samedi 1 février 2020

Les seigneurs des Essarts en Vendée (1453-1716)


En poursuivant dans cet article l’histoire des barons des Essarts à partir de 1453 on quitte le Moyen Âge et la guerre de Cent Ans. Vont suivre des guerres civiles fomentées par certains princes du royaume contre le roi, dont la guerre dite du bien public (1465), puis la guerre entre le duc de Bretagne et le roi de France. À peine finie, celle-ci sera suivie par les guerres des rois de France en Italie (1494-1559). Cette période, après le Moyen Âge, constitue l’entrée dans l’époque moderne.

Les de Brosse (1453-1564)


Jean II de Brosse (1423-1482)
O. de Rochebrune (1864) :
Eau forte de l’ancien château des Essarts
Après la mort d’Isabeau de Vivonne, son gendre Jean de Brosse rendit aveu à Thouars pour les Essarts le 26 novembre 1453 (1). Il avait épousé le 18 juin 1437 Jeanne Nicole de Blois-Châtillon (1424-1479), fille unique d’Isabeau de Vivonne et de Charles de Blois-Châtillon (2). Par le traité de Nantes du 27 juin 1448 entre François Ier de Montfort, duc de Bretagne, et Jean de Bois-Châtillon, comte de Penthièvre, les biens confisqués sur les parents de Nicole de Blois-Châtillon lui étaient restitués. Jean de Blois-Châtillon mourut sans héritier, de même que son frère Olivier de Blois, et leurs biens allèrent à leur nièce Jeanne Nicole de Blois-Châtillon. Celle-ci fut comtesse de Penthièvre, vicomtesse de Limoges, dame de Thors (Charente-Maritime), Aigle (Normandie), baronne des Essarts et de Palluau, dame d’Aizenay et d’un quart d’Apremont, le Poiroux et Châteaumur (Châtelliers-Châteaumur à Sèvremont en Vendée) (2). Son mari Jean de Brosse, d’une famille originaire du Berry, était seigneur de Boussac (Creuse) et de Sainte-Sévère (Indre), en devenant baron vers 1470. Il était fils de Jean de Brosse, maréchal de France et ancien compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Lors de son mariage avec Nicole de Châtillon il avait été convenu avec le roi de France que leurs enfants porteraient le nom et les armes de Bretagne.

Nicole de Bois-Châtillon céda aux chanoines du chapitre de Montaigu le "fief des Essarts de la Marche", cession ratifiée par le roi Louis XI en 1482. Il était constitué d’un grand fief de vigne au nord de Montaigu, de divers droits dans des paroisses voisines et de la seigneurie de Chavagnes-en-Paillers, le tout provenant de l’héritage d’une partie de la seigneurie de Montaigu échu à Jeanne de Clisson à la fin du 14e siècle. Le petit-fils de celle-ci, Jean III Harpedanne, seigneur de Montaigu, avait fondé le chapître de Saint-Maurice de Montaigu et sa 2e femme, devenue veuve, créa une rente à son profit de 110 livres. Elle s’appelait Jeanne de Blois-Châtillon, et Nicole, dame des Essarts et sa nièce, en fut l’héritière. C’est pour s’acquitter de la rente de 110 livres envers les chanoines de Montaigu, que cette dernière leur céda le « fief des Essarts de la Marche » (3). La seigneurie de Chavagnes-en-Paillers, possession du seigneur de la Rabatelière, devint ainsi mouvante du chapître de Montaigu.

Jean II de Brosse fut un fidèle serviteur du roi Charles VII, qui le nomma son conseiller et chambellan le 26 avril 1449. Il fut fait chevalier par le comte de Dunois à l’entrée de Bayonne le 21 août 1451. Nommé maréchal de France et devenu lieutenant-général de l’armée, il servit ensuite le roi Louis XI (4), notamment dans la guerre dite « du bien public », dont un des chefs était le duc de Bretagne, et en 1467 il fut chargé de l'organisation du ban des nobles du Poitou. Parmi eux se trouvait Louis Foucher, seigneur de Linières et à ce titre vassal du baron des Essarts (5). Le duc de Bretagne, furieux, se saisit du comté de Penthièvre (en Côtes d’Armor), que Jean de Brosse possédait à cause de sa femme. Malgré tous les efforts que fit depuis cette époque Jean de Brosse pour rentrer en possession de ses terres bretonnes, ni lui ni ses descendants ne purent y parvenir avant longtemps.

Portrait de Louis XI (copie du 16e
Brookling Museum (New-York)
C’est qu’il avait en plus contre lui désormais le roi de France. Voici comment. Le traité de Guérande de 1365 avait mis fin à la guerre de succession au duché de Bretagne en se référant à la loi salique, qui refusait la transmission de la couronne par les femmes. Un article prévoyait néanmoins que si les Montfort venaient à épuiser toutes leurs ressources masculines, la couronne reviendrait aux descendants des Penthièvre. Mais ce furent ces derniers qui n’eurent pas d’héritiers mâles avec la fille unique de Charles de Blois-Châtillon, Nicole. Il en fut de même chez les Montfort avec deux filles. À partir de 1477 une querelle juridique surgit. Louis XI fit pression en sous-main sur Jean de Brosse et sa femme Nicole, pour acheter en 1479 à cette dernière ses droits à la couronne de Bretagne pour 50 000 livres. Plus tard le roi, puis son fils Charles VIII, se présentèrent comme les héritiers Penthièvre dans leur confrontation avec le duc François II de Montfort et la duchesse Anne sa fille (6). La sulfureuse réputation de sournois et « d’universelle araignée » de Louis XI est donc bien méritée en cette occasion au détriment du baron des Essarts.

Jean de Brosse et Jeanne Nicole de Blois-Châtillon eurent (7) :
-          1° Jean III, qui suit.
-          2° Antoine, sire de Malval (Creuse), marié en 1502 avec Jeanne de La Praye.
-          3° Paule, mariée par contrat du 30 août 1471 à Jean de Bourgogne, comte de Nevers et duc de Brabant, et morte le 9 août 1479.
-          4° Claudine, seconde femme de Philippe IIe du nom, duc de Savoie, mariée en 1485 et morte le 13 octobre 1513.
-          5° Jeanne Bernardine, mariée le 6 janvier 1474 avec Guillaume VIII Paléologue (prince Italien), marquis de Montferrat, dont elle fut la troisième femme.
-          6° Hélène, mariée en 1483 avec Boniface III de Montferrat, frère et successeur de Guillaume ci-dessus, et morte en 1484.
-          7° Blanche, mariée à Guy de Roye, seigneur de Beaufault et de Buzancy.
La pierre tombale de Jean II de Brosse se trouve dans la crypte de l’église des Essarts. Cette crypte, préservée lors des travaux d’agrandissement et transformation de l’église au 19e siècle, située juste au-dessus, forme un plan rectangulaire de 11 mètres sur 4 terminé par un hémicycle (8). On sait que l’usage des cryptes a cessé dès que le plein-cintre a été remplacé par l’ogive. Aussi n’en voit-on que de rares exceptions après le 12e siècle, et l’ancienne église des Essarts devait remonter au 11e siècle (9).


Jean III de Brosse (?-1502)
Jean de Brosse IIIe du nom, dit de Bretagne, se revendiquant comte de Penthièvre, étant aussi vicomte de Bridiers, baron des Essarts, seigneur de Boussac, de l'Aigle et de Châteaumur, continua inutilement les poursuites commencées par son père pour obtenir la restitution de ses terres en Bretagne. C’était un bagarreur comme on va le voir à plusieurs occasions.

Il commit des voies de fait contre le seigneur de la Flocellière, Jacques de Surgères. Ce dernier lui devait sept hommages différents pour divers fiefs. En conséquence de son attitude le roi Charles VIII, successeur de Louis XI, priva Jean de Brosse en 1483 du droit de recevoir ces hommages, qui durent à l'avenir être rendus au roi, et furent réunis en un seul hommage lige et au devoir d'un éperon (10).

Le même Jean de Brosse voulait contraindre les habitants de la seigneurie de la Merlatière à faire le guet au château des Essarts. De plus, étant le seigneur suzerain il estimait être le seul à avoir le droit de chasse partout dans la mouvance de cette terre. Mais Martin de Rezay, comme seigneur haut justicier de la Merlatière, se considérait comme ayant seul le droit de chasse et n’admettait pas que de Brosse vienne y chasser sans sa permission. Là aussi Jean III de Brosse fit exercer des voies de fait par ses officiers et serviteurs contre la personne, les biens et les gens de Louis de Rezay, fils de Martin et seigneur de la Merlatière, Jarrie et Raslière. Un ancien procès opposait les protagonistes sur ce droit, mais l’affaire s’envenima, suivant le récit qu’en fit un chercheur au 19e siècle : « au mois d'avril 1469, Jean de Brosse envoya une cinquantaine de gens de guerre au Bois-Rorteau, appartenant aux Rezay, où ils chassèrent à cor et à cri, dans le but de faire sortir du château de la Merlatière, pour les attaquer, Louis de Rezay et ses serviteurs. La femme de ce dernier, Marie de Caradreux, qui était alors à la Jarrie, ainsi que son frère Gabriel, un garde et quelques hommes, vinrent se rendre compte de ce qui arrivait. Les chasseurs alors leur coururent sus, criant « Tuez ! Tuez ! ». Madame de Rezay fut jetée à terre et blessée, Gabriel et le garde furent emmenés prisonniers. Tels sont les faits qui motivèrent les poursuites de Louis de Rezay contre le seigneur de l’Aigle et ses serviteurs, et pour lesquels le procureur général s'adjoignit à lui.

Étang de la Jarrie au bord du bois de Rortheau
Par mandement du 26 juillet 1469, la cour ordonna l'arrestation des coupables. Elle ne put sans doute avoir lieu, car, le 2 juillet 1470, Rezay et le procureur du roi requéraient défaut contre Jean de Brosse et ses officiers, qui depuis avaient été ajournés en personne, sous peine de bannissement et de confiscation, et s'étaient bien gardés de venir. Le seigneur de l’Aigle d'ailleurs avait eu le crédit d'obtenir des lettres l'autorisant à se faire représenter par un procureur. C'est dans les plaidoiries, prononcées le 20 novembre 1470, et dans le mandement du 26 juillet de l'année précédente, que l'on a puisé ce résumé des faits de la cause » (11). La sanction des procès qui s’en suivirent vint d’un arrêt du parlement de Paris du 2 juin 1503, qui retira les trois seigneuries de la Merlatière, Jarrie et Raslière de la mouvance des Essarts pour être rattachées directement au roi (12). Ce dernier donna ce lien féodal à la vicomté de Thouars, dont relevèrent ensuite les trois seigneuries. Les seigneuries de la Merlatière et de la Jarrie furent unies en 1503 (13). Et par ordonnance du 2 janvier 1504, Louis II de la Tremoïlle, vicomte de Thouars, unifia les deux seigneuries de la Merlatière et de la Raslière sous un seul hommage et les érigea en châtellenies (14).

Louis de Rezay de son côté n’avait rien à envier à son suzerain des Essarts pour les violences. Dans son poste de capitaine de la Garnache il attaqua à la demande du seigneur des lieux, Alain de Rohan, les gens de Maurice de Volvire qui était en procès contre Alain de Rohan. Il lui vola des biens. Puis Maurice de Volvire ayant obtenu une procédure de plainte, monta une embuscade contre lui. Les plaidoiries finales eurent lieu le 17 février 1462, et à partir de cette date on ne trouve plus rien de l'affaire sur les registres criminels (15). Bref, l’époque était violente et on ne saurait comprendre les individus hors de leur contexte. Au cours du procès, à l'instigation d'Alain IX de Rohan ou pour lui être agréable, Louis de Rezay et plusieurs autres officiers de la Garnache se rendirent coupables de violences et d'excès contre Maurice de Volvire, battirent ses gens et prirent ses biens à Saint-Gervais. Une information ayant été ordonnée sur la plainte de celui-ci, ils l'entravèrent par tous les moyens, et mirent douze hommes armés en embuscade pour s'emparer de la personne du plaignant et de ceux qui étaient chargés de l'enquête.

Jean III de Brosse a rendu un aveu des Essarts à Thouars le 3 février 1497 (16). À cette occasion son procureur fut Jean Jupille, seigneur des Forgettes, notaire et procureur de la cour des Essarts, châtelain de la cour de la Roche-sur-Yon, et sénéchal des Essarts en 1536 et 1542. On reparlera de lui plus loin.

Histoire d’amour sans paroles 
(musée Condé)
Jean III de Brosse avait épousé, le 15 mai 1468, Louise de Laval, fille de Guy, XIVe du nom et comte de Laval, et d'Isabeau de Dreux (Bretagne). L'histoire d'amour entre Jean et Louise est évoquée dans le livre d'images peintes sur parchemin : Histoire d'amour sans paroles, (fin du 15e siècle) et conservé au musée Condé (17). Cela faisait plus d’un siècle que des artistes venus à Paris avaient renouvelé la peinture sur livre et « amorcé la révolution picturale de l’Occident », dont témoigne aussi ce livre (18). N’oublions pas que nous sommes à l’époque du Quattrocento italien. Ces livres à images, comme le célèbre Songe de Polyphile (1499), contribuèrent à la diffusion de la mode architecturale italienne. Cette histoire d’amour serait apparemment réelle, a-t-on écrit. Voilà qui nous change des brutalités de Jean de Brosse, et nous rappelle les contrastes d’une époque où les brutalités n’excluaient pas les raffinements. On fait le même constat dans d’autres civilisations. Qu’on songe à l’empereur moghol Shâh Jahân (1628-1658) qui fit construire le Taj Mahal (Inde) en mémoire de son épouse. Jean et Louise eurent (19) :
-          René, qui suit.
-          Madeleine alliée : 1° à Jean de Savoie, comte de Genève, 2° à François, bâtard de Bretagne, baron d’Avaugour et comte de Vertus, fils naturel de François duc de Bretagne.
-          François.
-          Isabeau, troisième femme de Jean IV, sire de Rieux, maréchal de Bretagne.
-          Marguerite.
-          Catherine, mariée à Jean, baron de Pons et de Rostrenen.


René de Brosse (1470-1525)
Il épousa d’abord, par contrat reçu à Poitiers le 13 août 1504, Jeanne de Commines, fille unique de Philippe de Commines (1447-1511), chambellan du roi, Grand sénéchal du Poitou, seigneur d'Argenton, Talmont, la Motte de Vauzelle, Lairigodeau, Gourgé, Sauvigné etc. et d'Hélène de Chambes de Montsoreau. Philippe de Commines est célèbre pour son œuvre d’historien dans ses Mémoires, celles-ci consacrées à la politique des rois Louis XI et Charles VIII. Il fit appel à son gendre René de Brosse pour régler ses dettes, poursuivi notamment par les possesseurs des domaines que Louis XI lui avait accordés, et dont il fut dépossédé ensuite pour la plupart.

René de Brosse fit des poursuites pour la restitution de ses terres de Bretagne auprès du roi Louis XII (successeur de Charles VIII), lui faisant hommage à Lyon le 20 janvier 1503, mais il ne fut point rétabli. Ni davantage par François Ier (successeur de Louis XII). Il en prit alors ombrage et entra dans la conspiration du connétable Charles de Bourbon, le suivant en Italie où il entra au service de Charles Quint contre le roi de France. Il fut condamné à mort par contumace le 13 août 1524 et mourut sur le champ de bataille de Pavie du côté des ennemis du roi de France le 24 février 1525. En raison de sa félonie, le roi lui avait confisqué les terres de Palluau, les Essarts, etc. en Poitou, et en avait gratifié l'amiral Philippe Chabot, déjà seigneur d’Apremont. Dans le même temps, le roi confisqua les biens du connétable de Bourbon après un jugement par contumace en juillet 1527, imposé au parlement dans le premier lit de justice de la monarchie, remplaçant l’ancienne séance royale. La félonie de Charles de Bourbon n’est pas aussi évidente que la propagande royale la présenta. Elle relevait avant tout d’une manipulation financière voulut par la mère de François 1er, Louise de Savoie, voulant récupérer l’essentiel des possessions des Bourbons (19).

Avec Jeanne de Commines René de Brosse eut (20) :
-          Jean IV qui suit.
-          François.
-          Charlotte, mariée en 1526 à François de Luxembourg, vicomte de Martigues.
-          Jeanne, mariée en 1531 à René de Laval, baron de Bressuire, morte sans postérité.

René de Brosse épousa vers 1515 en secondes noces Jeanne de Compeys, dont il n’eut qu'une fille unique, Françoise, dame de Palluau, de Pouzauges, de Bourg-Charente et de Saint-Leu. Elle fut ensuite la seconde femme de Claude Gouffier, duc de Roannais, grand écuyer de France, qui l’épousa par contrat du 23 décembre 1545. René de Brosse se remaria une troisième fois en 1516 avec Françoise de Maillé (la jeune), dame de Rillé (Indre-et-Loire).


Philippe Chabot (1480-1543), éphémère baron des Essarts de 1525 à 1536
Philippe Chabot chevalier de l’ordre, seigneur de Brion et d’Apremont, amiral de France et nouveau seigneur des Essarts, fut reçu le 7 juin 1529 en sa foi et hommage par le vicomte de Thouars, après règlement des lods et ventes et rachats (droits de mutations), pour les terres saisies des Essarts et de l’Aublonnière (21). L’érudit Eugène Louis a publié une courte biographie de lui en 1882 (22).


Jean IV de Brosse (1505-1564)
Succédant à son père en 1525, pour recouvrer les terres et seigneuries confisquées à son arrière-grand-père, Jean IV de Brosse se mit en faveur du roi François Ier. Il épousa dans ce but le 25 août 1536 à Nantes, Anne d’Heilly-Pisseleu, maîtresse du roi. Bien sûr c’était à la demande de ce dernier et pour lui rendre service. La Bretagne dépendait désormais du roi de France et ce dernier permit à Jean de Brosse de récupérer le comté de Penthièvre. Il reçut en plus le comté d'Etampes, érigé en duché en 1536. Il fut même élevé au grade de chevalier de l'Ordre en 1546. Ainsi retrouva-t-il aussi la possession de la baronnie des Essarts.

Parmi ses nombreuses maîtresses, Anne de Pisseleu était la favorite en titre de François Ier (jusqu’à la mort de ce dernier), à côté de l’épouse en titre. Issue d’une famille de modeste fortune mais de noblesse ancienne, elle fut tout d'abord fille d'honneur de la mère de François Ier, avant de devenir la maîtresse du roi. Blonde aux yeux bleus, avec une taille fine, elle était aussi cultivée que le roi et savait tourner les vers. Pour asseoir sa position à la cour, son royal amant lui fit donc épouser Jean IV de Brosse, faisant d’une pierre deux coups : honorer sa maîtresse et s’attacher un grand seigneur ruiné, dotant en plus le couple de 72 000 livres. Pour l’éloigner comme convenu, le mari fut nommé gouverneur du Bourbonnais, et plus tard il sera gouverneur de Bretagne à Nantes. Mais les relations d’Anne de Pisseleu avec le roi, marquées par l’intérêt, connurent des orages. Dans un moment de froideur elle dû retourner en Bretagne auprès de son époux, celui-ci n’étant pas très heureux de la revoir. Elle n’eut pas d’enfant, ni du roi ni de son mari.

Jean IV de Brosse 
Le 10 juin 1540 Jean IV de Brosse reçu la foi et hommage du seigneur de la Drollinière (devenue Linières plus tard) pour un petit fief dit de la Pinetière (23). Le seigneur de la Drollinière était Joachim de La Chastre (Berry), et le fief lui était venu de sa femme, Françoise Foucher, qui avait été dame d’honneur de la reine Éléonore de Habsbourg, 2e épouse de François Ier. Le fief de la Pinetière correspond à l’espace actuellement appelé le « Hameau du Doué » prolongeant le bourg de Saint-André en direction des Essarts.

Jean IV de Brosse fit un échange en 1542 avec Philippe de Chabot. Il transporta à ce dernier la baronnie de l’Aigle en Normandie, et reçu de lui en échange la baronnie d’Apremont en Poitou. Cette baronnie passa plus tard aux La Tremoïlle (24).

Le fils de l’ancien sénéchal des Essarts Jean Jupille, nommé Loys Jupille, fut accusé de crime vers 1550 (les textes conservés ne disent pas lequel). Au nom du baron des Essarts le tribunal de la baronnie le condamna à mort le 11 mars 1554, et confisqua ses biens, comme il était d’usage en cas de crime, au profit du seigneur de la cour des Essarts. S’en suivirent des procès intentés par les héritiers Jupille, notamment emmenés par Guillaume Jupille, le fils aîné de Loys, seigneur de la Brallière (Boulogne), qui se déroulèrent au parlement de Paris (25). Les héritiers demandaient la révision du procès, la correction du jugement de mort et la restitution des biens confisqués.

Enfin il faut préciser pour l’histoire du château des Essarts que Jean IV de Brosse fut probablement le constructeur en 1550/1553 du château Renaissance destiné à agrandir le vieux château existant depuis le 13e/14e siècle, lui-même ayant conservé des vestiges datant de temps plus anciens, comme la tour sarrasine (12e siècle) toujours debout près de la route des Essarts à Sainte-Florence (26). Les châteaux de la Loire et autres de ce XVIe siècle se prolongeant aux Essarts, qui sait ? François II du Puy du Fou fit construire aussi un château Renaissance aux Epesses vers 1540. De même Charles du Bouchet au Puy Greffier à Saint-Fulgent s’inspira du style Renaissance pour son nouveau manoir construit vers 1550. Certains auteurs affirment que c’est son successeur, Sébastien de Luxembourg, qui construisit le nouveau château des Essarts. À l’opposé, le comte Émilien de Monbail, visitant les lieux dans les années 1830, décrit ces ruines dans son livre publié en 1843, présentant un mélange de styles et d’époques. Il date le château moderne de la fin du 16e siècle, époque des Vivonne précise-t-il par erreur. Son témoignage est précieux : « On y voit encore ces longues et vastes fenêtres en croix surmontées d’accolades. Sur celles de ces croisées qui touchaient à la toiture et qui s’élèvent en pointe vers le ciel, se trouvent encore des gargouilles et des modillons parfaitement conservés. La tour, qui contenait l’escalier et qui était, selon l’usage, placée au centre de l’édifice, est entièrement démolie.

E. de Monbail : croquis de l’ancien
château des Essarts (1843)
 
Cet escalier, du plus beau granit, n’a pas été tout à fait détruit ; ses larges degrés en spirale conduisent à des salles voûtées, au haut desquelles on voit encore les hermines des seigneurs de Vivonne. Les restes entiers de la porte gisent ça et là, et il est facile d’y reconnaître le style flamboyant et fleuri de la transition … Des fragments forts anciens sont mêlés au château moderne, et il est évident qu’on a voulu les conserver… À l’extrémité et attenant au château des Essarts, il existe une tour fort élevée et semi-cylindrique qui ne remonte pas au-delà du règne de Louis XIII … Et sur le même plan que cette tour on voit à droite une porte ronde sur laquelle on distingue des pierres en saillie … cette porte conduit à une vaste salle voûtée en briques et sans architecture, et pour laquelle il serait difficile de préciser une époque. Il est à croire que cette salle et la porte dont nous venons de parler n’ont point été faites ensemble, et que l’architecture extérieure n’est qu’une restauration appliquée sur d’anciennes constructions … Sur ces murs, qui bientôt tomberont en ruines tout-à-fait, on voit croître la giroflée sauvage et l’ortie, on n’entend plus que le vent dans les ruines … » (27). Et dans son livre, l’auteur reproduit un croquis des ruines de cet ancien château copié ci-contre  

On a un autre témoignage plus ancien. Un aveu de Languiller en 1550 indique que l’obligation de ligence (présence armée) des vassaux au château des Essarts se faisait jadis dans une maison d’armes, dite à ligence. L’obligation était tombée en désuétude depuis longtemps et la maison a été démolie pour laisser la place à un étang (28). Qui sait le nombre de siècles séparant cette information écrite en 1550 dans un aveu de Languiller et la maison d’armes disparue ?


Les Luxembourg, Bourbon et Savoie (1564-1716)



Les nouvelles familles qui vont désormais posséder la baronnie des Essarts vont participer aux guerres de religions (1562-1598), avec des moments de répits quand leurs veuves seront seules. Une nouveauté apparaîtra dans la période : leur ascension sociale amènera les barons des Essarts à faire partie de la famille royale.


Sébastien de Luxembourg (1530-1569) et Marie de Beaucaire (1535-1613)
Jean IV de Brosse mourut sans postérité en 1564. Sa veuve vivait en 1575. Il eut une sœur, Charlotte de Brosse, qui épousa vers 1530 François de Luxembourg vicomte de Martigues (29). Leur fils, Sébastien de Luxembourg, hérita des Essarts de son oncle Jean de Brosse. Palluau alla à la demi-sœur de Jean IV de Brosse, Françoise de Brosse, épouse de Claude Gouffier, duc de Roannais.

A. van Halewijn : 
Sébastien de Luxembourg
Sébastien de Luxembourg fut vicomte de Martigues et comte de Penthièvre de 1564 à 1569, puis le roi Charles IX le nomma duc de Penthièvre le 15 septembre 1569. Il fut aussi marquis de Baugé et baron des Essarts. Sa carrière militaire dans le camp du roi est ponctuée de participations à des batailles célèbres : fin 1552 à Metz contre les Espagnols, 1558 à Calais pour aider le duc de Guise, 1559/1560 dans l'expédition française en Écosse destinée à soutenir Marie de Guise, régente pour sa fille Marie StuartSurnommé le « chevalier sans peur », bien sûr il s’engagea dans les guerres de religion dès 1562 à la bataille de Dreux contre l’amiral de Coligny. Dans le camp catholique il se montra intransigeant. Les érections du comté de Penthièvre en duché et de la vicomté de Martigues en principauté manifestent la reconnaissance du roi à son égard pour sa vaillance au combat.  

Sébastien de Luxembourg vendit en 1559 le château de Thorens (Haute-Savoie) à François de Sales, père de saint François de Sales (évêque de Genève en résidence à Annecy), lequel possédait le château de Sales situé à quelques centaines de mètres. François de Sales occupait d'ailleurs la prestigieuse charge de maître d'hôtel de la maison du prince Sébastien de Luxembourg. Pour une raison mal connue, cette vente ne fut concrétisée qu'au mois de juin 1602. C’est alors saint François de Sales, en mission à Paris, qui acheta Thorens pour le compte de ses frères et sœurs, à Marie de Luxembourg, fille du prince Sébastien de Luxembourg.  

Le 10 février 1563 le baron des Essarts acquit par retrait féodal la châtellenie de Riez de Jean de la Vergne et Guillemotte Robert. Le droit de rachat a été évalué par transaction à 500 écus (ou 1 500 livres), comme on le voit dans l’hommage de Sébastien de Luxembourg à Loys de la Tremoïlle, duc de Thouars, à cause de la principauté de Talmont dont dépendait Riez (30).   

Marie de Beaucaire

Sébastien de Luxembourg avait épousé en janvier 1561 à Meaux Marie de Beaucaire (1535-1613), veuve de François Hautier. Celle-ci vécut de longs séjours aux Essarts. Baronne de Saint-Hilaire-de-Riez, princesse de Martigues, duchesse de Penthièvre, elle fut une personnalité du département de la Vendée. Elle œuvra pour l'essor de la cité de Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée et de sa dépendance Croix-de-Vie. Elle eut une solide réputation de bâtisseur, puisqu'elle est à l'origine de la création du premier port de pêche de Croix-de-Vie. Elle fit construire dans le cimetière de Saint-Hilaire-de-Riez la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié en 1610. Après sa mort en 1613, les prieurs de Saint-Hilaire-de-Riez y célébrèrent, jusqu'en 1790, et tous les trente jours, une messe en son honneur et celui de son époux (31).

Le baron des Essarts participa à la victoire catholique de Moncontour d’octobre 1569, où mourut Tannegy du Boucher seigneur de Puy Greffier (Saint-Fulgent) dans le camp des vaincus. Puis il fut blessé pendant le siège de Saint-Jean-d’Angély le 19 novembre 1569. Il mourut des suites de sa blessure et son corps fut exposé dans la chapelle du château des Essarts du 17 décembre 1569 au 14 janvier 1570, puis transporté à Nantes sur des mules (32). On sait que le corps du défunt fut ensuite inhumé dans l’église des Cordeliers à Guingamp (Morbihan).

Sébastien de Luxembourg eut deux filles : Jeanne et Marie. Jeanne décéda aux Essarts à l’âge d’un an. Marie de Luxembourg fut sa seule héritière. Sa mère, Marie de Beaucaire, duchesse douairière de Penthièvre et autres domaines, nommée tutrice dans le testament de son défunt mari, éleva Marie, âgée de 9 ans à la mort de son père. Le roi Charles IX la prit sous sa protection en l’honneur de son père mort à la guerre, et aussi pour choisir son futur mari.

Nous avons publié sur ce site un article en mars 2014 : La ferme des Essarts (1570-1577). Il donne un aperçu de la vie au château des Essarts dans cette période. En particulier on voit des séquelles des guerres de religion. En octobre 1570 on a payé six journées d’artisan « tant pour habiller par ladite brèche que pour fermer une porte de muraille vers le grand jardin, que les huguenots avaient rompue » (33). Cela nous rappelle que nous sommes en pleine troisième guerre de religion (1568-1570), où est mort Bastien de Luxembourg. Le Bas-Poitou fut dévasté par les troupes des deux camps, alors que depuis un siècle les habitants de la baronnie des Essarts n’avaient plus rencontré de soldats. Au château des Essarts les huguenots s’attaquaient à un seigneur du camp catholique. On pressent les dégâts de cette guerre aux Essarts dans une supplique du fermier Cicoteau à Marie de Beaucaire, pour diminuer le prix de sa ferme. Il explique qu’il s’est fait voler d’une somme de 1 500 livres dans le château où il se trouvait, envoyé par Marie de Beaucaire alors qu’il se soignait à Nantes. De plus il rappelle avoir perdu beaucoup de ses revenus « par les guerres ». Si le fermier se lamente, on peut entendre derrière lui les plaintes des métayers.

Sébastien de Luxembourg avait hérité du procès des héritiers Jupille contre le baron des Essarts, comme on le voit dans un acte de procédure au parlement de Paris du 3 aout 1566 où il est cité (34). Ce procès se termina par l’arrêt du parlement de Paris du 30 octobre 1577, cassant l’arrêt de condamnation à mort du 30 mars 1554 de la cour seigneuriale des Essarts. Il permettait à Guillaume Jupille, fils aîné du condamné de « faire faire une figure représentant ledit défunt Loys Jupille son père, qui sera mise et pendue au gibet où ledit Loys a été exécuté à mort, laquelle figure sera à l’instant dépendue par l’exécuteur de la haute justice, et icelle figure avec les os dudit Loys, si aucuns se trouvent, seront enterrés et inhumés en tel lieu que bon semblera audit Guillaume Jupille. Est ordonné et ordonne ladite chambre qu’il sera fait un service des trépassés en l’église de laquelle ledit Loys était paroissien, pour prier Dieu pour l’âme dudit Loys ». Voilà pour la correction du jugement à une époque où on exécutait les décisions judiciaires avant d’avoir épuisé les délais d’appel et de recours. Et on les exécutait par effigie en l’absence des condamnés. Ainsi en 1569 Coligny fut condamné à mort, mais en fuite et à la tête des troupes ennemies protestantes, il fut pendu en effigie à Paris (35).

Le parlement de Paris condamna aussi le baron des Essarts, ses héritiers et successeurs, à une amende, aux dépens, et aux dommages et intérêts fixés à 2 000 livres au bénéfice des héritiers Jupille. De plus l’arrêt déclare « qu’à perpétuité, Guillaume Jupille, sa mère, ses frères et sœurs et successeurs sont exemptés de la justice terre et seigneurie du lieu des Essarts, en tous procès civil et criminel, tant que la justice en appartiendra aux héritiers et successeurs dudit feu duc d’Étampes, ensemble (en plus) de la foi et hommage qu’ils leur doivent à cause de leurs terres et seigneuries tenues et mouvantes d’eux ou autrement et quelque sorte et manière que ce soit,  à la charge qu’à l’avenir ils feront leur foi et hommage au roi ou au vicomte, tels qu’ils étaient tenus faire audit feu duc d’Étampes ou ses héritiers successeurs ». On a ainsi plusieurs fois et hommages et aveux d’anciens vassaux des Essarts faits directement à Thouars. En 1581, M. de Montsorbier, seigneur de la Brallière (Boulogne), fit sa foi et hommage pour des terres dépendant des Essarts, à cause de Charlotte Jupille sa femme et fille de Loys Jupille. En 1598, Loys des Roulins seigneur des Roulins et du Bois-Saint-Martin, rend son aveu à Thouars « tant en mon nom que comme père et loyal administrateur de mon enfant et de défunte demoiselle Gillette Jupille, vivante ma femme », autre fille de Loys Jupille.

Cette affaire montre à l’évidence que la justice seigneuriale aux Essarts dépendait du seigneur des lieux. Officiellement le sénéchal jugeait au nom « du seigneur de la cour » ou « du seigneur de céans », suivant les formules employées. En pratique on ignore l’implication personnelle du seigneur, le plus souvent absent comme on sait. Le châtiment du crime par pendaison à l’époque était une exécution publique du criminel, en sorte qu’on puisse voir que l’ordre qu’il avait violé avait ainsi été rétabli, d’où aussi le parallélisme des formes en cas de cassation de la condamnation. Cet ordre était matérialisé par un ensemble de règles voulues par Dieu. De nos jours le meurtre est vu comme une violation de la nature sacrée de l’humanité qui fonde la nouvelle conception de l’ordre. Pour rétablir cet ordre, le criminel doit donc être puni de la manière la plus « humaine » possible. Cet Humanisme nouveau dans nos sociétés instaure un culte de l’homme, nouvelle croyance basée sur une « loi naturelle » au lieu d’un dieu (36). L’évolution constatée va donc bien au-delà d’une histoire des sensibilités.


Philippe Emmanuel de Lorraine (1558-1602)
Duc de Mercœur et de Penthièvre, pair de France, prince du Saint-Empire et de Martigues, gouverneur de Bretagne et de Nantes, Philippe Emmanuel de Lorraine était allié aux Guise du parti des ligueurs catholiques. En pleine guerres de religion, le roi Henri III chercha à neutraliser ce parti en épousant en février 1575 Louise de Vaudémont, sœur de Philippe Emmanuel de Lorraine. C’est ce dernier, beau-frère du roi, qu’épousa le 12 juillet 1575, Marie de Luxembourg (1562-1623), la fille de Marie de Beaucaire et de Sébastien de Luxembourg. Le duc de la Tremoïlle, fit don à cette occasion du rachat des Essarts à Thouars, dû en raison du mariage (37). À partir de cette union la terre des Essarts passait, sous la réserve du douaire de Marie de Beaucaire, en la possession de son gendre, Philippe Emmanuel de Lorraine, à cause de sa femme, Marie de Luxembourg.

Cette dernière créa une fondation en 1621, au bénéfice de l’ordre de l’Oratoire, fondé en 1575 et qui avait une maison à Nantes. Elle avait pour objet de faire dire une messe basse par jour dans l’église des Essarts pour l’âme de Charles de Luxembourg (1527-1553), son oncle, qui avait émis le vœu d’être enterré aux Essarts. Aussi, la fondation devait financer 3 missions par an prêchées par deux prêtres en la ville et baronnie des Essarts « environnée et mêlée d’hérétiques » (protestants), pour « prêcher, confesser et instruire ». On a là l’affirmation de l’imprégnation du protestantisme dans la contrée des Essarts. La fondation reçut de Marie de Beaucaire un capital de 8 000 £, devant produire une rente de 500 £ par an (38). Dès 1622, on réduisit le nombre de missions à deux à la demande du curé des Essarts, Chantreau. Plus tard, en 1764, un mandataire de l’Oratoire vint de Nantes aux Essarts pour discuter du financement des messes avec la fabrique. Il fut reçu par le général de la paroisse et se plaignit de l’ambiance à cause de « paroissiens indécrottables ». On se mit d’accord sur une redevance de 200 £ par an pour les messes. Ces paroissiens n’étaient pas aussi « manœuvrables » par le clergé qu’on l’a trop souvent dit. 

On était entré depuis 1577 officiellement en paix entre catholiques et protestants, et le baron des Essarts était trop occupé auprès du roi pour faire sa foi et hommage au duché de Thouars. Ses terres du Bas-Poitou étaient en passe d’être saisies en conséquence. Marie de Beaucaire intervint auprès de la suzeraine par lettre du 13 juillet 1580 pour la prier de surseoir à la saisie, invoquant comme excuses cette proximité avec le roi. Les difficultés avec Thouars continuèrent encore à cause de l’affaire Jupille, amenant les officiers de Thouars à refuser le 13 juin 1591 un aveu rendu le 16 mars précédent par le baron des Essarts. Ce dernier se rapportait aux seigneuries de Breuil Nicou, Morennes et Fief commun, faisant partie de la baronnie des Essarts, mais soustraites de sa mouvance par le parlement de Paris en 1577. Les relations de Philippe Emmanuel de Lorraine ont dû jouer car on voit qu’un nouvel aveu, comprenant ces châtellenies et fait en 1597, fut bien accepté (39). Il comprend un dénombrement complet des possessions sur lesquelles il est intéressant de s’attarder brièvement.

Château des Essarts
Au château des Essarts on adjoignait les métairies de Saint-Germain, vulgairement appelée la Pictière (devenue la Piltière), la Capretière (devenue Capètrie) et la Maison Rouge. Cette dernière, compte tenu de son nom et de sa position sur un grand chemin et proche du bourg, fut peut-être le siège d'un ancien hôpital créé pour soigner les victimes d’épidémies, peint en rouge pour être remarqué par ceux qui voulaient s’y rendre ou au contraire pour l’éviter. À moins que ce soit la couleur ocre rouge de la pierre utilisée pour les bâtiments, issue d’une carrière voisine, qui explique ce nomLe château des Essarts est lui-même ainsi décrit : « un château fermé à clos auquel y a tours, donjon, pont-levis, douves, fossés et autres forteresses, cours, écuries au-dedans et dehors icelui, jardins, étang, garennes, pourpris, fuie, moulins à eau et à vent, prés, prairies et terres labourables, le tout joignant et contigu l’un à l’autre ». Avec les métairies le tout occupait environ 50 septrées de terre (97 ha) et journaux à 60 hommes de pré (30 ha). À cela s’ajoutait la forêt des Essarts contenant en tout 100 septrées de terre et située en la paroisse de Saint-Martin-des-Noyers. Dans un aveu de 1677, le baron des Essarts ajouta à la description de la forêt que dans « l’enclos de laquelle y a à présent 4 métairies construites et bâties appelées la Pennerie, les Fontaines, le Sablon et la Noue Étienne » (39). Au vu de la documentation consultée on ne sait pas dire depuis quand existaient ces quatre dernières métairies. Leur existence n’est pas cohérente avec les 100 septrées déclarées, ce dernier chiffre est sujet à un doute. 

L’aveu déclare beaucoup d’autres seigneuries vassales en plus du château, de sa forêt et de ses métairies. La plus importante est Languiller (Chauché) avec ses fiefs annexes dont les Bouchauds, la Ramée (Essarts) et le Coin Foucaud et Pothé (Saint-André). Il y a 35 autres seigneuries vassales dont Aubigny et la Drollinière (Linières), cette dernière ainsi désignée : « tient dudit sieur prince à foi et hommage plain et à une maille d’or Pierre Garreau, écuyer seigneur de la Droullinière, son hôtel noble de la Droullinière avec ses appartenances et dépendances, sous lequel hommage tient en parage Léon Gazeau seigneur de la Brandasnière, son hôtel de la Boutarlière, lequel rachat peut valoir le cas advenant 55 écus sol ». Il y a aussi d’autres châtellenies vassales dont les plus importantes sont l’Aublonnière (Sainte-Cécile) avec ses 6 fiefs vassaux, les Crèches (Bourg-sous-la-Roche) avec ses 5 fiefs vassaux, le Breuil Nicou (Sainte-Cécile et réincorporé dans la baronnie des Essarts) avec ses 16 fiefs vassaux, Morennes (Sainte-Cécile) avec ses 10 fiefs vassaux, et le Fief Commun consistant en terrages, cens et devoirs dans les paroisses des Essarts et de Saint-Martin-des-Noyers. Dans un aveu de 1677, le baron des Essarts donnera des précisions sur son droit de haute justice : les hommes demeurant aux bourgs et paroisses des Essarts, Sainte-Cécile, Saint-André-Goule-d’Oie et la Chapelle-de-Chauché, relèvent entièrement de la baronnie (40). Le reste de la paroisse de Chauché était soumis à la haute justice de la Jarrie, soustraite de la suzeraineté des Essarts, on s’en souvient, en 1503. Cette compétence territoriale de la justice seigneuriale contribua à perpétuer l’existence de la « paroisse » de la Chapelle de Chauché jusqu’au 18e siècle dans les actes notariaux, alors que l’évêché de Luçon ne la comptait pas au nombre de ses paroisses touchant des revenus et ayant des fidèles.

Pourbus le jeune : Henri IV
(palais Pitti, Florence)
Après la mort du dernier frère du roi Henri III en 1584, le prétendant au trône de France, suivant l’ordre dynastique de la loi salique, devint le roi de Navarre, un chef protestant. Il monta sur le trône sous le nom d’Henri IV après la 8e et dernière guerre de religion, et sa nouvelle conversion au catholicisme. Cette guerre fut initiée par le parti catholique des ligueurs, dont l’un des meneurs fut le duc de Mercœur et baron des Essarts, Philippe Emmanuel de Lorraine. Avec les seigneurs des Roches Baritaud et du Puy du Fou, il vint à Fontenay-le-Comte faire le siège de la ville. Il en fut délogé par l’armée du prince de Condé, mais il avait eu le temps d’endommager les blés et récoltes des environs du Langon (41). En 1588, poursuivant le duc de Mercœur qui s’était replié vers Nantes après avoir vainement tenté de s’emparer de Montaigu, le roi de Navarre, futur Henri IV, passa une nuit aux Essarts. Il y avait déjà séjourné en 1587 et y retourna en 1598.

Gouverneur de Nantes, le duc de Mercœur en fut révoqué par le roi, mais resta à son poste, convoqua les États de Bretagne et s’allia avec le roi d’Espagne. Sa femme, lointaine descendante des prétendants au duché de Bretagne et aimée des Nantais, fit une tentative avortée pour rétablir la souveraineté du duché à son profit. Philippe Emmanuel de Lorraine se soumis finalement à Henri IV par un traité signé à Angers le 20 mars 1598. Il renonça au gouvernement de la Bretagne en échange de plus de quatre millions de livres, une somme faramineuse, et au mariage de sa fille Françoise avec César de Bourbon, duc de Vendôme, fils bâtard du roi, qui devint à son tour gouverneur de Bretagne. On sait qu’Henri IV acheta très cher d’autres chefs ligueurs pour prix de la paix qu’il instaura dans son royaume. L’achat de fidélités par le roi de France, était une tradition ancienne (42). Mercœur laissa une Bretagne ruinée par près de dix ans de guerre civile et partit en Hongrie combattre les Turcs. Il mourut à Nuremberg en 1602 (43). Il avait eu un fils, Philippe, mort à un an, et Françoise (1592-1669) fut son unique héritière, l’une des plus riches du royaume.


César de Bourbon (1594-1665)
Françoise de Lorraine avait à peine six ans lors du traité d’Angers. Son mariage avec César de Bourbon se fit donc plus tard, en 1609. Fils illégitime d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, il fut légitimé dès 1595, et pourvu du duché de Vendôme par son père en 1598. Il reçut également le titre de duc de Beaufort. Il passa une bonne partie de sa vie loin des Essarts à intriguer, notamment contre la reine Marie de Médicis, contre son demi-frère le roi Louis XIII, et contre le premier ministre Richelieu.

César de Bourbon
On a encore une suite et fin de l’affaire Jupille en 1613, par un arrêt du Grand Conseil du 31 mars 1615 au profit de la baronne des Essarts. Les héritiers Jupille avaient payé leurs redevances au duché de Thouars, lequel refusait de les rendre. En conséquence ils continuaient à rendre leurs devoirs à ce même duché. Le Grand Conseil était le conseil du roi érigé en formation juridictionnelle, présidé par le chancelier (ministre de la justice). Le demi-frère du roi, César de Bourbon, y avait ses appuis, n’en doutons pas. L’arrêt du Grand Conseil obligea Jean de Montsorbier (seigneur de la Braillière) et Michel des Roulins (seigneur de Forgette) à rendre à Marie de Luxembourg les devoirs féodaux pour les fiefs et tènements de la Gilbertière, Berule, des Fais et de la Vif, tenus à foi et hommage plain de la baronnie des Essarts (44).

Françoise de Lorraine, dite Madame de Vendôme, s'entendit si mal avec son mari qu'elle lui intenta un procès en 1649, au point que Louis XIII l'exila un moment sur ses terres dans le château d'Anet (Eure-et-Loir). Son mari avait vendu en son absence, les forges de la baronnie d'Ancenis, et elle refusait de souscrire à cette vente. Peut-être aussi que l’orientation homosexuelle du mari compliqua leurs relations. Les pamphlétaires du temps appelaient en effet couramment l’hôtel de Vendôme, l’hôtel de Sodome (45).

Le couple eut 3 enfants qui moururent avant leur mère : Louis, François et Elizabeth.
- Louis II (1612-1669), duc de Mercoeur puis duc de Vendôme, épousa en 1651 Laure Mancini. Devenu veuf en 1657, il entra dans les ordres.
- François (1616-1669), duc de Beaufort (1665), dit le Roi des Halles, sans alliance. Mazarin a écrit de lui : « ce que je crois de lui, c’est qu’il n’est pas trop fin, qu’il est très vain, fort intéressé, mal intentionné, grand trompeur... s’il savait parler il dirait de belles choses » (46)
-     - Elizabeth (1614-1664). Elle épousa en 1643 Charles Amédée de Savoie-Nemours.

Charles Amédée de Savoie-Nemours (1624-1652)
Fils de Henri Ier de Savoie et d’Anne de Lorraine, Charles Amédée de Savoie-Nemours fut duc de Nemours, de Genevois et d'Aumale, comte de Gisors, marquis de Saint-Sorlin et de Saint-Rambert,  pair de France. Actif pendant la Fronde, il fut tué en duel par son beau-frère, le duc de Beaufort, à cause de la duchesse de Châtillon. Il eut 5 enfants, dont l’aînée, Marie Jeanne Baptiste, dont la mère était cousine du roi Louis XIV (ayant le même grand-père : Henri IV). Il mourut avant son beau-père et ne fut donc pas baron des Essarts.


Charles Emmanuel II de Savoie (1634-1675) et Marie Jeanne de Savoie-Nemours (1644-1724)
Duc de Savoie et prince de Piémont, Charles Emmanuel II de Savoie épousa en premières noces le 4 mars 1663 Françoise Madeleine d'Orléans (1648-1664), fille de Gaston d'Orléans et de Marguerite de Lorraine dont il n'eut pas de postérité. Il épousa à Turin en 2e noces en 1665 sa cousine, Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Nemours (ou Maria Giovanna Battista), duchesse de Genève et d’Aumale, dite Mademoiselle de Nemours (47). Elle était la fille de Charles Amédée de Savoie-Nemours et d’Élisabeth de Bourbon-Vendôme, et sa sœur fut reine du Portugal. Mariée le 10 mai 1665, elle hérita de la baronnie des Essarts après le décès de son grand-père le 22 octobre de la même année. Récusée par Mazarin lors du premier mariage de son mari, alors qu’elle était la candidate de la duchesse-douairière de Savoie, elle fut acceptée comme épouse au deuxième mariage du duc de Savoie. Entre temps le cardinal était décédé. C’était un mariage pour consolider les liens entre la France et la Savoie, et Marie Jeanne Baptiste, au caractère trempé, n’avait pas paru assez maniable au premier ministre.     

Marie Jeanne et Charles Emmanuel eurent un fils unique, Victor Amédée II, né en 1666, qui deviendra roi de Sicile en 1713 (traité d’Utrecht), royaume qu’il dû échanger 5 ans plus tard avec le royaume de Sardaigne (traité de Londres). Comme son père, il fait partie de la généalogie directe des ducs de Savoie et rois de Sardaigne.

Marie Jeanne Baptiste de Savoie
Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Nemours, devenue veuve en 1675, fut régente du duché de Savoie, appelée « madame royale » dans beaucoup de documents. À Turin elle habitait le « palais madame » (48). Pour faire son aveu en 1677 au duc de Thouars pour la baronnie des Essarts, elle nomma son procureur spécial Gabriel Baudry d’Asson, chevalier seigneur de la Rondardière et de Grezay (Essarts), qui était capitaine et gouverneur des villes et châteaux des Essarts et de Riez. Elle-même est qualifiée de « très haute, très excellente et très puissante princesse madame Marie Jeanne Baptiste, duchesse de Savoie, princesse de Piémont, reine de Chypre, baronne des Essarts et de Riez, tutrice de son altesse royale Victor Aimé, second duc de Savoie, prince de Piémont, roi de Chypre, et régente de ses États par vertu de sa procuration reçue par monsieur le comte de Butillière, premier secrétaire de son altesse royale de Savoie, 20e février dernier, signé de Butillière, et scellé du sceau de l’archevêché de Turin » (49). Rappelons au passage que les ducs de Savoie, héritiers du cousin de Charlotte de Chypre renversée en 1460 par son demi-frère bâtard, revendiquaient officiellement la couronne royale de Jérusalem, Chypre et Arménie, alors que ces territoires étaient solidement occupés par les Turcs de l’empire ottoman.

Madame royale vendit la baronnie de Riez en 1715, puis celle des Essarts à la famille Lascaris, à une date difficile à déterminer, 1716 lit-on le plus souvent. En effet cette vente devait être acquise au 1e mars 1718, date d’un aveu de la baronnie des Essarts par Joseph Marie de Lascaris d’Urfé, au duché-pairie de Thouars (50), rédigé par les notaires du Châtelet à Paris et signé du rendant nouveau propriétaire. Mais, bizarrement, c’est Nicolas Cordery, chargé des affaires de Victor Amédée de Savoie (propriétaire précédent), qui renouvelle le 10 octobre 1721 le bail de la baronnie des Essarts à Jacques Merland sieur de Champeau, par ailleurs procureur fiscal de cette même baronnie (51).

On sait que son père, Joachim Merland, sieur des Charprais avait été fermier dans les années 1684 et 1685 (52). Et probablement avait-il continué de l’être ensuite. Sa troisième femme, Jeanne Jeullin, décédée le 10 février 1703, laissait en effet dans sa succession certaines créances dues à cause de cette ferme de la baronnie des Essarts. Jacques Merland a partagé la succession de sa mère, Jeanne Jeullin, et de son père, Joachim Merland, le 1e avril 1703, avec son frère, Mathurin Merland, sieur des Charprais, et Marguerite Merland, épouse de Venant Babin, sieur de Belmont conseiller du roi et juge magistrat au siège royal de Fontenay-le-Comte. Leur sœur religieuse n’était pas partie prenante au partage. La ferme de Champeau, dont Jacques se qualifiait sieur, était située en la paroisse de Saint-Urbain en Vendée, près de la Barre-de-Monts (53).

B. Montcornet : 
Victor Amédée de Savoie 
On ne connaît pas le prix de la vente des Essarts, mais le motif pourrait bien être les soucis occasionnés et le peu de rapport de cette terre en cette fin du 17e siècle. Une des dernières fermes, de 1678 à 1684 à Louis Cicoteau, s’élevait à 9 200 livres par an, plus 1 100 livres d’épingle (ou pot de vin). En 1649 elle s’élevait à 11 400 livres par an, plus 900 livres d’épingle. Et les soucis se sont accumulés avec les fermiers successifs, causés ou aggravés par les années de disette comme en 1682 et 1684. Des châtellenies comme l’Aublonnière et Morennes étaient en ruine, et le sous-fermier refusait de payer sa ferme. Le fermier Pesnard fut longtemps poursuivi pour non-paiement de ses fermes. L’examen du fonds d’archives des baronnies des Essarts et de Riez, conservé à Turin, et accessible par internet aux Archives de Vendée, est à cet égard instructif (54). De plus, le nouveau seigneur de Languiller à partir de 1675, Philippe Chitton, grand chicaneur, s’attaqua non seulement à ses vassaux mais aussi à son suzerain des Essarts pour le droit de chemerage de la seigneurie des Bouchauds.  

Philippe Chitton avait ambitionné l’achat de la terre des Essarts en 1702. Il avait pour cela approché Henri Auguste des Herbiers, seigneur baron de l’Estenduère (Ardelay), pour s’associer avec lui. Cet ancien capitaine des vaisseaux du roi, habitait alors au Langon et à Ardelay. Il examina attentivement le projet pour la partie de la baronnie comprenant les seigneuries situées à Sainte-Cécile, le seigneur de Languiller acquérant le reste. Finalement le baron de l’Estenduère renonça devant un prix trop élevé, et en informa le notaire de Saint-Fulgent, Louis Proust, qui servait d’intermédiaire entre eux (55).

À suivre.

(1) Copie d’un aveu du 26-11-1453 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(2) Guy de Raignac, Histoire des châteaux de Vendée de l’époque féodale au 19e siècle, Ed. Bonnefonds, 2000, page 36.
(3) C. Gourraud, Notes historiques sur la paroisse de Chavagnes, dans l’annuaire de la société d’émulation de la Vendée, 1876, vue 64. Aussi A. de Guerry, Chavagnes Communauté Vendéenne, Privat, 1988, page 81.
(4) Dom Fourrier-Bonnard, De l’église et du fief de Beauchêne, dans la Revue du Bas-Poitou, 1907, page 89.
(5) Emmanuel François, Les châtelains de Linières à Saint-André-Goule-d’Oie, Lulu.com, 2012, page 32.
(6) Joël Bibonne, Histoire de la famille de Vivonne, ACVB, 3018, tome 1, page 403.
(7) Dictionnaire historique, biographique et généalogique des familles de l'ancien Poitou. Tome 1 / par feu M. Henri Filleau, publié par son petit-fils H. Beauchet-Filleau et Ch. de Chergé (Gallica Identifiant : ark:/12148/bpt6k65647548), page 494.
(8) Jérôme Biteau, Mémoire en images le canton des Essarts, éditions Sutton, 2010, p. 12.
(10) Idem (7).
(11) Société des archives historiques du Poitou, Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. 11 / publiés par Paul Guérin. Impr. Oudin (Poitiers) 1881-1958 (Gallica Identifiant : ark:/12148/bpt6k209504x ), page 101.
(12) Louis de la Boutetière, Recherches sur le canton des Essarts, Annuaire de la société d’émulation, 1875, page 37 et s. (vues 61 à 69).
(13) Acte d’union des seigneuries de la Merlatière et de la Jarrie en 1503 Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1182.
(14) Réunion et élection de la Raslière et Merlatière en châtellenies du 2-1-1504, ibidem : 1 AP/1182.
(15) Idem (11).
(16) Aveu du 3 février 1497 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(17) Wikipédia.
(18) G. Duby, Histoire de la civilisation française, Tome 1, Armand Colin, 1958, page 219.
(19) Denis Crouzet, Charles de Bourbon connétable de France, Paris, Fayard, 2003.
(20) Idem (7).
(21) Foi et hommage du 7-6-1529 des Essarts et autres à Thouars, par P. Chabot, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(22) E. Louis, Biographie de Philippe de Chabot, annuaire de la société d'émulation de la Vendée, 1882, page 94, vue 65.
(23) Foi et hommage du seigneur de la Drollinière pour la Pinetière du 10-6-1540, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 17.
(24) E. de Monbail, Notes et croquis sur la Vendée, par Laffitte Reprints de l’édition de 1843, page 145.
(25) Aveu du 30-9-1598 du seigneur des Roulins à Thouars, à cause de sa femme G. Jupille, suivi d’un arrêt du parlement de Paris du 30 octobre 1577, décidant entre autres que l’aveu du seigneur des Roulins ne serait plus rendu aux Essarts mais au roi ou à un autre de ses vassaux, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1136.
(26) Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, L. Clouzot (Niort) 1881 (série 2, tome 19) (Gallica Identifiant : ark:/12148/cb32813308j/date), page 129. Voir aussi le dite des amis du vieux château des Essarts :
(27) E. de Monbail, Notes et croquis sur la Vendée, réimpression en 1978 par Laffitte Reprints de l’édition de 1843, page 131, 132 et 134.
(28) Aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605, page 72 et s. Archives de Vendée, Travaux de G. de Raignac : 8 J 101.
(29) Idem (2).
(30) Hommage et rachat du 4-8-1564 de Riez à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(31) Simonneau, La chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, annuaire de la société d'émulation de la Vendée, 1882, page 93, vue 63.
(32) Ferme de la baronnie des Essarts à Masseau et Menanteau le 17-12-1571, Archives de Vendée, baronnie des Essarts-Brosse et Luxembourg (1435-1642), 19 J 1.
(33) Ibidem.
(34) Dons et quittances de rachats des Essarts en 1566 et 1575, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(35) Michel Pernot, Henri III, le roi décrié, Le Livre de Poche, de Fallois, 2013, page 12.
(36) Yuval Noah Harari, Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Albin Michel, 2015, page 273 et s.
(37) Idem (34).
(38) L’oratoire et les Essarts, Archives de Luçon, Chroniques paroissiales, 3e série, mélanges, Arch. dép Vendée, 4 num 503 210, vue 1/11 et s.
(39) Aveu du 16-4-1597 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(40) Aveu du 13-5-1677 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1136.
(41) Chronique du Langon dans « La Vendée au temps des guerres de religion », éditée par M. N. Baudouin-Matuszek, CVRH, 2013, page 295.
(42) Boris Bove, Le temps de la guerre de Cent Ans 1328-1453, Gallimard, Folio histoire de France, 2020, page 226.
(43) Tudi Kernalegenn, Philippe-Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercoeur (1558-1602), article mis en ligne en novembre 2016 : https://bcd.bzh/becedia/fr/philippe-emmanuel-de-lorraine-duc-de-mercoeur-1558-1602
(44) Arrêt du Grand Conseil du 31-3-1615 pour la baronne des Essarts, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(45) Dirk Van der Cruysse, Madame Palatine, Fayard, 1988, page 163.
(46) Michel le Moël, La Grande Mademoiselle, de Fallois, 1994, page 39.  
(47) G. de Raignac, Histoire des châteaux de Vendée de l’époque féodale au 19e siècle, 2000, Éditions E. Bonnefonds, page 259.
(48) Dirk Van der Cruysse, Madame Palatine, Fayard, 1988, page 375.
(49) Idem (40).
(50) Aveu du 1-3-1718 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(51) Bail du 10-10-1721 de la baronnie des Essarts à Merland, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(52) Archives de Vendée, archives des baronnies des Essarts et de Rié, fonds conservé à Turin : 1 Num 231/27-48, revenus et travaux.
(53) Inventaire et partage du 1-4-1703 de la succession de Jeanne Jeullin, veuve Merland, Archives de Vendée, famille Babin et Cicoteau : 25 J/4, page 1, 15, 32 et 33.
(54) Idem (52).
(55) Lettre du 28-10-1702 de M. de l’Estenduère à Louis Proust sur l’achat des Essarts avec P. Chitton, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 14.

Emmanuel François, tous droits réservés
Février 2020,  complété en décembre 2023

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dimanche 5 janvier 2020

Un précieux patrimoine, le vin de Chauché

À la page 56 de mon livre, je relate la vente d’un vin de Chauché en date 6 août 1622 dans une auberge de Fontenay-le-Comte, « La Galère ».
Surpris par cette révélation, mettant apparemment la réputation de ce vin à un niveau supérieur à celui de mes souvenirs, je n’ai pas hésité, cependant, à l’honorer comme se doit de le faire tout bon citoyen attaché à la commune de Chauché.

Depuis, la fréquentation de deux blogueurs (http://chauche-nouvelles.allmyblog.com et http://georgespierre.unblog.fr), m’a ouvert un autre horizon. Chauché est le nom d’un cépage de vigne. Le dictionnaire Littré lui même l’affirme :
Chauché, nm (chô-ché), 1-Chauché gris, nom, en Bourgogne, du pineau blanc.
2-Nom d'un cépage de l'Aunis. Il y a le chauché noir et le chauché gris. Le vin d'Aunis, célèbre au moyen âge, se faisait avec le chauché. [Gloss. aunisien, p. 86]
Il semble bien que le cépage de Chauché était cultivé aux environs de La Rochelle au moins jusqu’à la Révolution, selon l’internaute yvonnet jeannine.

Et puis le Conservatoire du vignoble charentais - 16370 Cherves-Richemont, (http://www.labivin.net/article-nouvelles-decouvertes-sur-les-cepages--37818249.html), s’attache à découvrir les anciens cépages cultivés en Charente autrefois. La plus belle découverte reste le « trousseau gris » ou chauché ; il aurait été le cépage blanc le plus cultivé en Charente entre le 13e et le 18e siècle. Six types de chauché ont été identifiés, l’un d’entre eux a été testé avec de bons résultats, dignes d’un bon vin de pays.

« georgespierre.unblog.fr » nous rappelle la forte tradition de culture de la vigne dans la commune de Chauché, ainsi que son évolution. Il rapporte un détail important. L'abbé Paul Charrier, curé de cette paroisse, disait dans les années 1950 que l'origine du nom «Chauché» pouvait venir d'un cépage de vigne.

L’association du chant de la Pierre s’est activée pour retrouver le cépage de chauché, qui pousse encore à l’île de Ré. Il en va de la sauvegarde du patrimoine, au moins. Des plantations ont été faites à Chauché et on attend la première récolte avec intérêt.

Emmanuel FRANCOIS, tous droits réservés
Janvier 2010

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