dimanche 1 octobre 2017

Les fiefs de la Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie (IIe partie)

À la suite de l’article publié le mois précédent, nous poursuivons ici notre récit sur les petits fiefs de la Brossière : le fief des Giroisières, le fief Toillet, le fief de Lautruère Loriau et le fief Drillay

Le fief des Giroisières


Le fief des Giroisières était limité au nord par le ruisseau du Vendrenneau et à l’est par le ruisseau descendant de l’étang de Fondion. Au sud il bordait le fief Toillet et à l’ouest le fief de Lautruere Loriau.

Les Giroisières sont un héritage des Plouer, Boju et Maingarneau au 16e siècle


Les fiefs de la Brossière
Vers 1405 le fief des Giroisières est tenu par Jean de l'Etang à cause de Perinelle du Bignon sa femme. À cette date il contient 3 septerées de terres labourables et landes et 2 journaux de pré, soit environ 7 hectares (1). En 1500, on découvre Olivier Boju, écuyer seigneur du Plessis et de la Melonière (Saint-Philbert-de-Bouaine), rendre un aveu pour les Giroisières à cause de sa femme, Louise de Plouer (2). Elle appartenait à une famille de la paroisse voisine de Sainte-Cécile, seigneurs de Saint-Benoist et de la Chopinière. Olivier Boju rend son aveu à la dame de Languiller, Marguerite du Fou, veuve de Jacob de Sainte-Flaive, pour raison de son fief annexe du Coin Foucaud.

Marguerite du Fou avait épousé vers 1480 Jacob de Sainte-Flaive, seigneur de Languiller, qui mourut avant 1498. Leur fille, Jacquette de Sainte-Flaive, épousa vers 1503 Jean IV Harpedane-Belleville, seigneur de Belleville, lui apportant en dot Languiller et ses fiefs déjà annexes, tels que le Coin Foucaud et les Bouchauds. Jacob de Sainte-Flaive était le fils de Guy, chevalier seigneur de Languiller, lieutenant de Jean III de Brosse (aussi appelé le seigneur de l’Aigle en Normandie), baron des Essarts, pour conduire les nobles du pays de Poitou à l’armée du roi Louis XI en 1471.

Dans son aveu pour le fief des Giroisières, Olivier Boju déclare en plus des Giroisières 12,5 boisselées et trois journaux de prés situés à proximité. Au total il doit un devoir annuel de 12 deniers à Pâques, et 7 deniers maille à la Saint-Jean-Baptiste (la maille était une petite monnaie valant la moitié d’un denier). En 1529, c’est son fils, Jean Boju, qui offre sa foi et hommage à Jean de Belleville, ce dernier le recevant pour sa femme, Jacquette de Sainte-Flaive (3).

En 1550 le seigneur de Languiller, pour son fief annexe du Coin Foucaud, déclare au baron des Essarts que le fief des Giroisières est tenu de lui « à foi et à hommage plain et à rachat par mutation d’homme selon la coutume du pays, et à douze deniers de service annuel, à moi payable à chaque terme de Pâques » (4). Son vassal pour ce fief est alors Perceval Mainguarneau, écuyer seigneur de la Regnaudière à cause de sa femme, Françoise du Plouer, est-il écrit dans l’aveu de 1550, recopié en 1605. Il avait offert sa foi et hommage en 1542 aux Assises de Languiller, avouant détenir sur les Giroisières une rente foncière et féodale de 40 boisseaux de seigle. Sa femme était entrée en possession peu avant novembre 1537, date d’une précédente foi et hommage, apparemment suite à un nouveau partage dans la famille (5). Elle était la sœur de Jean de Plouer, le grand-père maternel de Jean Boju (6). Les revenus annuels perçus par lui sur les teneurs sont de 2 setiers mine de seigle, à la mesure des Essarts (ou 16 boisseaux).

Les de Bejarry nouveaux seigneurs des Giroisières


Le procureur fiscal de Languiller fait citer en 1612, Renée de Plouer, dame de la Bironnière, en « fournissement d’aveu et dénombrement » (7). C’est la sœur de Louise de Plouer, mariée à Olivier de Boju et la nièce de Françoise de Plouer mariée en 1538 à Perceval Maingarneau. Il s’est trompé de personne, car Renée de Plouer est morte à cette date. En 1622, les Assises font citer successivement Samuel de Béjarry, un petit-neveu de Françoise de Plouer, et Isabeau de Plouer, une nièce mariée à Léon Gazeau seigneur de la Boutarlière (8). Les partages d’héritages chez les de Plouer paraissent comme un jeu de piste pour le procureur fiscal. Dans un aveu des Giroisières en 1653, le seigneur est Samuel de Béjarry (9). Il rend son aveu à Pierre Le Geay, nouveau possesseur de Languiller avec ses fiefs annexes, après son acquisition aux Eschallard en 1650, ces derniers l’ayant acquise des Belleville en juin 1604. 

Après Perceval Maingarneau en effet, dont les deux fils (François et Jean) sont morts sans héritiers, les Giroisières sont revenues au patrimoine de la lignée de Renée de Plouer (sœur de Louise), mariée à Jacques de Béjarry (10). Celui-ci avait été un des chefs combattants dans le camp protestant lors des guerres de religion. Son deuxième fils, François de Béjarry, dut s’exiler en Hollande à cause de son engagement protestant. Il eut 3 enfants, dont Samuel qui rendit l’aveu des Giroisières, et qui s'était convertit au catholicisme.

Paysage des Giroisières en 2017
Samuel de Béjarry est né est né vers 1613, celui-ci était chevalier seigneur de la Roche Grignonnière (Talud-de-Sainte-Gemme), la Roche Louherie (Saint-Vincent-Puymaufrais), alors appelée la Roche Gueffier, etc. Il était le fils de François de Béjarry, auteur de la branche de la Roche Gueffier de la famille, dont la descendance existe toujours. En 1642 Samuel de Béjarry s’était marié avec Renée de Jau et ils eurent dix enfants.

L’aveu de 1653 est intéressant à lire à cause de la description du fief (10). Chacun des 16 propriétaires est cité avec la liste de ses parcelles, leurs surfaces et leurs confrontations. Ils se partagent 58 boisselées (7 ha), les deux plus importants d’entre eux avaient à peine 8 boisselées chacun, et la plupart environ 2,5 boisselées chacun, c'est dire le morcellement des parcelles à cette date de 1653. Le texte commet une erreur révélatrice, indiquant qu’il rend aveu au seigneur de Languiller à cause de sa seigneurie de Languiller, au lieu d’indiquer : à cause de sa seigneurie du Coin Foucaud. Celle-ci n’était plus qu’une annexe de Languiller depuis longtemps, survivant dans le droit de la propriété féodale. Même au 17e siècle certains notaires finissaient par se perdre dans les liens vassaliques de Languiller !

Quelques années plus tard, le fief des Giroisières était possédé en partie par David Augar, écuyer seigneur des Grasilières, époux de Polyxène de Goulaine. Cette dernière était l’arrière-petite-fille d’un seigneur de Linières, Élie de Goulaine. Samuel de Béjarry avait conservé la propriété de l’autre partie.

Les Moreau deviennent seigneur des Giroisières


Le 1e mai 1681, le fils aîné de Samuel de Béjarry, Louis Hortax de Béjarry, vendit sa part dans le fief des Giroisières à Pierre Moreau, sieur du Coudray, pour 1050 livres (frère du prieur rencontré ci-après au fief Toillet). Pour cette somme il vendit aussi des droits de fiefs qu’il possédait dans des tènements des environs. Et le 28 février 1682, David Augar vendit la sienne pour 600 livres à Pierre Moreau (11).

Ce dernier fit la foi et hommage, suivi de l’aveu et dénombrement du fief des Giroisières au seigneur de Languiller en mai 1683 (12). On y apprend que les surfaces foncières ont fait l’objet d’un gaulaiement le 27 avril 1667 par Merland et François Benoist, pour un calcul plus juste de la répartition entre les propriétaires de la rente de 40 boisseaux de seigle, prélevée par le seigneur. L’énumération porte sur 54 pièces de terres différentes pour près de 66 boisselées au total.

Pierre Moreau gardait la moitié de la rente de 40 boisseaux de seigle pour lui, et l’autre moitié était partagée avec les héritiers du seigneur Guignardeau. Parmi eux il y avait Claude Guignardeau qui fut parrain de son fils Claude Prosper Moreau, baptisé à Saint-André-Goule-d’Oie le 8 février 1673 (vue 221). Cette famille était alliée directement avec la branche cadette des Moreau. Claude Guignardeau avait en effet épousé Marie Moreau, fille de René Moreau, sieur de Villeneuve et cousine de Pierre Moreau. Écuyer, il était seigneur de Vannes et habitait à Sainte-Florence-de-l’Herbergement-Ydreau (devenue Sainte-Florence-de-l’Oie). Les raisons de ce partage ne nous sont pas connues.

Au décès de Pierre Moreau en 1687, son fils aîné survivant, Christophe, hérita des Giroisières, mais lui-même mourut peu après. Et c’est un autre fils plus jeune, Claude Prosper Moreau, qui hérita avec une sœur des biens du sieur du Coudray. En 1694 celui-ci fit sa foi et hommage au seigneur de Languiller. L’acte mérite attention, mais d’abord il nous faut en rappeler le contexte.

Pierre Moreau et ses héritiers possédaient des droits seigneuriaux sur le fief noble des Giroisières et au Coudray, mais aussi sur d’autres terres non nobles comme la Milonnière, la Bergeonnière, la Porcelière, les Suries. Et comme le seigneur de Saint-Fulgent, ils voulaient profiter de tous les droits de fiefs sur ces tènements : droit d’assise et de juridiction, et lods et ventes (redevances perçues lors des mutations de biens roturiers). Pour cette raison ils étaient en conflit avec le seigneur suzerain du Coin Foucaud, qui était Philippe Chitton, seigneur de Languiller. Mais il ne fallait pas mélanger tous ces conflits, ce qu’avait fait Pierre Moreau, refusant en plus de payer le droit de rachat consécutif au décès de Samuel de Béjarry. L’affaire était ancienne, et ce droit aurait dû être payé par le fils de ce dernier, Louis Hortax de Béjarry. Philippe Chitton réclamait le paiement à l’acheteur des Giroisières, Pierre Moreau (13), saisissant même le sénéchal (juge) de Fontenay-le-Comte à cet effet. Pour les Giroisières, Prosper Moreau trouva le moyen de s’arranger, conseillé par Louis Prosper Proust, le sénéchal de Saint-Fulgent. Pourvu d’être reçu détenteur du fief des Giroisières, Prosper Moreau promit de se pourvoir en garantie du seigneur de Béjarry, et s’offrit de payer les deux droits de rachat consécutifs aux décès de son père et de son frère Christophe. Chaque droit fut évalué à 40 livres, représentant une livre par boisseau de seigle, pour les revenus annuels des Giroisières se montant à la rente de 40 boisseaux de seigle.

Ce contexte explique la forme de sa foi et hommage qu’il fit le 20 avril 1694 pour le fief noble des Giroisières (14). Il s’est déplacé à Languiller pour la faire, alors que l’usage était de se contenter d’envoyer un acte notarié. Au-delà du contexte conflictuel que nous venons d’évoquer, peut-être y-avait-il pour ce jeune fils de bourgeois, une certaine envie de « faire le noble » par cet acte. Ou bien de la part de la part de Philippe Chitton d’en faire autant, étant anobli de fraîche date.

Le jeune Claude Prosper Moreau avait 21 ans en 1694. Il était l’héritier des biens de son père avec sa jeune sœur, Marie. N’étant pas majeur, un oncle maternel, Jean Hullin avait été nommé curateur aux causes (il assistait son pupille émancipé dans les procédures judiciaires). Il était étudiant en droit à l’université de Poitiers, ayant conservé le domicile familial du bourg de Saint-André.

Le logis de Languiller en 2017
Les propriétaires roturiers comme Prosper Moreau étaient admis à faire l’acte de foi et hommage suivi de l’aveu et dénombrement, car ce qui était considéré comme central à cette époque en droit féodal était la nature du bien, avant la condition des personnes. Le 20 avril 1694, Arnaudeau, notaire de Saint-Fulgent, rédige cet acte de foi et hommage, « en exécution des lettres de terrier et arrêt de nos seigneurs de la cour (tribunal) par la commission (décision) obtenue en conséquence pour la vérification de la terre et seigneurie de Languiller et fiefs en dépendant ». On sait qu’en effet Philippe Chitton, seigneur de Languiller, avait obtenu de faire vérifier l’étendue de ses droits sur tous les biens relevant de la mouvance de ses fiefs. Cela concernait alors presque tous les propriétaires fonciers dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie.

Le texte de foi et hommage indique que Prosper Moreau s’est rendu à Languiller (Chauché) ce jour-là au domicile de Philippe Chitton, seigneur des lieux, et qu’il a requis le notaire de l’accompagner pour être son témoin et en dresser acte. En tant que possesseur du fief noble des Giroisières, c'est-à-dire de ses droits seigneuriaux sur les propriétaires des tenures le composant, le jeune Moreau a offert de faire la foi et hommage, payer le droit de rachat (redevance perçue lors des mutations de biens nobles), fournir le dénombrement (énumération des biens et revenus) dans le temps de la coutume du Poitou, et il a requis d’être reçu en la foi et hommage, de « faire le serment et autres soumissions en ce cas requis ». Les mots sont ceux des immuables formules notariales. En même temps il a précisé que son offre concernait un « hommage plane » (simple), avec « rachat par la mutation dudit sieur du Coudray » (succession de son frère Christophe), dont le montant n’est pas précisé, ce qui veut dire probablement celui de la coutume du Poitou (un an de revenus). Puis il a rappelé les redevances dues habituellement : « au devoir annuel de 12 deniers échu à chaque fête de Pâques et à 7 deniers maille à celle de Saint-Jean-Baptiste, à cause du fief et tènement des Giroisières, à cause de votre fief du Coin Foucaud ».

C’est l’épouse de Philippe Chitton qui a reçu Prosper Moreau, Bénigne de la Bussière. Elle a indiqué que son mari était absent, et qu’elle consentait à le recevoir dans son offre « pour cette fois seulement sans tirer à conséquence » est-il écrit selon la formule habituelle, sans qu’il faille lui donner une portée particulière dans ce cas. Et bien sûr elle a rappelé que le demandeur devait « payer à l’avenir les rachats, fournir son dénombrement dûment confronté (indication des limites des parcelles foncières), sans préjudice des dits droits annuels ».

Il n’y eu pas de cérémonie, puisqu’il aurait pu se dispenser de se déplacer. Peut-être même Philippe Chitton a-t-il voulu marquer une certaine distance à l’égard de ce jeune homme, qui par ailleurs était en conflit avec lui pour d’autres terres. Celles-ci étaient roturières et il voulait être reconnu comme leur seigneur féodal à part entière. Quand on était sieur et riche, on aspirait à devenir seigneur et noble.

Après l’offre et son acceptation, le notaire termine son acte en écrivant « de quoi nous dits notaires avons octroyé acte et de ce que ledit sieur du Coudray a fait les dits foi et hommage, promet être bon et fidèle vassal de la manière que homme de foi est tenu envers son seigneur, de fournir de son dénombrement dans le temps de la coutume … ».

Prosper Moreau renouvela sa foi et hommage pour les Giroisières en 1700 à l’Assise de Languiller et en rendit l’aveu l’année d’après (15). À cette occasion il s’acquitta du paiement de 29 années d’arrérages d’un sol et 7 deniers maille de devoir annuel.

On sait que Prosper Moreau est mort en 1729 alors que ses biens avaient été saisis par ses créanciers, ayant été déclaré en banqueroute. En 1752 le seigneur des Giroisières est Jean Gabriel de Vaugiraud, lequel déclare dans une offre de foi et hommage à Languiller que le fief lui est venu du sieur Moreau du Coudrais (16).

Les Fluzeau de la Brossière tentent d’échapper au droit de franc-fief


Une autre source documentaire complète ici le chartrier de la Rabatelière, c’est le dossier constitué par l’abbé Boisson. On y trouve un recours formé par Jean et François Fluzeau auprès de l’intendant du Poitou, contre une décision du sieur de La Fargues, receveur au bureau de Saint-Fulgent, pour la perception des droits de franc-fief (17). C’était une taxe imposée sur les biens nobles possédés par des personnes roturières. En l’occurrence elle était réclamée sur la rente de 40 boisseaux de seigle due au seigneur des Giroisières, possédée en 1785 par les frères Fluzeau, habitant la Brossière.

C’est ainsi qu’on apprend que la rente avait été vendue par Prosper Moreau à François Fluzeau (1660-1744), marchand, le 30 avril 1718, pour 700 livres. Moreau s’était réservé le paiement de 40 deniers de cens payés annuellement par Fluzeau, à titre de retenue féodale, ainsi que les droits de seigneurie : lods et ventes et juridiction basse. Il avait indiqué que la rente serait tenue de lui roturièrement et possédée par François Fluzeau, qui la prélèverait sur les teneurs des Giroisières. C’est donc une partie des droits seigneuriaux qui sont venus à la propriété de Vaugiraud plus tard. Dans leur supplique en 1785 à l’intendant, les cousins Fluzeau précisent en effet : « le sieur de Vaugiraud, actuellement le seigneur du fief des Giroisières, en a fait l’hommage au seigneur de Languiller en l’année 1752, à ce qu’on estime. »

Un quartier du village de la Brossière
Le conflit des Fluzeau avec le receveur de Saint-Fulgent portait sur le point de savoir si la rente de 40 boisseaux était noble ou non. Le percepteur de Saint-Fulgent, sans doute bien renseigné sur la nature noble de la rente autrefois, réclamait la preuve qu’elle ne l’était plus. Il demandait qu’on lui fournisse pour cela les déclarations roturières qui pouvaient avoir été rendues au seigneur du fief des Giroisières depuis 1718. Or il n’y en n’avait pas eu. Et les cousins Fluzeau expliquent dans leur requête de 1785, que Prosper Moreau est mort en état de banqueroute et n’a point réclamé de déclarations. Son successeur de Vaugiraud non plus, à cause de la longue période de saisie des biens.

Il y avait bien eu un acte d’arrentement de cette rente signée le 10 février 1752 par le seigneur de Languiller, alors Montaudouin de la Rabatelière, affirmant que la rente était tenue de lui roturièrement par François Fluzeau (fils, 1696-1756), et « demeurera roturière pour toujours » (18). Dans le même acte, le seigneur de Languiller rappelait que la rente avait été acquise par François Fluzeau père en 1718, et fixait à 2 boisseaux de seigle par an le cens qui lui était dû, proche des 40 deniers de charge dans la vente de 1718. Mais pourquoi arrenter une rente qui ne lui appartenait pas ? Cet acte est visiblement un faux écrit de la main même du seigneur de Languiller, probablement à cause de l’absence du seigneur de Vaugiraud, de qui était tenue normalement la rente. Il n’avait que pour but de prouver la nature roturière de celle-ci, afin de rendre service aux Fluzeau. On n’est pas certain de la grande proximité personnelle entre les Fluzeau et Montaudouin, mais on est certain de leur proximité avec Mathurin Thoumazeau, notaire de Saint-Fulgent et leur avocat, et aussi qui deviendra procureur fiscal de la Rabatelière et Languiller en 1753, et régisseur du château de la Rabatelière en 1769 (19).

Pour résoudre son problème, François Fluzeau fils, habitant la Brossière, a demandé aux propriétaires du tènement du fief des Giroisières en l’année 1753, le paiement des arrérages de la même rente et un titre nouveau de reconnaissance. Il faut croire qu’à la Brossière en ce temps-là existaient apparemment des dissensions, car les propriétaires « n’ayant point satisfait à la demande, est intervenue sentence en la juridiction de la baronnie des Essarts le 31 août de la même année, qui les condamne au paiement des arrérages demandés de ladite rente et à fournir titre nouvel d’icelle dans huitaine, sinon que ladite sentence en servira. » Valant reconnaissance de la rente foncière de 40 boisseaux comme roturière, cette sentence a été donnée par Fluzeau au fermier du droit de franc-fief à Saint-Fulgent. C’était en effet un employé de la ferme, cette dernière étant le mode de collecte des impôts à l’époque. Mais à ses yeux, cela ne suffisait pas.

Les Fluzeau avaient aussi à surmonter une autre faiblesse dans leur réclamation. François Fluzeau leur grand-père était mort en l’année 1744. On fit payer à François Fluzeau son fils, le 26 juin 1752, une somme de 80 livres pour doit de franc-fief sur la rente foncière. C’était là un précédent fâcheux. Ses successeurs prétendent en 1785 : « On profita dans le moment de la simplicité du père ». C’était un paiement fait par erreur par une personne sans jugement ! On produisit un gaulaiement (calcul de redevances) du fief, où il était indiqué que la rente était roturière. Sauf que les indications ne faisaient que reprendre les déclarations des propriétaires, et la portée du gaulaiement à cet égard était fragile.

Jean Fluzeau, eut beau se présenter comme « syndic de la paroisse de Saint-André près Saint-Fulgent », l’ancêtre du maire, l’intendant rejeta le recours qu’il avait formé avec son cousin, le 15 novembre 1785. Celui-ci ne motiva pas sa décision, ce qui nous prive d’une connaissance des règles de droit invoquées sur le sujet. La rente avait été noble incontestablement. Pouvait-on, à l’occasion d’une vente, changer sa nature en roturière, et l’exonérer du droit de franc-fief ? En dehors des questions de preuves matérielles, telle nous parait la question de fond soulevée ici.  

Et pourtant, la rente de 40 boisseaux de seigle fut considérée comme roturière après la Révolution, puisqu’elle fut amortie par acte notarié le 6 décembre 1808, évaluée alors à 930 F de capital et remboursée aux héritiers Fluzeau et Brisseau (20). Les 40 boisseaux étaient devenus  106 décalitres et 40 centilitres. 90 ans après son achat par François Fluzeau, le prix de la rente était passé de 700 livres à 930 francs, et les teneurs étaient devenus des propriétaires sous la plume du notaire. 


Le fief Toillet


Au fief Toillet le long du ruisseau 
venant de Fondion
Le fief Toillet apparaît lui aussi en 1550 comme une surface foncière, dont le nom a été celui de son propriétaire. La particularité de ce fief Toillet est de comprendre une partie du village de la Brossière sur une surface de 4 boisselées (environ 5 000 m2), plus une boisselée en verger et 2 « boisselées à semer lin » en jardin. Voilà qui indique l’importance de la surface occupée par le village depuis au moins le Moyen Âge dans deux fiefs différents : Toillet et la Brossière.

Jean Métaireau tient le fief Toillet alors de la seigneurie du Coin Foucaud, à foi et hommage plain et à rachat, moyennant le paiement d’un devoir annuel de 2 sols à Pâques et 7 deniers à la Saint-Jean-Baptiste. Le rachat est évalué à environ 4 livres, ce qui est peu (21). 

Simon Metereau, fils de Jean, fut reçu en sa foi et hommage le 10 juin 1561 aux assises de Languiller, deux fois. Le texte dit : « nous a offert faire deux fois et hommages plains, l’une pour raison du fief de la Bequetière à cause de la seigneurie des Bouchauds, et l’autre pour raison du fief Toillet tenu de la seigneurie du Coin Foucaud qu’il doit et est tenu faire à messieurs des dites seigneuries ». Nouveau propriétaire après le décès de son père, il devait faire ses fois et hommages. Il précise que le droit de rachat est un cheval de service, qu’il promet de payer à la fin de l’année, demandant l’allongement du délai prévu pour rendre son aveu. Le cheval de service était alors une très ancienne formule pour laquelle il fallait indiquer un montant. À ce sujet, on a parfois des rachats plus étranges pour notre regard du 21e siècle. Ainsi on trouve en 1584 la valeur d’un rachat à un perroquet à chaque mutation de vassal pour le fief de la Turderière, dû à Gilbert de La Tremoïlle, marquis de Royan et baron d’Apremont (22). Le sénéchal de Languiller s’appelait « Jean Le Tourineur, écuyer, conseiller du roi, sénéchal des seigneuries de Languiller, des Bouchauds, Coin Foucaud, Vignault, fief Touroil, la Ramée et fief Pothé, expédiant les assises de ces seigneuries le 10e jour de juin mil cinq cent soixante et un ». On a là la liste des seigneuries annexes de Languiller. Jean Le Tourineur répondit favorablement, et Simon Metereau fut reçu en ses deux hommages (23).

À la suite de ses fois et hommages, celui-ci rendit son aveu à Jules de Belleville, seigneur de Languiller le 20 décembre 1561 (24). On y remarque que le fief Toillet jouxtait un autre fief appelé Chatry, et on verra au 18e siècle le fief Toillet désigné comme le fief Toillet-Chatry, signe probable d’un regroupement. Bizarrement il déclare un devoir à payer à Languiller de 12 deniers à Pâques, ce qui est différent de l’aveu du Coin Foucaud. L’aveu est rédigé par Lucas Billet, notaire à la Grève. Ce lieu désignait une petite baronnie s’étendant seulement sur une partie de la paroisse de Saint-Martin-des-Noyers et une partie de celle de Lairière, cette dernière ayant fusionné plus tard avec la Ferrière.

En 1609, Jean Gaucher, fils de Jean, a succédé à Simon Metereau comme seigneur chemier du fief Toillet (25).

En 1615, les propriétaires déclarants qui rendent leur aveu sont Jean Gaucher, chemier, et Michel Fluzeau, son parsonnier. Ils renouvellent leur aveu en 1617 à Marie Hurault, veuve de Philippe Eschallard et dame de Languiller (26). On y lit une précision supplémentaire, le montant du rachat est évalué à 1 setier de blés, soit 16 boisseaux de seigle ou avoine. Et les notaires de l’acte sont cette fois-ci ceux de la châtellenie de la Merlatière, Jarrie et Raslière. Sa signature a lieu au bourg de Chauché, « territoire des dites châtellenies ». Plus précisément le bourg de Chauché relevait de la seigneurie de Puytesson, laquelle rendait hommage à la Jarrie. Néanmoins on ne comprend pas pourquoi on se rendait de la Brossière à Chauché pour faire faire ces actes notariaux, plutôt qu’au bourg de Saint-Fulgent, bien plus près, et où se trouvaient aussi des notaires. On soupçonne un problème à cette époque. Gilles Gaucher, fils aîné de Jean ci-dessus, est reçu en sa foi et hommage pour le fief Toillet en 1625 aux Assises de Languiller (27).

En 1656 un aveu est rendu pour le fief Toillet par « Pierre Moreau prêtre prieur curé de Saint-André-de-Goulledois ». Il possède donc les droits seigneuriaux évalués alors à 6 boisseaux de blés par an seulement. Peut-être n’a-t-il pas acheté tous les droits. Et il n’y possède qu’une boisselée de terre labourable dans le champ « vulgairement appelé le Chaume ». Cet aveu contient une précision intéressante, il tient ces droits moyennant une rente versée à Denis et François Gaucher. Elle se monte à 72 sols, et concerne en même temps les fiefs de la Bequetière et Lautruère Loriau (28). Or nous savons que la documentation manque pour ceux-ci dans cette période. Cela veut dire que le prieur, ou son père, a acheté ces droits sous forme de rente. Et l’aveu précise qu’il a le droit de prendre les « ventes et honneurs » (autre nom de lods et vente), amendes et offenses, ainsi que « le  droit de justice et juridiction basse, et de tenir assise selon la coutume de ce pays de Poitou ». Cette dernière précision était de droit en effet pour un bien noble. Sa valeur symbolique comptait pour la famille Moreau, qui voulait réincarner la seigneurie du Coudray. 

Là encore la documentation manque pendant un siècle, mais nous savons que les biens des Moreau de la branche aînée ont été dispersés après une banqueroute au début du 18e siècle. Seulement ceux de la branche cadette ont perduré chez les héritiers de l’ancienne seigneurie du Coudray jusque en 1767, avant d’être vendus à un propriétaire marchand de bestiaux, René Loizeau.

Un chemin dans l’espace 
autrefois appelé le fief Toillet
Et en 1753, le notaire de Saint-Fulgent, Mathurin Thoumazeau, rédige une déclaration roturière pour 31 teneurs du fief Toillet-Chatry. Il n’y a plus de possesseur du droit de fief pour rendre l’hommage au suzerain de Languiller. Le cens et devoir, « portant fief et juridiction » est-il précisé dans la déclaration roturière, est de 5 sols rendables à Languiller à noël. Plus « au terme de Notre-Dame-d’août de chaque année, 1 boisseau de seigle de rente première foncière annuelle et perpétuelle à la mesure des Essarts, rendable aussi par nous à votre dite recette de Languiller ».

Le droit de fief est ainsi remonté au suzerain, le seigneur de Languiller, qui l’a absorbé en sa propre seigneurie directe. C’est une disparition de l’échelon le plus bas dans la hiérarchie des liens vassaliques, au profit de celui immédiatement supérieur. Mais il reste toujours les teneurs dans le fief, faisant leurs déclarations roturières directement au suzerain de Languiller. Pour eux il n’y a rien de changé, en changeant de seigneur. Simplement, le fief Toillet est devenu infus (fusion-absorption), comme on disait à l’époque, dans le domaine direct de son suzerain. Il en sera de même pour le fief suivant : Lautruère Loriau. Et on a vu le même phénomène ailleurs à Saint-André, pour la Crochardière près du Pin.

Le fief de Lautruère Loriau


Le fief de Lautruère porte le même nom d’un propriétaire, Loriau, qu’au Coudray et à la Forêt, preuve de sa fortune passée au Moyen Âge. En 1343 Aimery Loriau, clerc de Jean de Thouars, tenait de ce dernier par hommage le fief de la Sextenbreische comprenant 5 domaines à Saint-André-Goule-d’Oie (29). On ne situe pas ce fief et parmi ces 5 domaines on devine dans la transcription des mots qu’il y avait la Roche Herpière près de la Javelière et et la Machicolière. On lit aussi l’existence d’une vigne au fief de Saint-André (bourg). Ces trois domaines repérés firent ensuite partie des domaines de la seigneurie du Coin, de manière attestée vers 1405 mais peur-être avant. En effet, suite aux dévastations de tous ordres dans la contrée, due à la guerre (la guerre de Cent Ans a commencé en 1337), aux épidémies (la peste noire à partir de 1346) et aux dérèglements climatiques (début du Petit Âge Glaciaire vers 1300), se produisirent des bouleversements à Saint-André dans la propriété foncière et les liens vassaliques qui l’organisaient.

Le fief de Lautrère était limité au nord par le ruisseau du Vendrenneau et au sud par le fief du Bignon. Vers l’est, il bordait le fief des Giroisières, et vers l’ouest celui de la Mauvinière. C’est probablement sur ce territoire, dont le nom est oublié, qu’on a creusé, sur sa bordure ouest, la profonde tranchée de l’autoroute A 87, qui relie Cholet aux Sables-d’Olonne.

Le premier seigneur connu du fief de Lautruère Loriau vers 1405 est Jean Chastry à cause de Collette Malevilaine sa femme. Il le tenait de Jean de Sainte-Flaive seigneur de Languiller, à cause du Coin Foucaud, à foi et hommage plain et à rachat à 12 deniers de service payés à la Saint-Jean-Baptiste. Il déclare une surface de 3,5 septerées de terre. Après Jean Chastry le fief est possédé par Jean Toillet et Gervais Loriau, tenus du même Jean de Sainte-Flaive dans les mêmes conditions. Ils en percevaient des redevances estimées à 4 septiers de blé par an ou environ (30). 

Au début du mois de décembre 1533, Simon Metereau acheta le fief à Pierre Chastry, fils de Colas Chastry. Et le 18 décembre 1533, il offrit la foi et hommage aux Assises de Languiller, tenue exceptionnellement dans la maison de François Bertrand, prêtre, au bourg de Saint-André, Pierre Ledo étant sénéchal et Pierre Boislard étant procureur fiscal (31). La surface déclarée est de 3,5 septerées de terre. Elle est de 7,5 septerées en 1541, dans un nouvel hommage renouvelé à cause du nouveau seigneur de Languiller, Charles de Coucys (32). Il était seigneur de Languiller, probablement en partie, à cause de sa femme, Suzanne de Belleville. Le doublement de la surface déclarée indique l’importance du défrichement décidé par Simon Metereau. Les Assises de Languiller et de ses seigneuries annexes se tenaient alors, comme le plus souvent dans cette période, dans la salle du parquet à la halle des Essarts. Simon Metereau rendit l’année d’après, en 1542, son aveu et dénombrement aux Assises de Languiller, écrit sur parchemin et scellé par un notaire de Saint-Fulgent en cire verte à double queues (33). En 1550 le fief était tenu de la seigneurie du Coin Foucaud par le même Simon Metereau à foi et hommage plain et à rachat par mutation d’homme, et à douze deniers de service annuel payables à Languiller à la Saint-Jean-Baptiste (34). Simon Metereau appartenait à une des familles propriétaires à la Brossière qu’on peut suivre au moins jusqu’à la Révolution. 

Dans un aveu du 20 décembre 1562, on constate que les droits seigneuriaux ont changé de mains (35). C’est Benoît Noireau qui a rendu son aveu pour le fief de Lautruère Loriau, dans les mêmes conditions que ci-dessus, à Jules de Belleville, alors seigneur de Languiller et du Coin Foucaud. Le notaire de Saint-Fulgent qui a rédigé l’acte s’appelle Moreau.

Nouveau changement constaté en 1611 : ils sont deux nouveaux propriétaires associés dans la possession des droits sur le fief de Lautruère Loriau : Jean Gaucher comme chemier et Michel Fluzeau comme parageur. On a rencontré la même situation en 1615 au fief de la Bequetière. Les déclarants précisent que leur droit de rachat se monte à 2,5 setiers de seigle (36). Cette valeur nous donne une information précieuse, car les aveux n’indiquaient pas toujours ce que le possesseur des droits seigneuriaux recevait pour lui comme profits ou redevances de la part des teneurs. C’était pourtant leur objet même, mais la difficulté vient de la dispersion des redevances entre plusieurs possesseurs, et chacun de ces derniers rendait son aveu pour lui-même. Ces 2,5 setiers faisaient 40 boisseaux de seigle, environ 6 quintaux.

Nous avons un autre aveu rendu par les même Gaucher et Fluzeau en 1615 à Philippe Eschallard, seigneur de Languiller, et fils de Marie du Fou qui avait reçu l’aveu précédent de 1611. Le texte est le même, si ce n’est le changement de personne chez le suzerain, motif du renouvellement de l’aveu. Aux Assises de Languiler en 1617, Jean Gaucher offrit deux fois et hommages le même jour, l’une pour Lautruère Loriau et l’autre pour le fief Toillet. Il le fit en tant pour lui que pour Michel et Jean Fluzeau, ses parsonniers, dit le texte (37). En 1627, Pierre Gaucher a succédé à Jean Gaucher (38).

À droite de l’autoroute :
l’espace de l’ancien fief de Lautrère Loriau
Ensuite les archives sont muettes pour le fief de Lautruère Loriau jusqu’en 1752. Cette année-là, le nouveau procureur fiscal de Languiller et de la Rabatelière, Mathurin Thoumazeau, envoya un huissier signifier à François Carré, à comparaître devant le sénéchal de Languiller pour remplir ses devoirs de vassal sur le fief de Lautruère Loriau. François Carré était l’un des propriétaires dans ce fief, et il était pris au nom de tous les autres propriétaires. À cette occasion le procureur fiscal indique que le fief est tenu de Languiller à foi et hommage plain, et à rachat et 2 sols de service (38). Apparemment la procédure se heurta à l'immobilisme de François Carré. Et elle déboucha, sans que nous sachions comment, sur la reprise du fief par Languiller et sa transformation en un tènement, car l’année d’après le même Mathurin Thoumazeau, cette fois-ci comme notaire de Saint-Fulgent, rédigea 2 déclarations roturières.

Ce sont 29 teneurs qui font une déclaration roturière en effet, le 2 avril 1753, qui sera présentée ensuite à l’assise de Languiller le 15 mai suivant (39). Les successeurs de Gaucher et Fluzeau ont disparu du lien vassalique, et le droit de fief a été absorbé dans la seigneurie de Languiller. L’assise était un tribunal, où le rôle de procureur était tenu par le procureur fiscal et celui de juge-président par le sénéchal. En bas de l’acte il est précisé que la déclaration est « restée ès mains du procureur de la cour pour y fournir de blâme si faire se doit ». Gageons que le rédacteur et le destinataire étant la même personne, la déclaration fut acceptée.

Les 12 deniers de cens de 1550 sont devenus 5 sols, soit cinq fois plus, et s’y ajoute une rente foncière annuelle et perpétuelle d’un boisseau de seigle, rendable à Languiller à la mi-août, « au jour qu’il vous plaira indiquer votre recette ». Voilà qui ne change pas la situation des propriétaires par rapport à l’époque où le tènement était un fief noble. Le grand changement est le nombre de propriétaires : il a doublé pour une même surface, à cause des héritages.

Le fief Drillay


Déjà dans son aveu du Coin Foucaud en 1605, le seigneur de Languiller, décrivant la situation en 1550, ne le cite pas (40). Le texte le plus ancien le concernant est une déclaration roturière du 2 juin 1606 de 12 de ses teneurs directement à Languiller (41), à cause du Coin Foucaud, pour les ¾ de la surface totale. Soit le seigneur possédant les droits a fait défaut, et son suzerain du Coin les a repris, soit il n’y a jamais eu de concession de droits seigneuriaux à un seigneur, mais directement à un ou plusieurs teneurs. La première hypothèse décrit probablement une situation en avance par rapport à ce que nous avons rencontré sur certains fiefs voisins, où le droit de fief a été absorbé par le suzerain.

Les teneurs de Drillay devaient à Languiller, rendables, un droit de terrage à la 1/6 partie des récoltes et un cens de 6 deniers. Bien sûr le Coin Foucaud possédait le droit de basse justice et percevait les lods et ventes au moment des mutations de biens.

Nous avons d’autres déclarations roturières collectives, plusieurs teneurs ensemble, en 1618 et 1651. Puis elles sont individuelles en 1664 et 1683. Aux assises de Languiller en 1701, ce sont 8 teneurs qui ont présenté leurs déclarations roturières (42). En 1751, ils ont 9 à le faire (43).

Les confrontations des pièces de terres déclarées vont de la Javelière à la Brossière, dans la partie sud occupée par les fiefs de la Brossière. Elles ne permettent pas de les situer avec certitude, et font plutôt penser à un ensemble de pièces de terre dispersées qu’à un seul terroir. C’est pourquoi nous ne l’avons pas situé dans la carte schématique des fiefs de la Brossière au début de cet article. 


(1) Notes no 7 et 8 sur la Brossière et ses fiefs attenants à Saint-André-Goule-dOie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4.
(2) Aveu du 9-5-1500 d’Olivier Boju à Languiller pour les Giroisières, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 66.
(3) 150 J/G 66, foi et hommage du 24-6-1529 de Jean Boju à Languiller pour les Giroisières.
(4) Aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par Languiller aux Essarts – deuxième copie reprenant un aveu de 1550, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61.
(5) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1542, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 22, pages 873 et 874.
(6) Guy de Raignac : 8 J 41-1 : famille Maingarneau.
(7) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1612, ibidem : 150 J/M 29, page 62.
(9) 150 J/G 66, aveu du 20-3-1653 de Samuel de Bejarry à Languiller pour les Giroisières.
(10) Idem (6).
(11) Mémoire de Claude Moreau contre Chitton du 4-5-1693 au sénéchal de Fontenay-le-Comte, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29.
(12) Hommage et dénombrement de Pierre Moreau pour les Giroisières en mai 1683, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29.
(13) 22 J 29, mémoire de Claude Moreau contre Chitton du 4-5-1693 au sénéchal de Fontenay.
(14) 150 J/G 66, foi et hommage du 20-4-1694 de Prosper Moreau à Languiller pour les Giroisières.
(15) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1700, ibidem : 150 J/M 38, pages 21 et 22. Et assise en 1701, ibidem : 150 J/M 44, pages 45 et 46.
(16) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1752, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 37, pages 20 à 24.10) 150 J/G 42, déclaration roturière du 2-4-1753 de 29 teneurs à la Rabatelière pour le fief de Lautruère Loriau.
(17) Recours en 1785 contre le paiement d’un droit de franc-fief par les héritiers Fluzeau, Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 21.
(18) Les Montaudouin, arrentement du 10-2-1752 de la rente de 40 boisseaux de seigle sur les Giroisières, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.
(19) Familles Thoumazeau et Tinguy, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 70 bis.
(20) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Charrier : 3 E 28, amortissement du 6-12-1808 d’une rente de 40 boisseaux à Fluzeau et Brisseau par les propriétaires des Giroisières 
(21) Idem (4).
(22) Archives de Vendée, Guy de Raignac, Dépouillements d'archives publiques et privées concernant les familles vendéennes : 8 J 101, vol. 12, page 57.
(23) 150 J/G 8, foi et hommage du 10-6-1561 de Simon Métaireau à Languiller pour les fiefs Toillet et Bequetière.
(24) 150 J/G 42, aveu du 20-12-1561 de Simon Metaireau à Languiller pour le fief Toillet.
(26) 150 J/G 42, aveu du 9-11-1617 de Jean Gaucher à Languiller pour le fief Toillet. Et Assises de Languiller et fiefs annexes en 1617, ibidem : 150 J/M 36, page 38.
(28) 150 J/G 42, aveu du 31-7-1656 de Pierre Moreau à Languiller pour le fief Toillet.
(29) Aveu en 1343 de Jean de Thouars à Montaigu (roi de France) pour des domains à Saint-André, no 389, Archives d'Amblard de Guerry: classeur d'aveux copiés aux Archives Nationales. 
(30) Note no 13 et 14 sur la Brossière et ses fiefs attenants à Saint-André-Goule-d’Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4.
(31) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1533, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 22, pages 334 et 334.
(32) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1541, ibidem : 150 J/M 22, pages 746 et 747.
(33) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1542, ibidem : 150 J/M 22, pages 803 et 804.
(34) Idem (4).
(35) 150 J/G 42, aveu du 20-12-1562 de Benoît Noireau à Languiller pour le fief de Lautruère Loriau.
(36) 150 J/G 42, aveu du 4-5-1611 de Jean Gaucher à Languiller pour le fief de Lautruère Loriau.
(37) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1617, ibidem : 150 J/M 36, page 38. Et Assise en 1626, ibidem : 150 J/M 33, page 9.
(38) 150 J/G 42, assignation du 5-10-1752 à Carré pour les devoirs du fief Lautruère Loriau à Languiller.
(39) Déclaration roturière du 2-4-1753 de 29 teneurs à Languiller pour le fief de Lautruère Loriau, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 42.
(40) Idem (4).
(41) 150 J/G 63, déclaration roturière du 2-6-1606 de 12 teneurs du Drillay à Languiller.
(42) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1701, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 44, pages 30 à 32.
(43) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1751, ibidem : 150 J/M 37, page 27.


Emmanuel François, tous droits réservés
Octobre 2017, complété en janvier 2024

vendredi 1 septembre 2017

Les fiefs de la Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie (Ière partie)

Les fiefs de la Brossière
Les petits fiefs de la Brossière sont une particularité propre à la petite contrée autour de ce village à Saint-André-Goule-d’Oie. Nous les avons évoqués le mois dernier dans notre article intitulé : La Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie. On en a compté huit à Sain-André : Mauvinière, Bignon, Giroisières, Toillet, Bequetière, Lautruère Loriau, Drillay, Prieuré. Ils sont petits par la taille, de 4 hectares à 21 hectares. Nous pouvons les situer grâce aux confrontations indiquées dans les documents les concernant, d’où la présentation de manière schématique dans la photo ci-contre. Les contours du tènement proprement dit de la Brossière nous échappent, faute d’en bien cerner ses limites vers le sud-ouest et le sud-est. Il en est de même pour le fief Drillay et le fief du Prieuré. Les géomètres du cadastre napoléonien, sans vouloir connaître ces divers fiefs de la Brossière dont nous écrivons l’histoire, ont choisi le nom de : les Vallées et Mauvinières no 1 pour désigner l’espace qu’ils occupaient autrefois.

C’étaient des terres nobles pour 6 d’entre eux, c’est-à-dire de véritables fiefs pour lesquels le suzerain recevait un aveu après avoir accepté la foi et hommage de son vassal. Deux d’entre eux le resteront jusqu’à la Révolution. Un autre le restera aussi, mais dans une courte période d’observation au 17e siècle. Trois autres, créés nobles, verront leur droit de fief absorbé par leur suzerain de Languiller au 18e siècle, lequel reçut ensuite des déclarations roturières directement des teneurs.

Voyons l’histoire de chacun d’eux à commencer, dans une première partie, par le fief de la Mauvinière, le fief Bignon, le fief de la Bequetière, et le Fief du Prieuré.


Le fief de la Mauvinière


Les archives de la Rabatelière ne nous ont conservé jusqu’à nos jours que peu de documents sur le fief de la Mauvinière. Et au cours du 17e siècle on le voit passer de la possession d’un roturier de Saint-Fulgent à celle d’un seigneur de la Guiffardière et de la Vrignonnière, aux Essarts.

Le fief relevait de la seigneurie du Coin Foucaud et il était situé près de la Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie, touchant le ruisseau du Vendrenneau, les fiefs de la Bequetière à l’ouest et de Lautruère Loriau à l’est. Il était bien petit avec près de 4 hectares au 17e siècle. Approximativement il devait se situer à gauche de l’autoroute A 87 (dans la direction des Herbiers), avec la D 137 passant en son milieu.

A 87 près de la Brossière en direction des 
Herbiers (Mauvinière à gauche)
En 1619, son seigneur était Jean Mandin, demeurant au Plessis Richard paroisse de Saint-Fulgent (1). Il tenait le fief en tant que chemier (représentant du fief), « tant pour moi que pour mes parageurs et part-prenants (autres possesseurs), promettant et tenant en gariment (garantie) sous moi et de moi ». La formule est insistante, indiquant qu’il rendait l’hommage plain et à droit de rachat au nom des autres possesseurs, pour le « fief, terroir et tènement » de la Mauvinière. On observe par la juxtaposition des trois mots, que ceux-ci ont perdu leur sens d’origine, devenant ici au fil du temps des synonymes. Nicolas Mandin avait acquis le droit de fief et une partie de ses redevances par contrat d’arrentement de Charles Prevost, écuyer seigneur de la Guichardière (Rabatelière) le 17 avril 1609 (2).

Les redevances prélevées sont un terrage au 1/6 des récoltes, et 2 sols de rente noble, le tout payable à la mi-août par les teneurs (propriétaires) des terres dans le fief. Ce sont des habitants de la Brossière : Denis Pidoux, Jean Fluzeau, Mathurin Menanteau, André Pasquereau, Jean Parpaillon, François et Jacques Meteraux, Pierre Carré, Étienne Guignard, Jean Guesdon, Mathurin Pattin, André Pepin, Abraham Bregeon.

Ces redevances sont réparties : Jean Mandin en prend un quart. Les trois autres quarts appartiennent à l’époque à Hélie de Saint-Hilaire, écuyer, seigneur de Grand-Landes et de la Guiffardière (Essarts). Le texte insiste : ce dernier tient sa part « de moi sous mon dit hommage et gariment », c’est-à-dire de Jean Mandin.

Celui-ci fait écrire aussi : « et sur lequel fief et tènement j’ai tout droit de juridiction basse foncière, entièrement de prendre les ventes sans qu'aucun de ceux qui tiennent sous moi y prennent autre chose et n’ait aucun droit de juridiction sur ledit fief et tènement ». On n’est pas habitué à ce que les notaires, y compris ceux de la Merlatière, actifs à cette époque pour les habitants de Saint-André-Goule-d’Oie, mettent ainsi les « points sur le i ». On devine que le seigneur du fief, roturier de son état, ne voulait pas s’en laisser compter par son parageur, qui, lui, était un noble.

Or ce noble, dans un aveu du 12 août 1606 à Languiller pour la Guiffardière, avait indiqué son droit de terrage au 1/6 des récoltes « en un tènement de terre contenant 2 septrées de terre et demi journal de pré, tenant le tout à la rivière de Vendrenneau, au fief de la Bequetière et d’autre au chemin par lequel l’on va de Saint-André à Vendrennes » (3). Il s’agit bien du même fief de la Mauvinière, mais les droits perçus n’ont pas la précision du texte précédent. Il faut dire aussi qu’Hélie de Saint-Hilaire faisait son aveu « au nom et comme loyal administrateur de Hélie de Saint-Hilaire mon fils, et de défunte demoiselle Anne Puytesson ma femme ». Il demeurait au château du Retail. Son territoire, dépendant de la paroisse de Saint-Pierre-du-Luc (située en Poitou), constituait une enclave rattachée à Legé (Loire-Atlantique), dans les marches de la Bretagne et du Poitou. Vu de l’époque c’était un étranger à Saint-André.

Et c’est l’un des successeurs d’Hélie de Saint-Hilaire qui a pris la place de Jean Mandin 66 ans plus tard. Les successeurs de Nicolas Mandin avaient vendu leurs droits à Pierre de la Bussière, seigneur de la Flotterie et de la Vrignonnière, demeurant en sa maison noble de la Vrignonnière (Essarts) en 1644 (4). En 1685, c’est Pierre de la Bussière, seigneur de la Vrignonnière (Essarts), qui possède la Guiffardière. À cette date, le seigneur de Languiller est l’intransigeant Philippe Chitton, son beau-frère. Avec les notaires de Saint-Fulgent, Proust et Arnaudeau, qui avaient reçu commission en exécution de lettres de terrier, de procéder à la vérification des terres de Languiller, le propriétaire de la Guiffardière s’est déplacé à Languiller. Il a personnellement offert son hommage à sa sœur, épouse du seigneur de Languiller absent, à cause de la seigneurie du Coin Foucaud, pour le fief de la Mauvinière possédé par la maison noble de la Guiffardière (5).

La Guiffardière (Essarts)
Le même jour, les mêmes notaires ont rédigé un aveu, où on retrouve les mêmes redevances payées par les teneurs du fief, qu’en 1619. Mais la Guiffardière est le possesseur unique du droit de fief et de ses revenus, comprenant le droit de basse justice foncière et celui de prendre les lods et ventes (droits de mutations). Une précision intéressante : Pierre de la Bussière indique qu’il a hérité de ces droits de son père, aussi nommé Pierre de la Bussière (6).  

Dans cette courte histoire au cours du 17e siècle du fief de la Mauvinière, on voit bien que la condition sociale du possesseur du fief ne compte pas pour déterminer les redevances. Le nom qui le désigne non plus, fief ou tènement. Ce qui compte, c’est le mode de relation au suzerain du possesseur du terroir, noblement par foi et hommage, ou roturièrement par simple déclaration censive ou roturière. À l’origine, le fief était une terre noble concédée en contrepartie d’un service. La tenure était une terre censive (payant le cens) ou roturière, grevée de charges comme les corvées et les redevances. En Poitou, le droit de fief comportait automatiquement le droit de basse justice ou foncière, au minimum. De manière paradoxale, la propriété transcendait les classes sociales, mais suivant des procédures qui les valorisaient.

À Saint-André-Goule-d’Oie, des redevances particulières de nature féodale, ainsi que les corvées seigneuriales, avaient été incorporées dans le cens ou les rentes seigneuriales, quand on aborde le 17e siècle. Restaient le terrage, important, et les lods et ventes payés à l’occasion des mutations de biens. Très souvent vendus, les droits étaient devenus objets de commerce, souvent détachés du droit de fief lui-même. Cela veut dire que la distinction entre terre noble et terre censive avait perdu une part de ses caractéristiques d’origine. Elle restait importante néanmoins, ne serait-ce qu’à cause de l’impôt royal de franc-fief, payé par des roturiers possédant des fiefs ou biens nobles.

En 1700, la Mauvinerie est possédée par Samuel de Lespinay à cause de Louise de la Bussière sa femme, comme héritière de Léon David de la Bussière fils aîné de Pierre de la Bussière, seigneur de la Vrignonnière (Essarts) et par ailleurs propriétaire de la maison noble de la Guiffardière (7). Son petit-fils, Alexis Samuel de Lespinay, épousa en 1750 Marie Félicité Cicoteau, dame de Linières. De son père celle-ci avait hérité de la métairie des Noues à Saint-André, qui intégra des terres de la Mauvinerie. C’est ce qu’on apprend dans les confrontations des parcelles du fief voisin de la Bequetière du 2 avril 1753.


Le fief du Bignon


Au fief du Bignon (aussi écrit Beugnon), la documentation nous donne un exemple de saisie des droits féodaux au profit du suzerain à la fin de l’Ancien Régime. Mais avant d’y arriver, commençons par les temps les plus anciens connus.

Les possesseurs au 16e siècle

Le premier seigneur connu du Bignon est Jehan de l’Etang à cause de la femme Pernelle du Bignon. Puis on a en 1550 Guillaume Coyon seigneur de la Nouhe à cause d’Antoinette de la Grève (Saint-Martin-des-Noyers), sa femme (8). Cette année-là le fief contenait 48 boisselées de terres labourables et en friches et « des journaux à deux hommes de prés », situé sur la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie près du village de la Brossière, et dépendant du seigneur de la Nouhe à Vendrennes. Il était mouvant de la seigneurie du Coin Foucaud. Il était tenu à foi et hommage plain et à rachat par Guillaume Goyon, écuyer et seigneur de la Nouhe, à cause d’Antoinette de la Grève (Saint-Martin-des-Noyers), sa femme. Le rachat était dit d’un cheval de service, dû en nature ou du moins à son estimation, selon les usages (9).

Le seigneur de la Nouhe devait à Languiller un devoir de 12 deniers à chaque fête de Pâques, plus 7 deniers à chaque fête de Saint-Jean-Baptiste. Les teneurs du Bignon devaient une rente annuelle à Guillaume Goyon de 32 boisseaux de seigle, à la mesure des Essarts (10). S’ajoutaient une rente de 16 ras d’avoine aux Essarts, une autre du même montant à Landelière, un cens à la Nouhe d’1 livre 2 sols et 6 deniers et 2 chapons à noël (11).

En 1579, c’est Mathurin de Buor, seigneur de la Mothe Freslon (Champ-Saint-Père), qui rendit la foi et hommage à Languiller pour le fief du Bignon (12). Il était le fils d’Antoinette de la Grue, veuve de Guillaume Guyon et remariée à Jacques de Buor (13). En 1586, c’est Jacquette Gourdeau, veuve, qui offre la foi et hommage pour sa fille, unique héritière de son mari, René Thiran, seigneur de la Rochette et de Saint-Benoit-sur-Mer (14). Son mari avait hérité de sa tante Antoinette de la Grue, ce qui veut dire qu’un nouveau partage de succession avait dû avoir lieu entre les héritiers. Et le vassal devait alors payer 2 rachats, l’un à cause de l’héritage du père et l’autre pour celui de sa fille. Ils valaient très peu à cette date, un écu, mais on tarda à payer, de même qu’on traîna à rendre l’aveu consécutif à la foi et hommage. Et le fief fut saisi par sentence des Assises de Languiller en 1592 (15).
 

Les possesseurs au 17e siècle

En 1600, le fief a changé. Il comprend 144 boisselées, 5 journaux de pré, plus dans une partie du village de la Brossière 9 boisselées de jardin, maisons et voies d’accès. Encore un défrichement qui s’est réalisé à la fin du 16e siècle, et tout près du village. Il fait penser aux défrichements des landes du Pin toutes proches.

Le droit de terrage a été amorti pour être transformé en une rente fixe annuelle, féodale et foncière, de 40 boisseaux de seigle (16). Des calculs permettent d’apprécier sa valeur. Celle-ci correspond en gros, avec ce que nous savons des rendements de la culture du seigle et des surfaces neutralisées par la jachère des terres, à l’ancien quantum du terrage au 1/6 des récoltes. Le changement tenait à la fixité de la rente, quels que soient les aléas des récoltes d’une année à l’autre. En rapprochant cette transformation du terrage en grosse rente en grains avec d’autres pratiquées à la Milonnière, Chevaleraye et Javelière dans la deuxième moitié du 14e siècle, on y voit l’adaptation au contexte de ruine foncière due aux guerres, épidémies et dérèglements climatiques, entraînant une dépopulation et la nécessité de favoriser une reprise des exploitations.

Église de Crossac
Clairement est affirmé en 1600 que le Bignon porte « fief et juridiction sur les teneurs dudit fief » par le possesseur des redevances. Quand on sait que ce point a fait conflit ailleurs avec Languiller, ici on ne rencontre rien de tel.

En 1600 le possesseur du droit de fief est Louis d’Avaugour, seigneur de Crossac (près de Pontchâteau en Loire-Atlantique) et du Bois, fils de Renée de Plouer (branche de la Murcerie), mariée avec René d’Avaugour, seigneur de Bois-de-Kergroais. Par sa mère il était un cousin éloigné des Plouer qui possédaient alors le fief voisin des Giroisières (17). Leur ancêtre commun était Regnault de Plouer, marié avant 1443 avec Robinette du Plessis. Louis d’Avaugour avait épousé en 2e noces Renée Thiran, l’héritière du fief du Bignon, dame de Péault. Les teneurs dans le fief sont en 1600 : Gauthier, Pasquier, Metaireau, Bresson et Toillet, habitants du village de la Brossière bien sûr, ou de la Guierche, contiguë et située, elle, sur la paroisse de Vendrennes.

En 1626, un aveu est rendu pour le Bignon par François Manigaud, sieur de la Nouhe (18). Il avait acquis la seigneurie de la Nouhe de Renée Tirant, épouse de Louis d’Avaugour le 18 juillet 1610 moyennant une rente foncière annuelle et perpétuelle de 400 livres (19). Nous trouvons dans cet aveu de 1626 les mêmes informations que précédemment, avec en plus une formulation intéressante du droit de rachat : « et en cas de mutation vous est dû pour tout droit de rachat et cheval de service ce que je vous déclare », autrement dit un an de revenu (valeur de 40 boisseaux de seigle et du cens, bien plus qu'en 1586). On voit ici que la notion de cheval de service était devenue une formule comme synonyme de rachat. Ailleurs en Poitou elle pouvait se cumuler avec le rachat, sauf si le fief était abonné en devoirs annuels. Le cheval de service était le cheval que devait le vassal au seigneur à l’origine, dû ensuite en nature selon les usages (20).

En 1654, le seigneur du Bignon s’appelle Pierre de la Varenne, « écuyer sieur de Lardouinière et de la maison noble de la Nouhe y demeurant paroisse de Vendrennes ». Gabriel Manigaud, sieur des Hommeaux demeurant à la Rochelle, et fils de François ci-dessus, avait vendu le 16 octobre 1643 le fief de la Nouhe à Pierre de la Varenne et à sa femme Marie Espinaceau (Paul Chesneau, notaire à la Rochelle). Ces derniers habitaient à Lardouinière en la paroisse de Sainte-Florence, au moment de l’achat (21). Le même jour le notaire fit l’inventaire des titres de la Nouhe. Pierre de la Varenne avait reçu une assignation à comparaître à l’assise de Languiller le 23 avril 1654 par le procureur fiscal, pour y faire son offre de foi et hommage et payer ses droits. Pour cela il avait donné procuration à son notaire de Mouchamps le 7 avril précédent (22).

Logis du Bignon aux Herbiers
Le fief du Bignon passa ensuite au seigneur du Bignon des Herbiers. Le nom du fief est le même, mais ce n’est là que coïncidence. Il s’appelait Charles Rouault et avait épousé Suzanne de la Varenne. Il fit sa foi et hommage le 6 mai 1683, allant sur place à Languiller, accompagné de deux notaires, et pratiquant la cérémonie dans ce cas prévue, ce qui était devenu de pratique rare (23), sauf avec Philippe Chitton. On soupçonne un problème. D’abord à cause de la personnalité du seigneur de Languiller, Philippe Chitton, un amateur de conflits. Ensuite parce que nous avons deux textes pour le même acte, signés des deux mêmes notaires de Saint-Fulgent le même jour. L’un, signé de Chitton et de Rouault, prévoit que le droit de rachat est d’un cheval de service. Le deuxième, non signé par les parties, ne prévoit pas de cheval de service. Ce dernier devoir féodal était fréquent dans la région, mais dans une formulation adaptée au Bignon, comme nous l’avons vu plus haut en 1626, et devenu sans portée pratique. Par nature il était imprescriptible, ce que ne devait pas ignorer Philippe Chitton, noble de fraîche date, qui se serait sans doute bien vu vivre au temps des chevaliers offrant un vrai cheval à leurs suzerains.  

Le successeur du seigneur du Bignon, Charles Gédéon Rouaut, offrit sa foi et hommage aux Assises de Languiller et fiefs annexes, le 10 janvier 1700, pour le « fief du Bignon autrement appelé la Nouhe » (24). Il se fit rappeler à l’ordre lui aussi pour rendre son aveu. Plus d’un an après il n’avait pas encore rendu son aveu et dénombrement, alors que le délai prévu dans ce cas par la coutume du Poitou était de 40 jours. Il reçut une assignation à comparaître à l’assise de Languiller par Pierre Gourraud, procureur fiscal, le 7 mars 1702 (25). C’est le 13 juillet suivant qu’il rendit son aveu, en reprenant le texte même de l’aveu de 1626. Notamment le cheval de service n’est pas évalué comme tel, mais par 40 boisseaux de seigle et un cens de 2 chapons et 22 sols 6 deniers (26).

La saisie du fief du Bignon

Un demi-siècle après on recommença. Le procureur fiscal de Languiller, Jacques Alexandre Barreau, fit citer à comparaître à l’assise des lieux, le 25 juin 1751, le seigneur propriétaire du Bignon. Deux ans après, le nouveau procureur fiscal, Mathurin Thoumazeau, fit une autre citation à comparaître au même, le 28 avril 1753. Le procureur réclamait la foi et hommage, l’aveu, le paiement du droit de rachat, etc. Là aussi on ne comprend pas l’inertie du vassal. Mais un détail retient l’attention. L’huissier se déplace à la Brossière et s’adresse à Jean Metereau, l’un des teneurs du fief du Bignon habitant sur place « avec injonction requise de le faire savoir aux seigneurs propriétaires du susdit fief Bignon, ce qu’il m’a promis ». Certes la formule était habituelle et devait suffire en droit. Mais pourquoi ne pas se rendre aux Herbiers chez le vassal concerné ? C’est qu’il devait en être absent, et en Poitou, si la signification de la saisie féodale ne pouvait être faite au vassal personnellement, elle devait se faire au lieu seigneurial du fief saisi. Cela primait alors sur la qualité de la personne recevant la signification (27). Mathurin Thoumazeau alla jusqu’au bout de son action, après avoir constaté une autre absence à l’assise de Languiller le 15 mai 1753.

Logis de Languiller à Chauché
Le 15 juin suivant il obtint une sentence du sénéchal de l’assise de Languiller, condamnant par défaut le seigneur propriétaire du fief du Bignon, à remplir ses devoirs de vassal, sinon les revenus en seraient saisis (28). La sentence fut signifiée 7 jours après par René Gautier. Il était « sergent ordinaire des assises de la terre fief et seigneurie dudit lieu de Languiller et de la baronnie des Essarts, reçu et immatriculé aux greffes des dits lieux, demeurant au bourg de Saint-Fulgent ». Toujours en s’adressant à Jean Metereau à la Brossière, il lui fit « sommation et commandement de par le roi notre sire et de justice d’incontinent et sans délai, de satisfaire aux condamnations y portées, lui déclarant qu’à défaut de ce, et les délais de l’ordonnance passés, qu’il y sera contraint par toutes voies ». On ne connaît pas Jean Metaireau, mais les visites de l’huissier ont dû le distraire de ses travaux habituels. Sans doute lui a-t-il fait profiter des saveurs de sa cave, comme on devait savoir le faire à la Brossière, village de passage, de commerce et d’hospitalité.

La signification resta sans effet, ce qui entraîna un nouveau déplacement d’un huissier sur les mêmes lieux pour l’acte de saisie féodale, le 17 juillet 1753 (29). L’huissier intervenant s’appelait Joachim Frappier, résident aux Essarts, et il s’était fait accompagner de deux témoins : René Gautier, huissier de Saint-Fulgent qui avait fait la signification, et René Greau, menuisier demeurant aussi au bourg de Saint-Fulgent. Comme il l’écrit dans son acte, Joachim Frappier a « pris et saisi féodalement et mis aux mains dudit seigneur de Languiller le fonds, tréfonds, fruits, profits, revenus et émoluments dudit fief Bignon en la Noue de Vendrennes appartenances et dépendances en la paroisse de Saint-André-de-Gouledois ».

En conséquence il a d’abord consigné par écrit les confrontations du fief du Bignon sur place « indiquées par gens du pays, à ce connaissant ». Puis il a « établi pour commissaire la personne de Jean Parpaillon, journalier demeurant au village de la Brossière ». Pourquoi lui ? Il appartenait à une très ancienne famille propriétaire au village. Et nous savons dans un cas identique au Pin qu’on choisissait à cette occasion un homme en qui le seigneur de Languiller avait pleine confiance. Sa mission était d’assurer le « régime et gouvernement du fief et de ses fruits (récoltes) profits, casuels (ex. lods et ventes), revenus et émoluments », interdisant à quiconque d’y toucher. Et au plus tôt il devait saisir la cour de Languiller pour faire adjuger judiciairement, après enchères, le bail des fruits du fief saisi. Ce qu’il fit le même jour en faisant assignation au procureur fiscal de Languiller de participer à l’enchère fixée le 24 juillet suivant à 9 heures du matin « en la salle basse dudit château de Languiller paroisse de Chauché ». Nul doute que le texte avait été écrit avant de partir, et que Jean Parpaillon n’avait plus qu’à être présent. La salle basse désignait dans le langage de l’époque une salle du rez-de-chaussée.

Ce rôle de gouverneur des biens saisis consistait, semble-t-il en pratique, à surveiller l’exploitation des biens dans le court moment précédent l’adjudication du bail des fruits et revenus. En cas de problème il fallait prévenir l’huissier ou le procureur. Un brave homme suffisait à la tâche, pourvu qu’il soit près des lieux, même si la phraséologie juridique pouvait impressionner. À la même époque on lit les mêmes phrases pour la saisie de la baronnie des Essarts, pourtant d’une autre dimension et d’un autre enjeu.

Et le dimanche 22 juillet 1753 une publicité de la mise aux enchères du bail des revenus du fief Bignon avait été faite devant l’église paroissiale de Saint-André par l’huissier Frappier. Il en avait donné lecture « de mot à mot à haute et intelligible voix au-devant de la grande porte de l’église paroissiale du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie à la plus grande affluence du peuple sortant d’entendre la sainte messe. À laquelle dite porte j’ai laissé autant (double) des présentes par affiche en présence de Valérien Robin, François Bordron, André Boudaud, Pierre et Philippe Martin, Jean Trotin et de Pierre Enfrin, et autres qui n’ont voulu signer ni me déclarer s’ils le savaient ou non, quoique du tout dûment enquis, sommés et interpellés. » (30) On appréciera la réserve bien naturelle des personnes citées pour ne pas s’impliquer dans une affaire qui ne les concernait pas.

À l’audience des Assises de Languiller, le lendemain 24 juillet 1753, on procéda à la mise aux enchères et adjudication du bail judiciaire des revenus du fief. Il y eu 2 enchérisseurs demeurant à Chauché, Joseph Forestier et Nicolas Cailleteau, mais le sénéchal décida de poursuivre la criée le 4 septembre prochain (31). Nous ne connaissons pas la suite de la criée dans la documentation conservée. Mais une note non signée et non datée a été conservée dans le dossier de cette saisie féodale. On y lit que les enchères pour l’adjudication du bail ont eu lieu avec succès avec la précision suivante : « Les frais ont été payés le 2 juillet 1754 ainsi il n’est rien dû ; l’hommage a été fait le même jour et l’aveu rendu et reçu ». Selon le registre des Assises de Languiller, c’est le 2 juillet 1754 que Charles Rouault, demeurant au Bignon (Herbiers), a offert sa foi et hommage pour le fief du Bignon près de la Brossière, qui lui était « échu par le décès de Charles Gedéon Rouault son père, décédé en l’année 1703 et dont le rachat a été payé », requérant main levée sur le fief saisi, offrant d’en payer les frais. Moyennant quoi le sénéchal, Pierre Genet, le reçu en sa foi et hommage et répondit favorablement à ses demandes (32).

Cette saisie féodale rondement menée, repose sur une absence du débiteur, car on en a connu d’autres moins facile à réussir en si peu de temps, dès lors que le défendeur réagissait. Les arcanes de la procédure d’alors semblent riches, en effet, de possibilités. Autre remarque, le seigneur du Bignon ne fut pas le seul à traîner les pieds pour remplir ses devoirs féodaux. À la même époque, le seigneur de la Boutarlière fit de même, ainsi que celui de la rente noble de 20 boisseaux d’avoine sur la Bergeonnière. On ne voit pas dans le phénomène l’esprit avant-coureur de la fronde révolutionnaire, mais la lourdeur des contraintes fiscales seigneuriales régissant la propriété.  


Le fief de la Bequetière


Village de la Brossière
Il était limité par le ruisseau du Vendrenneau au nord, le village du Pont Girouard et le tènement de la Javelière à l’ouest, et par le tènement de la Mauvinière à l’est. 

En 1531, André Jarnigant, écuyer, est qualifié de seigneur de la Bequetière (33). Mais il ne possédait qu’une partie du droit de fief. En effet, en 1535 c’est Jean Meterreau, un roturier, qui offre de faire la foi et hommage plain pour raison du lieu et tènement de la Bequetière, à cause des Bouchauds. Il le faisait en tant qu’héritier principal de son cousin germain, François Toillet, devant les Assises de Languiller avec promesse de payer le droit de rachat et de rendre son aveu (34). Celui-ci est présenté en décembre 1534, déclarant une surface de 3 septiers environ (7 ha). En 1541, les deux coseigneurs font leur foi et hommage séparément (35). 

Le 14 novembre 1607, Jean Gaucher, propriétaire demeurant à la Brossière, rend aveu pour lui à Languiller à cause de la seigneurie des Bouchauds dont il relève (36). On ne sait pas comment il prit la suite de Jean Metereau ci-dessus. Il avait fait sa foi et hommage plain avec droit de rachat, reconnaissant un devoir annuel de 3 deniers de service, dont la moitié pour Languiller et l’autre moitié pour le baron des Essarts. Ce partage était une particularité des Bouchauds que nous avons rencontrée ailleurs.

Les droits perçus sur les teneurs étaient bien faibles, et le rachat se montait à 6 livres. Ils comprenaient aussi une rente annuelle en argent de 4 sols 7 deniers payables à la Saint-Jean-Baptiste. Le reste n’est pas précisé. Mais on sait par ailleurs, qu’un autre seigneur possédait des droits de terrage dans des terres contiguës. On pense qu’existaient aussi sur la Bequetière d’autres droits dont nous découvrirons l’existence plus tard.

Le 17 août 1615, c’est le fils et héritier de Jean Gaucher, aussi prénommé Jean, qui rend l’aveu, pour lui et pour Michel Fluzeau (37). Ce dernier est qualifié de « mon parageur part-prenant », ce qui voudrait dire qu’une convention entre eux a désigné Jean Gaucher comme le « chemier » ou représentant de l’autre propriétaire des droits, avec qui ceux-ci sont partagés. Pourquoi ce partage entre eux ? Une acquisition ou un héritage probablement.

Les droits perçus sur les teneurs ne sont pas précisés, mais on les présume aussi faibles qu’en 1607. Par contre, apparaissent deux autres droits de valeur symbolique. D’abord un droit de rivage de 3 sols par an (pour la coupe des plantes poussant sur les bords des ruisseaux). Il est partagé pour ¼ au profit du baron des Essarts et rendable sous la halle des Essarts, un autre ¼ pour Languiller et la ½ à un sieur de l’Esdrière. Ensuite on a une rente de 5 sols par an partagée par moitié entre Languiller et les Essarts.

En 1626, le fils aîné et principal héritier de Jean Gaucher, Denis Gaucher, offre à l’Assise de Languiller la foi et hommage plain pour la Bequetière (38). 


L’absorption du droit de fief de la Bequetière par la seigneurie de Languiller

Assignation du 5-10-1752 
(Archives de la Vendée)
La documentation accessible fait ensuite défaut longtemps, jusqu’au 5 octobre 1752. Ce jour-là, un huissier de Saint-Fulgent est venu apporter à François Guignard, demeurant à la Guierche, et possesseur en partie de biens dans le fief de la Bequetière, une assignation à comparaître à l’assise de Languiller, le mardi 15 octobre suivant (39). Dans l’assignation, faite à la requête de Thoumazeau, procureur fiscal de la Rabatelière et de Languiller, il est indiqué que la Bequetière relève de Languiller (sic) à foi et hommage plain, à rachat et à 3 deniers de service annuel. François Guignard est prié d’exhiber les contrats d’acquisitions de ses biens, de payer ses redevances, et de faire les reconnaissances nécessaires valant titre nouveau des droits féodaux. Autrement dit, le paiement des redevances avait besoin de l’intervention d’un huissier pour son exécution, ce qui, pour le moins, n’est pas le signe d’un grand respect de l’obligation. 

La formule de convocation est un imprimé utilisé dans ce type d’acte, où la partie laissée vide permettait de le personnaliser. Elle est la même pour convoquer un propriétaire parmi d’autre ou le possesseur de droits seigneuriaux. Alors pourquoi François Guignard ? Il est présenté dans la convocation comme le successeur lointain de Jean Gaucher, garantissant ses parageurs et part-prenants pour établir un titre nouveau de reconnaissance des redevances seigneuriales.

On ne sait pas s’il s’est présenté devant le sénéchal de l’assise de Languiller, mais il refusa le rôle qu’on voulait lui attribuer On sait qu’une procédure judiciaire fut engagée contre lui, mais que nous ne connaissons pas, ainsi que sa conclusion (40).

Toujours est-il que les choses prirent une direction inhabituelle et nouvelle. Nous avons en effet une déclaration roturière de 38 teneurs à Languiller (41), faite en avril 1753, 5 mois plus tard. Cela veut dire qu’il n’y eu plus de successeur à Jean Gaucher, et que François Guignard ne le remplaça pas. Les teneurs payent désormais leur redevance directement au suzerain, la seigneurie des Bouchauds, et la concession de fief avec les droits seigneuriaux, faite autrefois par ce dernier, n’existe plus. On ne sait pas comment cela s’est passé. On ne peut pas soupçonner le notaire de Saint-Fulgent, rédacteur de l’acte, d’incompétence. Il s’agit de Mathurin Thoumazeau qui était en même temps procureur fiscal de Languiller, c’est à dire celui qui recevait l’acte pour l’accepter ou le refuser.  

Le nombre de 38 propriétaires marque une forte croissance par rapport aux 11 rendants de 1607. La surface de ce qu’on appelle désormais un tènement, et non plus un fief, est de 150 boisselées environ, au lieu des 48 boisselées un siècle et demi plus tôt. On a défriché des landes communes, semble-t-il. Elles étaient proches du tènement de la Javelière et des champs de la Mauvinière.

Les teneurs doivent désormais à Languiller 10 sols chaque année, et une rente d’un boisseau de seigle à la mesure des Essarts. À la baronnie des Essarts ils doivent 3 deniers de cens, et au seigneur de la Drillère 9 deniers. Les valeurs ont un peu changé, mais sont toujours très faibles. Ce qui est étonnant, c’est que ces valeurs diffèrent de celles indiquées ci-après.

Le gaulaiement de 1761

Gaulaiement de 1761 (Archives de la Vendée)
Par chance, on trouve dans les dossiers de l’abbé Boisson, conservés aux Archives départementales, un gaulaiement de la Bequetière en date du 18 août 1761 (42). Il comprenait un arpentement de toutes les parcelles foncières et le calcul des redevances dues collectivement au niveau du tènement par chaque propriétaire. Le total des surfaces se montait à 146 boisselées et 51 gaulées, réparti entre 42 propriétaires. Les teneurs devaient à 5 créanciers différents, annuellement, un total de 16 boisseaux de seigle, 22 boisseaux d’avoine et 15 sols en argent. Nous en avons le détail :
-           À la seigneurie de Languiller : 3 boisseaux de seigle, 4 boisseaux d’avoine, et 12 sols 6 deniers en argent.
-             À la baronnie des Essarts, au titre des Bouchauds comme Languiller : 18 boisseaux d’avoine.
-             À la commanderie de Launay (ordre de Malte à Sainte-Cécile) : 8 boisseaux de seigle.
-          À la seigneurie de l’Andoullière (ou Landelière, probablement la seigneurie de la Drillère indiquée dans la déclaration de 1753 ci-dessus) : 1 boisseau de seigle et 2 sols et 6 deniers.
-             Au prieur de Saint-André-Goule-d’Oie : 2 boisseaux de seigle, et autant au prieuré des Essarts.

Le réalisateur du gaulaiement ne se présente pas dans le texte qu’il a rédigé, contrairement à l’habitude, et sa signature est illisible. Nous savons par un autre texte qu’il s’agit de deux arpenteurs : J. Chancelier et Provost, demeurant tous deux à Montaigu (43). Après le long travail d’arpentage, qui pouvait prendre 2 à 3 jours pour mesurer chaque parcelle, suivait un travail de calcul. On commençait par le calcul de « supputation », consistant à déterminer quelles étaient les charges pour une boisselée. Ainsi le texte nous dit : « et après supputation faite, s’est trouvé que la boisselée doit et est chargée :
-        en seigle 1 mesure, moins la 8e partie d’une mesure
-        en avoine 1 mesure et la 5e partie d’une mesure
-        et en argent 1 denier et un quart de denier aussi par boisselée »
Rappelons que la mesure était la 8e partie d’un boisseau. Cela donne avec nos unités modernes pour une boisselée (1216 m2), en seigle : 1,685 kg, en avoine : 2,078 kg, en argent 4 centimes d’euro (44).

Le Pont Girouard près de la Bequetière
Puis pour chaque propriétaire, le gaulaiement détaille chaque parcelle possédée avec ses confrontations, sa nature et sa surface. Il en fait le total et donne la part de chacun dans les trois rentes en seigle, blé et argent. C’est le collecteur, qui une fois l’amassage accomplit auprès de chaque propriétaire, répartissait les redevances entre les cinq créanciers, pour les leur porter si elles devaient l’être. À voir le nombre de propriétaires et les valeurs en question, on le plaint pour ce travail qui devait être ingrat. Ce n’est pour rien que l’historien Le Roy Ladurie a écrit que « les droits féodaux, pour de médiocres profits, présentent mille embarras et difficultés, tant au seigneur qu’au vassal » (45).

Avec un tel nombre de 42 propriétaires se partageant les 17,8 hectares, on devine la dispersion de la propriété des terres. Le plus important d’entre eux est Me Verdon, sieur de la Morlière, notaire et huissier royal demeurant au bourg de Saint-Martin-des-Noyers (46), avec 19 boisselées, et le plus petit est René Pain avec 21 gaulées. Possédant plus de 5 boisselées chacun, ils ne sont que 7 propriétaires pour 8,1 ha. Et possédant moins de 2 boisselées, ils sont 19 pour un total de 2,7 ha. Les 16 autres propriétaires ne possèdent que des surfaces allant de 2 à 5 boisselées pour un total de 7 ha.

La Bequetière était un tènement sans bâtiments, avec peu de prairies naturelles (0,5 ha). Le tènement touche le ruisseau du Vendrenneau, mais celui-ci est trop en contrebas pour humidifier ses terres. On relève une surface significative de verger (0,5 ha), peut-être planté de pommiers. Le reste des surfaces était donc voué à la culture, des céréales essentiellement.

Le fief du Prieuré


Ce qu’on appelait le fief du Prieuré était un tènement dépendant du prieuré de Saint-André-Goule-d’Oie, dont les teneurs habitaient pour la plupart au village proche de la Brossière. Ils devaient collectivement au prieuré, qui en était le seigneur apparemment, une rente de 112 boisseaux de seigle par an. Les documents accessibles du chartrier de la Rabatelière n’en parlent pas. Pourtant le prieur devait probablement en rendre un aveu ou une déclaration à la seigneurie de Languiller, à cause du fief du Coin Foucaud, comme il le faisait pour la chapelle et la métairie de Fondion, tout à côté. Même dans l’aveu du Coin Foucaud aux Essarts, décrivant la situation de la seigneurie en 1550, le fief du Prieuré n’est pas mentionné (47). Et il ne peut pas être confondu avec les terres de Fondion au vu de sa situation géographique. On a de la peine en effet à penser que cette terre ait pu relever d’une autre seigneurie que celle de Languiller, ce qui aurait été la seule exception dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie. L’hypothèse probable pour expliquer cette absence réside dans un défrichement tardif, comme son voisin le tènement des Landes du Pin. Alors il aurait compensé la confiscation de la moitié des terrages dont bénéficiait le prieur de Saint-André sur la plupart des tènements du Coin Foucaud, opérée par le seigneur de Languiller à la même époque de la fin du 16e siècle. Dans ce sens il faut se rappeler qu’une partie du tènement voisin des Gast a aussi probablement fait l’objet d’un défrichement tardif, entre le milieu du 15e siècle et le milieu du 16e siècle, auquel le fief du Prieuré était associé dans certaines archives du prieuré.

Le Fief du Prieuré près des Gâts
Ce fief était limité au nord par les fiefs du Bignon à Saint-André et des Landes Borgeres à Vendrennes, et au sud par le tènement des Gâts, touchant même les ruages de ce dernier village, occupant à ce niveau l’espace entre la route de la Brossière à Fondion, et le ruisseau de Fondion au Vendrenneau. Vers l’ouest il touchait le tènement des Landes du Pin.

Une sentence fut rendue en la sénéchaussée de Poitiers le 10 août 1660 au profit du prieur de Saint-André, contre les teneurs du fief du prieuré (48). Nous ignorons la teneur du conflit.

Puis un gaulaiement de 1714 nous en dit plus. Il comprenait un arpentement qui déterminait la surface des parcelles foncières sur la base de la gaulée. Celle-ci, un carré à 12 pieds de côté (0,325 m), faisait 15,2 m2 de surface. Il en fallait 80 pour faire une boisselée de 1216 m2 à la mesure des Essarts en vigueur à Saint-André. Ces gaulaiements étaient réalisés dans un tènement ou un fief, relevant d’un même seigneur et payant un même régime de redevances pour tous les possesseurs dans le fief.

En 1714, le gaulaiement se présente sous la forme d’un acte notarié, établi par Landais, notaire aux Essarts (49). Comptabilisant toutes les terres pour chaque propriétaire, il est exhaustif et précis normalement, sauf qu’il manque des pages au document consulté. Il s’agissait de répartir à cette date une rente de 112 boisseaux de seigle, due chaque année au prieuré de Saint-André-Goule-d’Oie, entre 47 propriétaires. Le plus important, possédant 16 boisselées 20 gaulées (près de 2 ha), Louis Proust, sieur de la Barre, contribuait pour 10 boisseaux et 5 mesures. Il fallait 8 mesures pour faire un boisseau, et sa charge personnelle équivalait à 160 kg de seigle d’aujourd’hui. Le moins important, François Menanteau, à cause de sa défunte femme Marie Gauducheau, possédait une parcelle de champ de 21 gaulées et devait 1 mesure 1/3, soit 2,5 kg de seigle.

La surface totale était de 172 boisselées et 9 gaulées, ce qui en faisait un tènement moyen pour Saint-André (21 ha). Ce qui frappe est la dispersion en de petites parcelles et de nombreux propriétaires. 3 d’entre eux possèdent plus de 10 boisselées, 9 possèdent entre 5 et 10 boisselées et les 35 autres propriétaires possèdent moins de 5 boisselées. 

La Brossière
Tènement sans bâtiments, sa proximité des villages de la Brossière et des Gâts est la cause d’une petite surface cultivée en jardin. Surtout 22 % du total est occupé par des prairies naturelles, ce qui est beaucoup. Cela fait près de 5 hectares, à cause du ruisseau de Fondion au Vendrenneau qu’il longe.

En raison des nombreux changements de propriétaires, un nouveau gaulaiement fut effectué 47 ans plus tard. Un arpenteur de métier, Gabriel Proust, demeurant à Saint-Gorges-de-Montaigu, le réalisa le 3, 4 et 5 septembre 1761. Il fut clos et arrêté le 5 septembre (50). Auparavant, la publicité de son intervention avait été assurée par « un billet public à la grande messe paroissiale de Saint-André », écrit l’arpenteur. Il faut comprendre à cette date : à la sortie ou à la fin de la messe, et non plus à la fin du sermon pendant l’office.

Ce nouveau gaulaiement ressemble au précédent, avec un total de 181 boisselées et 8,5 gaulées réparties entre 50 propriétaires. Le calcul de « supputation » donne toujours 5 mesures d’un boisseau pour une boisselée possédée.

On voit apparaître la famille Fluzeau de la Brossière étendre ses possessions. François Fluzeau (1750-1820), fils de François (1696-1756), possède avec sa mère et ses frères et sœurs, 56 boisselées et 67 gaulées (8,2 ha), exploitées par 6 fermiers différents. Et le même François Fluzeau fils possède en communauté avec son cousin Jean Fluzeau (1732-1802), fils de Jean, 6 boisselées et 6 gaulées (7 394 m2).

Pour autant, si les Fluzeau ont regroupé des parcelles, d’autres parcelles ont été partagées au rythme des successions, car on compte au total 50 propriétaires. D’ailleurs, quand l’adresse de certains propriétaires est indiquée, on voit leur dispersion géographique : la Roche Mauvin (Louis Boisson), Linières (Pierre Gautron), Puy Greffier, Gandouinière, Boninière, voire Beaurepaire et Bazoges. Nous observons là un phénomène naturel, il arrive un moment où la petitesse des surfaces et leur dispersion entre des propriétaires, obligés d’aller vivre ailleurs, poussent ces derniers à les vendre, à condition de connaître un acquéreur. Il suffit alors de la présence d’un bourgeois ou d’un seigneur ayant des moyens, pour donner à ce dernier un rôle d’amasseur de terres. C’est ainsi que se sont constituées autrefois certaines métairies. La répartition des surfaces entre les prairies et les terres labourables n’a pas changé.


(1) Aveu du 12-5-1619 de Jean Mandin pour la Mauvinière à Languiller à cause du Coin Foucaud, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-2.
(2) Notes no 1 et 2 sur la Mauvinière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 2.
(3) Aveu du 12-8-1606 d’Hélie de Saint-Hilaire à Languiller pour la Guiffardière et 11 lieux à Saint-André, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-2.
(4) Idem (2).
(5) 150J/A 12-2, foi et hommage du 31-3-1685 de Pierre de la Bussière à Languiller (Philippe Chitton), pour le fief de la Mauvinière (Saint-André-Goule-d’Oie).
(6) 150J/A 12-2, aveu du 31-3-1685 de Pierre de la Bussière à Languiller (Philippe Chitton) pour le fief de la Mauvinière (Saint-André-Goule-d’Oie).
(8) Note no 15 sur la Brossière et ses fiefs attenants à Sain-André-Goule-d'Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4.
(9) Joseph-Nicolas Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale, Paris : Visse, 1784-1785 tome III, disponible sur le site internet des Archives de Vendée, vue 200.
(10) 150 J/G 61, aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par Languiller aux Essarts – deuxième copie reprenant un aveu de 1550.
(11) Idem (2).
(13) famillesdevendee.fr, famille Buor, branche de la Mothe Frelon.
(16) 150 J/F 27, aveu du 25-2-1600 de Louis d’Avaugour pour le fief Bignon à Languiller à cause du Coin Foucaud.
(17) famillesvendeennes.fr, famille de Plouer.
(18) 150 J/F 27, aveu du 5-11-1626 de François Manigaud pour le fief Bignon à Languiller à cause du Coin Foucaud.
(19) Archives de Vendée, notes généalogiques de Jean Maillaud, tome 21, page 273.
(20) idem (9)
(21) Idem (19).
(22) 150 J/G 8, procuration du 7-4-1654 de Pierre de la Varenne pour faire la foi et hommage du Bignon à Languiller.
(24) 150 J/G 8, foi et hommage du 6-5-1683 de Charles Rouault à Languiller pour le Bignon.
(25) 150 J/G 8, signification du 7-3-1702 du procureur fiscal de Languiller à Charles Rouault de présenter à l’assise son dénombrement pour le Bignon.
(26) 150 J/F 27, aveu du 13-7-1702 de Charles Gédéon Rouault pour le fief Bignon à Languiller à cause du Coin Foucaud.
(27) Note sur la manière de faire une saisie féodale en Poitou, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/728.
(28) 150 J/G 8, sentence du 15-6-1753 de l’assise de Languiller contre le seigneur du fief Bignon.
(29) 150 J/G 8, saisie féodale du 17-7-1753 du fief Bignon.
(30) 150 J/G 8, affichage du 22-7-1753 de l’enchère du bail du fief Bignon.
(33) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1531, ibidem : 150 J/M 22, page 244.
(36) 150 J/G 8, aveu du 14-11-1607 de Jean Gaucher à Languiller pour la Bequetière.
(37) 150 J/G 8, aveu du 17-8-1615 de Jean Gaucher à Languiller pour la Bequetière.
(38) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1625, ibidem : 150 J/M 32, page10.
(39) 150 J/ G 8, assignation à comparaître du 5-10-1752 à Guignard pour la Bequetière.
(40) 150 J/ G 8, titre d’une procédure vers 1753 contre Guignard concernant la Bequetière.
(41) 150 J/G 8, déclaration roturière du 2-4-1753 de 38 teneurs à Languiller pour la Bequetière.
(42) Gaulaiement du 18-8-1761 du tènement de la Bequetière, Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 7.
(43) Inventaire du 30-10-1787 des titres et papiers du prieuré et de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée, commune de Saint-André-Goule-d’Oie : 139 G 3 et 4.
(44) Suivant les calculs de Robert C. Allen (2001) cités dans : M. Perraudeau, Deux sorcières en Bas-Poitou, Geste Éditions, 2016, page 69.
(45) Le Roy Ladurie Histoire de la France rurale Seuil, 1975, Tome 2, page 424.
(46) Reconnaissance du 16-1-1766 de la rente de 2 boisseaux seigle sur la Bequetière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119.
(47) Idem (11).
(48) Idem (42).
(49) Gaulaiement du 8-8-1714 du fief du prieuré à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 6.
(50) 84 J 10, gaulaiement du 5-9-1761 du fief du prieuré à Saint-André-Goule-d’Oie.


Emmanuel François, tous droits réservés
Septembre 2017, complété en janvier 2023