samedi 1 septembre 2018

Le Clouin à Saint-André-Goule-d’Oie

À Saint-André-Goule-d’Oie, quand on se dirige du village du Pin en direction du Clouin, on traverse d’abord la route de Chauché à Saint-Florence-de-l’Oie. De chaque côté les haies ont disparu, mais sur le côté droit une vigne marque la continuité d’une culture remontant probablement à plusieurs siècles. Sur la gauche on distingue au loin les arbres de la forêt de l’Herbergement-Ydreau, comme on disait autrefois. Depuis la fin du 18e siècle le mot « Oie » est venu remplacer celui de l’Herbergement-Ydreau, qui désignait avant la Révolution le village bâtit autour du château du même nom et siège d’une châtellenie (1). Seule la forêt a gardé son ancien nom, et encore à moitié, survivance possible d’une forêt primitive n’ayant jamais été défrichée. Bientôt une première maison rénovée à la façade blanche marque le début du village du Clouin. Elle est seule, et il faut parcourir encore une centaine de mètres pour longer quelques maisons les unes à côté des autres, neuves ou restaurées, à côté des bâtiments d’exploitation agricole. On rénove toujours en 2018, et le village prend une allure résidentielle. Puis aussitôt après le ruisseau proche de la dernière maison, la route pénètre sur le territoire des Essarts. C’est que le Clouin est situé à l’extrémité sud de Saint-André-Goule-d’Oie.

Comme à Linières, l’Institut Géographique National a repris les erreurs des géomètres du premier cadastre en 1838, désignant le lieu par un mot non approprié : « Cloin ». Ces derniers ont mal transcrit le mot patois entendu des habitants. Et pourtant les notaires de Saint-Fulgent écrivaient bien “Clouing” dans leurs actes dès le 17e siècle. On pense à “Goule d’Oie” ainsi transcrit par les copistes du Moyen Âge, sans que nous soyons sûrs qu’ils aient correctement écrit ce qu’ils ont entendu. Le patois local est d’abord un parler, parfois maltraité jadis par l’écriture.

Le Clouin
Les quelques maisons d’aujourd’hui font oublier l’importance du village qu’a été le Clouin autrefois, avec ses nombreux habitants, probablement une soixantaine au milieu du 17e siècle. Ainsi en 1651, on connaît 13 propriétaires sur le village et terroir (ou tènement), dont la moitié étaient en indivision à cause d’héritages non encore partagés : Jean Charpentier, Jean Bertand et son frère André Bertrand, René Bertrand, Michel Robin, Mathurin Guerry à cause de Michelle Robin sa femme, Louis Besnard, Antoine Robin, Jacques Daviet, Pierre Martereau, Mathurin Michel à cause de Louise Daviet sa femme, Mathurin Bonnin, et René Boivineau (2). Quelques années plus tard on comptera 11 maisons dans le village. La liste de ces propriétaires n’est probablement pas complète. Au total ils déclarent 6 boisselées de terre en jardin (environ 7 300 m2), 8 journaux en pré (4 ha environ) et 17 septrées de terres labourables et jachères temporaires (environ 33 ha).

Le tènement était limité au sud par les terres de la Pertelière (Essarts), un ruisseau d’eau descendant du Bois Pothé marquant la séparation, est-il écrit en 1651, celui-ci touchant le village du Clouin. Il était aussi limité par le fief de la Frissonnière. Vers le nord, le Clouin touchait le lieu des Bertinières appartenant au fief et village de la Crochardière (Saint-André), disparu et proche du Pin. Voir sur ce point notre article publié en octobre 2016 : Les divers terroirs du Pin à Saint-André-Goule-d’Oie. Le Bois Pothé a disparu aussi, désignant de nos jours des champs et prés proches de la forêt de l’Herbergement, et une section du cadastre napoléonien orthographiée : « Potay ». Les maisons du fief de la Frissonnière étaient situées aux Essarts au nord et proche de la Guiffardière. Elles étaient encore indiquées par le cadastre napoléonien des Essarts en 1825 (Section A2 de la Vrignonnière), et ont disparu depuis. Le site Google Earth, avec ses vues aériennes, donne à voir des tâches au sol, caractéristiques des anciens bâtis.

Le bois  Pothé


Nous sommes en pays d’habitats disparus décidément. On reste de plus intrigué par la mention du lieu du Bois-Pothé en 1785, où est né un enfant de Pierre Pelon et Jeanne Giraudet. Le nouveau-né est mort à la maison et il fut inhumé le lendemain. La maison est située au Bois Pothé suivant l’acte, sur le registre numérisé de Saint-André-Goule-d’Oie, daté du 16 juillet 1785 (vue 173). Cette maison du Bois Pothé est un habitat disparu, lui aussi, dans le cadastre de 1838 de Saint-André-Goule-d’Oie. Serait-il plutôt un village disparu ? On a du mal à y croire, étant apparemment ignoré du chartrier de la Rabatelière. Serait-il un autre nom pour désigner le village du Clouin ? Vraisemblablement pas au vu du nombre d’actes concernant les habitants de ce dernier lieu. Probablement s’agit-il d’une maison isolée proche de la forêt de l’Herbergement, bâtie sur l’espace toujours appelé le Bois Pothé.

À la lisière de la forêt de l’Herbergement 
près du Clouin
En 1643 la pièce de terre et lande appelée le Bois Pothé, située sur la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, était « plantée en bois taillis, avec ses arbrières et lisières, contenant environ 100 boisselées de terre (12 ha), tenant d’une part à la forêt de l’Herbergement, d’autre au grand chemin qui va de Sainte-Florence à Saint-Fulgent, d’autre part aux gîtes de défunt Jacques Merland, d’autre à la gîte du sieur de la Boislivière » (3), et tenant aussi au ruisseau d’eau en provenant et touchant le village du Clouin et aux terres de la Pertelière (Essarts). Le cadastre de 1838 (délimitation du territoire de Saint-André-Goule-d’Oie) en indique le propriétaire d’alors : Auguste Guyet (oncle du châtelain de Linières, propriétaire à Grissay aux Essarts). Il a été défriché, on ne sait quand, pour laisser la place à des champs et des prés. Les bois taillis, ou bois de serpe, étaient coupés à des âges différents, à la différence des bois futaie qu’on laissait croître plusieurs dizaines d’années. Les arbrières formaient des haies d’arbres en futaie. Le bois Pothé dépendait du fief Pothé et a parfois été appelé le bois Souchaud.  

Il a connu divers propriétaires en même temps à plusieurs périodes, si bien que sa surface totale est difficile à appréhender. Ainsi en 1593 François Moyse et Jeanne Masseau sa femme vendent 3 arpents de terre plantés en bois taillis situés au Bois Pothé pour 30 écus, à Amaury Maillard. En 1643 c’est Jean Constant, écuyer seigneur de la Martinière et Élisabeth Masson sa femme, héritière de Sébastien Masson sieur de la Jaumarière, leur aïeul, qui vend à René Guignardeau, seigneur de Puy Mest, demeurant à la Guignardière (Sainte-Florence), 100 boisselées du bois Pothé, avec les haies et fossés qui en dépendent, pour 700 livres (4).

Jacques Merland, sieur du Coudrais (Essarts) demeurant au Puy Join près le château des Essarts avait vendu à Louis Besnard demeurant à la Pertelière 3,5 arpents de bois taillis au Bois Pothé pour 100 livres le 28 mars 1639. Cette vente fit l’objet 5 ans plus tard en 1644 d’un retrait féodal de la part de la seigneurie suzeraine de Languiller, moyennant le paiement de 100 livres à Besnard, augmenté de 30 livres « pour les frais et loyaux coûts, fossés et améliorations par ledit Besnard faites sur les lieux » (5). Ce droit de retrait était constitutif de la directe seigneurie ou propriété éminente en droit féodal, s'exerçant dans un délai. Il fut mis en oeuvre par Jacques Moreau, sieur du Coudray (Saint-André), demeurant au bourg de Saint-André, en tant que fermier de Languiller. 

En 1651 Charles Lesvêque, écuyer seigneur du Puyberneau (Sainte-Florence), vend à Pierre de la Bussière, écuyer seigneur de la Vrignonnière (Essarts), 2 arpents de terre plantés en bois taillis situés au bois Pothé, pour 60 livres (6).

En 1651 une partie du bois Pothé contenant 9 arpents (environ 5 hectares), appartenait à Jean Gazeau, seigneur de l’Ansonnière (Essarts). Il en rendait l’aveu au seigneur de Languiller à cause du fief Pothé, et lui payait un devoir noble de 9 sols à chaque fête de noël (7). La dame de l’Ansonnière, madame de la Tiere, renouvellera le même aveu à Languiller vers 1745 (8). Dans un procès-verbal de partage de la succession du seigneur de la Rabatelière en 1779, il est indiqué en effet qu’était perçu un cens sur le Bois Pothé de 1 sol par arpent se montant à 46 arpents, soit une vingtaine d'hectares au total (9). Dans le même texte il est programmé dans ce bois une coupe importante d’arbres futaies pour un montant de vente estimé à 20 000 livres. Ce genre de grosse somme, même peu fréquente, avait toujours incité les seigneurs, ajouté au plaisir et privilège de la chasse, à ne pas concédé les bois et les forêts. Le Bois Pothé fut vendu par le seigneur de la Rabatelière en 1786 pour 7 300 livres, une fois les coupes faites sans doute (10). 

Le fief Pothé


La famille Amauvin a possédé des fiefs aux Essarts, la Frissonnière et le Plessis Duranceau qui s’est d’abord appelé le Plessis Amauvin. Dans la première partie du 15e siècle Jean Amauvin fit un aveu au fief Pothé pour la Frissonnière (11). La Frisonnière, un habitat ensuite disparu situé aux Essarts, avait une partie de ses terres sur Saint-André, proches du Clouin.

Ce fief et droit de fief Pothé faisait partie, au moins depuis la fin du Moyen Âge, des seigneuries annexes de Languiller, au même titre que les seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud. On n’a pas repéré depuis quand il était devenu une possession de Languiller. Déjà au moment de la fixation des limites entre la nouvelle paroisse de Saint-André et la plus ancienne paroisse des Essarts aux 12e ou 13e siècles, on a retenu une forêt et un ruisseau sans se soucier des confrontations composant les domaines du fief Pothé, comme s’il ne comptait pas. En 1550 il était tenu par « hommage lige et à ligence de 40 jours par an à la semonce (ordre) de monseigneur (Essarts) ou de ses officiers. Laquelle ligence ne suis tenu faire, parce que l’hôtel où était tenu icelle seigneurie a été autrefois démoli par les gens de monseigneur des Essarts, et étant lors en le château des Essarts, jusqu’à ce qu’elle soit réédifiée et mise en état, et à rachat » (12). Dans l’aveu de Languiller en 1550, repris en 1605 le fief consistait, avec toutes les autres dépendances (domaines, cens, rentes, terrages, dîmes, bians, juridiction basse, droit d’assise) en (13) :
-          Un champ près le tènement de la Grange et un autre au tènement de la Guiffardière (Essarts),
-          Un verger en la ville des Essarts,
-    Un tènement de terre et bois appelé le Vieux château contenant 4 septerées tenu des propriétaires de la Piltière et de la Touche, touchant ces deux derniers tènements et les terres de la Cossonnière et le bois de la Piltière (Essarts).

Sous l’hommage du fief étaient tenus le Bois Pothé et le tènement du Clouin (Saint-André). De plus, le seigneur de la Frisonnière était tenu à trois hommages au fief Pothé : pour son hôtel de la Frissonnière (Essarts) et tout ce qui en dépend, pour le fief de l’Aubrière (à l’est du Pin à Saint-André) et pour le fief du Puy Rondeau (Essarts). À cette date le vassal était François de la Gaubretière. Cette énumération en 1550 est celle des restes d’une ancienne seigneurie, dont l’hôtel noble devait être proche du château des Essarts, comme les Bouchauds et la Ramée. Traversée de part en part par la limite entre les Essarts et la nouvelle paroisse de Saint-André fixée au 12e ou 13e siècle, alors qu’en remontant ensuite vers le nord, cette même limite emprunta celle des fiefs de la Boutarlière et de Linières, le fief Pothé a alors visiblement compté pour rien. La question se pose alors s’il n’était déjà plus qu’un patrimoine foncier annexé par un autre seigneur, peut-être déjà celui de Languiller. 

Le 6 avril 1618, Charles Le Bœuf, écuyer sieur des Moulinets (Saint-Martin-des-Noyers), Bois Prochet et de la Frisonnière, rend aveu à Languiller pour la Frissonnière, le Puy-Rondeau et l’Aubrière (14). En 1664 la Frisonnière appartenait au seigneur de la Boutarlière, comme on le voit dans un aveu à Languiller de Renée Bonnevin, veuve de René Gazeau (1620-1662), qui donne quelques détails :
- la Frissonière est tenue à foi et hommage plain (simple), à 25 sols abonnés de rachat quand le cas y advient, et à 5 sols annuels de service. Sont déclarés : 8 journaux de pré, 1 septrée de garenne, 64 boisselées de terres.
- le Puy-Rondeau est tenu à foi et hommage plain, à 15 sols abonnés de rachat quand le cas y advient, et à 4 sols annuels de service. Il contient 2 septrées, tenant au chemin de la Guiffardière à Saint-André-Goule-d’Oie et aux landes communes.
- l’Aubrière est tenue à foi et hommage plain, mais nous n’en savons pas plus à cause de la détérioration du parchemin sur ce passage (15). Néanmoins, l’aveu de 1618 précisait que ce fief contenait alors 10 septrées de bois et terres et 10 journaux de pré.

En 1753 l’aveu est renouvelé à Languiller par le propriétaire d’alors de la Frisonnière, Louis Anne Alexandre de Montmorency, aussi seigneur de la Boutarlière, toujours à cause du fief Pothé (16).

Les redevances seigneuriales à cause du fief Pothé


Les redevances seigneuriales dues par les propriétaires du Clouin en 1651 à la seigneurie de Languiller, à cause du Fief Pothé, étaient d’une diversité qu’on rencontre rarement à Saint-André (17) :
-          Un droit de terrage au 1/6 des récoltes sauf sur les prés et jardins.
-          Un cens de 2 sols et 6 deniers pour deux pièces de jardin nommément désignées. Sur une troisième pièce de terre le cens est de 6 deniers et le droit de terrage a été racheté.
-          Un droit de dîme sur les agneaux et pourceaux naissants et croissants au village. Plus tard on verra que la dîme s’appliquait aussi sur le lin. Le quantum prélevé, indiqué à partir de 1740, était de 1/12e.
-          Une taille seigneuriale de 10 sols à la Saint-Jean-Baptiste, et de 15 sols et une geline (poule) à noël, celle-ci incluant une redevance qui remplaçait une ancienne obligation de garde en un lieu désigné par le seigneur. En 1531 les 15 sols de garde annuels étaient dus par trois teneurs : André Robin, François Bordier et Christophe Boisseau (18).
        Un cens de 26 sols 8 deniers. En 1531 le cens se montait à 17 sols (18), la différence de 9 sols 8 deniers correspondant aux anciennes corvées seigneuriales supprimées.
-          Un droit de métivage d’un boisseau de seigle, mesure des Essarts, payable à la mi-août. La mention ici de ce droit est intéressante, car il était en 1517 prélevé par le seigneur de la Boutarlière dans de nombreux villages de la baronnie des Essarts. Le droit de métivage a dont donc été récupéré depuis par Languiller au moins pour le Clouin.

Toutes ces redevances, sauf le terrage, ne représentaient plus grand-chose, étant inchangées pendant des siècles, même la dîme. De plus, on verra apparaître un droit de rivage de 12 deniers par an dans d’autres déclarations plus tard. Cependant le paiement de ces charges ne s’est pas fait, en partie ou en totalité, dans les périodes de désastres climatiques. On le voit dans les poursuites entamées aux Assises de Languiller contre des teneurs du Clouin de 1531 à 1536, puis de 1610 à 1612 (19). De plus, le tribunal du seigneur condamna en 1533 Pierre Daviet, à une amende de 5 sols pour avoir laissé sans autorisation 7 pourceaux manger des glands dans le Bois Pothé (20).

Les habitations et propriétaires du Clouin au 17e siècle


Le Clouin
Une déclaration roturière de 1666 à Languiller précise les contours du village du Clouin (21). Sur les dix-huit propriétaires déclarants, onze d’entre eux y possèdent une maison, dont huit y habitent eux-mêmes. Les trois autres habitent dans les villages voisins de la Boutarlière (Chauché), du Pin (Saint-André) et de la Fortière (Essarts). Parmi ces maisons il y en a une à chaps (faîte au milieu du toit) : 3 pièces au rez de chaussée, et à l’étage 2 pièces et un plancher (grenier). Un tel volume habitable est rare à l’époque chez les paysans, souvent dépourvu d’un étage et alors destiné uniquement à usage de grenier. Ils sont deux frères, René et Jean Charpentier, avec leurs trois sœurs, à la posséder il est vrai en indivision. Cinq autres maisons sont indiquées à chaps et trois autres portant plancher. Les appentis adossés aux maisons et aux granges sont au nombre de neuf, formant des pièces à usage varié, dont l’une contient un four. Et on dénombre aussi trois autres maisons possédant un four, dont l’une abritant le four commun du village, et une autre avec « une petite boulangerie », c’est-à-dire un four à cuire du pain. On compte aussi sept granges et deux toits pour animaux, preuve de l’activité agricole du village, mais pas entièrement. La quantité de fours dans le village intrigue, faisant penser à une activité autre que la cuisson du pain, mais sans informations en ce sens.  

Ces dix-huit propriétaires déclarent une surface de 6,6 boisselées de jardin et 41 ha de prés et terres cultivées. S’il en manque, ce doit être de peu à cause de cette surface importante. On voit que la superficie des prés et terres a augmenté de 4 hectares depuis la déclaration précédente de 1651, soit 10 % de plus, résultant d’un défrichement très probablement. Les surfaces déclarées montrent la parcellisation importante des champs et des prés, liée à la dispersion de la propriété. Le plus important propriétaire est l’indivision Charpentier (130 boisselées), puis Pierre Charpentier (40 boisselées), et ensuite on a beaucoup de petits propriétaires de 15 à 25 boisselées.

Les habitants propriétaires au village les plus nombreux, avec ou sans habitat, sont les membres de la famille Charpentier. D’abord René Charpentier, en indivision avec son frère Jean Charpentier et ses beaux-frères : Laurent Brisseau, René Vergnaud et Armand Chedanneau. Ensuite Pierre Charpentier, puis Jacques Charpentier. Enfin les héritiers de Bastien Charpentier. Il y avait déjà un René Charpentier au Clouin en 1592 (22). En dehors d’eux on relève les noms de : Michel Robin, Jean Lesuin, Renée Segnen veuve de défunt François Besson, René Bertrand, Louis Larcher et Jacques Michelleau.

En 1683 on peut lire 13 déclarations roturières individuelles, indiquant les mêmes redevances collectives à chaque fois. Elles font suite aux lettres de terrier obtenues par le nouveau seigneur de Languiller, Philippe Chitton, pour la vérification de ses terres et des fiefs en dépendant. De manière plus rigoureuse et précise qu’avant, ces actes des notaires de Saint-Fulgent, Proust et Arnaudeau, rappellent que les redevances sont dues solidairement par les propriétaires, c’est à dire qu’en cas de défaillance des uns, les autres payent à leur place. Ils rappellent aussi le droit de basse justice seigneuriale du seigneur de Languiller, et son droit de percevoir les lods et ventes (des droits de mutations aux changements de propriétaires). De plus ils indiquent comment les biens ont été acquis, ce qui donne, avec les héritages qui sont indiqués, des pistes de recherche pour constituer les généalogies de certains habitants.

Moulin de l’Ansonnière (Essarts)
Ces 13 déclarations ne totalisent que 22 ha de prés et terres et ne représentent pas tous les propriétaires. Ils sont huit à demeurer au village du Clouin :
-          Vincent Chedanneau, maître tailleur d’habits, venu y habiter avec Jeanne Charpentier, sa femme, elle-même héritière de son père, Jean Charpentier.
-          François Larcher, héritier avec sa sœur (femme de Nicolas Godard) de Louis Larcher son père. Il est laboureur (agriculteur) sur place.
-          René Travers, sans indication de profession, et ne possédant qu’une petite maison et 13 gaulées de jardin.
-          Marguerite Crespeau, veuve de Pierre Charpentier.
-          Jacques Charpentier, meunier. On n’a pas repéré de moulin au Clouin, mais ceux de l’Ansonnière (Essarts) ou de la Boutarlière (Chauché) sont proches. Il est le fils de Marguerite Crespeau
-          Vincent Pidoux, laboureur. Un René Pidoux fera une déclaration le 2 septembre 1740, habitant à la Godelinière (Landes-Genusson). Et il recommencera en 1751, habitant alors au bourg des Landes Genusson.
-          Bonaventure Rabaud, farinier.
-          René Bertrand, farinier.
Les cinq autres déclarants sont :
-          Étienne Nicou, laboureur demeurant à la Guérinière (Chauché). Son fils, Baptiste Nicou, demeurait aussi à la Guérinière en 1701, et sera indiqué comme laboureur à bœufs, c’est-à-dire qu’il se louait avec ses bœufs. Il y avait une grande métairie à la Guérinière dépendant de Linières. Et à côté du métayer pouvaient habiter des personnes étant à son service à la demande.
-          Jacques Robin, sieur des Poudrières demeurant au bourg de la Ferrière, marié à une Charpentier.
-          Michel Rigalleau, marchand mercier demeurant aux Essarts.
-          Nicolas Godard demeurant à la Tiffardière des Essarts. Son fils Jean, laboureur, fera une déclaration le 9 février 1740 pour lui et ses frères et sœurs. Il demeurait alors à Villeneuve (Chauché). En 1751 c’est Mathurin Godard, laboureur demeurant à la Boutinière (Saint-André), qui fera une déclaration.
-          Jacques Morteau, laboureur demeurant à Cossé (Saint-Martin-des-Noyers).

Les propriétaires au 18e siècle et les redevances autres que celles dues au suzerain


En 1700, 8 propriétaires du Clouin ont présenté leurs déclarations roturières à l’Assise de Languiller (23). Le texte n’a pas été conservé jusqu’à aujourd’hui, mais en 1740/1741, cinq propriétaires feront une déclaration commune à Languiller, et sept autres feront chacun une déclaration individuelle, toutes conservées. Comme précédemment, on n’a jamais une liste complète des propriétaires. Par exemple on voit Louis Corbier, sieur de Beauvais, et habitant le Coudray parmi eux, alors qu’on sait qu’il avait hérité d’une vingtaine de boisselées de terre faisant partie de sa borderie du Pin. Elles avaient été possédées un siècle auparavant par un ancêtre, prieur de Saint-André, Pierre Moreau, mais n’avaient pas encore fait l’objet d’une déclaration parvenue jusqu’à nous.
Dans cette liste on a peu d’habitants du Clouin : Pierre Charpentier aîné, Jacques Robin, Louis Chateigner, René Trotin époux de Jeanne Rabaud. Les autres habitent ailleurs à Saint-André, à Rochetrejoux, à Chauché, aux Essarts et aux Landes Genusson. On relève parmi eux, au bourg des Essarts, Barthelemy Guibert, marchand poislier (vendeur d’articles ménagers). Il fera une autre déclaration en 1751.

Dans certaines des déclarations une nouveauté apparaît dans la liste des redevances. En plus de celles dues au seigneur de qui relèvent les propriétés, on indique les autres rentes créées sur le tènement au profit de divers créanciers, parfois vendues ou données ensuite. Leurs origines ne sont pas indiquées. En voici la situation en 1740 :
-          à la baronnie des Essarts 12 boisseaux d’avoine, et 6 deniers pour droit de rivage,
-          à la seigneurie de la Boutarlière aussi 12 boisseaux d’avoine 
-          à la seigneurie de la Vrignonnière (Essarts) 4 boisseaux d’avoine
-          à la seigneurie de Landelière (Dompierre-sur-Yon) 1 boisseau de seigle et 11 deniers de devoir
-          à la fabrique de la paroisse des Essarts 1 boisseau seigle
-          et au prieuré de Saint-André-Goule-d’Oie aussi 1 boisseau seigle.

L’addition de ces charges pesant sur les terres, de nature souvent non précisée, se cumule avec les droits dus au seigneur suzerain. En 1740 on estime la valeur totale des charges autres que celles dues au suzerain à 17 livres 1 sol 5 deniers par an, et celle des charges dues au suzerain à 2 livres 16 sols 2 deniers, plus le terrage au 1/6 des récoltes, qu’on peut estimer valoir environ 217 livres sur les 44 ha du tènement du Clouin. Cela fait une valeur totale de 219,8 livres environ due au suzerain de Languiller, et 236,8 livres dues pour toutes les redevances, soit de l’ordre de 18 % de la valeur des récoltes si toutes les terres en labour étaient consacrées à la culture du seigle. Et ces charges sont collectives ! On imagine l’organisation exigée par leurs collectes, et les difficultés dans les années de mauvaises récoltes et de disette. À ces charges s’ajoutaient chaque année les redevances dues à l’Église (grosse dîme ou droit de boisselage) et les impôts royaux (principalement la taille).

Les Cougnon, propriétaires au Clouin


En 1752, on a une déclaration pour 38 boisselées de terres et prés sur le tènement du Clouin, de Louise Robin, veuve de Jean Cougnon, agissant aussi pour ses frères et sœurs (non cités), et demeurant alors au village de la Vrignonnière des Essarts, proche du Clouin. En 1774, une autre déclaration sera faite par Marie Chatry, veuve de François Cougnon, fils du précédent, demeurant aussi à la Vrignonnière. Ces derniers s’étaient mariés à Saint-André le 28 janvier 1761 (vue 188 sur le registre paroissial numérisé accessible sur le site internet des Archives de la Vendée). Ils habitèrent d’abord dans le bourg de Saint-André, où ils eurent deux enfants : Marie, baptisée le 24 août 1763 (vue 213), et Christophe François baptisé le 1e juillet 1765 (vue 234).

La présence de Marie Chatry veuve Cougnon dans les minutes des notaires de Saint-Fulgent montre une aisance financière avec quelques actes significatifs. En 1771, étant déjà veuve, elle prête 80 livres à René Gouin, bordier demeurant au village du Gast. À cet effet elle constitue une rente perpétuelle de 4 livres par an à son profit, représentant uniquement l’intérêt de 5 %, ce qui constituait la norme légale de l’époque (24). L’année d’après en 1772, elle loue à titre de « cheptel de fer » au même René Gouin, 2 vaches estimées ensemble 107 livres (25). Dans ce type de bail, le croît et les profits et pertes des bestiaux sont partagés à moitié entre le bailleur et le preneur, qui peuvent tous deux mettre fin au bail à leur volonté. En 1773 elle prête 180 livres à Pierre Chaigneau, bordier, et Anne Chatry sa femme, demeurant à la Boninière. Pour cela elle constitue une rente perpétuelle de 9 livres par an à son profit (26). En 1787 elle recommence à prêter une somme de 240 livres à deux autres habitants de la Boninière, René Charpentier, bordier, et Jeanne Reveleau sa femme. La rente constituée est de 12 livres par an (27). Elle aussi est perpétuelle, mais amortissable, comme les précédentes, à la volonté des débiteurs. Dans ce cas ceux-ci versaient l’intégralité de la somme empruntée. Rappelons qu’à l’époque il n’y avait pas de banque dans les campagnes.

La fille de Marie Chatry veuve Cougnon, Marie, épousa aux Essarts le 21 janvier 1783 (vue 283) Pierre Jaud. Celui-ci acheta au département le 19 thermidor an 4 (6 août 1796) les fermes de la Vrignonnière, Cossonière, Guiffardière, des terres à la Mongie, Puy-Bertrand, le moulin de l’Ansonnière, le bois futaie de la Guiffardière et un bois taillis à Puy-Bertrand situées aux Essarts, et à Saint-André le bois futaie du Clouin, et des bois taillis au Bois Pothé et à Fondion. Il paya le tout 50 286 francs, sur la base d’une évaluation contradictoire et sans enchère, ce qui représente une somme scandaleusement faible. Ces domaines avaient été confisqués à « Lespinay-Beaumont père d’émigré, dont les enfants sont inscrits sur le premier supplément de la liste générale des émigrés à la date du 4 novembre 1793 … » (28). Il avait été seigneur de la Vrignonnière (Essarts), de Beaumont (Deux-Sèvres), et du Pally (Chantonnay). Il était décédé en novembre 1793 dans la virée de Galerne. Emprisonné à Fontenay où il habitait, à titre de suspect, il fut libéré par les armées vendéennes, qu’il suivit ensuite. Son bel hôtel de Fontenay lui fut confisqué pour servir de logement notamment aux représentants de la Convention en mission (29).

Marie Chatry maria son fils, François Cougnon, aux Essarts le 14 février 1787 (vue 40) avec Jeanne Guilmineau, lequel vint habiter à la Bergeonnière. Il participa à la virée de Galerne et mourut à la bataille de Savenay le 21 décembre 1793. Sa femme se remaria avec Pierre François Mandin, ancien capitaine dans l’armée vendéenne. Voir notre article publié sur ce site en avril 2011 : Pierre François Mandin, adjoint au maire de 1826 à 1830. Ainsi le fils fut un soldat victime de la Révolution, tandis que le gendre sut en profiter. On a d’autres exemples de divisions politiques au sein des familles dans la contrée.

La borderie de Jean Regrenil au Clouin


Un bail d’une borderie au Clouin est signé chez un notaire de Saint-Fulgent en 1774. Le bailleur est Jean Regrenil, marchand demeurant au Clouin. Les preneurs sont François Ripaud, bordier et sa femme Marie Seiller, métayers sortants de la grande métairie de Fondion, pour remplacer un nommé Bordelais. Le bail est de 3 ans (1774-1777), durée courte par rapport à l’usage le plus fréquent de 5 à 7 ans, rarement 9 ans. C’était une petite borderie, approchant probablement les 10 hectares à voir le prix annuel de ferme de 99 livres, et en tenant compte de ce que le bailleur se réservait l’usage de la maison et de deux champs (30). On n’a pas d’autres documents du même type pour le Clouin, et s’il y avait certainement d’autres borderies, probablement plus petites que celle de Jean Regrenil, peut-être y avait-il aussi une exploitation plus grande, notamment possédée par les Cougnon ou les Charpentier. Ce n’est pas avec les tenures déclarées dans les documents seigneuriaux qu’on peut en juger, celles-ci pouvant être regroupées dans une exploitation unique s’étendant sur plusieurs tènements voisins.

Jean Regrenil possédait une rente foncière, annuelle et perpétuelle de 11 £ sur une borderie au village des Ageos (Sainte-Florence), suivant un acte d’arrentement du 8 septembre 1713. Elle lui a été reconnue à nouveau en 1781. Lui-même devait une rente foncière, annuelle et perpétuelle de 5 boisseaux de blé (un de froment, trois de méture et un de fesses) pour des domaines au village de Morneau (Sainte-Cécile). Il en reconnu un nouveau titre en 1781 à Pierre Savarit demeurant aux Barettes (Essarts) et consorts, et à Jacques Gauducheau (31).

Ce Jean Regrenil avait une sœur, Françoise, qui avait épousé Jean Pascal Pouzet. Celui-ci était le père de Marie Pouzet qui avait épousé en 1770 Jean Bordron (1748-1813), maréchal au bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, lequel deviendra en 1790 le premier maire de la commune. Marie Pouzet avait un frère, Jean Pouzet, lui aussi maréchal et demeurant au Bois Bernier dans la paroisse Sainte-Florence-de-l’Herbergement-Ydreau (32).

Les Charpentier du Clouin


En 1774 la famille Charpentier réapparaît en force dans les documents se rapportant au village du Clouin : François Charpentier bordier demeurant au village, et ses frères et sœurs, Jean, René, Marianne et Jeanne Charpentier. On relève aussi les noms de Jacques et André Charpentier. Y habitent également Mathurin Seiller marchand demeurant au village du Pin, qui a acheté des biens, Pierre Godard, demeurant à la Mauvelonnière (Chauché), Jean Regrenil, Louis Trotin, René Piveteau et Jean Robin.

Autrefois les Landes du Pin
Après la Révolution habite au Clouin un Louis Charpentier (1762-1815). Il était fils de Jacques nommé ci-dessus (1734-1789) et d’Anne Loizeau. Il a été membre de la première municipalité de Saint-André-Goule-d’Oie en 1790. Ce fut un homme reconnu et respecté, comme en témoigne un gaulaiement en 1808 dans les Landes du Pin. Il s’agissait de valider les surfaces des parcelles foncières possédées dans tout le tènement, et ensuite de calculer la part de chaque propriétaire dans le paiement des rentes collectives dues par tous solidairement. Certes il n’y avait plus de redevances seigneuriales à cette date, mais restaient les rentes purement foncières, nécessitant de refaire les calculs de répartition à cause des nombreux changements de propriétaires. Des arpenteurs et des notaires réalisaient ces actes sous l’Ancien Régime. Dans l’exemple rencontré, les propriétaires ont fait appel à leur voisin Louis Charpentier pour réaliser l’acte à l’amiable. Il faut y voir le signe d’une confiance placée en son autorité et en ses capacités. C’est que les as de la règle de trois n’étaient pas si nombreux à l’époque ! En novembre 1814 les héritiers de Jean de Vaugiraud firent aussi appel à lui pour estimer les revenus des 8 métairies composant sa succession immobilière (33).

Âgé de 30 ans, déjà orphelin de ses deux parents et sans frère et soeur semble-t-il à cette époque, il épousa Marie Papin en mars 1791, la servante de la maison dont les parents habitaient le Plessis-le-Tiers. La disparité de fortunes entre les époux les conduisit à signer un contrat de mariage excluant la communauté de biens entre eux (34). Un enfant, François, est né au mois de juin suivant. Puis une fille, Marie, a été baptisée dans l’église de Saint-Fulgent par le vicaire du lieu, réfractaire au serment, le 20 août 1793 (1e registre clandestin de Saint-André : vue 11). Le 2e registre clandestin acte l’inhumation du fils François dans le cimetière de Saint-André le 30 octobre 1793 en présence de ses deux parents (vue 2). On ne sait pas quand Marie Papin est décédée. C’est alors la période de la Guerre de Vendée, de ses grandes batailles, de ses massacres de masse, et de la disparition de l’état-civil. En secondes noces, Louis Charpentier épousa en 1798 à Saint-André Jeanne Giraudeau, qui mourut en 1801, quelques mois après avoir mis au monde son fils Louis. Devenu veuf à nouveau, il se remaria avec Marie Bouffard en 1803, avec qui il eut 4 enfants. Il est mort en 1815, laissant son fils aîné, Louis, alors âgé de 15 ans, seul pour aider sa belle-mère à continuer l’exploitation de leur propriété.

Chanoine Constant Charpentier
Ce fils Louis Charpentier, demeura au village du Clouin, étant marchand de bois et cultivateur. Il se maria en 1824 avec Constance Guilbaud, avec qui il eut 5 garçons et 4 filles. Parmi ces derniers, Constance Angélique Charpentier épousa en 1857 Samuel Bordron, propriétaire de la Boutarlière. Une autre fille, Eulalie Charpentier, épousa Jean Baptiste Fonteneau, dont un fils, Gustave Fonteneau, fut prêtre et curé de Beaulieu-sous-la-Roche. Un autre fils, Alexis, fut secrétaire du conseil de fabrique de l’église de Saint-André Goule d’Oie, puis son président à partir de 1882 (35). Alexis Charpentier épousa Jeanne Guilmineau, et leur fils, Constant Charpentier (1872-1957), fut ordonné prêtre en 1897. Ce dernier eut une position remarquée dans le diocèse de Luçon : secrétaire des Œuvres Diocésaines en 1908, et directeur du secrétariat social de la Vendée en 1922. La modernité et l’importance de son action apostolique en font un des acteurs qui a compté dans le développement de la Vendée au cours du 20e siècle (36).

Deux des frères d’Alexis Charpentier furent prêtres, répertoriés comme leur neveu dans le Dictionnaire des Vendéens, accessible sur le site des Archives de la Vendée : Jean Louis Charpentier et Ferdinand Charpentier. Le premier a été archiprêtre de Luçon. Par deux fois, en 1873 et en 1893, c’est lui qui bénit les coches de l’église de Saint-André par délégation de l’évêque, jouissant dans sa paroisse d’origine d’une haute considération (37). Son frère Ferdinand mérite une mention particulière en raison de ses activités d’écrivain.

Chez nous en 1793 ...
Né le 1e février 1847, suivant l’état-civil de Saint-André-Goule-d’Oie, on lui donna le prénom de Clémentin, mais il porta celui de Ferdinand. De toute façon, le choix du prénom usuel dans cette famille, parmi les prénoms de l’acte de baptême, est difficile à comprendre plus d’un siècle après. Ordonné prêtre en 1872, il fut vicaire et curé dans plusieurs paroisses de la Vendée et mourut à Beaupréau en 1911. Sa postérité tient surtout à ses livres, nombreux : « Cent ans après ! Souvenirs & Épisodes de la Vendée militaire », « Choux de Vendée et trois pieds de tabac », « Les Œufs de Pâques », « Du courage chrétien », « Nouvelles soirées vendéennes, Portraits, Récits et Légendes ». Il a écrit des articles dans la Revue du Bas-Poitou : « Mélusine en Poitou et en Vendée, histoire et légende », 1904-1, page 80 et s., « Un ancien de la grande guerre, le père Girard », 1905-4, page 408, « Pèlerinages historiques en Vendée », 1907-1, 49 et s., « Jeanne d’Arc et Gilles de Rais », 1909-3, page 320, « Saint Vincent de Paul en Bas-Poitou », 1911-1, page 33. On peut accéder à ces textes sur le site internet des Archives de Vendée dans les fenêtres successives suivantes (septembre 2018) : Consulter, bibliothèque numérisée, Périodiques, Revues scientifiques. On lui doit aussi une biographie du général vendéen d’Elbée (1904) : « D’Elbée généralissime des armées vendéennes 1752-1794 », qui a été rééditée en 2007 (Éditions Pays et Terroirs). Dans ses écrits on trouve les mêmes caractéristiques : érudition historique, convictions religieuses, et convictions politiques proches du militantisme du journaliste Louis Veuillot (1813-1883). L’homme est entier et ne sépare pas la religion, l’histoire et la politique. Il est prêtre, c'est-à-dire chargé d’apporter la parole, et il le fait avec zèle. Attaché à sa chère Vendée et à la paroisse de son enfance, ses écrits montrent une intelligence supérieure, une sensibilité bienveillante et une verve au service de ses convictions. Il reste à citer son précieux ouvrage, publié en 1906 : « Chez nous en 1793, Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen ». Il s’appuie sur des témoignages rapportant des évènements de la guerre de Vendée survenus dans la paroisse, et transmis par des acteurs et témoins directs à la génération suivante. Les faits relatés sont certains, même si leur présentation a pu souffrir de l’éloignement du temps.

Pour preuve de l’importance de ces deux prêtres originaires de Saint-André, monseigneur Garnier, évêque de Luçon, ordonna le 22 juillet 1926 qu’une messe chantée soit célébrée chaque année à perpétuité dans l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, le 28 janvier si possible, à l’intention de MM. Ferdinand et Louis Charpentier, prêtres (38).

Le plus connu des quatre enfants de Marie Bouffard et de Louis Charpentier est Augustin, né le 2 octobre 1808 au Clouin (vue 328). Il perdit son père à l’âge de 7 ans, et doit beaucoup à son demi-frère Louis que nous venons d’évoquer. Sa sœur Jeanne Marie épousa en 1823 Marie Augustin Grolleau, meunier à la Boutinière. Il était le fils de Jacques Grolleau et de Jeanne Pouzet, dont nous avons raconté l’histoire dans notre article publié en septembre 2015 : La Boutinière à Saint-André-Goule-d’Oie. Jeanne Charpentier mourut à la Boutinière trois ans après son mariage, âgée de 19 ans. Son frère Augustin se maria en 1830 avec Angélique Chatry de la Bourolière, où son père était cultivateur. Ils eurent au moins huit enfants. Il était aussi beau-frère par sa femme d’Augustin Rondeau, marchand au bourg de Saint-Fulgent, de Charles Chatry, boulanger à Saint-Fulgent, et de Jean Chatry, tisserand au bourg de Saint-André.
Augustin Charpentier (1808-1869), fut cultivateur au Clouin, innovateur remarqué à une époque d’importants progrès techniques dans l’agriculture. Il fut aussi maire de Saint-André-Goule d’Oie de 1848 à 1869, élu d’abord au suffrage universel, puis nommé au temps de l’Empire de Napoléon III. Voir sur lui notre article publié sur ce site en juin 2012 : Maires de Saint-André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869)


(1) Guy de Raignac, De châteaux en logis, itinéraires des familles de la Vendée, E. Bonnefonds, 1989, T4, page 36.
(2) Déclaration roturière du 28-8-1651 de 19 teneurs pour des domaines au Clouin, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 46.
(3) Note no 6 sur le fief et bois Pothé à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 1.
(4) Ibidem, notes no 5 et 6.
(5) Ibidem, notes no 8 et 9.
(6) Ibidem, note no 7. 
(7) Copie de trois pièces communiquées le 29-5-1702 à Me Normand, procureur du seigneur de Languiller, par Pelletier, procureur de Louis Armand Guerry, seigneur de Beauregard et sa femme Marie Gazeau, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(8) État vers 1745 des devoirs que l’Ansonnière doit à la seigneurie de Languiller, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-7.
(9) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 39 et 47, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(10) Livre des comptes de la Rabatelière (1786/1787), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55, page 17.
(11) La famille Amauvin à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4. Et ibidem note no 15 sur la Mancellière à Saint-André-Goule-d’Oie : S-A 2.
(12) Aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2-7-1605 recopiant un aveu de 1550, Archives de Vendée, travaux de G. de Raignac : 8 J 101, page 76. Et Note no 1 sur le fief et bois Pothé à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1. Dans ces deux sources, le texte sur la ligence est différent dans la forme et identique dans le contenu.
(13) Ibidem, notes no 2 et 3 sur le fief et bois Pothé.
(14) Aveu du 6-4-1618 de Charles Le Bœuf à Languiller, à cause du fief Pothé et pour raison de la Frissonnière Puy Rondeau et de l’Aubrière, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(15) Aveu du 28-6-1664 de Renée Bonnevin à Languiller, à cause du fief Pothé, pour raison de la Frissonnière, Puy Rondeau et Aubrière, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-4.
(16) Aveu du 1-9-1753 de la Boutarlière à Languiller, à cause du fief Pothé et pour raison de la Frissonnière Puy Rondeau et de l’Aubrière, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(17) Idem (2).
(19) Assises de Languiller en 1531, ibidem : 150 J/M 22, pages 201 et 202. Et en 1536, ibidem : 150 J/M 22, page 176. Et en 1610, ibidem : 150 J/M 31, pages 20 et 21. Et en 1612 : 150 J/M 29, pages 20 et 21.
(21) Déclaration roturière (copie) du 10-4-1666 de 18 teneurs pour des domaines au Clouin, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 46.
(24) Constitution le 28-4-1771 d’une rente de 4 livres au profit de Marie Chatry, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6.
(25) Bail à cheptel du 25-10-1772 de la veuve Chatry à Gouin, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(26) Arrentement du 14-3-1773 de 180 £ par Marie Chatry, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(27) Arrentement du 2-2-1787, d’une rente constituée de 240 £ par Marie Chatry, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/129.
(28) Acquisition de Pierre Jaud du 19 thermidor an 4, Archives de Vendée, vente de biens nationaux : 1 Q 240 no 349.
(29) J. Artarit, Fontenay-le-Comte sous la Révolution, Éditions de C V R H, 2014, page 427.
(30) Ferme du 1-1-1774 d’une borderie au Clouin, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(32) Ferme du 23-1-1773 d’une borderie au Purzeau (Essarts) par Pouzet et consorts, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(34) Contrat de mariage du 21-2-1791 de Louis Charpentier et Marie Papin, Archives de Vendée, notaires des Essarts étude C, Verdon, vue 26 du registre numérisé.
(35) Registre des délibérations du conseil de fabrique pour 1881, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie : E 2/2.
(36) A. Gérard, « L’Église des mouvements », dans la Revue du Centre vendéen de Recherches Historiques no 6, 1999, La Vendée, histoire d’un siècle, page 147.
(37) Autorisation du 27-4-1873 à Louis Charpentier de bénir une cloche dans l’église de Saint-André, et chant pour la bénédiction du 19-9-1893 des 4 cloches de l’église de Saint-André, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 28, chemise III : cloches de l’église.
(38) Mandement de l’évêque en 1926 pour une messe à Saint-André à l’intention des Charpentier, prêtres, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 29, chemise VI : Fabrique, fondations 1711-1946.

Emmanuel François, tous droits réservés
Septembre 2018, complété en mars 2024

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mercredi 1 août 2018

La famille de Tinguy à Saint-André-Goule-d’Oie

L’histoire des familles est intéressante pour bien pénétrer les mœurs, ainsi que les conditions et modes de vie d’une population. Elle est intime et concrète, faite de détails tantôt révélateurs d’une tendance, tantôt singuliers. Nous avons ainsi pu reconstituer l’accroissement de fortune de Simon Guyet au 18e siècle, la chute des Moreau du Coudray aux 17e/18e siècles, l’ascension sociale des Fluzeau de la Brossière au 18e siècle, la pérennité des de Vaugiraud aux 17e/18e siècles, l’émergence des de Grandcourt au 19e siècle. Les chartriers des familles et les archives notariales constituent la principale source des informations disponibles. Malheureusement les archives privées abondantes sélectionnent souvent des riches, alors que les pauvres nous laissent peu ou pas de documents. D’autant qu’en Vendée, la destruction des archives pour cause de guerres civiles nous privent des statistiques fiscales, qui permettent d’approcher la pauvreté sinon les pauvres. Ainsi la documentation disponible nous a permis de découvrir à Saint-André-Goule-d’Oie une autre famille noble, les de Tinguy.    
Blason de la maison de Tinguy

Les écrits sur les de Tinguy ne manquent pas, y compris sur le web. Au 20e siècle cette famille a donné à la Vendée un député devenu ministre, et un président du conseil général du département. Le document le plus intéressante sur l’histoire de la famille provient d’un de ses membres, publié en 1896, Théophile de Tinguy : La maison de Tinguy, notice généalogique et historique, accessible sur internet. On s’appuiera beaucoup sur elle dans notre présent article. Notre propos vise principalement à situer cette famille à Saint-André-Goule-d’Oie, à partir d’actes notariés la concernant dans les minutes des notaires de Saint-Fulgent de 1766 à 1792. La période est trop courte, certes, due à la disparition de beaucoup d’archives même chez les notaires. On essaiera de voir avec leur exemple comment ont vécu des membres de la noblesse de province au milieu des paysans du Bocage vendéen dans cette paroisse d’Ancien Régime.

Au 18e siècle, la particule « de » n’était pas utilisée dans les actes notariés concernant le patronyme de cette famille de noblesse ancienne. L’usage en a commencé à la fin de ce siècle. On fait la même observation pour les Royrand du Coudray et la Roussière (Saint-Fulgent), les Bertand (seigneurs de Saint-Fulgent), les Chitton (seigneurs de Languiller), les Bruneau (seigneur de la Rabatelière). Une exception : les de Vaugiraud (Bazoges-en-Paillers) ont toujours porté la particule, comme les de Lespinay (Essarts et Chauché). En revanche l’importante famille de bourgeois de Saint-André aux 16e et 17e siècles, les Moreau, attachait systématiquement une terre à leur nom, étant sieur du Coudray, de Villeneuve, de la Maigrière, etc. Familièrement le notaire écrivait « du Coudray Moreau ». Nous les avons pris à titre d’exemple, mais l’habitude en était systématique chez les bourgeois des villes et des gros bourgs. Les mots même de seigneur et de sieur se sont confondus dans une indifférenciation à cause des cadets des familles nobles non pourvus de fiefs, des ventes aux plus offrants des droits de fiefs à partir du 16e siècle, et de l’envie de reconnaissance des bourgeois dans une société organisée par ordres. Ne serait-ce pas les nobles de vieille souche poitevine qui se seraient mis en retour à imiter les bourgeois dans le climat du 18e siècle, en ajoutant une particule à leur nom ? C’est l’impression qu’on a avec les de Tinguy.

On remonte à 1381 pour rencontrer Philippe de Tinguy, qualifié de varlet (écuyer), seigneur de la Garde (Rocheservière). En 1605, Anne Bertrand, la fille de Christophe Bertrand et de Charlotte Châteigner, celle-ci dame de Saint-Fulgent, épouse Benjamin de Tinguy, seigneur de Nesmy et des Oudairies (près de l’hôpital à la Roche-sur-Yon). C’est un mariage entre protestants. Leur fils aîné, Abraham de Tinguy, continuera la lignée des seigneurs de Nesmy, et un petit-fils de ce dernier épousera une Cicoteau. Celle-ci appartenait à une famille de bourgeois des Essarts tout fraîchement anoblie, qui acheta Linières au début du 18e siècle. Le fils puîné de Benjamin de Tinguy et Anne Bertrand, Florimond, est seigneur de Vanzay, un fief-métairie situé à Mouzeuil. C’est avec lui que commence notre récit.

Les tribulations d’un fief à la Basse Clavelière (1650-1750)


Florimond de Tinguy épousa en 1665 Élizabeth Bouquet (ou Bouquié), fille de Gabriel Bouquet et de Jacqueline Roulleau. Gabriel Bouquet était ministre de l’Église réformée de Saint-Fulgent (et de celle des Herbiers en 1626), et seigneur de la Basse Clavelière à Saint-Fulgent, dont il faisait l’hommage d’un fief en ce territoire en 1650 au seigneur de Saint-Fulgent (1). Le fief se confrontait avec le bourg de Saint-Fulgent, le ruisseau du Vendrenneau, la Haute Clavelière et la Chaunière. Des moulins à vent étaient situés dans le tènement voisin de la Haute Clavelière. En 1770 il y en avait deux, l’un à moudre le seigle et l’autre le froment. Ils avaient été vendus par le seigneur de Saint-Fulgent aux meuniers Jacques Fruchard et Julien Piveteau, moyennant une rente annuelle de 30 boisseaux de seigle, correspondant à une valeur de bien-fonds d’environ 900 livres (2). La vente incluait le droit banal imposé aux habitants des alentours.

Florimond de Tinguy et Élisabeth Bouquet eurent deux fils : Abraham Théophile et Henri Florimond. Ce dernier est mort sans laisser de postérité. L’aîné, Abraham Théophile de Tinguy continua la lignée des de Tinguy seigneurs de Vanzay, et se maria avec Marie Anne de Suzannet, originaire de la Chardière à Chavagnes-en-Paillers. Il acquit le fief-métairie de la Sauvagère en 1680 à Saint-Laurent-de-la-Salle, et il est mort en 1716.

Calvaire de la Clavelière
Pendant ce temps le fief de la Clavelière connu un sort mouvementé. Il échut au frère d’Élisabeth Bouquet, Gabriel Théophile Bouquet. À la mort de ce dernier il fut saisi à sa veuve et à ses enfants, et adjugé à la criée en 1692 à Pierre de Chevigné, seigneur de la Limonnière (Chavagnes). Puis Elizabeth Bouquet le racheta presque aussitôt. Mais elle le fit avec son deuxième mari, étant devenue veuve. Elle avait épousé en effet Antoine de Ranques en 1676 (3).  Ensemble Élisabeth Bouquet et Antoine de Ranques eurent deux fils et une fille, Abraham Antoine seigneur de Chartres, Charles Auguste seigneur de la Clavelière, et Angélique, qui épousa Paul de Cugnac, seigneur du Bourdet.  

Revenons aux de Tinguy. Abraham Théophile de Tinguy et Marie Anne de Suzannet eurent six enfants. Une fille (Marie Israélite) est morte sans alliance, un garçon (Henri René) fut prêtre, et un autre (Philippe) est mort sans descendance. Deux autres garçons eurent une lignée que nous suivrons de près à Saint-Fulgent et Saint-André : Charles Auguste et Jean Abraham. Enfin une fille, Louise Henriette, épousa Joseph de Rambervillers, seigneur de Villequoy, qui demeurait au Boireau à Chauché, fief de l’épouse, Charotte Durcot, de son frère décédé, Charles Joseph de Rambervillers (4). Après la mort de son oncle, (demi-frère de son père) Charles-Auguste de Ranques, Louise Henriette de Tinguy devint dame de la Clavelière. Fils d’Élisabeth Bouquet et d’Antoine de Ranques, l’oncle avait hérité de la Clavelière et était mort sans postérité en 1737. Louise Henriette de Tinguy mourut elle-même vers 1743. Son mari décéda au château de Boisreau le 13 novembre 1746 (registre numérisé de Chauché, vue 14 sur le site internet des Archives de Vendée) à l’âge de 79 ans, et fut inhumé dans l’église paroissiale.

En 1741 on fit un partage entre Marie Angélique de Ranques du Bourdet (fille d’Antoine et Élisabeth Bouquet) et les enfants d’Abraham Théophile de Tinguy et Marie Anne de Suzannet. La Clavelière échut aux de Tinguy, moyennant le paiement par eux de deux rentes à Marie Angélique de Ranques, épouse de Philippe de Cugnac. La première de 235 livres due sur et pour raison de la maison noble de la Clavelière, métairies en dépendant, borderie de la Chapellenière et autres domaines. La deuxième de 69 livres pour raison de la 1/6e partie des domaines qui revenaient à Marie Angélique de Ranques du Bourdet dans la succession de la défunte Marie de Goulaine (sœur d’Élisabeth Bouquet) (5). Ces deux rentes furent reconnues à nouveau en 1770 à la même Marie Angélique de Ranques par le seul Charles Auguste Tinguy, fils  d’Abraham Théophile (4). C’est lui qui eut en partage au final la maison noble de la Basse-Clavelière provenant des Bouquet.

Charles Auguste de Tinguy (1698-1782) seigneur de Vanzais


Château de Saint-Fulgent
Dans son aveu en 1774 à la vicomté de Tiffauges, le seigneur de Saint-Fulgent indique : «  … tient de moi à cause de mon dit hommage, à foi et hommage lige et à rachat par muance d’hommes quand le cas y advient, messire Charles Tinguy seigneur de Vanzais, au lieu et place de dame Henriette Tinguy de Villequoys sa sœur, et avant elle Antoine Abraham de Ranques, son hôtel et hébergement, métairie, circonstances et dépendances de la Basse Clavelière, consistant en maisons, granges, appentis, aire, aireaux, ruages, quaireux, jardins, vergers, prés, terres labourables et autres, contenant en tout 124 boisselées ou environ (15 ha). Sur laquelle dite maison, métairie et dépendances m’est due et payée annuellement et à chaque fête de Notre-Dame d’août, rendable à mon château, la rente noble de 6 boisseaux d’avoine, chaque boisseau comble à la mesure de la cour dudit Saint-Fulgent, lesquels domaines et maisons sont enclavés dans le tènement dudit lieu de la Basse Clavelière » (6).

En 1770 Charles Auguste Tinguy reçu la reconnaissance d’une rente de 12 livres par an, dont il avait hérité, de Gabriel Bouquet, cousin au 5e degré (7). Elle avait été créée au profit de ce dernier en 1736 par Jacques des Amoureux et Françoise Sarode son épouse et avec ses sœurs Marie et Marie Madeleine de Sarode (8). Ce cousin était le fils de Gabriel Théophile Bouquet dont l’épouse s’était vue saisir le fief de la Clavelière pour être vendu à la criée. Il avait été marié à Jeanne Marguerite Frappier.

De plus, Gabriel Bouquet (clerc tonsuré) et son frère Philippe Bouquet (chirurgien de la marine et apothicaire) possédaient en 1730 une rente noble de 32 boisseaux de seigle par an sur le tènement de la Basse Clavelière, due au seigneur de Saint-Fulgent. Celui-ci en rend aveu en 1774, indiquant en recevoir l’hommage plain et à rachat de Charles Auguste Tinguy de Vanzais, héritier des deux frères Bouquet (9).

Charles Auguste Tinguy afferma le 24 juillet 1776 la métairie de Vanzais (Mouzeuil), à Pierre Louis David demeurant au bourg de Bazoges-en-Pareds, à prix d’argent (1000 livres) pour 9 ans (1780-1789). La ferme comprenait aussi tous les cens, rentes, devoirs, terrages, complants dus à cause du lieu et métairie de Vanzais. Le bailleur ne signe pas « attendu la goutte qu’il a actuellement à la main droite et le tremblement de main qui l’agite » (10). On ignore cette maladie malgré le nom indiqué, le sens des mots en médecine ayant sa propre histoire.

Château du Pouët à Saint-Mars-la-Réorthe
Charles Auguste de Tinguy s’était marié en 1722 avec Marie Louise Morais, dame du Pouët (Saint-Mars-la-Réorthe), habitant tous deux ensuite à la Basse Clavelière. Ils eurent une fille Henriette Marie (1735-1805) qui fut sans postérité, et un fils, Charles Gabriel, qui fonda la branche des Tinguy du Pouët. Dans un acte de vente du 10 mars 1782, ils vendirent à Jean Badreau, leur voisin de la Basse Clavelière, une rente de 18 livres par an sur le gros moulin de la Bourolière à Saint-André (11). Leur père avait acquis une part de ce moulin moyennant une rente de 4 livres par an, mais il était alors en état de ruine. Ce qui surprend et reste sans explication dans cet acte est la mention (difficile à lire) de deux frères des vendeurs : Pierre Alexandre Benjamin de Tinguy, officier au régiment de Bourgogne infanterie, et Jean François de Tinguy, leur frère officier garde de la marine. Ces deux frères ne sont pas mentionnés dans un autre acte 16 ans plus tôt en 1766, de désistement dans le testament d’une parente de leur mère, Andrée Amaury (12). Surtout ils ne sont pas cités dans le travail de Théophile de Tinguy : La maison de Tinguy, notice généalogique et historique. Pour nous le mystère demeure sur leur existence.

Dans cette vente de la rente sur le moulin de la Bourolière en 1782, Charles Gabriel de Tinguy est qualifié d’écuyer seigneur du Pouët et lieutenant au régiment de Bourgogne infanterie. Il avait épousé Gabrielle Julie Félicité de Suzannet en 1755. Parmi leurs 7 enfants, dont beaucoup moururent jeunes, on distinguera Pierre Alexandre Benjamin de Tinguy qui épousa Louise Henriette Armande de Buor, et qui fut nommé maire de Saint-Fulgent de 1807 à 1828. Il fut ensuite remplacé par son propre fils, Louis Henri Benjamin de Tinguy du Pouët, de 1828 jusqu’à la Révolution de 1830. Un autre de ses fils, Léon Auguste de Tinguy du Pouët, fut nommé maire de Saint-André-Goule-d’Oie, à l’âge de 23 ans, de 1829 à 1830. Il habitait dans le logis du bourg qu'il avait acheté en 1829 à Marie Anne Quentin (13).

Charles Auguste de Tinguy devenu veuf, se remaria avec Marie Madeleine Thérèse de Vaugiraud aux Landes-Génusson le 30 août 1744 (vue 86/376 du registre numérisé), tante de Jean Aimé ci-dessus cité. Âgée alors de 44 ans, elle était la fille de Pierre de Vaugiraud et de Marie Desnos, qui habitèrent longtemps à la Logerie de Bazoges-en-Paillers. Thérèse de Vaugiraud vint vivre à la Clavelière, et n’eut pas d’enfant. Le couple s’était marié sous le régime de la séparation de biens dans leur contrat de mariage du 22 août 1744. On trouve un compte entre époux daté du 19 octobre 1780, résumé ainsi : il a été fait aujourd’hui un compte amiablement des pensions que ladite dame devait payer à son mari conformément à leur contrat de mariage. La somme s’élève à 400 livres, qui a été payée d’avance jusqu’en août 1781 et 1782. Les deux époux se font donc quittes. L’acte se termine par l’indication suivante : « le dit Tinguy de Vanzais a déclaré ne pouvoir signer quant à présent, attendu la goutte dont il est atteint à la main droite et du tremblement qui l’agite » (14). On se souviendra à cette occasion que James Parkinson est né en 1755 à Londres selon Wikipédia. Charles Auguste de Tinguy est décédé à Saint-Fulgent le 20 janvier 1782 (vue 1).

Jean Abraham de Tinguy de la Sauvagère (1709-1784) et Perrine Bruneau (1720-1792)


Frère de Charles Auguste, il était le 4e fils puîné  d'Abraham Théophile de Tinguy et de Marie Anne Suzannet. Il était qualifié de seigneur de la Sauvagère. Il épousa dans la chapelle du château du Boisreau à Chauché le 18 janvier 1746 (vue 6 du registre numérisé) Perrine Bruneau, dame de la Giroulière (Rabatelière). Le père de celle-ci était Philippe Auguste Bruneau (1692-1729), marié en 1710 avec Marie Madeleine de Chevigné, veuve de Fontenelle (15).

Des biens nobles et des biens roturiers :
Mur de jardin au logis de la Basse Clavelière 
(2018)
Ceux-ci possédaient un autre hôtel noble à la Basse Clavelière, voisin de celui des Bouquet. Et en 1774 le seigneur de Saint-Fulgent rendant aveu à Tiffauges, précise : « tient de moi à cause de mon dit hommage  à foi et hommage lige et à rachat par mutation de vassal, messire Abraham Tinguy de la Sauvagère et Perrine Bruneau son épouse, et à cause d’elle, héritière de Philippe Bruneau de la Giroulière son père et de dame Marie Madeleine de Chevigné, l’hôtel et hébergement de leur métairie de la Basse Clavelière, circonstances et dépendances, tant en maisons, appentis, fournil, granges, toits, toiterie, aire, aireaux, ruages, quaireux, avec un petit jardin auprès des dites maisons appelé le Jardin de l’Aire, et 2 petits morceaux d’ouche qui en dépendent, contenant la dite métairie tant en ce que dessus qu’en prés, terres labourables et gasts 143 boisselées ou environ (17 ha). Et est ladite métairie et domaines enclavés dans ledit tènement de la Basse Clavelière ci-dessus et ci-après confrontés, et sur laquelle m’est due et payée par chacun an au terme de mi-août la rente de 6 boisseaux d’avoine mesure de madite cour, chaque boisseau comble, de rente noble et rendable dans mon dit château » (16). Dans le même aveu à Tiffauges, le seigneur de Saint-Fulgent ajoute en plus recevoir l’hommage des mêmes pour une rente noble de 35 livres par an à eux due par Charles Auguste Tinguy de Vanzais, le frère, sur sa maison noble de la Clavelière dont on a parlé plus haut (17).

Ce tènement de la Basse Clavelière contenait 525 boisselées (64 ha environ), dont la moitié on le voit possédée par les deux frères de Tinguy. Ses redevances féodales roturières, auxquelles participaient Charles Auguste et Jean Abraham de Tinguy, se montaient au total à 28 boisseaux de seigle et 24 boisseaux d’avoine, plus 5 livres 14 sols 3 deniers, ceux-ci « pour journaux de quinzaine, taille, service, bians à 2 bœufs et charrette, cens à différents termes ». « Plus nous doivent Charles Tinguy seigneur de Vanzais, Abraham Tinguy de la Sauvagère sur les domaines roturiers de leurs métairies, 1 sol de taille, 1 sol de service, et 10 sols pour 1 bœuf » (18). On voit à quel point en 1774 ces droits féodaux, de montants symboliques ou faibles à la Basse Clavelière comme ailleurs, constituaient un maelstrom de droits acquis, où le droit de la terre fixait les obligations et droits fonciers de leurs propriétaires, nobles ou roturiers, humbles ou riches. Parmi ces derniers on relève au hasard, un notaire, un chirurgien et le maître de postes, habitants du bourg de Saint-Fulgent.

Rue du Logis à la Basse Clavelière
Au moins une maison actuelle de la rue du logis à la Basse Clavelière a pour origine l’un des deux logis que nous venons d’évoquer ou celui, construit ou aménagé plus tard, de Léon de Tinguy, qui quittera Saint-André pour habiter la Léonnière à la Basse Clavelière (voir le recensement de Saint-Fulgent en 1861). À l’arrière une ouche de grande surface est entièrement entourée de murs. Des recherches cadastrales permettraient de préciser ce point.

Une famille nombreuse et mobile : 
Le premier enfant de Jean Abraham de Tinguy et Perrine Bruneau, Charles Henri, naquit le 13 janvier 1747 (vue 15 sur le registre numérisé de Chauché) au château de Boisreau à Chauché, chez le vieux mari de la sœur de Jean Abraham, Louise Henriette de Tinguy, elle-même décédée. Leurs deux enfants suivants sont nés à Saint-Fulgent en 1748 et 1750, révèle le registre. Ensuite leurs enfants naquirent à la Chevaleraye (Saint-André) : quatre de 1751 à 1754. Puis à nouveau les suivants furent baptisés (sans doute nés) à Saint-Fulgent : quatre de 1757 à 1761. Dans cette période les parents habitaient dans le bourg de Saint-Fulgent (19). En 15 ans, Perrine Bruneau mit au monde 11 enfants qui survécurent à la naissance, même si deux d’entre eux moururent jeunes. En cela sa vie ressemblait à celle des autres femmes de sa paroisse. En revanche elle devait avoir du personnel de maison pour l’aider, voire elle mettait ses bébés en nourrice, mais notre documentation sur ce point fait défaut.  

Ces lieux des naissances, associés aux actes notariaux disponibles, nous révèlent les demeures successives du couple. Après le Boisreau, il se fixa d’abord à Saint-Fulgent de 1748 à 1750 dans un lieu non repéré, puis à la Chevaleraye de 1751 à 1754, à nouveau à Saint-Fulgent, dans le bourg, au moins dès 1757, jusqu’au moins l’année 1763. Ensuite ils habitèrent le Coudray de manière avérée de 1766 à 1771. Puis ils déménagèrent à la Giroulière (Rabatelière). Le frère aîné de Perrine Bruneau, Jacques Philippe Auguste (1711-1763), seigneur de la Giroulière, s’était marié en 1748 avec Marie Aimée des Hommes. Celle-ci est décédée aux Brouzils le 4 février 1763 (vue 11), quelques mois après son mari. A cette date les héritiers de ce dernier étaient Perrine et son frère, Charles Auguste Bruneau, seigneur de la Pitière (Chauché) (19). Dans un partage ultérieur, Perrine eut la Giroulière et s’y installa. En 1778 au moins on l’y trouve avec son mari, et jusqu’au dernier jour de la vie de celui-ci le 18 mars 1784, âgé de 75 ans. Perrine Bruneau s’éteignit en 1792 à Chavagnes, où elle habitait dans le bourg depuis 1786. Le 20 janvier 1771 est décédée au Coudray (vue 12 du registre numérisé de Saint-André) Anne Florence Bruneau, parente de Perrine Bruneau, non située dans sa généalogie. De ses demeures à Saint-André on ne trouve pas trace de la présence de Jean Abraham de Tinguy dans le seul procès-verbal d’assemblée des habitants de la paroisse en 1765, le plus ancien conservé, mais cela constitue une indication trop ténue pour en tirer une conclusion.

Sa demeure  à la Chevaleraye s’explique par l’achat vers 1747, des métairies de la Boutinière, et de la Chevaleraye par Perrine Bruneau, qui les paya sur ses biens propres pour le prix de 4 950 livres. Pour cela elle avait été remboursée d’une rente que lui devait Marguerite Élisabeth Angélique de Farcy du Rozerai, épouse d’Anne Arthus de Bonchamps, chevalier seigneur de la Baronnière (Anjou). Elle vendit aussi une métairie aux Essarts pour financer cette acquisition (20).

Une demeure simple
Vieille maison à la Chevaleraye à Saint-André 
(vers 1970)
On chercherait néanmoins en vain les traces d’un manoir dans le village de la Chevaleraye, tout simplement parce qu’il n’a vraisemblablement pas existé. Peut-être sa maison ressemblait-elle à celle de la Roussière de Saint-Fulgent, où logeaient les Royrand, eux aussi de famille noble. Pompeusement appelée logis, celle-ci était une maison en murs de pierres grises apparentes et toit de tuiles, sur deux niveaux : quelques pièces en enfilade au rez-de-chaussée et des greniers à l’étage. Leur standing et leur taille différenciaient ces logis des maisons plus petites, en toit parfois recouvert de végétal séché, des autres habitants du village. Mais, vu d’aujourd’hui, on a pitié de toutes ces habitations, logis des nobles compris. Des anciens dans les années 1970 se souvenaient de vieux bâtiments dans le village de la Chevaleraye appelés « logis », et aujourd’hui disparus. Il y avait une plaque de cheminée marquée d’une fleur de lys, ce qui aurait signifié la marque des de Tinguy (21). Leurs armes portaient bien effet « d'azur à quatre fleurs de lys posées deux et deux ».

Au Coudray il y avait un logis, habité jusqu’en 1763 au moins par Charlotte de Puyrousset, dont nous perdons la trace ensuite, son mari étant mort à la fin de l’année 1761. On sait qu’elle vendit ce qui restait du fief du Coudray à René Loizeau en 1767. Il ne serait donc pas étonnant que le logis ait été occupé par les de Tinguy de 1766 à 1771, mais nous n’en savons rien. Nous avons fait la description du lieu dans un article publié sur ce site en septembre 2014 : L'ancien logis du Coudray au 18e siècle à Saint-André-Goule d’OieEn aurait-il été propriétaire ? Nous ne pouvons pas répondre. A le voir déménager aussi souvent tout au long de sa vie, on finirait par ne pas s’étonner de constater qu’il ait été simple locataire. Cette bougeotte reste exceptionnelle pour quelqu’un de son milieu à cette époque. Et elle ne tient pourtant pas à une fortune insuffisante apparemment.

Une gestion personnelle des métairies : Nous avons décrit quatre baux de ses deux métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye. Voir nos articles publiés sur ce site en septembre et octobre 2015 :  La Boutinière à Saint-André-Goule-d’Oie, et La Chevaleraye et la Javelière La ferme annuelle de la Boutinière est montée de 230 livres en 1766 à 264 livres en 1771, signée à chaque fois par Jean Abraham de Tinguy. En 1776, le fermier est un boulanger de Saint-Fulgent, qui la sous-loue moyennant le prix annuel de 300 livres. La ferme annuelle de la Chevaleraye était de 240 livres en 1771. Et ces hausses importantes des prix des fermes sur une courte période posent question. Certes l’époque était à la hausse des fermes, mais ici elle parait plus forte que ce qui se faisait dans la contrée. Il y a probablement derrière ces hausses une amélioration de la mise en valeur de l’exploitation agricole. Celle-ci pouvait reposer sur un défrichement de l’espace ou (et) une orientation plus poussée de l’activité vers l’élevage, activité risquée mais rémunératrice. De plus, l’achat vers 1747 des deux métairies ensemble de la Boutinière et de la Chevaleraye pour 4950 livres, parait peu élevé en comparaison de l’estimation détaillée des métairies du château de la Rabatelière près de 90 ans plus tôt. On soupçonne une bonne affaire pour les acquéreurs. Ajoutons une autre remarque : dans les actes qu’il signe Jean Abraham de Tinguy n’est pas mentionné comme militaire à la différence de son frère et de beaucoup d’autres nobles de sa famille dans la région. On voit en définitive émerger des textes un Jean Abraham de Tinguy de la Sauvagère en gentilhomme fermier. 

Le nouveau métayer qui s’engage à la Boutinière le 7 juin 1771 vient de la Giroulière, remplaçant au pied levé un preneur précédent qui se désista de son bail 2 mois auparavant. Heureusement le bail de 5 ans ne devait commencer qu’à la Saint-Georges 1772 (22). La clause concernant les corvées effectuées au profit du bailleur a fait l’objet d’une discussion, car on ne s’est pas contenté de la formule générale et toute prête des notaires. Il est écrit que le preneur est tenu « d’un charroi à trois lieues (12 kms) à la ronde pendant le cours des présentes », ce qui est peu et inférieur à l’usage écrit, étant bien précisé que le bailleur ne pourra « rien demander ni exiger du preneur les années qu’il pourrait ne pas lui faire faire ledit charroi, ni les répéter d’une année à l’autre ». La nourriture des « bouviers » (conducteurs de bœufs), sera prise en charge par le bailleur « seulement que lorsqu’ils seront en la demeure dudit sieur bailleur, soit en partant, soit à leur retour » (la coutume le prévoyait déjà) (22). Ces phrases résultent à l’évidence d’une discussion entre le nouveau preneur et Jean Abraham de Tinguy. Celui-ci a dû s’engager par écrit sur ce qu’il avait promis pour trouver le preneur à bail qu’il voulait. Dans la nouvelle ferme qui suivit en 1776, on voit le fermier (le boulanger qui sous-afferme) ajouter des corvées supplémentaires à son profit : 10 charrois par an avec bœufs, charrette et un homme pour charroyer les bois, landes et fournilles (menu bois et branchages) pour chauffer son four tout proche dans le bourg de Saint-Fulgent (23). On soupçonne cette formule de sous-ferme résultant des problèmes de santé du propriétaire.

La Boutinière (Saint-André)
André Grolleau, meunier dans le village de la Boutinière, entreprit en 1783 la construction d’une grange dans le village, le long d’une pièce de terre appartenant à Jean Abraham de Tinguy. Ce dernier protesta d’un empiétement de terrain et d’une gêne pour l’écoulement des eaux. L’histoire en elle-même a peu d’intérêts, mais à lire la transaction qu’ils actèrent devant notaires pour régler le conflit entre eux, on voit deux personnes traiter d’égal à égal (24). Et pourtant l’un était noble et l’autre roturier. Que le noble ne fût pas seigneur de la Boutinière ne parait pas avoir influé sur les comportements, même si leur différence de statut devait marquer leurs rapports de civilité. À cette occasion Abraham de Tinguy « a déclaré ne pouvoir signer attendu sa faiblesse et l’indisposition d’un grand tremblement ». Cela ressemble beaucoup à la maladie qu’a eue son frère Charles Auguste, notée dans des actes en 1776 et 1780 et appelé « goutte ».

Les métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye furent vendues par Perrine Bruneau, alors veuve, en novembre 1789 à Agnan Fortin, le dernier seigneur de Saint-Fulgent, moyennant la somme de 22 000 livres, prix marqué par l’hyper inflation de l’époque.

La solidarité familiale : 
Jean Abraham de Tinguy et sa femme vendirent le 27 décembre 1766 la rente foncière annuelle et perpétuelle de 60 livres par an, due par des particuliers sur une maison, prés et terres sises au bourg de Belleville, pour le prix de 1200 livres. Elle était échue à Perrine Bruneau et ses cohéritiers par le décès de René Valentin Bruneau, vivant seigneur de Beaulieu (Mouilleron-le-Captif), leur oncle mort sans enfant (25). Le lendemain Abraham de Tinguy et sa femme achètent pour 1500 livres à la veuve de ce dernier, ses meubles et effets, pour en disposer à son décès seulement. L’achat a été fait pour effacer une dette de la veuve et de son défunt mari, d’un même montant (26). La veuve, Louise Barbier, avait épousé le 31 août 1725 René Valentin Bruneau, sieur de Beaulieu, originaire de la Rabatelière. Celui-ci fut inhumé le 7 juin 1763 à 63 ans. Il était le fils de René Tristan, seigneur de la Giroulière (1659-1714), marié en 1688 avec Marie Sapinaud. Son frère Philippe Auguste Bruneau eut pour fille Perrine Bruneau.

Une réelle fortune
Jean Abraham Tinguy a emprunté le 24 août 1778 la somme de 2 000 livres à René Landrieau sous forme d’une rente constituée annuelle et perpétuelle de 100 livres, rachetable à la volonté de son débiteur. La rente était rendable au-devant de la porte de l’église du bourg de la Rabatelière. La clause est inhabituelle, mais on n’allait quand même pas demander à un noble d’aller porter son versement au domicile d’un créancier roturier ! René Landrieau est meunier demeurant à la Jarrie (Saligny), et contracte comme tuteur d’Élisabeth Suire, fille mineure du 2e mariage de défunt Jacques Suire et feue Marie Landrieau sa 2e femme. Cette somme de 2 000 livres provenait du remboursement d’une rente constituée de 100 livres à la mineure Suire, faite par Charles Royrand de la Roussière, à qui Landrieau avait prêté auparavant les 2 000 livres le 3 juin 1775. Ce montant représentait la valeur de la succession mobilière des père et mère de la mineure Suire (27). Il y avait nécessité pour le tuteur de cette mineure de placer une somme aussi importante de manière sûre, à une époque et dans une contrée dépourvues de banque. Les notaires remplissaient ce rôle souvent. Il faut se rappeler que les rentes foncières et constituées se créaient à 5% de rendement, suivant un édit royal systématiquement respecté dans les nombreux actes lus dans la contrée. La concurrence était donc exclue, laissant toute la place au critère essentiel recherché dans tout placement d’argent, la confiance en l’emprunteur. Faute d’en savoir plus sur les circonstances de l’acte notarié, on n’affirmera pas ici que l’emprunteur a rendu service au prêteur. Mais la question reste posée. D’autant que l’historien Chassin a indiqué, sur la foi de Cavoleau (ancien secrétaire général de la préfecture de la Vendée en 1800), que les paysans plaçaient volontiers leur argent « au château » avant la Révolution. Et il explique ainsi pourquoi les châteaux ne brûlèrent pas en 1789. Venant d’un historien classé chez les « bleus », l’explication parait bien exclusive néanmoins, mais il s’était essayé à comprendre la situation particulière de la Vendée sur ce point (28).

Château de Puytesson
D’autant qu’il fallait posséder les moyens d’emprunter, et sur ce point il paraît que c’était le cas de Jean Abraham de Tinguy et de Perrine Bruneau. La dot de leur fille Henriette prévue dans son contrat de mariage en 1768, nous le montre. Elle est de 15 000 livres, et ce contrat est instructif. D’abord le marié est Charles Antoine Durcot seigneur de Puytesson et de Chauché, demeurant en son château de Puytesson à Chauché. Célibataire et âgé de 56 ans, il avait surpris une conversation de son neveu avec sa femme sur l’héritage à venir de Puytesson. Vexé, mais homme de décision, le seigneur de Puytesson avait enfourché son cheval le lendemain et foncé chez son voisin au Coudray, Abraham de Tinguy, âgé de 3 ans de plus que lui. Sans excès de romantisme, il lui avait demandé la main de sa fille Henriette, âgée de 17 ans. L’affaire fut rapidement conclue. Le contrat de mariage prévoyait que les futurs époux seront communs en biens meubles et immeubles, acquêts et conquêts immeubles, à moitié chacun, et dans les conditions de la coutume du Poitou. À l’effet de quoi la future est dotée pour elle-même de la somme de 15 000 livres « en argent sonnant et effectif du cours de ce jour, comptées par elle au seigneur de Puytesson devant les notaires, lequel l’a prise et lui en fait quitte ». Les droits mobiliers du futur sont évalués à pareille somme, de sorte que le fonds de la communauté se monte à 30 000 livres en effets mobiliers.

La future épouse aura droit, si elle survit à son époux est-il écrit sérieusement par les notaires, à renoncer à la communauté d’entre eux, ou de l’accepter. Si elle renonce, elle aura droit de reprendre quitte de charges, la somme de 15 000 livres, et tout ce qu’elle justifiera avoir mis en la communauté. Et en cas d’insuffisance sur les biens fonds du futur, seront garantis la chambre garnie et les habits de deuil (valeur de 1 200 livres). S’il y avait un enfant vivant du futur mariage au décès du futur, en renonçant à la communauté, la future ne pourra prétendre de ses enfants qu’à 750 livres chaque année jusqu’à son décès, au lieu des 15 000 livres de dot qui resteront à ses enfants. Mais si les enfants venaient à mourir avant elle, elle retrouverait la somme de 15 000 livres à son profit. La future aura en outre douaire coutumier (part des immeubles du mari réservée à la veuve), si le cas advenait (29). Il ne faudrait pas croire que les contrats de mariage et de telles clauses étaient destinés à la gestion des fortunes. Ils géraient tous les patrimoines, et on a vu des contrats de mariage pour des dots de 70 livres à la même époque chez les mêmes notaires. Alors, certes le seigneur de Puytesson était un bon parti pour la première fille à marier de la maison, mais il y avait quand même 9 enfants à établir. On en déduit que notre gentilhomme fermier, quoique habitant de modestes demeures, avait des biens.

Les enfants dans la guerre de Vendée
Les enfants de Jean Abraham de Tinguy et de Perrine Bruneau allaient devoir subir et affronter la période de la guerre de Vendée. Voici un bref aperçu de leurs destinées :
-        L’aîné Charles-Henri, né au château de Boisreau en 1747, est décédé à la Chevaleraye, en 1756.
-        René-Abraham, né 1748, est décédé le 2 décembre de l'année suivante.
-        René-Henri, né en 1750, se destina d'abord à l'état ecclésiastique et fut pourvu de la chapellenie de Saint-Antoine de la Cantinière dans l'église de Saint-Denis-la-Chevasse en 1767, n’étant encore que dans les ordres mineurs (30). Il renonça définitivement à la carrière d'Église, se démit de son bénéfice, et en 1788 se maria avec Thérèse Ursule du Plessis de Grénédant. Celle-ci était la fille d’Élisabeth Montaudouin et la petite-fille de René Montaudouin, qui avait acheté la vicomté de la Rabatelière en 1725 et la seigneurie de Languiller en 1745. Après son mariage, René Henri de Tinguy vécut dans le marais poitevin, et participa aux combats de la guerre de Vendée à la tête de sa paroisse de Bouin. Charette le nomma gouverneur de l’île de Noirmoutier. Capturé par les républicains, il eut la langue arrachée et mourut fusillé le 10 janvier 1794 sur l’île par les bleus, deux jours après l’exécution du généralissime d’Elbée.
-       Henriette, née en 1751, épousa Charles-Antoine Durcot (voir ci-dessus son contrat de mariage). Avec elle se perpétua la famille des Durcot de Puytesson. 
-        Louis Charles, né en 1752, s’engagea dans la marine et épousa Renée Sophie de Barberé. Il émigra puis fut nommé maire de la Rocheservière en 1816, et sa descendance continua la branche aînée des Tinguy de la Giroulière. Il fut amnistié le 26 frimaire an XI (17-12-1802) (31).
-        César Gabriel, né en 1754, participa à la guerre de Vendée, mais dut abandonner à cause d’infirmités. Il épousa Henriette de Goué au château de la Chabotterie. Il a habité la Giroulière et fut maire de la Rabatelière. Il fut à l’origine de la seconde branche de la Giroulière, et sa descendance est parvenue jusqu’à nos jours.

Union Chrétienne à Luçon




-        Perrine-Esprit, née en 1756, fut religieuse de l’Union Chrétienne à Luçon.
-        Marie Julie Renée, née en 1757, fut aussi religieuse à l'Union Chrétienne à Luçon.
-        Marie-Madeleine, née en 1758, décéda en 1792 lors d’une traversée en mer.
-        Joseph François, né en 1760, fut témoin au mariage de d'Elbée (futur généralissime des armées vendéennes) à la Gaubretière. Il épousa Marie Pélagie de Boisy-Gouffier, dont il n’eut qu’une fille. Il émigra en 1792 et fut amnistié le 18 frimaire an XI (9-12-1802) (31).
-        Jeanne Henriette, née en 1761. Le parrain fut Charles Guyet, le futur républicain de Saint-Fulgent. La marraine fut Henriette Proust, fille de Louis Prosper Proust de Saint-Fulgent. Sans alliance, elle est décédée à Poitiers le 5 avril 1810.

La place de la noblesse locale dans la paroisse


Au terme de ce récit on voit beaucoup de similitude entre la vie des de Tinguy et des de Vaugiraud, les deux familles nobles qui vécurent à Saint-André-Goule-d’Oie au 18e siècle. Nous n’évoquons pas ici les familles nobles de la Boutarlière qui n’ont pas habité dans la paroisse la plupart du temps. Ce fut le cas souvent en revanche de celles de Linières, mais leur histoire personnelle nous échappe en partie faute d’archives pour cette période. Pour ce que nous avons repéré, elles apparaissent proches de « leurs gens », dans la tradition de l’époque. De petite fortune, malgré les biens possédés, les de Tinguy et de Vaugiraud faisaient jeu égal à cet égard avec les riches bourgeois de la contrée. Cette noblesse d’écuyers et de chevaliers s’est d’ailleurs mêlée à eux par des mariages au 17e siècle. Au siècle suivant on l’observe chez les de Vaugiraud et chez les Bouquet, mais pas chez les de Tinguy, il est vrai plus fortunés qu’il n’y paraît. Leurs histoires, avec celles des familles de bourgeois, Moreau et Fluzeau à Saint-André, Proust et Guyet à Saint-Fulgent, ajoutées à celles des 24 villages de Saint-André où nous avons pu approcher la vie de leurs propriétaires roturiers, accumulent de nombreux faits de société des 17e et 18e siècles. Ils nous paraissent suffisants pour proposer en un bref résumé les observations générales suivantes sur la noblesse de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie :

-        La vision de la famille est la même pour tous, d’inspiration catholique : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre » (Bible). Elle est élargie aux membres collatéraux, et on y est solidaire dans la maladie et la mort. Une différence partagée avec les riches bourgeois cependant : on ne vit pas en communautés familiales au « même pain et pot » à plusieurs couples, comme les laboureurs et les artisans.

-        Le patrimoine foncier est au centre de la réussite matérielle. Les mariages, les dots et les successions sont à son service dans tous les milieux. Mais chez les nobles, la règle du préciput favorise l’aîné dans les successions, alors que les roturiers, sans distinction de sexe, restent égalitaires entre eux.

-        Les droits seigneuriaux sont régis par un droit féodal du sol qui fixe ses lois aux propriétaires, quelle que soit leur appartenance sociale. Et le principal suzerain à Saint-André, le seigneur de Languiller, a dispersé ces droits par des ventes tous azimuts au milieu du 16e siècle. Après cela, les redevances féodales ont fortement mixé les relations d’affaires des bourgeois et des nobles entre eux. Et pour les petits propriétaires, elles les liaient autant aux bourgeois qu’aux nobles.

-        Les nobles vivent au milieu des populations, et gèrent parfois eux-mêmes leurs biens. C’est moins vrai néanmoins que pour les bourgeois, et notre petit échantillon accentue une réalité certainement moins évidente ailleurs. C’est que beaucoup de ces nobles ont eu deux activités : militaire d’abord et fermier ensuite. Cependant, dans les petites paroisses voisines de la Rabatelière et de la Barotière, le seigneur local, important par les surfaces possédées, est omniprésent par l’intermédiaire de ses officiers et régisseurs, et n’habite pas sur place.

-        Les couples avec leurs enfants et leurs communautés familiales connaissent une mobilité relative. Les métayers courent d’une métairie à l’autre dans des baux à durée déterminée, et les nobles bougent d’un fief à l’autre au gré des mariages, partages et acquisitions. Certes le phénomène n’est pas important mais il existe.

-        Les habitations sont presque toutes modestes dans leur confort de vie, malgré les signes extérieurs qui savent distinguer les humbles et les riches. Les châteaux sont rares, et même les grands logis comme à Saint-André.

-        Les rapports d’affaires (arrentements, baux, ventes) ont parfois une part significative de négociation entre les parties, qui ne laisse pas toujours en pratique le roturier en état d’infériorité. Certes là aussi, il ne faut surtout pas exagérer l’observation, mais il serait dommage de ne pas noter sa réalité.

On pourrait à l’inverse relever d’autres observations qui décrivent les frontières entre les nobles et les roturiers, de manière plus profonde, notamment dans le domaine des droits d’honneur de la noblesse, des impôts et de la justice. Sans omettre que chez les roturiers, comme chez les nobles, il existait des couches sociales de différents niveaux. Notre propos n’est pas d’oublier l’acquis de la recherche historique la mieux établie en ce domaine. Il n’est pas non plus de nier l’intérêt des théories comme le marxisme dans la compréhension des sociétés humaines. Il est seulement de montrer que la réalité a été plus complexe qu’on ne la cru trop longtemps.

Dans cette société rurale de la petite paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, on peut observer ainsi à la veille de la Révolution Française des facteurs de cohésion à la frontière entre les roturiers et les nobles de petites fortunes. Cela n’a pas été le cas partout en France. Seront-ils plus forts que les facteurs de divisions dans les réactions de cette société au processus révolutionnaire ? Les frontières et les différences aboutiront-t-elles à des coupures dans l’épreuve de l’action politique ? On devine la réponse, mais à Saint-André-Goule-d’Oie la documentation fait défaut pour la montrer tout simplement, tant dans le cahier de doléances que dans les peurs antiaristocratiques de l’été 1789, par exemple. Et puis dans les communes voisines de la Rabatelière et de la Barotière, on a une situation de la noblesse locale très prépondérante au contraire. La révolte vendéenne y a pourtant été la même qu’à Saint-André. En revanche, les bourgeois importants, comme Simon Guyet de Saint-Fulgent, ont recherché l’accession à la noblesse avant 1789, puis revendiqué ensuite l’égalité des droits de l’homme. La « supériorité de naissance » des nobles leur était plus insupportable qu’aux paysans, bien sûr, les prédisposant ainsi en faveur de la Révolution. 

Débarrassé des relents de propagande sur le moment et dans l’historiographie, la plupart des historiens relativisent désormais la réalité du rôle des nobles dans l’histoire de la Révolution, tenant compte en particulier des différences dans les nombreuses contrées du royaume. Les récits soulignent en plus l’importance de l’alibi que ceux-ci ont constitué, quand ils étaient présentés comme « le régime des coups de bâton et de l’esclavage le plus odieux » (32).


(1) Théophile de Tinguy : La maison de Tinguy, notice généalogique et historique, 1896, http://la.maison.de.tinguy.free.fr/topic/index.html
(2) Aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, page 16.
(3) G. de Raignac, Diverses maintenues de noblesse par Quentin de Richebourg, Archives ce Vendée : 8 J 75, page 210. Jean Maillaud a relevé la date du contrat de mariage du 7 janvier 1669 : Archives de Vendée, notes généalogiques de Jean Maillaud, Tome 18, page 78.
(4) Aveu du 8-11-1720 de Rambervillers à Languiller pour divers domaines, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 53.
(5) Reconnaissance du 10-9-1770 de rentes par Charles de Tinguy sur sa maison noble, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120.
(6) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent, page 25 et 26.
(7) Notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120, reconnaissance du 31-8-1770 d’une rente constituée pour Charles de Tinguy.
(8) Voir : http://famillesdevendee.fr/de_sarode.html, famille Sarode.
(9) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent, page 28.
(10) Notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120, ferme du 24-7-1776 de Vanzais (métairie et droits).
(11) Notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/124, arrentement du 10-3-1782, du gros moulin à vent de la Bourolière.
(12) Notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119, désistement du 18-4-1766 du testament Amaury au profit des Tinguy.
(13) Inventaire des 5 et 6 janvier 1835 à la requête de Léon Auguste de Tinguy, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Pertuzé : 3 E 30-27.
(14) Notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/123, compte du 19-10-1780, des époux Tinguy.
(15) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 33, les Bruneau.
(16) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent, page 26.
(17) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent, page 28.
(18) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent, page 91.
(19) Traité du 25-1-1763 sur le douaire de M. Aimée des Hommes de la Giroulière, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30.
(20) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, vente du 11-11-1789 des métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye par P. Bruneau à A. Fortin.
(21) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 76-1, lieux-dits de Saint-André-Goule-d’Oie. 
(22) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6, ferme de la Boutinière de Jean Abraham Tinguy à Roy du 7-6-1771.
(23) Ibid. fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 76-1, Saint-André-Goule-d’Oie, lieux-dits et autres.
(24) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, transaction du 16-12-1783 entre de Tinguy et André Grolleau concernant la construction d’une grange à la Boutinière.
(25) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/4, vente du 27-12-1766 d’une rente de 60 £ par Tinguy à Voyneau.
(26) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/4, vente du 28-12-1766 de ses meubles par la Veuve Bruneau à Tinguy.
(27) Notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/123, arrentement du 24-8-1778, de 2000 £ par Tinguy de la Sauvagère.
(28) Ch. L. Chassin, Préparation à la guerre de Vendée, Tome 1er, cité par M. Faucheux dans L’émigration vendéenne de 1792 à l’an XI, 1976, page 39. Gallica.fr.
(29) notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120, contrat de mariage du 30-5-1768 d’Henriette Tinguy et de Charles Durcot.
(30) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, nomination du 6-6-1789 à la chapelle Saint Antoine de la Cantinière par Henriette de Tinguy de Puytesson.
(31) Marcel Faucheux, l’émigration vendéenne de 1792 à l’an XI, 1976, page 145. Gallica.fr. Et Beauchet-Filleau, Tableau des émigrés du Poitou, pages 29 et 125.  
(32) Proclamation des représentants Carra et Auguis affichée le 30 mars 1793 à Fontenay-le-Comte, source : Charles Louis Chassin, La Vendée Patriote, T. 1, page 45/46.


Emmanuel Francois, tous droits réservés
août 2018, complété en juin 2023

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