Notre article sur Jean Aimé Jacques
de Vaugiraud (1753-1814) à Saint-André-Goule-d’Oie, republié en juillet 2014 avec
des compléments, mérite un développement supplémentaire sur sa famille. Les
Archives de Vendée offrent pour cela des dossiers intéressants provenant du
chartrier de la Roche-Guillaume (commune de Landevieille). Sans prétendre à une présentation complète de
cette famille, nous souhaitons développer ce qu’elle nous a appris de
l’histoire de St André Goule d’Oie, en complément de l’histoire personnelle de
l’un de ses membres, Jean Aimé Jacques de Vaugiraud.
Les premiers de Vaugiraud de Logerie à Bazoges en Paillers
Les
de Vaugiraud étaient une famille originaire d’Anjou
portant le nom du fief de Vaugirault située en la paroisse du Mesnil-en-Vallée près de Saint-Florent-le-Vieil,
en pays d'Anjou (maintenant Maine-et-Loire). Les titres conservés remontent à 1427, date du
mariage de Michel de Vaugiraud, frère puîné de noble homme Jean de Vaugiraud,
avec Simone Jobretteau, et la filiation est
suivie depuis Jean de Vaugiraud, seigneur dudit lieu, marié avant 1373 (1). Le fils de Michel acquit la seigneurie de la
Grange (Saint-Christophe-du-Bois, Maine-et-Loire), qui devint depuis le nouveau berceau de la
famille dans les marches de l’Anjou, près de Mortagne-sur-Sèvre. Elle acquit
ensuite Villeneuve (Boissière-de-Montaigu) et Chantemerle. Elle portaient
d’azur à l’aigle éployé d’argent.
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René d'Anjou et sa femme Jeanne Triptyque de Nicolas Froment en 1475
(cathédrale d'Aix) |
Les de Vaugiraud ont participé aux bans des nobles du Poitou pour le service du roi au 15e
siècle, ou bien ils en ont été dispensés à cause de leur affectation à la garde
du château de Mortagne. Certains ont été au service de Jeanne, reine de
Sicile en titre, duchesse d’Anjou et comtesse de Provence (1433-1498), mariée avec René
1er d’Anjou.
En
1555 on rencontre dans les titres de la famille un François de Vaugiraud prieur
de Saint-André. Dans le journal de son
neveu Julien il est indiqué comme messier, titre
particulier donné semble-t-il alors au receveur de redevances, notamment dans certaines
abbayes. Il eut une fille
bâtarde. À la fin du 15e siècle, les de Vaugiraud deviennent seigneur de la Grandinière
(Boissière-de-Montaigu), relevant alors de la baronnie de Montaigu. Les de
Vaugiraud ont aussi possédé le fief de la Basse Gaultrie (les Herbiers) pendant
un siècle, jusque vers 1650, relevant de la seigneurie du Landreau (les
Herbiers) (2), et
bien d’autres possessions dans la région de Mortagne et de Bazoges. Au début du 16e siècle, la seigneurie de Logerie
(Bazoges-en-Paillers) entre dans la famille. Elle relevaient du fief proche de Boulerot à
la Boissière-de-Montaigu, « à
foi et hommage plein et à droit de rachat abonné à dix-huit livres par muance d’hommes [changement
de propriétaire] ». Dans un aveu de 1722, on relève l’indication d’un droit de
pont-levis dans la description des éléments la composant. Telle qu’elle était
confrontée par les métairies et villages qui l’entouraient, le lieu correspond à
celui de l’Orgerie maintenant dans la commune de Bazoges-en-Paillers (3). Un donjon dominait le bourg de
Bazoges au Moyen Âge, ayant appartenu au Luneau, puis vers 1370 aux Girard jusqu’au
milieu du 16e siècle. Ils étaient seigneurs de la paroisse.
C’est Julien de Vaugiraud qui
vint s’installer à Logerie dans la 2
e partie du 16
e siècle avec sa femme, Jeanne Rondeau.
Ils eurent 17 enfants, dont 6 mineurs vivaient encore
au décès de leur père en 1611. L’aîné survivant, Charles, fut tué à la guerre
en 1622, âgé de 28 ans. Pierre resta le seul garçon pour recueillir la part
noble de la succession de son père. C’est lui qui vint se marier à
Saint-André-Goule-d’Oie. Son père est l’auteur d’un live de raison (1584-1597)
conservé aux Archives de Vendée (4). Nous l’avons présenté dans un article
publié sur ce site en décembre 2020 :
Le livre de raison de Julien de Vaugiraud (1584/1597). Outre des
informations sur sa famille, l’auteur nous montre comment il vivait avec les
siens à Bazoges-en-Paillers : habillements, activités, logis,
alimentation, santé, messagerie. On a aussi un aperçu de leurs domaines, des
artisans et des domestiques à leur service, et de l’environnement économique à
leur époque et dans leur contrée. Un frère de Julien, Charles de Vaugiraud marié à Jeanne Meriault, sieur
de Villeneuve, est l’auteur d’une autre tige de la famille. Son fils, Jean de
Vaugiraud, est l’auteur lui aussi d’un journal (1611-1623) conservé aux
Archives de Vendée (5).
Les mariages à Saint-André-Goule-d’Oie en 1625 et 1650
Le 8 février 1625, chez le
notaire des Essarts nommé Jean Chanteau, Sébastien Masson, le seigneur de la
Jaumarière en la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, appose sa signature au contrat
de mariage de sa fille Renée avec Pierre de Vaugiraud (6). Sébastien Masson était
fils de Louis Masson, licencié ès lois, châtelain des Essarts vers 1560,
qualifié d’écuyer dans plusieurs actes, sénéchal des Essarts, et de Marie Mosnier (7). Sébastien Masson avait épousé Françoise Marois.
À partir du mariage de Renée Masson, fille de
Sébastien Masson et de Françoise Marois, la terre noble de la Jaumarière
restera dans la famille de Vaugiraud jusqu’à la Révolution. Pour la signature
de ce contrat, la mère du marié avait donné procuration à l’un de ses neveux,
Jean de Vaugiraud, seigneur de la Grange.
Ce cousin raconte dans son journal que le 8 février 1625 il partit avec le marié aux
Essarts où « nous passâmes son contrat de mariage avec la fille de monsieur
de la Jaumarière. » Il explique que le sénéchal de Tiffauges, monsieur du
Retail, avait été le « truchement et instigateur » du mariage, étant
parent des Masson et ami de Pierre de Vaugiraud. Le curé des Essarts célébra le
mariage en son église le lendemain. Et le 10 février « nous partîmes dudit
lieu des Essarts avec toute la compagnie, tant d'un côté que d'autre et menâmes
la mariée en son ménage à Logerie ». Le lendemain était mardi-gras et
toute la compagnie séjourna avec les jeunes mariés ; elle commença à se disperser
le lendemain (8).
Renée Masson mourut jeune, à
peine trois ans après son mariage et fut enterrée à Bazoges-en-Paillers le
trente novembre 1627 (vue 2/31 du registre paroissial numérisé, et accessible
sur le site internet des Archives de Vendée), ayant mis au monde un fils appelé
René. Devenu veuf, Pierre de Vaugiraud se remariera avec Marie Saudelet, fille
de Thomas Saudelet, sieur du Retail et sénéchal de la baronnie de Tiffauges.
Ensemble ils eurent au moins huit enfants nés à Bazoges entre 1636 et 1647. Renée
Saudelet est morte avant 1650, année où son frère Charles, au nom et comme
tuteur de ses neveux, renonce à la succession de Pierre de Vaugiraud en faveur
de René de Vaugiraud, leur frère aîné, moyennant arrangements.
Celui-ci fera comme son père pour
se marier, retournant sur les terres de Saint-André-Goule-d’Oie . Le 28 avril 1650
il signa son contrat de mariage avec Renée Moreau, rédigé par Jeulin, notaire
aux Essarts, au domicile de cette dernière dans le bourg de Saint-André (9). Elle
était le dernier enfant de Jacques Moreau, sénéchal de Saint-Fulgent et sieur du
Coudray, et de Suzanne Cherruy. Nous avons raconté l’histoire de cette famille
Moreau de Saint-André en juin 2014, Les Moreau de St André Goule d'Oie aux 17e et 18e siècles. La bénédiction nuptiale eut lieu le 29 mai suivant en l’église de
Saint-André (vue 6).
Par
sentence du 24 septembre 1667, René de Vaugiraud fut maintenu noble (10). Il
portait d'argent frelté d'azur.
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Crypte de l'ancienne église des Essarts |
Le 29 novembre 1656, il versa sa
part de rente annuelle due au chapelain de la chapelle du château des Essarts
et échue à la Saint-Michel (11). C’était une obligation qu’avait contractée son
grand-père maternel, Sébastien Masson, sieur de la Jaumarière. D’ailleurs la
rente totale était de six-vingt-une livres comme il est écrit dans la quittance
du chapelain [soit 6 x 20 + 1], et René de Vaugiraud en versa la moitié, sachant
que l’autre moitié devait être donnée par Élisabeth Masson, épouse de Jean
Coutand, écuyer sieur de la Martinière, sa cousine et cohéritière (12). Celle-ci
avait une sœur, Catherine, qui était dame de la Baritaudière (Saint-André-Goule-d’Oie). Le chapelain a rappelé que la rente était indivisible, mais voulu bien
consentir à ces paiements séparés, accordant un délai jusqu’à noël pour le
règlement d’Élisabeth Masson. Dans ses chroniques paroissiales, l’abbé Aillery
fait mention aux Essarts de la chapelle du château. Il écrit page 180 :
« Une chapelle dédiée à Notre Dame
existait au château : elle était à la nomination du seigneur et d’un
revenu de 120 livres. Le titulaire était obligé à la résidence et devait deux
messes par semaine. » Le chapelain de 1656 s’appelait René Legard et
on connaît maintenant l’origine des cent vingt livres qui lui revenaient.
C’était une somme conséquente, quand on la rapproche du montant de cent
quarante livres auquel était affermée la métairie de la Jaumarière en 1740.
On ne saurait passer sous silence
l’aide apportée à la famille de Vaugiraud par Pierre Moreau, prieur-curé de
Saint-André-Goule-d'Oie. Certes il dota sa nièce Renée Moreau lors de son mariage en 1650
avec René de Vaugiraud de 2000 livres, comme il l’avait fait pour son autre
nièce, Marie Moreau mariée à Claude Guignardeau, seigneur de Vanne (à
Sainte-Florence). Au passage on note que ces deux filles de bourgeois
épousèrent deux nobles de petite fortune. Mais René de Vaugiraud et sa femme
reçurent en plus une promesse de versement de 5000 livres, dont il ne reste
plus à devoir que 1602 £ 9 sols en principal, et 1300 £ d’intérêts au jour du
décès du prieur en 1665 (13). Et puis il y eut les dettes des de Vaugiraud,
« épongées » par le prieur. Le frère aîné de Pierre de Vaugiraud (l’époux
de Renée Masson), Charles de Vaugiraud (mort au combat sans descendance), avait
dû emprunter une somme de 160 livres moyennant le versement d’une rente
annuelle de 14 boisseaux de seigle sur la métairie de la Grandinière. Cet
emprunt était pour rembourser une dette contractée en 1620. Au final le prieur
racheta cette rente en 1650, devenue à la charge de son neveu par alliance (13).
Pierre de Vaugiraud lui-même s’était fait condamner en 1646 par la cour
présidiale de Poitiers au paiement d’une somme d’argent de 635 livres. Sa
belle-sœur, Élisabeth Masson femme de Jean Coutand, s’était portée caution,
mais ne pouvait pas honorer son obligation. Et en 1650 le prieur rendit service
à tout le monde en payant la dette (14). De même il racheta une autre rente sur
la métairie de la Grandinière. Elle avait été créée par Pierre de Vaugiraud
pour rembourser une dette déjà, d’un montant élevé de 172 £ 10 sols, pour un
capital emprunté de 2600 livres. Cela faisait un intérêt élevé et rare à
l’époque de 6,66 %, au lieu de l’habituel 5 %, significatif de la faiblesse de
l’emprunteur. Mais il eut des difficultés pour l’honorer, et en final le prieur
la racheta pour 3 111 £, arrérages compris (15).
La
chapelle de Logerie
Le 17e siècle fut une époque de renouveau du
catholicisme dans la région, un siècle après le concile de Trente. Certaines
familles riches, dont beaucoup avaient versé dans le protestantisme, créaient
des chapelles liées à des fondations. La famille Moreau le fit à St André Goule
d’Oie (Voir notre article publié en mai 2014), les de Vaugiraud aussi.
L’initiative était venue de Jeanne de Vaugiraud, une sœur de René seigneur de
Logerie, la Grandinière, Jaumarière et autres lieux. En 1667 il s’était obligé
devant notaires lors d’une transaction « de faire dire trois messes par semaine à l’intention et pour le repos
de l’âme de demoiselle Jeanne de Vaugiraud, sœur dudit seigneur de Logerie, et
pour le repos des âmes des siens prédécesseurs et successeurs de ladite
demoiselle de Vaugiraud, et de faire faire quatre grands services par an en l’église
dudit Bazoges … à jamais et à
perpétuité … et à cette fin de faire un fonds bon et valable ». Devant
deux notaires de Luçon, le 20 novembre 1669, il constitue ce fonds, faisant
écrire ceci : « appréhendant
que ses successeurs ne s’acquittassent dignement desdites charges, nous a
déclaré avoir fait construire une chapelle audit lieu de Logerie, qu’il prétend
ériger sous le titre et nom de la sainte Vierge, pour la dot de laquelle il a …
cédé la somme de soixante livres tournois ». Ces soixante livres
seront prélevés sur la maison de Logerie et ses dépendances. Il est prévu dans
l’acte notarié que « la collation
appartiendra à monseigneur l’évêque de Luçon ou à messieurs ses grands vicaires
… » (16).
Les enfants de Renée Moreau
Renée
Moreau va donner cinq enfants au seigneur de Vaugiraud. On relève leurs
baptêmes à Bazoges-en-Paillers :
René le 12-11-1652
(vue 1) qui mourut jeune, mais vivait encore en 1665
(17).
Jean le 17-7-1654
(vue 6) qui fut vicaire de la Couture
(près de Mareuil) de 1680 à 1684, et enterré à Bazoges le 24-6-1687 (vue 10/13),
Charlotte le
5-1-1656 (vue 10) qui fut enterrée le 13-2-1663 à Bazoges, (vue 8/31),
Jean François le
26-5-1660 (vue 17),
Pierre le
26-6-1661 (vue 19).
Renée
Moreau, dame de Logerie, mourra jeune et sera enterrée à Bazoges dans l’église
en mai 1663 (vue 8/31). Son mari est mort avant 1683.
Jean François de
Vaugiraud, seigneur de Rosnais
(1660-1692)
Leur
fils, Jean François de Vaugiraud, s’est marié le 22 février 1689 dans l’église
de Corbaon (vue 33/36), paroisse voisine de celle de Rosnais (près de Mareuil),
où il signe le même jour dans la maison noble du Plessis Haute Rive, son
contrat de mariage avec la dame du lieu (18). De ce jour, la famille de
Vaugiraud ajoutera cette implantation dans la plaine et le marais poitevin à
celle qu’elle avait déjà dans le bocage. La dame de Rosnay s’appelait Gabrielle
de Villeneuve, fille de Gilbert de Villeneuve (1629-1674) et de Philippe
Charbonneau, née le 10 mai 1652 à Rosnay.
La famille Villeneuve qui a donné
les seigneurs du Plessis à Rosnais a ses archives au chartrier de Roche-Guillaume,
où l’on trouve aussi des papiers concernant les de Vaugiraud, Desnos, de Sallo
et Vergier (Archives de Vendée : 22 J 1-191). Le fief du Plessis
Haute-Rive sur la paroisse de Rosnais, était vassal de Brandois (Dictionnaire
toponymique de la Vendée). Au registre paroissial de la Couture, paroisse
voisine, on note l’inhumation dans l’église de cette paroisse du grand-père de
Gilbert de Villeneuve, Alexandre de
Villeneuve, seigneur du Plessis, de la Grenouillère et de la Vergne, le 28 mars
1622 (vue 9/25).
Épouse de Gilbert de Villeneuve,
Philippe Charbonneau appartenait à une ancienne famille noble du Bas-Poitou, un
de ses ancêtres, Renaud Charbonneau, ayant participé à la croisade en 1162.
Elle était la fille de Louis Charbonneau, qui avait épousé en 1598 Catherine du
Plouër. Elle avait d’autres frères et sœurs : Gabriel, Louis (mort à la
Chaize-le-Vicomte contre les huguenots), Charles, Anne, Marguerite et Gabrielle
(mariée à Gabriel de Baudry d’Asson). Sa famille possédait notamment les
seigneuries de l’Echasserie et de Fort-Ecuyère.
Gabrielle de Villeneuve avait une
sœur, Marie, née en 1655 (19). Elle était veuve depuis 1679, de Philippe Desnos,
et avait deux filles. La première était Gabrielle Madeleine et la deuxième Marie
Renée, née au Tablier le 9 décembre 1678 (20), un an avant le décès de son père.
Philippe Desnos, né en 1632,
frère cadet de Gilles II Desnos, l’aîné, était le fils de Gilbert Desnos,
seigneur de la Gerbaudière en la paroisse du Tablier, et de Françoise Couturier
(mariés en 1627). La maison Desnos est originaire de Bretagne. Son grand-père,
Gilles Desnos, avait épousé en 1597 Charlotte de Buor, héritière de la
Gerbaudière et dame du Tablier. La seigneurie de la Gerbaudière resta dans la
lignée du frère aîné de Philippe Desnos, devenant possession ensuite du
seigneur de Beaumarchais, qui récupéra ses archives. Philippe Desnos s’était
marié à Rosnay avec Gabrielle de Villeneuve le 24-3-1676 (vue 17/116). Il est mort à Rosnay le 29-11-1679, âgé de 47
ans (21).
Le contrat de mariage de Jean
François de Vaugiraud et de Gabrielle de Villeneuve prévoyait « qu’il n’y aura entre les sieur et dame
proparlés [sus nommés ou futurs époux]
aucune communauté de biens tacite ni expresse … ». Pour les enfants du
premier mariage de Gabrielle de Villeneuve, il est « convenu qu’elles seront nourries et entretenues selon leur qualité dans
la maison des sieur et dame proparlés avec leurs femmes de chambre, chevaux et
laquais, sans qu’elles payent aucune pension tant pour le passé que pour
l’avenir ». Le contrat prévoyait aussi le douaire, qui se définissait
comme la portion de biens que le mai réserve à son épouse et dont
elle jouit pour son entretien personnel après la mort de son mari. Le douaire
de l’épouse se constituait du mobilier de sa chambre, « ses bagues, joyaux et son équipage tel que
sa qualité appartient ou la somme de quatre mille livres ».
Le 14 janvier 1692, Jean François
de Vaugiraud et son frère Pierre firent entre eux le partage de la succession
de leurs parents (22). Au mois d’août suivant, on constate que l’aîné est
décédé, et sans postérité.
Pierre de Vaugiraud (1661-1731), un marin propriétaire foncier
En effet, le 7 août 1692, Pierre
de Vaugiraud renouvelle la ferme des biens possédés par la famille à Saint-André-Goule-d’Oie, et s’entend avec le fermier pour tenir compte d’un acompte reçu
par « feu M. de Logerie »
pour l’année en cours (23). Le bail comprenait au total les métairies de la
Maigrière, la Jaumarière et la Porcelière, que le preneur au bail sous-louait
ensuite à des métayers. S’y ajoutaient les rentes dues sur les villages et
tènement de la Jaumarière, Boninière, Gobeteries (nom de lieu disparu) et
Morelière, avec tous les droits de terrage, cens, charges, devoirs, dîmes,
autres, dues au seigneur de Vaugiraud. Suivant une pratique fréquente chez les
nobles, ceux-ci affermaient ainsi leurs droits seigneuriaux à des bourgeois, à
qui ils fournissaient les titres, notamment les papiers censaires où ils
étaient répertoriés. Enfin le bail comprenait la rente de dix livres due au
seigneur de Vaugiraud sur les deux moulins de la Bourolière, le petit moulin et
l'autre moulin à vent.
Le bail du 7 août 1692 est signé
par Pierre de Vaugiraud avec Jacques Benoist, sieur de la Caillaudière et
Marguerite Merland son épouse, demeurant à la Valinière (Saint-Fulgent). C’est un
bail prévu pour quatre ans, à la suite du précédent, d’avril 1693 à avril 1697,
pour un montant de 300 livres par an, payées à chaque noël, net de toutes
charges féodales dues aux seigneurs suzerains et payées par le fermier.
Gabrielle de Villeneuve à nouveau
veuve, restera sur la terre de Logerie jusqu’à sa mort à Bazoges, à l’âge de 64
ans, le 12 septembre 1716 (vue 186). Elle maria sa fille Madeleine Desnos à
Bazoges le 17 août 1701 (vue 59) avec Charles de la
Guerinière, seigneur de Boisniard, habitant Saint-Hilaire-de-Riez. Ce
dernier était le fils de Charles de la Guerinière, seigneur de Beauchêne. À son
mariage étaient présents ses cousins : Esprit Baudry, seigneur d’Asson et
Claude Baudry, seigneur de la Tisonnière et Guy Louis Baudry seigneur de la
Rondardière.
Elle avait déjà marié à Bazoges
sa deuxième fille, Marie Renée Desnos, avec son jeune beau-frère, Pierre de
Vaugiraud, le 21 janvier 1697 (vue 19). Elle avait alors 45 ans, sa fille 19
ans et son gendre 36 ans.
Pierre de Vaugiraud était un militaire, ayant alors déjà
seize années au service du roi. Il avait commencé au bataillon de Champagne
pendant trois ans, puis s’était engagé dans la marine en 1683 à Rochefort dans
une compagnie de garde de la marine. C’était un corps crée en 1670 par Colbert,
puis renouvelé en 1682. Il recueillait des gentilshommes âgés au moins de 16
ans, pour servir à former de futurs officiers de marine. À 28 ans il devint
sous-brigadier des gardes de la marine de Rochefort, et fut promu au premier
grade des officiers de marine l’année d’après en 1690 : enseigne de
vaisseau. Deux ans après, en 1692, il fut promu lieutenant dans la compagnie du
seigneur de Beroute.
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Bataille de la Hougue (tableau de 1693) |
Cette année-là il faillit laisser la vie à la bataille de
la Hougue, en pleine guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697). Louis XIV,
voulant aider le roi catholique Jacques II à remonter sur le trône
d’Angleterre, chargea le vice-amiral de Tourville d’un débarquement en
Angleterre, mais la flotte de ce dernier perdit la bataille de la Hougue en
mai/juin 1692. Dans cette bataille, le vaisseau l’« Admirable »,
bloqué dans le port de Cherbourg avec deux autres vaisseaux, fut attaqué par
les anglais le 1e juin. Plusieurs assauts furent soutenus avec
courage par son commandant, le seigneur Beroute, mais les Anglais réussirent à
le brûler. Dans un mémoire des services armés de Pierre de Vaugiraud en 1696,
on note qu’à cette bataille celui-ci « a
perdu toutes ses hardes et qu’il s’est sauvé à la nage » (24).
L’année
d’après, Pierre de Vaugiraud, étant en service commandé à Port Louis (en aval
de Lorient, nommé ainsi en l’honneur de Louis XIII, appelé Port Blavet avant
1618), obtint un brevet du roi
lui attribuant une immunité judiciaire pour une période de six mois, car ne
pouvant pas pendant ce temps « vaquer
à ses affaires particulières ». Louis XIV tenait
ainsi à protéger ses officiers des tracas judiciaires éventuels dans leurs
affaires personnelles, et signa son brevet à l’intention de « notre cher bien aimé le seigneur de
Vaugiraud » le 29 novembre 1693 (25).
Contrairement
au Malouin Dugay-Trouin, corsaire pour le compte de Louis XIV à la même époque,
Pierre de Vaugiraud abandonna la marine. Sa vocation dans la marine de guerre
se réincarna chez deux de ses petits-fils : l’habitant de Saint-André-Goule-d’Oie et celui des Sables-d’Olonne, devenant, ce dernier, vice-amiral.
Marie Desnos possédait,
semble-t-il dès son mariage, les métairies de la Grenouillère (Rosnay) et de la
Tabarière (la Couture), des maisons et pièces de terres et de marais à Angles.
Elle partagea avec sa sœur Madeleine l’héritage de sa mère en 1717 (26). Dans
son lot, on trouve la maison noble du Plessis de Rosnay, les métairies du
Coteau Gourdon (Péault) et de la Cornetière (Angles), et la moitié des droits
de fiefs de la Grange Cornet (Mareuil).
En 1725, elle hérita de sa sœur,
décédée veuve au mois de septembre 1723. D’abord, provenant des biens de leur
mère, elle eut les terres du Plessis de Rosnay, la métairie de la Jaborière (la
Couture), et l’autre moitié des droits de fiefs de la Grange Cornet, « qui est en tout de la quantité de soixante
et quatre boisseaux de seigle, vingt boisseaux d’avoine, mesure de Mareuil »,
et une pipe de vin. De plus, elle récupéra la totalité des biens de leur père,
Philippe Desnos, c'est-à-dire les deux métairies de la Ribaudière et de la
Morandière (Tablier).
Le 23 mars 1722 Pierre de
Vaugiraud a offert à son seigneur suzerain de Boulerot de faire « sa foi et hommage plein et à rachat abonné à
dix-huit livres tournois par muance hommes … pour sa maison et appartenances de
Logerie, situées en ladite paroisse de Bazoges, et de rendre son aveu dans le
temps de la coutume ». En réalité il s’est agi d’un acte notarié passé
devant maître Charles Musset, procureur fiscal des fiefs de Raslière, Boulerot,
le Chêne Maltonière, fief des Trois seigneurs et les Corlandières, et Louis
Prosper Proust, avocat en parlement, ayant avec eux maître François Thoumazeau,
« notre greffier ordinaire ».
Le seigneur de Vaugiraud s’était lui-même fait représenter par « noble homme Daniel Baraillaud, sieur du
Planty ». Les officiers de la seigneurie ont donné acte de cette
offre, et à l’intention du vassal, ont « ordonné qu’il en rendra son aveu dans le temps de la coutume …
» (27).
À la suite de quoi, le 6 juillet
1722, chez le notaire Musset de Montaigu, Pierre de Vaugiraud rendit son aveu
et dénombrement au marquis Louis de Marconnay, seigneur de Boulerot. Celui-ci
était le fils aîné de Louis de Marconnay et de Marie Élisabeth Gourjault, qui s’étaient
réfugiés en Prusse pour échapper aux persécutions contre les protestants, après
la révocation de l’édit de Nantes. Laissant leurs quatre enfants nés en France,
ils y ont refait définitivement leur vie, passant au service de l’électeur de
Brandebourg. Leur jeune fils Louis, le futur seigneur de Boulerot, avait été
placé dans un collège d’Angers sur ordre du roi, tandis que trois de ses sœurs
étaient enfermées « aux Nouvelles
Catholiques de Loudun ».
Dans cet aveu on apprend que le
seigneur de Logerie avait « droit de
juridiction basse telle qu’elle peut m’appartenir suivant la coutume de ce
pays ». La formule employée dit bien les restrictions de ce premier
niveau de justice seigneuriale à cette époque, non seulement par la coutume du
Poitou, mais aussi par l’organisation judiciaire mise en place par la royauté
au fil des siècles.
On apprend aussi que le seigneur
de Logerie devait un boisseau de blé seigle, à la mesure de Montaigu, à la cure
de Bazoges, et un autre boisseau, même mesure, à la fabrique de la paroisse de
Bazoges. De plus, il devait une rente au prieur de L’Oiselière.
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Marcel Fleury :
Cloître de l’abbaye
fortifiée de la Grainetière
(Musée municipal de
la Roche-sur-Yon)
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Le prieuré de l’Oiselière (Saint-Fulgent) se composait d’une métairie et d’une chapelle en mauvais état,
relevant du
seigneur de l’Herbergement-Ydreau (l’Oie) pour la foi-hommage et le cens.
En 1787 on entama la procédure pour la démolition de la chapelle. Le prieuré
avait été fondé par l’abbaye de la Grainetière (Ardelay), dont il dépendait
toujours en 1722. En 1708, son prieur s’appelait Chautard et c’est lui qui fit
quittance de ses paiements à Pierre de Vaugiraud, au lieu de la Grainetière (28).
En 1736, l’abbaye fut reprise par l’évêché de Luçon au profit du séminaire.
La rente annuelle due par le seigneur de Logerie était payable à la
mi-août, rendable au lieu de Bazoges, et se montait à huit boisseaux de blé
seigle, mesure de Montaigu, à deux chapons et six sols et huit deniers payables
à noël.
En 1712 Pierre de Vaugiraud reçu
en donation la métairie du Pinier (Vendrennes) de Claude Moreau, le fils de son
cousin Pierre Moreau, sieur du Coudray, « en reconnaissance des soins et bienveillances qu’a toujours eu pour ladite demoiselle Moreau messire Pierre de Vaugiraud chevalier seigneur de
Logerie demeurant en la maison noble de la Grandinière en la paroisse de
Boissière ». Cette donation est actée dans l’acte de partage des biens
de leurs parents fait par Claude Moreau et sa sœur. Cette dernière avait été
prise en charge par son cousin de Vaugiraud après le décès de son père et de sa
mère.
Il se trouve que la métairie,
appartenant auparavant à Claude Moreau, était grevée de dettes et qu’un
marchand de Poitiers, nommé Laurence, poursuivi Pierre de Vaugiraud pour se
faire rembourser. Il fit saisir la métairie, pour y nommer un fermier
judiciaire, mais Pierre de Vaugiraud obtint la main levée de cette saisie après
une procédure entamée en 1727. Le conflit dura jusqu’en 1754, gagné par M. de
Vaugiraud.
Pierre de Vaugiraud eut sa part
dans l’héritage de sa cousine Mathurine Moreau, décédée en 1720. Elle était la
fille de Louis Moreau, sieur de la Maigrière, et frère de Renée Moreau. Dans sa
déclaration pour le centième denier, l’héritier a fait l’inventaire de ses
nouveaux biens (29). En décembre 1703 un édit signé à Versailles avait mis en
place l'insinuation laïque, appelée aussi fiscale, car assortie de la taxe au
centième denier (1% de la valeur en principe). L’insinuation avait pour but
d’assurer la publication des actes concernant la disposition et la transmission
des biens et des droits, pour favoriser la protection des droits des tiers. L’inventaire
fut adressé à Charles Cardier, régisseur général des fermes unies de France. C’était
la réunion des fermiers généraux, à qui le roi sous-traitait par bail la
collecte de nombreux impôts. En cas de non-paiement dans les délais impartis ou
fausse déclaration, le montant de la sanction financière, appelé
triple droit, était alors le triple du montant initial dû. En même temps, les
biens déclarés devaient être évalués par le déclarant. C’est dire que celui-ci
avait intérêt à minorer les valeurs indiquées, mais sans abuser. Pierre de
Vaugiraud s’employa à cette minoration, nous semble-t-il.
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Joseph
Libaudière : Paysage
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Il
estima son héritage à douze cents livres de revenus annuels, ce qui donnait
cette année-là une taxe d’un montant de quatorze livres huit sols. Il était composé de la
borderie de la Maigrière (Saint-André-Goule-d’Oie) « surchargée de rentes, et devoirs qui excèdent la valeur de son prix »,
selon lui. Voilà une propriété qui perdrait de l’argent ? Il y a aussi à
la Chaize-le-Vicomte la « borderie
du Curain en un très mauvais endroit, ingrate à la culture y ayant plus de
vingt ans qu’elle n’a été emblavée, n’étant que landes et bruyères ». Dans le bourg de la même
paroisse, il hérite d’un moulin à eau « étant en ruine, et quand bien même il serait tournant, il ne pourrait
être occupé deux mois de l’année, n’y ayant qu’un petit mauvais étang pour le
faire tourner ». Seul un bordage, appelé le Vieux Détroit en la
paroisse de Saint-Martin-des-Noyers, est susceptible de fournir des revenus
normaux aux dires du déclarant.
Dans des calculs réalisés en 1744
sur le partage de la succession de Pierre de Vaugiraud, on constate que la
métairie du Curain a été estimée à cent
livres de revenus annuels et la métairie de la Maigrière avait un revenu annuel
de 80 livres. Sans doute le résultat d’une meilleure mise en valeur de ces
biens…. Quant au moulin de la Chaize il a été vendu pour un montant de sept
cent livres.
Dans les papiers personnels de la
famille, on voit que la Maigrière est une métairie, alors que dans le courrier
avec les administrations fiscales, c’est une borderie, et ce n’est pas le seul
exemple de cette souplesse dans l’utilisation du vocabulaire. Certains
historiens ont proposé un seuil de quinze hectares au-delà duquel on parlait de
métairie, et en deçà duquel on parlait de borderie. Dans la pratique, les deux
mots avaient bien une signification sur l’importance de la surface de
l’exploitation, mais leur emploi dépendait aussi de la subjectivité de son auteur.
Pierre de Vaugiraud hérita de son
oncle Jean Moreau, prieur-curé de la Couture, de rentes dues sur des marais à
la Couture et de la métairie des Coutauds (Angles).
À une
date inconnue, Pierre de Vaugiraud acheta une borderie au Coudray (Saint-André-Goule-d’Oie) à Jean
Royrand écuyer, sieur de la Noue. Ce
dernier était le fils aîné de Jonas, et s’était marié à Marie de La Personne à
Saint-Fulgent. Avec cette vente la famille Royrand a continué de se déposséder de
ses biens au village du Coudray (30). D’ailleurs
on retrouvera dans la succession de Jean de Vaugiraud en 1814 une métairie de
19 hectares au Coudray et une maison à étages avec son jardin.
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La
Boissière-de-Montaigu en 1900
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Sans prétendre
à l’exhaustivité, ajoutons que Pierre de Vaugiraud possédait aussi à la
Boissière-de-Montaigu la métairie de la Grandinière, celle de la Petite
Villeneuve et la moitié de celle de la Grande Villeneuve. Aux Landes-Génusson,
il possédait la métairie de la Fontaine. À Bazoges il avait une borderie à
Belon. Aux Essarts il possédait une métairie au Grand Village et une autre à
Fouzillière (nom disparu), provenant de l’héritage de sa grand-mère Renée
Masson.
Avec sa
jeune épouse, Marie Desnos, il habita d’abord à la Grandinière de la Boissière-de-Montaigu, puis à la Logerie de Bazoges-en-Paillers, probablement après la
mort en 1716 de sa belle-mère, Gabrielle de Villeneuve. Ils eurent dix
enfants :
Alexis né à
Bazoges le 16-3-1698 (vue 29) et décédé à Bazoges le 23 novembre 1727 (vue 262).
On l’appelait dans la famille « le
défunt chevalier ». Il est mort sans postérité, mais il semble qu’il
se soit marié et que sa veuve se fit religieuse. Il laissa des dettes dont ses
parents n’étaient pas au courant. Le créancier leur écrivit de Tiffauges le 29
janvier 1728 pour en faire état. Il s’appelait Esprit Joussaume, marquis de la
Bretesche et vicomte de Tiffauges. Il était alors capitaine de dragons
au régiment d’Epinay. Une transaction
intervint entre lui et Pierre de Vaugiraud le 8 mars 1730.
Marie Madeleine
Thérèse, née à Bazoges le 19-3-1700 (vue 47), a longtemps été appelée « mademoiselle de Logerie ». Elle
s’est mariée à l’âge de 44 ans avec Charles Auguste de Tinguy de Vauzais, déjà
veuf, et auteur de la branche des Tinguy du Pouët. Le mariage eut lieu aux
Landes-Génusson le 30 août 1744 (vue 86/376), et le nouveau couple vint
s’installer à la Clavelière de Saint-Fulgent.
Pierre René
Gabriel de Vaugiraud, né vers 1702. Appelé « monsieur de Logerie », nous l’évoquerons ci-après.
Aimée, née le 26-05-1709 (vue 135) à Bazoges. Elle fut mariée avec
Gabriel Jacques de la Cantinière, veuf de Marianne Gaborin, le 13-2-1741, en la
paroisse de Péault (30). On l’appelait « madame de la Cantinière ».
Céleste née à la
Boissière le 27-8-1710 (vue 128), entrera au couvent et sera appelée « madame la religieuse ».
François René
Joseph né le 10-9-1712 (31). Appelé « monsieur
de Rosnay », nous l’évoquerons ci-après.
Jean Gabriel né à
Bazoges le 13-8-1720 (vue 218). Il était « monsieur le chevalier » dans la famille. Nous avons évoqué sa
vie et celle de ses enfants, particulièrement parmi eux celle de Jean Aimé de
Vaugiraud, qui vint s’installer à Saint-André-Goule-d’Oie et participa à la guerre
de Vendée. (Voir l’article publié sur ce site en avril 2012 : M. de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie).
Deux
sœurs, Catherine et Marie Anne, et un frère, Charles, moururent jeunes et
n’apparaissent pas dans les documents de succession de la famille.
Pierre
de Vaugiraud est mort en 1731 (32) et Marie Desnos est morte vers 1742 (33).
Pierre René Gabriel de Vaugiraud (1702-1743), un
malheureux contribuable
Leur
fils aîné Alexis étant mort en 1727, Pierre
René Gabriel de Vaugiraud devint naturellement le chef de famille à la mort de
son père. Il avait fait des études au séminaire de Luçon. C’est ce que nous
apprend sa collation à la chapelle des Moreau de Saint-André-Goule-d’Oie le 2
décembre 1719, par « monsieur
l’abbé de Rastignac, l’un des grands vicaires généraux de monseigneur
illustrissime et révérendissime évêque de Luçon » (35). Il avait été
présenté par Claude Moreau, son cousin au 5e degré, pour remplacer
Pierre Lemaçon, prieur-curé de St André, qui venait de mourir au mois d’octobre
précédent. À cette date il était « clerc
tonsuré du diocèse de Luçon, étudiant au séminaire de cette ville et y
demeurant ». La tonsure, donnée
par l’évêque, était une entrée dans les ordres ecclésiastiques, sans les
engagements du sacerdoce, notamment le célibat. Elle suffisait pour être pourvu
de ce bénéfice. Le lendemain de sa nomination il a désigné devant notaire comme
son représentant dans ce bénéfice le curé de Saint-Fulgent, messire Jacques
Benoist de la Caillaudière. Celui-ci, né le 28
février 1684 à Saint-Fulgent et décédé 29 août 1730 aussi à Saint-Fulgent, a été
nommé curé de la paroisse en 1713 (Voir le
dictionnaire des Vendéens). Il était le fils des
fermiers de Pierre de Vaugiraud pour ses domaines de Saint-André (Voir plus haut),
Jacques Benoist et Marguerite Merland.
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Logis de Languiller |
Pierre
René Gabriel de Vaugiraud quitta
le séminaire à une date inconnue et se maria l’année suivant la mort de son
père. Suivant la pratique habituelle, il y eut d’abord le contrat de mariage,
véritable arrangement sur la composition des patrimoines du futur couple,
résultat d’une sérieuse négociation. Il fut signé le 20 janvier 1732, et la
bénédiction nuptiale eut lieu à Chauché le
18 février 1732 (vue 12), dans la chapelle Begouin.
La
future épouse était Madeleine Françoise
Chitton, dame de Languiller (Chauché), fille de Charles Auguste Chitton,
chevalier seigneur de Languiller, et de défunte dame Françoise Isabelle de
Châteauneuf. Née le 3 juillet 1710 à Chauché
(vue 116), elle avait une sœur, Madeleine Bénigne, qui se
maria avec Charles Brilhac de Nouzière à Chauché en 1728. Elle avait eu
aussi deux autres sœurs, mortes à la naissance en 1711, et un frère, Charles,
qui mourut à l’âge de 30 ans le 5 mai 1746. C’est lui qui vendit la seigneurie
de Languiller en 1745 à René de Montaudouin, déjà seigneur dans la région de la
Rabatelière et de la Chapelle Begouin. Le père de la mariée, Charles Auguste
Chitton, mourut l’année d’après le mariage, le 25 mars 1733, et fut inhumé dans
« le cœur de l’église de la Chapelle
de cette paroisse [de Chauché] du
côté de l’épître près de la muraille », suivant ce qu’on peut lire sur
le registre paroissial de Chauché (vue 25). On sait que ce droit d’enterrement
était récent pour la famille, et fut obtenu à l’issue d’un conflit avec le
seigneur de la Chapelle (Voir notre article publié en janvier 2014). Il explique
aussi les précisions du curé sur l’emplacement de la sépulture.
Dans le contrat de mariage il est
prévu que les futurs époux « ne
contracteront aucune communauté de biens entre eux … sans que le bien de l’un puisse souffrir ni
reprendre pour les dettes de l’autre … et pour la dite non communauté,
inventaire sera fait des meubles des proparlés [sus nommés] avant leur mariage ». Après quoi
le contrat définit les apports faits aux jeunes mariés par leurs parents (36).
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William Hogarth: Le contrat de mariage |
Pour le futur marié, sa mère
Marie Desnos fait écrire par le notaire : « et dans cette considération ladite dame Desnos a promis de marier
ledit sieur proparlé en qualité de son fils aîné, principal héritier noble avec
tous les préciputs, droits d’aînesse, autres privilèges accordés aux nobles
suivant la coutume de cette province ». Le préciput est un avantage
accordé à un héritier. Sous l’Ancien Régime, il conférait un avantage à l’aîné
lors des successions, de droit dans les familles nobles. Celui-ci était
constitué du préciput proprement dit, c'est-à-dire le château ou hôtel principal noble et les
bâtiments alentours (limités à une surface de trois septrées dans la
coutume du Poitou), et de « la part
avantageuse ». Celle-ci correspondait, en faisant simple, aux deux
tiers de la valeur des autres biens de l’héritage partagés par les autres
héritiers (articles 289 et 290 de la coutume du Poitou). Cette coutume publiée
en 1514, avait mis fin au régime compliqué du viatge et retour en vigueur pour
régler les successions chez les nobles, notamment dans la vicomté de
Thouars (37). De plus, Marie Desnos renonce
au droit de douaire qui lui est acquis par le décès de son mari pour la portion
pour laquelle en est tenu son fils aîné. Et elle abandonne à celui-ci la
jouissance de la terre de la Tabarière (la Couture) jusqu’à son décès.
Néanmoins elle se réserve une valeur de biens de douze mille livres pour en
disposer selon son bon vouloir, y compris dans son testament.
Du côté de la future mariée, le
seigneur de Languiller lui constitua une dot, à valoir sur les héritages à
venir de ses parents, suivant l’usage. Elle était constituée de la jouissance
de la maison noble et métairie de la Donier (Aizenay) avec les bestiaux qui étaient
de la valeur de deux cent cinquante livres, de la métairie des Bouligneaux (Saint-Martin-des-Noyers) avec le droit de terrage qui en dépendait, de la métairie du
Guereaux, située au Moret (Saint-Jean-de-Monts). À noter que la métairie des
Bouligneaux sera vendue en 1791 par la nièce de Madeleine Chitton au seigneur
de Linières (Chauché), Charles Auguste de Lespinay.
Au cas où le seigneur de Logerie
décède le premier, il est prévu que sa veuve, suivant l’usage, gardera « les bagues, bijoux, équipages, habits, linges et autres qui se
trouveront à sa personne … et chambre garnie et douaire coutumier s’il en est
dû ». Le contrat ajoute qu’elle disposera d’une somme de quatre mille
livres pour son deuil.
Pierre
René Gabriel de Vaugiraud se plaignit plusieurs fois de ses impositions au
dixième, écrivant des requêtes en modération des taxes à l’intendant du Poitou
en 1735, 1736 et 1641. Le dixième était un impôt exceptionnel et
universel établi pour faire face aux dépenses de la guerre de succession d'Espagne. Il prélevait le 10ème des revenus
de toute propriété. Créé en 1710 par Louis
XIV, supprimé en 1717, il fut à nouveau levé à l’occasion de différents
conflits, puis remplacé par le vingtième
en 1749. Les paiements se faisaient chaque trimestre à la recette des tailles
de Mauléon (Châtillon-sur-Sèvre), pour les paroisses du bocage où le seigneur
de Logerie possédait des propriétés. Les possesseurs de domaines faisaient leur
déclaration des revenus, et pour les intérêts, la déclaration et le paiement
étaient faits par les débiteurs. Pierre de Vaugiraud avait payé le premier
dixième du 1-10-1710 au 31-12-1717, et ensuite le
cinquantième du 1-8-1725 au 31-12-1727. Pierre René Gabriel de Vaugiraud
paya le deuxième dixième du 1-1-1734 au 31-12-1736, et le troisième
dixième du 1-10-1741 au 31-12-1749. L’imposition était établie
chaque année dans chaque élection (circonscription fiscale) sur les rôles de
chaque paroisse par corps social et par article. Le seigneur de Vaugiraud étant
imposé au titre « des privilégiés et
nobles de la paroisse de … », suivant l’expression de l’époque,
considérée alors comme flatteuse. Le mot désignait les libertés
collectives et les distinctions propres à un ordre, une ville, un corps de
métier, une institution quelconque, etc. constituant une protection contre l’arbitraire
du prince. Il n’était pas compris à cette époque comme un avantage
injustifié.
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Source : archives de la Vendée |
Dans ses requêtes à M. Le Nain,
l’intendant de Poitiers, M. de Vaugiraud se plaint qu’on ne tienne pas compte
des partages de biens lors des successions et d’être imposé à la place d’un
autre membre de sa famille. Surtout il se plaint aussi des surévaluations des
revenus de ses biens fonciers. Dans les métairies affermées à partage de fruits
entre le bailleur et le preneur, l’argent circulait peu, et il n’était question
que de paiements en nature. Or dès le commencement des impôts, la détermination
des revenus de l’activité agricole a constitué un casse-tête pour les
fonctionnaires chargés de les calculer. Mais des conflits existaient aussi pour
les métairies affermées à prix d’argent. Par exemple, M. de Vaugiraud était
taxé de neuf livres neuf sols pour sa borderie du Coudray « au rôle simple de ladite paroisse de Saint-André Degouldois ladite année 1734, art. 4 ». Dans sa requête en
modération de 1735, il explique qu’il l’a affermée au nommé François Gaspard et
sa femme pour la somme annuelle de soixante-quinze livres en argent, quinze
livres de beurre et quinze poules. Le bail a été passé devant notaires le 4
septembre 1734. Il indique que le beurre vaut cinq sols la livre, et même somme
pour une paire de poulets. Moyennant quoi il arrondi (à la baisse) la somme du
revenu annuel de sa borderie à quatre-vingt livres, « et par conséquent je ne devrais être taxé pour cet objet qu’à huit
livres au plus », ajoute-t-il (38). S’agissant de ses impôts dont il
s’occupait lui-même, il ne jouait pas au grand seigneur apparemment.
Les propriétés de Pierre René Gabriel de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie
Les
autres propriétés des Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie ont fait l’objet de
mutations dans la famille au fil du temps. La Jaumarière a appartenu à l’aîné au départ, et les autres biens ont d’abord fait partie du patrimoine de Maris
Desnos, puis ils ont été attribués en indivision entre madame la Cantinière,
monsieur le chevalier et mademoiselle de Logerie devenue ensuite madame de
Vanzais. On a mis fin à cette indivision plus tard et c’est Pierre Eusèbe de
Vaugiraud, fils de Jean Gabriel, le dernier enfant de Pierre de Vaugiraud, qui
hérita de la Jaumarière.
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La Jaumarière |
Nous
connaissons aussi les revenus de ces divers biens à deux dates : 1732 et
1742. Nos informations les plus complètes concernent la métairie de la
Jaumarière, avec d’abord un inventaire des bestiaux vers 1743 (39), que nous
rapportons en respectant le vocabulaire employé par l’expert désigné à cet
effet. Il y avait deux bœufs estimés ensemble 160 livres, deux taureaux
de deux ans estimés ensemble 50 livres, une torre (jeune vache qui n’a point
encore porté) estimée 20 livres, quatre vaches estimées ensemble 108 livres,
trois bodets (veau mâle) estimés ensemble 45 livres et vingt-deux brebis
estimées ensemble 38 livres 10 sols. Le total s’élève à 421 livres et 10 sols,
partagé dans ce cas à moitié entre le métayer et le propriétaire. Nous avons là
néanmoins une petite métairie, à côté de celle de la Grandinière à la
Boissière, du même propriétaire, qui avait douze bœufs. L’inventaire confirme
l’orientation de l’agriculture de la région vers les cultures, plutôt que vers
l’élevage à cette époque. En effet ce bétail, sauf les brebis, est d’abord à
usage de trait des charrues, et en complément seulement à destination de
l’élevage pour les boucheries.
La métairie de la Jaumarière
rapportait cent quarante livres de revenus annuels, montant stable sur dix ans.
Les borderies de la Porcelière et de la Maigrière rapportaient respectivement
cinquante-deux livres et quatre-vingt livres en 1732, et cinquante livres et
quatre-vingt-cinq livres en 1743.
Les deux moulins de la Bourolière
étaient affermés soixante livres par an en 1732, ramenées à cinquante en 1743,
avec une rente diminuant son revenu cette-là à trente-sept livres. Les de
Vaugiraud rendaient aveu pour ces moulins depuis au moins 1619, probablement à la
seigneurie du Coin, propriété de Languiller.
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Moulin de la Bourolière |
Les teneurs de la Jaumarière et
de la Boninière devaient deux rentes féodales. La première de trente-trois
boisseaux de seigle à la mesure réduite des Essarts, estimés trente-trois
livres de revenu annuel en 1732 et vingt-sept livres dix sols en 1743. La
deuxième de cent cinquante et un boisseaux et demi d’avoine à la même mesure,
estimée de revenu annuel de soixante-quinze livres dix sols en 1732. En 1743, à
huit sols le boisseau, le revenu annuel est ramené à soixante livres.
Le droit de terrage sur les
terres labourables de la Jaumarière et de la Boninière au 1/6 des récoltes, est
estimé d’une valeur de quatre-vingt livres sur toute la période. Enfin la dîme des agneaux, gorons
[cochons] et autres objets cités par les aveux, est estimée de revenu annuel de
dix livres, et le cens de quatorze livres (40).
Pierre
René Gabriel de Vaugiraud vendit en 1741 à Jacques Merland, sieur de
Champeau, les fiefs de la Fouzillière, Crespin et Bois-Pineau au Grand Village
des Essarts (41).
Pierre
René Gabriel de Vaugiraud et Madeleine Chitton vécurent à la Logerie de
Bazoges et n’eurent pas d’enfants. Le seigneur de
Logerie fit son testament le 15 janvier 1743, à l’âge de 41 ans environ, « étant au lit malade » et sentant
probablement sa fin arriver, car il mourut le 17 août 1743. Parmi ses
dispositions on relève que dans son testament il « donne à mon frère le chevalier [Jean
Gabriel] tous mes habits et linge et épée
d’argent. Je le tiens et fait entièrement quitte, et ma sœur de Logerie [Madeleine
Thérèse], de toutes les sommes qu’ils
peuvent me devoir ainsi que ma sœur de la Cantinière, chacun à quelque titre
que ce soit.
Item j’ordonne que sur ce que me doit mon frère de Rosnais [François René Joseph] il en soit pris la
somme de six cent livres pour être distribuée, savoir trois cent livres aux
pauvres les plus nécessiteux de la paroisse de Rosnais, et les autres trois
cent livres aux pauvres aussi les plus nécessiteux de ma paroisse de Bazoges,
et cela le plus tôt que faire se pourra tout au moins dans l’année de mon décès,
moyennant quoi je charge tous mes frères et sœurs de donner ensemble la somme
de deux cent livres pour faire dire des messes pour le repos de mon âme et cela
dans l’année de mon décès pourquoi je les tiens tous quitte du surplus ».
Il indique aussi que ses meubles doivent être laissés à son épouse qui les a
payés, et ses dettes contractées auprès d’elles doivent lui être remboursées
(42).
Devenue
veuve le 17 août 1743, et sans descendance, Madeleine Chitton ne s’est pas remariée. Elle fit un accord le 30 septembre 1743 avec les héritiers
de son mari pour le partage de la succession, en exécution du testament du
défunt. Elle fit sa demeure dans la
paroisse Saint-Pierre des Herbiers (43). Sa sœur hérita de ses biens (44), après
son décès survenu le 4 mai 1747 (45).
François René Joseph de Vaugiraud (1712-1790) et
ses enfants
Le nouveau chef de famille fut
naturellement monsieur de Rosnay, c'est-à-dire
François René Joseph de Vaugiraud, un destin que n’avait pas envisagé son père. Dans les actes de la justice de Mareuil il est désigné avec son simple prénom
de Joseph.
Dans un mémoire sur la succession
Prosper Moreau rédigé pour le compte de M. de Vaugiraud de Rosnais après 1745,
on lit le passage suivant : « le
dit Claude Prosper Moreau du Coudrais est mort en 1729, après ladite Moreau sa
sœur, morte sans enfant. Ledit feu seigneur Pierre de Vaugiraud seigneur de
Logerie, était habilité à lui succéder, mais ne voulant point se porter son
héritier, il mit hors de sa puissance paternelle messire François René Joseph
de Vaugiraud, chevalier seigneur de Rosnais, son second fils puîné … et lui fit
donner pour son curateur aux causes le sieur de la Barre, procureur sénéchal de
Saint-Fulgent, dont le dit feu seigneur de Vaugiraud suivait les conseils ».
Moyennant quoi, le jeune seigneur de Rosnais, alors âgé de dix-sept ans, se
porta héritier sous bénéfice d’inventaire de Claude Moreau, dont chacun savait
qu’il était mort ruiné. La clause de bénéfice d’inventaire, comme maintenant,
permettait de refuser l’héritage jugé trop grevé de charges et de dettes. C’est
ce qu’il fit en renonçant à l’héritage le 14 mai 1740, devant les notaires de
Saint-Fulgent, Thoumazeau et Frappier, toujours conseillé par le sieur Proust de
la Barre. Pour se garantir contre d’éventuelles procédures, il obtint un
mandement signé du roi Louis XV le 28 juillet 1745, de « faire commandement au juge de la baronnie
des Essarts en Poitou et aux officiers exerçant la juridiction en son absence
dans l’étendue de laquelle est ouverte ladite succession » de
respecter sa renonciation à la succession, n’ayant rien touché d’elle (46).
Son frère
,
Jean Gabriel de Vaugiraud, hérita du droit de fief des Giroisières, près
de la Brossière. En 1752 il donna pouvoir à sa belle-mère,
Marie Louise Henriette Girard, épouse de Jacques
Boutillé sénéchal de Mortagne, d’en offrir sa foi et hommage à l’Assise de
Languiller (47). Il ne possédait que la seigneurie directe, sans la rente
annuelle de 40 boisseaux de seigle, qui avait été vendue en 1718 à François
Fluzeau par Prosper Moreau. Ce dernier s’était gardé le droit fief
seulement.
Au
moment de son émancipation et de la mort de Claude Moreau, François René Joseph
de Vaugiraud était étudiant à Angers et clerc tonsuré. Probablement étudiait-il
au séminaire de cette ville, car il
était déjà en 1728 chanoine de l’église cathédrale d’Angers. C’est ce
que nous apprend le bail qu’il fit à Jean Coutand de la métairie du Pinier
(Vendrennes) le 10 novembre 1728, devant Papin, notaire à Saint-Fulgent (48). Il
en avait la jouissance pour lui permette de payer ses études. On sait que le
titre de chanoine, comme le cardinalat, n’est pas obligatoirement lié à l’état
de prêtre. Or un parent de son père, Jean de Vaugiraud, né vers 1680, fut nommé
Grand-Vicaire du diocèse d’Angers en 1714, puis sacré évêque d’Angers le 28
janvier 1731 avant de prendre possession de sa charge le 3 mars suivant. Entre
le Grand vicaire et le jeune chanoine, le lien paraît évident.
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Suzanne Fegdal :
Entré du port des Sables-d’Olonne
(Musée de l’abbaye Saint Croix, Sables-d’Olonne)
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Sans
qu’aucun document ne nous fournisse la moindre transition et explication, nous
retrouvons ensuite l’habitant de la paroisse de Saintt-Michel-de-la-Pallue d’Angers
à la date de son mariage, le 4 février 1739 aux Sables-d’Olonne (49). François René Joseph
de Vaugiraud épouse Marie
Lodre, veuve de Jacques Massé, chevalier seigneur de Longeais aux Sables-d’Olonne. Elle était la fille de René Lodre des Chateigners, armateur aux
Sables, qui fut maire et gouverneur de la ville de 1757 à 1789, et de Marie Le
Ferré.
Le
1e septembre 1740 le jeune couple acquit la maison noble, terre
et seigneurie de Roche-Guillaume,
pour la somme de treize mille livres (Fonds Roche-Guillaume aux Archives de
Vendée), aux Cognac.
À la mort de son frère Pierre René Gabriel de Vaugiraud en 1743, François René
Joseph devint le nouveau chef de famille.
Il
fut commissaire des nobles pour la province du Poitou, élu pour les représenter
à Poitiers afin de désigner des représentants aux États Généraux de 1789. À cette occasion il se distingua par des positions très critiques sur les
décisions du roi, à ses yeux trop libérales.
Il
est mort le 29 septembre 1790 aux Sables, et son épouse était morte aussi aux
Sables le 28 novembre 1781. Ils avaient eu au moins quatre enfants.
L’aîné fut le
marquis Marie Joseph Pierre de Vaugiraud, baptisé à Vairé le 16 novembre 1739.
Il était aux gardes françaises aux Tuileries quand il fut fait prisonnier en
août 1792 et condamné pour conspiration. On
le compte parmi les victimes des massacres du 2 septembre 1792 à la prison l’Abbaye. Son fils, Marie Joseph Guillaume, alors âgé de 18 ans, qui était avec lui à Paris,
pu s’échapper (50). Sa mère l’aurait confié
à ses deux cousins, Augustin et Jean Aimé de Vaugiraud, pour le ramener à Paris
(51). Le marquis de Vaugiraud s’était marié à Paris le 5 juillet
1772 avec Henriette Louise Denise de Senneville (1755-1835). Leur descendance
se perpétua jusqu’à notre époque.
- Le comte Pierre
René Marie de Vaugiraud (1741-1819). Sa brillante carrière est connue (Voir la
présentation du fonds de Fériet aux Archives de Vendée).
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Pierre René Marie de Vaugiraud
Il participa à la guerre d’indépendance des États-Unis aux côtés de La Fayette,
devint vice-amiral en 1814 et enfin gouverneur de la Martinique. L’historien
Louis Chassin relate sa participation aux complots des nobles en juin/juillet
1791 près des Sables contre les nouvelles autorités. Pour échapper à la prison il
émigra et entra à l’état-major du comte d’Artois. À ce titre il était près du
prince lors du débarquement de l'île d'Yeu en octobre 1795. Son fils est mort dans les
combats de la guerre de Vendée. Il s’était marié aux Sables le 28 novembre 1769
avec Marguerite Joséphine Lodre de Chateigner, dame de la Gautronnière et de la
Charmellerie (52). Leur fille et unique héritière, Marguerite née le 15
décembre 1773 aux Sables, se serait mariée le 18 décembre 1806 à Versailles avec Louis
Anne de Fériet. Leur descendance s'est perpétuée jusqu’à notre époque.
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Marie Anne Renée de
Vaugiraud (1745-vers 1840), épousa Philippe de Biré de la Méréliaire, demeurant
en 1814 à Nantes, place Saint-Pierre (53). Elle hérita cette année-là d’une partie
de la succession de son cousin de Saint-André-Goule-d’Oie, Jean Aimé de Vaugiraud,
avec son frère Pierre René Marie, du côté paternel. Les autres héritiers appartenaient
à la branche maternelle du décédé (Voir l’article : M. de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie, publié sur ce site en avril 2012).
Un troisième fils, Jean Charles Casimir (54), a péri en mer en revenant de l’Inde, lors d’un naufrage du vaisseau « Le
David », en
février 1769, sur les rochers de l’île d’Yeu (55). Il était
né le 27 mars 1746 et baptisé le lendemain à la paroisse Notre-Dame des Sables-d’Olonne (vue 10).
(1) Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille de Vaugiraud : 22 J 1, état des titres concernant la maison de Vaugiraud. Et 22 J 10, livre de raison de Jean de Vaugiraud, page 2.
Et
Gontran du Mas des Bourboux, Essai sur la noblesse médiévale française subsistante,
IXe siècle-1453, Mémoire et Documents, 2021, page 94. (2) 22 J 1, foi et hommage de Jean de Vaugiraud pour la Basse Gaultrie le 18-11-1620. Et Jean Laniau, Les Herbiers, ses châtellenies …, Annuaire de la société d’émulation de la Vendée 1941-1949, page 57 et s.
(3) 22 J 31, aveu en 1722 de la seigneurie de Logerie à la seigneurie de Boulerot.
(4) 22 J 9, livre de raison de Julien de Vaugiraud (1584-1597).
(5) 22 J 10, livre de raison de Jean de Vaugiraud (1611-1623).
(6) Idem (1).
(7) Archives de Vendée, G. de Raignac, Généalogies vendéennes des familles (Masson) etc. 8 J 37-2, pages 36 et s.
(8) 22 J 10, livre de raison de Jean de
Vaugiraud, page 157 d. (Transcription de M. Joël Rouillé)
(9) Idem (1).
(10) Charles Colbert de Croissy et Jacques Honoré Barentin, État du Poitou sous Louis XIV : Rapport au roi et mémoire sur le clergé, etc. Élection de Mauléon et paroisse de Bazoges-en-Paillers, page 404.
(11) 22 J 1, quittance au sujet d’une rente pour la chapelle du château des Essarts du 29-11-1656.
(12) Idem (7).
(13) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 48.
(14) Ibid. page 129
(15) Ibid. page 145
(16) 22 J 31, fondation de la chapelle de Logerie du 20-11-1669.
(17) inventaire après-décès de Pierre Moreau, ibid. page 26.
(18) 22 J 1, contrat de mariage entre Jean François de Vaugiraud et Gabrielle de Villeneuve du 22-2-1689.
(19) Idem (14).
(20) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session 1893, vue 336 dans la bibliothèque numérisée des Archives de Vendée, accessible sur son site internet.
(21) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session 1893, vue 339.
(22) Idem (1).
(23) 22 J 31, ferme des biens de Vaugiraud à Saint-André à Benoist le 7-8-1692.
(24) 22 J 1, mémoire des services armés de Pierre de Vaugiraud en 1696.
(25) 22 J 1, brevet d’état du roi pour le seigneur de Vaugiraud, enseigne de vaisseau au Port Louis le 29-11-1693.
(26) 22 J 1, succession de Gabrielle de Villeneuve (1717) et de Gabrielle Desnos (1725).
(27) 22 J 31, foi-hommage en 1722 de la seigneurie de Logerie à la seigneurie de Boulerot.
(28) 22 J 31, quittance de la rente et devoirs dus au prieuré de l’Oiselière du 30-12-1708.
(29) 22 J 29, déclaration de la succession de Mathurine Moreau par P. de Vaugiraud le 15-7-1722.
(30) 22 J 31, 10e requête en modération de P. R. G. de Vaugiraud à l’Intendant en 1735.
(31) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session 1893, vue 338.
(32) Idem (30).
(33) 22 J 29, mémoire sur la succession Prosper Moreau pour de Vaugiraud de Rosnais après 1745.
(34) 22 J 31, comptes des métairies du seigneur de Logerie vers 1742.
(35) 22 J 29, pouvoir pour desservir la chapelle des Moreau de P. R. G. de Vaugiraud à J. Benoist, le 3-12-1719.
(36) 22 J 1, contrat de mariage de Pierre René de Vaugiraud et de Madeleine Françoise Chitton du 20-1-1732.
(37) Archives de Vendée, G. de Raignac, dépouillement d’archives publiques et privées concernant les familles vendéennes : 8 J 100, vol. 4 vue 27 à 29/238. Voir aussi le partage de la succession de la Rabatelière en 1779 (Fonds de l’abbé Boisson).
(38) Idem (30).
(39) 22 J 31, inventaire des bestiaux du seigneur de Logerie vers 1743.
(40) Idem (33).
(41) Famillesvendeenes.fr, famille Merland, branche de Champeau.
(42) 22 J 1, testament de Pierre René Gabriel de Vaugiraud du 15-1-1743.
(44) Requête du 25-7-1747 contre les Brillac
pour reprendre le procès, ibidem 150 J/F 23.
(45) Requête du 1-7-1747 contre les Brillac pour reprendre le procès, ibidem
150 J/F 23.
(46) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 21, recours en 1785 contre le paiement d’un droit de franc-fief par les héritiers Fluzeau.
(47) Assise de Languiller en
1752, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 37, pages
20 à 24.
(48) Idem (30).
(49) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session ordinaire 1906, vue 442.
(50) Lionel Dumarcet,
Charette une véritable histoire, Les trois orangers (1997), page 115.
(51) témoignage d’un descendant.
(52) G. de Raignac,
Histoire des châteaux Vendéens, Ed. Bonnefonds, page 260.
(53) Archives de Vendée, succession de Jean Aimé de Vaugiraud déclarée au bureau de Montaigu le 3-12-1814, vue 106 du fichier numérisé.
(54) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 75, Saint-André-Goule-d’Oie, famille de Vaugiraud.
(55) M. Hennequin,
Biographie maritime, Regnault Éditeur (Paris 1837) T. 3, page 537.
Emmanuel François, tous droits résrvés