vendredi 1 août 2014

La famille de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie

Notre article sur Jean Aimé Jacques de Vaugiraud (1753-1814) à Saint-André-Goule-d’Oie, republié en juillet 2014 avec des compléments, mérite un développement supplémentaire sur sa famille. Les Archives de Vendée offrent pour cela des dossiers intéressants provenant du chartrier de la Roche-Guillaume (commune de Landevieille). Sans prétendre à une présentation complète de cette famille, nous souhaitons développer ce qu’elle nous a appris de l’histoire de St André Goule d’Oie, en complément de l’histoire personnelle de l’un de ses membres, Jean Aimé Jacques de Vaugiraud.

Les premiers de Vaugiraud de Logerie à Bazoges en Paillers


Les de Vaugiraud étaient une famille originaire d’Anjou portant le nom du fief de Vaugirault située en la paroisse du Mesnil-en-Vallée près de Saint-Florent-le-Vieil, en pays d'Anjou (maintenant Maine-et-Loire). Les titres conservés remontent à 1427, date du mariage de Michel de Vaugiraud, frère puîné de noble homme Jean de Vaugiraud, avec Simone Jobretteau, et la filiation est suivie depuis Jean de Vaugiraud, seigneur dudit lieu, marié avant 1373 (1). Le fils de Michel acquit la seigneurie de la Grange (Saint-Christophe-du-Bois, Maine-et-Loire), qui devint depuis le nouveau berceau de la famille dans les marches de l’Anjou, près de Mortagne-sur-Sèvre. Elle acquit ensuite Villeneuve (Boissière-de-Montaigu) et Chantemerle. Elle portaient d’azur à l’aigle éployé d’argent. 

René d'Anjou et sa femme Jeanne
Triptyque de Nicolas Froment en 1475

(cathédrale d'Aix)
Les de Vaugiraud ont participé aux bans des nobles du Poitou pour le service du roi au 15e siècle, ou bien ils en ont été dispensés à cause de leur affectation à la garde du château de Mortagne. Certains ont été au service de Jeanne, reine de Sicile en titre, duchesse d’Anjou et comtesse de Provence (1433-1498), mariée avec René 1er d’Anjou. 

En 1555 on rencontre dans les titres de la famille un François de Vaugiraud prieur de Saint-André. Dans le journal de son neveu Julien il est indiqué comme messier, titre particulier donné semble-t-il alors au receveur de redevances, notamment dans certaines abbayes. Il eut une fille bâtarde. À la fin du 15e siècle, les de Vaugiraud deviennent seigneur de la Grandinière (Boissière-de-Montaigu), relevant alors de la baronnie de Montaigu. Les de Vaugiraud ont aussi possédé le fief de la Basse Gaultrie (les Herbiers) pendant un siècle, jusque vers 1650, relevant de la seigneurie du Landreau (les Herbiers) (2), et bien d’autres possessions dans la région de Mortagne et de BazogesAu début du 16e siècle, la seigneurie de Logerie (Bazoges-en-Paillers) entre dans la famille. Elle relevaient du fief proche de Boulerot à la Boissière-de-Montaigu, « à foi et hommage plein et à droit de rachat abonné à dix-huit livres par muance d’hommes [changement de propriétaire] ». Dans un aveu de 1722, on relève l’indication d’un droit de pont-levis dans la description des éléments la composant. Telle qu’elle était confrontée par les métairies et villages qui l’entouraient, le lieu correspond à celui de l’Orgerie maintenant dans la commune de Bazoges-en-Paillers (3). Un donjon dominait le bourg de Bazoges au Moyen Âge, ayant appartenu au Luneau, puis vers 1370 aux Girard jusqu’au milieu du 16e siècle. Ils étaient seigneurs de la paroisse.

C’est Julien de Vaugiraud qui vint s’installer à Logerie dans la 2e partie du 16e siècle avec sa femme, Jeanne Rondeau. Ils eurent 17 enfants, dont 6 mineurs vivaient encore au décès de leur père en 1611. L’aîné survivant, Charles, fut tué à la guerre en 1622, âgé de 28 ans. Pierre resta le seul garçon pour recueillir la part noble de la succession de son père. C’est lui qui vint se marier à Saint-André-Goule-d’Oie. Son père est l’auteur d’un live de raison (1584-1597) conservé aux Archives de Vendée (4). Nous l’avons présenté dans un article publié sur ce site en décembre 2020 : Le livre de raison de Julien de Vaugiraud (1584/1597)Outre des informations sur sa famille, l’auteur nous montre comment il vivait avec les siens à Bazoges-en-Paillers : habillements, activités, logis, alimentation, santé, messagerie. On a aussi un aperçu de leurs domaines, des artisans et des domestiques à leur service, et de l’environnement économique à leur époque et dans leur contrée. Un frère de Julien, Charles de Vaugiraud marié à Jeanne Meriault, sieur de Villeneuve, est l’auteur d’une autre tige de la famille. Son fils, Jean de Vaugiraud, est l’auteur lui aussi d’un journal (1611-1623) conservé aux Archives de Vendée (5).


Les mariages à Saint-André-Goule-d’Oie en 1625 et 1650


Le 8 février 1625, chez le notaire des Essarts nommé Jean Chanteau, Sébastien Masson, le seigneur de la Jaumarière en la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, appose sa signature au contrat de mariage de sa fille Renée avec Pierre de Vaugiraud (6). Sébastien Masson était fils de Louis Masson, licencié ès lois, châtelain des Essarts vers 1560, qualifié d’écuyer dans plusieurs actes, sénéchal des Essarts, et de Marie Mosnier (7). Sébastien Masson avait épousé Françoise Marois. À partir du mariage de Renée Masson, fille de Sébastien Masson et de Françoise Marois, la terre noble de la Jaumarière restera dans la famille de Vaugiraud jusqu’à la Révolution. Pour la signature de ce contrat, la mère du marié avait donné procuration à l’un de ses neveux, Jean de Vaugiraud, seigneur de la Grange.

Ce cousin raconte dans son journal que le 8 février 1625 il partit avec le marié aux Essarts où « nous passâmes son contrat de mariage avec la fille de monsieur de la Jaumarière. » Il explique que le sénéchal de Tiffauges, monsieur du Retail, avait été le « truchement et instigateur » du mariage, étant parent des Masson et ami de Pierre de Vaugiraud. Le curé des Essarts célébra le mariage en son église le lendemain. Et le 10 février « nous partîmes dudit lieu des Essarts avec toute la compagnie, tant d'un côté que d'autre et menâmes la mariée en son ménage à Logerie ». Le lendemain était mardi-gras et toute la compagnie séjourna avec les jeunes mariés ; elle commença à se disperser le lendemain (8).

Renée Masson mourut jeune, à peine trois ans après son mariage et fut enterrée à Bazoges-en-Paillers le trente novembre 1627 (vue 2/31 du registre paroissial numérisé, et accessible sur le site internet des Archives de Vendée), ayant mis au monde un fils appelé René. Devenu veuf, Pierre de Vaugiraud se remariera avec Marie Saudelet, fille de Thomas Saudelet, sieur du Retail et sénéchal de la baronnie de Tiffauges. Ensemble ils eurent au moins huit enfants nés à Bazoges entre 1636 et 1647. Renée Saudelet est morte avant 1650, année où son frère Charles, au nom et comme tuteur de ses neveux, renonce à la succession de Pierre de Vaugiraud en faveur de René de Vaugiraud, leur frère aîné, moyennant arrangements.

Celui-ci fera comme son père pour se marier, retournant sur les terres de Saint-André-Goule-d’Oie . Le 28 avril 1650 il signa son contrat de mariage avec Renée Moreau, rédigé par Jeulin, notaire aux Essarts, au domicile de cette dernière dans le bourg de Saint-André (9). Elle était le dernier enfant de Jacques Moreau, sénéchal de Saint-Fulgent et sieur du Coudray, et de Suzanne Cherruy. Nous avons raconté l’histoire de cette famille Moreau de Saint-André en juin 2014, Les Moreau de St André Goule d'Oie aux 17e et 18e siècles. La bénédiction nuptiale eut lieu le 29 mai suivant en l’église de Saint-André (vue 6).

Par sentence du 24 septembre 1667, René de Vaugiraud fut maintenu noble (10). Il portait d'argent frelté d'azur.

Crypte de l'ancienne église des Essarts
Le 29 novembre 1656, il versa sa part de rente annuelle due au chapelain de la chapelle du château des Essarts et échue à la Saint-Michel (11). C’était une obligation qu’avait contractée son grand-père maternel, Sébastien Masson, sieur de la Jaumarière. D’ailleurs la rente totale était de six-vingt-une livres comme il est écrit dans la quittance du chapelain [soit 6 x 20 + 1], et René de Vaugiraud en versa la moitié, sachant que l’autre moitié devait être donnée par Élisabeth Masson, épouse de Jean Coutand, écuyer sieur de la Martinière, sa cousine et cohéritière (12). Celle-ci avait une sœur, Catherine, qui était dame de la Baritaudière (Saint-André-Goule-d’Oie). Le chapelain a rappelé que la rente était indivisible, mais voulu bien consentir à ces paiements séparés, accordant un délai jusqu’à noël pour le règlement d’Élisabeth Masson. Dans ses chroniques paroissiales, l’abbé Aillery fait mention aux Essarts de la chapelle du château. Il écrit page 180 : « Une chapelle dédiée à Notre Dame existait au château : elle était à la nomination du seigneur et d’un revenu de 120 livres. Le titulaire était obligé à la résidence et devait deux messes par semaine. » Le chapelain de 1656 s’appelait René Legard et on connaît maintenant l’origine des cent vingt livres qui lui revenaient. C’était une somme conséquente, quand on la rapproche du montant de cent quarante livres auquel était affermée la métairie de la Jaumarière en 1740.

On ne saurait passer sous silence l’aide apportée à la famille de Vaugiraud par Pierre Moreau, prieur-curé de Saint-André-Goule-d'Oie. Certes il dota sa nièce Renée Moreau lors de son mariage en 1650 avec René de Vaugiraud de 2000 livres, comme il l’avait fait pour son autre nièce, Marie Moreau mariée à Claude Guignardeau, seigneur de Vanne (à Sainte-Florence). Au passage on note que ces deux filles de bourgeois épousèrent deux nobles de petite fortune. Mais René de Vaugiraud et sa femme reçurent en plus une promesse de versement de 5000 livres, dont il ne reste plus à devoir que 1602 £ 9 sols en principal, et 1300 £ d’intérêts au jour du décès du prieur en 1665 (13). Et puis il y eut les dettes des de Vaugiraud, « épongées » par le prieur. Le frère aîné de Pierre de Vaugiraud (l’époux de Renée Masson), Charles de Vaugiraud (mort au combat sans descendance), avait dû emprunter une somme de 160 livres moyennant le versement d’une rente annuelle de 14 boisseaux de seigle sur la métairie de la Grandinière. Cet emprunt était pour rembourser une dette contractée en 1620. Au final le prieur racheta cette rente en 1650, devenue à la charge de son neveu par alliance (13). Pierre de Vaugiraud lui-même s’était fait condamner en 1646 par la cour présidiale de Poitiers au paiement d’une somme d’argent de 635 livres. Sa belle-sœur, Élisabeth Masson femme de Jean Coutand, s’était portée caution, mais ne pouvait pas honorer son obligation. Et en 1650 le prieur rendit service à tout le monde en payant la dette (14). De même il racheta une autre rente sur la métairie de la Grandinière. Elle avait été créée par Pierre de Vaugiraud pour rembourser une dette déjà, d’un montant élevé de 172 £ 10 sols, pour un capital emprunté de 2600 livres. Cela faisait un intérêt élevé et rare à l’époque de 6,66 %, au lieu de l’habituel 5 %, significatif de la faiblesse de l’emprunteur. Mais il eut des difficultés pour l’honorer, et en final le prieur la racheta pour 3 111 £, arrérages compris (15).

La chapelle de Logerie


Le 17e siècle fut une époque de renouveau du catholicisme dans la région, un siècle après le concile de Trente. Certaines familles riches, dont beaucoup avaient versé dans le protestantisme, créaient des chapelles liées à des fondations. La famille Moreau le fit à St André Goule d’Oie (Voir notre article publié en mai 2014), les de Vaugiraud aussi. L’initiative était venue de Jeanne de Vaugiraud, une sœur de René seigneur de Logerie, la Grandinière, Jaumarière et autres lieux. En 1667 il s’était obligé devant notaires lors d’une transaction « de faire dire trois messes par semaine à l’intention et pour le repos de l’âme de demoiselle Jeanne de Vaugiraud, sœur dudit seigneur de Logerie, et pour le repos des âmes des siens prédécesseurs et successeurs de ladite demoiselle de Vaugiraud, et de faire faire quatre grands services par an en l’église dudit Bazoges … à jamais et à perpétuité … et à cette fin de faire un fonds bon et valable ». Devant deux notaires de Luçon, le 20 novembre 1669, il constitue ce fonds, faisant écrire ceci : « appréhendant que ses successeurs ne s’acquittassent dignement desdites charges, nous a déclaré avoir fait construire une chapelle audit lieu de Logerie, qu’il prétend ériger sous le titre et nom de la sainte Vierge, pour la dot de laquelle il a … cédé la somme de soixante livres tournois ». Ces soixante livres seront prélevés sur la maison de Logerie et ses dépendances. Il est prévu dans l’acte notarié que « la collation appartiendra à monseigneur l’évêque de Luçon ou à messieurs ses grands vicaires … » (16).

Les enfants de Renée Moreau


Renée Moreau va donner cinq enfants au seigneur de Vaugiraud. On relève leurs baptêmes à Bazoges-en-Paillers :
  • René le 12-11-1652 (vue 1) qui mourut jeune, mais vivait encore en 1665 (17). 
  • Jean le 17-7-1654 (vue 6) qui fut vicaire de la Couture (près de Mareuil) de 1680 à 1684, et enterré à Bazoges le 24-6-1687 (vue 10/13),
  • Charlotte le 5-1-1656 (vue 10) qui fut enterrée le 13-2-1663 à Bazoges, (vue 8/31),
  • Jean François le 26-5-1660 (vue 17),
  • Pierre le 26-6-1661 (vue 19).
Renée Moreau, dame de Logerie, mourra jeune et sera enterrée à Bazoges dans l’église en mai 1663 (vue 8/31). Son mari est mort avant 1683.

Jean François de Vaugiraud, seigneur de Rosnais (1660-1692)


Leur fils, Jean François de Vaugiraud, s’est marié le 22 février 1689 dans l’église de Corbaon (vue 33/36), paroisse voisine de celle de Rosnais (près de Mareuil), où il signe le même jour dans la maison noble du Plessis Haute Rive, son contrat de mariage avec la dame du lieu (18). De ce jour, la famille de Vaugiraud ajoutera cette implantation dans la plaine et le marais poitevin à celle qu’elle avait déjà dans le bocage. La dame de Rosnay s’appelait Gabrielle de Villeneuve, fille de Gilbert de Villeneuve (1629-1674) et de Philippe Charbonneau, née le 10 mai 1652 à Rosnay.


La famille Villeneuve qui a donné les seigneurs du Plessis à Rosnais a ses archives au chartrier de Roche-Guillaume, où l’on trouve aussi des papiers concernant les de Vaugiraud, Desnos, de Sallo et Vergier (Archives de Vendée : 22 J 1-191). Le fief du Plessis Haute-Rive sur la paroisse de Rosnais, était vassal de Brandois (Dictionnaire toponymique de la Vendée). Au registre paroissial de la Couture, paroisse voisine, on note l’inhumation dans l’église de cette paroisse du grand-père de Gilbert de Villeneuve, Alexandre de Villeneuve, seigneur du Plessis, de la Grenouillère et de la Vergne, le 28 mars 1622 (vue 9/25).

Épouse de Gilbert de Villeneuve, Philippe Charbonneau appartenait à une ancienne famille noble du Bas-Poitou, un de ses ancêtres, Renaud Charbonneau, ayant participé à la croisade en 1162. Elle était la fille de Louis Charbonneau, qui avait épousé en 1598 Catherine du Plouër. Elle avait d’autres frères et sœurs : Gabriel, Louis (mort à la Chaize-le-Vicomte contre les huguenots), Charles, Anne, Marguerite et Gabrielle (mariée à Gabriel de Baudry d’Asson). Sa famille possédait notamment les seigneuries de l’Echasserie et de Fort-Ecuyère.

Gabrielle de Villeneuve avait une sœur, Marie, née en 1655 (19). Elle était veuve depuis 1679, de Philippe Desnos, et avait deux filles. La première était Gabrielle Madeleine et la deuxième Marie Renée, née au Tablier le 9 décembre 1678 (20), un an avant le décès de son père.

Philippe Desnos, né en 1632, frère cadet de Gilles II Desnos, l’aîné, était le fils de Gilbert Desnos, seigneur de la Gerbaudière en la paroisse du Tablier, et de Françoise Couturier (mariés en 1627). La maison Desnos est originaire de Bretagne. Son grand-père, Gilles Desnos, avait épousé en 1597 Charlotte de Buor, héritière de la Gerbaudière et dame du Tablier. La seigneurie de la Gerbaudière resta dans la lignée du frère aîné de Philippe Desnos, devenant possession ensuite du seigneur de Beaumarchais, qui récupéra ses archives. Philippe Desnos s’était marié à Rosnay avec Gabrielle de Villeneuve le 24-3-1676 (vue 17/116).  Il est mort à Rosnay le 29-11-1679, âgé de 47 ans (21).

Le contrat de mariage de Jean François de Vaugiraud et de Gabrielle de Villeneuve prévoyait « qu’il n’y aura entre les sieur et dame proparlés [sus nommés ou futurs époux] aucune communauté de biens tacite ni expresse … ». Pour les enfants du premier mariage de Gabrielle de Villeneuve, il est « convenu qu’elles seront nourries et entretenues selon leur qualité dans la maison des sieur et dame proparlés avec leurs femmes de chambre, chevaux et laquais, sans qu’elles payent aucune pension tant pour le passé que pour l’avenir ». Le contrat prévoyait aussi le douaire, qui se définissait comme la portion de biens que le mai réserve à son épouse et dont elle jouit pour son entretien personnel après la mort de son mari. Le douaire de l’épouse se constituait du mobilier de sa chambre, « ses bagues, joyaux et son équipage tel que sa qualité appartient ou la somme de quatre mille livres ». 

Le 14 janvier 1692, Jean François de Vaugiraud et son frère Pierre firent entre eux le partage de la succession de leurs parents (22). Au mois d’août suivant, on constate que l’aîné est décédé, et sans postérité.

Pierre de Vaugiraud (1661-1731), un marin propriétaire foncier


En effet, le 7 août 1692, Pierre de Vaugiraud renouvelle la ferme des biens possédés par la famille à Saint-André-Goule-d’Oie, et s’entend avec le fermier pour tenir compte d’un acompte reçu par « feu M. de Logerie » pour l’année en cours (23). Le bail comprenait au total les métairies de la Maigrière, la Jaumarière et la Porcelière, que le preneur au bail sous-louait ensuite à des métayers. S’y ajoutaient les rentes dues sur les villages et tènement de la Jaumarière, Boninière, Gobeteries (nom de lieu disparu) et Morelière, avec tous les droits de terrage, cens, charges, devoirs, dîmes, autres, dues au seigneur de Vaugiraud. Suivant une pratique fréquente chez les nobles, ceux-ci affermaient ainsi leurs droits seigneuriaux à des bourgeois, à qui ils fournissaient les titres, notamment les papiers censaires où ils étaient répertoriés. Enfin le bail comprenait la rente de dix livres due au seigneur de Vaugiraud sur les deux moulins de la Bourolière, le petit moulin et l'autre moulin à vent.

Le bail du 7 août 1692 est signé par Pierre de Vaugiraud avec Jacques Benoist, sieur de la Caillaudière et Marguerite Merland son épouse, demeurant à la Valinière (Saint-Fulgent). C’est un bail prévu pour quatre ans, à la suite du précédent, d’avril 1693 à avril 1697, pour un montant de 300 livres par an, payées à chaque noël, net de toutes charges féodales dues aux seigneurs suzerains et payées par le fermier. 

Gabrielle de Villeneuve à nouveau veuve, restera sur la terre de Logerie jusqu’à sa mort à Bazoges, à l’âge de 64 ans, le 12 septembre 1716 (vue 186). Elle maria sa fille Madeleine Desnos à Bazoges le 17 août 1701 (vue 59) avec Charles de la Guerinière, seigneur de Boisniard, habitant Saint-Hilaire-de-Riez. Ce dernier était le fils de Charles de la Guerinière, seigneur de Beauchêne. À son mariage étaient présents ses cousins : Esprit Baudry, seigneur d’Asson et Claude Baudry, seigneur de la Tisonnière et Guy Louis Baudry seigneur de la Rondardière.

Elle avait déjà marié à Bazoges sa deuxième fille, Marie Renée Desnos, avec son jeune beau-frère, Pierre de Vaugiraud, le 21 janvier 1697 (vue 19). Elle avait alors 45 ans, sa fille 19 ans et son gendre 36 ans.

Pierre de Vaugiraud était un militaire, ayant alors déjà seize années au service du roi. Il avait commencé au bataillon de Champagne pendant trois ans, puis s’était engagé dans la marine en 1683 à Rochefort dans une compagnie de garde de la marine. C’était un corps crée en 1670 par Colbert, puis renouvelé en 1682. Il recueillait des gentilshommes âgés au moins de 16 ans, pour servir à former de futurs officiers de marine. À 28 ans il devint sous-brigadier des gardes de la marine de Rochefort, et fut promu au premier grade des officiers de marine l’année d’après en 1690 : enseigne de vaisseau. Deux ans après, en 1692, il fut promu lieutenant dans la compagnie du seigneur de Beroute.

Bataille de la Hougue (tableau de 1693)
Cette année-là il faillit laisser la vie à la bataille de la Hougue, en pleine guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697). Louis XIV, voulant aider le roi catholique Jacques II à remonter sur le trône d’Angleterre, chargea le vice-amiral de Tourville d’un débarquement en Angleterre, mais la flotte de ce dernier perdit la bataille de la Hougue en mai/juin 1692. Dans cette bataille, le vaisseau l’« Admirable », bloqué dans le port de Cherbourg avec deux autres vaisseaux, fut attaqué par les anglais le 1e juin. Plusieurs assauts furent soutenus avec courage par son commandant, le seigneur Beroute, mais les Anglais réussirent à le brûler. Dans un mémoire des services armés de Pierre de Vaugiraud en 1696, on note qu’à cette bataille celui-ci « a perdu toutes ses hardes et qu’il s’est sauvé à la nage » (24).

L’année d’après, Pierre de Vaugiraud, étant en service commandé à Port Louis (en aval de Lorient, nommé ainsi en l’honneur de Louis XIII, appelé Port Blavet avant 1618), obtint un brevet du roi lui attribuant une immunité judiciaire pour une période de six mois, car ne pouvant pas pendant ce temps « vaquer à ses affaires particulières ». Louis XIV tenait ainsi à protéger ses officiers des tracas judiciaires éventuels dans leurs affaires personnelles, et signa son brevet à l’intention de « notre cher bien aimé le seigneur de Vaugiraud » le 29 novembre 1693 (25).  

Contrairement au Malouin Dugay-Trouin, corsaire pour le compte de Louis XIV à la même époque, Pierre de Vaugiraud abandonna la marine. Sa vocation dans la marine de guerre se réincarna chez deux de ses petits-fils : l’habitant de Saint-André-Goule-d’Oie et celui des Sables-d’Olonne, devenant, ce dernier, vice-amiral.

Marie Desnos possédait, semble-t-il dès son mariage, les métairies de la Grenouillère (Rosnay) et de la Tabarière (la Couture), des maisons et pièces de terres et de marais à Angles. Elle partagea avec sa sœur Madeleine l’héritage de sa mère en 1717 (26). Dans son lot, on trouve la maison noble du Plessis de Rosnay, les métairies du Coteau Gourdon (Péault) et de la Cornetière (Angles), et la moitié des droits de fiefs de la Grange Cornet (Mareuil).

En 1725, elle hérita de sa sœur, décédée veuve au mois de septembre 1723. D’abord, provenant des biens de leur mère, elle eut les terres du Plessis de Rosnay, la métairie de la Jaborière (la Couture), et l’autre moitié des droits de fiefs de la Grange Cornet, « qui est en tout de la quantité de soixante et quatre boisseaux de seigle, vingt boisseaux d’avoine, mesure de Mareuil », et une pipe de vin. De plus, elle récupéra la totalité des biens de leur père, Philippe Desnos, c'est-à-dire les deux métairies de la Ribaudière et de la Morandière (Tablier).

Le 23 mars 1722 Pierre de Vaugiraud a offert à son seigneur suzerain de Boulerot de faire « sa foi et hommage plein et à rachat abonné à dix-huit livres tournois par muance hommes … pour sa maison et appartenances de Logerie, situées en ladite paroisse de Bazoges, et de rendre son aveu dans le temps de la coutume ». En réalité il s’est agi d’un acte notarié passé devant maître Charles Musset, procureur fiscal des fiefs de Raslière, Boulerot, le Chêne Maltonière, fief des Trois seigneurs et les Corlandières, et Louis Prosper Proust, avocat en parlement, ayant avec eux maître François Thoumazeau, « notre greffier ordinaire ». Le seigneur de Vaugiraud s’était lui-même fait représenter par « noble homme Daniel Baraillaud, sieur du Planty ». Les officiers de la seigneurie ont donné acte de cette offre, et à l’intention du vassal, ont « ordonné qu’il en rendra son aveu dans le temps de la coutume … » (27).

À la suite de quoi, le 6 juillet 1722, chez le notaire Musset de Montaigu, Pierre de Vaugiraud rendit son aveu et dénombrement au marquis Louis de Marconnay, seigneur de Boulerot. Celui-ci était le fils aîné de Louis de Marconnay et de Marie Élisabeth Gourjault, qui s’étaient réfugiés en Prusse pour échapper aux persécutions contre les protestants, après la révocation de l’édit de Nantes. Laissant leurs quatre enfants nés en France, ils y ont refait définitivement leur vie, passant au service de l’électeur de Brandebourg. Leur jeune fils Louis, le futur seigneur de Boulerot, avait été placé dans un collège d’Angers sur ordre du roi, tandis que trois de ses sœurs étaient enfermées « aux Nouvelles Catholiques de Loudun ».

Dans cet aveu on apprend que le seigneur de Logerie avait « droit de juridiction basse telle qu’elle peut m’appartenir suivant la coutume de ce pays ». La formule employée dit bien les restrictions de ce premier niveau de justice seigneuriale à cette époque, non seulement par la coutume du Poitou, mais aussi par l’organisation judiciaire mise en place par la royauté au fil des siècles.

On apprend aussi que le seigneur de Logerie devait un boisseau de blé seigle, à la mesure de Montaigu, à la cure de Bazoges, et un autre boisseau, même mesure, à la fabrique de la paroisse de Bazoges. De plus, il devait une rente au prieur de L’Oiselière.

Marcel Fleury : Cloître de l’abbaye 
fortifiée de la Grainetière
(Musée municipal de la Roche-sur-Yon)
Le prieuré de l’Oiselière (Saint-Fulgent) se composait d’une métairie et d’une chapelle en mauvais état, relevant du seigneur de l’Herbergement-Ydreau (l’Oie) pour la foi-hommage et le cens. En 1787 on entama la procédure pour la démolition de la chapelle. Le prieuré avait été fondé par l’abbaye de la Grainetière (Ardelay), dont il dépendait toujours en 1722. En 1708, son prieur s’appelait Chautard et c’est lui qui fit quittance de ses paiements à Pierre de Vaugiraud, au lieu de la Grainetière (28). En 1736, l’abbaye fut reprise par l’évêché de Luçon au profit du séminaire. La rente annuelle due par le seigneur de Logerie était payable à la mi-août, rendable au lieu de Bazoges, et se montait à huit boisseaux de blé seigle, mesure de Montaigu, à deux chapons et six sols et huit deniers payables à noël.

En 1712 Pierre de Vaugiraud reçu en donation la métairie du Pinier (Vendrennes) de Claude Moreau, le fils de son cousin Pierre Moreau, sieur du Coudray, « en reconnaissance des soins et bienveillances qu’a toujours eu pour ladite demoiselle Moreau messire Pierre de Vaugiraud chevalier seigneur de Logerie demeurant en la maison noble de la Grandinière en la paroisse de Boissière ». Cette donation est actée dans l’acte de partage des biens de leurs parents fait par Claude Moreau et sa sœur. Cette dernière avait été prise en charge par son cousin de Vaugiraud après le décès de son père et de sa mère.

Il se trouve que la métairie, appartenant auparavant à Claude Moreau, était grevée de dettes et qu’un marchand de Poitiers, nommé Laurence, poursuivi Pierre de Vaugiraud pour se faire rembourser. Il fit saisir la métairie, pour y nommer un fermier judiciaire, mais Pierre de Vaugiraud obtint la main levée de cette saisie après une procédure entamée en 1727. Le conflit dura jusqu’en 1754, gagné par M. de Vaugiraud.

Pierre de Vaugiraud eut sa part dans l’héritage de sa cousine Mathurine Moreau, décédée en 1720. Elle était la fille de Louis Moreau, sieur de la Maigrière, et frère de Renée Moreau. Dans sa déclaration pour le centième denier, l’héritier a fait l’inventaire de ses nouveaux biens (29). En décembre 1703 un édit signé à Versailles avait mis en place l'insinuation laïque, appelée aussi fiscale, car assortie de la taxe au centième denier (1% de la valeur en principe). L’insinuation avait pour but d’assurer la publication des actes concernant la disposition et la transmission des biens et des droits, pour favoriser la protection des droits des tiers. L’inventaire fut adressé à Charles Cardier, régisseur général des fermes unies de France. C’était la réunion des fermiers généraux, à qui le roi sous-traitait par bail la collecte de nombreux impôts. En cas de non-paiement dans les délais impartis ou fausse déclaration, le montant de la sanction financière, appelé triple droit, était alors le triple du montant initial dû. En même temps, les biens déclarés devaient être évalués par le déclarant. C’est dire que celui-ci avait intérêt à minorer les valeurs indiquées, mais sans abuser. Pierre de Vaugiraud s’employa à cette minoration, nous semble-t-il. 

Joseph Libaudière : Paysage
Il estima son héritage à douze cents livres de revenus annuels, ce qui donnait cette année-là une taxe d’un montant de quatorze livres huit sols. Il était composé de la borderie de la Maigrière (Saint-André-Goule-d’Oie) « surchargée de rentes, et devoirs qui excèdent la valeur de son prix », selon lui. Voilà une propriété qui perdrait de l’argent ? Il y a aussi à la Chaize-le-Vicomte la « borderie du Curain en un très mauvais endroit, ingrate à la culture y ayant plus de vingt ans qu’elle n’a été emblavée, n’étant que landes et bruyères ». Dans le bourg de la même paroisse, il hérite d’un moulin à eau « étant en ruine, et quand bien même il serait tournant, il ne pourrait être occupé deux mois de l’année, n’y ayant qu’un petit mauvais étang pour le faire tourner ». Seul un bordage, appelé le Vieux Détroit en la paroisse de Saint-Martin-des-Noyers, est susceptible de fournir des revenus normaux aux dires du déclarant.

Dans des calculs réalisés en 1744 sur le partage de la succession de Pierre de Vaugiraud, on constate que la métairie du Curain a été estimée à cent livres de revenus annuels et la métairie de la Maigrière avait un revenu annuel de 80 livres. Sans doute le résultat d’une meilleure mise en valeur de ces biens…. Quant au moulin de la Chaize il a été vendu pour un montant de sept cent livres.

Dans les papiers personnels de la famille, on voit que la Maigrière est une métairie, alors que dans le courrier avec les administrations fiscales, c’est une borderie, et ce n’est pas le seul exemple de cette souplesse dans l’utilisation du vocabulaire. Certains historiens ont proposé un seuil de quinze hectares au-delà duquel on parlait de métairie, et en deçà duquel on parlait de borderie. Dans la pratique, les deux mots avaient bien une signification sur l’importance de la surface de l’exploitation, mais leur emploi dépendait aussi de la subjectivité de son auteur. 

Pierre de Vaugiraud hérita de son oncle Jean Moreau, prieur-curé de la Couture, de rentes dues sur des marais à la Couture et de la métairie des Coutauds (Angles).

À une date inconnue, Pierre de Vaugiraud acheta une borderie au Coudray (Saint-André-Goule-d’Oie) à Jean Royrand écuyer, sieur de la Noue. Ce dernier était le fils aîné de Jonas, et s’était marié à Marie de La Personne à Saint-Fulgent. Avec cette vente la famille Royrand a continué de se déposséder de ses biens au village du Coudray (30). D’ailleurs on retrouvera dans la succession de Jean de Vaugiraud en 1814 une métairie de 19 hectares au Coudray et une maison à étages avec son jardin.


La Boissière-de-Montaigu en 1900
Sans prétendre à l’exhaustivité, ajoutons que Pierre de Vaugiraud possédait aussi à la Boissière-de-Montaigu la métairie de la Grandinière, celle de la Petite Villeneuve et la moitié de celle de la Grande Villeneuve. Aux Landes-Génusson, il possédait la métairie de la Fontaine. À Bazoges il avait une borderie à Belon. Aux Essarts il possédait une métairie au Grand Village et une autre à Fouzillière (nom disparu), provenant de l’héritage de sa grand-mère Renée Masson.

Avec sa jeune épouse, Marie Desnos, il habita d’abord à la Grandinière de la Boissière-de-Montaigu, puis à la Logerie de Bazoges-en-Paillers, probablement après la mort en 1716 de sa belle-mère, Gabrielle de Villeneuve. Ils eurent dix enfants :
  • Alexis né à Bazoges le 16-3-1698 (vue 29) et décédé à Bazoges le 23 novembre 1727 (vue 262). On l’appelait dans la famille « le défunt chevalier ». Il est mort sans postérité, mais il semble qu’il se soit marié et que sa veuve se fit religieuse. Il laissa des dettes dont ses parents n’étaient pas au courant. Le créancier leur écrivit de Tiffauges le 29 janvier 1728 pour en faire état. Il s’appelait Esprit Joussaume, marquis de la Bretesche et vicomte de Tiffauges. Il était alors capitaine de dragons au régiment d’Epinay. Une transaction intervint entre lui et Pierre de Vaugiraud le 8 mars 1730.
  • Marie Madeleine Thérèse, née à Bazoges le 19-3-1700 (vue 47), a longtemps été appelée « mademoiselle de Logerie ». Elle s’est mariée à l’âge de 44 ans avec Charles Auguste de Tinguy de Vauzais, déjà veuf, et auteur de la branche des Tinguy du Pouët. Le mariage eut lieu aux Landes-Génusson le 30 août 1744 (vue 86/376), et le nouveau couple vint s’installer à la Clavelière de Saint-Fulgent.
  • Pierre René Gabriel de Vaugiraud, né vers 1702. Appelé « monsieur de Logerie », nous l’évoquerons ci-après.
  • Aimée, née le 26-05-1709 (vue 135) à Bazoges. Elle fut mariée avec Gabriel Jacques de la Cantinière, veuf de Marianne Gaborin, le 13-2-1741, en la paroisse de Péault (30). On l’appelait « madame de la Cantinière ».
  • Céleste née à la Boissière le 27-8-1710 (vue 128), entrera au couvent et sera appelée « madame la religieuse ».
  • François René Joseph né le 10-9-1712 (31). Appelé « monsieur de Rosnay », nous l’évoquerons ci-après.
  • Jean Gabriel né à Bazoges le 13-8-1720 (vue 218). Il était « monsieur le chevalier » dans la famille. Nous avons évoqué sa vie et celle de ses enfants, particulièrement parmi eux celle de Jean Aimé de Vaugiraud, qui vint s’installer à Saint-André-Goule-d’Oie et participa à la guerre de Vendée. (Voir l’article publié sur ce site en avril 2012 : M. de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie).  
Deux sœurs, Catherine et Marie Anne, et un frère, Charles, moururent jeunes et n’apparaissent pas dans les documents de succession de la famille.

Pierre de Vaugiraud est mort en 1731 (32) et Marie Desnos est morte vers 1742 (33).

Pierre René Gabriel de Vaugiraud (1702-1743), un malheureux contribuable


Leur fils aîné Alexis étant mort en 1727, Pierre René Gabriel de Vaugiraud devint naturellement le chef de famille à la mort de son père. Il avait fait des études au séminaire de Luçon. C’est ce que nous apprend sa collation à la chapelle des Moreau de Saint-André-Goule-d’Oie le 2 décembre 1719, par « monsieur l’abbé de Rastignac, l’un des grands vicaires généraux de monseigneur illustrissime et révérendissime évêque de Luçon » (35). Il avait été présenté par Claude Moreau, son cousin au 5e degré, pour remplacer Pierre Lemaçon, prieur-curé de St André, qui venait de mourir au mois d’octobre précédent. À cette date il était « clerc tonsuré du diocèse de Luçon, étudiant au séminaire de cette ville et y demeurant ». La tonsure, donnée par l’évêque, était une entrée dans les ordres ecclésiastiques, sans les engagements du sacerdoce, notamment le célibat. Elle suffisait pour être pourvu de ce bénéfice. Le lendemain de sa nomination il a désigné devant notaire comme son représentant dans ce bénéfice le curé de Saint-Fulgent, messire Jacques Benoist de la Caillaudière. Celui-ci, né le 28 février 1684 à Saint-Fulgent et décédé 29 août 1730 aussi à Saint-Fulgent, a été nommé curé de la paroisse en 1713 (Voir le dictionnaire des Vendéens). Il était le fils des fermiers de Pierre de Vaugiraud pour ses domaines de Saint-André (Voir plus haut), Jacques Benoist et Marguerite Merland.

Logis de Languiller
Pierre René Gabriel de Vaugiraud quitta le séminaire à une date inconnue et se maria l’année suivant la mort de son père. Suivant la pratique habituelle, il y eut d’abord le contrat de mariage, véritable arrangement sur la composition des patrimoines du futur couple, résultat d’une sérieuse négociation. Il fut signé le 20 janvier 1732, et la bénédiction nuptiale eut lieu à Chauché le 18 février 1732 (vue 12), dans la chapelle Begouin.

La future épouse était Madeleine Françoise Chitton, dame de Languiller (Chauché), fille de Charles Auguste Chitton, chevalier seigneur de Languiller, et de défunte dame Françoise Isabelle de Châteauneuf. Née le 3 juillet 1710 à Chauché (vue 116), elle avait une sœur, Madeleine Bénigne, qui se maria avec Charles Brilhac de Nouzière à Chauché en 1728. Elle avait eu aussi deux autres sœurs, mortes à la naissance en 1711, et un frère, Charles, qui mourut à l’âge de 30 ans le 5 mai 1746. C’est lui qui vendit la seigneurie de Languiller en 1745 à René de Montaudouin, déjà seigneur dans la région de la Rabatelière et de la Chapelle Begouin. Le père de la mariée, Charles Auguste Chitton, mourut l’année d’après le mariage, le 25 mars 1733, et fut inhumé dans « le cœur de l’église de la Chapelle de cette paroisse [de Chauché] du côté de l’épître près de la muraille », suivant ce qu’on peut lire sur le registre paroissial de Chauché (vue 25). On sait que ce droit d’enterrement était récent pour la famille, et fut obtenu à l’issue d’un conflit avec le seigneur de la Chapelle (Voir notre article publié en janvier 2014). Il explique aussi les précisions du curé sur l’emplacement de la sépulture.

Dans le contrat de mariage il est prévu que les futurs époux « ne contracteront aucune communauté de biens entre eux … sans que le bien de l’un puisse souffrir ni reprendre pour les dettes de l’autre … et pour la dite non communauté, inventaire sera fait des meubles des proparlés [sus nommés] avant leur mariage ». Après quoi le contrat définit les apports faits aux jeunes mariés par leurs parents (36).

William Hogarth: Le contrat de mariage
Pour le futur marié, sa mère Marie Desnos fait écrire par le notaire : « et dans cette considération ladite dame Desnos a promis de marier ledit sieur proparlé en qualité de son fils aîné, principal héritier noble avec tous les préciputs, droits d’aînesse, autres privilèges accordés aux nobles suivant la coutume de cette province ». Le préciput est un avantage accordé à un héritier. Sous l’Ancien Régime, il conférait un avantage à l’aîné lors des successions, de droit dans les familles nobles. Celui-ci était constitué du préciput proprement dit, c'est-à-dire le château ou hôtel principal noble et les bâtiments alentours (limités à une surface de trois septrées dans la coutume du Poitou), et de « la part avantageuse ». Celle-ci correspondait, en faisant simple, aux deux tiers de la valeur des autres biens de l’héritage partagés par les autres héritiers (articles 289 et 290 de la coutume du Poitou). Cette coutume publiée en 1514, avait mis fin au régime compliqué du viatge et retour en vigueur pour régler les successions chez les nobles, notamment dans la vicomté de Thouars (37). De plus, Marie Desnos renonce au droit de douaire qui lui est acquis par le décès de son mari pour la portion pour laquelle en est tenu son fils aîné. Et elle abandonne à celui-ci la jouissance de la terre de la Tabarière (la Couture) jusqu’à son décès. Néanmoins elle se réserve une valeur de biens de douze mille livres pour en disposer selon son bon vouloir, y compris dans son testament.

Du côté de la future mariée, le seigneur de Languiller lui constitua une dot, à valoir sur les héritages à venir de ses parents, suivant l’usage. Elle était constituée de la jouissance de la maison noble et métairie de la Donier (Aizenay) avec les bestiaux qui étaient de la valeur de deux cent cinquante livres, de la métairie des Bouligneaux (Saint-Martin-des-Noyers) avec le droit de terrage qui en dépendait, de la métairie du Guereaux, située au Moret (Saint-Jean-de-Monts). À noter que la métairie des Bouligneaux sera vendue en 1791 par la nièce de Madeleine Chitton au seigneur de Linières (Chauché), Charles Auguste de Lespinay.

Au cas où le seigneur de Logerie décède le premier, il est prévu que sa veuve, suivant l’usage, gardera « les bagues, bijoux, équipages, habits, linges et autres qui se trouveront à sa personne … et chambre garnie et douaire coutumier s’il en est dû ». Le contrat ajoute qu’elle disposera d’une somme de quatre mille livres pour son deuil.

Pierre René Gabriel de Vaugiraud se plaignit plusieurs fois de ses impositions au dixième, écrivant des requêtes en modération des taxes à l’intendant du Poitou en 1735, 1736 et 1641. Le dixième était un impôt exceptionnel et universel établi pour faire face aux dépenses de la guerre de succession d'Espagne. Il prélevait le 10ème des revenus de toute propriété. Créé en 1710 par Louis XIV, supprimé en 1717, il fut à nouveau levé à l’occasion de différents conflits, puis remplacé par le vingtième en 1749. Les paiements se faisaient chaque trimestre à la recette des tailles de Mauléon (Châtillon-sur-Sèvre), pour les paroisses du bocage où le seigneur de Logerie possédait des propriétés. Les possesseurs de domaines faisaient leur déclaration des revenus, et pour les intérêts, la déclaration et le paiement étaient faits par les débiteurs. Pierre de Vaugiraud avait payé le premier dixième du 1-10-1710 au 31-12-1717, et ensuite le cinquantième du 1-8-1725 au 31-12-1727. Pierre René Gabriel de Vaugiraud paya le deuxième dixième du 1-1-1734 au 31-12-1736, et le troisième dixième du 1-10-1741 au 31-12-1749. L’imposition était établie chaque année dans chaque élection (circonscription fiscale) sur les rôles de chaque paroisse par corps social et par article. Le seigneur de Vaugiraud étant imposé au titre « des privilégiés et nobles de la paroisse de … », suivant l’expression de l’époque, considérée alors comme flatteuse. Le mot désignait les libertés collectives et les distinctions propres à un ordre, une ville, un corps de métier, une institution quelconque, etc. constituant une protection contre l’arbitraire du prince. Il n’était pas compris à cette époque comme un avantage injustifié.


Source : archives de la Vendée
Dans ses requêtes à M. Le Nain, l’intendant de Poitiers, M. de Vaugiraud se plaint qu’on ne tienne pas compte des partages de biens lors des successions et d’être imposé à la place d’un autre membre de sa famille. Surtout il se plaint aussi des surévaluations des revenus de ses biens fonciers. Dans les métairies affermées à partage de fruits entre le bailleur et le preneur, l’argent circulait peu, et il n’était question que de paiements en nature. Or dès le commencement des impôts, la détermination des revenus de l’activité agricole a constitué un casse-tête pour les fonctionnaires chargés de les calculer. Mais des conflits existaient aussi pour les métairies affermées à prix d’argent. Par exemple, M. de Vaugiraud était taxé de neuf livres neuf sols pour sa borderie du Coudray « au rôle simple de ladite paroisse de Saint-André Degouldois ladite année 1734, art. 4 ». Dans sa requête en modération de 1735, il explique qu’il l’a affermée au nommé François Gaspard et sa femme pour la somme annuelle de soixante-quinze livres en argent, quinze livres de beurre et quinze poules. Le bail a été passé devant notaires le 4 septembre 1734. Il indique que le beurre vaut cinq sols la livre, et même somme pour une paire de poulets. Moyennant quoi il arrondi (à la baisse) la somme du revenu annuel de sa borderie à quatre-vingt livres, « et par conséquent je ne devrais être taxé pour cet objet qu’à huit livres au plus », ajoute-t-il (38). S’agissant de ses impôts dont il s’occupait lui-même, il ne jouait pas au grand seigneur apparemment.

Les propriétés de Pierre René Gabriel de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie


Les autres propriétés des Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie ont fait l’objet de mutations dans la famille au fil du temps. La Jaumarière a appartenu à l’aîné au départ, et les autres biens ont d’abord fait partie du patrimoine de Maris Desnos, puis ils ont été attribués en indivision entre madame la Cantinière, monsieur le chevalier et mademoiselle de Logerie devenue ensuite madame de Vanzais. On a mis fin à cette indivision plus tard et c’est Pierre Eusèbe de Vaugiraud, fils de Jean Gabriel, le dernier enfant de Pierre de Vaugiraud, qui hérita de la Jaumarière.

La Jaumarière
Nous connaissons aussi les revenus de ces divers biens à deux dates : 1732 et 1742. Nos informations les plus complètes concernent la métairie de la Jaumarière, avec d’abord un inventaire des bestiaux vers 1743 (39), que nous rapportons en respectant le vocabulaire employé par l’expert désigné à cet effet. Il y avait deux bœufs estimés ensemble 160 livres, deux taureaux de deux ans estimés ensemble 50 livres, une torre (jeune vache qui n’a point encore porté) estimée 20 livres, quatre vaches estimées ensemble 108 livres, trois bodets (veau mâle) estimés ensemble 45 livres et vingt-deux brebis estimées ensemble 38 livres 10 sols. Le total s’élève à 421 livres et 10 sols, partagé dans ce cas à moitié entre le métayer et le propriétaire. Nous avons là néanmoins une petite métairie, à côté de celle de la Grandinière à la Boissière, du même propriétaire, qui avait douze bœufs. L’inventaire confirme l’orientation de l’agriculture de la région vers les cultures, plutôt que vers l’élevage à cette époque. En effet ce bétail, sauf les brebis, est d’abord à usage de trait des charrues, et en complément seulement à destination de l’élevage pour les boucheries.

La métairie de la Jaumarière rapportait cent quarante livres de revenus annuels, montant stable sur dix ans. Les borderies de la Porcelière et de la Maigrière rapportaient respectivement cinquante-deux livres et quatre-vingt livres en 1732, et cinquante livres et quatre-vingt-cinq livres en 1743.

Les deux moulins de la Bourolière étaient affermés soixante livres par an en 1732, ramenées à cinquante en 1743, avec une rente diminuant son revenu cette-là à trente-sept livres. Les de Vaugiraud rendaient aveu pour ces moulins depuis au moins 1619, probablement à la seigneurie du Coin, propriété de Languiller.

Moulin de la Bourolière
Les teneurs de la Jaumarière et de la Boninière devaient deux rentes féodales. La première de trente-trois boisseaux de seigle à la mesure réduite des Essarts, estimés trente-trois livres de revenu annuel en 1732 et vingt-sept livres dix sols en 1743. La deuxième de cent cinquante et un boisseaux et demi d’avoine à la même mesure, estimée de revenu annuel de soixante-quinze livres dix sols en 1732. En 1743, à huit sols le boisseau, le revenu annuel est ramené à soixante livres.

Le droit de terrage sur les terres labourables de la Jaumarière et de la Boninière au 1/6 des récoltes, est estimé d’une valeur de quatre-vingt livres sur toute la période. Enfin la dîme des agneaux, gorons [cochons] et autres objets cités par les aveux, est estimée de revenu annuel de dix livres, et le cens de quatorze livres (40).  

Pierre René Gabriel de Vaugiraud vendit en 1741 à Jacques Merland, sieur de Champeau, les fiefs de la Fouzillière, Crespin et Bois-Pineau au Grand Village des Essarts (41).


Pierre René Gabriel de Vaugiraud et Madeleine Chitton vécurent à la Logerie de Bazoges et n’eurent pas d’enfants. Le seigneur de Logerie fit son testament le 15 janvier 1743, à l’âge de 41 ans environ, « étant au lit malade » et sentant probablement sa fin arriver, car il mourut le 17 août 1743. Parmi ses dispositions on relève que dans son testament il « donne à mon frère le chevalier [Jean Gabriel] tous mes habits et linge et épée d’argent. Je le tiens et fait entièrement quitte, et ma sœur de Logerie [Madeleine Thérèse], de toutes les sommes qu’ils peuvent me devoir ainsi que ma sœur de la Cantinière, chacun à quelque titre que ce soit. Item j’ordonne que sur ce que me doit mon frère de Rosnais [François René Joseph] il en soit pris la somme de six cent livres pour être distribuée, savoir trois cent livres aux pauvres les plus nécessiteux de la paroisse de Rosnais, et les autres trois cent livres aux pauvres aussi les plus nécessiteux de ma paroisse de Bazoges, et cela le plus tôt que faire se pourra tout au moins dans l’année de mon décès, moyennant quoi je charge tous mes frères et sœurs de donner ensemble la somme de deux cent livres pour faire dire des messes pour le repos de mon âme et cela dans l’année de mon décès pourquoi je les tiens tous quitte du surplus ». Il indique aussi que ses meubles doivent être laissés à son épouse qui les a payés, et ses dettes contractées auprès d’elles doivent lui être remboursées (42).

Devenue veuve le 17 août 1743, et sans descendance, Madeleine Chitton ne s’est pas remariée. Elle fit un accord le 30 septembre 1743 avec les héritiers de son mari pour le partage de la succession, en exécution du testament du défunt. Elle fit sa demeure dans la paroisse Saint-Pierre des Herbiers (43). Sa sœur hérita de ses biens (44), après son décès survenu le 4 mai 1747 (45).


François René Joseph de Vaugiraud (1712-1790) et ses enfants


Le nouveau chef de famille fut naturellement monsieur de Rosnay, c'est-à-dire François René Joseph de Vaugiraud, un destin que n’avait pas envisagé son père. Dans les actes de la justice de Mareuil il est désigné avec son simple prénom de Joseph.

Dans un mémoire sur la succession Prosper Moreau rédigé pour le compte de M. de Vaugiraud de Rosnais après 1745, on lit le passage suivant : « le dit Claude Prosper Moreau du Coudrais est mort en 1729, après ladite Moreau sa sœur, morte sans enfant. Ledit feu seigneur Pierre de Vaugiraud seigneur de Logerie, était habilité à lui succéder, mais ne voulant point se porter son héritier, il mit hors de sa puissance paternelle messire François René Joseph de Vaugiraud, chevalier seigneur de Rosnais, son second fils puîné … et lui fit donner pour son curateur aux causes le sieur de la Barre, procureur sénéchal de Saint-Fulgent, dont le dit feu seigneur de Vaugiraud suivait les conseils ». Moyennant quoi, le jeune seigneur de Rosnais, alors âgé de dix-sept ans, se porta héritier sous bénéfice d’inventaire de Claude Moreau, dont chacun savait qu’il était mort ruiné. La clause de bénéfice d’inventaire, comme maintenant, permettait de refuser l’héritage jugé trop grevé de charges et de dettes. C’est ce qu’il fit en renonçant à l’héritage le 14 mai 1740, devant les notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau et Frappier, toujours conseillé par le sieur Proust de la Barre. Pour se garantir contre d’éventuelles procédures, il obtint un mandement signé du roi Louis XV le 28 juillet 1745, de « faire commandement au juge de la baronnie des Essarts en Poitou et aux officiers exerçant la juridiction en son absence dans l’étendue de laquelle est ouverte ladite succession » de respecter sa renonciation à la succession, n’ayant rien touché d’elle (46).   

Son frère, Jean Gabriel de Vaugiraud, hérita du droit de fief des Giroisières, près de la Brossière. En 1752 il donna pouvoir à sa belle-mère, Marie Louise Henriette Girard, épouse de Jacques Boutillé sénéchal de Mortagne, d’en offrir sa foi et hommage à l’Assise de Languiller (47). Il ne possédait que la seigneurie directe, sans la rente annuelle de 40 boisseaux de seigle, qui avait été vendue en 1718 à François Fluzeau par Prosper Moreau. Ce dernier s’était gardé le droit fief seulement.

Au moment de son émancipation et de la mort de Claude Moreau, François René Joseph de Vaugiraud était étudiant à Angers et clerc tonsuré. Probablement étudiait-il au séminaire de cette ville, car il était déjà en 1728 chanoine de l’église cathédrale d’Angers. C’est ce que nous apprend le bail qu’il fit à Jean Coutand de la métairie du Pinier (Vendrennes) le 10 novembre 1728, devant Papin, notaire à Saint-Fulgent (48). Il en avait la jouissance pour lui permette de payer ses études. On sait que le titre de chanoine, comme le cardinalat, n’est pas obligatoirement lié à l’état de prêtre. Or un parent de son père, Jean de Vaugiraud, né vers 1680, fut nommé Grand-Vicaire du diocèse d’Angers en 1714, puis sacré évêque d’Angers le 28 janvier 1731 avant de prendre possession de sa charge le 3 mars suivant. Entre le Grand vicaire et le jeune chanoine, le lien paraît évident.

Suzanne Fegdal : 
Entré du port des Sables-d’Olonne
(Musée de l’abbaye Saint Croix, Sables-d’Olonne)
Sans qu’aucun document ne nous fournisse la moindre transition et explication, nous retrouvons ensuite l’habitant de la paroisse de Saintt-Michel-de-la-Pallue d’Angers à la date de son mariage, le 4 février 1739 aux Sables-d’Olonne (49). François René Joseph de Vaugiraud épouse Marie Lodre, veuve de Jacques Massé, chevalier seigneur de Longeais aux Sables-d’Olonne. Elle était la fille de René Lodre des Chateigners, armateur aux Sables, qui fut maire et gouverneur de la ville de 1757 à 1789, et de Marie Le Ferré.

Le 1e septembre 1740 le jeune couple acquit la maison noble, terre et seigneurie de Roche-Guillaume, pour la somme de treize mille livres (Fonds Roche-Guillaume aux Archives de Vendée), aux Cognac.

À la mort de son frère Pierre René Gabriel de Vaugiraud en 1743, François René Joseph devint le nouveau chef de famille.

Il fut commissaire des nobles pour la province du Poitou, élu pour les représenter à Poitiers afin de désigner des représentants aux États Généraux de 1789. À cette occasion il se distingua par des positions très critiques sur les décisions du roi, à ses yeux trop libérales.

Il est mort le 29 septembre 1790 aux Sables, et son épouse était morte aussi aux Sables le 28 novembre 1781. Ils avaient eu au moins quatre enfants.
  • L’aîné fut le marquis Marie Joseph Pierre de Vaugiraud, baptisé à Vairé le 16 novembre 1739. Il était aux gardes françaises aux Tuileries quand il fut fait prisonnier en août 1792 et condamné pour conspiration. On  le compte parmi les victimes des massacres du 2 septembre 1792 à la prison l’Abbaye. Son fils, Marie Joseph Guillaume, alors âgé de 18 ans, qui était avec lui à Paris, pu s’échapper (50). Sa mère l’aurait confié à ses deux cousins, Augustin et Jean Aimé de Vaugiraud, pour le ramener à Paris (51). Le marquis de Vaugiraud s’était marié à Paris le 5 juillet 1772 avec Henriette Louise Denise de Senneville (1755-1835). Leur descendance se perpétua jusqu’à notre époque.
  • Le comte Pierre René Marie de Vaugiraud (1741-1819). Sa brillante carrière est connue (Voir la présentation du fonds de Fériet aux Archives de Vendée). 
Pierre René Marie de Vaugiraud

Il participa à la guerre d’indépendance des États-Unis aux côtés de La Fayette, devint vice-amiral en 1814 et enfin gouverneur de la Martinique. L’historien Louis Chassin relate sa participation aux complots des nobles en juin/juillet 1791 près des Sables contre les nouvelles autorités. Pour échapper à la prison il émigra et entra à l’état-major du comte d’Artois. À ce titre il était près du prince lors du débarquement de l'île d'Yeu en octobre 1795. Son fils est mort dans les combats de la guerre de Vendée. Il s’était marié aux Sables le 28 novembre 1769 avec Marguerite Joséphine Lodre de Chateigner, dame de la Gautronnière et de la Charmellerie (52). Leur fille et unique héritière, Marguerite née le 15 décembre 1773 aux Sables, se serait mariée le 18 décembre 1806 à Versailles avec Louis Anne de Fériet. Leur descendance s'est perpétuée jusqu’à notre époque. 

  • Marie Anne Renée de Vaugiraud (1745-vers 1840), épousa Philippe de Biré de la Méréliaire, demeurant en 1814 à Nantes, place Saint-Pierre (53). Elle hérita cette année-là d’une partie de la succession de son cousin de Saint-André-Goule-d’Oie, Jean Aimé de Vaugiraud, avec son frère Pierre René Marie, du côté paternel. Les autres héritiers appartenaient à la branche maternelle du décédé (Voir l’article : M. de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie, publié sur ce site en avril 2012).
  • Un troisième fils, Jean Charles Casimir (54), a péri en mer en revenant de l’Inde, lors d’un naufrage du vaisseau « Le David », en février 1769, sur les rochers de l’île d’Yeu (55). Il était né le 27 mars 1746 et baptisé le lendemain à la paroisse Notre-Dame des Sables-d’Olonne (vue 10). 

(1) Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille de Vaugiraud : 22 J 1, état des titres concernant la maison de Vaugiraud. Et 22 J 10, livre de raison de Jean de Vaugiraud, page 2. Et Gontran du Mas des Bourboux, Essai sur la noblesse médiévale française subsistante, IXe siècle-1453, Mémoire et Documents, 2021, page 94.
(2) 22 J 1, foi et hommage de Jean de Vaugiraud pour la Basse Gaultrie le 18-11-1620. Et Jean Laniau, Les Herbiers, ses châtellenies …, Annuaire de la société d’émulation de la Vendée 1941-1949, page 57 et s.
(3) 22 J 31, aveu en 1722 de la seigneurie de Logerie à la seigneurie de Boulerot.
(4) 22 J 9, livre de raison de Julien de Vaugiraud (1584-1597).
(5) 22 J 10, livre de raison de Jean de Vaugiraud (1611-1623).
(6) Idem (1).
(7) Archives de Vendée, G. de Raignac, Généalogies vendéennes des familles (Masson) etc. 8 J 37-2, pages 36 et s. 
(8) 22 J 10, livre de raison de Jean de Vaugiraud, page 157 d. (Transcription de M. Joël Rouillé)
(9) Idem (1). 
(10) Charles Colbert de Croissy et Jacques Honoré Barentin, État du Poitou sous Louis XIV : Rapport au roi et mémoire sur le clergé, etc. Élection de Mauléon et paroisse de Bazoges-en-Paillers, page 404.
(11) 22 J 1, quittance au sujet d’une rente pour la chapelle du château des Essarts du 29-11-1656.
(12) Idem (7).
(13) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 48.
(14) Ibid. page 129
(15) Ibid. page 145
(16) 22 J 31, fondation de la chapelle de Logerie du 20-11-1669.
(17) inventaire après-décès de Pierre Moreau, ibid. page 26.
(18) 22 J 1, contrat de mariage entre Jean François de Vaugiraud et Gabrielle de Villeneuve du 22-2-1689.
(19) Idem (14).
(20) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session 1893, vue 336 dans la bibliothèque numérisée des Archives de Vendée, accessible sur son site internet.
(21) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session 1893, vue 339.
(22) Idem (1).
(23) 22 J 31, ferme des biens de Vaugiraud à Saint-André à Benoist le 7-8-1692.
(24) 22 J 1, mémoire des services armés de Pierre de Vaugiraud en 1696.
(25) 22 J 1, brevet d’état du roi pour le seigneur de Vaugiraud, enseigne de vaisseau au Port Louis le 29-11-1693.
(26) 22 J 1, succession de Gabrielle de Villeneuve (1717) et de Gabrielle Desnos (1725).
(27) 22 J 31, foi-hommage en 1722 de la seigneurie de Logerie à la seigneurie de Boulerot.
(28) 22 J 31, quittance de la rente et devoirs dus au prieuré de l’Oiselière du 30-12-1708.
(29) 22 J 29, déclaration de la succession de Mathurine Moreau par P. de Vaugiraud le 15-7-1722.
(30) 22 J 31, 10e requête en modération de P. R. G. de Vaugiraud à l’Intendant en 1735.
(31) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session 1893, vue 338.
(32) Idem (30).
(33) 22 J 29, mémoire sur la succession Prosper Moreau pour de Vaugiraud de Rosnais après 1745.
(34) 22 J 31, comptes des métairies du seigneur de Logerie vers 1742.
(35) 22 J 29, pouvoir pour desservir la chapelle des Moreau de P. R. G. de Vaugiraud à J. Benoist, le 3-12-1719.
(36) 22 J 1, contrat de mariage de Pierre René de Vaugiraud et de Madeleine Françoise Chitton du 20-1-1732.
(37) Archives de Vendée, G. de Raignac, dépouillement d’archives publiques et privées concernant les familles vendéennes : 8 J 100, vol. 4 vue 27 à 29/238. Voir aussi le partage de la succession de la Rabatelière en 1779 (Fonds de l’abbé Boisson).
(38) Idem (30).
(39) 22 J 31, inventaire des bestiaux du seigneur de Logerie vers 1743.
(40) Idem (33).
(41) Famillesvendeenes.fr, famille Merland, branche de Champeau.
(42) 22 J 1, testament de Pierre René Gabriel de Vaugiraud du 15-1-1743.
(44) Requête du 25-7-1747 contre les Brillac pour reprendre le procès, ibidem 150 J/F 23.
(45) Requête du 1-7-1747 contre les Brillac pour reprendre le procès, ibidem 150 J/F 23.
(46) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 21, recours en 1785 contre le paiement d’un droit de franc-fief par les héritiers Fluzeau.
(47) Assise de Languiller en 1752, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 37, pages 20 à 24.
(48) Idem (30).
(49) Archives de Vendée, Rapports et délibérations du conseil général, 2e session ordinaire 1906, vue 442.
(50) Lionel Dumarcet, Charette une véritable histoire, Les trois orangers (1997), page 115.
(51) témoignage d’un descendant.
(52) G. de Raignac, Histoire des châteaux Vendéens, Ed. Bonnefonds, page 260.
(53) Archives de Vendée, succession de Jean Aimé de Vaugiraud déclarée au bureau de Montaigu le 3-12-1814, vue 106 du fichier numérisé.
(54) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 75, Saint-André-Goule-d’Oie, famille de Vaugiraud.
(55) M. Hennequin, Biographie maritime, Regnault Éditeur (Paris 1837) T. 3, page 537.

Emmanuel François, tous droits résrvés
Août 2014, complété en février 2023

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