Dans un article publié en décembre 2010, Le mystère Joseph Guyet, je faisais le point sur ce qu’on savait au sujet de ce châtelain de Linières,
propriétaire de 1800 à 1830. A cette occasion j’avais évoqué ses parents et
surtout son père, Simon Charles Guyet.
La déclaration de succession de ce dernier par son gendre, Benjamin
Martineau, à Montaigu en 1797, est manifestement insuffisante pour connaître sa
fortune, révélant quatre propriétés seulement. Les recherches aux bureaux de
l’Enregistrement ailleurs en Vendée, n’ont livré aucune information
supplémentaire sur ses biens. La déclaration de succession de son épouse
en 1807 au bureau de Montaigu a été tout aussi peu conforme à la réalité connue.
Et pourtant des historiens comme
Maurice Maupilier (Des étoiles au
Lion d’Or, Saint-Fulgent sur la route royale) et Amblard de Guerry (Chavagnes communauté vendéenne), ont
révélé un patrimoine important laissé par Simon Charles Guyet à ses enfants.
Pour compléter et préciser les informations publiées par ces deux auteurs, nous
avons consulté les archives du notaire de Saint-Fulgent, son ami Claude Frappier,
sieur de la Rigournière (Boissière-de-Montaigu). En tout, ce sont 63 actes que nous avons pu lire. Ils nous permettent de proposer une vue plus
précise de la vie et de la fortune de Simon Charles Guyet, en cohérence aussi
avec la généalogie de cette famille Guyet, donnée sur le site www.famillesvendeennes.fr.
L’ami notaire, Claude Frappier
Sur le même site on peut aussi
consulter la généalogie du notaire, Claude Joseph Frappier, né en 1736 (branche
de la Mauvinerie), et marié à Marie Anne Guyard, un ami de Simon Guyet. Il fut notaire royal et procureur
de Montaigu en 1773, et notaire royal et apostolique en résidence à Saint-Fulgent de 1761 à 1793. Une de ses tantes avait épousé Mathurin Thoumazeau,
qui fut notamment notaire de Saint-Fulgent et des Essarts. Frappier acheta aussi en 1785 la charge de procureur fiscal de la
vicomté de la Rabatelière, Jarrie et la Raslière. Au début de 1791 on voit qu’il est régisseur au
château de la Rabatelière, comme l’avait été Thoumazeau jusqu’à sa mort en 1785
(1). En 1787 on le découvre directeur des
Postes à Saint-Fulgent (2). En novembre 1792, l’emploi étant devenu public, il fut
renouvelé à son poste par l’assemblée primaire du district de Montaigu (3). À
cette date l’élection a bénéficié à ceux ayant des « bons principes »
(révolutionnaires) le plus souvent.
Premier maire de Saint-Fulgent en 1790 et 1791, il disparut en mars 1793
au moment de la révolte des insurgés, sans qu’on ait pu jusqu’ici savoir ce
qu’il était devenu. On trouve un détail intriguant le concernant dans un répertoire
d’un notaire des Herbiers, J. M. Graffard (fils). Pour l’année 1792, et au
mois d’avril, on lit la mention suivante : « Du 9 dudit, procuration donnée par le sieur Claude Joseph Frappier
notaire à St Fulgent en blanc pour faire
liquider son office de notaire au bureau de liquidation à Paris enregistré le
16 dudit ». Mais l’acte lui-même ne figure pas dans les minutes du
notaire de cette année-là (4). Cela veut dire qu’il a disparu, car il n’a pas
été « scanné » pour être accessible en ligne sur le site des Archives
de Vendée et qu’on n’a pas pu oublier de le faire. Encore un mystère à
élucider…Un de ses fils habitant
Belleville, Jean Aimé Frappier, possédait encore quelques minutes de l’étude de
son père en 1800, dont l’essentiel se trouvait entre les mains d’un parent au
Poiré, nommé Daviau (5). Ce fils avait habité la Clavelière de
Saint-Fulgent au sortir de la Révolution. Son jeune frère, Joseph, était mort
avant le mois d’octobre 1796 (6). Dans trois actes de
ventes de biens dans le bourg de Saint-Fulgent en 1806 et 1809, Jean Aimé Frappier habite Nantes, d’abord Haute Grande rue no
46 en 1806, puis place du Pilori no 2 en 1809. À chaque fois le notaire précise
que « les biens proviennent de la succession de feu Jean Frappier son
père, décédé il y a environ » 12 ans en 1806, 13 ans et 16 ans en 1809.
Cela donne une date de la mort dans la période 1793/1796 (7), c’est-à-dire
pendant les combats de la Guerre de Vendée.
Les ascendants, frères et sœurs de Charles Guyet
Le père de Charles Guyet, Louis Étienne Guyet, était marchand et aubergiste à Saint-Fulgent, à l’enseigne du « Chêne-Vert ». Situé en bas du bourg, alors que l’auberge du « Lion d’Or » se situait en son
centre, le « Chêne-Vert »
était une auberge-restaurant. Un dîner (repas de midi) avec la « repue » du cheval y valait 14
sols en 1748. Ce type d’établissement servait de banque,
de centre d’affaires et d’échanges avec les profits et les dangers inhérents à
ces métiers. A la fin du 17e siècle le « Chêne-Vert » devint le bureau de la poste, qui passait en 1726
le lundi, mercredi et samedi (8).
Voici comment Dangirard, rencontrant
en 1781 Simon Charles Guyet, chez son ami Jean Gabriel Gallot à Saint-Maurice-le-Girard,
dit de son père : Il « recevait
chez lui 15 et 20 gentilshommes
chasseurs, c’était là leur rendez-vous. Ils y passaient 8 jours et faisaient,
pour parler le langage de l’auberge, des écots considérables. Comme cela
arrivait fréquemment, et que cet aubergiste était au-dessus de son état par ses
qualités personnelles et que, de plus, c’était un homme aisé, il amassa assez
promptement du bien. Ce qui contribua encore plus à sa fortune, c’est que ces
chasseurs étaient de grands joueurs, et il y avait des perdants qui perdaient
sur leur parole. Il fallait retirer cette parole et on vendait un petit morceau
de terre à l’aubergiste à un prix assez bon pour l’acheteur. Cela se répétait
souvent et l’aubergiste s’arrondissait. » (9).
Ce Louis Guyet était fermier de la borderie de
M. de Vaugiraud au Coudray (Saint-André), qu’il a loué en 1753 pour 7 ans, la
sous-affermant ensuite à un métayer, alors Pierre Guedon et Louise
Brillouet (10). Le 30 août 1736, il enterrait sa fille
Jeanne dans le cimetière de Saint-André, âgée de 3 mois et étant morte
« chez Gueret métayer de Monnereau » (vue 174). Elle y était probablement en
nourrice, pratique des gens riches. Monnereau était alors fermier du fief de la Boutarlière.
Louis Étienne Guyet (1690-1754) était lui-même
le fils de Louis Guyet et de Marie Mesmin, celle-ci vivant veuve encore en 1725
(11). Il avait continué l’activité d’aubergiste de son père, et il était
propriétaire aussi de la charge de maître de poste (service à la fois pour le
courrier et les voyageurs). Précisons
que cette poste de Saint-Fulgent n’avait pas une bonne réputation en 1727. Pierre
de Vaugiraud, seigneur à Bazoges-en-Paillers, la jugeait alors
« suspecte » pour ce qui concerne la confidentialité du courrier
! (12). Nous avons vu ci-dessus que le
service de la poste de Saint-Fulgent fut vendu plus tard au notaire Frappier,
probablement par Charles Guyet lui-même.
Le père de Charles Guyet s’était
marié avec Catherine Tricoire (ou Tricouëre) le 4 septembre 1725, fille d’un marchand
de Saint-Fulgent. Elle était décédée à
Saint-Fulgent en 1770 (vue 4), âgée de 63 ans. Son père s’appelait Jacques
Tricouère et sa mère Françoise Collet. Elle eut une sœur, Louise Tricouère, qui était "fille majeure" en 1753. Elle eut aussi deux frères utérins (même
mère et pères différents), Jacques et Pierre Soulard, sa mère s’étant remariée
avec Sylvestre Soulard (13). Continuant les affaires de son mari, on la voit
prêter 2000 livres à un particulier en 1762, prête-nom d’Alexandre comte de
Mesnard et de la Barotière, moyennant une rente constituée annuelle de 100
livres (14).
Simon Charles était le cinquième
enfant. Né le 28 octobre 1733 (vue 83/128 à Saint-Fulgent), le
parrain de son baptême fut Charles Auguste de Ranques, chevalier, et sa
marraine, l’épouse de ce dernier. Le parrain était capitaine au régiment
d’infanterie de Vieuville. Il était le fils d’Antoine de Ranques marié avec
Elizabeth Boucquet en 1676, alors veuve de Florimond de Tinguy. Les Boucquet possédaient un fief à la Basse Clavelière, qui relevait de la seigneurie de Saint-Fulgent. Le plus ancien d’entre eux connu est Gabriel
Boucquet, ministre protestant à Saint-Fulgent, et aux Herbiers en 1626 (15).
Le frère de Charles, Jean, fut
marchand tanneur et fermier à Sainte-Cécile. Il y épousa le 24 janvier 1758 Marie
Françoise Thérèse Bénesteau, d’une famille de fermier général de l’Aublonnière
(Sainte-Cécile), et de notaire. Lui-même continua l’activité de
fermier en louant en 1772 la seigneurie de Saint-Paul-en-Pareds pour la somme
de 2200 livres par an, avec la caution de son frère Simon Charles de
Saint-Fulgent (16). Il eut 5 enfants, dont le dernier, Jean, devint régisseur de Linières en 1804,
où il viendra habiter à partir de 1806. Il hérita de la partie de l’Aublonnière
achetée par son beau-père.
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Château de Grissay (Les Essarts) |
Un autre frère, Jacques, fut licencié ès lois et
parti vivre à Paris. Il y est mort le 19 novembre 1811 âgé de 70 ans, à son domicile rue du Bac no 49 (17). Jacques Guyet épousa Anne Marie
Lenoble, et de leur union sont nés au moins Antoine Marcellin dit Isidore Guyet et
Charles Louis Guyet. Dangirard
écrit de ce frère : «
l’avocat
avait d’abord voulu être chirurgien, mais beaucoup de ses compatriotes étudiant
le droit à Paris, il les suivit bientôt. Il ne plaide pas : il ne fait que
des écritures et il sollicite. Il a au moins 60 à 70 mille livres de biens. Il
a épousé une femme très aimable, sans fortune. C’est un mariage d’inclination,
dont il se félicite tous les jours. Il connaît beaucoup mon frère Gabriel, dont
il a fait la connaissance chez M. du Fougeray, avec lequel l’avocat est fort
lié et qui part avec lui lundi matin pour Bordeaux, pour une affaire
importante. » (18).
L'avocat conseilla notamment le châtelain de la
Rabatelière au moment de l’achat des Essarts par le marquis de Lespinay, dont il était vassal pour certaines terres. À cette occasion il fit allusion à la lutte du parlement de Paris contre le roi
et à son exil de quelques mois à Troyes, dans un courrier du 28 août 1787
: « Notre parlement est transféré
à Troyes. Demain il ouvrira sa première séance dans la capitale de Champagne.
Nous ne savons ce que tout cela veut dire. Je crois qu’il y aura une révolution
considérable et je tremble qu’elle ne soit fâcheuse » (19). Ses
pressentiments sont particulièrement bien vus.
Jacques Guyet fit partie des amis que fréquentait à
Paris le député de Vendée en 1789, Jean Gabriel Gallot. Ce dernier a dit de Guyet qu’il était riche (20).
Le fils de Jacques Guyet, Isidore Guyet (1779-1854), recueillit avec sa femme une petite fille, Laure
Roger, n’ayant plus de famille à cause du choléra de 1832. N’ayant pas eu
d’enfants, il l’adopta et lui donna son nom et sa fortune. Elle se maria
avec Louis Sylvestre de la Ferrière le 30 août 1854 à Paris (21). Sa carrière de
journaliste révéla un militant engagé contre les Bourbons, signant notamment la
pétition contre l’ordonnance de Charles X du 26 juillet 1830. Il était
instruit, et on lui doit une assez bonne édition de Voltaire. En 1805 et 1806 il
débuta dans la revue, La Décade philosophique, par des articles sur les
beaux-arts et sur les antiquités de Paris. Un des fondateurs de la revue
s’appelait Amaury Duval (père). D’ailleurs il se maria avec une sœur de
l’épouse de ce dernier, Gilberte Félicité Tardy. Il fut ainsi l’oncle par
alliance des enfants d’Amaury Duval, Emma et Amaury-Duval (fils), futurs
châtelains de Linières. De plus, Emma épousa Guyet-Desfontaines, un de ses
neveux, fils de Joseph Guyet.
L’autre fils de Jacques Guyet, Charles Louis Guyet,
épousa en 1818 Laure Longuemare. Cette dernière mourut veuve et sans
descendance à Paris le 10 avril 1857, et fit de sa nièce, Laure Sylvestre, sa légataire universelle (22).
Un autre frère de Charles Guyet, Mathurin Esprit, fut
aubergiste et officier municipal à Saint-Michel-Mont-Mercure. Il avait encore deux maisons dans le bourg de Saint-Fulgent en 1774. Il est mort avec sa
femme, Perrine Moreau, pendant la guerre de Vendée. Ils eurent cinq enfants
dont Joseph, portant le même prénom que son cousin, fils de Charles et futur
propriétaire de Linières.
Charles Guyet eut un frère et une sœur morts bébés et
une autre sœur morte à l’âge de dix-neuf ans.
Son père Louis Guyet est mort en 1754 à l’âge de 64 ans, ayant conforté une honorable situation bourgeoise à Saint-Fulgent. À preuve, le mariage de sa fille, Louise Catherine, en 1759 à un maître
chirurgien de Montaigu, Claude Rathié (futur partisan de la Révolution). De même, lors du mariage de son autre
fille, Marie Louise, avec François Rouillon la même année 1759, marchand
tanneur à Sainte-Cécile, les témoins sont : maître Nordon, notaire aux Essarts, Louis
Corbier de Beauvais et Charlotte de Puyrousset, bourgeois habitant le logis du
Coudray (Saint-André-Goule-d’Oie), Pierre Tinguy, de famille noble, Augustine
Musset (sœur du prieur de Saint-André) et Anne Frappier, d’une famille de
bourgeois de Saint-Fulgent.
Les débuts de Charles Guyet
Revenons à Charles Guyet. Il a
vécu sa jeunesse longtemps avec sa mère, prenant la suite de son père dans
l’auberge du Chêne-Vert et dans la gestion de son relais de poste. Dans son testament de 1753, son
père avait légué à son épouse survivante ses meubles, ses immeubles acquis au
temps de leur mariage et le tiers de ses immeubles propres. De 1755 à 1760 on voit dans les
comptes du régisseur du château de la Rabatelière les relations d’affaires avec
les propriétaires de l’auberge du Chêne Verts. Ainsi Mme Guyet, la mère de
Charles qui mourut en 1770, acheta en juin 1755 40 bouteilles de vin à 25 sols
l’une et 13 demie barriques de vin d’Espagne à 12,5 sols l’une au château, ce
dernier important producteur et négociant en vin comme on le voit. Le château
vendit aussi des légumes, des fruits et des volailles à l’auberge, pour 46
livres au cours de l’année 1759/1760. En juillet 1759 il vendit encore 18
bouteilles de vin de Bordeaux à 20 sols l’unité. Inversement, le château
s’approvisionnait chez Mme Guyet en certains vins et poissons, achetés en avril
1758 à l’occasion du séjour à la Rabatelière des propriétaires nantais, M. et
Mme de la Clartière. Ceux-ci revinrent en août suivant et pendant leur séjour
on leur servit du poisson provenant de chez Mme Guyet. Mais à l’occasion on
fit des affaires plus importantes. En 1756, Mme Guyet et son fils affermèrent
le pré Bian près du bourg de Chavagnes appartenant au seigneur de la Rabatelière.
L’année d’après Charles Guyet acheta 2 jeunes taureaux élevés au château pour 252
livres et l’herbe d’un pré pour 60 livres. En 1758 il acheta une petite nogesse
(ou bode, c’est-à-dire génisse ou veau femelle) pour 38 livres, et en 1759 une
vieille vache pour 74 livres (23).
Charles Guyet acheta
tout ce qu’il pouvait dans le bourg de Saint-Fulgent : des maisons, des
pièces de terre. Il fera ainsi huit achats de petits biens qui étaient à vendre
autour de chez lui. Lors d’une acquisition en 1768 de
domaines dans le bourg, qui étaient indivis avec un oncle du côté de sa mère, Jacques
Tricouere, chirurgien à Saint-Gilles, la femme de ce dernier lui dit dans une lettre qu’ils sont « bien charmés » de l’obliger,
attendu que « nous aimerions mieux
l’avoir à notre porte que si loin ». Voilà un indice des qualités
relationnelles du personnage, même s’il s’agit de cousins (24).
On apprend aussi, à l’occasion
d’un échange de terrain en 1773 avec le curé de Saint-Fulgent, qu’une pièce de
terre dans le bourg « était anciennement le cimetière des huguenots »
(25), répétant les découvertes déjà faites par l’abbé Boisson et Maurice
Maupilier (26). On sait que la « religion
prétendument réformée » avait été éradiquée à Saint-Fulgent avec la
fermeture de son temple. Son cimetière aussi avait dû disparaître.
Au début le notaire écrit son
nom : Guiet, alors que lui-même signe toujours : C. Guyet. On sait
qu’à l’époque l’orthographe était plus approximative que maintenant. Et le
notaire écrira Guyet définitivement à partir de 1775.
Charles Guyet avait le goût des
affaires et il se lança dans l’affermage de métairies qu’il sous-louait ensuite
à des laboureurs. C’est ainsi qu’il a obtenu auprès du commandeur de Saint-Jean-de-Launay (Sainte-Cécile), membre de l’ordre de Malte, la ferme de la métairie de
Launay en 1766. Puis il a gardé les métayers en place dans un bail verbal de
trois ans à colonage partiaire à mi fruits. Pour cela il a acheté le cheptel à
moitié.
Cette même année 1766, il acheta à
Christophe You, bordier âgé demeurant à la Boutinière (Saint-André-Goule-d’Oie), ses « domaines et héritages, rentes foncières ou constituées qui peuvent lui
appartenir ou lui sont échues », à titre de rente viagère. Ils étaient
constitués d’une petite borderie (un peu plus de deux ha.) située à la
Boutinière, les portions de 1/3 dans une borderie de la Brossière (Saint-André-Goule-d’Oie), et 1/9 dans une autre borderie du même village, et des portions,
allant de 1/3 à 1/6, dans six rentes constituées ou foncières et dues au profit
de C. You. L’une d’elle mérite d’être citée, c’est la rente de « trois
boisseaux de seigle, mesure des Essarts, due par le sieur Garnaud sur le moulin
à vent de Bria (27) en ladite paroisse
de Saint-André ». Charles Guyet revendra sa portion du tiers dans la
borderie de la Brossière en 1773 pour 600 livres. On voit là un exemple de
morcellement des propriétés, qui n’était pas rare à l’époque.
La rente viagère annuelle payée par
C. Guyet jusqu’au décès de C. You, était de vingt-quatre livres, payable à la Saint-Georges (23 avril) de chaque année. Et au surplus, il s’engagea à loger,
coucher, nourrir, soigner, « au lieu
où le vieil homme se sera retiré ». L’acte rentre dans les
détails : ses impôts seront pris en charge par C. Guyet, qui en plus
s’engage à le chauffer, « à le tenir
de linges, chaussures, hardes et vêtements nécessaires suivant son état et
qualité pendant sa vie durant ». Pour cela C. You sera logé aux frais
de son débiteur et s’il change d’avis pour habiter ailleurs, la rente viagère
se montera à quatre-vingt-quatre livres par an. On voit là une transaction
intéressante pour l’aubergiste. Le montant nous informe aussi partiellement du
niveau de vie de l’époque exprimé en livres.
En 1774, on le voit propriétaire d’une
gîte (bois ou taillis) au Bois Pothé (ou Pothay), c’est-à-dire au bord de la forêt de l’Herbergement
de l’Oie près du Clouin (28).
Charles Guyet s’est marié, le 19
juillet 1768 à l’âge de trente-cinq ans à Triaize (Vendée) avec Catherine
Couzin, âgée de vingt-cinq ans, veuve de Jean Pillenière, fermier, et fille de Pierre
Couzin et Marie Delagroix. Dans cette famille, certains signent De La Groix,
semble-t-il sans justification. Triaize était la paroisse de son défunt mari,
mais elle était originaire de Champagné-les-Marais, la commune d’à côté dans le
marais poitevin, au sud de Luçon. Catherine Couzin habitait avec son premier mari la
Cabane du Vignaud à Triaize. Elle gardera toujours des attaches avec ses
origines, et au mariage de sa fille aînée en 1792, on notera la présence d’un
parent de son premier mari, Jean Claude Pillenière et son épouse Marie
Chauveau. Le nom de Catherine Cousin, tel qu’il est écrit dans l’acte
de baptême de son fils Joseph Guyet le 20 avril 1774 sur le registre de la
paroisse de Saint-Fulgent, comporte une erreur. Couzin « est son vrai nom
de famille et la seule manière de le bien écrire » (29). Deux ans plus tard naît leur
premier enfant, Catherine Sophie. Huit autres enfants naîtront, le dernier en
1784, tous nés et baptisés à Saint-Fulgent, et dont deux sont morts en bas-âge.
L’aveu de la seigneurie de Saint-Fulgent en 1774 nous offre une description des propriétés du bourg, notamment
concernant celles de Charles Guyet. D’abord voyons sa propre maison où il
logeait sa famille. Il habitait sur le côté ouest de la Grande Rue coupant le
bourg de Saint-Fulgent en deux parties dans l’axe nord/sud. Sa maison se situait
au milieu du bourg et au nord de son auberge du Chêne-Vert, cette dernière
bordant notamment le chemin qui conduisait
à la Basse Clavelière. À côté de sa maison se trouvait le pré du Fondreau
appartenant à Mathurin Thoumazeau le procureur fiscal. Elle devait se situer à la place
ou un peu au nord de la mairie actuelle.
Charles Guyet avait acheté sa
maison des enfants de Louis Prosper Proust décédé en 1745, qui avait été entre
autres sénéchal (juge) des châtellenies de Saint-Fulgent, Bazoges et les Essarts.
De sa cour d’entrée séparée de la rue par un mur, on pénétrait d’abord sous une
galerie donnant accès à la maison. Il y avait quatre pièces à l’étage et quatre
pièces à vivre au rez de chaussée, plus : cuisine, boulangerie,
décharge, grenier, cellier, grange, écurie, toits, basse-cour, cave (portant
au-dessus un grenier et une chambre). Sur un côté de la maison la galerie
longeait un jardin qui s’étendait aussi à l’arrière. Le tout était enclos de
murs et occupait une surface de 8 boisselées, soit près d’un hectare environ.
Plus à l’ouest il possédait un verger (Hauts
Verger) auquel on accédait par un chemin de servitude qui longeait son mur
nord. Son mur du côté sud le séparait du jardin et de l’auberge du Lion d’Or (30).
Il possédait aussi la maison dite
du « Petit Chêne Vert »,
située proche du château et de l’autre côté (est) du Grand Chemin en direction
de la Rochelle. Elle comprenait une pièce à l’étage et plusieurs au rez de
chaussée, avec un jardin. Une pièce donnant sur la rue servait de boutique. La maison lui était venue des successions et
acquisitions de ses parents (30).
Propriétaire, fermier, banquier
Charles Guyet continua d’affermer
des métairies et le notaire lui attribue dans ses actes le métier de fermier
désormais. Mais en même temps il agrandit son patrimoine en achetant la
métairie de la Roussière en 1774, située à la Boissière-de-Montaigu, au marquis
de l’Etenduère (Ardelay), Antoine Auguste des Herbiers. Il la paya 16 500
livres comptant. Certes, les logements du fermier sont en très mauvais état, et
le bien est grevé d'« une
rente ou abonnement de dîme de dix-huit boisseaux de blé seigle à la mesure de
Montaigu (2,5 quintaux), qu’a accoutumé de prendre et lever sur ladite métairie
ci-dessus vendue le seigneur de Saint-Fulgent ». Contrairement à l’habitude,
le nouveau propriétaire la garda à sa charge et il loua la métairie à partage
de fruits à moitié, déclarant un montant de 500 livres de revenu
annuel aux impôts. Le chiffre ne représentant, bien sûr, qu’une valeur réelle
minorée.
Deux ans plus tard, le 2 septembre
1776, le même Antoine Auguste des Herbiers, marquis de
l’Etenduère, donna procuration à Charles Guyet pour emprunter 10 000
livres en rentes. Demeurant ordinairement à Rochefort, le marquis, militaire de
carrière, se trouvait présentement en garnison à Valenciennes au régiment royal
comtois infanterie. Il n’avait pas le temps ni le moyen de faire lui-même cet
emprunt et avait besoin pour cela d’un homme de confiance. C’est qu’à l’époque
le crédit personnel, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’existait pas.
Les banques étaient peu répandues et surtout la rémunération du crédit était mal vu par l’église catholique comme non-conforme à ses préceptes. On
tournait la difficulté par la constitution de rentes. Ainsi C. Guyet reçu tout
pouvoir d’« emprunter à
constitution de rente à raison du denier vingt (1/20 ou 5 %) suivant
les édits et déclarations du roi, jusqu’à concurrence de la somme de
10 000 livres, d’une ou plusieurs personnes ».
C’est ce qu’on appelait une rente constituée (sur une somme d’argent), auprès
de particuliers.
Ses compétences étaient reconnues dans la contrée.
Pour régler la succession du seigneur de la Rabatelière, un tribunal nantais
nomma Simon Guyet l’un des trois experts chargés de l’estimation des biens. Le
rapport fut rendu en 1779 (31).
Nous ne connaissons pas le niveau
d’instruction de C. Guyet et nous n’avons aucun écrit de sa main. Néanmoins il
est très probable qu’il n’était pas un homme de lois, comme son frère Jacques.
Mais son ami Frappier, le notaire de Saint-Fulgent, devait lui donner ses conseils.
En tout cas, il savait susciter la confiance, comme on le voit ici, et il avait
de l’entregent pour trouver des prêteurs.
Il acquerra la métairie de la Chêne Maltonière, aussi à la Boissière-de-Montaigu. Son revenu
annuel déclaré est de 1 000 livres. On sait qu’il possédait une borderie à
la Clavelière, héritée de ses parents. En 1780, il acheta à son frère Jacques, pour
8 100 livres, la grande métairie de la Godardière (Beaurepaire).
Fermier de la baronnie des Essarts
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Ancien château des Essarts : vestige d'un escalier Renaissance |
Pour autant, Charles Guyet
continue d’affermer. Il décroche vers 1772 la ferme de la terre et seigneurie
des Essarts (32). À cette époque la baronnie des Essarts n’a pas de châtelains, au sens habituel
du mot. La dernière baronne des Essarts, Adélaïde de La Rochefoucauld de
Lascaris d’Urfé, avait épousé Alexis Jean du Chastellet en 1754. La fortune de
la famille était déjà mal en point l’année de ce mariage, subissant des
poursuites judiciaires et des saisies. La baronnie des Essarts connue alors une
longue période d’administration judiciaire, de 1751, année de sa saisie féodale par le duc de Thouars
(33), à 1787, année de son acquisition par le marquis Alexis Louis Marie de Lespinay le 3 août 1787 (34). À la saisie féodale succéda une saisie réelle
ordonnée par le parlement de Paris en 1757, à la demande d’un représentant de
créanciers, Jean Baptiste Sallière (35). C’est un
bourgeois de Paris qui devint adjudicataire général de la terre et seigneurie
des Essarts, Jean Michou repéré en 1763
(36), auquel succéda un nommé Corbelin. Celui-ci l’afferma en entier à C. Guyet, lequel
sous-afferma ses différentes parties : moulin, fiefs, métairies (Morenne à
Sainte-Cécile, Sablon, Noue Etienne, Cosses à Saint-Martin-des-Noyers, borderie du
château, Piltière, Capétrie aux Essarts, etc.). Il était « fermier du château, terre et seigneurie des Essarts ».
À ce titre on le voit payer les
charges dues par le baron des Essarts au chapitre de Luçon. En 1783, il reçut
quittance par le chanoine Bineau, portant le titre de « Prévôt des Essarts », d’un
devoir de 20 sols par an, d’une
rente foncière de 80 boisseaux de blé froment, due par la châtellenie de
l’Aublonnière, et d’une autre rente de 32 boisseaux d’avoine due par le château
des Essarts.
Il eut aussi à assigner le
meunier du moulin du château des Essarts, Jean Roger, en 1777, auprès du « sénéchal civil et criminel et de police de
la vicomté et châtellenie de la Rabatelière, Jarrie et Raslière ». Le
meunier n’avait pas payé sa demi-ferme du moulin en entier (60 livres par an),
et il restait une somme de 36 livres de dettes. Le poursuivi demeurait à
Boulogne, cause peut-être de la saisine du sénéchal de la Rabatelière. Nous ne
connaissons pas les règles de procédure s’appliquant à ce cas particulier à
cette époque.
Nous n’avons pas trouvé de
document ou témoignage sur la poursuite éventuelle de la ferme de la baronnie
des Essarts au-delà de 1787 par C. Guyet, au temps du marquis de Lespinay.
Achat de la seigneurie de Puybernaud
En 1775, le fermier et maître de
postes de Saint-Fulgent, comme le désigne sur ses actes le notaire de Saint-Fulgent depuis un an, achète le fief de Puyberneau pour un montant de 40 000
livres au seigneur Jacques Henri Salomon Levesque, payé comptant. Celui-ci
était un militaire, maître de camp major (colonel) du régiment du roi cavalerie,
seigneur de Puyberneau et autres lieux. Le fief, situé sur la paroisse
de Sainte-Florence-de-l’Herbergement-Ydreau (Sainte-Florence-de-l’Oie), relevait de la
mouvance du seigneur de l’Herbergement-Ydreau (à l’Oie, qui n’était à l’époque
qu’un village). En plus du prix de vente, les acquéreurs ont payé pour 600
livres « pour pot de vin en faveur et
considération des présentes », suivant l’usage et le
vocabulaire de l’époque.
Le seigneur de Puyberneau avait
vendu l’année précédente le fief de la Boislinière (Mouchamps), acquise avec
difficulté par ses ancêtres. Et il était en train d’acheter la seigneurie de
Saint Sornin (près de Moutiers-les-Mauxfaits).
Mais C. Guyet n’est pas seul sur
ce coup. Il achète à moitié avec Jean Jacques
Amable Parent, seigneur de Curzon (à 10 kms
à l’ouest de Luçon) et autres lieux, demeurant en son château de Luçon. Ingénieur
en chef des Ponts-et-Chaussées de la généralité du Poitou, il dirigea notamment
la réalisation de la route de Luçon aux Sables-d’Olonne, devant permettre de
relier Limoges à l’océan.
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Sainte-Florence-de-l'Oie |
Ce fief de Puyberneau comprenait la maison
noble occupée par le fermier général avec ses dépendances, « tous lesdits bâtiments en ruine et sur le point de
tomber par la vétusté », une borderie et une métairie attenante, plus la
borderie du Buisson et deux métairies (Ferchaudière et Gauvrière), situées dans
les alentours. Les bâtiments de la Gauvrière « sont aussi en ruine et sur le point d’écrouler ». Bien sûr
l’acte rappelle aussi les autres composantes du fief : « bois taillis, garenne, terrages, dîmes,
vignes à pied et à complant, cens, rentes et devoirs, tant en grains, volailles
que deniers, droit de chasse et pêche, terres labourables, landes et gâts » (friches).
Probablement, C. Guyet a vu dans l’abandon
relatif du domaine, l’opportunité d’une meilleure mise en valeur.
Trois jours après l’achat, les deux
nouveaux propriétaires louent la métairie de la Ferchaudière à moitié fruits.
Les récoltes sont rendables soit dans les greniers de Puyberneau, soit dans
ceux de C. Guyet à Saint-Fulgent. Pour peupler cette métairie les propriétaires
doivent acheter leur moitié du bétail. Le métier de fermier général à cette
époque exige une vraie implication qui va bien au-delà du choix des métayers et
du suivi des baux. D’ailleurs, les droits propres du fief ont été affermés à Jacques Ollivreau, quelques jours après son achat, moyennant 300
livres par an, en plus des métairies affermées directement par les
propriétaires.
Jacques Parent est mort quelques
années après, laissant sa part dans Puyberneau à sa fille, représentée par son
mari, Jacques Gazet, écuyer, capitaine commandant au régiment
de Guyenne, demeurant ordinairement en la ville de Luçon. Jacques Gazet vendit
sa part à Charles Guyet peu de temps après, et en 1784 ce dernier était devenu
le seul propriétaire du fief.
Cet agrandissement de ses domaines n’occupe pas entièrement
Charles Guyet, il continue d’affermer pour se procurer des revenus
supplémentaires. Bien introduit chez les chanoines de Montaigu, ces derniers
lui afferment le prieuré de Chavagnes, avec ses dépendances et ses dîmes (37).
Fermier de biens de l’Église
En 1777, le curé de Saint-Fulgent,
Pierre Pauleau, lui afferme la
borderie de la Blaire à Saint-Martin-des-Noyers, dépendant
de la chapellenie et stipendie de Sainte Anne-des-Petiteau. Cette chapelle était
desservie en l’église de Saint-Martin-des-Noyers et existait déjà en 1667 (38).
Pierre Pauleau en était le chapelain titulaire. Il se réserva
néanmoins les vignes dépendant de la chapellenie et la rente due par les
héritiers Billaud. Pour le reste il signa un bail tout à fait classique avec
son paroissien C. Guyet.
|
Ruines du château de l'Herbergement-Ydreau (l'Oie) |
Ce dernier afferma aussi la métairie de
l’Oiselière, le 6 février 1790, auprès de Jean Claude de Rozand,
chanoine et syndic du clergé de Luçon, moyennant le prix de 2 025 livres
. Situé à
Saint-Fulgent le lieu avait été le siège d’un prieuré ayant appartenu à l’abbaye
de la Grainetière au Moyen Âge, repris en 1736 par l’évêché de Luçon au profit
du séminaire. Ses terres relevaient du seigneur de l’Herbergement-Ydreau
(l’Oie) pour la foi et hommage et le cens. En 1708, le seigneur de Vaugiraud de la Logerie
(Bazoges-en-Paillers) payait au prieur de l’Oiselière, Chautard, une rente de
huit boisseaux de blé seigle, deux chapons et six sols et huit deniers (39). Le
12 février 1787, une délibération du bureau de la chambre ecclésiastique de
Luçon, considère «
que la chapelle
de l’Oiselière était d’un entretien considérable et presque d’aucune
utilité ». Il
« charge le
syndic de présenter requête à l’évêque pour obtenir sa suppression. »
C. Guyet sous-loua la métairie à colonage
partiaire à moitié fruits à la communauté Antoine et Jean Maindron père
et fils, René, Pierre et Jean Enfrin, aussi père et fils. Il acheta sa part des
bestiaux appartenant auparavant entièrement aux preneurs. Située proche du
bourg, C. Guyet partagea à moitié même les fruits de haute branche de la
métairie (pommes, poires, cerises, etc.), contrairement à sa pratique dans les
métairies plus éloignées de chez lui. Il fit de même pour le vin produit par la
vigne, pour les fourrages et pour le bois coupé dans les taillis de la
métairie. En contrepartie il partagea aussi les rentes en grains, souvent laissées
à la charge exclusive des preneurs au bail. Malgré la répétition des mêmes
clauses propres à chaque notaire, les baux de C. Guyet comportent souvent des
adaptations particulières à chaque métairie, révélant un gestionnaire réfléchi
et attentif aux détails. Il donne ainsi l’impression d’un homme ayant bâti sa
fortune sous après sous (noms donnés aux centimes de l’époque).
Nous n’avons pas pu prendre connaissance de toutes les
fermes de C. Guyet, car celles-ci avaient lieu aussi verbalement, sans compter les manques dans les archives conservées. À titre
d’exemple, c’est dans un acte de reconnaissance de dette des fermiers de la
Chardière à Chantonnay, devant notaire, que l’on apprend que cette métairie
avait été prise à ferme par C. Guyet. Le nom de son propriétaire n’est pas
indiqué dans l’acte daté du 17 octobre 1790. De même, à l’occasion du désistement en 1785 de son sous-fermier, on
voit que Charles Guyet lui affermait à droit de colonage à mi-fruits la
métairie de la Gerbaudière à Chavagnes-en-Paillers.
Achat du fief de la Barette (Grissay)
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Le Landreau aux Herbiers |
Le 30 octobre 1784, il acheta
seul le fief de la Barette, « mouvant
et relevant » de la baronnie des Essarts, au seigneur René Louis Marie
de Jousbert, chevalier baron du Landreau, paroisse de Saint-Pierre des Herbiers,
et à son frère Charles Alexandre de Jousbert, chevalier du Landreau. C. Guyet
paya le tout 70 000 livres, comptant (40). Le fief de la Barette avait une
longue histoire, comprenant au moins huit métairies, remontant de manière
connue au 14e siècle avec la famille de Plouer, puis Poitevin au 17e
siècle, avant de revenir au Jousbert du Landreau au début du 18e
siècle par mariage (41). Le lieu où était situé le logis a
pris le nom de Grissay depuis.
L’achat comprenait la
maison noble, terre, fief et seigneurie de la Barette, située aux Essarts, avec
la borderie attenante et deux métairies seulement, ainsi que « les droits de fiefs dépendant de ladite
terre, lods et vente, honneurs, rachat sous rachat, cens, rentes et devoirs de
quelque espèce que ce soit, droits, décharges, dîmes, terrages, complant ».
Ici aussi C. Guyet achète un bien mal entretenu : « ledit seigneur baron du Landreau [a] reconnu que
les bâtiments et logements desdits lieux sont en ruine », est-il écrit
dans l’acte notarié. Déjà une visite des lieux (logis et logements des
métayers) avait montré en 1772 la nécessité de travaux à effectuer, et sans
doute les choses étaient restées en l’état. Les 5 pièces du rez de chaussée du
logis avaient le carrelage à refaire. À l’étage le bousillage était dégradé et
les fenêtres des 4 pièces d’habitation devaient être remplacées (42). On ne peut pas dire que la famille Jousbert n’avait plus
les moyens d’entretenir ses domaines. On en a la preuve par les achats que fit
le seigneur du Landreau, ne serait-ce que la même année 1784 où il acheta au
seigneur du Puy du Fou des droits de terrage, et cinq ans plus tard quatre
métairies au même. À vrai dire on ne comprend pas bien cette situation, car
même étant éloignés de leurs domaines en tant que militaires, ces propriétaires affermaient leurs domaines. C’est ainsi qu’un nommé
Girault, sieur de la Claverie demeurant au logis de Thenis à Saint-Germain-de-Princay, a été fermier de la terre de la Barette, de 1748 à 1765, moyennant
1300 livres par an (43). En tout cas, cela devait faire l’affaire d’un
investisseur et gestionnaire actif comme Charles Guyet. À comparer le prix
d’acquisition de 70 000 livres payé en 1784 par Charles Guyet avec
l’estimation dans un partage de succession en 1708 du même domaine dans sa même
contenance et charges, 21 900 livres, on voit que l’acquéreur a payé le
prix fort (44). Cela a dû compter pour le vendeur. D’autant que celui-ci avait
un procès en cours avec le seigneur des Essarts à l’occasion
d’un droit de terrage, instruit au niveau du parlement de Paris à la date de la
vente (il faisait office d’appel et cassation selon les cas pour la province du
Poitou). L’acquéreur devra prendre en charge le coût de la procédure en cours
et assumer la décision judiciaire à venir.
C’est ce qu’il fit, comme on le voit
dans un acte de procuration qu’il signe le 18 novembre 1787 pour, en son nom,
intervenir dans l’instance « actuellement
pendante au parlement de Paris au rapport de M. Pasquier conseiller de grande
chambre, d’entre mon dit sieur constituant
d’une part, du sieur Davezies poursuivant la saisie réelle des biens immeubles
de la feu dame d’Urfé, marquise du Chastellier, le sieur Challat curateur à la
succession vacante de ma dite dame, et M. Cotton, procureur plus ancien des
créanciers opposants d’autre part ». On le voit, la situation judiciaire
n’est pas simple et la procuration comprend aussi le pouvoir de transiger soit
avec les parties nommées, « soit
avec le marquis de Lespinay, qu’on assure être maintenant l’acquéreur de ladite
baronnie, à l’effet d’arrêter le jugement de ladite instance … ». On
remarquera ici que l’achat du marquis de Lespinay remonte au 3 août précédent
et que C. Guyet n’en est pas officiellement informé trois mois après.
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Alexis Louis Marie de Lespinay (1752-1837 |
Charles Simon Guyet a été agent
d’affaires de la famille Arnoux-Rivière, du grand commerce nantais, mais aussi
de la famille de Lespinay du Pally. Ainsi, en 1788 il servit de banquier à M.
de Lespinay. Ce dernier, pour payer son achat de la terre des Essarts,
s’adressa à lui pour trouver 238 000 F. La somme était importante pour
l’époque. Un sieur Barreau prêta la somme. Et pour rembourser ce dernier, Guyet
trouva un autre prêteur le 28 juillet 1791, Lambert, pour une somme de
60 000 F. Le 7 février 1792 M. de Lespinay révoqua le mandat de Guyet tout
en ratifiant la convention passée avec Lambert (45).
À cette dernière date, entre
l’aristocrate et le bourgeois, qui sera bientôt élu électeur du canton de Saint-Fulgent dans le camp des révolutionnaires, la politique creusait un fossé qui
deviendra vite infranchissable. À lui seul, ce fait détruit la réputation
d’ancien palefrenier de M. de Lespinay qu’une certaine tradition a donnée à
Charles Guyet, sans bien connaître ce dernier. Son fils, Joseph Guyet, épousera
la jeune belle-sœur de M. de Lespinay, châtelaine de Linières, quelques années
plus tard. Elle avait auparavant divorcé d’avec le frère de M. de Lespinay. Et
pour couronner le tout, la jeune châtelaine avait racheté à son nom le domaine
de Linières, qu’elle revendit ensuite à Joseph Guyet pour un prix modique. C’est
dire si les Guyet ne furent pas bien considérés chez les de Lespinay après la
Révolution.
Charles Guyet signa un bail le 19
octobre 1789 du logis de la Barette avec sa métairie de la porte avec Jean et
Nicolas Landais. Cela veut dire qu’il fit l’économie d’un fermier général pour
l’ensemble de la seigneurie. Et ce bail, conclu pour 5 ans (1591-1596), était à
partage de fruits, ce qui indique bien l'implication du nouveau propriétaire. Le bailleur se réservait la moitié du logis (46).
Vente de l’auberge du Chêne-Vert
L’auberge du Chêne-Vert était
composée en 1774 au rez de chaussée d’une salle de restaurant et de quatre
pièces, et à l’étage de cinq pièces. S’ajoutaient une cave, un cellier, une
écurie, une grange et des toits pour les animaux. Sa cour au-devant ouvrait
librement sur la rue. Sur un côté coulait le « ruisseau du Pont Potté ». L’auberge comprenait
aussi un petit jardin. Elle avait le droit de puiser à la fontaine du seigneur
de Saint-Fulgent, moyennant la modique somme de 6 deniers de cens par an. Pour
avoir droit d’avoir une porte donnant accès au chemin conduisant à la fontaine,
le propriétaire devait payer un cens annuel de 36 sols, somme tout aussi
symbolique, mais nettement élevée par rapport aux niveaux de cens payés
habituellement dans le bourg, et représentant 4,5 fois celui dû pour l’auberge
par exemple (47). Sans
relais de postes comme le Chêne vert, l’auberge concurrente du Lion d’Or était
affermée en 1768 par Me Pierre Gennet, sénéchal de Saint-Georges-de-Montaigu et de Saint-Fulgent,
moyennant le prix annuel de 400 livres (48). C’était un montant équivalent à
celui d’une grosse métairie, redevances féodales incluses.
Certes le bourg de Saint-Fulgent n’avait pas en 1774 la surface d’aujourd’hui, mais ses maisons étaient
entourées très souvent de jardins, d’écuries et de granges pour les chevaux, et
aussi de toits pour élever des animaux de consommation courante. D’ailleurs les
emplacements de fumiers n’étaient pas rares, qu’on pouvait voir de la Grand
Rue. Ils étaient autorisés par un acensement particulier du seigneur des
lieux. On s’étalait, et l’urbanisme d’alors n’imaginait pas l’alignement des
maisons les unes contre les autres. Le seigneur de Saint-Fulgent désignait
l’agglomération comme « madite ville »,
cela faisait plus conséquent bien sûr. Était-ce parce qu’on y trouvait au
minimum 2 000 habitants dans la
paroisse, comme aux Essarts ? C’était le critère administratif de l’époque pour
qualifier une ville. On a compté le nombre de 76 maisons et autres
bâtiments devant payer un cens (ou concédés en franche aumône) à la seigneurie de Saint-Fulgent dans un
aveu à Tiffauges. Il faut augmenter ce chiffre des maisons relevant de la
seigneurie du Puy-Greffier, mais probablement de peu. C’était un gros bourg en
somme. La grande route royale de Saint-Malo à Bayonne avait rectifié l’ancien
chemin médiéval, dans les années 1750 à Saint-Fulgent. À l’entrée et à la sortie de l’agglomération le « nouveau Grand Chemin » était plus rectiligne que l’ancien,
conservant sa courbe dans le bourg lui-même.
Charles Guyet possédait plusieurs
jardins ou planches dans des jardins du bourg : 4 boisselées dans le
« jardin de la Menaudière anciennement appelée la Petite
Thibaudière », 6 boisselées en « affiage » (verger) dans le « Haut Jardin », 1/3 de boisselée dans le « Jardin des Vallées », 6 gaulées de
terre dans le « jardin des Cloistre »,
et 1 boisselée dans le « Jardin des Vignes ». De même il
possédait aux alentours du bourg des champs, ou plus souvent des parties de
champ, totalisant 60 boisselées environ (7 ha) en 16 parcelles.
Vers 1777, Charles Guyet se
retira de son hôtel du Chêne-Vert à Saint-Fulgent, ne conservant que la propriété
des murs. Il loua le fonds de commerce à Alexis Hayraud, marié à une
demoiselle Planchet (49). Celle-ci devint veuve vers 1783 (50) et se remaria à un homme
originaire des Herbiers, Sapin. En 1790, elle dirigeait l’hôtel du Chêne-Vert.
Mais les affaires périclitèrent et la veuve Sapin revendit en 1803 le mobilier
garnissant l’auberge : meubles, linge, 21 lits, dont 18 avec toutes leurs
garnitures, batterie de cuisine, foins, paille et blés, plus bestiaux (4 bœufs
et 2 vaches), charrettes, charrues et instruments aratoires, le tout pour 3500
F. Ce sont quatre des enfants Guyet, les héritiers de cet hôtel probablement,
qui rachetèrent en indivision ces biens meubles (51). C’étaient Joseph Guyet
(Paris), René Louis Guyet (Saint-Fulgent), Pierre Louis Guyet (Roches-Baritaud) et
Benjamin Martineau (Les Herbiers).
Le chroniqueur R. Valette écrira en
1885 que Charles de Grandcourt habitait l’ancien hôtel du
Chêne-Vert à Saint-Fulgent en 1885. Il
avait appartenu au père de Charles Guyet en 1738, au moment de l’assassinat du
comte de Beaumont (52), écrit-il. On sait que les de Grandcourt de Saint-Fulgent sont issus, côté maternel, des petites filles de C. Guyet, nées Martineau. Mais
pour la filiation des propriétaires du
Chêne
vert, nous n’avons rien pu vérifier en ce sens après l’acte évoqué
ci-dessus de 1803. En effet, dans la déclaration de succession de Mme
Martineau, on lit que celle-ci habitait une maison de maître au bourg de Saint-Fulgent, mais sans le moindre indice sur l’auberge. La déclaration de
succession de C. Couzin, l’épouse de Charles Guyet, au bureau de Montaigu en
1807 (Catherine Couzin est morte le 12 janvier de cette année), est aussi
pauvre que celle de son mari : ses biens immeubles se limitent à une
moitié dans une maison du bourg de Saint-Fulgent, et dans deux métairies de la
Boissière-de-Montaigu.
Mais pour la postérité, l’information
essentielle du document du 18 novembre 1787 ci-dessus, concernant le fief de la
Barette, réside dans le nouvel état-civil de C. Guyet. Le mot n’existait pas et
fait anachronisme, mais il s’agit bien de cela. On lit en effet que « Simon Charles Guyet [est] écuyer, garde de
la porte de Monsieur frère du roi, demeurant au bourg de Saint-Fulgent en
Bas-Poitou, diocèse de Luçon. » Notre bourgeois entreprenant serait-il
devenu noble ?
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Uniforme du garde de la porte en 1786 |
Les gardes de la porte formaient une compagnie de la maison militaire du roi
de France dont l’origine remontait à la fin du Moyen
Âge. Leur principale fonction était d'assurer la garde de jour des
portes extérieures du palais où résidait le souverain. À six heures du soir,
ils confiaient la garde des portes aux gardes du corps et les
relevaient à six heures du matin. Le frère du roi, appelé Monsieur, a bénéficié
de ces honneurs à compter de l’époque de Louis XIV. Mais alors Charles Guyet,
âgé de cinquante-quatre ans cette année-là est-il allé à Paris occuper ce type
de fonction ? Évidemment non. La réalité est bien connue des historiens : les
emplois publics, appelés offices, étaient vendus pour faire rentrer de l’argent
dans les caisses du roi et des princes. Et cette pratique donna lieu à de
nombreux abus et trafics pendant longtemps, gangrenant les administrations et
rendant nécessaire une profonde réforme. Charles Guyet a donc acheté cet emploi
fictif pour accéder à un statut social plus élevé, comme cela se faisait de son
temps.
Certains offices chez le roi, la reine et les princes
donnaient à leurs titulaires le titre d’écuyer. C’était le cas pour les gardes
de la porte. La qualité d’écuyer était réservée à l’origine aux nobles sans
titre de dignité. Puis Henri IV honora ses valets de chambre de la qualité
d’écuyer (lettres patentes d’octobre 1594), et on élargit progressivement cette
pratique à d’autres offices dans les maisons du roi et des princes, y compris à
certains emplois dans les cuisines.
Cette qualité étant passagère, liée à l’emploi tenu,
ne pouvait pas exonérer, sauf exceptions, son titulaire normalement des droits de franc-fief (dus
pour les acquisitions de biens nobles faites par des roturiers), seulement de la taille
(53).
On appelait office un titre donné par lettre du roi ou
d’un prince, (lettre de provisions), et qui imposaient le pouvoir et le devoir
d’exercer une fonction publique. Il y avait les offices vénaux, vendus par le
roi moyennant finances, qui étaient héréditaires et aliénables, à condition de
payer une taxe (la paulette) régulièrement. Les offices non vénaux n’avaient
pas de finances, et leurs titulaires ne pouvaient en disposer qu’avec
l’agrément du roi (offices militaires et des maisons en théorie).
Les offices de la maison du roi, comme ceux des
princes, étaient regardés comme des charges militaires, sans en avoir toutes
les caractéristiques. Ils n’étaient ni meubles, ni immeubles comme les offices
civils vénaux. Ils s’apparentaient moins à des offices qu’à des commissions à
vie, des usufruits qui s’éteignaient par la mort de l’officier. Ces charges ne
pouvaient être résignées (abandonner à quelqu’un) par l’officier, sans une
grâce particulière. Par une déclaration royale du 24 novembre 1678, le régime
des offices de la maison du roi a été étendu à ceux des maisons des princes.
La vénalité et l’hérédité des offices constituaient
une voie privilégiée de l’ascension sociale, pour obtenir des dignités de titre
ou comme moyen d’anoblissement (le plus souvent sous deux ou trois générations).
L’emploi de garde de la porte ne permettait pas à lui seul l’anoblissement,
mais il pouvait favoriser l’accès à d’autres offices. Et puis, il y avait ce
titre d’écuyer, d’un grand prestige chez les roturiers, vous faisant croire à l’égalité
avec la petite noblesse locale du bocage bas-poitevin. Le garde du corps de
Monsieur, outre l’exonération du paiement de la taille, avait droit à la préséance
dans les offices divins, pour recevoir l’eau bénite et se mettre en avant dans
les processions (54). N’oublions pas que le catholicisme était religion d’État.
Rien ne dit que C. Guyet ne profita de ces préséances auxquelles il avait droit
dans l’église de Saint-Fulgent. En pays de bocage du Bas-Poitou, les paroissiens
se connaissaient trop bien entre eux pour adopter à la légère des comportements
exagérément artificiels. Il est à remarquer que dans les actes notariés le
concernant, Charles Guyet n’utilisa qu’une seule fois son titre, pour écrire à
Paris. Sur place il continua d’être officiellement maître de postes ou fermier,
dans les actes officiels. À son âge, peut-être a-t-il pensé de cette manière,
se donner le moyen de mieux « jouer du coude » pour bien établir ses
enfants.
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Quentin Metsys : Le contrat de vente |
La vente des offices avait commencé avec saint Louis et
deux rois donnèrent à cette pratique une forte impulsion pour financer leurs
guerres : François Ier et Louis XIV. Les rois firent un tel usage de cette
prérogative qu’à l’époque de la Révolution française, il se trouva 300 000
finances d’offices à rembourser, sans compter les indemnités (55).
Cette vente des offices a gangrené la justice et le
prélèvement des impôts très tôt, entraînant de vives critiques. C’est le cas de
Loyseau dans son Traité des Offices
en 1610. Il y explique que les magistrats, mal payés et achetant cher leurs
charges, se récupéraient sur les justiciables. Les acheteurs d’offices étaient
volontiers « vendeurs de justice ». Ils faisaient plus de procès que
les parties, pour gagner de l’argent. La
pratique n’a pas seulement concerné les offices des fonctions publiques ou
assimilées, mais aussi mais presque tous les métiers. Parmi
les offices, on comptait à titre d’exemple, les arpenteurs, vendeurs de vin,
jaugeurs, mouleurs de bois, mesureurs, marqueurs de cuir, etc. Le trafic a
concerné aussi les offices dans les régiments et compagnies des armées du roi.
Le rapport des Français avec un État omnipotent, paternaliste, et des
fonctionnaires critiqués, trouvent dans ces pratiques d’Ancien Régime de
lointaines racines.
|
J. B. Desmarets maréchal de Maillebois |
Pour illustrer les abus dans la vente des offices, les
historiens aiment reprendre le mot du contrôleur général Desmarets, qui avait
proposé à Louis XIV de créer des offices parfaitement inutiles. Devant le roi
dubitatif il précisa : « Votre
majesté ignore une des plus belles prérogatives des rois de France qui est que,
lorsqu’un roi créé une charge, Dieu crée à l’instant un sot pour l’acheter. »
(56). Louis XIV ne vendit pas moins de 40 000 à 60 000 offices selon les
auteurs.
Cette envie d’ascension sociale que manifeste ainsi Charles
Guyet par son achat de la fonction de garde de la porte de Monsieur, fut
rapidement contrariée par la Révolution française. Moins de deux ans après
l’apparition de son titre dans les papiers du notaire de Saint-Fulgent, celle-ci
mettait à bas l’édifice politique de l’Ancien Régime. Et les maisons militaires
des princes français, frères du roi, ont été supprimées par décret du 2 mai
1792.
On n’est pas étonné de cet achat d’un emploi fictif
chez Monsieur, à cette époque, de la part de notre bourgeois de Saint-Fulgent.
Dans la région, les relations ne manquaient pas chez ce frère du roi. À Mesnard-la-Barotière, le seigneur des lieux était capitaine des gardes du corps de Monsieur, le comte de Provence, depuis le 1er mai
1777. C’était le seul officier de ce rang chez Monsieur, commandant la
compagnie de gardes du corps français,
à côté du capitaine des gardes du corps suisses. Gageons qu’il n’a pas été pour
rien dans l’acquisition de cet office par Simon Charles Guyet.
|
Comte de Provence, frère du roi |
On connaît aussi un
autre serviteur de ce frère du roi : Alphonse Henri Coutouly, qui
demeurait à Angers et possédait des biens aux Herbiers, marié à Jeanne Germain.
Dans un acte notarié, il est noté comme « médecin de Monsieur, frère du roi » (57). Un emploi fictif
peut-être ? Sa demeure était bien éloignée de celle de son illustre
patient, à moins de n’être de service que par quartiers (périodes).
Bref, les relations probables de
voisinage de C. Guyet expliquent son orientation vers le comte de Provence pour
acheter cet office;
Cautionnaire des fermes fiscales
Au mois d’août 1787 précédent, C.
Guyet s’est porté caution pour Hervé Barbanson, afin de lui permettre de
renouveler son bail de l’office de receveur
général des traites à Montaigu. Ici on ne vendait pas les emplois, on les
louait. Plus de sérieux et de rigueur s’imposait pour les impôts,
évidemment ! Les traites
étaient des droits de douane perçus sur la circulation des marchandises entre
les différentes provinces du royaume
et avec l'étranger. Leur régime différait selon les provinces. La perception des
traites fut retirée en 1786
à la Ferme générale pour être confiée à la régie royale, sous
l’administration du même titulaire, J. B. Mager. Le receveur de Montaigu
dépendait de la direction provinciale des Fermes unies de Nantes.
Là encore, l’entregent et la
fortune de C. Guyet nous permettent de faire connaissance avec une institution
originale de l’Ancien Régime, concernant les impôts. Depuis le roi Philippe le
Bel (1268-1314), la perception des impôts indirects était confiée à un
organisme privé. Le roi signait un bail pour une durée déterminée avec des
fermiers généraux, concernant la taille, la gabelle
(l'impôt du sel), l'impôt des tabacs, des octrois, etc. En 1726, toutes les fermes existantes
furent rassemblées en un bail unique de six ans. Les quarante fermiers
généraux, se portaient caution de l'adjudicataire du bail, signataire avec le
roi. C’est pourquoi on peut lire dans l’acte notarié de Frappier à Saint-Fulgent que le conseil des fermes du 19 mars 1786 désigna pour adjudicataire général « des Fermes unies de France », Jean
Baptiste Mager, à compter du 1er janvier 1787. Et c’est à son
profit, en tant que créancier, que se porte caution C. Guyet, pour remplir les
obligations du débiteur Barbanson. Les liens hiérarchiques entre le « directeur
général des impôts indirects », comme on dirait en jargon moderne, et un
receveur local se mélangeaient avec des liens de nature commerciale entre eux, fondés
sur un bail et confortés par le cautionnement d’un riche bourgeois.
Les fermiers généraux devinrent des
personnages puissants et fabuleusement riches. Ils formaient une association
privilégiée, appelée Fermes unies
de France, qui
compta longtemps 40 membres, portés ensuite à 60. Leur nomination dépendait du
ministre des finances, et le plus souvent le ministre recevait du personnage
préféré un pot-de-vin considérable. L'adjudicataire s'engageait à verser au
Trésor le montant du bail et conservait pour rémunération l'excédent éventuellement
réalisé. Cette rémunération fut plafonnée à partir de 1780. Cette institution, on s’en doute, donna lieu
à une foule d'abus, que la Révolution supprima.
Les services locaux comptaient jusqu'à 42
directions provinciales et près de 25 000 agents répartis dans deux branches
d'activité : celle des bureaux qui vérifiaient, liquidaient et percevaient
les droits, celle des brigades qui recherchaient et réprimaient la contrebande
avec des peines très sévères (galères, pendaison, etc.).
Charles Guyet s’engagea à concurrence de 4 000 livres. Pour cela il hypothéqua une borderie à la Clavelière (Saint-Fulgent). Ce que l’acte notarié de cautionnement ne dit pas, c’est la nature et l’importance du profit retiré par C. Guyet dans cette affaire (58).
À Bazoges-en-Paillers il y avait à la même
époque un bâtiment où était entreposé le sel avant sa mise en vente,
qui était un monopole d’État comme le tabac. On l’appelait localement une
salorge. Son contrôleur, Jacques Guignard, avait dû lui aussi obtenir un
cautionnement au profit du receveur général des Fermes unies de France à Paris, limité à 500 livres, pour lequel
s’était engagé un maréchal de la paroisse, Pierre Durand (59).
Victime des émeutiers de la faim en 1789
|
Émeute de la faim |
Au printemps
de 1789, un convoi de grains appartenant à Charles Guyet fut attaqué par des
femmes des Essarts. Nous savons que les récoltes de 1788 avaient été mauvaises. À la mi-février 1789 il y eu des émeutes de la faim à Paris qui se propagèrent
en mars à travers tout le pays. On sait que le climat était en cause, en
commençant par un automne 1787 pluvieux, qui a gêné les semailles. Le début du
printemps suivant fut ensuite particulièrement froid, mais sa fin et le début
d’été connurent un temps chaud et sec. La grêle de juillet fit des ravages,
suivit d’orages et de beaucoup de pluies, aboutissant à une très médiocre
récolte en grains, à l’origine d’une importante disette. Là-dessus, l’hiver
1788-1789 fut très rude, gelant une partie des semences et annonçant une
poursuite de la pénurie des grains.
Au marché de Poitiers le prix du boisseau de
méteil (servant à fabriquer le pain bis) était de 1 livre 5 sols en août 1787.
Il avait augmenté de 28 % un an plus tard, puis monta à 2 livres en décembre
1788, 2 livres 10 sols en avril 1789. Il monta encore jusqu’à 3 livres au mois
de juin suivant.
Un peu partout on attaqua des greniers
et pilla des boulangeries. C’est que les acteurs
de la filière gardaient parfois des stocks pour profiter des hausses à
venir : gros producteurs, marchands, meuniers, boulangers. Le commerce des
grains était devenu pour les affamés la manifestation même de la spéculation. À l’encontre
de cette opinion, les autorités encouragèrent l’importation des blés et farines
dans le royaume pour pallier au manque de céréales. Mues aussi par la peur ancestrale de la disette, les populations empêchèrent
le transport des grains, aggravant les problèmes de ravitaillement et
contribuant à la hausse des prix.
Aux Essarts un attroupement d’affamés
voulu tuer Jean Baptiste Ignace Merland (1735-1793), au motif qu’il refusait de vendre du blé au prix
demandé. Il était le beau-frère de Verdon, procureur fiscal de la baronnie, et
ce dernier lui sauva la mise. Les bourgeois, comme lui et Guyet, qui faisaient
le commerce du blé, étaient en danger. Hortense Verdon, une descendante du
procureur fiscal des Essarts rapporta une histoire en ce sens quelques dizaines
d’années plus tard. Voici son récit mis en forme par son fils : « Comme M Guyet faisait
conduire un convoi de grains à Saint-Fulgent, les femmes du bourg s'assemblèrent,
et blotties dans un champ de genêts, elles attendirent les rouilllés (rouliers ou voitureurs).
Quand le son des grelots, pendus aux harnais, le bruit des pas des chevaux et le
claquement des fouets les avertirent de l'approche des chariots, elles
s'élancèrent au travers du chemin, barrant le passage, menaçant les conducteurs
de coups de pierres et de bâtons, jetant à terre les sacs, les coupant et
dépochant le blé avec rage. La justice accourut sur les lieux, mon père
désabusa cette foule aveugle et promit, sous peu, d'ouvrir un grenier public où
l'on vendrait le blé de toutes qualités à un prix raisonnable ....» (60).
L’intervention
courageuse de Verdon ramena le calme, mais on apprend dans ce récit que Merland
fut fusillé au printemps 1793 dans la cour du château des Essarts par les
royalistes, avec onze autres personnes, dont un enfant de quatre ans.
L’homme et sa famille
Toute cette activité que nous venons
de décrire montre un homme entreprenant, négociateur, sachant s’imposer. Son écriture à l’âge de 40 ans révèle
un apprentissage peu poussé de la grammaire. À voir son orthographe, il
écrivait à l’oreille et ne paraît pas avoir beaucoup lu (61). Sa réussite ne
tient pas à son instruction. Il
n’est pas parti de rien, mais il est arrivé à se constituer un joli patrimoine. Voici, tel qu’il l’a rencontré le 8
octobre 1781, comment le décrit Dangirard : « M. Guyet est un petit homme, maigre, l’œil
vif, peu de cheveux, parlant assez bien quoique quelques fois il cherche le
mot, mais il le trouve aussitôt. Il raconte très bien une affaire sans
verbiage, sans accessoires inutiles, et les mots qu’il emploie sont les mots
propres. Il fait les affaires de beaucoup de maisons de ce canton du
Bas-Poitou, et il en est considéré parce qu’il travaille bien, qu’il est actif,
qu’il a les entrées des principales maisons de robe à Paris et de puissantes
protections dans toutes les classes, et joint à cela une grande probité et du
désintéressement.
Le 9 octobre au déjeuner Guyet est avec ses
hôtes à Saint-Maurice-Le-Girard, Gallot et Dangirard. Voici ce que note Dangirard dans
son journal : « Notre convive M.
Guyet a très bien officié, et au dessert a bu malaga, liqueur de Mme Amphoux
(liqueur douce à base d’herbes aromatiques, parfumée de fine chartreuse,
girofle et autres épices), abricots à l’eau de vie et du Harzwasser
(probablement un alcool). M. Guyet nous a quitté à 3 h pour aller coucher à
Bourneau et demain à Fontenay. » (62).
Le métier de maître de postes qu’il a continuellement fait inscrire sur les
actes notariaux le concernant, n’a visiblement pas constitué sa principale
activité. De toute façon le relais de Saint-Fulgent ne pouvait pas avoir l’importance
de celui des Quatre-Chemins de l’Oie, situé à quelques kilomètres plus loin en
direction de Fontenay-le-Comte, mieux situé sur un croisement de chemins. Mais
avec l’auberge du Chêne-Vert, et les
qualités relationnelles de son propriétaire, il a pu servir à ses débuts de lieu de
rencontres pour les affaires, comme aussi l’hôtel du Lion d’Or voisin à Saint-Fulgent. Ce dernier était tenu par Lusson en
1790, qui deviendra un meneur lors de la révolte des gens de Saint-Fulgent en mars
1793. Sa réputation d’acheteurs de biens a fait aussi de Charles Guyet un expert, choisi comme tel pour assister à une assemblée des
paroissiens de Saint-André en 1784, qui devait décider d’abattre des arbres pour
effectuer des travaux à la cure. N’avait-il pas été nommé l’un des trois
experts, par décision de justice à Nantes, pour faire les partages de la
succession des domaines du seigneur de la Rabatelière en 1779 entre ses 6
héritiers ? (Voir ci-dessus et note 30).
Les enfants de Charles Guyet et
de Catherine Couzin, au moment de la mort de cette dernière en 1807, sont au
nombre de sept, tous baptisés à Saint-Fulgent. Deux autres étaient morts en bas
âge. Il est temps de faire brièvement connaissance avec eux :
Catherine
Sophie, baptisée le 19 août 1770. Elle se maria en 1791 avec Etienne Benjamin
Martineau, médecin. Ce dernier fut un révolutionnaire très actif, haï pour cela
dans la région de Saint-Fulgent, et qui déménagea plusieurs fois avant de se
stabiliser comme juge de paix aux Herbiers.
Charles
Jacques, baptisé le 9 juin 1772. Dit
Guyet-Desroches, il épousa en 1796 à Champagné-les-Marais, où le couple résida
toute sa vie, Rose Boileau, fille d’un marchand. C’était la paroisse d’origine
de sa mère, Catherine Couzin. Ils eurent neuf enfants, dont Charles Jean
Baptiste (1797-1867) capitaine de vaisseau mort sans alliance, Armand Germain, notaire
à Marans, Eugène qui fut avocat et agent de change à Paris où il mourut en 1879, Rose Désirée qui
épousa Pierre Hilaire Martineau, notaire à Chaillé-les-Marais.
Joseph,
baptisé le 20 avril 1774, avec pour parrain Claude Joseph Frappier, notaire
royal et apostolique, sieur de la Rigournière, et pour marraine, Françoise
Delagroix (parente de sa mère). Il acheta le domaine de Linières et se maria en
1804 avec Félicité du Vigier, divorcée de Charles de Lespinay. Il fut Chef à
l’agence judiciaire du Trésor Royal en 1812 et 1817, et aussi probablement dans la
période antérieure, c'est-à-dire responsable de contentieux au ministère des
Finances, en langage moderne.
Pierre
Louis, baptisé le 10 avril 1775. Il acheta pour 3 000 livres l’église de Saint-Fulgent incendiée pendant la guerre de Vendée, qu’il revendit en 1803. En 1803
il habitait les Roches-Baritaud à Saint-Germain-de-Prinçay, voisin du fermier
général du domaine, Samuel Majou. Il épousa en 1811 Marie Linyer, fille du
procureur de Vouvant. Il acheta à Claude III de Beauharnais une partie du
domaine des Roches-Baritaud en 1816. Les Marchegay achetèrent la moitié du
domaine en 1817. Pierre Louis est mort en 1842 sans enfants.
Louis
René, dit « le Vaillant », baptisé le 2 novembre 1776, et mort sans alliance le 4 avril 1853 au
château du Bignon (Herbiers), qu’il avait acheté en 1828 à Nicolas de Rouault, après
avoir longtemps habité au bourg de Saint-Fulgent. Il avait aussi acheté avec Pierre Ageron, propriétaire
à Fontenay, l’abbaye de la Grainetière. Il fit raser à hauteur d’hommes les deux petites
tours en poudrière qui flanquaient la porte d’entrée et qu’on voyait encore
debout plusieurs années après la Révolution de 1830. Et il acheva la démolition
du clocher de l’église. Il a fait dessécher l’étang considérable qui servait de
poissonnerie aux moines pour l’observance du carême et des jours maigres (63). Au Bignon, Louis René Guyet recevait son neveu,
Guyet-Desfontaines, fils de Joseph, quand celui-ci venait se faire élire député
aux Herbiers, au temps de la monarchie de Juillet. Le château fut vendu en 1854
par les héritiers à Gustave Lelièvre.
Auguste
Jacques, baptisé le 15 avril 1783. Il fut à l’origine de la branche de Grissay,
du nom de la propriété, située aux Essarts, dont il hérita, aussi appelée la Barette. Il se
maria en 1813 à Triaize avec une cousine, Marie Anne Guyet, et ils eurent une
nombreuse descendance. En 1807, il habitait à
Paris chez son frère Joseph, au no 32 de la rue des Moulins. Il était alors
sous commissaire de la marine, dans un emploi de comptable.
Victoire
Adélaïde, baptisée le 17 septembre 1784. Elle se maria en 1815 avec Georges
Sibuet (1767-1828), avocat républicain, nommé juge au tribunal de cassation en 1794
(ancêtre de la cour de cassation), puis juge à Bruxelles et député de l’Aisne
en 1815. Elle est morte à Paris le 29 juin 1834 sans postérité.
Marié tard, mort à l’âge de
soixante ans, C. Guyet n’a pas eu le temps de voir tous ses enfants s’établir.
L’aînée avait alors vingt-trois ans. Elle reçut une bonne instruction, rare à
l’époque pour une fille. Son troisième fils, qui acheta Linières, avait
dix-neuf ans et faisait son droit. Mais la petite dernière avait neuf ans. Ce
sont ses frères, probablement Joseph à Paris, qui lui trouvèrent un magistrat
important pour mari.
Le père aurait pu être fier de la
réussite professionnelle de ses enfants, aussi enfants chéris de la Révolution,
nourris de biens nationaux. Trois d’entre seulement eurent une
postérité durable : Catherine Martineau, Charles et Auguste Guyet. Joseph
n’eut qu’un fils unique, Guyet-Desfontaines, et ce dernier n’eut aussi qu’un
héritier unique, par alliance : Marcel de Brayer, mort sans postérité,
laissant le château et le domaine de Linières à un grand-oncle célibataire
: Amaury-Duval.
On comprend que la succession de
Charles Guyet, ouverte en 1797, a aidé ses enfants à s’établir. Le partage définitif de sa succession et de celle de
sa femme eut lieu le 8 mai 1807 (64). Si son
petit-fils Guyet-Desfontaines a été en son temps le contribuable le plus imposé
de l’arrondissement de la Roche-sur-Yon, il le doit pour une part à son
grand-père Charles Guyet.
On sait maintenant l’énergie que
ce dernier a déployée pour s’enrichir et s’élever dans la société. Il visait la
noblesse, on l’a vu. Il jouissait autour de lui d’une considération méritée. Un
détail est révélateur en ce sens : la prise de possession de la cure de Saint-Fulgent en 1789.
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Fête pour l'installation d'un nouveau curé |
Le curé Mathurin Gilbert était
mort le 9 mars de cette année-là. Ce fut René Limouzin qui finalement le
remplaça, prenant possession de la cure officiellement le 5 mai 1789, suivant
l’acte notarié de Frappier. Ce dernier possédait la charge de notaire de la
sénéchaussée du Poitou en la résidence de Saint-Fulgent, et aussi celle de notaire
apostolique du diocèse de Luçon. Cet emploi était dédié uniquement aux actes
concernant les biens de l’Église, comme une cure. Et la prise de « possession corporelle, réelle et actuelle de ladite cure et église paroissiale de Saint-Fulgent » a été officialisée par le notaire apostolique
Frappier, sieur de la Rigournière. L’acte rappelle la cérémonie à laquelle a
donné lieu cette prise de possession : « toucher de ladite porte, prise d’eau bénite, prières à Dieu faites à
genoux devant le maître de ladite église, baiser dudit autel, toucher du
tabernacle, du pupitre, de la chaise à prêcher, du confessionnal, son des
cloches, séance en la place affectée audit curé de ladite paroisse tant au cœur
qu’au bureau de l’œuvre, chant du Te deum, laudamus, exhibition et lecture des
dites lettres de provision à l’instant rendues audit sieur Limouzin, et par
toutes les autres cérémonies et formalités en pareil cas requises et
accoutumées ». L’acte a été lu à haute et intelligible voix dans
l’église paroissiale par le notaire en présence du vicaire, Louis Brillaud, et
de deux témoins : « maître
Simon Charles Guyet, maître de postes, Louis Merlet, fabriqueur, demeurant
aussi séparément en ce bourg de Saint-Fulgent » (65).
La présence du fabriqueur de la
paroisse parait normale en cette circonstance. Celle du maître de postes a
besoin d’une justification : l’honorabilité et la réputation de l’homme,
par ailleurs écuyer, garde de la porte de Monsieur, et ami du notaire. Ce qui
importe ici c’est de se rappeler qu’elle prend le pas sur la présence d’un des
membres des quatre à cinq familles nobles possédant des fiefs dans la paroisse.
La cérémonie a eu lieu le 5 mai.
Cette date est importante à la fois dans l’Histoire de France et dans la vie de
Charles Guyet, car c’était le jour de l’ouverture des États Généraux à
Versailles, présidée par le roi en personne. On sait qu’en quelques mois ils
enclenchèrent la Révolution française.
La
manne des biens du clergé
Nos deux témoins à la prise de
possession du curé Limouzin, Charles Guyet et Louis Merlet, vont devenir ses
plus fervents partisans à Saint-Fulgent. Le premier va profiter de la vente des biens
d’église. Il aura cependant un concurrent redoutable désormais, Agnan Fortin,
seigneur de Saint-Fulgent et habitant de Nantes. Héritier de la fortune de ses
parents, bâtie à partir de l’exploitation, avec des esclaves, de sucreries dans
la partie Est de l’île de Saint-Domingue, maintenant Haïti, il avait acheté la
terre et châtellenie de Saint-Fulgent en 1769. Vers 1775, Agnan Fortin avait
commencé à restaurer le vieux manoir, et il aida à cette époque au financement
de travaux dans l’église de Saint-Fulgent (66).
En novembre 1789, il acquit de
Perrine Bruneau, la veuve d’Abraham de Tinguy, seigneur de la Sauvagère, les
métairies de la Chevalleraye et de la Boutinière à Saint-André-Goule-d’Oie,
moyennant 22 000 livres (67). Charles Guyet était pourtant le parrain de
la dernière fille, Jeanne Henriette, née en 1761, d’Abraham de Tinguy, mais
cela n’a pas suffi pour acquérir les deux métairies en vente. Fortin l’a
emporté, comme il l’a fait plus tard pour acquérir la métairie de l’Oiselière à
Saint-Fulgent, vendue en tant que bien national. Les premières enchères pour
celle-ci avaient démarré à 39 900 livres, Charles Guyet était monté à
56 900 livres et l’adjudication définitive de l’ancien prieuré se fit à
57 000 livres au bénéfice d’Agnan Fortin, le 20 janvier 1791.
Mais Charles Guyet réussi à
acquérir des métairies de l’abbaye de la Grainetière dans les ventes du début
de l’année 1791 (68) :
24 janvier 1791 : ferme de
la Rajolière pour 34 200 F et de la Gallardière pour 10 000 F
5 février 1791 : domaine de
la Grange pour 39 300 F
11 février 1791 : domaine de
Baufraiserie pour 18 000 F
21 février 1791 : ferme de
la Brosse pour 36 400 F
9 mai 1791 : borderie du
Chiron pour 2 225 F
À Ardelay il acquit aussi la
métairie de la Richelière, suivant un bail que nous avons relevé. Il en est de même pour la
métairie de la Basse Frapperie (Herbiers), estimé de revenus annuels de 700
livres en 1792. Et il acquit aussi la borderie de la Grainetière (69).
En dehors des biens de l’abbaye
de la Grainetière, il acquit aussi la ferme de la Rambardière ayant appartenu
aux bénédictins de Mortagne, le 25 février 1791, pour 33 200 F.
Il acquit aussi pour 1 200 F
un pré et un champ à Sainte-Florence-de-l’Oie, provenant du prieuré de cette
paroisse.
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André Astoul :
Marais
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Dans les ventes de biens
nationaux conservées aux Archives de Vendée, on trouve la vente de deux
« cabanes » ayant appartenu au « ci-devant chapitre de Luçon », où Charles Guyet est intervenu.
Dans l’une, le 28 novembre 1791, un négociant nantais a emporté la vente devant
lui, et dans l’autre il a acheté au nom et pour le compte d’un autre négociant
nantais, Barthelemy, le 13 février 1792 (70).
Malgré ces déboires pour l’achat
de biens nationaux dans le Marais Poitevin, il put y faire des acquisitions. Il
acheta trois cabanes (noms donnés aux métairies dans le marais) : le Chapitre,
la Loge du Chail, situées sur la commune de Champagné-les-Marais, et la Rabandière située à Luçon. Sur Champagné-les-Marais, sa femme possédait en biens propres les cabanes
de la Balise et de la Maison Neuve, ainsi que des marais salants (71).
Il fit affaire avec René Robin,
de Sainte-Florence, l’acheteur de l’église de Saint-André-Goule-d’Oie. Il lui acheta
six ha de landes à Sainte-Florence le 22 juin 1791 pour 700 livres. Un an plus
tard, les deux hommes s’accordèrent, pour des raisons que nous n’avons pas
comprises, pour annuler cette vente (72). Le domaine s’appelait les landes du
Quarteron, et était situé à l’emplacement, qui est devenu ensuite en partie les
carrières des Lombardières. R. Robin l’avait récemment acquis d’un nommé
Bouhier, qui lui-même l’avait acquis de l’administration, après confiscation des
domaines à la cure de Sainte-Florence.
Charles Guyet a été victime de la
circulation de faux assignats en 1792. Pour faire un paiement à Montaigu, il présenta
2 assignats de 2 000 livres chacun qui furent reconnus faux. Verbalisé, il se
justifia de les avoir reçus de son frère de Paris. Le directoire du district
écrivit à Pétion, maire de Paris, pour faire faire des vérifications. Il semble
que l’affaire s’arrêta là (73).
Dans les débuts de la
Révolution
Le 17 mai 1791 (vue 151) Charles Guyet
maria dans l’église de Saint-Fulgent sa fille aînée, Catherine, à Étienne Benjamin
Martineau, jeune médecin originaire de La
Chapelle-Thémer, dans la plaine du sud Vendée à côté de Sainte-Hermine. C’était un partisan de la Révolution, comme beaucoup
de monde autour de lui, sauf que lui le resta. Les futurs mariés seront « époux
communs en tous biens meubles, acquêts et conquêts immeubles (74) dès le jour de leur bénédiction nuptiale
suivant et au désir de la coutume de celle de la province du Poitou, sous
l’autorité de laquelle ils contractent, quand bien même ils iraient faire leur
demeure en d’autre province. », par contrat signé la veille chez le
notaire, devant tous les membres des deux familles, oncles et cousins compris.
La mère du marié, veuve à cette date, donna 2 000 livres en argent et une
rente annuelle de 1 000 livres. Charles Guyet donna 6 000 livres en
argent, payable à noël prochain, et une rente annuelle de 1 500 livres. À titre de comparaison, deux mois plus tard le gendre du maire de Saint-André-Goule-d’Oie et le régisseur de Linières, mariant leurs enfants dans le même type de
contrat, apportèrent chacun 600 livres aux jeunes mariés.
En 1791 Charles Guyet est
membre de la première municipalité de Saint-Fulgent, élu l’année précédente, son
ami Frappier étant maire, mais cela ne préjuge pas de ses opinions politiques à
cette date. Robin (huissier) et Morlière sont aussi membres, Bellet
(notaire) est secrétaire et Garnaud (avocat et fermier) est procureur (75).
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Une certaine vision du serment ... |
Déjà des tensions
politiques
étaient apparues à la fin de l’année 1790 à Chauché et
Saint-André-Goule-d’Oie. Le dimanche 13 février, le curé
et le vicaire de Saint-Fulgent avaient refusé de prêter serment à la constitution
civile du clergé. Frappier, le maire de Saint-Fulgent avait pénétré dans
l’église ce jour-là pour en faire le constat. Suite à son procès-verbal,
l’accusateur public du tribunal du district de Montaigu avait porté plainte contre
le curé Jean Louis Gourdon, le 24 mars suivant. Des dizaines d’années plus
tard, l’affaire ayant choquée, et Martineau s’étant comporté comme un
extrémiste pendant la guerre de Vendée, des historiens racontèrent qu’il
intervint pour apostropher le curé dans l’église au jour du serment. Les
recherches historiques de l’abbé Boisson, ancien aumônier de l’hospice de Saint-Fulgent, présentent l’affaire sous un jour différent : l’implication de
Martineau ce jour-là est très douteuse. Voir notre article publié dans ce site en
octobre 2016 : Le refus de prestation de serment du clergé de Saint-Fulgent en 1791. Le refus de prestation de serment du clergé de St Fulgent en 1791.
La
religion se trouvait alors au cœur de la politique. C’est le même curé Gourdon
qui maria Martineau. Il était pourtant remplacé par un nouveau curé jureur,
Baudry, élu par le district de Montaigu le 10 mai, mais pas encore installé.
Gourdon signera pour la dernière fois sur le registre paroissial le 5 juillet,
se cachant ensuite comme son vicaire Brillaud. Il avait remplacé le curé Limouzin
le 20 septembre 1790, décédé quatorze mois après sa prise de fonction.
L’engagement politique de Charles
Guyet n’est pas parvenu à la postérité, jusqu’à son élection comme électeur du
canton de Saint-Fulgent en septembre 1792. Il semble qu’il y ait eu un renversement de
situation fin 1792 à Saint-Fulgent avec le nouveau maire élu, Louis Chateigner,
notaire. Or il avait été emprisonné en 1791 par Martineau (76), commandant les gardes nationaux
de la commune. De plus, de
nombreuses naissances, qui avaient été dissimulées au curé jureur Baudry, sont
déclarées au nouvel élu, bénéficiant de la confiance de la population. Ces deux
faits sont des indices forts de l’appartenance de Louis Châteigner, maire de
1792 à 1793, au camp opposé à la municipalité précédente de Frappier et de
Guyet, plus « patriote ». D’ailleurs deux membres de cette dernière s’engageront
clairement plus tard du côté républicain : Pierre Robin sera agent de
Saint-Fulgent dans la municipalité cantonale le 2 vendémiaire an 5 (septembre
1796), et Morlière son adjoint (77).
On se souvient que le suffrage électoral
instauré alors s’exprimait à deux degrés. Les assemblées primaires des « citoyens
actifs » des cantons, représentant environ 60 % des hommes de plus de
vingt-cinq ans, ont d’abord désigné leurs électeurs, neuf pour le canton de Saint-Fulgent. Ceux-ci se sont réunis ensuite au chef-lieu du département à Fontenay-le-Comte pour élire les députés, les juges, l’évêque et les membres de
l’administration départementale.
Charles Guyet a été élu électeur
du canton de Saint-Fulgent en 1792, appartenant au camp des révolutionnaires,
ainsi que l’ancien fabriqueur de la paroisse Louis Merlet, le gendre médecin Étienne Martineau et le nouveau curé constitutionnel, Jean Baptiste Baudry. Les
procès-verbaux de ces élections primaires ont disparu en Vendée, mais si on se
réfère à la pratique constatée en Loire-Atlantique, la participation électorale
était d’environ 10 %. Ce qui explique que les électeurs cantonaux de Saint-Fulgent appartenaient en majorité au camp révolutionnaire, à l’inverse de la population. Celle-ci se refusait à participer
à un scrutin organisé par les révolutionnaires.
À la différence de son gendre
Martineau ou de Louis Merlet, Charles Guyet n’a pas laissé de trace d’actes
politiques même après son élection, ni aucun écrit de lui, ou sur lui non plus.
Dans ces conditions il est difficile d’évoquer son engagement politique. Et
pourtant son choix du camp de la Révolution, après avoir acheté une charge
portant le titre d’écuyer très peu d’années avant 1789, pose question. Dans le
camp des contre-révolutionnaires, on pourrait évoquer la jalousie pour
expliquer son choix. On a vu certains de ses contemporains aspirer à un titre
de noblesse puis s’enthousiasmer pour la même raison au principe d’égalité,
permettant l’abolition d’une classe sociale trop inaccessible. Dans la même
veine, on pourrait évoquer, avec toutes les nuances possibles, un caractère opportuniste
ou arriviste. Dans le camp des révolutionnaires en revanche, on trouvera
naturel que les réformes de l’assemblée constituante aient pu séduire un
bourgeois ayant durant toute sa vie cherché à faire fortune et à s’élever dans une
société politique globalement archaïque, à bout de souffle et surtout incapable
de se réformer.
De plus, il ne faut pas voir les
luttes religieuses de l’époque comme opposant des croyants et des athées, comme
un siècle plus tard au temps du combat pour la laïcité. Ces luttes politiques
ont surtout divisé des croyants, conduisant un certain nombre d’entre eux
ensuite à l’abjuration, voire aux sacrilèges les plus débridés et à l’invention
d’un culte concurrent, fruits de la radicalisation de la Révolution.
Une fin tragique
Charles Guyet est mort le 15 mars
1793, victime des premières outrances meurtrières massives de cette radicalisation
en Vendée. Il avait été massacré la
veille à Saint-Vincent-Sterlanges par les insurgés vendéens, dans les premiers
jours du soulèvement. Il y fut inhumé le 16 mars à
Saint-Vincent-Sterlanges. C’est un acte de notoriété qui nous l’apprend, rédigé à la
demande de son gendre Martineau, ayant trouvé des témoins de sa mort (78). Daté
du 25 juin 1795, on le trouve dans les archives d’un notaire de Luçon, J. C.
Pillenière, un parent du premier mari de l’épouse de C. Guyet. Ils sont cinq
témoins qui « ont déclaré avoir parfaitement connu le citoyen
Charles Simon Guyet maître de poste à Saint-Fulgent, district de Montaigu,
département de la Vendée, qui est tombé au pouvoir des rebelles et a été
massacré par eux le quatorze mars mil sept cent quatre-vingt-treize en la
maison de Durand aubergiste du Chapeau Rouge à Saint-Vincent-Sterlanges, et est
mort de ses blessures le lendemain quinze du dit mois de mars ».
La date de sa mort l’exonère de toute responsabilité directe dans les
drames de la Vendée militaire à Saint-Fulgent et le classe parmi leurs victimes. Les
circonstances de sa mort ont fait partie de l’héritage laissé à ses enfants,
confortant notamment son gendre Martineau, s’il en était besoin, dans son
combat contre la noblesse, le clergé et la monarchie.
Ce massacre pose aussi une question :
n’a-t-il pas été victime d’une certaine jalousie des paysans voulant se venger
d’un « accapareur » de biens nationaux ? L’acte en serait
emblématique, et on sait que cette question est centrale pour beaucoup d'historiens. Dans un livre récent de vulgarisation sur la Révolution
française on lit que «
la guerre de
Vendée, à partir de mars 1793, est moins un soulèvement royaliste qu’une
révolte des populations paysannes frustrées, qui ne profitent pas de la vente
des biens nationaux, dont les bénéficiaires sont principalement les gros
fermiers, négociants, fabricants, hommes de loi et autres notables fortunés »
(79). On ne peut pas écarter l’idée que cette cause a pu exister dans certains
endroits (80). Mais dans le district de Montaigu, les premières ventes des
biens confisqués aux immigrés ont commencé
en mars 1795, soit deux ans après le début des combats
des insurgés. Quant aux ventes des biens du
clergé, c’est le seigneur local qui a presque tout acheté à Saint-Fulgent. À Saint-André-Goule-d’Oie ces ventes ont rencontré une opposition de
principe en 1790. Pour le détail nous envoyons à notre article publié en
mars 2017 : La vente des biens du clergé à Saint-André-Goule-d’Oie.
Agnan Fortin (1727-1798), le
seigneur de Saint-Fulgent et de Bellanton (à Thouaré sur la rive droite de la
Loire, près de Nantes), alors en retraite, a raflé la mise à Saint-Fulgent en 1791,
ne laissant que l’église à acheter par un fils de Charles Guyet. S’il y eut des
envieux, ce dernier a pu en faire partie quand on se souvient de l’achat du
prieuré de l’Oiselière, et peut-être à un degré qui pourrait expliquer beaucoup
de choses. Les parents d’A. Fortin et de sa femme avaient exploité des
sucreries aux Antilles, et jusqu’à la révolte des esclaves en août 1791 il en
toucha des revenus confortables. Mais, comme dans les plus anciennes familles
de la noblesse, il s’était engagé dans l’armée, les mousquetaires gris de la
maison du roi, avait été capitaine de cavalerie, honoré de la distinction de chevalier
de Saint-Louis, et son fils aîné émigra comme un bon royaliste. Il est resté à
Nantes pendant la guerre de Vendée, mais son château de Saint-Fulgent a été brûlé
par les « bleus » le 22 septembre 1793. Il apparaissait avant tout comme
un membre de la noblesse pour les habitants de Saint-Fulgent et des environs. Il put sauver les biens de son fils de la confiscation, malgré son émigration, en négociant avec les autorités républicaines en 1798,
à la veille de sa mort (81).
Les acquisitions de métairies de l’abbaye de la Grainetière à Mouchamps et à Ardelay par Charles Guyet, ne pouvaient pas engendrer d’envie dans la population de Saint-André-Goule-d’Oie à cause de leur éloignement. Mais elles ont pu générer une hostilité de principe une fois connues, assimilant leur propriétaire à ceux qui avaient osé acheter des biens du prieuré de Saint-André-Goule-d’Oie. L’esprit partisan étant ce qu’il est, on a dû tout reprocher à Charles Guyet à partir de ses opinions seulement, surtout qu’il était un homme en vue et respecté. De plus, on ne peut pas s’empêcher de penser que la réputation de son gendre, perçue comme odieuse par les paysans, a pu le desservir. Pour autant que ce fût connu, on a pu lui reprocher, peut-être, ses acquisitions de biens d’église. Mais de là à faire de ce reproche l’origine de la révolte, l’explication paraît bien surprenante aux regards des faits connus à Saint-André-Goule-d’Oie.
Une autre question s’impose aussi à nous sur la cause de sa mort. On se souvient que quatre ans plus tôt des femmes des Essarts avaient attaqué un convoi de blé lui appartenant, alors que régnait une disette grave.
N’était-il pas perçu comme un
profiteur et un exploiteur ? On sait qu’il était devenu
un important marchand de grains à Saint-Fulgent (82). Un autre marchand de grains aux Essarts, Merland, n’a-t-il pas été assassiné lui aussi à la même date ? Ce ne sont pas des exemples isolés. François Bonnin, « officier municipal de Mormaison, fut pris à son poste à la maison commune dudit lieu, emmené par les rebelles à Rocheservière, où ils l'assassinèrent au pied de l'arbre de la Liberté », le 11 mars 1793 (83).
Les motifs de ces assassinats de bourgeois républicains au début de la guerre de Vendée peuvent-ils s’analyser avec précision compte tenu du peu d’éléments dont nous disposons ?
S’ils avaient été nobles, l’affaire
serait entendue, et l’explication à portée de mains. En tant que républicains,
en revanche, on aurait désigné jadis la barbarie des assassins royalistes,
aveugles et manipulés par les nobles et les prêtres suivant le refrain de
l’époque. Au-delà de ces deux approches
militantes, on ne peut pas passer sous silence les deux questions soulevées de
la jalousie envers l’acheteur de biens nationaux, et de la haine envers le spéculateur
sur les grains. Encore faut-il pour y répondre en revenir aux faits d’abord.
La veille de sa mort, le 13 mars,
une troupe de deux cents gardes nationaux avait été mise en déroute par les
paysans de Saint-André-Goule-d’Oie, à l’entrée du bourg de Saint-Fulgent. Charles
Guyet et Benjamin Martineau, son gendre, voulaient rejoindre les troupes
républicaines, fuyant en direction de Fontenay-le-Comte, ne se sentant plus en
sécurité chez eux à Saint-Fulgent. À ce stade des événements, on voit bien que la
révolte avait pris des proportions dramatiques. Louis Merlet et le curé
constitutionnel de Saint-Fulgent ont été faits prisonniers par les révoltés, eux.
Et ils furent libérés en octobre 1793, grâce au fameux geste de pardon de
Bonchamps.
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Saint-Vincent-Sterlanges |
S’il a été tué dans un combat
autour de l’auberge du Chapon Rouge, étant dans les rangs des républicains en
fuite, au lieu d’être fait prisonnier, Charles Guyet a payé de sa vie sa
présence parmi eux. Cependant l’hypothèse d’un règlement de compte visant
Charles Guyet en personne est probable, à lire la déclaration de notoriété qui
a été rédigée, sous l’inspiration de son gendre Martineau qui l’accompagnait
probablement. Il est dit qu’il est tombé d’abord aux mains des rebelles,
lesquels l’ont ensuite massacré.
Il est donc mort pour avoir été
républicain au sens de 1793 à Saint-Fulgent, et il apparaît difficile de faire la
part de la jalousie ou de la vengeance dans la haine qui lui a été fatale. En
revanche, il faut noter que l’on compte dans la contrée des victimes emblématiques
de la guerre civile chez les bourgeois républicains, alors qu’on protégea les
nobles. C’est d’autant plus singulier que l’histoire de la contrée est
dépourvue de révoltes paysannes ou autres jacqueries. Le même Charles Guyet, malgré son métier de marchands de
grains et ses acquisitions, n’eut pas été tué à Saint-Vincent-Sterlanges s’il
avait été royaliste. Dans les mêmes familles Bordron (Saint-André) et
Cailleteau (Chauché), les opinions politiques de ses membres les ont orientés
différemment dans la guerre de Vendée. Pour comprendre les motivations à l’époque,
non seulement l’humilité s’impose, mais plus encore l’acceptation d’une part d’ignorance.
En conclusion, il apparaît que
Simon Charles Guyet a montré tout au long de sa vie des capacités qui méritaient
mieux que les médiocres combines de l’Ancien Régime pour être reconnues et valorisées.
Il a su apporter à cinquante-six ans son soutien actif aux voies politiques nouvelles
ouvertes depuis peu. Et il est mort victime des impasses mortifères où ces
voies politiques nouvelles ont été dirigées, c’est-à-dire vers une guerre
civile. Son destin n’est pas singulier certes, il est même très représentatif
de son époque. Mais sa vie nous entraîne à la découverte d’un pays étonnant et lointain,
situé à seulement un peu plus de deux siècles de distance pourtant : Saint-Fulgent de
1733 à 1793.
(1) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé
boisson : 7 Z 64, les Montaudouin, lettres de Frappier à Thomas René Montaudouin
des 21 février et 21 mars 1781.
(2) Archives de Vendée, chartrier
de la Rabatelière : 150 J/G 44, lettre d’envoi du
11-1-1787, du registre paroissial de Saint-André-Goule-d’Oie de Pierry à
Frappier.
(3) Lettre de J. V. Goupilleau à
son frère du 21-11-1792, M. Ehlermann-Gandrillon, l’Aveuglement. Lettres du révolutionnaire vendéen Jean Victor Goupilleau 1791-1795, Éditions du CVRH, 2023, page
231.
(4) Archives de Vendée, notaire
des Herbiers, J. M. Graffard (fils) : 3 E 020, répertoire 1776-1793, le
9-4-1792 (vue 84/92).
(5) Archives de Vendée, notaires
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, lettre du fils du notaire Frappier du
15-8-1800, annexée à l’acte d’arrentement du 20-11-1782 d’une petite borderie à
la Rabretière des Essarts par Marie Anne Joussaume à Jean Seillé.
(6) Archives du
diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 20, notes sur la famille
Frappier.
(7) Vente du 14-10-1806 d’une
masure dans le bourg de Saint-Fulgent par J. A. Frappier, Archives de Vendée,
notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/22. Aussi : 3 E
31/24, bail à rente du 21-6-1809 d’une maison dans le bourg de Saint-Fulgent
par J. A. Frappier, et vente du 7-7-1809 d’une masure et autres dans le bourg
de Saint-Fulgent par J. A. Frappier.
(8) Maurice Maupilier,
Des
étoiles au Lion d’Or, Saint-Fulgent sur la route royale, Hérault Éditions
(1989), page 80.
(9) Journal inédit de Dangirard, Éditions du CVRH 2008, page 227. Merci
à M. Guibert de m’avoir signalé l’information.
(10) 7 Z 20, famille Guyet, sous-ferme du 1-4-753 de la métairie du
Coudray par Louis Guyet à Pierre Guedon.
(11) www.famillesvendeenns.fr, famille Guyet.
(12) Archives de Vendée, Chartrier de Roche-Guillaume, famille
Moreau : 22 J 29, lettre de P. de Vaugiraud à Mouton le 17-7-1727 au sujet
de la métairie du Pinier.
(13) Entérinement du 19-1-1753 du testament de
Jacques Soulard, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent,
Thoumazeau : 3 E 30/114.
(14)
Reconnaissance du 21-11-1767 d’une rente de 100 £ à Catherine Tricouere par le
comte Mesnard, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau :
3 E 30/119.
(15) T. de Tinguy, La maison de Tinguy notice généalogique et
historique, Poitiers (1896), page 59
(archives de University of Toronto). Voir aussi le site internet de la maison
Tinguy.
(16)
Ferme du 25-5-1772 de la seigneurie de Saint-Paul-en-Pareds à Guyet, Archives de Vendée,
notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(17) Acte de décès du 19-11-1811 de Jacques
Guyet : Archives privées Fitzhebert (dossier no 9).
(18) Idem (9).
(19) 7 Z 20, famille Guyet, lettre de Guyet du 28 août 1787.
(20) Archives de Vendée, BIB
1415, Mémoires de la société des Antiquaires de l’Ouest, 1961, L. Merle, la vie et les œuvres de Jean Gabriel Gallot
(1744-1794).
(21) Testament d’Isidore Guyet, Archives nationales,
notaires de Paris : MC/ET/XIV 839.
(22) Actes testamentaires de Laure Longuemare, veuve
Charles Louis Guyet, Archives nationales, études notariales de Paris, Me
Pitaux : MC/ET/XIV/850.
(23) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de
propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6,
pages 1, 8, 23, 49, 63, 64, 75, 86, 93, 100.
(24) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé
Boisson : 7 Z 20, famille Guyet, vente en 1768 par Jacques Tricouere à
Charles Guyet d’une part indivis de Marie Tricouere, de domaines dans le bourg
de Saint-Fulgent, la Clavelière et Bazoges.
(25) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/7,
échange d’un jardin et d’un petit champ à Saint-Fulgent entre le curé du lieu
et C. Guyet, le 16-6-1773.
(26) Maurice Maupilier, Des
étoiles au Lion d’Or, Saint-Fulgent sur la route royale, Hérault Éditions
(1989), page 99.
(27) Situé entre la Brossière et la Ridolière, ce moulin fut un lieu de rassemblement des jeunes de Saint-André-Goule-d’Oie lors de leur soulèvement de mars 1793. Le cadastre napoléonien fixa le nom en Briand.
(28) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150
J/G 117, déclaration roturière du 21-1-1774 de Louis Trotin pour domaines au
Clouin.
(29) Acte de notoriété du 28
thermidor an 12 (16-8-1804) par devant Chambette notaire à Paris :
Archives privées Fitzhebert (dossier no 1).
(30) Archives du
diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du
23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume
de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, pages 41, 60, 59.
(31) Partage du 18-10-1779 de la
succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 57, Archives
de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(32) Bail de Morenne (Sainte-Cécile) du 19-7-1772 de C. Guyet à Bernier et
Robin, Archives de Vendée, étude de notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3
E 30/6.
(33) Archives nationales, chartrier de
Thouars : 1 AP/1135, saisie féodale du 15-5-1751, de la baronnie des
Essarts.
(34) De Grimoüard, Étude sur le prieuré des Mignon (novembre 2001), archives privées.
(35) Archives nationales,
chartrier de Thouars : 1 AP/1135, saisie du 9-9-1757 de la baronnie des
Essarts.
(36) Quittance du 22-1-1763 du rachat
payé aux Essarts pour Languiller, Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière : 150 J/F 8.
(37) Amblard de Guerry, Chavagnes
communauté vendéenne, Privat (1988), page 102.
(38) Archives de Vendée, fichier historique de
l’abbé Delhommeau, Saint-Martin-des-Noyers, 1 Num 47.
(39) Archives de Vendée, fonds de
Vaugiraud : 22 J 31, quittance du 30 décembre 1708 à la Grainetière de
Chautard pour l’Oiselière.
(40) Archives de la Vendée, archives de la Barette : 2 MI 36/3, ferme du 6-11-1754 de la Barette à Girault sieur de la Claverie.
(41) G. de Raignac, De châteaux en logis, itinéraire des familles de la Vendée, Éditions Bonnefonds T8, page 200.
(42) Visite de la Barette du
23-4-1772, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des
archives de la Barette : 8 J 87-2, page 163.
(43) Archives de la Vendée, archives de
la Barette : 2 MI 36/3, ferme du 6-11-1754 de la Barette à Girault sieur
de la Claverie.
(44) Partage du 27 janvier 1708
de la succession de Pierre du Plantis entre ses enfants, Archives de Vendée,
chartrier du Landreau, généalogie du Plantis : 32 J 40, vue 123.
(45) Recueil général des lois et des arrêts en
matière civile, 1e série,
2e volume Paris 1843, page 49 : Cour de cassation du 8
nivôse an 13, Lambert/Lépinay.
(46) Bail de la Barette du
19-10-1789, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des
archives de la Barette : 8 J 87-2, page 167.
(47) Idem (30).
(48) Ferme du 30-8-1768 de
l’auberge du Lion d’Or à Saint-Fulgent, Archives de Vendée, notaires de
Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120.
(49) Archives de Vendée, notaire
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/8, partage du 4-8-1783 de la succession
d’Alexis Herault aubergiste entre les consorts Herault voituriers et Bénigne
Planchet sa veuve.
(50) 3 E 30/8, acte du 19 juin 1776 où
Alexis Hayraud est aubergiste au Chêne-Vert. Et 3 E 30/13 : acte de l’année 1790 où la veuve Papin est
aubergiste du Chêne-Vert.
(51) Archives de Vendée, notaires
de Montaigu étude F, J.-M. Brethé, achats du mobilier et meubles par les frères
Guyet à la veuve Sapin le 3 frimaire an 12 (25-11-1803), vue 81.
(52) R. Valette, Mémoire de la
Société des antiquaires de l’Ouest (1885), page 309. Pour l’assassinat du comte
de Beaumont, voir : Emmanuel François, Les
châtelains de Linières à St André Goule d’oie (2009), page 96.
(53) François de Paule La Garde, Traité historique de la souveraineté du roi et
des droits en dépendant, Paris (1754), Volume 2, page 3.
(54) Jean Baptiste Denisart, Collection de décisions nouvelles et de notions
relatives à la jurisprudence actuelle, Paris 7e édition (1771) Tome 3, page 484.
(55) Rapport de M. Montesquiou à l’assemblée
nationale, Moniteur, 11 et 19 et 30 septembre 1791. Il est cité par Charles
Bataillard, dans son traité, Du droit de propriété et de transmission des
offices ministériels, Paris (1840), page 56.
(56) Charles Bataillard, Du
droit de propriété et de transmission des offices ministériels, Paris
(1840), page 56.
(57) Archives de Vendée, notaire des Herbiers, Marceteau :
3 E 020, acte d’arrentement sur une maison et jardin au bourg des Herbiers à
Boidet, du 27-9-1782 (vue 13/408).
(58) Caution du 28-8-1787 de C. Guyet pour Barbanson en faveur de Mager,
Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12.
(59) Archives de Vendée, notaire des
Herbiers, Graffard fils : 3 E 020, acte de cautionnement de Durand pour
Mager (créancier) et Guignard (débiteur), du 10-11-1786, (vue 227/293).
(60) Archives de Vendée, annuaire de la Société
d’Émulation de la Vendée (1913), soirées vendéennes, page 50, vue 29. Merci à
J. P. Guibert pour cette information.
(61) Arrentement
du 23-7-1773 par Henri Noël
Baudry, de la métairie sise au Bois-Jaulin (Essarts), Archives de Vendée,
minutier ancien des Essarts, étude (A), Louis-Marie
Landais, 3 E 13 1-7, vues 5/66.
(62) Idem (9).
(63) Archives de Vendée, Fonds
Bousseau et famille de Grandcourt : 42J/19, dossier Guyet. Et L.
Delhommeau dans Courrier Français du 24 juillet 1965.
(64) Archives de Vendée, Fonds
Bousseau et famille de Grandcourt : 42J/19, dossier Guyet et Batiot
(65) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E
30/12, prise de possession de la cure de Saint-Fulgent par le curé Limouzin, le 5-5-1789.
(66) de Grimoüard, Les Fortin de Saint-Fulgent et de Bellanton, Touraine, Saint-Domingue,
Nantes, Revue Généalogie et Histoire de la Caraïbe, numéro 240 d’octobre
2010. Merci à l’internaute, monsieur Jean Pierre Guibert, pour m’avoir fourni cette
documentation.
(67) Archives de Vendée, notaire
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, vente de la Boutinière et de la
Chevalleraye par P. Bruneau à A. Fortin, le 11-11-1789.
(68) Archives de Vendée, sommier
des adjudications de domaines nationaux faites par le district de
Montaigu : 1 Q 232.
(69) Archives départementales de
la Vendée sous-série 1 Q, répertoire de ventes de biens nationaux antérieures à
la loi du 28 ventôse an IV, district de Montaigu, commune d’Ardelay.
(70) Archives de Vendée, vente de
biens nationaux à Triaize : 1 Q 628 no 663 et 681.
(71) Archives de Vendée, Bureau
des successions de Luçon, déclaration de succession de Catherine Couzin du
20-6-1807 (vue 176.
(72) Archives de Vendée, notaire
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13, acquêt de landes par C. Guyet à R.
Robin du 22-6-1971, et annulation du 3-4-1792.
(73) Lettre de J. V. Goupilleau à
son frère du 30-06-1792, M. Ehlermann-Gandrillon, l’Aveuglement. Lettres du révolutionnaire vendéen Jean Victor Goupilleau 1791-1795, Éditions du CVRH, 2023, page 165.
(74) Biens acquis pendant la vie de la
communauté des époux.
(75) Premières municipalités de Saint-Fulgent,
Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 16.
(76) Dugast-Matifeux, Origines et débuts de l’Insurrection
Vendéenne, p. 179.
(77) Idem (75).
(78) Archives de Vendée, notaires de Luçon, 3
E 48/111-étude I, J. C. Pillenière, acte de notoriété établissant le décès de Charles
Simon Guyet et les circonstances de sa mort, minute notariale du 7 messidor an
3 (25 juin 1795), 2e semestre, (en ligne vues 311-312/416). Voir aussi l’acte de notoriété du 3 avril 1804 du décès de
Simon Guyet, Archives de Vendée, notaire de Sainte-Cécile, étude A,
Gabriel-Jean-Louis Benesteau, 3 E 15 21-2, vue
254 à 255/514.
(79) J. A. Czouz-Tornare, La révolution française pour les Nuls,
First Éditions (2009), page 224.
(80) P. Bois, Paysans de l’Ouest. Des structures
économiques et sociales aux options politiques depuis l’époque révolutionnaire
dans la Sarthe, imp. Le Mans (1960). Néanmoins, pour être convainquant, il
reste à montrer ici que le soulèvement dans le département de la Sarthe est suffisamment
assimilable à ce qui s’est passé dans la Vendée militaire.
(81) Idem (67).
(82) Idem (2).
(83) Archives de Vendée, notaires
de Montaigu, étude A, Pierre-Bernard Gombault : 19 floréal an VI, acte par lequel 6 particuliers attestent
de la mort de François Bonnin le 11-3-1793, vue 73-74.
Emmanuel François, tous droits réservés
Avril 2013, complété en mars 2024