mardi 1 mars 2016

La Racinauzière

La Racinauzière à Saint-André-Goule-d’Oie est située au bord de la rivière de la Petite Maine, qui la sépare de la paroisse de Chavagnes-en-Paillers. Au sud-est elle touchait ce qu'on appelait jadis le tènement de la Maisonneuve relevant en partie de la Mancellière sous la suzeraineté des Bouchauds, l’autre partie relevant du Coin Foucaud (1). La Maisonneuve, ainsi que la Bordinière, sera soustrait du territoire de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie pour passer dans celui de la nouvelle paroisse de la Rabatelière, créée officiellement en 1640.

La Petite Maine
Entre aujourd’hui et hier quels contrastes ! Des haies bien taillées ont remplacé, près des maisons rénovées, les fourrés qui protégeaient les anciennes chaumières. Les modernes et imposantes installations d’élevages de maintenant, intrigueraient beaucoup les laboureurs à bras d’autrefois. Mais les siècles passant, la Racinauzière reste un lieu protégé, située au terminus de sa voie d’accès. Et le ruisseau de la Petite Maine méandre toujours près des maisons, dans la tranquillité d’un temps immémorial.   
  

Une importante métairie et des droits de fief réunis à la ferme 


En 1550, les teneurs (propriétaires) de la Racinauzière payaient au titre de la seigneurie du Coin un cens de 40 sols et 16 ras d’avoine. De plus, ils payaient un droit de terrage consistant à donner le 1/6 des récoltes au seigneur, et une dîme sur les petits animaux d’élevage dont le tiers allait au curé de Saint-André et les deux tiers au temple de Mauléon, une commanderie de l’ordre de Malte (2). Enfin l’ancienne corvée de 3 jours par an avec 5 charrettes attelées de 6 bœufs, avait été arrentée et incorporée dans le cens (3).

Ces redevances seigneuriales ont été ensuite comprises dans le prix de ferme, au moins en grande partie. Au moment de payer en 1757 le droit de rachat pour cette métairie à la baronnie des Essarts, à cause du décès de son possesseur, René Montaudouin, ses héritiers indiquent que la Racinauzière « ci-devant roturière est devenue noble par la réunion du fief dominant au fief servant » (4). La métairie (fief servant) relevait, est-il écrit dans la quittance du rachat, des Bouchauds annexe de Languiller (fief dominant), qu’avait achetée en 1745 le seigneur de la Rabatelière, déjà possesseur de la métairie au moins depuis le début du 17e siècle. Et les revenus des Bouchauds se partageaient par moitié entre Languiller et les Essarts. Le bien étant devenu fief noble par cette réunion, le possesseur devait payer à son suzerain un droit de rachat à chaque mutation de vassal, valant la moitié du prix d’une ferme annuelle dans le cas présent. Dans un partage en 1779 d’une succession du seigneur de la Rabatelière il est mentionné un sol de service annuel. On lit aussi que la métairie était un bien noble, ainsi que son fief de vigne à complant et les bois de chênes épars dans les dépendances de la métairie (5)Dans les comptes du régisseur du château de la Rabatelière, on voit une somme d’une livre 5 sols payés par des teneurs de la Racinauzière pour une année de devoirs échus à noël 1758 (6).

À quand remontait cette réunion de la Racinauzière avec la seigneurie des Bouchauds ? Nous avons vu que ses teneurs payaient des redevances féodales au seigneur du Coin Foucaud en 1550. Cela ne suffit pas à faire de ce dernier le suzerain du tènement de la Racinauzière, il a pu n’être que le possesseur des redevances (cens, rente, terrage, dîme, corvées), même si le cas est rare à ce point et normalement impossible à cause du cens. D’autant que la Racinauzière n’est pas citée dans l’aveu de Languiller pour la seigneurie du Coin, à la même année 1550 (7). Ainsi, quoique surprenante, cette situation de la Racinauzière à l’égard du Coin n’emportait pas, semble-t-il, un droit de fief de ce dernier et une mouvance sur cette métairie limitrophe. D'où le paiement d’un rachat en 1757 fait au baron des Essarts à cause de la mouvance des Bouchauds. Dans un paiement en 1731 d’un précédent rachat on affirme même que la Racinauzière relevait de la seigneurie des Bouchauds (8). L’intégration des redevances seigneuriales avait déjà été faite en 1659 dans la ferme de la Racinauzière, celle-ci d’un montant de 320 livres par an, alors qu’à la même date la ferme voisine de la Roche Mauvin, d’une surface identique, était de 232 livres par an. Mais si en 1659 le possesseur de la métairie de la Racinauzière était bien le châtelain de la Rabatelière, il ne possédait pas encore Languiller, dont le fief dominant des Bouchauds était une annexe, pour faire la réunion des fiefs. Pourtant la réunion de la Racinauzière à son suzerain des Bouchauds précède l’aveu cité ci-dessus de 1550 du seigneur du Coin. Dans les notes d’Amblard de Guerry on lit qu’une partie de la Racinauzière est du fief des Bouchauds et que la Mancellière en fit aveu en 1530 (9). Voilà qui confirme une situation mal éclairée par la documentation disponible sur la dépendance de la Racinauzière.

Terrier de la Rabatelière de 1651
(Archives départementales de la Vendée)

Dans le terrier de la Rabatelière en 1651, on remarque l’importance des menus suffrages dus par les métayers de la Racinauzière. Le terrier était un recueil portant l'indication exacte des redevances dues par les tenanciers d'une seigneurie ; il était établi sous la forme d'un acte judiciaire. On y lit que les métayers payaient à Pâques un chevreau, à la Pentecôte 6 poulets, 4 oisons, 4 moutons d’un an, plus deux autres non tondus « tels qu’ils seront faits marqués par ladite dame à la Saint-Jean-Baptiste », 30 livres de beurre net, un pourceau de mars payable à la Toussaint, 4 chapons, six aunes de toile de lin, un millier de fagots pris dans le bois taillis de la métairie et transportés à la Mancellière. Ces différents suffrages ont été payés, comme on le lit dans le terrier, à « monsieur de la Rabatelière ou à sa femme pour l’année 1650 ». Ils paraissent plus importants que les habituels menus suffrages des métayers. Fixés en nature, ils étaient payés en argent le plus souvent. De plus, les métayers devaient entretenir leur part de deux planches dans la vigne du château, mais comme ceux des autres métairies environnantes. Ils étaient aussi « sujets à toutes corvées hommes, femmes et bœufs », suivant l’usage pour les métayers (10).

Il nous faut aussi remarquer que nous sommes dans une grande métairie avec ses 40 hectares environ dont 5 ha de prairies naturelles et 5 ha de pâtis et landes en 1659 (11). Dans une estimation en 1797, lors du partage République/Thérèse Montaudouin, elle est indiquée contenir 305 boisselées environ, (37 ha). Au bord de la rivière on a ainsi une importante surface dédiée à l’élevage, et donc une capacité d’enrichissement plus importante qu’ailleurs, même si elle est aléatoire aux épizooties. Le total équivaut en surface à la métairie de la Roche Mauvin, avec seulement 7 champs et 7 prés et landes. Les surfaces des 7 champs en terres labourables sont grandes : le plus petit fait 7,5 boisselées et le plus grand fait 80 boisselées. On sait qu’à la Porcelière, la métairie s’est constituée par achats de petites parcelles foncières, qu’on a conservées. Ici elles ont été restructurées en de vastes champs après coup, ou peut-être le tènement est né métairie au Moyen Âge, sans dispersion de l’espace en de nombreuses tenures par la suite. Et nous le trouvons inchangé au 17e siècle.

Cette métairie de la Racinauzière se distinguait des Champs de la Racinauzière situés sur la paroisse de Chauché et passés à celle de la nouvelle paroisse de la Rabatelière crée en 1640. Ils étaient délimités précisément entre les terres de la Martinière et celles de la Bleure d’un côté, et le ruisseau qui descend de l’étang de Languiller de l’autre côté. Au-delà du ruisseau se trouvaient les terres de Maisonneuve appartenant alors à la paroisse de Saint-André. Ces champs occupaient une surface de 3 septrées de terres labourables, chaintres et gastes (landes). Elles devaient un terrage au 1/6 des récoltes à la seigneurie du Coin, et un cens et devoirs annuels de 20 sols, 2 poules et 6 boisseaux de seigle (12).

La métairie en 1659


La métairie est évaluée en 1659 à 5 270 livres, dont 850 livres pour les bâtiments. Le prix moyen d’une boisselée de terre labourable est de 11,4 livres (variant de 6,6 à 13,7 livres selon les champs), et d’une boisselée dans la pièce de landes et pâtis de 9,2 livres. Le prix moyen d’une boisselée de pré est de 31,7 livres dans une fourchette allant de 24 livres à 37 livres (13). C’est plus qu’à la Porcelière et à la Roche Mauvin. Pour apprécier ces valeurs, indiquons qu’à la même époque le minimum fixé pour la rémunération annuelle d’un curé de campagne était de 300 livres, salaire important à l’époque pour une fonction prestigieuse. Et on a vu le régent (instituteur) payé 150 livres en plus du logement, pour une fonction qui n’était simplement que considérée, il est vrai.

Les prix de ferme pratiqués sont intéressants à comparer avec ceux de la Roche Mauvin. En 1650, on a 232 livres à la Roche Mauvin et 320 livres à la Racinauzière (12). Pour une surface à peu près identique, et une part de prés à peu près équivalente, on explique la différence de prix des fermes peut-être par la différence de la valeur des terres estimée à la même date en 1659. À 0,74 £ la boisselée, la terre de la Roche Mauvin est inférieure de 26 % à celle de la Racinauzière, alors que le prix de ferme est inférieur de 27 % à la même époque. À partir du milieu du 18e siècle le prix de ferme de la Roche Mauvin augmentera de manière importante pour se rapprocher de celui de la Racinauzière, réduisant l’écart à 10 %. L'explication à ces différences de valeur est à chercher dans les redevances seigneuriales dont tenait compte le montant de la fermeLa métairie de la Roche Mauvin devait au Essarts deux rentes annuelles de 31 boisseaux de seigle et 15 boisseaux d’avoine, à Languiller une rente annuelle de 3 livres 14 sols, au curé des Essarts 2 boisseaux de seigle, 15 boisseaux d’avoine et 16 sols 4 deniers, et enfin au seigneur de Landellière une rente de 2 boisseaux de seigle, 4 boisseaux d’avoine et 3 sols 6 deniers (14). Le tout pouvait valoir à cette époque environ 55 livres. Ajoutées aux 232 livres de la ferme, cela fait un total de 287 livres, inférieur de seulement de 9 % à la ferme de la Racinauzière en 1650.

Le refroidissement climatique au tournant des 17e et 18e siècles à la Racinauzière


La crise climatique et frumentaire de la fin du 17e siècle s’est fait sentir à la Racinauzière. Le prix annuel de la ferme passe de 330 livres en 1662 (15) à 320 livres en 1698 (16), toujours le même vers 1720 (17), puis remonte à 340 livres en 1734 (18) et à 345 livres en 1752 (19), prix conservé jusqu’en 1775 au moins.
Les pluies abondantes du printemps de 1692, avec des températures froides, suivies d’un été pluvieux, avaient donné une très maigre moisson. L’année suivante fut pire en humidité, et la moisson presque totalement compromise, engendrant une famine. S’en suivit un hiver 1694 parmi les plus rigoureux qu’on ait connu. Le froid vint s’ajouter à la famine et aux épidémies pour provoquer une perte de plus d’un million trois cent mille personnes en France. C’était autant de morts que la première guerre mondiale plus tard, mais dans un pays moitié moins peuplé, et en l’espace de deux ans seulement (20).

À Saint-André-Goule-d’Oie on observe un doublement du nombre de décès en 1692 (60 morts) par rapport à celui des trois années suivantes. À Chavagnes-en-Paillers, où figurent des actes se rapportant à des habitants de la Racinauzière, à cause de la proximité du bourg de cette paroisse voisine, on constate cette dépopulation, mais à une faible échelle. En 1693 le nombre de décès n’y est que de 31. Il monte à 63 en 1694, et à 76 en 1695, dépassant le nombre des naissances, qui est respectivement de 41 et 68. Mais dès 1696 la situation redevient normale : 73 naissances et 29 décès. Peut-être le sarrasin a-t-il, comme en Bretagne, suppléé au seigle dans la nourriture de base, sa culture résistant mieux aux intempéries. Des groupes de mendiants parcouraient alors les campagnes, et c’est peut-être ce qui explique l’enterrement dans le cimetière de Chavagnes, le 30 septembre 1694, « d’un passant, taillandier originaire de Lyon, dont on ignore le nom » (vue 10 du registre paroissial accessible sur le site internet des Archives de la Vendée).

Les dernières années du 17e siècle et les premières du 18e siècle, ont vu un climat particulièrement froid et humide, représentatif de ce qu’on a appelé le P.A.P. (Petit âge glaciaire). À lui seul il a provoqué beaucoup de morts, compte tenu des modes de vie et d’hygiène de l’époque, et beaucoup de misères. Nul ne saura isoler ce facteur de celui des impôts et des guerres de la fin de règne de Louis XIV, pour expliquer l’appauvrissement des campagnes. De celui-ci nous en avons déjà fait le constat à la Chapelle Begouin : voir notre article publié sur ce site en décembre 2013 : Les domaines de la seigneurie de la Chapelle Begouin à Chauché. L’histoire du climat a été plus tardivement étudiée, mais sa place dans l’histoire des hommes est incontournable.

Et puis l’amélioration climatique et agricole post 1694 fut en demi-teinte. 1696 connut un hiver gélif pour une partie des semences, suivi d’un été pourri. 1698 fut une mauvaise année. Sur le registre paroissial de Chavagnes, à la fin de l’année, le curé a écrit : « le quatrième du mois de mai en 1698, nos vignes furent vendangées par les vendangeurs de la colère de Dieu vu que l’année avait été si prime. Il ne s’est pas amassé un verre de vin en toute la paroisse, ni un quarteron de pommes » (vue 83). C’est la fameuse gelée du 3 mai 1698 connue des historiens, notée le 4 mai par le curé de Chavagnes en fin d’année, suivie d’un été pluvieux. Il y aura plus tard le terrible hiver 1709, tueur des semences d’automne. Le curé de la Rabatelière s’en est fait l’écho sur son registre paroissial à la fin de l’année 1709 : « Il est à remarquer que cette année il y a eu un hiver si rigoureux que presque tous les arbres ont péri par la gelée, aussi bien que le blé, ce qui a causé un cher temps. Le blé seigle de la mesure de Saint-Fulgent a valu trois livres quinze sols. Cet hiver commença au commencement de février 1709, a duré quinze jours, qui a fait porter un deuil à toute la terre. Ce qui n'a jamais été vu, noyers, chateniers, poiriers, presque tous les pommiers jusqu'aux housins, tout a gelé ; les vignes mesmes : le vin de Chavagne a valu cent vingt livres le tonneau. » (Vue 60). À Versailles le vin gela dans le verre du roi (21).

La métairie en 1700


Les réparations à faire sur les bâtiments de la Racinauzière en 1700 restent modestes comparées à la Mancellière par exemple. Le devis est de 75 livres seulement. Il faut refaire une partie de la cheminée du four de la boulangerie, trois portes, et une partie des couvertures en tuiles des toits des animaux (22). On sait que le fermier judiciaire qui gérait les domaines de la Rabatelière à l’époque, suite à leur saisie, obtint une décision du parlement de Paris pour l’autoriser à faire faire des devis de réparations, signe d’une dégradation résultant très probablement de la situation de saisie judiciaire. 

L’existence d’une boulangerie à la Racinauzière n’est pas une exception. Elle est due aux habitats dispersés poussant à l’autarcie de leurs habitants. En même temps cela les exclus du droit de banalité sur les fours seigneuriaux, appliqué aux habitants des bourgs comme ceux avérés de Saint-Fulgent et des Essarts.

Le court passage du procès-verbal de la visite des lieux ne concerne que les bâtiments de la métairie appartenant au château de la Rabatelière. Faut-il en déduire logiquement qu’il s’agit d’un habitat isolé, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de village où vivaient plusieurs feux non dépendants de la métairie ? L’absence, parce que non significative dans le chartrier de la Rabatelière, avec ses manques, de déclarations roturières se rapportant au tènement, nous empêche de répondre. On sait que ce sont les villages, quelle que fût leur taille, qui ont constitué dans les nouveaux peuplements post carolingiens, le cadre normal de l’existence dans les campagnes (23). En 1700 à la Racinauzière, le village des origines n’était peut-être pas encore réduit aux seuls bâtiments de la métairie. Il pouvait y avoir des habitats pour des laboureurs qui se louaient à la métairie ou ailleurs.

Les baux de la métairie et ses métayers de 1662 à 1789


Le premier bail que nous avons pu lire de la métairie de la Racinauzière, a été signé le 18 janvier 1662 par Louis Penisson, sieur de Sainte-Catherine, demeurant à la Mancellière, et chargé de la gestion des biens de la Rabatelière pour le compte de sa propriétaire, alors Marie de La Baume Le Blanc (24). À cette date, la Racinauzière est rattachée à cette seigneurie voisine, ce qui se comprend parfaitement à cause de la proximité, et surtout parce que le propriétaire était le même. 

Fernand Herbo : Bord de rivière
En 1662 les fermiers signataires du bail sont Mathurin Pottier et Louis Moreau, qui renouvellent leur précédent bail en date de l'année 1659  (25). Quelques années plus tard, en 1678, vivaient à la Roche Mauvin deux Louis Moreau, père et fils, peut-être les mêmes. Le bail de la Racinauzière en 1662 est conclu pour cinq années commençant à la Saint-Georges, moyennant un prix de 330 livres par an. La ferme est payable en deux termes égaux, moitié à noël, moitié à la Saint-Georges.

Nous avons étudié dans le détail des baux des métairies de Linières au début du 19e siècle. Trois articles ont été publiés sur ce site pour en rendre compte, d’octobre à décembre 2011 :  Les activités agricoles et les techniques utilisées à Linières de 1800 à 1830 (Première partie)Les activités agricoles et les techniques utilisées à Linières de 1800 à 1830 (deuxième partie) et Le statut des métayers de Linières de 1800 à 1830. On remarque que deux siècles auparavant les principales clauses des baux étaient les mêmes, reflétant les mêmes techniques agricoles et fixant le même statut des métayers, ceux-ci étant en communauté, c'est-à-dire à plusieurs couples pour assurer la charge de travail des grandes métairies. On remarquera seulement que les baux ne commencent pas systématiquement à la Saint Georges comme deux siècles plus tard.

Il faut aussi souligner, contrairement à ce qui a pu être écrit parfois, que les baux n’étaient pas à partage de fruits, mais le plus souvent à prix d’argent en ce 17e siècle à Saint-André-Goule-d’Oie. Les propriétaires d’alors et leurs intermédiaires (régisseurs ou fermiers) voulaient du numéraire, sans s’embarrasser de suivre les exploitations agricoles de près. Et pas seulement à cause de la situation judiciaire du propriétaire en état de saisie à la Rabatelière, ou de son éloignement. On a d’autres exemples identiques pour des propriétaires non poursuivis par des créanciers et habitant sur place. Des historiens ont écrit que le développement du bail à colonage partiaire, ancêtre du bail à métayage, où le prix du fermage consistait à partager les fruits du travail entre le bailleur et le preneur, a été une conséquence de la taille royale (26). C’est que l’argent paraissait moins dans ce cas, facilitant les tentatives de minoration du montant de l’impôt. La taille a été créée en 1479, et ce facteur ne paraît pas avoir joué deux siècles plus tard à Saint-André-Goule-d’Oie pour favoriser le bail à partage de fruits. 

Une précision intéressante cette fois dans le bail de la Racinauzière : le bétail de la métairie est évalué à 220 livres en 1662, appartenant au bailleur. À la fin du bail, les preneurs s’engagent à laisser du bétail pour une somme équivalente. Cela veut dire que les preneurs garderont pour eux les revenus provenant des naissances, moyennant une somme forfaitaire à payer de 20 livres chaque année à la Saint Georges, s’ajoutant au prix de la ferme. C’était une location du bétail à raison d’un intérêt de 9 % du capital. Voilà qui est intéressant pour le bailleur, mais aussi pour les preneurs, qui pouvaient garder pour eux le surplus des bénéfices, sans mise de fonds. La formule est déjà celle des baux de « cheptel de fer » formalisée dans le code civil de 1804. Mais le risque des épizooties du bétail restait au fermier. 

En 1762, le bailleur entreprit des travaux importants sur la loge (remise) de la métairie de la Racinauzière : deux longères de murs ont été refaites à neuf par le maçon Lussaud, et on a posé une charpente et de nouvelles lattes. Pour ce dernier travail le régisseur a payé à Victor Basty son frère et ses associés 20 journées à raison de 15 sols la journée, tarif habituel à cette époque des charpentiers (27). 

En 1700 le fermier s’appelle René François (28), qui restera à la Racinauzière jusqu’en 1740. Le bail a été renouvelé avec lui à la Saint-Georges 1728 pour 7 ans et 340 livres de ferme par an. La vigne à complant cultivée par le métayer n’est pas comprise, devant revenir au château (29). Il s’était marié à la Rabatelière le 28 août 1699 (vue 48 du registre paroissial, accessible sur le site internet des Archives départementales de la Vendée). Son épouse s’appelait Perrine Herbreteau, née en 1665 à Saint-André-Goule-d’Oie. Elle mourra à l’âge de 70 ans à la Racinauzière le 24 juillet 1735 (vue 107 sur le registre de Saint-André). Sur le registre de la Rabatelière on relève trois naissances de ce couple, avec toujours l’indication de l’origine officielle des parents de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, c'est-à-dire au village de la Racinauzière : Mathurin, Perrine et Renée. Mathurin, l’aîné, continuera la lignée des François, dont fait partie l’auteur de ces lignes. Il achètera ou plantera des pieds de vigne dans le fief de vigne de la Mancellière, et sera métayer à la Boule, puis à la Giroulière (Rabatelière), et enfin à la Telachere (Chavagnes), tout en possédant une petite borderie à la Boninière (Saint-André). Voir pour la Télachère l’article publié sur ce site en avril 2020 : La métairie de la Télachère à Chavagnes en 1760-1768À l’époque la situation d’un métayer d’une grande métairie était plus enviable que celle d’un petit bordier propriétaire. La raison en était dans les jachères temporaires qui neutralisaient une partie des terres. La prospérité exigeait alors beaucoup de surface de terres labourables.

château de la Rabatelière
En 1741 apparaissent deux nouveaux fermiers, Billaud et Louis Piveteau (30). Le 1e décembre 1752, Pierre Billaud et Marguerite Rullleau sa femme, Jean Gilbert et Jeanne Pillard sa femme, demeurant en communauté à la métairie de la Racinauzière, renouvellent leur bail pour 9 années qui avait commencé à la Saint-Georges dernière moyennant un prix annuel de 345 livres (31). Il sera encore renouvelé pour 7 années. Du côté du propriétaire bailleur, le signataire est René III Montaudouin, fils aîné de René II Montaudouin, ce dernier ayant acheté la Rabatelière. Le prix de la ferme n’a augmenté que de 1,5 % par rapport à la dernière valeur connue en 1734, pour s’établir à 345 livres par an.  

En 1771 le bail est renouvelé avec les mêmes métayers pour le même prix. René III Montaudouin étant décédé, c’est son frère Nicolas qui lui a succédé, mais il est mort lui-aussi. Au nom de ses enfants, c’est sa veuve, Anne Montaudouin, qui a donné pouvoir au procureur fiscal de signer le bail en son nom. Mais le bail est conclu pour 5 années seulement, et une clause inhabituelle est insérée. Si Pierre Billaud et sa femme meurent avant la fin du bail, celui-ci continuera au profit de Gilbert et sa femme seuls, sans que les héritiers des autres preneurs ne puissent rien prétendre. Le procureur fiscal a voulu anticiper une mort éventuelle d’un des deux couples en communauté et preneurs au bail, pour garder toute sa liberté. En droit il l’avait, mais il lui fallait probablement se prémunir du poids que représentait habituellement la fidélité aux métayers (31). On est encore loin des réformes du droit rural intervenues sur ce point en faveur des enfants des métayers au milieu du 20e siècle !

Ces communautés familiales savaient se serrer les coudes, puisqu’on voit une Perrine Rulleau, probablement parente avec les associés de son père, épouser en 1787 le fils de Jean Gilbert et Marie Billaud, Pierre Gilbert. Le contrat de mariage organise l’entrée de la jeune épouse dans la communauté de la Racinauzière. Celle-ci est divisée en 7 parts qu’on appelait des « testées » : deux pour les jeunes mariés, une pour le père Jean Gilbert, une pour la veuve de l’associé, deux pour le frère du marié et son épouse, une à partager entre les 3 enfants mineurs du marié, qui était veuf d’un premier mariage. En exécution de cette nouvelle répartition et de la valeur des biens meubles, la future épouse apporte à son mari la somme importante de 550 livres (32). L’année d’avant, en 1786, c’est un autre jeune de la Racinauzière, Louis Gilbert, qui se marie avec Perrine Guignardeau et part s’installer dans la communauté des Fonteneau au Plessis Richard (Saint-Fulgent). Dans son contrat de mariage, la communauté des biens meubles est composée de 10 testées, où on trouve deux épouses Guignardeau et une épouse Gilbert déjà. Le père du marié s’engage à donner 450 livres au chef de la nouvelle communauté de son fils, par avance d’héritage, plus des meubles estimés à la valeur de 40 livres (33).  

Pour effectuer un partage entre héritiers chez les Montaudouin en 1779, on fit évaluer les revenus des propriétés. Cette année-là, ceux de la Racinauzière se montaient à 450 livres (34). Ce montant de 450 livres était toujours perçu dans les années 1786 à 1788 (35). La ferme de la métairie est donc passée de 345 livres en 1776 livres à 450 livres en 1779. Mais cette hausse de 105 livres, soit 30 %, représente pour l'essentiel l'incorporation dans le prix de la ferme des redevances féodales, et peut-être une revalorisation de la ferme elle-même en même temps. On constate la même chose pour la métairie de la Roche Mauvin à la même époque.

Les changements de propriétaires de la métairie de 1795 à 1828 


La métairie de la Racinauzière passa dans l’héritage de Thérèse Montaudouin, fille d’Anne Montaudouin et épouse de Martel, qui vécut toute la période de la Révolution dans son hôtel particulier des Montaudouin de la place de la liberté à Nantes, devenue place du maréchal Foch. De ce fait, et contrairement à ce qui se passa pour son frère, qui émigra, et dont les biens furent saisis et vendus comme biens nationaux, la Racinauzière resta sa propriété. Elle mourut à Nantes le 15 janvier 1827, et sa succession pour ses biens de la Rabatelière fut déclarée au bureau de Montaigu le 3 juillet suivant (voir le registre numérisé accessible sur le site internet des Archives départementales de la Vendée, vue no 182). Veuve et sans enfant, ses biens passèrent à 6 héritiers du côté maternel et 12 héritiers du côté paternel, cousins, cousines, neveux et nièces, qui décidèrent de vendre le domaine de la Rabatelière en 1828 à Charles Henri de la Poëze, dont la Racinauzière.

Le château est estimé en 1827 de revenu annuel : 560 F. Les deux moulins proches du château sont estimés rapporter annuellement, pour le moulin à vent 103 F, et le moulin à eau 100 F.  « La Forêt dite de Gralas dans les communes des Brouzils et de la Copechagnière et dont jouissait la décédée, estimée de redevances : 4 000 F impôts compris ».

Et puis on a « La métairie de la Racinauzière affermée verbalement au sieur Gilbert : 955 F ». En 1797 son revenu estimé, peut-être à la baisse, était de 500 F (36).

Dans le nouveau cadastre crée en 1838 à Saint-André-Goule-d’Oie, dit « napoléonien », c’est Charles de la Poëze qui est propriétaire de la métairie de la Racinauzière, comptant alors 45 hectares (37).


(1) Quittance du 13-8-1731 du rachat payé aux Essarts pour la Mancellière et autres, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 8.
(3) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61, Coin Foucaud, aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par le seigneur de Languiller aux Essarts, reproduisant un aveu de 1550 – deuxième copie.
(4) Quittance du 20-1-1757 du rachat payé aux Essarts pour Languiller, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 8.
(5) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, pages 9, 35 et 45, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(6) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, page 88.
(7) Aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605 Archives de Vendée, Travaux de G. de Raignac : 8 J 101 (reproduisant un aveu de 1550).
(8) Idem (1).
(9) Notes no 3 et 5 sur la Racinauzière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 3.
(10) 150 J/A 13-1, terrier de 1651 de la Rabatelière, note particulière.
(11) 150 J/A 13-4, arpentements et estimations en octobre 1659 du château de la Rabatelière et autres terres jointes.
(12) Notes no 10 et 11 sur la Racinauzière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(13) Idem (11)
(14) Livre de recettes en argent de la Rabatelière (1730-1768), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 1, page 13.
(15) 150 J/G 48, bail de la métairie de la Racinauzière du 18-1-1662.
(16) 150 J/A 13-3, état des biens et revenus en 1698 dépendants de la Rabatelière.
(17) 150 J/A 13-2, inventaire vers 1720 des revenus de divers domaines de la Mancellière.
(18) Idem (10).
(19) 150 J/E 29, original de la ferme du 1-12-1752 de la métairie de la Racinauzière à Billaud et Gilbert.
(20) E. Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Fayard 2004, tome I, page 474 et s.(21) Dirk Van der Cruysse, Madame Palatine, Fayard, 1988, page 458.
(22) 150 J/A 13-1, visites en 08 et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière.
(23) G. Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval, Champs Flammarion, 1977, page 65.
(24) Idem (15).
(25) Idem (11).
(26) L. Rerolle, Du colonage partiaire …, Chevallier-Marescq (1888), page 208.
(27) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, pages 122 et 130.
(28) Idem (22).
(29) Livre de recettes en argent de la Rabatelière (1730-1768), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 1, pages 15, 100 et 177.
(30) Idem (22).
(31) Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6, ferme de la Racinauzière du 4-4-1771.
(32) Contrat de mariage du 30-1-1787 de Pierre Gilbert (Racinauzière) avec Perrine Rulleau Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12.
(33) Contrat de mariage du 16-1-1786 de Louis Gilbert, fils de Jean (Racinauzière) avec Perrine Guignaudeau, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/11.
(34) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 58-12, Rabatelière, partage Montaudouin en 1779.
(35) Livres des recettes et dépenses du château de la Rabatelière (1785-1789), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(36) Archives de la Vendée, domaines nationaux : 1 Q 342, no 117, partage Montaudouin et République du 3 pluviôse an 5 (22-1-1797).
(37) Archives de la Vendée, consulter les archives numérisées, cadastre napoléonien, commune de St André Goule d’Oie, tableau alphabétique des propriétaires, vues no 289, 290 et 316.

Emmanuel François, tous droits réservés
Mars 2016, complété en octobre 2020

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lundi 1 février 2016

Les seigneurs de Saint-Fulgent contre les seigneurs de Languiller (1720-1770)

Les derniers seigneurs habitants de Languiller 


Charles Auguste Chitton, s’occupait de la seigneurie de Languiller officiellement depuis 1701, à l’âge de 33 ans. Son père, Philippe Chitton, lui avait passé la main, mais il était toujours vivant en 1712. Charles Auguste Chitton succéda à son père dans sa charge de grand prévôt général du Poitou en 1711. Il s’était marié le 31 janvier 1709 avec Élisabeth de Châteauneuf, fille de Jacques, écuyer, seigneur de Pierre-Levée, ancien maire perpétuel de Niort comme Philippe Chitton, et de Marie-Anne Guérin de la Vergne. On sait peu de choses sur le fils Chitton. Mais on le découvre aussi tenace que son père et habile homme. Lui aussi n’hésitait pas à engager des procès, et pas seulement contre le seigneur de Saint-Fulgent
Chauché

Charles Auguste Chitton et Françoise Élisabeth de Châteauneuf ont vécu dans leur logis tout neuf de Languiller, et leurs enfants sont nés à Chauché. Deux filles jumelles, baptisées le 18 mars 1711 n’ont pas survécut. Elles ont été inhumées dans la Chapelle Begouin, l’une le 19 mars, l’autre le lendemain (vue 116 sur le registre de Chauché aux Archives de Vendée). Trois autres enfants survécurent :

-      Françoise Madeleine née le 3 juillet 1710 et baptisée le 30 mars 1712 (vue 7),
-   Marie Bénigne née le 28 mars 1712 et baptisée le 30 mars 1712 (vue 7), en même temps que sa sœur.Celle-ci avait été ondoyée à la naissance.
      Charles Louis baptisé le 26 octobre 1714 (vue 37).

Françoise de Châteauneuf mourut le 24 mars 1725.

Charles Auguste Chitton maria ses deux filles à Chauché. D’abord Marie Bénigne, le 25 octobre 1728 (vue 175) avec Charles Seguin de Brilhac, seigneur de Nouzières, Grandjean (dont il était originaire, situé au sud de Saint-Jean-d’Angely), de Fenioux, Beaulieu et la Foy. Une fille née de leur union à Languiller fut baptisée à Chauché le 3 septembre 1730 (vue 198), Madeleine Louise Brilhac de Nouzière.

Enfin, une autre fille, Marie Geneviève, épousa Charles Antoine Seguin de Brilhac de la Laurencie de Chadurie. Elle garda la métairie du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, échue dans son héritage, jusqu’en 1791 (puis vendue au seigneur de Linières).

Françoise Madeleine se maria le 18 février 1732 dans la chapelle Begouin (vue 12 à Chauché), avec Pierre René Gabriel de Vaugiraud (voir notre article publié sur ce site en août 2014 : La famille de Vaugiraud à St André Goule d'Oie). Elle devint veuve en 1743 et n’eut pas d’enfants.

Charles Auguste Chitton, mourut l’année d’après ce mariage, le 20 mars 1733 à l’âge de 65 ans, et fut inhumé dans « le chœur de l’église de la Chapelle de cette paroisse [de la Chapelle de Chauché] du côté de l’épître près de la muraille », suivant ce qu’on peut lire sur le registre paroissial de Chauché (vue 25).

Son fils Charles Louis Chitton est mort à l’âge de 30 ans le 5 mai 1745, année où il vendit la seigneurie de Languiller à René Montaudouin, châtelain de la Rabatelière, moyennant une rente annuelle foncière de 3 600 livres. Celle-ci échut à sa sœur Marie Bénigne Chitton, qui épousa Charles Seghin de Brilhac de Nouzières, puis se remaria avec Louis Auguste Pascault de Villars de Pauléon. La rente était toujours due par la Rabatelière au moment de la confiscation des biens de Thomas René Montaudouin par la nation lors de la Révolution (1).

Charles Auguste Chitton continua la défense de ses intérêts avec la même ardeur que son père. Ainsi il obtint en 1721 du présidial de Poitiers la condamnation de Louis le Maignan de l’Ecorce, seigneur du Marchais à Vieillevigne et de la Valinière à Saint-Fulgent. Il lui reprochait de n’avoir pas fait sa foi et hommage pour quelques terres possédées à la Javelière (2). Le seigneur de Marchais devait lui aussi, comme tous les autres teneurs, participer au prélèvement annuel au profit du seigneur de Saint-Fulgent, et faire ses devoirs envers le seigneur de Languiller.

Les nouveaux propriétaires des métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye


Les deux métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye avaient été achetées en 1712 à Marguerite Rousseau, veuve Corbière, par une autre veuve, Charlotte de La Douespe. Encore un destin singulier.

A. L. Girodet de Roussy-Trioson :
Général de Bonchamps
vers 1860 (Musée d’Orsay)
Originaire de Mouchamps, elle était la fille de François de La Douespe, seigneur des Etablières (Mouchamps), et de Philippe Majou. Son père était médecin apothicaire. Son grand-père était venu s’installer à Mouchamps près des Rohan Soubise, protecteurs des protestants. D’ailleurs ses deux frères et sa sœur, ainsi que ses parents, émigrèrent en Angleterre et à la Haye pour échapper aux persécutions (3). Charlotte fut placée à la « Propagation de la foi » à Luçon, institution portant bien son nom. Et elle fut mariée à un catholique. En effet, elle épousa par contrat du 12 mai 1700 Charles René de Farci, seigneur du Rozerai. Le père de ce dernier s’était converti au catholicisme à l’édit de Nantes. Charles René de Farci mourut avant le 7 décembre 1705, laissant deux enfants à sa veuve.

Leur fille, Marguerite Élisabeth, née en 1705, épousa en 1734 Anne-Artus de Bonchamps, écuyer seigneur de la Baronnière (Anjou). Et elle fut la grand-mère de Charles Melchior de Bonchamps, le célèbre général vendéen, étant marraine à son baptême en 1760.

Charlotte de La Douespe communiqua son contrat d’acquisition au seigneur de Languiller et au fermier des Essarts, et elle leur paya les lods et ventes (droit de mutation) de son acquisition à proportion de ce que chacun y était fondé.  

Jean Trastour, quelque temps après, fit aussi quelques acquisitions à la Chevaleraye, communiqua son contrat et paya ses lods et ventes au seigneur de Languiller et au fermier de la baronnie des Essarts, ainsi qu’avait fait la dame de Roserai. Apothicaire aux Essarts, il était marié à Gabrielle Merland.

Le seigneur de Saint-Fulgent relance le combat contre Languiller


Face au sourcilleux seigneur de Languiller, le tout nouveau seigneur de Saint-Fulgent en 1720, Joachim Descazeaux, est un riche négociant nantais qui a réussi dans des affaires difficiles (voir notre article publié sur ce site le mois dernier : Les seigneurs de St Fulgent au 18e siècle). Il est aidé sur place par un parent par alliance à l’entregent entreprenant, Louis Prosper Proust, fils de Louis Proust ancien notaire et procureur fiscal de Saint-Fulgent. Né vers 1683, il fut licencié ès lois, avocat au parlement, commissaire aux revues des troupes de sa majesté à Saint-Fulgent, exempt de la maréchaussée générale du Poitou, sénéchal de Saint-Fulgent et de Bazoges-en-Paillers, subdélégué de l’Intendant de cette province à Saint-Fulgent en 1720, et sénéchal de la baronnie des Essarts plus tard (voir notre article publié sur ce site en août 2013 : La famille Proust de St Fulgent et St André Goule d'Oie). Descazeaux et Proust étaient des personnes réfléchies qui vont reprendre le flambeau des seigneurs de Saint-Fulgent pour s’affirmer seigneur de la Boutarlière, la Chevaleraye et la Javelière.

chancelier d'Aguesseau
On commença par consulter les spécialistes. Ainsi trouve-t-on dans les archives une consultation de l’avocat parisien Perrinelle en date du 10 septembre 1721. Il était un des plus réputés à Paris. Le chancelier d’Aguesseau (ministre de la justice) le fit travailler à ses ordonnances visant à unifier les jurisprudences et les coutumes sur les principales matières du droit civil. En particulier il le chargea, avec son collègue Mathieu, de travailler sur les mémoires des parlements en ces matières, que d’Aguesseau avait demandés.

Ses conclusions contre le seigneur de Languiller sont résumées par lui ainsi : « Le conseil soussigné est d’avis que M. Descasaux en qualité de seigneur de Saint-Fulgent a droit de prétendre la seigneurie directe sur les tènements de la Chevaleraye et de la Boutinière. Mais il n’est pas en droit de se dire seigneur direct des tènements de la Javelière et de la Roche Herpière ». Pour qui serait friand de développements juridiques sur le droit féodal et la coutume du Poitou, sa démonstration est claire sur un document bien conservé. Il déroule son analyse des documents qui lui ont été fournis, à commencer par les ventes à Crespeau de 1554 et 1559 de Jules de Belleville. Puis il procède à la réfutation des moyens employés dans la consultation donnée en faveur du seigneur de Languiller par des avocats de Poitiers, le 18 décembre 1719 (4).

Louis Prosper Proust paraît sur place à Saint-Fulgent avoir été l’âme du combat judiciaire, avec une solide compétence, quand il discute le mémoire de Perrinelle. D’une santé fragile, se plaignant de sa sciatique et de « fluxion dans les yeux », il restait attentif et travailleur. Il avait la confiance de Joachim Descazeaux résidant à Nantes et à Paris. Celui-ci avait réussi dans ses affaires et connaissait l’importance des détails dans la réflexion et de la ténacité dans l’action. Il était aussi de ceux qui savent que dans les affaires, les grandes sommes d’argent ont besoin des petites sommes.

Le seigneur de Languiller avait menacé d’engager un retrait féodal des biens possédés par le seigneur de Saint-Fulgent sur les trois tènements de Saint-André-Goule-d’Oie. C’était un droit du seigneur suzerain, reconnu depuis longtemps, lui permettant de faire saisir les revenus des biens, par décision de justice. Son père avait été un familier de cette arme contre le seigneur de la Rabatelière en 1685, par exemple, et aussi ailleurs.

La tactique de Proust


Ruines de l’ancien château 
des Essarts
De plus, le seigneur de Languiller était en procès depuis 40 ans avec son suzerain, le baron des Essarts, sur le point de savoir qui des deux était le chemier du fief des Bouchauds. Par deux fois il avait fait reconnaître le titre dans une déclaration roturière pour la Boutinière en 1684. Il prétendait qu’il rendait l’hommage de la seigneurie des Bouchauds au baron des Essarts en tant que chemier (chef), et que sous son hommage il garantissait les hommages des divers possesseurs de droits seigneuriaux relevant de cette seigneurie, dont le seigneur de Saint-Fulgent pour la Boutinière. Il était de ce fait le « seigneur en chef » des Bouchauds. Le baron des Essarts avait un autre point de vue. Le fief des Bouchauds était dépiécé (vendu partiellement) et non pas indivis, et même le rôle de chemier était partagé entre eux par moitié (5). Et comme suzerain il en rendait hommage à Thouars, le seigneur de Languiller n’étant que son parageur (représenté par le suzerain), comme disaient les jurisconsultes de l’époque. L’enjeu de cette querelle ? Le chemier seul avait le droit de faire une retenue féodale en cas de vente. Depuis 1701, d’autres fiefs dépendant des Bouchauds donnaient lieu à procès sur cette querelle du chemerage des Bouchauds, comme la Vrignonnière et l’Ansonnière aux Essarts (5).

Proust a vu dans cette querelle une opportunité pour le seigneur de Saint-Fulgent : qualifier le baron des Essarts de chemier à l’occasion de ventes dans les tènements en question, et donc du paiement des lods et ventes. On se rappelle que le baron des Essarts en prenait la moitié dans le fief des Bouchauds. Dans une lettre du 22 septembre 1721, Proust écrit : « il faudrait tacher de se jeter entre les bras du seigneur des Essarts …….. Il serait bon de faire faire cette observation à M. Perrinelle. Pour moi je verrai M. Champeau » (6). Jacques Merland, sieur de Champeau, était notaire et procureur fiscal des Essarts à cette époque, aussi fermier et receveur de la baronnie au moins de 1717 à 1729 (7). et semble-t-il jusqu’à sa mort en 1750 (8). Il habitait la Guichardière (Rabatelière) et avait épousé Madeleine Louise Maillard. Il a disposé aussi du logement des fermiers de la baronnie des Essarts, situé « dans le grand pavillon du château, du côté du soleil levant et du côté du bois de haute futaie » (9).

Et Perrinelle approuve la tactique, rappelant que M. Descazeaux a payé ses droits de lods et ventes au baron des Essarts, en acquérant la seigneurie de Saint-Fulgent, pour les domaines et biens situés dans la mouvance des Essarts. Il refuse de payer l’autre moitié des droits au seigneur de Languiller pour l’achat de la Boutinière. Perrinelle ajoute qu’ « il aurait été à propos d’y joindre en même temps une protestation de foi et hommage et pour engager d’autant par le seigneur des Essarts à se dire seigneur de ces fiefs, au moyen de quoi si le seigneur de Languiller venait à vouloir exercer le retrait féodal, monsieur Descasaux serait en droit de dénoncer sa prétention au seigneur des Essarts et de demander qu’il prit son fait et cause, ce qui formerait un combat de fief qui suspendrait l’effet du retrait féodal ». Perrinelle développe aussi d’autres arguments dans le même sens, tenant au droit de vente partielle des fiefs, et s’appuyant sur les articles 130 et 131 de la coutume du Poitou (6).

Une chose étonne avec ces lettres de Proust. Pourquoi les trouve-t-on dans les archives de Languiller provenant du château de la Rabatelière ? Qu’on ait échangé des pièces et des mémoires, était normal et obligatoire dans une procédure judiciaire civile contradictoire. Mais avec ces lettres, on entre peut-être dans les domaines de la trahison ou de l’espionnage, si elles ont été à la disposition du seigneur de Languiller au moment de leur émission. Ce dont nous ne sommes pas sûrs, et même nous en doutons, connaissant les liens de confiance de Proust avec M. Descazeaux. Le mystère demeure.

Nous avons une lettre amusante à cette époque de Charles Auguste Chitton à Proust. Il y évoque sa surprise sur les mémoires remis par Proust, qui montre qu’il est à l’aise avec le droit. Et perfidement il termine en écrivant : « Je vous rends trop de justice pour croire que ce soit vous qui ayez été l’auteur en cet endroit-là, et suis persuadé que quelques mal intentionnés ne seraient pas fâchés lorsqu’ils nous verraient en procès » (9).  

Proust sous-estime la saisie féodale du seigneur Chitton


Logis de Languiller en 2016
J. Descazeaux avait payé ses lods et ventes au baron des Essarts pour sa part lui revenant, mais ne voulait pas payer la part revenant habituellement au seigneur de Languiller, lui déniant tout droit de seigneurie sur la Chevaleraye, Boutinière et Javelière. En rétorsion, ce dernier fit saisir féodalement le 25 juin 1727 les rentes, dîmes et droits de terrage appartenant au seigneur de Saint-Fulgent, à défaut d’exhibition du contrat d’acquisition qu’il avait fait de la terre de Saint-Fulgent et de ses rentes et devoirs qui y étaient annexés. Dans une note du 1e septembre suivant, Proust relève quatre fautes commises dans la forme de cette saisie et la considère en conséquence nulle en droit (10). Il l’envoie le 9 septembre 1727 au procureur à Paris de M. Descazeaux, M. Voluette, accompagnée d’une lettre. Le procureur gérait la procédure judiciaire alors, dans un rôle différent de l’avocat, ce dernier plaidant seulement. Dans sa lettre il indique qu’il n’est pas « d’avis qu’on en interjetât appel, parce que cela serait préjudiciable, puisque Monsieur Descazaux doit ignorer de cette saisie qui n’est point censée lui être connue, et que l’appel détruirait ce moyen de droit » (11). Les principaux arguments de nullité résidaient en effet pour lui dans les défauts de la communication de la saisie au seigneur de Saint-Fulgent.

L’affaire alla néanmoins au présidial (tribunal) de Poitiers, quand le seigneur de Languiller fit mettre en bail judiciaire la perception des redevances dues au seigneur de Saint-Fulgent. Et un an et demi plus tard, Proust écrit dans une lettre sur un ton optimiste : « On assiste d’une grande fête à Poitiers », et annonce que l’affaire n’est pas jugée sur le fonds comme il le pensait, mais sur les vices de forme, et que l’adversaire « en aura pour une dose de dépens ».

Proust se met à dos les acquéreurs des métairies


Il donne un autre conseil en revenant à la tactique qui lui est chère, « mouiller » le baron des Essarts. Pour cela il propose de faire appeler au présidial de Poitiers, les personnes qui ont acquis dans un passé récent des domaines dans les tènements en question, et qui ont payé les lods et ventes au seigneur de Languiller. Il prévoit de gagner, et alors les personnes concernées se retourneront contre le seigneur de Languiller « et lors la question pour la propriété des fiefs se trouvant impliquée, on la fera juger. »

Était-ce une bonne tactique ? Elle supposait de bien maîtriser la procédure civile propre à ces problèmes, et d’y mettre la « manière » à l’égard des personnes concernées. De l’une et de l’autre de ces deux conditions nous n’en pouvons juger.

On suivit la tactique de Proust.

Le 30 novembre 1727, le seigneur Descazeaux fit appeler au tribunal la dame de La Douespe, propriétaire de deux métairies situées aux tènements de la Boutinière et de la Chevaleraye « en parlant au nommé You, colon des dites métairies, pour être condamnée d’exhiber tous les contrats d’acquêts faits dans l’étendue des dits tènements, à payer les lods et vente de son acquisition et à satisfaire aux autres cas de la coutume, et en cas de contestation être condamnée aux dépens ». En conséquence la Dame de la Douespe se retourna le 19 avril 1728 contre le baron des Essarts et le seigneur de Languiller, à qui elle avait payé les droits de lods et ventes. Le sieur Trastour fit de même le 24 mai 1728. Tout le monde se trouva impliqué dans un même procès au présidial de Poitiers : le baron des Essarts, les seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent, la dame de La Douespe et le sieur Trastour.

château de Langeac
Le baron des Essarts était alors Louis Christophe de La Rochefoucauld de Lascaris d’Urfé (1704-1734), qui avait hérité de la terre des Essarts en 1724, achetée dans les années précédentes par un frère de sa grand-mère, Joseph Marie de la Rochefoucauld de Lascaris. La date du transfert de propriété pose un problème. En effet elle devait etre acquise au 1e mars 1718, date d’un  aveu de la baronnie des Essarts par Joseph Marie de Lascaris d’Urfé, au duché-pairie de Thouars (12). Mais, bizarrement, c’est Nicolas Cordery, chargé des affaires de Victor Amédée de Savoie (propriétaire précédent), qui renouvelle le 10 octobre 1721 le bail de la baronnie des Essarts à Merland sieur de Champeau, par ailleurs procureur fiscal de la baronnie des Essarts (13). 

Louis Christophe de La Rochefoucauld de Lascaris d’Urfé s'était marié en 1724 avec Jeanne Camus de Pontcarré. Il fut grand bailli du comté de Forez. Après avoir servi quelque temps comme capitaine de cavalerie, il fut nommé en 1731 colonel de son régiment de la Roche-Guyon, qui prit alors le nom de régiment d’Urfé. Il mourut de la petite vérole (ancien nom de la variole) dans le milanais le 7 janvier 1734 à l’âge de 30 ans. Il demeurait ordinairement au château de Langeac en Auvergne, résidant aussi à Paris, soit chez monsieur Pelichon, rue du Batoir (près de Saint-André-des-Arts), soit chez son beau-frère l’abbé de Braguelonne rue des Deux Postes, ou chez son autre beau-frère, monsieur de Pontcarré, maître des requêtes.

M. Champeau, son procureur fiscal aux Essarts, paraissait entrer dans les vues de Proust, prenant en copie un mémoire confidentiel de ce dernier, lui donnant l’accès à la « chambre des trésors » du château des Essarts (réceptacle des archives domaniales d’une châtellenie importante). Proust y a trouvé, dit-il, « la première concession du fief du Coin Foucaud et j’ai aussi trouvé celle des Bouchauds ». Cette information est essentielle pour nos recherches, puisque ces archives ont disparu, probablement brûlées pendant la Révolution, et sans une lettre de Proust en 1729, nous n’avions pas la preuve que la seigneurie du Coin Foucaud était une concession du baron des Essarts à son origine. Elle remet à sa place certaines informations publiées, donnant au seigneur de Palluau la mouvance sur le Coin Foucaud pendant un siècle et demi à la fin du Moyen Âge. Le même propriétaire a possédé Palluau et les Essarts en même temps de 1387 à 1555, mais sans que cela ne change le périmètre de la mouvance des Essarts.

Le point important que développait Proust résidait dans la dispersion du fief du Coin Foucaud, dont les droits avaient été vendus au détail par les seigneurs de Languiller dans des conditions non-conformes aux conditions prévues par la coutume pour en conserver l’existence même. C’est ce qu’on appelait le « dépié de fief » (le mot fait justement penser à un dépeçage du fief). En conséquence, les hommages qui en dépendaient devaient remonter à son suzerain, le baron des Essarts. Le raisonnement parait juste sous bénéfice d’inventaire, restait à apporter la preuve des faits sur lesquels il s’appuyait, en cherchant dans les archives. Restait aussi à obtenir la collaboration du suzerain lui-même pour revendiquer ce droit contre l’usage qui s’était instauré.

Proust a écrit dans une lettre à Voluette : « M. Champeau m’a promis d’écrire au procureur de M. d’Urfé, de rectifier ses conclusions, et de mettre en avant le dépié de fief, et de soutenir que le total des ventes (droit des lods et ventes) lui appartient. Il m’a aussi promis de recevoir M. Descazeaux à l’hommage des fiefs, mais pour cela il me faut une procuration de lui. Cela fait, voici M. Descazeaux à l’abri de toute aventure.
En examinant ce mémoire ne perdez point de vue que le fief du Coin Foucaud dont relèvent les tènements en question est un corps de fief distinct et séparé, qui avait son hôtel et son chef d’hommage particulier ». Nous sommes en février 1729 et Proust d’ajouter, parlant de M. d’Urfé : « On l’attend au mois de mai prochain aux Essarts » (14).

Mélina Daviau : Portrait de magistrat
Comment se présentait le procès en cours au présidial de Poitiers ? Le baron des Essarts prit mal la chose. Lui demander de rembourser sa part des droits de lods et vente à lui payée par Charlotte de La Douespe et Jean Trastour, au motif que les seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent se disputaient l’autre part, l’indisposa fort contre ce dernier, à l’origine de cette poursuite. Et quand celui-ci présenta le 3 mars 1729 un mémoire contre le seigneur de Languiller, sans répondre aux objections du baron des Essarts, Charlotte de La Douespe et Jean Trastour firent croire à M. d’Urfé qu’il voulait « s’approprier toute la féodalité sur le tènement de la Boutinière » (15).  

Les seigneurs des Essarts et de St Fulgent s’expliquèrent ensuite sur ce malentendu, par procureurs et avocats interposés. Mais le mal était fait, le seigneur des Essarts ne serait pas un allié de celui de Saint-Fulgent. Les difficultés pour gérer quatre parties au même procès, et probablement une insuffisance dans les relations humaines, mirent à mal la tactique imaginée par Proust. Qui a dit que la diplomatie est un art tout d’exécution ?

Des changements chez les protagonistes des procès


Le présidial de Poitiers en son audience du 5 janvier 1730 demanda aux seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller de produire leurs pièces et mémoires à l’appui de leurs revendications opposées, ce qu’ils firent le 4 mai 1730, le 23 janvier 1731 et le 16 janvier 1733.

Jeanne Camus de Pontcarré 
La mort de certains protagonistes ralentit la procédure au tribunal, transférant leurs droits et obligations à leurs héritiers. Le seigneur de la Rochefoucauld d’Urfé mourut le 7 janvier 1734 comme on sait. Il laissa un fils, François Alexandre, qui mourut en 1742 à l’âge de 15 ans, et deux filles, Adélaïde Marie Thérèse, née en 1727, et Agnès Marie, née en 1732. C’est leur mère, en tant que tutrice, qui représenta ses enfants dans l’instance en cours au présidial de Poitiers. Elle s’appelait Jeanne Camus de Pontcarré (1705-1775), et fit beaucoup parlé d’elle à cause de ses excentricités et fréquentations. Elle a droit à sa page dans le site Wikipédia. Il est important de rappeler ici que son père, Nicolas Pierre Camus de Pontcarré était premier président du parlement de Rouen (cour de justice), et sa mère était Françoise Michelle de Braguelonne. Celle-ci eut pour frère l’abbé Christophe Bernard de Braguelonne, qui fut membre de l’académie des sciences. Autant dire que le procureur de madame de la Rochefoucauld devait être bien entouré de hauts magistrats parisiens, et que le procureur fiscal des Essarts avait intérêt à être compétent et convainquant pour être écouté du nouveau seigneur du lieu.

Joachim Descazeaux mourut en novembre 1732. Son héritier fut son neveu par alliance, René Darquistade, lui aussi parent de Proust par alliance. Pour la seigneurie de Saint-Fulgent, la relève se fit dans la continuité.

Charles Auguste Chitton mourut le 20 mars 1733. Ses trois enfants continuèrent la procédure, ce qui risquait d’affaiblir leur position, quelle que soit la qualité de leurs relations entre eux. Il y avait Charles Louis Chitton, chevalier seigneur de Languiller, mineur émancipé (âgé de 19 ans en 1933), et procédant sous l’autorité de son curateur aux causes (chargé d’assister son pupille dans les instances judiciaires), maître Alexandre Bousseau, sieur du Petit Fief et procureur fiscal de la Jarrie. Son père, René Bousseau, s’était mal comporté à l’égard de leur grand-père Philippe Chitton dans son combat contre le seigneur de la Rabatelière (Voir l’article publié sur ce site : La saisie féodale de la Mancellière à St André Goule d’Oie). Entre temps on avait changé de génération deux fois chez les Chitton. Les deux sœurs de Charles Louis Chitton, mariées, étaient représentées et autorisées de leurs maris à poursuivre l’instance. Françoise avait épousé René Gabriel de Vaugiraud, écuyer seigneur de Logerie (Bazoges-en-Paillers). Bénigne avait épousé Charles de Brilhac, chevalier seigneur des Adriers (Saintonge).

L’imprévisible Jeanne Camus de Pontcarré


Dans ce contexte nouveau, la position de Jeanne Camus de Pontcarré sur les conflits en cours dans le même procès à Poitiers fut exprimée dans un « avertissement » (écrit d’une partie dans un procès) en date du 27 février 1736 (16). Elle rejetait les demandes de remboursement des lods et ventes de Charlotte de La Douespe et Jean Trastour évidemment. Elle contestait au seigneur de Languiller le droit de se qualifier chemier du fief des Bouchauds. « En troisième lieu elle a enfin fait voir qu’elle a un intérêt très sensible d’être spectatrice des contestations qui divisent les seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent qui semblent n’avoir rien de commun avec elle ». Elle laisse donc le tribunal trancher leur différent. Voilà qui n’arrangeait pas la position du seigneur de Saint-Fulgent, et mettait à mal les espérances placées dans la tactique préconisée par Proust.

Giuseppe Cagliostro
Le 10 mars suivant celui-ci écrit à Darquistade : « Vous verrez aussi que la dame des Essarts nage entre deux eaux sans se déterminer, et qu’elle paraît seulement attentiste à profiter à tout hasard de l’évènement ». Mais cela n’empêchait pas de faire des affaires, et Mme de la Rochefoucauld vendit l’office de sénéchal des Essarts à Proust lui-même en ce début d’année 1736 (17). Elle n’avait pas besoin de lui pour gérer sa procédure à Poitiers, bien conseillée qu’elle était à Paris. Et qui sait si elle n’était pas en relation pour cela avec quelque esprit supérieur venu de l’au-delà ? Fréquentant le comte de Saint-Germain et le comte de Cagliostro, on pouvait s’attendre à de l’imprévu avec elle. Ceci dit à la décharge de Proust.

Celui-ci n’en resta pas moins fidèle à son parent Darquistade. Dans sa même lettre du 10 mars 1736, il écrit au seigneur de Saint-Fulgent, faisant allusion à un dossier : «  Il y a quelques pièces qui vous manquent, qu’il ne serait peut-être pas impossible de trouver, on pourrait même le faire avec plus de facilité à présent que madame la marquise d’Urfé vient de me faire son sénéchal de sa baronnie des Essarts. Comme nous allons incessamment entrer dans l’examen du fief de Languiller qui relève de cette baronnie, je pourrais découvrir ce qui manque de pièces. Au surplus je suis sûr d’empêcher le jugement du procès d’ici à trois mois, ainsi vous avez encore du temps à vous y voir. » (17). Il n’empêche, Proust donne l’impression de « nager entre deux eaux » lui aussi.

Ensuite la documentation manque, et on ne sait pas comment le procès s’est déroulé à Poitiers. Dans le combat séculaire des seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent pour la propriété du droit de fief sur les tènements de la Boutinière, Chevaleraye et Javelière, qui l’emporta ?

Les négociants nantais mettent fin aux combat des seigneurs du temps jadis


Il y eut un nouveau changement de taille chez les protagonistes, quand Charles Louis Chitton vendit la seigneurie de Languiller au début de l’année 1745 à René III Montaudouin, avec ses fiefs annexes dont le Coin Foucaud et les Bouchauds. Ce dernier appartenait à une riche famille d’armateurs et négociants nantais comme Joachim Descazeaux et René Darquistade. Il était le fils de René II Montaudouin qui avait acheté la seigneurie de la Rabatelière à Pierre Bruneau en 1725, et celle de la Jarrie en 1729. Son père avait acheté aussi la seigneurie de la Chapelle Begouin à Louis Armand Prévost le 14 février 1729. Nous avons fait le récit de cette dernière vente dans un article publié sur ce site en octobre 2013 :  Les seigneurs de la Chapelle à Chauché

Les Montaudouin, seigneurs de la Clartière (Machecoul), habitaient à Nantes, comme les Darquistade. Ils voulurent mettre fin au procès. Une lettre du 13 juin 1747 de René III Montaudouin, seigneur de Languiller, à René Darquistate, seigneur de Saint-Fulgent, fait état de leur recherche d’un compromis sur la mouvance de la Chevaleraye et de la Boutinière (18). Elle ne nous dit pas le contenu de ce compromis, mais on apprendra plus tard que les deux protagonistes avaient décidé d’en passer par l’avis d’avocats au parlement de Paris. En conséquence les pièces et procédures de l’instance au présidial de Poitiers furent envoyées à Paris. Le décès en 1754 de René Darquistade bloqua toute décision, de sorte que la question est demeurée indécise longtemps après (19). Car les créanciers du seigneur de Saint-Fulgent, déclaré en faillite sur l’ensemble de ses biens en 1748, ont géré ensuite ses biens immobiliers en bloquant de leur côté la situation judiciaire.

Puis ils mirent la terre de Saint-Fulgent en vente le 7 juin 1769 par enchère publique. Des publications aux prônes des messes dominicales furent faites dans les églises de Saint-Fulgent, Montaigu, Saint-Georges-de-Montaigu, ainsi que dans 10 paroisses de Nantes. Des affiches au carrefour de la ville, avec d’autres mesures publicitaires, furent mises en œuvres par quatre fois, en même temps que les publications aux prônes, car personne ne se présenta aux deux premières enchères. Bref, un négociant nantais, Fortin, remporta la quatrième enchère au final, le 11 octobre 1769, pour la somme de 157 000 livres, devant Pierre Jousbert de la Roche Themer, chevalier seigneur châtelain de Notre-Dame des Herbiers (20). Dans cette somme, les biens mouvants de Languiller, c’est-à-dire essentiellement les redevances de la Boutinière, Chevaleraye et Javelière, représentaient 3,6 %, soit 5 706 livres.

Du côté des seigneurs de Languiller, René III Montaudouin est décédé en 1754, après quoi sa succession fut gérée longtemps en indivision par ses deux frères, d’abord Nicolas, mort en 1762, puis Thomas, mort en 1768. La veuve de Nicolas, Anne Montaudouin, s’organisa pour faire un retrait féodal au futur acquéreur, avant même que la vente de Saint-Fulgent soit conclue. La procuration spéciale nécessaire à cet effet fut signée à Paris le 30 septembre 1769 par Anne Montaudouin, au nom de ses enfants mineurs, héritiers principaux de leur oncle et fils de l’acheteur de Languiller. C’est Mathurin Thoumazeau, le régisseur de la Rabatelière, qui la représenta pour exécuter ce retrait le 19 février 1770 (18). Il était en même temps procureur fiscal de Saint-Fulgent et avait dû préparer le terrain.

Ce retrait était de droit pour le suzerain de tous domaines vendus dans sa mouvance. Il consistait à rembourser l’acquéreur du prix qu’il avait payé pour son acquisition, augmenté des frais annexes. Bien sûr, en cas de refus, l’affaire se réglait, si l’on peut dire, devant les tribunaux. Mais la nouveauté fut que le nouvel acquéreur n’eut pas envie de poursuivre le procès en cours. Il renonça donc aux 3,6 % de son acquisition et reçue au total, comptant, 5 887 livres. Il n’avait rien perdu et ne semblait pas attaché à un titre de seigneur de la Chevaleraye. C’est le même qui arrenta plus tard le four banal du château de Saint-Fulgent. Et dans le même temps on convint de mettre fin au procès en cours.

De son côté, le seigneur de Languiller, en rachetant les redevances vendues par Jules de Belleville deux siècles plus tôt, faisait un investissement et mettait fin aux tracas des procès. Sauf que 20 ans avant la Révolution, le retour sur investissement devenait risqué. Mais qui connaissait le risque alors ?

Route de la Boutinière à la Chevaleraye
Et le fils aîné d'Anne Montaudouin, Thomas René Montaudouin, signa la ferme de ces rentes et terrages avec le même Thoumazeau le 9 mars 1781 pour 8 années (21). Celui-ci était aussi procureur fiscal de Languiller depuis l’année 1752 (22). La ferme, dont le prix annuel était de 240 livres, concernait chaque année 142 boisseaux de seigle et 4 boisseaux d’avoine pour les rentes des trois tènements de la Boutinière, Chevaleraye et Javelière, auxquelles avaient été ajoutées celles de trois autres tènements (Boninière, Coudray et Bergeonnière), plus le devoir en argent et agneaux à la Javelière, et la moitié du terrage de la Boutinière. 

Et dans l’acte de vente des deux métairies de la Boutinière et Chevaleraye par Perrine Bruneau en 1789, le notaire a bien indiqué que le vendeur s’engage « de payer et acquitter à l’avenir, quitte du passé, les cens, rentes, charges et devoirs seigneuriales et féodales et secondes foncières …. et de faire d’icelles les cestes et obéissances roturières au seigneur de Languiller et des Essarts, de qui elles relèvent roturièrement à cause de leurs fiefs du Coin Foucaud et des Bouchauds … » (23). Le seigneur de Saint-Fulgent n’a plus de droits.

Les propriétaires des moulins de la Boutinière ont payé leur devoir de 20 sols annuels à la seigneurie de Saint-Fulgent en 1765. En 1768, ils le faisaient à Languiller-La Rabatelière (24).

Louis Prosper Proust a été inhumé le 22 mai 1745 dans l’église de Saint-Fulgent, âgé de 62 ans (vue 84).

Mathurin Thoumazeau est mort à Saint-Fulgent le 11 février 1785, âgé de 72 ans. Jusqu’au bout il tint les comptes de la Rabatelière, étant régisseur du domaine aux honoraires de 400 livres par an. « Il s’était distingué par la paix qu’il a tâché de procurer dans toutes les familles qui l’ont consulté …. », est-il écrit sur le registre paroissial de Saint-Fulgent (vue 23 sur le site internet des Archives de Vendée). Cette oraison funèbre est rare sur le registre de Saint-Fulgent et mérite de s’attarder un instant sur le personnage. Né vers 1714, il était le fils de Gabriel Thoumazeau, procureur fiscal de Saint-Fulgent, et de Françoise Bouquié. En 1741 il épousa Anne Cécile Frappier, fille de Jean Frappier (1652-1772), sieur de la Mauvinerie. Il fut notaire à Saint-Fulgent et cumula les fonctions de procureur fiscal des seigneuries des environs : Mesnard, Rabatelière (avec la Merlatière, Jarrie et Raslière), Mouchamps, Vendrennes, Saint-Fulgent, l’Herbergement-Ydreau (Oie), et Languiller. Il fut aussi contrôleur des actes, exploits et droits du bureau de Saint-Fulgent, faisant partie de la direction de Châtillon-sur-Sèvres, dans la généralité de Poitiers. Claude Joseph Frappier, neveu de sa femme et notaire lui aussi à Saint-Fulgent, se porta caution pour lui en 1768 (25). C’était un emploi affermé auprès des Fermes-Unies qui étaient alors adjudicataire de cette administration. Lui-même avait servi de caution à son neveu Claude Joseph Frappier, en 1766, quand ce dernier avait affermé l’emploi de directeur des postes de Saint-Fulgent à l’adjudicataire général des postes et messageries de France (26). À cette occasion Thoumazeau avait hypothéqué une métairie à Doulay et une borderie à la Basse Clavelière (Saint-Fulgent) lui appartenant. Il se disait sieur de la Babinière, un petit fief-métairie situé à Saint-Georges-de-Montaigu, qu’il possédait en indivision avec d’autres cohéritiers de son aïeul (27). Les historiens ont souvent relevé l’impopularité des régisseurs auprès des paysans à cette époque. En l’absence des seigneurs ou à leur place, ce sont eux qui recevaient les redevances féodales et poursuivaient les assujettis. Leur impopularité contribue à expliquer le rejet du système féodal au moment de la Révolution dans certaines régions françaises. Il est donc significatif de constater dans la contrée de Saint-André-Goule-d’Oie, la considération dont jouissait le régisseur Thoumazeau 4 années avant 1789.    

Nous avons épargné au lecteur les développements juridiques sur le fonds de ce conflit judiciaire. À vrai dire chacun paraissait avoir des arguments pertinents à faire valoir. Peut-être faut-il incriminer la clause litigieuse dans les contrats de ventes des droits seigneuriaux à Crespeau en 1554 et 1559, rédigée de manière trop vague. Le notaire d’alors a sans doute mal fait son travail, ou bien le vendeur, Jules de Belleville, n’a pas voulu l’écouter. Mais est-ce la cause ? Nous en doutons, car d’autres ventes de même nature n’ont pas engendré ensuite de conflits. N’est-ce pas plutôt la personnalité des personnes impliquées qui est déterminante ?


(1) Archives de la Vendée, domaines nationaux : 1 Q 342, no 117, partage Montaudouin et République du 3 pluviôse an 5 (22-1-1797).
(2) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 40, sentence du 6-9-1721 du présidial de Poitiers concernant une rente sur la Javelière.
(3) Arbre généalogique de la descendance de Thomas de La Douespe. Voir aussi : www.famillesdevendée.fr
(4) 150 J/G 40, consultation du 10-9-1721 de Perinelle pour le seigneur de Saint-Fulgent.
(5) 150 J/A 11, affaire du chemerage de la seigneurie des Bouchauds à la Vrignonnière et Ansonnière.
(6) 150 J/G 40, copies de lettres de 09 et 10-1721 de Proust et Perrinelle, pour le seigneur de Saint-Fulgent.
(7) Bail de la baronnie des Essarts du 10-10-1721, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(8) Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135, mémoire de 1751 sur la saisie féodale des Essarts.
(9) 150 J/G 40, lettre du 16-11-1721 du seigneur de Languiller à Proust.
(10) 150 J/G 40, note datée vers le 1-9-1727 sur la saisie féodale des domaines de la Boutinière et Chevaleraye par le seigneur de Languiller.
(11) 150 J/G 40, lettre du 9-9-1727 de Proust à Volluette (avocat de M. Descazeaux) pour accompagner la note sur la saisie féodale.
(12) Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135, aveu des Essarts du 1-3-1718
(13) Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135, bail du 10-10-1721 de la baronnie des Essarts à Merland.
(14) 150 J/G 40, lettre de Proust du 8-2-1729 à M. Volluette avocat parisien de M. Descazeaux.
(15) 150 J/G 40, mémoire abrégé du 8-2-1729 de Proust au profit du seigneur de Saint-Fulgent.
(16) 150 J/G 40, avertissement du 27-2-1736 de la baronne des Essarts dans le procès entre les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller.
(17) 150 J/G 40, lettre du 10-3-1736 de Proust.
(18) 150 J/G 40, lettre du 13-6-1747 de Montaudouin de la Rabatelière à M. Darquistate de Saint-Fulgent.
(19) retrait féodal du 18 février 1770 pour la Javelière, Chevaleraye et Boutinière, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 108, Fortin et Rezeau.
(20) vente du 11-10-1769 de la terre de Saint-Fulgent par la direction des créanciers Darquistade à M. Fortin, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 108, Fortin et Rezeau.
(21) 150 J/E 29, ferme de Montaudouin à Thoumazeau du 9-3-1781 des droits à la Boutinière et autres villages.
(22) 150 J/G 115, assignation à comparaître aux assises de Languiller le 27 juin 1752 aux teneurs de la Bergeonnière.
(23) Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, vente des métairies de la Boutinière et Chevalleraye par P. Bruneau à A. Fortin 11-11-1789.
(24) notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/118, ferme du 29-4-1765 du ¼ du moulin à vent de la Boutinière. Et achat du 18-4-1768 du ¼ du petit moulin à vent de la Boutinière, Thoumazeau : 3 E 30/120.
(25) notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120, cautionnement du 4-11-1768 de Thoumazeau (contrôleur) par Frappier.
(26) notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119, caution de Thoumazeau du 2-4-1766 pour Frappier directeur des postes.
(27) notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/8, ferme du 24-9-1775 de la métairie de la Babinière (St Georges) de Thoumazeau et Thiérot à Jacques Douillard et sa femme.

Emmanuel François, tous droits réservés
Février 2016, complété en  juin 2018

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