le canton de Vihiers, Maine-et-Loire), et formaient une famille d’ancienne
noblesse dont l’ancêtre, 9 générations plus tôt, avait possédé un fief en Syrie
lors des croisades. À une lieue (4 kms) d’Aubigné se trouvait la Touche dans la
paroisse de Faveraye-Machelles, que possédait aussi Thibault, le seigneur de la
Parnière, avec la Jousselinière (près du Pin-en-Mauges, Maine-et-Loire). On
connaît 6 enfants à Thibaut d’Aubigné et Jeanne de la Parnière, dont François
l’aîné et Antoine. Ce dernier épousa Charlotte de Brie, dont descend, 4
générations plus tard, le célèbre Agrippa d’Aubigné (1552-1630), poète,
historien et un des chefs protestants pendant les guerres de religion (7).
L’épouse de Louis XIV, marquise de Maintenon née Françoise d’Aubigné, serait sa
petite-fille, ce qui fut contesté parfois.
On connait un Aubin d’Aubigné
vendant en 1436 la seigneurie des Bouchauds (Essarts), suzeraine des fiefs de
la Mancellière et de la Roche Mauvin à Saint-André-Goule-d’Oie. On ne sait pas
faire de lien, pourtant probable, entre lui et Thibaut d’Aubigné, seigneur de
la Parnière. L’année d’après, la seigneurie des Bouchauds, à nouveau en vente,
était acquise par le seigneur de Languiller, Jean de Sainte-Flaive (8). Son
père avait acquis la seigneurie du Coin à Saint-André quelques dizaines
d’années auparavant.
De plus, le seigneur de la Parnière possédait des droits dans la forêt
de Gralas, celle-ci appartenant au baron de Montaigu. D’abord celui de prendre
tout bois sec, vert et mort pour son chauffage et autres nécessités, excepté chênes, fainiers (hêtres) et châtaigniers, à condition d’avoir perdu le
feuillage après la floraison. Ensuite il pouvait « prendre des abeilles
crues (errantes) ou qui fussent venues d’épaves, … et les cueillir de l’arbre
où elles seraient assises, et dudit arbre pourrait prendre auprès des dites
abeilles jusqu’à 9,5 pieds et en faire ce qui lui plairait ». Pour ce
« droit de noblesse des abeilles » il était tenu de payer chaque
année un gallon de miel (5 kg) à la « vigile » (veille) « Pâques
fleuries » (dimanche des Rameaux), estimé à 5 sols en argent par an. En
plus il pouvait se fournir en rortes (liens, d’osier de préférence) nécessaires
pour faire le labourage de ses terres (attaches des bœufs) dans la partie de la
forêt appelée le Pastureau, et prendre les restes des arbres coupés et non
marqués par le verdier de la forêt (garde-forestier). Enfin il avait le droit
de faire pâturer ses « bêtes aumailles (gros bétail), bœufs, vaches,
veaux, génisses, chevaux, poulains, porcs et autres bêtes ».
Le seigneur de la Parnière tenait aussi sous son hommage sa sergentise (fief
chargé d’un service) sur les paroisses des Brouzils, de Boufféré, de Saint-Denis-la-Chevasse,
Mormaison, Saint-Sulpice-le-Verdon, Bevereau (près de Montaigu), pour ce qui
était du ressort de Montaigu. Il pouvait déléguer son office à un alloué (titulaire
d’une charge judiciaire), préalablement agréé par le sénéchal ou châtelain de
Montaigu. La sergentise de la Parnière constituait un office de justice de la
baronnie de Montaigu chargé de fonctions financières locales : amendes,
inventaires, prélèvements de certaines rentes, gardant une partie des
prélèvements pour se rémunérer. L’aveu de 1499 énumère dans le détail les
redevances concernées : amendes de justice, inventaires, demande de
corvées de bœufs, abattage des bestiaux. Pour cela le seigneur de la Parnière
devait chaque année un devoir appelé quinzaine de mai, valant 17 sous 6
deniers. Les valeurs des péages sont précisées pour chacune des denrées
transitant aux limites de la châtellenie de Montaigu (au pont Sainte-Mesme), dans
les villes de l’Herbergement-Entier et autres paroisses, en certaines fêtes ou
occasions (foires et marchés), et comprenant des exceptions bien sûr.
S’ajoutent aussi des redevances en argent, et volailles dues par les teneurs de
nombreux tènements des paroisses aux alentours du ressort de Montaigu, mais ne
comprenant pas Chauché.
Gravure
d’O. de Rochebrune : porte du château de Sigournais |
Hervé d’Aubigné vendit le fief de la Maisonneuve (alors situé à
Saint-André-Goule-d’Oie et depuis 1640 à la Rabatelière) au seigneur de la
Mancellière, Jean Prevost, avant 1499, année où ce dernier y fit construire les
bâtiments d’une métairie (12). Hervé
d’Aubigné possédait la Roche Mauvin, comme on le voit dans une offre de foi et
hommage plain de son fils en 1546.
Rorthais (v1540-1610)
-
La moitié des dîmes des bêtes, laines, lins,
chanvres et potagers (produits du jardin) qui peuvent bien valoir par an 5 sols
de rente ou environ.
-
De plus elle prend comme ses prédécesseurs la
moitié du droit de terrage, ce dernier étant de 1/6e des récoltes,
valant par an 3,5 setiers de blé ou environ à la mesure des Essarts (56
boisseaux, soit 860 kgs de seigle environ au total, dont elle prenait la
moitié).
-
La rente qu’elle touche se monte à 10 sols, 4
chapons et 2 gelines (poules) à noël, et 15 sols à la fête de Saint-Jean-Baptiste.
- S’y ajoute une autre rente en blés : 7 boisseaux de seigle et 7 boisseaux d’avoine à la mesure des Essarts au terme de mi-août.
- Enfin elle peut requérir une corvée de 4 bœufs avec une charrette et 2 hommes pour les conduire, un jour toutes les quinzaines. Ces corvées féodales évolueront au 18e siècle vers une corvée de laboureurs à bras par semaine. C’est une rareté à signaler, quand on la compare avec la situation des corvées féodales à Saint-André-Goule-d’Oie, où dès le 17e siècle leurs valeurs avaient toutes été incorporées dans le cens ou les rentes existantes.
Le fief-métairie de la Roche Mauvin a été vendu ensuite par échange au seigneur de la Rabatelière à
la fin du 16e siècle, par Jean de Rorthais, seigneur de la Durbelière (16). Il a conservé la Parnière
car en 1581, lors de l’attestation du paiement du fermier de la Parnière, on voit que celle-ci est tenue
La Roche Mauvin (Saint-André-Goule-d’Oie) |
François de Rorthais. Il nous est connu presque uniquement dans
une affaire judiciaire. Il fut en effet condamné par sentence de la cour
seigneuriale des Essarts du 6 juin 1585 à faire la foi et hommage lige sans ligence,
devoir de rachat et 5 sols annuels de garde, au seigneur de la Chapelle (René
Begaud), à cause de la Chapelle et pour raison de la moitié par indivis de la
Limouzinière. Le seigneur de la Chapelle avait abonné son devoir de rachat
à Languiller par amortissement, ce qui n’avait aucune conséquence sur le droit
de sous-rachat de la Chapelle sur la Limouzinière, contrairement à ce qu’avait
espéré François de Rorthais (18).
François de Rortais et Jacqueline de la Châtaigneraie eurent une fille,
Renée de Rorthais. Elle était mineure et orpheline en 1598, et c’est son oncle,
Urbain de Rorthais qui fit l’offre de foi et hommage cette année-là à la
Chapelle Begouin, pour la moitié du fief de la Limouzinière de Chauché, au nom
de sa nièce (19).
Pierre de Meules, seigneur
de Fresne, chevalier de l’ordre de Saint-Michel
et maître de camp (colonel) d’un régiment d’infanterie, épousa Renée de
Rorthais en 1602 (20). De leur mariage est
issu Louis de Meulles, chevalier seigneur du Fresne et de la Durbelière, époux
en premières noces de Madeleine Girard de Charnacé, et en deuxièmes de Marie-Anne
Duvergier de la Rochejaquelin (21).
Gourdineau (1614-1723)
Michel
Gourdineau, seigneur de la
Haustière (ou Hauttettière) et de la Parnière, rendit un aveu vers 1615 pour la Parnière
à Montaigu. La copie du texte est imparfaite à cause de la détérioration de
l’original. On note des droits supplémentaires par rapport à l’aveu de 1499
ci-dessus, sur des villages et tènements à Saint-Georges-de-Montaigu :
Pitière (27 boisselées) et autres pièces des Begaudières et Corbinières. Aux
Brouzils : les Baudrières, la Serazinière (proche la Brelaizière), la
Bonninière, et le tènement du censif Cobergeau (près le village de la
Sauvetrière). À Saint-Denis-la-Chevasse le tènement de l’Ouvrardière (23).
Michel Gourdineau rendit
un nouvel aveu en 1646 pour la Parnière, dont nous avons une copie incomplète
(24). On y trouve la description sommaire des lieux. Le logis du maître avec
ses dépendances où demeurait il à cette date, aujourd’hui disparu, occupait une
surface de 7 300 m2. Il comprenait 3 pièces au rez-de-chaussée
et 3 autres à l’étage, plus un grenier au-dessus du cellier. Sa charpente était
couverte de tuiles. Autour il y avait un jardin, un étang, un bois, deux gîtes,
quatre petits prés, une vigne d’environ un ha, et une pièce en garenne et
refuges à conils (lapins). Du côté est du logis, et le long de la route de
Chauché aux Brouzils, était construite la maison de la métairie. On n’en
connaît pas le nombre de pièces au rez-de-chaussée, mais à l’étage il y avait
un plancher (grenier). En dépendait directement un jardin, des prés et des
pièces de terre contenant environ 10 ha, plus une vigne. En dépendait aussi une
grande gaignerie (domaine de cultures), qui pouvait être une exploitation à part, contenant environ 9
ha.
Michel Gourdineau rendit un
aveu le 18 août 1650 à Languiller pour raison de droits à la Vrignonnière de
Chauché, parfois appelée la Vrignonnière Girardeau (25). Il y est indiqué comme
demeurant à la Parnière. Sur la Vrignonnière il avait droit de juridiction
basse, lods et ventes (droits de mutations) et tous émoluments de fiefs.
Il avait aussi des droits d’usage dans la forêt de Gralas faisant 600 hectares,
celle-ci appartenant en 1668 aux héritières de Gabriel de Machecoul, marquis de
Vieillevigne, Montaigu et autres lieux, et de Renée d’Avaugour. Un conflit surgit
en 1662 entre ces héritières et plusieurs usagers de la forêt, dont Michel
Gourdineau. Ce dernier fit valoir qu’il avait acquis le 12 mai 1614 avec Élizabeth Rabot (sa femme très probablement), la métairie de la Chemairière
(Brouzils) de François Limousin, seigneur de la Michelière. Cette terre,
relevant de Montaigu, avait un droit d’usage dans la forêt de Gralas. Puis dans
un aveu de la Parnière du 30 juin 1646, il est indiqué que celle-ci avait dans la forêt le droit de bois mort pour son chauffage, et
celui de prendre des abeilles errantes avec redevance d’un galon de miel (26),
comme on l’a vu plus haut dans un aveu de 1499.
Avec les autres usagers de la forêt de Gralas le seigneur de la
Parnière revendiquait de garder ses droits d’usage. Il eut gain de cause par jugement
de la Chambre des réformations des Eaux et Forêts au siège général de la Table
des Marbres du Palais à Paris le 23 juillet 1668, jugeant en dernier ressort (27).
En 1677 Michel Gourdineau avec Gabriel de Plouer, seigneur de la Chopinière (Sainte-Cécile) et mari de Marie Gourdineau, firent une transaction avec Barthélemy Soulard pour transformer une créance qu’ils avaient sur lui en rente sur la Vrignonnière de Chauché (28). Au passage on remarque avec cet exemple comment sont nées les nombreuses rentes dues sur des tènements ou des teneurs, venant s’ajouter aux redevances seigneuriales, et très fréquentes dans la contrée au sol peu fertile.
La Vrignonnière (Chauché) |
Michel Gourdineau, seigneur de la Parnière, fit offre de foi et hommage le 30 juillet 1681 à Philippe Chitton, seigneur de Languiller à cause de Languiller, pour raison des tènements de la Robinerie et de la Vrignonnière (Chauché). Mais les deux hommes s’opposaient sur la nature de certaines redevances, nobles ou roturières, prélevées dans ces deux fiefs. La querelle avait donné lieu à une première sentence en 1675 de la cour des Essarts condamnant Michel Gourdineau à payer à Philippe Chitton les bians (corvées) dus sur la Robinerie et la Vrignonnière. La sentence avait été confirmée en appel en 1678 par le sénéchal de Thouars (suzerain des Essarts), puis infirmée en recours devant le présidial de Poitiers en 1679. Le 19 mai 1681, le parlement de Paris avait accepté le recours en dernier ressort fait devant lui par le seigneur de Languiller. Les actes de procédure s’y succédèrent avec ardeur ensuite des deux côtés (29). C’est alors que Gournideau crut habile de faire son offre de foi et hommage devant notaires au palais de justice de Paris, où il avait donné rendez-vous à Philippe Chitton. Moyennant quoi on a le texte suivant : « Aujourd’hui 31e et dernier jour de juillet l’an 1681 sur les onze heures, en la compagnie des conseillers du roi notaires au Châtelet de Paris soussignés, Michel Gourdineau, écuyer sieur de la Parnière, demeurant ordinairement à Marigny-en-Brie (baillage de Château-Thierry), étant de présent à Paris logé rue Jean de l’Epine, s’est transporté en la grande salle du Palais à Paris, où étant, il aurait rencontré Philippe Chitton, écuyer ... ». Les notaires poursuivent en écrivant que Gourdineau, s’adressant à Chitton, « s’étant à cet effet mis en devoir de vassal, sans épée ni éperon, après avoir mis le genou en terre, lui a dit à voix intelligible qu’il lui portait la foi et hommage qu’il soutient faire à cause des dits fiefs susdits ... ». Chitton en retour a blâmé le seigneur de la Parnière « pour ce qu’il n’est ni en état ni en lieu où il se doit faire (l’hommage), attendu que c’est à son hôtel de Languiller où il doit faire ledit hommage, en présence des officiers qui le recevront quand il se mettra dans son devoir, puisque c’est au lieu seigneurial que l’on doit faire rendre les fois et hommages, et prêter le serment de fidélité à son seigneur, la main sur le saint évangile, ainsi qu’un vassal est tenu faire, suivant et au désir de la coutume du Poitou où les lieux sont situés, et non en la salle du Palais où ces sortes d’actes ne se peuvent faire valablement ... » (30). On a là un des exemples du comportement chicaneur et inflexible de Philippe Chitton. Jugé comme défectueux, Gourdineau fut condamné à faire de nouveau ses devoirs et obéissances par arrêt du 2 septembre 1682 (30). Ce texte nous transporte dans l’univers du droit féodal et nous donne une information précieuse : le seigneur de la Parnière vivait à cette date dans la petite commune aujourd’hui appelée Marigny-en-Orxois près de Château-Thierry (Aisne). Sa fille Michelle se mariera et vivra dans la province de Brie. Il ne faudra pas s’étonner en découvrant plus tard que la Parnière était laissée à l’abandon. Quant au procès, il se termina en 1684 par la condamnation de Gourdineau par le parlement de Paris à payer à Chitton deux rentes nobles annuelles : 3 boisseaux de seigle et 3 sols et 1 chapon (31). Une petite somme pour de grands frais de procédure.
Robert et Majou (1723-v1750)
La Parnière |
En 1703 Alexis Robert demeurait à la Parnière, ayant une dette de 49 livres 9 sols envers Jeanne Jeullin, veuve de Joachim Merland sieur des Charprais, la mère de Jacques Merland sieur de Champeau et futur fermier de la baronnie des Essarts (35). Ce ne devait pas être la seule dette, car la maison noble de la Parnière et ses dépendances fit l’objet d’une saisie réelle sur Alexis Robert à une date non repérée, comme on l’appendra plus tard dans un acte de 1723, à la requête de deux créanciers : André Chevallier et Pierre Grondel, marchands (36).
Et
puis on a un aveu pour la Bironnière et la Vrignonnière en 1720 d’Anne Joseph
de Lespinay, pour sa femme Marie
Michelle Gourdineau (1670-1754), fille de Michel Gourdineau. Dans cet aveu Anne
Joseph de Lespinay est dit seigneur d’Artonges (Brie) et de la Parnière (37).
Renée et Marie Michelle Gourdineau étaient-elles sœurs ? C’est probable et
en tout cas la Parnière passa du fils de Renée à Marie Michelle. Celle-ci
épousa en 2e noces Antoine François de Chavigny. Elle est morte en
son château d’Artonges en Brie (Aisne) le 24 mars 1754 à l’âge de 84 ans, loin
de la Parnière qui avait été entre les mains d’un adjudicataire du bail
judiciaire, Nicolas Papin pour les années 1722, 1723 et 1724. Ce dernier
rendait compte de sa gestion à un
contrôleur des saisies réelles de la sénéchaussée et siège présidial de Poitiers
(Pierre Mathieu Babinet).
Les bâtiments de la Parnière étaient en mauvais état, et Nicolas Papin
fit une requête le 23 février 1723 au lieutenant général du Poitou pour lancer
une procédure d’expertise des dégâts, lequel ordonna une commission spéciale à
cet effet. Le lendemain 24 février le contrôleur aux saisies nomma comme son
procureur pour la visite de la Parnière Louis Basty, procureur (avoué) en la
cour de justice de la Rabatelière (38). Par ordonnance du 3 avril 1723 Pierre
Gourraud, sénéchal et seul juge ordinaire civil et criminel des vicomtés et
châtellenies de la Rabatelière, Jarry et Raslière, nomma deux experts pour la
visite et l’estimation des réparations les plus urgentes et nécessaires à faire
à la Parnière. Les deux experts nommés d’office sont François Suire, maître
maçon demeurant au village de la Haye à la Rabatelière, et Mathurin Debien,
maître charpentier demeurant à la Parnière (39). Le même juge a donné acte, le
5 août 1723, à ces deux experts de leur acceptation et serment, et a fixé leurs
honoraires à 40 sols chacun pour leur journée (plus du double des gages d’une
journée dans le métier). Alexis Robert avait été assigné à comparaître en la
personne de son avocat, qui ne comparut pas. Le juge le déclara défaillant et
le texte de l’ordonnance ne fait pas allusion à son décès intervenu, son
assignation ayant apparemment été faite pour la forme. Malheureusement le contenu
du dossier accessible s’arrête là et on ne peut pas profiter de la visite des
lieux.
On trouve au début de l’année 1725 un nommé Jean Majou ayant acquis la
métairie de la Parnière (tènements de l’Oiselière, Dublière et Briaudières). Probablement
l’a-t-il achetée aux enchères devant un tribunal. Il avait payé le tout
9 000 £, y compris les droits de lods et ventes et rachats (droits
seigneuriaux de mutations) pour 2 100 £ (40). Nous le savons par un procès
intenté contre lui par le seigneur de Puytesson au tribunal seigneurial de la
Jarrie (Saligny) pour défaut de paiement des droits de mutations seigneuriaux.
Or l’acquéreur les avait tous payés au seigneur de la Rabatelière. Majou fut
condamné par le sénéchal de la Jarrie le 6 mars 1725. Il fit appel au présidial
de Poitiers, appelant en garantie le seigneur de la Rabatelière, et finit par
avoir gain de cause (41). C’est qu’alors la seigneurie de la Roche de Chauché,
vassale de la Jarrie et suzeraine de la Parnière, était partagée par moitié
entre les seigneurs de Puytesson et de la Rabatelière, et les droits
seigneuriaux se partageaient aussi par moitié. À cette époque le métayer de la
Parnière s’appelait Michel Caillaud (42). Jean Majou, sieur des Coudrais,
demeurait à la Loubinière-des-Champs en la paroisse de Sainte-Pazanne (43).
Après cet épisode qui se termine en 1726, la documentation fait défaut jusqu’en 1759, où apparaît le nom du futur propriétaire des lieux.
Les Forestier (v1785-v1830)
« Dame Renée Gralepois, de la Parnière »,
âgée de 36 ans, épousa le 26 juin 1759 aux Brouzils (vue 113 du registre paroissial
1753-1760 AD2E038) Joseph Forestier, âgé de 38 ans, demeurant à Chauché et veuf
de Marie Madeleine Jagueneau. Sans archives sur la propriété à cette époque il
nous faut se contenter de suivre les propriétaires par leur état-civil,
désormais des roturiers. Au jour de ce mariage la mariée est orpheline de ses
parents, René Gralepois et Marie Canteteau, mariés aux Brouzils le 25 septembre
1718 (vue 73). Or le 19 juin 1725 un René Gralepois avait été adjudicataire des
revenus de la métairie de l’Oiselière (Parnière), saisis féodalement à la
requête et au profit du seigneur de Puytesson, sur son propriétaire Jean Majou comme
on vient de l’évoquer. C’est donc probablement le même René Gralepois
qui acquit la maison de la Parnière à une date inconnue vers 1785, vendue probablement
par le sieur Majou de Sainte-Pazanne. René Gralepois est qualifié de
« maître » au mariage de son autre fils René Gralepois le 20 février
1759 aux Brouzils avec Marie Bouron (vue 110). Le mot désignait alors un
artisan ayant des ouvriers ou quelqu’un exerçant une profession libérale au
sens actuel du mot.
En 1788 le seigneur de la Rabatelière fit abattre des arbres au bord du chemin traversant sa forêt de Gralas à partir de la Parnière. Il note dans son livre de compte : « Payé à Lucas pour faire aligner l’avenue de ma forêt d’aller de la Parnière à la Pierre Blanche : 9 livres » (44).
René Pierre Forestier (1766-1840) était marchand, demeurant à la
Parnière lors de son mariage le 4 juillet 1785 à Chauché (vue 79) avec Marie Anne
Jeanne Cailleteau (1759-1803) (46). Celle-ci, baptisée à Chauché le 31 août
1759 (vue 126), était la fille du fermier de Languiller, Pierre Cailleteau
(1736-1784) et d’Anne Roy (1739-1816). Ils habitaient au logis (appelé alors château)
et géraient par sous-location la grande métairie des lieux (exploitant
eux-mêmes la borderie du logis) et trois autres métairies aux Essarts et à
Chauché. Anne Roy, fille d’un bordier de Maurepas (Chauché) et de Françoise
Cauneau, avait un frère, François, qui épousa Marie Forestier, sœur du curé de
la paroisse, Charles Louis Forestier. Un frère de Pierre Cailleteau, Jacques,
épousa une tante du maire de Saint-André-Goule-d’Oie, Marie Bordron.
- Marie
Jeanne (1781-1837), mariée à Chauché avec Hélie Brisseteau
La sœur de Pierre Cailleteau, Marie Anne, épousa René Bossard, devenu fermier de la Chapelle après avoir travaillé à Languiller avec ses beaux-parents. Son fils, François Bossard (1769-1801) fut capitaine de la garde nationale de Chauché à la fin de 1790, subissant l’animosité du camp royaliste de la commune dès 1791.Il fut agent (maire) de Chauché sous le Directoire, d’obédience républicaine. En mars 1799 il fut élu président de la municipalité cantonale de Saint-Fulgent, nécessairement républicain dans le contexte local de la période.
La Chapelle-Themer |
Le 11 février 1804
René Forestier racheta la terre de Languiller avec le logis, sa borderie
(25 ha), ses deux grandes métairies, le bois de Languiller (92 ha), le tout à
Chauché, et les métairies de la Justière et Foretière situées aux Essarts. Le
vendeur était René Fabre, docteur en médecine et chirurgie à Nantes. Ce dernier
l’avait acquise de la nation le 18 pluviôse an 6 (6-2-1798) en commun avec
Vincent Luminais et compagnie. Puis dans un partage du 9 prairial an 7 avec ce
dernier, il avait récupéré la pleine propriété de Languiller. René Forestier
était entré en jouissance des biens achetés le 23 avril 1803, qu’il paya
comptant 30 000 F (53), montant particulièrement faible comparé aux ventes
de 1796, mais la valeur du franc a considérablement varié dans la période.
Sa femme est morte en couche à la Parnière le 30 thermidor an 12
(22-11-1803, vue 109 sur le registre des Brouzils). On imagine qu’elle a aimé
revenir sur les lieux de son enfance en propriétaire, quelques mois malheureusement
avant sa mort à l’âge de 44 ans. On remarque dans son acte de décès que son
frère Jean Marie Cailleteau était alors fermier de Languiller. Il devait y
vivre avec sa mère Anne Roy, et était toujours maire de Chauché. On ne sait pas
si René Forestier le garda longtemps comme fermier. Lui-même y mourut le 11
juillet 1840 (vue 246). Il conserva néanmoins longtemps ses attaches aux
Brouzils, y étant nommé maire par le préfet de janvier 1812 à juin 1814,
secondé par son adjoint nommé Gralepois, à la suite du décès du maire précédent.
Sept de ses enfants étaient nés à la Parnière entre 1789 et 1793, puis entre
1798 et 1803.
En limite du bois de Languiller vers la
Girardière se trouvait un petit bois dit « des Héritiers », que René
Forestier exploita, faisant abattre des arbres, car le considérant comme ayant
fait partie du lot de Languiller vendu comme bien national et ayant appartenu
auparavant au frère émigré de Thérèse de Martel, la châtelaine de la
Rabatelière. Elle possédait le château et des terres attenantes, dont le bois
des Héritiers, et elle contesta ce qu’elle considéra comme une appropriation
illégale. L’enjeu de leur conflit était de déterminer le contenu du lot vendu
par le département de la Vendée en 1798. Après une expertise, le Conseil de préfecture
de la Vendée donna raison à Mme de Martel par arrêt du 25 mai 1812. En
conséquence le tribunal
de première instance de Napoléon-Vendée condamna le 15 juillet 1812 par défaut
René Forestier à restituer à Mme de Martel la propriété du Bois des Héritiers
et de la dédommager de la coupe de bois qu’il y avait effectuée (54). Devant le
refus de payer de ce dernier, un huissier vint à la Parnière à son domicile le 13
janvier 1813 faire une saisie de meubles. Le procès-verbal note soigneusement
les objets saisis dans chacune des pièces de la maison, René Forestier étant absent.
Et le texte indique : « Louis Miguel, présent, demeurant à la
Copechagnière, accepte d’être le gardien des meubles saisis. La vente est fixée
au 30 de l’Avent sur la place du marché de Montaigu » (55). On ne connaît
pas la suite immédiate donnée à la saisie, mais Forestier ne lâcha pas. Il fit
appel au Conseil d’État. Mais ce dernier rejeta son appel par ordonnance du 25
juin 1817 (56). Forestier dû payer les frais du procès perdu, la valeur des
arbres abattus (900 F), et restituer le bois des Héritiers.
Querqui de la Pouzaire (v1830-v1842)
Après 1800, on n’a plus d’informations concernant
la Parnière. Dans le premier cadastre des Brouzils (1838) on voit que le logis
de la Parnière appartient avec ses terres à Sophie Querqui de la Pouzaire (57).
Elle appartenait à une famille de la Marchegaizière depuis qu’en 1790 Auguste-Aimé
Querqui de la Pouzaire avait épousé Henriette Marchegay. Un André Marchegay
avait construit en 1645 le logis de la Marchegaizière situé à
Saint-Denis-la-Chevasse (58). On comprend ainsi que les archives de la Parnière
sont conservées à la Pouzaire de Saint-Hilaire-le-Vouhis.
Les Fauchet (depuis 1842)
Quand François Victor Fauchet (1817-1877) se marie aux Brouzils le 10 janvier 1842 (vue 309), avec Victoire Piveteau, il était domestique au Plessis-le-Tiers (Saint-André) et orphelin de ses parents. Ceux-ci, Joseph Fauchet et Marie Anne Audureau, avaient vécu à la Sauvetrière (Brouzils) à la naissance de leur premier enfant et on les suit à la naissance du troisième à la Girairière (Brouzils) et du cinquième (François Victor Fauchet) à la Bichonnière (Chauché). Cette itinérance était celle des métayers. Les parents de Victoire Piveteau (1818-1883), François Piveteau et Louise Begaud, ont vécu aux Brouzils. Sur leurs 6 enfants, deux moururent jeunes et deux autres sont restés célibataires.
Église paroissiale de Chauché |
Jean Charles Fauchet (1845- ?) est leur fils qui leur
succédera sur les lieux. Il épousa Marie Augustine Cossais et leurs trois
enfants y sont nés, dont Victor Jean
Joseph Fauchet, né le 8 juin 1871 (vue 111), qui continua la lignée des Fauchet
à la Parnière. Marie Augustine Cossais était la fille de Jacques Louis Cossais,
cultivateur et tisserand à Benaston de Chavagnes-en-Paillers. Ce double métier
était tout naturel, quand on ne disposait que de peu de terres à cultiver. Parfois
on qualifiait l’intéressé de bordier. L’agriculture contribuait à l’autonomie
financière dans l’exercice d’un métier artisanal soumis aux aléas des
commandes. Mais aussi l’artisanat procurait une ressource complémentaire à une
activité agricole aléatoire au climat et peu rémunératrice. Cette situation
était très répandue dans la contrée depuis fort longtemps.