Les fondations religieuses rencontrées aux 18e
et 19e siècles dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie se
rapportaient à un bien donné en pleine
propriété à l’Eglise, pour financer des œuvres à réaliser ou des messes à
célébrer sur une durée déterminée ou à perpétuité. Il n’y avait pas toujours de
contrat chez le notaire, mais ce contrat existait bien, de nature morale. Nous
le verrons avec les bouleversements politiques et financiers au 20e
siècle subis par les fondations religieuses. Il nous semble que les fondations
peuvent être distinguées des simples legs pour alimenter la caisse des messes
ou la caisse des pauvres gérées par le curé de la paroisse, dans la mesure où
le don reçu était directement employé sans donner lieu à une gestion particulière.
C’était par exemple le cas du simple legs de Ferdinand Rochereau en 1910.
À cette date Ferdinand Rochereau de la Boninière fit
son legs au curé de Saint-André, et non pas à la fabrique, supprimée par la loi
de séparation de l’Église et de l’État en 1905. L’argent était légué pour dire
des messes et allait de toute façon directement à la « caisse des
messes » gérée par le curé. Mais il y avait aussi un legs aux bonnes œuvres.
Le curé avait toujours géré les dons aux pauvres et continuait de le faire,
alors qu’en 1910 un bureau municipal de bienfaisance avait été créé pour
recueillir les biens de la fabrique dédiés à l’aide aux pauvres. À Saint-André
le curé dirigeait ce bureau avec un conseiller municipal, tous deux désignés
par la commune. C’est
dire que dans cette paroisse les autorités gouvernementales ne réussirent pas à
évincer le curé de la vie sociale. Au total Ferdinand Rochereau léguait 3 000 F, « dont
1 800 F pour des messes pour moi, 200 F pour des messes chantées pour mes sœurs
Véronique et Marie Rochereau (décédées à 25 ans et 3 ans), et 200 F pour des
messes pour mon père et ma mère, Jean Rochereau (1804-1868) et Modeste
Piveteau. Le reste sera employé en bonnes œuvres à la volonté du curé » (1).
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Chapelle de la Vierge dans l’église de
Saint-Germain-en-Laye
(Décoration du plafond par Amaury-Duval)
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Les fondations rencontrées à partir du 18
e
siècle dans les archives de la paroisse de Saint-André ont des traits en commun
avec certains bénéfices ecclésiastiques comme les chapelles, mais doivent en
être distinguées. Nous connaissons une chapelle, ou chapellenie ou stipendie,
dans l’église de Saint-André, sur laquelle nous avons écrit un article publié
en mai 2014 :
La chapelle des Moreau dans l'église de Saint-André-Goule-d’Oie. Le titre de fondation de la chapelle est un
acte notarié du 3 décembre 1685, signé par les héritiers de Jean Moreau, curé
de La Couture et originaire de Saint-André. Ils créent un fonds de deux messes
par semaine, alimenté par les paiements d’une rente foncière de 75 livres par
an. Elles devront être dites «
en
l’église de Saint-André à la chapelle qui doit être bâtie » (2). Pour
réaliser sa construction dans la nef, l’acte prévoit de prélever trois mille
livres sur les paiements déjà dus des rentes. Le titulaire de la chapelle était
un clerc ou prêtre, et en 1712 les débiteurs de la rente étaient, pour la
moitié chacun, le seigneur de Vaugiraud de Logerie (Bazoges-en-Paillers) et le
comte de Bessay (proche de Luçon). En 1727, «
monsieur le titulaire de la chapelle des Moreau à Gouldoye »
reçut un avis à payer un montant de 4 livres, 15 sols et 3 deniers, soit le
total de neuf petites sommes dues depuis 6 ans au titre des décimes
ecclésiastiques (le clergé ne payait pas d’impôt, mais était obligé de verser
un « don gratuit » au roi).
Examinons maintenant les fondations connues de la
paroisse de Saint-André dans l’ordre chronologique.
Les
Fondations de messes et d’œuvres connues de 1702 à 1905
Fondation de messes Andrée Robin sur une pièce
de terre à la Boninière (1702)
La plus ancienne fondation de messes à Saint-André-Goule-d’Oie
conservée dans les archives de la paroisse remonte à 1702 : « Par testament du 20 décembre
1700 passé par Proust et Arnaudeau, notaires des châtellenies de Saint-Fulgent,
Andrée Robin, veuve de défunt Christophe Grolleau, donne à Maurice, fils
d’André Boudaud, demeurant à la Boninière, une pièce de terre sise audit
tènement de la Boninière appelée la Segouinière, à la charge audit Boudaud de
faire faire pendant 20 années consécutives un service pour le repos de mon âme
dans l’église de Saint-André, le lendemain de la fête de saint André, plus de
faire dire une messe dans ladite église le lendemain de la fête de saint Thomas
aussi pendant 20 années. Au bout desquelles 20 années ledit service finira et
ledit Boudaud n’en doit plus rien payer au prieuré. Ce service a commencé le
dernier décembre 1702 et doit finir le lendemain de la fête de saint Thomas
l’année 1722 inclusivement ». Ce texte est une note de Lemaçon, prieur de
Saint-André (1699-1719), dans son livre de comptes (3).
Fondation de messes André Fonteneau de 6 livres
de rente (1711)
La deuxième fondation
de messes conservée dans les archives remonte à 1711, quand André Fonteneau
l’aîné, demeurant à la Bourolière, a vendu par arrentement à Étienne Fonteneau
et sa femme Marie Fonteneau des domaines au village et tènement (terroir) de la
Bourolière, moyennant une rente foncière annuelle et perpétuelle de 6 livres,
payable chaque 27 mai au prieur de Saint-André. Ce dernier avait la charge, en
contrepartie de ce legs, de faire trois services par an et de dire et célébrer
une grand-messe à chaque service pour le repos de l’âme d’André Fonteneau et de
ses successeurs parents et amis. Les arrentements étaient fréquents à l’époque,
assurant un revenu perpétuel au vendeur, ici légué au prieur, tout en
permettant à l’acheteur d’acquérir à crédit. C’est le bien qui était grevé de
cette rente payée par son propriétaire. Ce dernier pouvait généralement
racheter la rente moyennant le versement à son bénéficiaire, du capital ou
valeur initiale du bien (20 fois le montant de la rente annuelle suivant un
usage réglementé). Pour le prieur c’est ce qu’on appelait une fondation de
messes, et on voit qu’une messe chantée valait 2 livres au début du 18e
siècle. Ensuite les biens ont été vendus à André Millasseau demeurant à la
Porcelière, qui dû continuer de payer la rente (4). Dans ce cas nous avons la
description de ces domaines : 2 petites maisons, 40 gaulées de jardins,
1,38 boisselée de pré, 1,5 boisselée de terre et 2 boisselées de lande. Estimé
le tout valoir 120 livres de capital, on en déduit que les maisons devaient
être en triste état, sans doute laissées à l’abandon par le donateur, qui avait
80 ans au moment de son legs au prieuré (5).
Fondation de messes
par un anonyme (1827)
Après la Révolution et le concordat de 1801
rétablissant la liberté religieuse, un décret du 30 décembre 1809 fixa le
régime des biens et revenus des paroisses en les confiant à des établissements
publics, appelés fabriques comme sous l’Ancien régime. Elles pouvaient recevoir
des legs après accord de l’évêché et autorisation préalable du préfet. Suivant
le régime décidé par la Révolution à cause de la confiscation des biens du
clergé, l’État en effet assurait le traitement des membres du clergé
catholique, protestant et juif. Napoléon tint à garder un œil sur l’activité
religieuse. Le concordat avec le pape spécifiait en son article 15 :
« Le
gouvernement prendra également des mesures pour que les catholiques français
puissent, s'ils le veulent, faire en faveur des églises, des fondations ».
C’est ce qui explique que c’est le préfet de la Vendée qui autorisa le
23 avril 1827 l’acceptation d’un don anonyme de 100 F au profit de la fabrique
de Saint-André-Goule-d’Oie. La somme fut déposée chez Me Charrier notaire à
Luçon, et avait une contrepartie en services religieux, ceux-ci, ainsi que leur
durée, n’étant pas précisés dans l’arrêté préfectoral (6).
Fondation de messes pour le général Charette et
ses compagnons (1827)
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Paulin Guerin, Général Charette (musée d'Art et d'Histoire de Cholet)
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Mgr Soyer, évêque de Luçon, invita les paroisses de
la Vendée à constituer une fondation au capital de 100 F « pour la
fondation d’une messe solennelle tous les ans le lundi de la passion pour le
repos des âmes du général Charette, des braves qui sont morts en défendant la
cause sacrée de l’autel et du trône, et des autres victimes de la fidélité
pendant la guerre de la Vendée ». Nommé au retour du roi Louis XVIII avec la re-création
de l’évêché de Luçon, qu’avait supprimé Napoléon, l’évêque s’exprimait comme un
homme politique et défendait la cause des royalistes légitimistes en même temps
que l’Église catholique. Il mit ainsi, comme souvent, les anciens combattants
de la guerre de Vendée au service de sa cause politico-religieuse. L’Histoire
nous habitue à cette « instrumentalisation » des anciens combattants.
Les membres de la fabrique de l’église de Saint-André acceptèrent la demande de
l’évêque à l’unanimité lors de leur séance du 27 mars 1827 (7). La fabrique
n’était pas riche mais la cause était sacrée. Elle finança la création de cette
fondation de manière non précisée au départ. Mais ce financement posa problème
au 20e siècle, comme nous le verrons plus loin.
Fondation d’œuvres et de messes de Marie You
(1855)
Le 8 novembre 1849 Marie You, fille de Jean You et
de Louise Cougnon, fit son testament en faveur de son mari, de son gendre, de ses
neveux et de la fabrique de l’église paroissiale de Saint-André. Son mari,
François Seiller, propriétaire cultivateur demeurant au village de la
Gandouinière, a tous ses biens en usufruit. Les biens meubles, en nue-propriété
pendant la vie du mari, vont moitié à Jean
Cougnon et à ses enfants demeurant à la Ridolière, et l’autre moitié à François
Cougnon aubergiste dans le bourg de Saint-André et à ses enfants. Son gendre, Jean
Baptiste Grolleau de la Clavelière, a le quart de ses immeubles en
nue-propriété, et la fabrique les trois quarts aussi en nue-propriété jusqu’au
décès du mari. La part du gendre sera prise sur les immeubles
de la Gandouinière et environs, dont jouit à titre de métayer M. Griveaux. Les
revenus des autres immeubles de la Gandouinière (contenant 7 ha) revenant à la
fabrique, devront être employés,
moitié à être distribués chaque année aux pauvres de la commune de Saint-André-Goule-d’Oie,
et l’autre moitié au traitement d’une institutrice, à condition qu’elle
appartienne à une congrégation religieuse, et à la charge d’instruire
annuellement et perpétuellement 12 petites filles pauvres de la commune. On
venait d’inaugurer une école des filles appartenant à la fabrique en cette
année 1849. Enfin, les
revenus annuels des immeubles à la Ridolière, contenant 3 ha 50 ares, devront
être employés chaque année à faire chanter à perpétuité dans l’église de Saint-André-Goule-d’Oie
12 messes à l’intention des familles You et Robin (8). Avec ce legs nous avons
une fondation de charité pour les pauvres, une fondation de financement d’école
et une fondation de messes.
Marie You est décédée le 31 octobre 1855 à la
Gandouinière (vue 6 du registre numérisé), et on a le paiement de 42,5 F par la
fabrique en 1856 d’un acte d’attestation de son testament par le notaire de
Saint-Fulgent (9). La fabrique paie encore le 21 janvier 1858 pour les droits
de succession la somme de 724 F au receveur des domaines à Montaigu, dont
dépendait la commune de Saint-André. Et elle paie 97 F le 26 juin suivant pour
les mêmes droits au receveur des domaines des Essarts, à cause des terres de la
Gandouinière situées aux Essarts (10). Les 7 ha de terres de la Gandouinière
formaient une borderie louée par la fabrique pour un prix annuel d’environ 400
F à la fin du 19e siècle, payé en deux termes (11). Les comptes qui
le font apparaître indiquent par exemple en 1881 : « Le conseil a
aussi été d’avis de laisser à M. le curé la disposition des 200 F provenant de
la ferme de la Gandouinière aux pauvres les plus nécessiteux de la paroisse, et
il a vu que dans la caisse des pauvres il y avait actuellement 500 F, dont 300
F ont été économisés afin d’acheter un petit mobilier mis à la disposition des
malades pauvres quand on jugera le moment propice, et 200 F pour être
distribués » (12).
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Autoportrait d’Amaury-Duval vers 1870
(Musée d’Orléans)
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La fabrique gérait le patrimoine, encaissait les
revenus, mais s’agissant de les distribuer, le curé continuait d’assurer son
rôle ancestral d’intermédiaire de solidarité dans les œuvres de charité. Pour
cela il avait l’habitude de solliciter les riches pour distribuer aux pauvres.
C’est ce qu’il fit par exemple avec Amaury-Duval, châtelain de Linières, sur
des cas particuliers.
On a n’a pas d’information conservée sur la partie
des revenus provenant de la borderie de la Gandouinière devant servir au
traitement d’une religieuse. Peut-être le curé se chargeait-il aussi de cette
tâche. On n’en a pas non plus pour les revenus des terres de la Ridolière
devant servir à dire des messes. La fabrique devait acquitter chaque année le
prix des 12 messes à
l’intention des familles You et Robin. L’éventuelle différence entre le prix
des messes et les revenus touchés étant son affaire.
Fondation
de messes des époux Gautron (1864)
Le 8 mars 1864 chez le notaire Léon Chauvin de
Saint-Fulgent, René Gautron, propriétaire demeurant au bourg de Saint-André-Goule-d’Oie,
dicte son testament. Il lègue à la fabrique de l’église de Saint-André une
partie de ses biens, soit 2 champs d’une surface totale d’un ha 42 ares, à la
charge de faire dire 5 messes par an pendant 20 ans et de payer ses obsèques.
Le legs est en nue-propriété durant la vie de son épouse pour en jouir ensuite par
la fabrique après sa mort. Il s’agit du champ du Cimetière et du champ de l’Ouche
Avrillé, situés près du cimetière. Le même jour chez le même notaire, l’épouse
de René Gautron, Marie Jeanneau, fit un testament identique en faveur de son
mari et de la fabrique pour les mêmes champs et aux mêmes conditions (13). Le
conseil de fabrique accepta ce legs, mais à la préfecture on demanda des
détails avant de l’autoriser. En témoigne la lettre du préfet à l’évêque de
Luçon du 19 janvier 1967 : « La testatrice est décédée le 26
septembre 1866, et son conjoint était mort le 8 juin 1864. Or elle lègue ses
parts et portions qui pourront lui revenir dans les deux champs cités dans le
testament, d’où le consentement des héritiers à la délivrance du legs. Il
serait utile de connaître les titres en vertu desquels la fixation de la part
léguée a été faite. Pour cela, demandez monseigneur à la fabrique des
éclaircissements. De plus il eut été utile de connaître le montant total du
legs, frais de sépulture et d’actes compris pour connaître l’actif net revenant
à la fabrique ». L’autorisation fut donnée le 22 mai 1867 (14).
Fondation de messes pour François Cougnon fils (1873)
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Stèle de François Cougnon
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Il était fils de l’ancien capitaine de paroisse au
temps de la guerre de Vendée, François Cougnon (1776-1848). François Cougnon
fils (1792-1858) s’était
marié le 7 juillet 1813 à Saint-André avec Marie Loizeau et le couple
n’eut pas d’enfants. Il était riche propriétaire au Coudray comme son père. À sa mort, ses biens allèrent à ses cousins Rochereau et Chaigneau. C’est ce qui
explique que Mme veuve Jean Chaigneau du Coudray a donné à la fabrique en 1873 la
somme de 1 500 F pour financer la construction de la nouvelle église, à
condition que chaque année, à perpétuité, un service de 2e classe et
deux messes seraient chantées pour François Cougnon son parent décédé au
Coudray (convention du 7 mai 1873). Quand la dette fut remboursée par la
fabrique, celle-ci acquit une rente sur l’État, payée par la donatrice avec le
remboursement de la somme prêtée, dont les revenus devaient financer les messes
annuelles (15).
Fondation d’œuvres Amaury-Duval (1885)
Le
châtelain de Linières, Amaury-Duval, est décédé le 26 décembre 1885,
célibataire. Dans son testament il avait fait son légataire universel un cousin
au 5e degré, Eugène de Marcilly, pour le domaine de Linières et ses
600 ha en métairies, deux immeubles à Paris et quelques placements financiers.
Il a légué aussi pour 30 600 F de rentes viagères annuelles à ses parents
et amis, à la charge du légataire universel. C’est une somme importante
représentant 10 fois le revenu annuel d’une métairie comme la Morelière. Parmi
les bénéficiaires on trouve Isidore Martin curé de Saint-André-Goule-d’Oie, à
qui il légua une rente viagère de 600 F, « sûr qu’elle sera employée en
bonnes œuvres », écrivit-il. Il légua la même somme au curé de
Saint-Hilaire-de-Mortagne, qu’il avait connu vicaire à Saint-André de 1871 à
1881, Armand Charrier. Ces rentes viagères étaient temporaires, s’éteignant à
la mort de leurs bénéficiaires. D’ailleurs l’abbé Charrier mourut en 1888 à
l’âge de 41 ans. En revanche le curé Martin resta curé de Saint-André jusqu’en
octobre 1891 et mourut deux ans plus tard à l’âge de 64 ans. Le consentement
aux legs par le légataire universel a été enregistré par un notaire de Paris en
juin 1886. E. de Marcilly a affecté une hypothèque au bénéfice des deux curés à
hauteur de 12 000 F chacun, gagée sur un immeuble de 540 m2
lui appartenant, avenue
de Villiers à Paris. En conséquence les deux bénéficiaires des rentes « se
sont désistés du privilège résultant du testament en ce qu’il frappe la terre
de Linières », ne conservant le privilège testamentaire que pour un immeuble
du Faubourg Montmartre (16). À côté de la borderie de la Gandouinière à 400 F
par an, dont la moitié aux pauvres et l’autre à l’école des filles, cette rente
de 600 F d’Amaury-Duval dû grandement faciliter la tâche du curé dans l’aide
aux pauvres.
Fondation de messes de Jeanne You (1885)
Jeanne Louise You, demeurant à la Ridolière et sœur
de Marie You évoquée plus haut, avait laissé dans son testament à Étienne
Piveteau, son mari, la jouissance de tous ses biens jusqu’à la mort de l’époux,
et avait légué à la fabrique de l’église de Sain-Andé la somme de 3 000 F, que ses héritiers devaient payer dans l’année
suivant la cessation de l’usufruit du mari, à la charge par la fabrique de
faire célébrer annuellement et à perpétuité un service et une messe chantée
pour le repos de son âme et de celles de ses parents dans l’église de
Saint-André-Goule-d’Oie. Elle est décédée le 19 février 1883 (vue 181) à l’âge
de 84 ans.
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Église de Saint-André-Goule-d’Oie
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Son mari Étienne Piveteau mourut le 24 février 1885, ajoutant de son
côté un legs à la fabrique de 400 F « à la charge par ladite fabrique de
faire célébrer dans l’église de Saint-André des messes pour le repos de mon âme
et celui de mes plus proches parents jusqu’à concurrence de cette somme de 400
F » (17). La fabrique accepta le legs de 3 000 F, mais les héritiers
refusèrent de s’exécuter. L’héritière de Jeanne You, Aimée Boudeau veuve de
Charles Piveteau de Villeneuve (Chauché), ne jouissant pas de la plénitude de
ses facultés intellectuelles, ne put donner cette somme à la fabrique (17). On
s’adressa à ses enfants pour accepter le legs et verser la somme de 3 000
F, y compris par huissier. Ils refusèrent et écrivirent une lettre envoyée au
préfet le 24 août 1885 pour le supplier de ne pas donner son autorisation au
legs de 3 000 F à la fabrique. Puis vint s’ajouter le legs supplémentaire
de 400 F d’Étienne Piveteau, mais que la fabrique n’accepta pas pour laisser
quelques biens aux héritiers.
Dans sa réunion du 30 septembre 1885 le conseil de
fabrique adopta un argumentaire à envoyer au préfet pour plaider en faveur de l’acceptation
du premier legs :
-
Bien qu’âgé de 82 ans et malade mentalement,
Aimée Boudeau n’est pas alitée et vit chez son fils Élie Piveteau dans une
métairie de 34 ha dont elle a un quart des parts, où elle a son logement et où
elle rend de petits services. De plus elle possède des terres qu’elle afferme
260 F par an et 4 journaux de vigne. Son revenu la fait à peu près vivre et
elle n’a pas la peine de vendre son bien pour cela, car elle vit comme ses
enfants avec beaucoup d’économies, dit-on. En campagne tout se sait et les
membres du conseil ne se laisseront pas abuser !
-
Les héritiers de Jeanne You ne sont pas riches.
Cependant ils vivent convenablement. Et de détailler les revenus de chacun,
citant des chiffres, par exemple Aimée Piveteau et son mari Pierre Seiller
jouissent de 7 à 800 F de revenus. « Pour des personnes vivant simplement,
c’est une petite fortune », etc. « Charles Piveteau cultive le bien
de sa femme, environ 6 ha de terre, un autre ha reviendra à sa femme quand elle
perdra son père. » La pratique des économies était très partagée à cette
époque en campagne, sans qu’il faille la confondre avec l’avarice, ce qui
serait faire preuve d’anachronisme dans le jugement.
-
Jeanne You n’a pas cédé aux pressions du curé,
ayant fait son testament 24 ans avant sa mort. Et le curé, accusé d’avoir faire
pression sur elle, est arrivé dans la paroisse 8 ans après la date du
testament. L’accusation a donc existé.
Cet argumentaire est révélateur de l’état d’esprit
de l’époque dans la commune. Et le conseil de fabrique de préciser sous la
plume du curé : « Tout le monde à Saint-André sait qu’elle était
généreuse et qu’elle avait à cœur de faire de bonnes œuvres. Elle racontait
avant sa mort combien elle était heureuse d’avoir employé une bonne partie de
son bien aux bonnes œuvres. »
Le vicaire général de l’évêché de Luçon conseilla
au curé de refuser aux héritiers l’absolution « parce qu’ils agiraient
contre la justice. Mais vous ferez bien de les admettre aux sacrements jusqu’à
ce que la question soit définitivement réglée » (18). Là aussi le
comportement de la hiérarchie catholique apparaît fortement daté. On trouve une
délibération du conseil municipal de Saint-André en date du 15 juillet 1885,
approuvant le legs à la fabrique (vue 22 du registre numérisé aux Archives de
la Vendée). On ne sait pas comment l’affaire s’est terminée, mais dans un
inventaire des fondations de messes de la paroisse vers 1930, on ne trouve pas
de messes à l’intention de Jeanne You.
Fondation de messes pour le curé Guibert (1905)
En 1905 le vicaire général de l’évêché de Luçon
envoya au curé de Saint-André une somme de 200 F, en lui demandant de gérer
cette somme dont les revenus paieraient une messe chantée chaque année à l'intention de Prosper Guibert, soit le 7 novembre (date d’arrivée de Guibert
comme curé de Saint-André en 1857), soit le 19 mars. D’où venaient ces 200
F ? Le document ne dit rien, et on suppose qu’ils ont pour origine un legs
ou un don à l’évêché, ou peut-être de l’évêché lui-même. Jeune prêtre, Prosper
Guibert avait été secrétaire de l’évêque. Puis il avait été nommé curé de
Saint-André à l’âge de 32 ans en 1857, pour être muté ensuite en 1861 à
Cheffois puis à l’Hermenault (dictionnaire des Vendéens aux Archives de Vendée).
Dans sa lettre le vicaire général demande au curé « de faire accepter
cette fondation au conseil curial de Saint-André, qui devra prendre l’achat
d’un titre de rente au porteur pour en assurer l’exécution » (19). C’est
avec le revenu de la rente qu’on paierait la messe. Les mots de « conseil
curial » désignent l’organisme ayant remplacé la fabrique supprimée par la
loi.
Le bouleversement
de la loi de 1905
Dans l’inventaire des biens de la fabrique fait le
1e février 1906 en application de la loi de 1905 dite de séparation
de l’Église et de l’État, on trouve bien sûr les terres de la Gandouinière et
de la Ridolière du legs Marie You. On lit dans cet inventaire :
« Maison et pièces de terre de la Gandouinière (sis à Saint-André, Chauché
et les Essarts), affermées au sieur Gaborieau moyennant 320 F par an », et
« Diverses pièces de terre à la Ridolière (Saint-André) portées au
cadastre sous les nos .... la contenance totale des immeubles sis à la
Ridolière et à la Gandouinière est de 43 boisselées 47 ares 32 ca » (20).
Cette surface, correspondant à 5 ou 6 ha, est plus faible que les 10,5 ha du
legs testamentaire et qu’on retrouve ensuite dans la gestion de ces biens. On
connaît la vive hostilité des paroissiens à cette loi, et on a probablement
divisé par deux la surface déclarée volontairement. On constate de plus que
d’autres biens immobiliers ayant appartenu à la fabrique ont échappé à
l’inventaire au moyen de ventes fictives à des particuliers de confiance.
Toujours est-il que ces terres de la Gandouinière
et de la Ridolière furent attribuées à un bureau de bienfaisance créé en 1910
par la commune de Saint-André-Goule-d’Oie. À cette occasion le conseil
municipal adopta une résolution unanime dont voici le texte : « Le
président donne connaissance au conseil d’un décret attribuant à la commune les
biens de l’ancienne fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie et une lettre de M. le
préfet demandant l’avis du conseil pour la création d’un bureau de bienfaisance
chargé de gérer lesdits biens. Le conseil regrette que la fabrique soit privée
de ressources qui lui avaient été bien valablement données. Considérant que le
meilleur moyen de respecter la volonté des donateurs est de secourir les
pauvres de la commune, accepte la dévolution et vote la création d’un bureau de
bienfaisance chargé de gérer, d’accord avec le conseil municipal, les biens
attribués à la commune » (21).
Il restait la fondation de messes, dépourvue
désormais de ressources pour raison politique. Ainsi les messes à l’intention
des défunts des familles You et Robin de la fondation de Marie You (1855), ont
été payées par la fabrique jusqu’en 1906. « À cette époque, de par la loi
de 1905, dite loi de séparation, les susdits biens légués à ladite fabrique,
ont été confisqués et attribués au bureau de bienfaisance de la commune de
Saint-André-Goule-d’Oie. Les messes n’ont pu être dites », écrit plus tard le
curé de Saint-André (22). Le 19 décembre 1926 le conseil municipal de
Saint-André approuve la délibération de la commission administrative du bureau
de bienfaisance du même jour, attribuant à l’association diocésaine de Luçon le
revenu des 3,5 ha de terre mis en location à la Ridolière, et provenant du legs
You de 1849. La délibération rappelle la charge de l’association diocésaine de
faire chanter 12 messes pour les familles You et Robin (vue 17 des
délibérations municipales numérisées en 1926). Cette délibération précède les
actes officiels si l’on en croit le curé de la paroisse, qui écrit :
« en 1931, par arrêté préfectoral du 19 mars de la même année, un titre de
rente a été acheté par M. le maire de Saint-André et remis à l’association
diocésaine ». Rappelons qu’un modus vivendi fut conclu en 1924 entre le
gouvernement français et Rome, pour que des associations
diocésaines, contrôlées dans chaque diocèse par l'évêque, puisse gérer les
activités du culte. La loi de 1905 prévoyait des associations cultuelles au
niveau des communes, mais l’Église craignait que les laïcs, pas toujours bien
intentionnés, n'y prennent le pouvoir. Les relations entre l’État et l’Église
catholique s’améliorèrent, et vers 1927/1928 (note du curé) parut une
note ministérielle sur les fondations pieuses, disant que les associations
diocésaines pouvaient réclamer les fondations de messes enlevées aux défunts ou
défuntes par la loi de 1905 (23).
On voit qu’il fallut attendre 1931 pour
recommencer à financer la fondation de Marie You, avec apparemment les deniers
de la commune et en réalité les revenus de son legs. Encore que la commune devait
avoir le feu vert au préalable du préfet. À la suite de quoi, cette fondation
était gérée désormais par l’association diocésaine possédant un titre de rente produisant
un revenu de 72 F annuel. Car on n’a pas transféré les terres de la Ridolière
au diocèse, comme le voulait le conseil municipal. On a acheté un titre de
rente dont les intérêts paieraient les messes.
Le
bouleversement de l’inflation des prix au 20e siècle
Les prix ont été multipliés par 3 en moyenne
pendant la première guerre mondiale de 1914-1918. Après une relative
stabilisation à partir 1920, voire une baisse à cause d’une crise économique
mondiale déclenchée aux États-Unis, les prix repartirent à la hausse à l’été
1922. En janvier 1923 ils avaient été multipliés par 4 en moyenne par rapport à
1914, par 6,5 en 1928. Cette forte augmentation de ce qu’on appelait alors « la vie
chère », posa problème pour les fondations de messes. Les honoraires des
messes augmentèrent aussi de 3 F à 10 F puis 15 F. Nous n’évoquerons pas ici
les messes promises aux paroissiens bienfaiteurs qui avaient prêtés de l’argent
sans intérêt pour la construction de la nouvelle église en 1876/1879. On leur
avait promis qu’une messe serait dite à leur intention. Cette promesse se
heurta aux difficultés financières post première guerre mondiale, comme nous
l’évoquons dans notre article sur la construction de l’église et son
financement. Voir notre article publié sur ce site en mars 2019 :
La construction de la nouvelle église à Saint-André-Goule-d’Oie (1875).
Les 72 F annuels du titre possédé par l’association
diocésaine pour acquitter les 12 messes chantées à l’intention des familles You
et Robin devinrent insuffisants
en 1933, à cause de l’augmentation des honoraires des messes. En conséquence, Mgr
Garnier a décidé d’un nombre de 24 messes de 1934 à 1937 au taux de 15 F. La
fondation ne comprendrait donc que 6 messes annuelles (24). À cause d’un impôt
nouveau de 10 % sur les revenus des rentes et de l’augmentation de l’honoraire
de la messe chantée à 20 F, l’évêché réduisit ensuite en 1941 le nombre annuel
de messes chantées à 3. En 1943 il fut décidé d’une messe chantée les années
paires et 2 messes chantées les années impaires.
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Obligation au porteur de 1919
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D’autres fondations furent aussi victimes de
l’augmentation des honoraires des messes, celles de Charette, de François
Cougnon fils et du curé Guibert. En 1926, le curé de Saint-André écrit à
l’évêché de Luçon qu’elles étaient financées sur « des titres au porteur 3
% déposés dans la caisse de l’ancienne fabrique et produisant 20 F d’intérêt
annuel » (25). Les sommes données à l’origine, comme les 100 F pour la
messe Charette, avait été transformées en rente sur l’État, dont les revenus
servaient à l’acquittement des messes. Au temps du franc-or et de la stabilité
relative des prix sur longue période du 19e siècle, c’était de sage
gestion. Mais en 1926 il manquait 25 F pour financer les messes devenues plus
chères. Remarquons au passage que ces titres ne figurent pas dans l’inventaire
de 1906 des biens de la fabrique. Ils étaient au porteur avec un numéro et non
pas nominatifs, et on ne les montra pas. Sur les conseils de Mgr Mercier,
vicaire général de l’évêché de Luçon, le curé Leboeuf de Saint-André acheta en mars 1927 dans
une banque de la Roche-sur-Yon 2 titres de rente 4 % 1917, produisant un intérêt
annuel de 40 F, dont 10 F pour la fondation Charette. Ils furent déposés dans
le meuble de la fabrique (nom ancien employé pour désigner le conseil curial
qui l’avait remplacé). Mais le revenu de 10 F n’était pas assez important et l’évêque
réduisit en 1927 la fondation Charette à une messe chantée tous les 3 ans (26).
L’inflation continue des prix empira et les rendements financiers baissèrent.
Vers 1940, le revenu de la rente Charette n’était que de 4,5 F, et l’évêque
réduisit la fondation à une messe chantée tous les 7 ans, puis en 1943 tous les
9 ans. Mgr Cazaux, évêque de Luçon, demanda en 1946 à la paroisse de
Saint-André le versement à l’évêché de Luçon de la rente pour la fondation Charette.
« À partir de ce versement, les paroisses seront déchargées de cette
fondation », est-il noté s’agissant d’une mesure générale (27).
Les 20 F d’intérêt annuel produit par les titres au
porteur 3 %, furent réservés à la messe pour le curé Guibert. L’évêché
décida : « ils serviront à assurer la messe Guibert ». Vers 1940
le revenu annuel de 20 F était réduit à 18 F. En 1943 la messe chantée du curé
Guibert est réduite à une fréquence de tous les 2 ans au lieu de tous les ans.
Avec la décision de réserver les revenus des titres
à 3 % à la messe Guibert, il ne restait plus rien pour les 2 messes à
l’intention de François Cougnon fils. Le vicaire général de l’évêché de Luçon
conseilla au curé de Saint-André d’acheter un titre de rente rapportant 30 F de
revenus pour assurer les 2 messes chantées annuelles. La valeur d’une messe
chantée était alors de 15 F. Le curé Leboeuf lui répondit : « je
pourrais disposer du capital nécessaire. Une séance récréative qui vient d’être
donnée, m’a permis de réaliser quelques bénéfices que j’emploierai en partie à
l’achat des titres en question » (28). Et c’est ce qu’il fit, finançant en
même temps la fondation Charette (voir ci-dessus). Elles figurent toujours dans
un tableau des fondations de la paroisse daté vers 1930, et reposent sur un
capital versé produisant alors 35 F de rentes annuelles. Mais vers 1940 le
revenu a baissé à 31,50 F par le prélèvement légal de 10 % des rentes
françaises. L’évêché réduisit la fondation à une messe chantée annuelle, puis 3
messes chantées en 4 ans à partir de 1944.
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Chanoine Constant Charpentier
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La fondation de messe pour les prêtres Charpentier
représente un cas particulier de gestion par l’évêché. Elle est postérieure à
la loi de 1905. En 1926 en effet, monseigneur Garnier, évêque de Luçon, ordonna
qu’une messe chantée soit célébrée chaque année à perpétuité dans l’église de
Saint-André-Goule-d’Oie le 28 janvier si possible à l’intention de MM.
Ferdinand et Louis Charpentier. L’honoraire de chacune des messes est fixé à 30
F dont 15 F pour le prêtre, 5 F pour le chantre et 10 F pour l’institution
dépositaire du capital (29). Ferdinand Charpentier (1847-1911) avait été curé
dans diverses paroisses et s’était fait connaître par ses nombreux livres et
articles d’Histoire, dont celui consacré à l’histoire de sa paroisse
d’origine : Chez nous en 1793,
Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen. Jean
Louis Charpentier (1830-1912) avait été curé de Luçon et doyen du
chapitre de la cathédrale. Ils étaient deux frères originaires du Clouin. Leur
neveu, le chanoine Constant Charpentier, était alors directeur
du secrétariat social de la Vendée.
Dans un rapport en 1927 à l’évêché de Luçon du curé
de Saint-André, on lit que la fondation de la messe annuelle aux abbés
Charpentier était financée par 4 titres de rentes 4 % produisant un intérêt de
30 F, dont il donne les numéros. Et le curé d’ajouter que ces titres avaient
été entre les mains de l’abbé Gustave Fonteneau, mort en 1925 curé de
Beaulieu-sous-la-Roche (30). Il est donc à l’origine de la fondation de messes
l’année d’après par l’évêque. Gustave Fonteneau était un neveu des deux
bénéficiaires des messes, fils de Jean Baptiste Fonteneau et d’Eulalie
Charpentier. Il fit de son cousin l’abbé Constant Charpentier, chanoine
honoraire de l’église de Luçon et directeur du secrétariat social de Vendée, son
légataire universel, lequel, de par la volonté du défunt, pria le curé de
Saint-André d’accepter, pour lui et ses successeurs, la charge de la messe
annuelle de fondation aux abbés Charpentier. Mais les titres furent donnés à
l’évêché et non à la paroisse, et le 22 juillet 1926, l’évêque fit remettre au
curé de Saint-André « l’ordonnance suivante par laquelle était assurée la
célébration de la messe susdite ». La situation était toujours la même
vers 1930. Mais vers 1940, l’honoraire de la messe étant de 40 F, l’évêque
réduisit la fondation à 3 messes chantées par période de 4 ans. Le revenu était réduit à 27
F en 1943, et l’honoraire de la messe porté à 50 F, en conséquence la fondation
fut réduite à 1 messe chantée tous les 2
ans.
Ainsi voit-on les fondations religieuses victimes
de la politique antireligieuse et surtout de l’inflation des prix au début du
20e siècle. La neutralité de l’État obligeait-elle à confisquer les
biens de l’Église ? L’objectif essentiel était avant tout de diminuer l’influence
de cette dernière, quitte à financer désormais par l’impôt l’entretien des
églises. L’inflation des prix obligeait-elle l’Église à continuer d’investir
dans des obligations financières ? Certes non, mais s’agissant de biens
collectifs d’autres placements plus risqués et rémunérateurs devaient être
exclus. À moins de se transformer en gestionnaire de patrimoines, et encore
.... En ce domaine qui pourrait donner des leçons au milieu des désastres
économiques du 20e siècle ? N’est-ce pas le sort des épargnants que
de payer ces désastres ?
(1) Testament du 5-8-1910 de
Ferdinand Rochereau au curé de Saint-André, Archives de la paroisse de
Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie : carton no 29,
chemise VI.
(2) Mémoire de Claude Prosper Moreau à l'évêque de Luçon pour le banc de l'église et la présentation à la chapelle, sans date. Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29.
(3) Livre des recettes du prieuré commencé
en 1671, ibidem : carton no 28, chemise IV.
(4) Copie du titre
nouveau de la rente de 6 livres du 14-5-1747, due par Millasseau au prieur de
Saint-André-Goule-d’Oie sur des domaines à la Bourolière, ibidem : carton
no 29, chemise VIII.
(5) Legs en 1711 au
prieuré d’une rente de 6 livres à la Bourolière, ibidem : carton no 29,
chemise VI.
(6) Don anonyme de 100 F au profit de la fabrique,
ibidem : carton no 29, chemise VI.
(7) Recettes et dépenses de la
fabrique de Saint-André (1821-1829), ibidem : carton no 29, chemise V.
(8) Testament de Marie You du 6 novembre 1849, avec
un legs à la fabrique, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(9) Recettes et dépenses de la
fabrique de Saint-André (1846-1856), ibidem : carton no 29, chemise V.
(10) Dépenses et recettes de la fabrique de 1857 à
1860, ibidem : E 2/11.
(11) Ferme du 1-4-1879 de la propriété de la
fabrique à la Basse Gandouinière, ibidem : carton no 29, chemise
VIII
(12) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1881, ibidem : E 2/2.
(13) Testament du 8 mars 1864 de René Gautron avec
un legs à la fabrique, et testament du 8 mars 1864 de Marie Jeanneau avec un
legs à la fabrique, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(14) Acceptation du legs de la dame Gautron en 1867,
ibidem : carton no 29, chemise VI.
(15) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1880, ibidem : E 2/2.
(16) Hypothèque pour la rente d’Amaury-Duval au
curé Martin et autres, ibidem : carton no 31, chemise XIII.
(17) Registre des délibérations du conseil de
fabrique pour 1885, ibidem : E 2/2.
(18) Lettres en 1885 au sujet du legs contesté de
Jeanne You à la fabrique, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(19) Fondation d’une messe pour le curé Guibert en
1904, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(20) Inventaire de la fabrique le 1-2-1906,
ibidem : carton no 29, chemise VII.
(21) Délibérations
municipales numérisées aux Archives de la Vendée, commune de
Saint-André-Goule-d’Oie : 1er mai 1910, vue 71.
(22) Fondation de 5 messes chantées pour les
défunts des familles You et Robin, dans le dossier des fondations de messes à
Saint-André (1927-1945) : carton no 29, chemise VI.
(23) État en 1934 des biens confisqués,
ibidem : carton no 29, chemise VII.
(24) Ordonnance de l’évêque de Luçon du 30 novembre
1933, dans le dossier des fondations de messes à Saint-André (1927-1945) :
carton no 29, chemise VI.
(25) Rapport adressé à Mgr Mercier, vicaire général
de Luçon, sur les fondations et les dettes de l’église de St André Goule d’Oie,
du 2 décembre 1926, dans le dossier des fondations de messes à Saint-André (1927-1945),
ibidem : carton no 29, chemise VI.
(26) Lettre du vicaire général Mercier au curé de Saint-André
du 11 juin 1927, dans le dossier des fondations de messes à Saint-André (1927-1945),
ibidem : carton no 29, chemise VI.
(27) Nota concernant la demande de l’évêché de
Luçon le 18-02-1946 au curé de Saint-André pour la fondation Charette, dans le
dossier des fondations de messes à Saint-André (1927-1945, ibidem : carton
no 29, chemise VI.
(28) Lettre du curé Leboeuf au vicaire général du 1-2-1927
dans le dossier des fondations de messes à Saint-André (1927-1945), ibidem :
carton no 29, chemise VI.
(29) Mandement de l’évêque en 1926 pour des messes
aux frères Charpentiers, prêtre, ibidem : carton no 29, chemise VI.
(30) Réponses du curé de Saint-André à un
questionnaire de Mgr Mercier, dans le dossier des fondations de messes à
Saint-André (1927-1945) : carton no 29, chemise VI.
Emmanuel François, tous droits réservés
Avril 2019