lundi 3 juin 2013

Le prévôt des Essarts

Le prévôt des Essarts

Au Moyen Âge le prévôt était un magistrat, mais on a utilisé le terme dans des fonctions et honneurs les plus divers au fil des siècles. Chez les chanoines le doyen s’appelait aussi parfois prévôt, élu comme chef par ses pairs, à côté du chancelier, du chantre, du trésorier, chambrier, etc. (1). Au chapitre cathédral de Luçon, il s’agissait d’un titre utilisé pour pérenniser la perception d’un revenu. On avait ainsi le prévôt des Essarts, mais aussi celui de Saint-Michel-en-l’Herm, celui de Mortagne. On disait aussi prévôt-moine dans certains documents (2). Néanmoins le nom de prévôt puise son origine probable dans l’organisation pré-féodale ou féodale des châtellenies au Moyen Âge. Selon l’historien A.-D. de la Fontenelle de Vaudoré, ses travaux remontant au début du 19e siècle, puisant ses sources chez Dom Fonteneau, les prévôts furent d’abord des délégués des possesseurs des domaines en tant que régisseurs et hommes d’affaires, apparus au début du deuxième millénaire. Les colons et les vassaux les prirent souvent pour arbitre car ils dépendaient d’eux. Puis les charges devinrent des titres et leurs districts furent appelés prévôtés. Elles contribuèrent à affaiblir des anciens viguiers et ainsi préparer l’installation des institutions féodales dans les territoires (3). Pour l’administration de son comté d’Anjou de 1109 à 1129, Foulque V utilisait les services de prévôts. Représentants de l’autorité ils levaient les coutumes (impôts), rendaient la justice et menaient les soldats à l’ost (combat). Il en existait un à Thouars, alors provisoirement seigneurie vassale de l’Anjou après 1104 pendant quelques années (4).


Naissance du chapitre-cathédrale de l’évêché de Luçon au 15e siècle


Après la création de l’évêché de Luçon en 1317, par transformation de l’abbaye de Luçon en évêché, des bulles du pape en 1469, 1473 et 1479 ont sécularisé le chapitre de Luçon. Celui-ci était un conseil de prêtres auprès de l'évêque, appelés chanoines, auprès de l’évêque. Les anciens moines, devenus chanoines, pouvaient désormais vivre dans des maisons particulières et non plus dans leur cloître, à condition d’assurer les offices et le culte divin dans la cathédrale. Le chapitre était constitué de 43 chanoines nommés par l’évêque, et présidé par un doyen élu par le chapitre et assisté de 11 dignitaires. Il avait des droits et des revenus distincts de ceux de l'évêque (5).

Le chapitre de Luçon est devenu riche, notamment avec les terres desséchées du marais poitevin à partir du Moyen Âge. Au 18e siècle il possédait la châtellenie de Triaize (4 753 ha aux portes de Luçon, répartie en 20 « cabanes » importantes), le canal de Luçon, voie d’accès à la mer avec ses péages et ses charges d’entretien, une trentaine de prieuré, 323 ha en prés à Luçon, de nombreuses rentes, etc. (5)

Pour prendre un exemple concernant Saint-André-Goule-d’Oie, les deux propriétaires du village et tènement de la Chevaleraye (dont Abraham de Tinguy), ont signé en 1773, devant notaire, une reconnaissance de « rente foncière annuelle et perpétuelle de 12 boisseaux de blé seigle, mesure réduite des Essarts (deux quintaux environ), payée suivant la coutume. », due au chapitre de la cathédrale de Luçon (6). Cette obligation avait été créée au bénéfice du « prieuré de Chavagnes les Montaigu » (en-Paillers), dépendant lui aussi, comme ses voisins de Chauché et des Essarts, de l’abbaye de Luçon autrefois.

La création de la prévôté des Essarts`


À l'origine les prieurés étaient des colonies de religieux, souvent dirigeant des travaux de défrichement dans la région des Essarts, semble-t-il. Pour subvenir à leurs besoins les propriétaires d’alors, c'est-à-dire des seigneurs, les dotèrent de biens et de revenus fixes. Les prieurés s’administraient eux-mêmes sous l’autorité de l’abbaye dont ils faisaient partie.

Les biens appartenant à l’Église ne s’aliénaient pas et étaient qualifiés d’amortis (biens de mainmorte) par le droit féodal. À ce titre ils étaient soumis à des redevances au roi et aux seigneurs, dans des conditions favorables par rapport au droit commun. L'amortissement était devenu à partir du 16e siècle en Poitou une concession du roi. Dans ces conditions, l'administration des biens d'Église en France était soumise à des règles fixées par les canons de l’Église et les ordonnances royales (7).

Le 12 janvier 1468, une partie des revenus du prieuré de Saint-Pierre des Essarts, dépendant de l’ancienne abbaye de Luçon, a été érigée en prévôté, et attribuée à un chanoine de l’église sécularisée de Luçon, Valérien de la Roche (8). Trois siècles plus tard, en 1783, son lointain successeur est le chanoine Bineau, par ailleurs aussi trésorier du chapitre, faisant partie de ses dignitaires. Son prédécesseur, Pierre Angibaud, était mort en juillet 1779. Charles Louis Bineau avait été pourvu de la prévôté par lettres de provisions de l’évêque de Luçon du 28 août 1779 (9). Il était alors vicaire résidant à la Chataigneraie et maître ès arts de l’université d’Angers (humanités et philosophie). Il entra en possession de la prévôté des Essarts par acte notarié du 5 octobre 1779, malgré le refus du doyen des chanoines, au cours d’une cérémonie en l’église cathédrale de Luçon (9). On apprend dans le dictionnaire des Vendéens qu’il gagna un procès le 27 août 1781 contre le curé de Saint-Hilaire-sur-l’Autize, Dury, qui s’était d’abord vu attribuer ce bénéfice. Ceci expliquant sans doute sa prise de possession peu consensuelle.

Dans un acte du notaire de Saint-Fulgent, Frappier, en date du 18 avril 1783, le chanoine Bineau donne quittance du versement de ce qui lui est dû, au titre de prévôt des Essarts, à Simon Charles Guyet (10). L’acte le présente ainsi : « messire Charles Louis Bineau, prêtre, prévôt des Essarts, et chanoine dignitaire de l’église cathédrale de Luçon, demeurant ordinairement en la ville de Mortagne, lequel en sa dite qualité de prévôt a reconnu … ». On comprend ainsi que ce n’était pas un chanoine résident à Luçon. Il ne prenait part à la vie capitulaire que de loin. Chaque chapitre avait son propre règlement, et cette situation y était probablement prévue. 

Un bénéfice était à l’origine un bien attribué à un clerc ou une institution ecclésiastique en raison des fonctions ou services remplis, et pour assurer son entretien. C’est ainsi que le prieuré Saint-Pierre des Essarts avait été pourvu par le baron des Essarts de certains revenus à son profit, provenant de son domaine. Dépendant de l’abbaye de Luçon, l’administration du prieuré des Essarts avait connu un changement avec la création de la prévôté en 1468. Une partie des revenus encaissés serait désormais attribuée directement à un chanoine, nommé à cet effet « prévôt des Essarts ». Pierre d’Apremont avait fait don vers 1200 à l’abbaye de Luçon de l’église de Saint-Thomas et de quelques autres objets qui formèrent plus tard la prévôté des Essarts, une dignité personnelle dans l’église cathédrale (11). Cette dignité s’ajoutait à la fonction de curé primitif de la paroisse des Essarts, déléguant sur place un vicaire perpétuel, le véritable curé en exercice de la paroisse, nommé par l’évêque de Luçon. Ce curé recevait du curé primitif un revenu pour vivre appelé « portion congrue », d’un montant de 300 livres au milieu du 18e siècle conformément à un édit royal. 

La notion de bénéfice ecclésiastique


Les revenus perçus par le prévôt des Essarts avaient leur source dans un droit acquis bien identifié et leur justification dans la nécessité d’entretenir les personnes chargées du culte. Le mot bénéfice pour désigner cette réalité n’avait donc pas le même sens que maintenant. Quant au titre choisi, il faut savoir que sous l’Ancien Régime on a mis le mot de prévôt à « toutes les sauces », si l’on peut dire.

Pour faire vivre les personnes se consacrant à la prière, suivant l’expression convenue sous l’Ancien Régime, les laïcs faisaient des donations de biens et de revenus, constituant les « bénéfices ». L’Église préférait les dons sous forme de rente perpétuelle, plutôt que les pensions. Celles-ci l’auraient rendue trop dépendante du bon vouloir des donateurs. C’est donc la rente qui a été choisie au Moyen Âge pour financer, sous le nom de « bénéfices ecclésiastiques », la majorité des fonctions ecclésiastiques, tant séculières que régulières. Le concile de Trente avait rappelé la consigne : « Il n’est pas bien séant que ceux qui sont admis au service de Dieu soient, à la honte de leur profession, obligés à la mendicité ou contraints de gagner leur vie par un emploi sordide ». 

Mais le débutant dans les ordres n’était pas toujours bien pris en charge. On a l’exemple d’un bourgeois d’Ardelay, qui a constitué une pension viagère au profit de son fils se destinant à la prêtrise. L’acte notarié du notaire de Saint-Fulgent, en date du 17 janvier 1777 (12), transcrit la supplique de « maître Henri Jean Morand, bourgeois demeurant à la Rivière, paroisse d’Ardelay, diocèse de Luçon, » qui « supplie très humblement monseigneur l’illustrissime et révérendissime évêque de Luçon » de recevoir « Pierre Victor Morand, acolyte (13), son fils, … d’être promu et admis aux saints et sacrés ordres de sous-diacre et ensuite à la prêtrise ». Pour faciliter l’établissement de son fils dans son futur état de prêtre, Henri Morand s’engage devant notaire à verser chaque trimestre une pension viagère de 25 livres, non imputable sur son héritage à venir, et gagée sur une borderie qu’il possède et qu’il institue comme « titre clérical ». Mais lorsque son fils « sera pourvu d’un bénéfice suffisant pour remplir son dit titre », son père sera déchargé de la rente et pension viagère annuelle de 100 livres, est-il écrit dans l’acte. La borderie servait de « titre clérical », et le revenu annuel de 100 livres était le montant « ordonné par l’évêque de la Rochelle pour faire à un ecclésiastique de son diocèse le titre clérical et sacerdotal ». C’est ce qu’on lit dans un autre acte de même objet concernant des habitants de Mortagne (14).

Ces « bénéfices suffisants », comme la prévôté des Essarts, étaient nombreux alors. Et en 1779 on nommait donc toujours un chanoine de la cathédrale de Luçon, prévôt des Essarts, pour continuer de toucher des revenus provenant des donateurs de la région. Que ces chanoines soient riches, touchant 3 000 livres de revenus en moyenne par an à cette époque, (15) soit trois fois plus qu’un officier à la retraite, cela ne pouvait juridiquement justifier la remise en cause de ce droit et de ce titre, né plusieurs siècles auparavant. D’autant que les rentes au bénéfice de l’Église étaient inaliénables, sauf conditions particulières.

Le prévôt, curé primitif, et ses revenus


Un mémoire signifié le 2 mai 1767 par Pierre Angibaud, prévôt des Essarts, au tribunal du siège royal de Fontenay-le-Comte nous permet d’entrer dans quelques détails sur ce bénéfice ecclésiastique. Le prévôt dû se défendre d’une demande formée par Jean Chauvin et quelques particuliers, tous de la paroisse des Essarts, de dire ou faire dire la première messe les dimanches et fêtes en l’église de leur paroisse. Sur la forme, le prévôt répondit que ces particuliers n’avaient aucun droit de représenter leur communauté. Celle-ci ne pouvait agir que par le « général » de la paroisse, leur syndic ou fabriqueur à leur tête, en conformité avec la décision d’une assemblée dûment convoquée après autorisation de l’intendant. C’était exact et cela confirme l’existence de la personne morale de la paroisse. Mais plus intéressants sont les développements sur le fond.

Au départ l’évêque de Luçon muta dans une autre cure le vicaire des Essarts qui secondait sur place le curé en exercice, et il ne le remplaça pas « par disette de prêtres dans le diocèse de Luçon ». Les demandeurs sollicitèrent du prévôt, le curé primitif de la paroisse, son intervention auprès de l’évêque pour la nomination d’un nouveau vicaire. L’évêque en promit un à la prochaine ordination de prêtres. Mais quelques temps après, le 16 août 1765, les demandeurs assignèrent le prévôt pour faire dire la première messe des dimanches et fêtes. Le prévôt répondit qu’il n’y était pas obligé et qu’on ne paye un vicaire que s’il est en activité, auquel cas il le ferait payer. Les demandeurs produisirent trois pièces à l’appui de leurs demandes, considérées par le prévôt comme ne lui donnant pas l’obligation demandée de première messe les dimanches et fêtes. C’était le cas de l’ordonnance du 23 janvier 1613 du cardinal de Richelieu, alors évêque de Luçon, fixant seulement les heures des messes le dimanche aux Essarts. Une sentence du 2 décembre 1720 du Présidial de Poitiers renvoyait une contestation entre le prévôt, le curé, 2 chapelains et la fabrique devant l’évêque pour règlement d’un différent. La sentence ne disait rien sur la première messe demandée, non plus qu’un bail du 19 juillet 1753 de la prévôté. Passé avec le sieur Fèvre, le bail fixait la ferme à 1 250 £ par an, sur laquelle somme devaient être prélevées « 300 £ pour le prêtre qui sert la prévôté », c’est-à-dire la portion congrue (16). On n’a pas d’autres documents pour indiquer la suite de l’affaire, mais on peut penser que la position du prévôt dut être confortée.

Église Saint-Pierre des Essarts
Le bénéfice dit de la prévôté des Essarts était composé de redevances et de rentes apparemment, ainsi de la dîmerie tenue en 1606 par Guy de Pont, écuyer seigneur de la Sié et de Layraudie (17). La prévôté des Essarts possédait aussi à cette date un moulin près du bourg des Essarts (17). Ses droits étaient affermés comme l’étaient les seigneuries elles-mêmes. Dans les années 1630 les fermiers étaient Jacques et René Moreau, des bourgeois habitant dans le bourg de Saint-André-Goule-d’Oie. Ils étaient officiers seigneuriaux comme sénéchal ou procureur fiscal, et aussi fermiers, notamment des seigneuries de Languiller et de Belleville. Après la mort de ces deux frères en 1642 et 1644, leur frère Pierre Moreau, prieur-curé de Saint-André, continua les fermes au profit des héritiers dont il était le tuteur. C’est ce qu’on constate dans plusieurs quittances qu’il reçut du prévôt des Essarts jusqu’en 1650 (18). Puis on voit que la prévôté était affermée à Pierre Maillard en 1664, sieur de la Guichardière et La Haye (19).

Chaque année, le prévôt des Essarts recevait du fermier du château, « à la fête de Notre Dame d’août » (le 15 août), les rentes et devoirs suivant :
-        « la rente foncière requérable de 80 boisseaux de blé froment, mesure des dits Essarts, due par ladite châtellenie de l’Aublonnière (Sainte-Cécile) et dépendances au terme de la Notre Dame d’août à la prévôté desdits Essarts,
-        plus la rente aussi foncière de 32 boisseaux d’avoine, mesure desdits Essarts, au terme de ladite fête de Notre Dame d’août, due par ledit château des Essarts à la prévôté dudit lieu, aussi requérable,
-        ensemble (en plus) le devoir de 20 sols par chacun an au même terme. » 

Elles étaient requérables, c'est-à-dire que le paiement se faisait au domicile du débiteur. Le prévôt devait normalement venir chercher ses 20 sols au château des Essarts et prendre à son compte le transport des céréales sortant du château. Ceci se comprend bien à l’origine, quand les rentes du châtelain contribuaient à faire vivre le prieuré tout proche des Essarts. À la mesure des Essarts, les 80 boisseaux de blé équivalaient à environ 1 300 kg, ce qui représente un revenu significatif. Les 32 boisseaux d’avoine pesaient environ 500 kg.

En 1550, messire Mathurin Le Bâcle, prévôt des Essarts, tenait la moitié du village et tènement de la Bichonnière (Chauché), sous l’hommage plein et droit de rachat qu’il rendait à Jean de Plouer, seigneur de la Barette (Essarts), et fils de Mery de Plouer. Jean de Plouer en rendait lui-même hommage à Languiller, à cause de la seigneurie du Coin Foucaud. Sur cette moitié du tènement, le prévôt des Essarts percevait un cens de 3 sols, la moitié des terrages pouvant valoir trois septiers de blés ou environ chaque année, et la moitié des dîmes des bêtes et des laines, qui pouvait valoir annuellement douze deniers ou environ (20).

La Gorelière (Chauché)
Le même Mathurin Le Bâcle tenait directement, à la même date, de la seigneurie du Coin Foucaud le tènement de la Gorelière (Chauché). Il le tenait à foi et hommage plein, à rachat, et à douze deniers de service annuel, par René Guinebaud, écuyer. À cette date le tènement ne totalisait que « 8 septrées de terres ou environ et journaux à six hommes de pré et à dix hommes de vigne ou environ » (20). 

On a relevé aussi que le prévôt des Essarts touchait deux petites rentes dans la seigneurie de la Chapelle Begouin. D’abord à la Borelière vers la fin du 16e siècle, où le montant n’est pas indiqué (21). Ensuite à la Limouzinière, où il perçoit au milieu du 18e siècle 2 livres 6 sols de la part de deux possesseurs de domaines dans les tènements de la Naulière (village disparu à Chauché) et Benetière (Chauché) (22).

Le 10 novembre 1746, le fermier de la prévôté signait une quittance du paiement de la rente annuelle due par le châtelain de la Rabatelière au titre de Languiller et ses dépendances, dont la Chapelle et le Coin Foucaud. Cette année-là le total s’élève à 80 boisseaux de froment, 32 boisseaux d’avoine et 6 livres en argent (23).

On a trouvé une donation par testament faite par le prévôt des Essarts en 1701, Jacques Gaitte, de 100 livres annuelles « pour être employées à former des maîtres d’école ». Le même légua aussi 100 livres à la confrérie de la Charité des Essarts (24). Sa succession fut saisie en 1702 entre les mains de son exécuteur testamentaire, le curé du Tablé, par les héritiers de Jeanne Jeulin, veuve de Joachim Merland, ancien fermier de la baronnie des Essarts. La prévôté devait au fermier en effet les rachats de redevances qu’elle prélevait aux Touches et aux Bouligneaux (Saint-Martin-des-Noyers), et qui se montaient à 600 livres (25).  

La prévôté possédait un bois taillis d’une superficie de 30 arpents (15 ha environ) appelé le Bois Jaulin. Il s’agit probablement du lieu actuellement appelé « Gîte de la prévauté » situé au nord du village du Bois Jaulin et de la Picoterie sur la commune des Essarts. Le roi en son conseil d’État autorisa le 9 octobre 1774 le prévôt des Essarts, Pierre Angibaud nommé ci-dessus, à couper les arbres dans son bois (26). Certes la formule signifiait que le roi n’était pas présent lors de l’arrêt d’une des nombreuses sections compétentes de son Conseil, mais il faut remarquer qu’à l’époque cette décision relevait de l’autorité du gouvernement. La marine de guerre était grosse consommatrice de bois et il en allait de l’indépendance nationale comme on aurait dit deux siècles après, d’où les autorisations préalables, basées sur des inspections des Eaux et Forêts et contrôlées ensuite par elles. Quand on voulait couper des arbres futaies il fallait en faire la déclaration, et en fonction des besoins, des représentants de la marine venaient les visiter et les marteler du sceau de la marine. Leur usage lui était réservé. Cela n’eut pas lieu au bois Jaulin car les arbres étaient mal plantés, de mauvaise qualité, d’essence inintéressante et dans un sol « aqueux et spongieux ». Le Conseil autorisa l’arrachage des arbres et ordonna une replantation suivant des consignes précises. Il autorisa aussi la coupe de 2 chênes près du moulin de Mignon (Sainte-Cécile) sur une pièce de terre dépendant de la prévôté. Même l’usage du revenu de la vente des bois fut décidé par le gouvernement : il devait servir à la replantation d’arbres et à l’entretien du moulin et du four de la prévôté. 

À cause de ses domaines dépendant des Bouchauds, Mathurin Le Bâcle « prêtre chanoine de Luçon prévôt de la Prévôté des Essarts », offrit la foi et hommage aux Assises de Languiller et fief annexes en 1535 pour ses domaines dans cette mouvance. Il avait donné à cet effet une procuration à Mathurin Mosnier (27). D’autres années il est qualifié de chanoine de Curzon. Il fut poursuivi par le tribunal seigneurial les années d’après, jusqu’en 1541, celui-ci siégeant dans cette période dans une salle attenante aux halles des Essarts, appelée le parquet, pour « aveu non baillé ». Il devait en effet le rendre dans les 40 jours après la foi et hommage. À partir de 1542, on le poursuivi en plus pour défaut de foi et hommage à renouveler suite à un changement chez le suzerain (28). Charles de Coucys était le nouveau seigneur de Languiller, au moins en partie, à cause de sa femme, Suzanne de Belleville. Pour ces deux motifs le prévôt sera poursuivi jusqu’en 1545. Le registre des Assises ne sont plus accessibles ensuite jusqu’en 1771, mais on peut penser que la situation se régularisa.       

Le fermier et le baron des Essarts


Le chanoine Bineau donne quittance en 1783 à Charles Guyet devant notaire, chez lui à Mortagne-sur-Sèvre. À la recherche de la fortune de ce dernier, pour comprendre comment son fils a acheté le domaine de Linières en 1800, on trouve des documents intéressants dans les archives notariales, permettant, par exemple, de découvrir la « prévôté des Essart ». Charles Guyet est qualifié dans cet acte notarié de 1783 de « maître des postes royales à Saint-Fulgent, y demeurant, et son fermier du château, baronnie, terres et dépendances des Essarts, dont fait partie la châtellenie, terres et dépendances de l’Aublonnière en la paroisse de Sainte-Cécile ». Effectivement, il a pris en ferme les terres de la baronnie des Essarts auprès de Pierre Louis Corbelin, bourgeois de Paris, adjudicataire général de la terre et seigneurie des Essarts. Cette ferme comprend tous les fiefs, borderies, métairies et autres domaines fonciers qu’il sous-afferme à son profit, ainsi que tous les cens, rentes, charges et devoirs seigneuriaux et féodaux divers qui sont dus à la baronnie. Et elle comprend aussi, dans l’autre sens, les devoirs et charges dus par la baronnie, comme les rentes au profit du chapitre de Luçon.

Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Lorraine

À cette époque la baronnie des Essarts n’a pas de châtelains sur place. Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Lorraine (1644-1724), duchesse de Genève et d’Aumale et baronne des Essarts, dite Mademoiselle de Nemours, avait vendu la baronnie des Essarts à Joseph Marie de Lascaris, marquis d’Urfé (29). Elle était l’épouse de Charles Emmanuel II de Savoie (1634-1675), duc de Savoie et prince du Piémont. Celui-ci était un arrière-petit-fils de René de Savoie (bâtard de la maison de Savoie). La femme de ce dernier, Anne de Lascaris, avait établi en 1511 une substitution graduelle de nom, ordonnant que si les mâles venaient à manquer dans la maison Lascaris, l’aînée des filles devait faire prendre au mari qu’elle épouserait les noms et armes des Lascaris. C’est ainsi que Joseph Marie de La Rochefoucauld, s’appelait officiellement Joseph Marie de La Rochefoucauld de Lascaris d’Urfé, marquis de Langeac (30). Cette précision est indispensable pour reconstituer la généalogie des trois générations de Lascaris qui ont possédé le château des Essarts. Cette vente de Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Lorraine, de concert avec son fils Victor-Amédée II, duc de Savoie, roi de Sicile et de Jérusalem, mérite d’être étudiée de près pour en situer la date, car ce dernier affermait encore la baronnie en 1721 à Jacques Merland, sieur de Champeau (31).

Les biens de la maison d'Urfé consistaient en terres situées dans les provinces du Forez et de Bresse. Mais le marquis de La Rochefoucauld, avec ses 18 000 livres de rentes annuelles, devait en 1704 s’employer à désintéresser les créanciers de son père et de ses frères pour un montant de 80 000 livres. À cause de la guerre contre la Savoie, il ne pouvait pas toucher les revenus de ses terres du Piémont.

Joseph-Marie, marquis d'Urfé et de Bagé, comte de Sommerive (Piémont), mourut à Paris le 13 octobre 1724 à l'âge de 72 ans sans laisser de postérité. Les biens de la maison d’Urfé sont passés entre les mains de Louis Christophe de La Rochefoucauld, marquis de Langeac, du chef de son aïeule Marie Françoise d’Urfé-Lascaris, sœur de Joseph Marie.

Jeanne Camus 
de Pontcarré
Louis Christophe de La Rochefoucauld de Lascaris d’Urfé (1704-1734) se maria en 1724 avec Jeanne Camus de Pontcarré (1705-1775), qui fit beaucoup parler d’elle à cause de ses excentricités et fréquentations (voir Wikipédia). Ils eurent un fils qui mourut en 1742 à l’âge de 15 ans et deux filles, Adélaïde Marie Thérèse, née en 1727, et Agnès Marie, née en1732.  

Alexis Jean du Chastellet épousa en 1754, en secondes noces, Adélaïde de La Rochefoucauld de Lascaris d’Urfé, marquise de Bagé, Langeac, Urfé, comtesse de Saint-Just, Saint-Ilpyce, Arlet, la Bathie et baronne des Essarts. Par son mariage, le marquis du Chastellet s’appela Alexis Jean de Lascaris d’Urfé, marquis du Chastellet et de Fresnières. 

La fortune de la famille était déjà mal en point l’année de ce mariage, subissant des poursuites judiciaires et des saisies. La baronnie des Essarts connue alors une longue période d’administration judiciaire de 1754 à 1787, avant d’être achetée par le marquis Alexis Louis Marie de Lespinay le 3 août 1787. Et c’est pendant cette période d’administration judiciaire que Simon Charles Guyet devint fermier de la baronnie. Celle-ci comprenait notamment un fief situé à Sainte-Cécile, avec ses terres et son moulin à eau, l’Aublonnière. 

Un conflit judiciaire opposait la seigneurie des Essarts avec un de ses vassaux, le baron Jousbert du Landreau, au sujet d’un droit de terrage (32) pour le fief de la Barette. Il était toujours en cours auprès du parlement de Paris, lorsque le baron vendit ce fief situé aux Essarts à Simon Charles Guyet en 1784 (33). 

La fin du prévôt, du fermier et du châtelain


Six ans plus tard la Révolution française allait mettre fin à la prévôté des Essarts. D’abord, les biens de l’Église furent confisqués. La raison en est connue : l’État était en faillite financière et il fallait trouver de l’argent. Les chapitres de chanoines disparurent dans la nouvelle constitution civile du clergé. 

Ruines de l’ancien 
château des Essarts
Tous les chanoines de Luçon, sauf deux d’entre eux, refusèrent de prêter le serment à la constitution civile du clergé. La loi du 26 août 1792 condamna à la déportation tous les prêtres insermentés, et au bagne les récalcitrants qui refusaient de partir. Le chanoine Bineau, ayant refusé de prêter le serment à la constitution civile du clergé, s’embarqua pour l’Espagne aux Sables-d’Olonne, le 9 septembre 1792. Il fut ensuite inscrit sur la liste des émigrés, ce qui entraînait confiscation des biens et condamnation à mort. À son retour, avec l’avènement de Napoléon, il fut nommé curé d’Antigny, la paroisse où il était né. 

Une partie de l’Aublonnière fut acquise par le notaire de Sainte-Cécile, Gabriel Benesteau, qui en était le fermier général depuis longtemps. Il maria sa fille à Jean Guyet, neveu du fermier de la baronnie des Essarts, Simon Charles Guyet. Cette fille héritera de l’Aublonnière, et le neveu deviendra plus tard régisseur du domaine de Linières, appartenant au fils de Simon Charles Guyet.  
Jacques Chateigner habitait la Barette en 1797. C’est à lui que Benjamin Martineau, le gendre de Simon Charles Guyet, donna une procuration pour aller déclarer la succession de son frère, Venant Martineau, mort en combattant au Pont d’Arcole aux côtés de Bonaparte, au bureau d’Enregistrement de Montaigu. 

Les archives du fief de la Barette furent conservées au château de Linières jusqu’à sa démolition. Les archives de Linières furent acquises en 1910 par la marquise de Lespinay, qui prêta au châtelain des Essarts, M. de Rougé, la partie concernant la Barette. Le prêt de cette dernière lui permit d’échapper ainsi à l’incendie d’une partie du château de la Mouhée (Chantonnay). Et c’est pourquoi les archives de la Barette sont maintenant conservées aux Archives de Vendée, tandis que celles de Linières ont disparu dans l’incendie de la Mouhée. 

Simon Charles Guyet, appartenant au camp des révolutionnaires de Saint-Fulgent, tombera « au pouvoir des rebelles et a été massacré par eux le quatorze mars mil sept cent quatre-vingt-treize en la maison de Durand aubergiste du Chapeau Rouge à Saint-Vincent-Sterlanges, et est mort de ses blessures le lendemain quinze du dit mois de mars. » (34).

Le château des Essarts et une partie des bâtiments de la borderie proche furent brûlés par les républicains. Les biens de la baronnie des Essarts furent confisqués à la suite de l’émigration de son propriétaire. L’épouse du marquis Alexis Louis Marie de Lespinay, Henriette de Montault, racheta le château en mars 1798, ainsi que beaucoup d’autres propriétés de son mari et de son beau-père, parmi lesquelles on trouve une partie de l’Aublonnière. 

Le frère du marquis, Charles Augustin, propriétaire de Linières, eut moins de chance. À son retour d’émigration, son domaine avait été racheté par sa femme en 1796, qui le revendit en 1800 à son amant, Joseph Guyet, fils de Simon Charles Guyet, l’ancien fermier des Essarts. Elle obtint le divorce, puis épousa son amant.
Parmi toutes les personnes, les biens, etc. emportés dans la tourmente révolutionnaire, il faut donc compter aussi la prévôté des Essarts.


(1) R. Telliez, Les institutions de la France médiévale, Armand Colin, 2e édition, 2016, page 197.
(2) Archives de Vendée, M. C. Verger, l’aveu de Poiroux du 24 juin 1642, Revue de la Société d’Émulation de la Vendée (1881), page 14 (vue 29).
(3) A.-D. de la Fontenelle de Vaudoré, Recherches sur les vigueries et sur les origines de la féodalité, en Poitou, 1839, Archives de Vendée : BIB 787, page 141 et s.
(4) Christian Thevenot, La légende dorée des Comtes d’Anjou, Orban, 1991, page 221.
(5) De Grimoüard, Étude sur le prieuré des Mignon (novembre 2001), page 2.
(6) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/ 7, reconnaissance d’une rente foncière par de Tinguy et Coutant au chapitre de Luçon sur la Chevaleraye, en date du 24-6-1773.
(7) Autexier, Les droits féodaux et seigneuriaux en Poitou de 1589 à 1789, Lussaud (1947), page 71 et s.
(8) Archives de Vendée, catalogue des cultes, fichier historique du diocèse de Luçon, paroisse des Essarts : 1 Num 47/291 (vue 4/38).
(9) Prise de possession de la Prévôté des Essarts par Bineau du 5-10-1779, Archives de Vendée, notaires de Luçon étude E, J. F. Royer : 3 E 49/36-1, vues 182/183).
(10) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, quittance donnée par le prévôt des Essart à C. Guyet, fermier des Essarts, du 18-4-1783.
(11) Archives de Vendée, Abbés Aillery et Pontdevie, Chroniques paroissiales, Tome 1 (1892), extrait pour le canton du Poiré, page 172.
(12) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/8, rente viagère de Henri Morand, demeurant à Ardelay, à Pierre Morand, acolyte, du 17-1-1777.
(13) Aide le prêtre et le diacre à l’autel dans les offices liturgiques.
(14) Avance d’héritage du 1-2-1766 constituant un titre clérical, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/4.
(15) Ibidem (5).
(16) Mémoire 2-5-1767 du prévôt des Essarts contre Jean Chauvin et autres habitants des Essarts concernant la nomination d’un vicaire dans la paroisse et les charges dues par le prévôt, Archives de Ven7) Aveu du 5-7-1606 pour les terrages de la Menardière, Birets et l’Ossière (Boulogne), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/E 51. Voir aussi : inventaire et partage du 1-4-1703 de la succession de Jeanne Jeullin, veuve Merland, Archives de Vendée, famille Babin et Cicoteau : 25 J/4, page 26 : on y apprend que le farinier s’appelait alors Thomas Testaud.
(18) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 83.
(19) Vidimus des titres de propriété su seigneur de la Rabatelière faits en 1664, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 49, page 2.
(20) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61, aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par Languiller aux Essarts – deuxième copie, page 23.
(21) 150 J/C 81, seigneurie de la Chapelle Begouin, sentence du présidial de Poitiers, René Bégaud contre le seigneur de la Rabatelière, datée vers la fin du 16e siècle.
(22) 150 J/C 16, acte de gaulaiement et supputation de la Naulière non daté (après 1751).
(23) 150 J/A 12-4, quittance du 10-11-1746 du paiement de la rente due par Languiller à la prévôté des Essarts.
(24) A. Baraud, L’instruction primaire en Bas-Poitou avant la Révolution, dans la Revue du Bas-Poitou, 1909, page 68.
(25) Inventaire et partage du 1-4-1703 de la succession de Jeanne Jeullin, veuve Merland, Archives de Vendée, famille Babin et Cicoteau : 25 J/4, pages 29 et 30.
(26) Autorisation du 9-10-1774 de couper des bois de la prévôté des Essarts, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte : B 1254.
(29) C. de Sourdeval, Le général baron de Lespinay, Société d’Émulation de la Vendée (1868), page 126.
(30) Arthur David, Documents historiques sur le Forez, Alexis-Jean de Lascaris d’Urfé, marquis du Chastellet, Imprimerie Chorgnon et Bardiot à Roanne, 1891
(31) Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135, bail du 10-10-1721 de la baronnie des Essarts à Merland.
(32) En Poitou le terrage était un droit de gerbes de blé et de légumes dus au seigneur par le roturier. Accompagné d’un cens, c’était une simple charge foncière. S’il était seul, sans le cens, c’était un droit seigneurial emportant les autres (lods et ventes etc.). [Louis Marquet, Principes généraux de la coutume de Poitou, (Poitiers-1764), page 132].
(33) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, acquêt du fief de la Barette par C. Guyet à Jousbert du Landreau, le 30-10-1784.
(34) Acte de notoriété établissant le décès Charles Simon Guyet et les circonstances de sa mort, minute notariale du 7 messidor an 3 (25 juin 1795) de Me Pillenière, notaire de Luçon, Archives de la Vendée 3 E 48/111-étude I, en ligne vues 311-312/416.


Emmanuel François, tous droits réservés
Juin 2013, complété en septembre 2023

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mercredi 1 mai 2013

Saint-André-Goule-d'Oie en 1550 (Aveu de Languiller)

Il était une fois un aveu de Languiller (Chauché) donnant des informations très intéressantes sur Saint-André-Goule-d'Oie. Il a été rendu le 2 juillet 1605 par Marie du Fou à Marie de Beaucaire, baronne des Essarts.

L’original est un cahier en parchemin de quarante pages. Il a été rédigé en recopiant un dénombrement antérieur du 18 mars 1550 (1), fait par Claude de Belleville au seigneur des Essarts. C’est ce que nous explique son transcripteur, G. de Raignac, qui a reproduit le texte dans ses notes de travail (2). Cela donne l’occasion ici de souligner l’importance de ses travaux pour les générations futurs de chercheurs sur l’histoire de la Vendée. La collection en onze tomes de son livre : De châteaux en logis, itinéraire des familles de Vendée (1977) constitue un atout formidable pour qui veut fouiller dans le passé vendéen.

Le vassal, le suzerain et l’acte d’aveu


Marie du Fou venait d’acquérir la seigneurie de Languiller (avec l’orthographe ancien : l’Anguiller) en 1604, d’Emmanuel de Savoie, mari de Marguerite Belleville-Harpedanne. Languiller était entré au patrimoine des Sainte-Flaive  par mariage vers 1310 (3), et passa ensuite aussi par mariage dans la famille Harpedanne, en même temps seigneurs de Belleville, au début du 16e siècle (3).

Marie du Fou possédait en propre d’autres terres et seigneuries : Champdolent (Charentes-Maritimes), Tour d’Oiré (Vienne), Belleville et Mareuil (Vendée), etc. Elle avait acquis en même temps d’autres fiefs dépendant de Languiller : le Coin Foucaud (Saint-André-Goule-d'Oie), les Bouchauds et la Ramée (Essarts), etc. La région sortait des guerres de religion (1562-1598) qui avaient fait beaucoup de ravages. L’hébergement du Coin Foucaud (nom donné alors au village du Coin, probablement provenant du nom de son fondateur), est en ruines depuis au moins 1405. De même que celui des Bouchauds aux Essarts l’est aussi depuis longtemps. Ces ruines remontent à la guerre de cent ans (1337-1453), ou aux nombreuses guerres civiles dont le Poitou avait été le théâtre depuis.

Ancien château des Essarts : entrée
Après l’achat de ces biens nobles, Marie du Fou avait dû faire sa foi et hommage au seigneur dont ils relevaient, la baronne des Essarts, dans un délai inférieur à un an et un jour suivant la coutume du Poitou. Par l’acte de foi et hommage, Marie du Fou reconnaissait tenir d’elle ses biens nobles. Et dans un délai de quarante jours après la foi et hommage, elle devait lui faire son aveu et dénombrement. Celui-ci était un acte authentique (rédigé par un officier public) contenant la description de toutes les choses et droits tenus du seigneur à foi et hommage. Le présent aveu a été rendu au nom de la dame du Fou par Abel Pineau, son sénéchal de Belleville, Languiller et fiefs en dépendant, auquel elle a donné procuration devant Maurice Normandin et Daniel Varenne, notaires de la baronnie de Mareuil le 2 juillet 1605.

Indiquons tout de suite que les droits seigneuriaux contenus dans un aveu, consistaient en droits perçus lors des mutations de fiefs (ancêtres des droits de succession), et en droit de justice (avec les amendes en cas de condamnation). S’y ajoutaient les corvées dues par les roturiers, et des taxes dues par les possesseurs des terres : cens, rentes, dîmes et champarts (ou terrages). Ces taxes étaient le plus souvent payées en nature sur les récoltes.

Marie était la fille de François du Fou, seigneur du Vigean (Vienne), qui fut gouverneur de Lusignan en 1535, et de Louise Robertet. Elle épousa en 1577 René de Talensac, seigneur de Loudrières, puis en 1585 Charles Eschallard, baron de la Boulaye (Treize Vents) (4). Comme son second mari, Marie du Fou était une protestante zélée.

Quand le roi de Navarre, futur Henri IV, obtint la capitulation de Fontenay-le-Comte en 1587 au profit des protestants, il confia le poste de gouverneur de la ville à Charles Eschallard l’un de ses meilleurs officiers (5), et ami d’enfance à la cour de Navarre. Les premières traces des Eschallard remontent à 1282. Charles était le fils d’Honorat Eschallard, marié avec Lucrèce de Puyguion, et lieutenant de la compagnie de gendarmes du prince de la Roche-sur-Yon, chambellan du roi, chevalier de l’ordre du roi, vice-amiral de Guyenne et capitaine de cinquante hommes d’armes, aussi gouverneur de Taillebourg, il mourut en juin 1594, en pleine reconquête du Bas-Poitou par les protestants.

Son épouse resta habiter la capitale du Bas-Poitou. Cela veut dire qu’elle avait probablement affermé son fief situé à Chauché, avec tous ses droits, à un bourgeois demeurant sur place. On sait qu’en 1622, sa belle-fille, alors veuve, affermait la terre et seigneurie de Languiller pour 2 100 livres par an (6).

Riche, énergique, habile et lettrée, ainsi la qualifie l’historien Paul Marchegay (7). Elle était en outre considérée non seulement parmi ses coreligionnaires, mais aussi chez les catholiques. De nos jours sa réputation a pris un autre tour comme on peut le voir sur internet, un vigneron de Mareuil n’hésitant pas à donner son nom à une cuvée. La dégustation de son rosé devient ainsi une invitation au voyage dans les profondeurs de l’histoire vendéenne. Restons-y.

Sa suzeraine, Marie de Beaucaire (1535-1613), mérite, elle aussi, une brève présentation. Veuve de François Hautier, elle épousa en janvier 1561 Sébastien de Luxembourg (1530-1569), devenu duc de Penthièvre en septembre 1569, peu de temps avant sa mort la même année. Sa famille, les de Brosse, possédait les Essarts depuis le mariage en 1437 de Jean II de Brosse, comte de Penthièvre (1423-1482), avec Nicole de Blois-Châtillon (1424-1479), dame des Essarts.

Marie de Beaucaire, aussi baronne de Saint-Hilaire-de-Riez, princesse de Martigues, duchesse de Penthièvre, fut une personnalité du Bas-Poitou. Elle œuvra pour l'essor de la cité de Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée, et de sa dépendance Croix-de-Vie. Elle est à l'origine de la création du premier port de pêche de Croix-de-Vie. Comme Marie du Fou, elle était veuve au moment de l’aveu de 1605, où elle est précisément qualifiée de douairière de Penthièvre.

À cette date l’histoire des deux fiefs des Essarts et de Languiller est déjà très riche de guerres en tous genres depuis le haut Moyen Âge, à une époque où les documents font défaut. Mais on devine la création de la seigneurie de Montaigu et l’apparition de ses fiefs de Chavagnes à partir de l’an mille, l’existence du château des Essarts avec son premier seigneur connu par les textes, Guillaume Bertrand en 1099. Languiller n’apparaît dans les documents qu’avec Robert Guischart en 1299, mais remonte à bien plus loin dans le temps (3). Les destructions des guerres sont parfois définitives, y compris pour les documents.

Porche d'entrée du logis de Languiller
Sur place au village de Languiller, à Chauché, on comprend la vocation militaire de cette seigneurie. Le ruisseau de la Petite Maine y décrit un méandre pour contourner le coteau qui le domine à pic. Un pont, qui n’est pas le premier depuis l’époque de la voie romaine, permet de passer le ruisseau. Sur le coteau a été bâti le logis de Languiller, toujours debout, antique témoin d’une longue histoire. Ses bâtiments sont disposés en carré autour d’une cour, associant dans un ensemble unique l’hôtel noble, comme disaient les parchemins d’autrefois, le logement des métayers de la métairie du lieu et les bâtiments d’exploitation. On y entre en passant sous un porche. Les murs sont épais et les ouvertures petites. L’hôtel noble est un intérieur, qui doit protéger de l’extérieur. Ce type d’architecture de logis vendéen, représentatif de cette époque dans le Bas-Poitou, fait l’objet désormais d’une exposition au musée de la Chabotterie.

Château de Puy-Greffier en ruines
Quelques années avant Marie du Fou, l’avant dernier des Harpedanne, ayant possédé Languiller, s’appelait Jules de Harpedanne-Belleville, dit « Languiller ». À son propos G. de Raignac souligne que la seigneurie pouvait donner ainsi un nom à un cadet et qu’elle a pu être désignée du nom de « Cheauché les Bordeaux ». Jules de Belleville avait résidé en effet avec ses parents à Cosnac sur Gironde. Il avait épousé une voisine vendéenne, Jeanne du Bouchet, fille du seigneur de Puy-Greffier (Sain-Fulgent) et protestante comme lui, mais n’eut pas d’enfant (8).

Témoignent de ces temps de troubles à la naissance du Moyen Âge, les trois hommages liges et à ligence de quarante jours par an, auxquels était tenu le seigneur de Languiller envers le seigneur des Essarts. On sait que la ligence était une obligation militaire de présence armée dans une maison d’armes, dite à ligence (9). Dans notre cas l’obligation s’exécutait à la demande du suzerain, mais elle était tombée en désuétude depuis longtemps, est-il écrit en 1550. Et on précise les circonstances dans l’aveu : « parce que votre étang du dit lieu des Essarts a submergé la maison ou antérieurement eut dû se faire la dite ligence et que a présent et de long temps la dite maison a été démolie par messeigneurs vos prédécesseurs ». Pour bien comprendre cette phrase il faut se rappeler que son écriture en 1550 évoque un passé probablement aussi éloigné que nous le sommes nous-même de ce milieu du 16e siècle. Quatre siècles et demi seulement nous séparent !

Ces trois hommages à ligence sont dus au titre du fief de Languiller, du fief du Pothé (Saint-André-Goule-d'Oie) et de celui de la Ramée (Essarts), possédés tous trois alors par la même Marie du Fou. Ces deux derniers fiefs ont disparu depuis longtemps. Situés près du château des Essarts, ils témoignent de sa vocation militaire. Il y a belle lurette que les possesseurs de ces fiefs n’habitaient plus sur place au milieu du 16e siècle, que ce soit pour les Essarts ou pour Languiller, sauf exception bien sûr. Mais les seigneuries se transmettaient par héritage ou par vente suivant les règles du droit féodal. Ces règles ont évolué au fil des siècles, mais sont restés intangibles dans leurs principes jusqu’à la Révolution.

L’hommage lige du Pothé


Le Pothé est décrit comme un droit de fief « avec un bois, paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie près du village du Clouin, et diverses choses en dépendant ». Le cadastre napoléonien de cette commune en 1838 donne ce nom à une parcelle, située à l’est de ce village, et comprenant en partie la petite portion de la forêt de l’Herbergement située sur le territoire de la commune de Saint-André. D’ailleurs on a ainsi la probable explication de l’origine de cette limite à cet endroit. 

Pâturages de la Guiffardière (Essarts)
Le fief du Pothé tenait en vassalité en 1550 François de la Gaubretière, écuyer seigneur de la Frissonière. Le cadastre napoléonien des Essarts en 1825 révèle l’existence du bâti de la Frissonière, à côté de la Guiffardière (Section A2 de la Vrignonière). Mais aujourd’hui il a totalement disparu. Et ce seigneur devait trois hommages plains (ou simples), directement au seigneur de Languiller, pour trois petits fiefs : l’hôtel de la Frissonière (Essarts), le fief de l’Aubrière (Saint-André) et le fief du Puy Rondeau (Essarts). Les confrontations d’un aveu de 1753 le situent sur la partie nord du carrefour actuel des deux autoroutes, sur la commune des Essarts près de la Clemencière. L’hôtel de la Frissonière, « et tout ce qui en dépend » est situé dans l’aveu en 1550. Le mot hôtel désigne tout simplement le logement du noble des lieux. Il « tenait au chemin allant de Sainte-Florence à la Chapelle de Chauché, et à celui de la Guiffardière à Saint-André-Goule-d'Oie ». Très près de la Guiffardière, le lieu semble situé entre le chemin qui mène au Clouin et celui qui mène à Saint-Joseph actuellement. Le site Google Earth, avec ses vues aériennes, donne à voir des tâches au sol, caractéristiques des anciens bâtis.

Dans cet aveu il est intéressant de noter l’existence de ces chemins dès le 16e siècle, comme aussi celui de Chavagnes à Saint-André-Goule-d'Oie ailleurs dans le même parchemin. On sait qu’ils ont été transformés en routes empierrées à partir du milieu du 19e siècle seulement. Mais leur existence relativise certaines descriptions exagérées sur l’isolement des habitats des Vendéens à la veille de la Révolution.

L’hommage lige de la Ramée


Le fief de la Ramée, troisième fief tenu à ligence, comprenait son hôtel « avec toutes les dépendances, juridiction basse et droits d’assise et divers parcelles et maisons ». On n’en sait pas plus sur ces dépendances, et les diverses parcelles et maisons. Mais l’existence de la basse justice est intéressante à noter. C’était un droit de justice du seigneur pour des conflits mineurs de droit civil et de règlements de police. Au niveau de compétence plus élevé existaient la moyenne justice et la haute justice seigneuriale, cette dernière étant exercée par le baron des Essarts, en particulier sur toute l’étendue de Saint-André-Goule-d'Oie. Là encore cette justice seigneuriale a été intrinsèquement liée au droit des fiefs. Déjà à cette époque elle était limitée par la justice du roi et commençait d’être exercée par des magistrats professionnels au nom du seigneur local.

La seigneurie des Bouchauds


Rue des Bouchauds (Essarts) 
où se trouvait l’ancien Logis
Dans son aveu Marie du Fou ne comprend pas le fief des Bouchauds. Or elle en est bien propriétaire en 1605. Néanmoins l'aveu nous donne une description sommaire des lieux. L’ancien logement des Bouchauds est situé devant l’hôtel de la Ramée, un chemin les séparant. Il est depuis longtemps en ruine et les lieux sont transformés en jardin. C’est donc tout ce qui reste en 1550 du logis de Jehan des Bouchauds, qui fut seigneur de la Gaiginière (10).











L’hommage lige de Languiller


Revenons à l’hommage lige et à ligence de Languiller. Ce fief comprend « justice et juridiction basse, droit d’assise » lui aussi, plus onze villages ou métairies en pleine propriété de droits seigneuriaux, dont un à Boulogne, quatre à Chauché, quatre aux Essarts et deux non situés, soit parce que disparus ou soit avec un nom changé (certains noms de lieux et de personnes ont créé des difficultés au transcripteur). Quatre autres villages sont tenus en indivision avec d’autres seigneurs : l’Aubretière (Lairière devenue La Ferrière) avec Jehan Durcot, seigneur de la Servantière (Chauché), la Vrignonnière (Chauché) et la Robinière (Essarts) avec Jehan Durcot et André Jarnigaud, écuyer seigneur de la Benetière, la Vergne Brelandeau avec Jehan de Ligny, seigneur du Boisreau (Chauché) et de la Cantetière (peut-être Cantinière depuis). Rappelons que ces droits seigneuriaux ne sont pas à confondre avec la possession de la terre. La possession de la terre avait pu être saisie et transportée, comme on disait autrefois, à des personnes qui devaient toujours payer les devoirs féodaux. « Nulle terre sans seigneur », disait l’adage des pays coutumiers, et tous les propriétaires devaient payer ces charges féodales sous l’Ancien régime.


L’exemple de Jean Durcot vassal de Languiller


Jehan Durcot rend hommage à Languiller pour les trois quarts des droits de terrage au village de Brion (paroisse de la Chapelle de Chauché). Ces droits de terrage étaient un droit de gerbes de céréales et de légumes dus au seigneur par le roturier, le plus souvent d’un sixième des récoltes dans la région. Il était souvent affermé dans des baux à durée déterminée à des bourgeois, qui se chargeaient d’aller chercher les récoltes et de les valoriser, moyennant le paiement d’une ferme fixe annuelle au seigneur. Le village de Brion a disparu. Quant à la paroisse de la Chapelle de Chauché, on la rencontre de temps en temps dans les documents, alors qu’elle a disparu à la création de la paroisse de Chauché au Moyen Âge probablement. Mais le culte continuait d’y être pratiqué dans la chapelle dite « Begouin », à titre d’annexe de l’église du bourg, au village de la Chapelle.

On retrouve aussi Jehan Durcot rendant hommage à Jean du Plessis Amiette (qui rend hommage au seigneur du Coin, lequel rend hommage au seigneur de Languiller) pour « la moitié des terrages en certaine partie du tènement du Plessis Milcent assis près et en la paroisse des Essarts, dit autrement Plessis Cosson ». Il n’est pas le seul seigneur de la région cité ainsi dans le parchemin dans ces hommages en cascades. Nous l’avons pris à titre d’exemple.

La Roche Mauvin


La Roche Mauvin (Saint-André)
On a aussi un nom qui n’a pas été déchiffré, « qui autrefois fut Nicolas du Plessis, valet » qui est « homme de foi » pour la moitié des terrages et dîmes du village de la Roche Mauvin (Saint-André-Goule-d'Oie), partagés avec les héritiers de feu Pierre Amauvin). Ainsi le nom du fondateur probable du lieu-dit de la Roche Mauvin nous est ici révélé. Ses héritiers à cette époque possédaient aussi, en indivision avec l’héritier de Jean du Plessis Amiette, la moitié des terrages du village de la Bucletière (près de la Maigrière et aujourd’hui disparu). Celui-ci rendait hommage à ce titre au seigneur du Coin. 

Les partages des redevances perçues sur un même fief 


On ne partageait pas que les fiefs en indivision, on partageait aussi certains droits seigneuriaux. Ainsi à l’Aubretière (Lairière/La Ferrière), le quart des terrages du village était partagé entre les héritiers de Mme de la Marche et le prieur de la Ferrière. Le clergé du temps ne pouvait pas échapper à ses règles de droit, évidemment.

À la Bergeonière (Saint-André-Goule-d'Oie), la moitié par indivis des terrages perçus était due à Jehan de Plouer, écuyer seigneur de Saint Benoist, la Barette et autres lieux, lequel tenait ce droit de Loys Audayer, seigneur du Coudray. Lequel le tenait du Coin, puis Languiller, etc... L’autre moitié des terrages étaient due au seigneur de la Chapelle Begouin en 1580, partagé avec le prieur de Saint-André (11).

Dans ce village, le seigneur des Bouchauds possédait des droits seigneuriaux (taxes) encore mentionnés dans un acte d’achat d’une portion  de borderie en 1790 (12). La nuit du 4 août 1789 était passée par là, mais la mise en œuvre des lois prend toujours un peu de temps, même en temps de Révolution.

La terre imposait sa loi aux hommes dans la propriété féodale


On compte encore onze autres hommages dus au seigneur de Languiller au titre de son propre fief, rendus pour des fiefs situés aux Essarts, à Chauché, La Ferrière, Boulogne, certains n’existant plus en tant que lieu-dit. Un d’entre eux mérite d’être cité.

Le seigneur des Essarts avait acheté à Collas Guinebault, écuyer seigneur de la Miltière, l’hôtel noble de la Septembrelière et le moulin à eau de la Gontrie. Ils étaient situés dans la mouvance de la seigneurie de Languiller. Alors dans son aveu de 1550, qui doit énumérer tout ce qui est tenu du seigneur des Essarts, le seigneur de Languiller écrit : « vous tenez de moi vous ma dite dame … ». Vu d’aujourd’hui on se trouve en pleine contradiction : le vassal fait aveu d’un domaine à son suzerain, que ce dernier possède et tient du vassal lui-même, en même temps son suzerain. C’est que la notion de propriété en droit féodal est particulière, moins exclusive que depuis la Révolution, celle-ci lui ayant donné le statut d’un « droit de l’homme ». La propriété féodale du moulin de la Gontrie avait son origine dans la concession du domaine avec ses contreparties, comme le paiement du cens au seigneur concédant. Cette concession avait été ensuite achetée par le seigneur suzerain, mais il restait le cens à payer à la seigneurie dont dépendait le domaine, même si c’était celle de son propre vassal. Pour qu’il en soit autrement, il aurait fallu aussi acheter le droit de fief sur son domaine, mais à condition qu’il ait été à vendre. Rappelons que pour comprendre la propriété sous l’Ancien régime, il faut aller de la terre à l’homme et non l’inverse. Ce conseil des frères Dalloz, célèbres juristes du 19e siècle, est très utile car il n’est pas naturel et ne s’applique pas avant le Moyen Age et après la Révolution (13).

La seigneurie de la Chapelle Begouin


Enfin autre hommage à citer, celui de « Jean Begaud écuyer seigneur de la Chapelle son lieu et hébergement du dit lieu de la Chapelle Begouin et tout ce qui en dépend. » Ce dernier devait en effet un hommage lige sans ligence et un hommage plain au seigneur de Languiller. Peut-être faut-il faire un rapprochement entre le nom de l’ancêtre de Jean Begaud et celui de Begouin associé à la Chapelle pour désigner ce lieu-dit de Chauché, où se trouvait aussi l’église de la Chapelle Begouin (démolie en 1792), une ancienne église paroissiale. Cette famille Begaud possédait aussi à Saint-Sulpice-le-Verdon la seigneurie de la Bégaudière, proche de la Chabotterie.

La Chapelle (Chauché)
Le fief de la Chapelle Begouen comprenait en 1550 le village lui-même et le village de la Bonnelière (Chavagnes), plus deux fiefs vassaux : la Pitière (Chauché), alors possédée par Aymon, écuyer (avec les terrages de la Coumaillère à Chauché), et la Barotière (Chauché), tenu par René d’Aubigné, écuyer et seigneur de la Parnière (Brouzils). À cela s’ajoutaient des fiefs et droits seigneuriaux partagés avec d’autres nobles voisins à la Limouzinière,  Girardière, Naullière et Gorelière (Chauché), et à la Coussaie (Essarts).

Cet aveu ne mentionne pas les fiefs de la Bouguinière et de la Brosse Veilleteau (Essarts), relevant en partie pourtant de la seigneurie de la Chapelle Begouin, suivant des déclarations roturières conservées dans les Archives de la Vendée (chartrier de la Rabatelière). L’autre partie de la Brosse Veilleteau relevait directement de Languiller et de la seigneurie du Boisreau (Chauché).

Nous rencontrons dans ce fief de la Chapelle Begouin, ainsi qu’ailleurs, des aveux tenus en parage ou en gariment. Ainsi Louise Bonnevin (dame de la Boutarlière, Chauché) tient en parage la moitié des droits de terrage au fief de la Gorelière. Et le seigneur de la Chapelle Begouin tient en gariment l’écuyer Aymon pour le fief de la Pitière.  De quoi s’agit-il ?

La tenure en gariment


Généralement le mot ancien gariment était synonyme de garantie. Mais dans la coutume du Poitou il prenait un sens particulier pour désigner une tenure noble. La tenure en gariment consistait à ce qu’entre divers tenanciers d’un bien noble, un seul, qu’on appelle chemier ou chef, se chargeait de garantir tous les autres sous son hommage, c'est-à-dire de faire pour eux comme pour lui la foi et hommage, et d’acquitter les devoirs de fiefs à leur décharge. Si cette tenure en gariment était établie par la seule force de la loi, en vertu du lignage ou de la parenté, c’était la tenure en parage proprement dit. Si elle était établie par convention réglant de différentes façons les rapports entre le chemier et ses co-teneurs, on l’appelait tenure à part-prenant, ou à part-mettant ou à devoir noble abonné. Mais comme ces trois dernières sortes de tenures en gariment avaient des effets forts ressemblants, les coutumes et les commentateurs les confondaient quelques fois les unes avec les autres (14).

L’exemple du fief vassal du Vignaud


En plus des trois hommages à ligence, le seigneur de Languiller devait cinq hommages plains à la baronnie des Essarts pour les fiefs du Terroil (Essarts), du Coin (Saint-André-Goule-d'Oie), du Vignaud (Essarts), de la Vrignière, et pour une rente qui était payée à Boulogne par les mains du seigneur de Puytesson.

Le fief du Vignaud tenait lui-même quatre hommages :

-        deux de Jehan de Ligny (Boisreau à Chauché) pour des prés à Chauché, une moitié du four du Boisreau et le moulin de Brellaud, sur la Petite Maine,
-        un de François Arnaudin pour le compte de Marie Bernard sa femme, et pour le fief de Maurepas (Chauché),
-        un de René Bertrand, écuyer, pour le fief de la Grange de Lansonnière.

 Ansonnière (Essarts)
Un constat s’impose après cette énumération d’une partie des hommages rencontrés dans cet aveu de Languiller. Les paroisses de Chauché et des Essarts n’avaient rien à envier en densité de petits fiefs à celle de Chavagnes en Paillers, que C. Gourraud et A. de Guerry ont étudiés dans le détail. Avec la pratique des fiefs à ligence et des suzerains grands seigneurs plus ou moins alliés entre eux à l’aube du Moyen Âge (Montaigu, Palluau, Belleville, les Essarts), les différences entre ces trois paroisses, ne sont probablement pas bien grandes. Et on peut y associer Saint-André-Goule-d'Oie, qui se trouve féodalement dans la sphère d’influence des Essarts.

L’importante seigneurie du Coin Foucaud


Le plus important des fiefs posédés par le seigneur de Languiller est sans conteste celui du Coin, situé à Saint-André-Goule-d'Oie. Il en est alors propriétaire. Plus tard certains domaines seront vendus à la famille Laheu au Coin, mais l’essentiel des droits féodaux restera à la seigneurie de Languiller. Sous l’hommage de ce fief, Marie du Fou tient six villages en direct et dix-neuf hommages, dont nous avons déjà cités certains. Cinq villages sont situés à Saint-André-Goule-d'Oie : Chevalleraye, Millonière, Jaumarière, Boninière et Fondion. Celui de la Dibaudelière (près de la Machicolière) a disparu depuis. Nous savons par le pouillé du diocèse de Luçon qu’existait sur la terre de Fondion une chapelle dédiée à St Laurent. Et sur le même document est mentionnée une métairie à Fondion, dépendant du prieuré de Saint-André-Goule-d'Oie, à partir du 18e siècle.

Trois fiefs, avec tous leurs droits, sont tenus sous hommage au seigneur du Coin. L’un est situé à Chavagnes, la Bultière, avec ses dépendances situées aussi sur la même paroisse : Morinière, Cornuère et Brulerie. Les deux autres sont situés à Saint-André : le bourg et le Coudray. S’y ajoutent dans cette paroisse quelques petits fiefs à la Brossière et à la Bergeonnière.


Le fief de Saint-André-Goule-d’Oie


Le fief du bourg de Saint-André avec ses appartenances et dépendances, comprenait de « nombreux devoirs » (non précisés) à payer à Louise Bonnevin, dame de la Boutarlière (15). Celle-ci était la veuve de Jean Gazeau, seigneur de la Brandasnière, qu’elle avait épousé en 1519. Il s’en suit qu’on verra parfois le cadet de la famille prendre le titre de seigneur de Saint-André-Goule-d'Oie. Ainsi David Gazeau (frère de René), maintenu dans la noblesse en 1670, prit le titre de seigneur de Saint-André, épousant en 1645 Suzanne Barrière (16). La pratique semble rare.

Le titre de seigneur de Saintt-André apparaît aussi dans un acte de vente d’une pièce de jardin dans le bourg, à André Bordron, marchand, demeurant dans cette paroisse, pour quinze livres en 1788. Le vendeur est désigné ainsi : « Jacques Grégoire Bouteillier du Coin, seigneur de la Boutarlière, fief de Saint-André-Goule-d'Oie, et autres lieux, demeurant en la ville de Mortagne » (17). Le « cens et devoir noble et féodal payable par chacun an à la fête de noëlà sa recette dudit lieu de la Boutarlière » à cause du jardin « relevant roturièrement dudit seigneur vendeur de son fief de Saint-André dépendant de sa seigneurie de la Boutarlière » est précisé dans l’acte : un denier (somme symbolique comme le centime d’aujourd’hui). Précisons enfin que le seigneur de la Boutarlière et de Saint-André, ne pouvait justifier d’une quelconque autorité sur l’ensemble de la paroisse, n’ayant de droits seigneuriaux que dans le bourg.

Saint-André-Goule-d'Oie, l'église
On rencontre aussi ce titre dans une autre occasion, quand le curé de la paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie qualifie le baron des Essarts en 1789 de « seigneur des Essarts, Sainte(Cécile et Saint-André-Goule-d'Oie », à l’occasion de la bénédiction d’une cloche de son église. Possédant la haute justice sur cette dernière paroisse, cela lui donnait le droit de porter ce titre. Mais l’intéressé, déjà marquis de Lespinay, n’en usa pas souvent.

La seigneurie de la Boutarlière tenait le fief de Saint-André-Goule-d'Oie de la seigneurie de Linières. Et c’est au seigneur du Coin que le seigneur de la Droslinière (Linières) rend un aveu pour le fief de Saint-André et surtout une toute petite partie de son domaine située sur la paroisse de Saint-André, proche du bourg. En ce milieu du 16e siècle le ruisseau de la Haute Gandouinière alimentait un étang à Linières, dont la moitié s’étendait sur le territoire de Saint-André. De plus un moulin à eau, installé au bord du ruisseau, et un moulin à vent bâti au sommet du coteau du versant Est, étaient situés aussi sur St André. Comme l’étang, ces moulins appartenaient au seigneur de Linières. De ce fait, le texte de l’aveu indique : « est ma femme de foi sous l’hommage du Coin Foucaut dame Françoise Fouchier, veuve de messire Joachim de la Chastre, vivant chevalier, seigneur de Toury et de la Droeslinière pour un fief appelé le fief de Saint-André-Goule-d'Oie… ». On sait qu’en 1550, Joachim de la Châtre était décédé et que son fils Gaspard, alors âgé de onze ans, était garçon d’honneur du dauphin, le futur roi François II. Gaspard, qui succédera à sa mère dans la possession de Linières, est mort jeune en 1576. Ensuite le domaine eut deux propriétaires en peu de temps : Charles Bruneau (Rabatelière) et Pierre Garreau. En 1605, c’est l’épouse du protestant Élie de Goulaine qui possède le fief, Olympe Garreau. 

Le fief du Coudray et quelques autres à Saint-André-Goule-d’Oie
Le fief du Coudray (appelé alors Coudray Loriau) est tenu sous hommage plain et à rachat de la seigneurie du Coin Foucaud. En 1550, il est possédé par Loys Audayer, écuyer seigneur de la Maisonneuve (Montournais). Le rachat indiqué ici était une contribution payée par le vassal au suzerain, pour les biens nobles, à chaque changement de propriétaires (achat ou héritage). Il valait en Poitou une année de revenus.

 D’autres terres sont tenues à Saint-André sous hommage du Coin. Ainsi en est-il du village de la Boninière, représenté par André Belot, prêtre, et ses parsonniers, « lequel fief fut autrefois à feu Jehan Ponsard et depuis à Landois ».

La Vrignonnière (Essarts)
Le village voisin de la Bourolière (Saint-André-Goule-d'Oie) devait ses redevances à René Bertrand, écuyer seigneur de la Vrignonnière (Essarts), lequel pour cela en rendait hommage au seigneur de Plouer (Barette des Essarts). seigneur du Coin y possédait des redevances.

Guillaume Goion écuyer seigneur de la Nouhe de Vendrennes, à cause d’Antoinette de la Grève sa femme, tenait à hommage plain au seigneur du Coin, le fief du Bignon dans le tènement de la Brossière (Saint-André).

Il est indiqué aussi que « divers habitants du village de la Brossière » tiennent hommage au seigneur du Coin. En 1775, ceux-ci, au nombre d’une dizaine, envisageront d’entamer un procès pour justifier un refus de paiement de rentes foncières, expliquant que les deux tènements de la Brossière et de la Javelière en paient déjà une à Languiller « depuis l’origine ».

Perceval Maingarneau écuyer seigneur de la Regnaudière, « à cause de Dlle du Ployer sa femme », tenait à hommage plain au seigneur du Coin, le fief de la Giroisière dans le tènement de la Brossière (Saint-André-Goule-d'Oie ).

André Daviet rendait aussi hommage au seigneur du Coin pour le fief et tènement de la Crochardière, en la paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie près du village du Pin. Ce village a totalement disparu depuis longtemps, ignoré même par le cadastre napoléonien.

La propriété foncière au sortir du Moyen Âge


Nous arrêterons ici l’énumération des autres terres et droits détenus sous hommage par le seigneur du Coin dans les paroisses voisines plus à l’ouest. Dans l’échantillon choisi, centré principalement sur Saint-André-Goule-d'Oie, reviennent parfois les noms de lieux-dits disparus, même avant le cadastre napoléonien. Se pose alors la question du pourquoi et du comment. Et on ne peut pas s’empêcher alors de faire le rapprochement avec le regroupement foncier étudié par L. Merle dans la Gâtine Poitevine (18).

Dans cette contrée à cheval sur les Deux-Sèvres et la Vendée, comprenant notamment les régions de Pouzauges et de la Chataigneraie, l’auteur explique qu’un remembrement foncier s'est opéré à partir de la fin de la guerre de Cent ans à l’initiative des seigneurs. Il a abouti au fil du temps à la constitution de grandes métairies qui ont fini par accaparer la majeure partie du sol gâtineau. C’est à cette occasion que de petits habitats ont disparu et qu’ont été créées dans cette région les haies si caractéristiques du bocage.

Dans son livre sur l’histoire de Saint-Fulgent M. Maupilier n’aborde pas ce point. En revanche, dans son livre sur Chavagnes-en-Paillers, Amblard de Guerry observe le même phénomène (19). Ses explications, appuyées sur des cas concrets et vérifiés dans cette commune limitrophe de Saint-André, recoupent en partie la thèse de Louis Merle. Cette « importante transformation de la propriété foncière » qu’il observe, résulte de plusieurs facteurs selon lui, suivant les cas rencontrés : l’extinction ou l’appauvrissement de certaines familles nobles, l’ambition et l’enrichissement de certaines autres, de nouveaux défrichements, la transformation de droits féodaux en possession directe pour des raisons mal élucidées selon l’auteur, la fragmentation des héritages des roturiers rachetés ensuite par les plus riches.

Cet aveu de Languiller nous montre à quel point les droits féodaux sont partagés en de nombreuses indivisions, après des siècles d’héritages, ventes et dons. Il en est de même des petites propriétés des roturiers. Dans les archives du notaire de Saint-Fulgent on verra parfois au 18e siècle des ventes de portions représentant le 1/6 ou le 1/9 d’une borderie déjà petite. Il a fallu attendre le code civil de 1804 pour inverser la tendance, avec, s’agissant d’indivision des propriétés par exemple, ce nouveau principe que nul n’est obligé de rester en indivision contre son gré, et conduisant aux dissolutions des indivisions. Autrefois on y restait, et les ventes se faisaient en licitation, suivant la formule rencontrée dans beaucoup d’actes notariés. La licitation était une vente aux enchères ou par adjudication d’une maison ou d’un héritage, appartenant en commun à plusieurs copropriétaires ou cohéritiers (20).

L’aveu de Languiller pose une question sur ce point de la transformation du foncier après le 16e siècle, mais la réponse est à chercher ailleurs.

Enfin cet aveu nous amène à une autre question. On n’y évoque jamais les rentes seigneuriales, à la différence des droits de terrages. Or ces rentes ont bien existé au 18e siècle dans le territoire de la mouvance de Languiller, comme le montre les archives notariales. Et avant aussi ; par exemple à la Javelière (Saint-André-Goule-d'Oie), le seigneur voisin de la Valinière (Saint-Fulgent), a cédé au curé de Saint-Fulgent, en février 1399, une rente due par les teneurs de la Javelière (21). Alors, quand et comment sont nées ces rentes seigneuriales dans la région ?


(1) Cette date précise nous est donnée dans la sentence arbitrale entre les seigneurs de Languiller et de la Chapelle rendue par Percheron le 25-2-1700 (Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière, seigneurie de la Chapelle Begouin : C 84). Elle semble ignorée par G. de Raignac le transcripteur de l’aveu de 1605. Le seigneur de Belleville était alors seigneur de Languiller.
(2) Archives de Vendée, Travaux de G. de Raignac : 8 J 101, aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605, page 72 et s.
(3) G. de Raignac, De châteaux en logis, itinéraire des familles de Vendée
Éditions Bonnefonds (1990) T2, page 110.
(4) Anselme de Sainte-Marie, Ange de Sainte-Rosalie, Histoire de la Maison Royale de France et des grands officiers de la Couronne (1733, 3e édition) T 7, page 704.
(5) P. Marchegay, Recherches historiques sur le canton de Fontenay, Annuaire de la société d’
Émulation de la Vendée (1859), page 136.
(6) Archives de Vendée, notaire de Fontenay-le-Comte, Jehan Robert : 3 E 37/301, ferme de Languiller du 24-7-1622 par Marie Hurault à Michel Daviceau pour 2100 livres.
(7) Revue des sociétés savantes, (1861) T 6 : Annuaire de la société d’Émulation de la Vendée (1858-1859), page 235.
(8) G. de Raignac, De châteaux en logis, itinéraire des familles de Vendée, Éditions Bonnefonds (1990), T2 Page 112.
(9) Amblard de Guerry, Chavagnes communauté vendéenne, Privat (1988), page 38.
L’article 113 de la coutume du Poitou obligeait à jurer fidélité sur les évangiles en cas   d’hommage lige, ce qui n’était pas exigé en cas de simple hommage plain.
(10) Ce fief n’est pas à confondre avec ceux du même nom à Saint-Germain-de-Princay, à Sallertaine ou à l’Herbergement.
(11) Archives de Vendée, travaux de Guy de Raignac, copie inachevée d’aveu pour la Chapelle Begouin entre 1680 et 1685, reproduisant un aveu rendu en 1580, 8 J 101, page 71 et 72.
(12) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, achat de 1/6 de Borderie à la Brejonnière de F. Cougnon à Chatry le 17-8-1790.
(13) Dalloz frères, Essai sur l’histoire générale du droit français, Bureau de jurisprudence générale – Paris – 1870, page 101.
(14) Joseph Nicolas Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale, Panckoucke, Paris -1779- T 27, page 369 et s.
(15) Xavier Aimé, La Boutarlière ou le passé retrouvé – Chauché (1996).
(16) Louis Pierre d’Ozier, Armorial général ou registre de la noblesse de France, Registre second, 1e partie (1741), page 465.
(17) Archives de Vendée, notaire de 
Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, vente d’un canton de jardin dans le bourg de Saint-André, de Bouteiller à Bordron le 7-6-1788.
(18) Louis Merle, La métairie et l’évolution agraire de la Gâtine poitevine de la fin du Moyen Âge à la Révolution Paris SEVPEN (1958).
(19) Amblard de Guerry, Chavagnes communauté vendéenne, Privat (1988), pages 83 et s.
(20) Michèle Bimbenet-Privat, glossaire dans la présentation du Centre historique des archives nationales, série Y pour le Châtelet de Paris, répertoire numérique détaillé.
(21) Archives de Vendée, notaire de
Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/5, reconnaissance de rente de la Javelière au curé de Saint-Fulgent le 27-9-1770.


Emmanuel François, tous droits réservés 
Mai 2013, complété en juin 2020

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