lundi 2 décembre 2019

Les seigneurs de Puy Greffier à Saint-Fulgent


Dans nos recherches sur l’histoire de Saint-André-Goule-d’Oie, nous avons rencontré des seigneurs du Puy Greffier. Le lieu est désormais une simple métairie dans la commune de Saint-Fulgent, un peu à l’écart de la route qui conduit du bourg de Saint-Fulgent à celui de Bazoges-en-Paillers. Même les ruines de son ancien château ont disparu. À 500 mètres vers l’est coule toujours le ruisseau de la Grande Maine, mais le moulin à eau de la Dalle n’existe plus. Et encore un peu plus loin le village de Paillers, ancienne petite cité gauloise, a tout oublié de son lointain passé, devenu ensuite le siège d’un doyenné du diocèse de Poitiers au Moyen Âge. Le siège a été déplacé à Montaigu, mais le nom de Paillers a gardé au long des siècles une solide pérennité. Le paysage de ces lieux nous parle peu désormais des temps anciens, mais des écrits attendent notre curiosité, qui nous permettent de proposer un récit sur l’histoire des seigneurs de Puy Greffier. Malheureusement ces écrits ne commencent qu’au 14e siècle, laissant dans un oubli définitif les hommes des siècles précédents. Les premiers seigneurs connus sont les Bouchet. 

Famille Bouchet (de) 1337 à vers 1570


Château du Puy du Fou en ruines avant 1980
Un Jean du Bouchet, seigneur d’Avau, du Sableau (Saint-Vincent-sur-Jard) et de Puy Greffier (1), était sénéchal de Tiffauges en 1337, quand Miles 1er de Thouars, seigneur de Tiffauges, lui arrenta des biens. Ce dernier portait les armes pour le roi d’Angleterre en 1362 et 1364, en pleine guerre de Cent Ans (2). Le deuxième fils de Jean Bouchet, Pierre Boschet (Bouchet remplacerait Boschet à dater du règne de Charles VIII selon B. Fillon) est docteur ès lois vers 1382 et président au parlement de Paris. Il acquiert en 1393 Saint-Germain-des-Prés (près de Luçon) saisi sur Guillaume Ancelon (3) et fut seigneur de Saint-Cyr-en-Talmondais (4). Ce Pierre Bouchet, serait mort fort âgé en 1410 (4), sans postérité et fut inhumé à Saint-Fulgent où il avait fondé une chapelle (5), très probablement la stipendie de Lérandière (voir à la fin de l’article). Son frère, Jean Bouchet (idem (4)), aura une fille, Jeanne, dame de La Noue de Talmont, seigneurie qu’elle apporta à Jean du Puy du Fou, et un fils, Nicolas, qui héritera de la seigneurie de Saint-Cyr (en-Talmondais près des Sables-d’Olonne), et sera seigneur de Puy Greffier (6).

Nicolas Bouchet épousa vers 1400 Éliette de Montfaucon. Son petit-fils, François Bouchet, épousa vers 1460 Isabeau du Puy du Fou. Ils eurent Jeanne, mariée à Jacques de Montalembert, seigneur de Vaux. Ils eurent aussi Jean du Bouchet seigneur de Puy Greffier, qui épousa Jeanne Bouer de la Frogerie. Il accompagna Louis XII dans la guerre d’Italie. Ces derniers eurent au moins Tanneguy, Joachim et Charles. C’est en 1508 que René du Bouchet (probablement frère de François ci-dessus) fit son aveu à Thouars pour la petite seigneurie de la Prillaire (Chavagnes-en-Paillers). Ce fut le dernier aveu rendu par un Bouchet, dont la famille possédait cette seigneurie depuis au moins 1385, date du premier aveu connu, par Maurice Bouchet. Ensuite Nicolas Bouchet fit le 2e aveu connu à Thouars en 1408 (7). 

Tanneguy du Bouchet (1484-1569), seigneur de Puy Greffier, fit ses premières armes dans le Milanais où il fut l’ami de Jean de Parthenay-l’Archevêque. Tanneguy du Bouchet aurait dirigé l’éducation du fils de son ami, le jeune seigneur de Soubise, et l’aurait accompagné à la cour de Ferrare où il se laissa entièrement gagner aux doctrines calvinistes (8). Il acheta le Poiroux en 1548, reconstruisant à peu près entièrement le château et le mit en défense. Il supprima en 1562 le culte catholique à Poiroux et y établi un temple qui resta debout tant qu’il vécut (9). Pour en recevoir un aveu en 1578 son successeur donna pouvoir à un parent, Pierre Savary, seigneur de la Fortecuyère (Boissière). Celui-ci était un protestant engagé lui aussi dans de nombreux coups de main dans la région de Montaigu contre les catholiques et leurs églises (10). Tanneguy du Bouchet fut un célèbre capitaine dans les rangs protestants durant les guerres de religion. Il participa à ce qu'on appela la conspiration d'Amboise en 1560 pour enlever le roi. Après la journée de Dreux en 1562, les chefs protestants l'envoyèrent comme gouverneur d’Orléans, sur l'avis que l'armée royale voulait assiéger cette ville. Comme gouverneur il punit sévèrement le sieur Deslandes, seigneur du Moulin, qui avait suborné la femme de Jean Godin, pendant que son mari était à l’armée. Pour crime d’adultère, du Moulin fut pendu et étranglé avec la femme Godin en la place de Martroy à Orléans en 1563. L’affaire fit grand bruit à la cour dissolue du roi, car « il n'y a guère de crime qui jouisse mieux que celui-là du bénéfice de l'impunité », dit un chroniqueur de l’époque (11). En septembre 1567, lorsque la seconde guerre civile éclata, le seigneur de Puy Greffier fut choisi pour conduire à Condé les troupes rassemblées dans l'Ouest. Il établit son quartier général à Confolens, et vit arriver successivement à la tête de leurs contingents plusieurs seigneurs poitevins, dont Soubise, Languiller (Jules de Belleville), Rouhaut (sieur du Landreau), Pardaillan. Il mena une campagne en grande partie victorieuse ensuite jusqu’à Pont-sur-Yonne où il rejoignit Condé. Dans la troisième guerre (1568-1570), Condé, qu'il avait escorté jusqu'à La Rochelle, lui confia le gouvernement de cette ville importante, mais des infirmités inséparables de son grand âge, l'obligèrent en 1569 à céder sa charge à La Noue. « Cependant les désastres de son parti lui rendirent une partie de l'activité et de l'énergie de sa jeunesse ; bien qu'âgé de 80 ans, il courut, après la bataille de Jarnac, se ranger sous les drapeaux de Coligny » (12). Il fut tué à la bataille de Moncontour en 1569, âgé de 85 ans (13). On ne lui connaît pas de postérité. Il avait emmené avec lui le prédicant Marcel Durrieu vers 1548 au Poiroux pour y prêcher la nouvelle religion. Ce dernier le suivit ensuite partout, prêchant dans ses seigneuries à Saint-Cyr-en-Talmondais et au Puy Greffier (14). 

Ruines du donjon de Moncontour en 2019
Son frère, Joachim du Bouchet, seigneur de Villiers-Champagne, épousa Renée Vigier, dame de Saint-Sornin et la Frénaudière qu’ils vendirent en 1600. Il servit dans les armées du roi de Navarre au cours des guerres de religion. Il commandait à Mauléon (devenu Châtillon-sur-Sèvre), côté protestant, lorsque le duc de Nevers, envoyé par le roi, assiégea cette petite ville en 1588 et s’en empara.

Un autre frère de Joachim et Tanneguy du Bouchet, Charles, fut seigneur de Puy Greffier et mourut en 1575. Il avait épousé 1° Jeanne du Bellay, dame de Saint-Hilaire-le-Vouhis et veuve de Tristan de Châtillon dont il eut Françoise et Jeanne, 2° Madeleine de Fonsèques, dont il eut Louis et Françoise, 3° Marguerite Millon dont il eut Lancelot. Il eut une autre fille Jeanne, dont la mère serait Jeanne du Bellay selon certains généalogistes, portant le même prénom que sa sœur.

             -            Françoise du Bouchet, fille de Jeanne du Bellay, épousa Artus de Cossé-Brissac (1512-1582), seigneur de Gonnor, comte de Secondigny en 1566, et maréchal de France en 1567. « Elle fut cause que l'on ôta à son mari la charge de surintendant des finances, où il avait gagné la première année de quoi payer toutes ses dettes, et puis encore une fois autant d'argent qu'il en avait dû. Il mena sa femme saluer Catherine de Médicis. C’était une provinciale qui n’avait jamais vu la cour, et qui eut la naïveté de remercier sa majesté de la surintendance, comme d’une grâce qui leur avait donné lieu de s’enrichir. Le maréchal, qui était présent à ce compliment, pesta contre la sottise de sa femme, mais la reine s’en réjouit parce qu’elle trouva quelque chose de plaisant dans un aveu si sincère, et que la dame avait révélé ce qui suffirait à perdre son mari, s’il devenait désagréable à cette princesse » (15). Militaire et diplomate, il fut du côté du roi de France, c’est à dire du camp catholique.

           -        Jeanne du Bouchet épousa Jules de Belleville, seigneur de Languiller (Chauché). Dans une transaction de Claude de Chastillon le 22 mai 1556 avec Jules de Belleville et Artus de Cossé, il est précisé que ces deux derniers avaient épousé deux filles de Charles du Bouchet (16). En 1565 Jules de Belleville était gentilhomme ordinaire de la chambre du roi (17). Il fut lui aussi un capitaine dans les rangs des armées protestantes, bataillant avec Tanneguy du Bouchet son oncle par alliance. C’est lui, nommé Languiller, qui lui amena une troupe à Confolens en 1567 pour rejoindre Condé ensuite (voir ci-dessus). La même année, il escorta le prince de Condé dans sa fuite de Verneuil à La Rochelle. Il était membre du conseil de la reine de Navarre à La Rochelle en août 1569. Il fut un temps en 1570 gouverneur de Fontenay-le-Comte, ville prise par Soubise. À la Saint-Barthélemy en 1572, il se retira à La Rochelle, d’où il sera envoyé par deux fois auprès de la reine Élisabeth d’Angleterre pour obtenir des secours, mais sans succès (18). Le roi Charles IX lui ayant ordonné de sortir de la ville, il lui fit une réponse négative marquée d'une respectueuse fermeté (19). C’est lui qui vendit les droits seigneuriaux des seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud, dans beaucoup de tènements et fiefs de Saint-André-Goule-d’Oie. Il était propriétaire de ces seigneuries, gérées alors comme des annexes de Languiller, et avait besoin d’argent. Il est probable que cet argent dû financer ses activités guerrières. C’est qu’à l’époque les gentilshommes entraient en campagne à leurs frais suivant une très ancienne coutume (20). C’est ainsi qu’il fit don en 1560 au seigneur de Saint-Fulgent, Gilles Chasteigner, d’un droit de retrait sur des redevances féodales qu’il avait vendues à un marchand de Saint-Fulgent et dues à la Chevaleraye, la Boutinière et la Javelière à Saint-André-Goule-d’Oie (21). Le donataire exerça son droit l’année d’après pour acquérir ces redevances. Gilles Chasteigner, qui habitait Saint-Denis-la-Chevasse, avait épousé le 21 janvier 1555 Gabrielle de La Nouhe au château de Puy Greffier (22), les deux hommes étant amis. C’est encore très probablement Jules de Belleville qui retira au prieur de Saint-André-Goule-d’Oie les prélèvements de ce dernier de la moitié des droits de terrage sur beaucoup de tènements de sa paroisse, qui avaient été donnés jadis à « franche aumône ». 

            -        Louis du Bouchet, seigneur de la Roche d’Appelvoisin, épousa Marguerite Brechou, dame de Puysec (23).

         -        Françoise du Bouchet, fille de Madeleine de Fonsèques et veuve d’André de Foix, comte d’Asparant, épousa en 2e noces François de la Tremoïlle, comte de Benon et baron de Montaigu (mort en 1555), fils de François de la Tremoïlle, 36e vicomte de Thouars de 1525 à 1541. 

Bourg de Sainte-Gemme-la-Plaine
en 2019
        -     Lancelot du Bouchet, seigneur de Saint-Gemme (Sainte-Gemme-la-Plaine), et très engagé dans les combats des protestants, saccagea en 1562 les églises et monastères de sa seigneurie en remontant vers Poitiers. Lancelot du Bouchet fut désigné par Condé pour gouverner Poitiers en 1562, où cohabitaient catholiques et protestants. La ville fut assiégée par des catholiques sous les ordres de Villars. Trahies de l’intérieur, les troupes huguenotes durent s’enfuir. La ville fut pillée par les assaillants qui commirent « des choses si cruelles et si infâmes que les païens mêmes en auraient horreur ». En 1564 il interdit à l’évêque de Luçon de dire la messe à Sainte-Gemme-la-Plaine et le mit en fuite (24). Ceci en contradiction avec l’édit d’Amboise du 19 mars 1563 qui mit fin à la première guerre de religion. Après quoi Lancelot du Bouchet se fit discret et mourut avant 1671 (25). Marié à Jeanne Rataud, il ne laissa que deux filles, Jeanne, mariée en 1572 avec Claude d’Aubigny, un des chefs ligueurs (catholiques), et Françoise, dame de Puy Greffier, mariée au baron de Surgères, Charles de Fonsèques (26). Jeanne Rataut, fille de François Rataut et de Louise de Montfaucon, se remaria avec Jean V de Vivonne, ce dernier fils d’Alain de Vivonne, seigneur d’Oulmes et de la Barde, et d’Aliénor de la Vergne (27).

-        Jeanne du Bouchet, dame de Puy Greffier, épousa vers 1570 Jacques de Pierres, seigneur de Nebretin, fils de René de Pierres et d’Antoinette des Hommes.     
   
-        Marie.

O. de Rochebrune : estampe en 1862,
château de Puy Greffier 
(photo Gallica.fr)
On attribue la construction du manoir de Puy Greffier vers 1550 à Charles du Bouchet, dont la grand-mère était Isabeau du Puy du Fou. La loggia était directement inspirée du Puy du Fou (28). Le manoir tomba en ruine à une époque non repérée. Peut-être ne se releva-t-il pas de sa destruction partielle ordonnée par Richelieu. Mais longtemps ses restes furent imposants, jusqu’à leur destruction au début des années 1970. Chaque porte était ogivale et couronnée d'un fronton, les chapiteaux étaient agrémentés de feuilles frisées et les fenêtres étaient ornées de torsades. L’actuel propriétaire a su garder un petit pan de mur pour témoigner du prestigieux passé des lieux.







Pierres (de) de vers 1570 à vers 1640


Jacques de Pierres, décédé en 1687, et Jeanne du Bouchet, mariés avant 1572, eurent au moins quatre fils, dont deux possédèrent la seigneurie de Puy Greffier.
            -        Claude de Pierres, né vers 1574, fut seigneur du Plessis.
            -    Jacques de Pierres, seigneur de Puy Greffier et de la Tinière, épousa en 1598 à la Richerie de Beaurepaire Jacqueline du Tertre. La Tinière (ou Teneière) était un tènement de Saint-Fulgent (devenu Lérandière), où une métairie constituait un bénéfice de chapellenie à la nomination des seigneurs de Puy Greffier. Il habitait en 1628 la maison noble du Vignaud à Saint-Fulgent dans la mouvance de Puy Greffier. Son fils, Jacques de Pierres, né à Saint-Fulgent le 1e mai 1599, épousa à Verdun en 1627 Catherine de Moissauves. Leur descendance resta dans l’Est (29).
            -        Jean de Pierres, seigneur de la Rivière, est mort vers 1628.
           -       Daniel de Pierres (ca 1568-ca 1639) est seigneur de Puy Greffier en 1623. Il épousa Anne de Saint-Amadour. Il fut condamné à mort le 23 septembre 1634 pour tentative d'assassinat commise contre René Augereau, par les Grands-jours de Poitou (cour de justice criminelle). Il s’était fait aider dans cette tentative par son page et ses domestiques (30).

Girard de vers 1640 à vers 1670


Après Daniel de Pierres un aveu en 1774 du seigneur de Saint-Fulgent indique que le seigneur de Puy Greffier fut Jacques Girard. On est tenté de faire un lien avec la condamnation de Daniel de Pierres, mais on ne sait pas comment il arriva à cette possession, peut-être un achat. À cette occasion Jacques Girard se présente comme seigneur de la Vergne et de Puy Greffier et sénéchal de la Gerbaudière (31).

Ruines du château de la Boulaye
Ensuite on a Nicolas Girard, seigneur de Puy Greffier, probablement fils du précédent, qui épousa Guyonne Freland, veuve de Samuel Robin de la Turpinière. Or les Robin de la Turpinière avaient acheté la seigneurie de la Boulaye (Treize-Vents) aux héritiers Cumont. Et cet achat par les Robin avait été cautionné par les Girard de Puy Greffier. Maximilien Eschallard, marquis de la Boulaye et Louise de La Mark sa femme, avaient abandonné vers 1667 la Boulaye en effet pour payer les dettes de leur oncle, M. de Talensac, moyennant le prix de 32 000 livres, comme ils avaient aussi vendu Languiller à Chauché en 1650. Au final, les Girard et Robin eurent du mal à honorer la dette qui s’élevait à 53 511 livres, et ils furent poursuivis par leurs créanciers : entre autres les Cumont, et Eschallard, ce dernier représenté par Jacques Foucher, marquis de Circé. Les biens des enfants de Nicolas Girard, décédé le 23 mars 1661, furent saisis par arrêt de justice en 1678 (32). Ceux-ci étaient Jacques Girard, président en l’élection de Mauléon, Pierre Girard, lieutenant criminel (juge) en la même élection, Marie Anne Girard, mariée à un Turpin aussi prénommé Samuel, Pierre Girard, prêtre prieur des Herbiers, Jacques Girard le jeune, et Nicolas Girard, sieur du Peux. Ce dernier est parrain lors du baptême de Marguerite Thoumazeau à Saint-Fulgent le 28 avril 1675 (vue 30), fille de Julien Thoumazeau et Marie Roy. De plus, le seigneur de Saint-Fulgent, qui était le suzerain de Puy Greffier, réclamait le paiement de 2 droits de rachats suite aux décès de Jacques Girard et Nicolas Girard, pour un montant de 2 400 livres. C’était alors Louis Gazeau, seigneur de la Couperie, curateur aux personnes et biens des enfants mineurs de René Bertrand, ancien seigneur de Saint-Fulgent, qui était à la manœuvre (33). 

Sonnet d’Auzon de vers 1670 à 1774


Les seigneuries de la Boulaye, de Puy Greffier, de la Marzelle et divers autres biens, furent adjugées en 1694 pour 70 000 livres à Paul Sonnet d’Auzon, seigneur du Boupère, fief Milon, la Grossière et Boismenard (34). Mais suivant Guy de Raignac il se présentait déjà comme seigneur de Puy Greffier dès 1674. Il est possible que la seigneurie ait été donnée en garantie avant son adjudication définitive.
Les Sonnet, seigneurs d’Auzon, étaient une famille de financiers parisiens installés en Bas-Poitou au 17e, dont les membres avaient été protestants. Paul Sonnet d’Auzon, avait épousé Sarah Langlais, et acheté le fief-Milon en 1675 (35). Un Paul Sonnet d’Auzon, probablement fils du précédent, épousa vers 1680 Marie (alias Catherine) Michel, et acheta la Baffrie en 1690. Ce Paul Sonnet d’Auzon était un huguenot lui aussi, qui dû se cacher dans les derniers mois de 1685 pour échapper aux dragons d’Asfeld. Il eut un fils qui devint jésuite et une fille, Sarah, qui se converti au catholicisme et épousa en 1703 au Boupère Louis Regnon, seigneur de Chaligny et de la Chapelle-Themer (35). Il habitait au Beignon du Boupère (36).

Son fils et héritier à Puy Greffier s’appelait aussi Paul, seigneur de Montournais, de Boismenard (Pouzauges), du Beignon au Boupère et de la Boulaye. Le 20 mai 1735 il nomma pour garde-chasse de ses fiefs Jean Girardeau, qui fut reçu et immatriculé 3 jours plus tard par la maîtrise particulière des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte comme c’était alors obligatoire (37). Sa compétence s’étendait sur tous les fiefs de Paul Sonnet d’Auzon, dont le Puy Greffier.

Paul Sonnet d’Auzon épousa en 1719 à La Rochelle Marie du Petit-Val. Ils eurent Hector François, Pauline et Lucie. Hector, fils aîné, lui succéda comme seigneur de Puy Greffier jusqu’en 1774, et on ne lui connaît pas de descendance. Lui aussi est repéré dans la nomination de son garde-chasse le 23 mai 1753, à cause de sa réception par la maîtrise particulière des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte (38).

Pont (de) 18e siècle (à partir de 1773) et 19e siècle



Ruines du château de Puy Greffier avant 1970
Après Hector Sonnet d’Auzon le Puy Greffier passa à sa sœur, Henriette Lucie Sonnet d’Auzon, qui avait épousé en 1751 à La Rochelle Paul Charles de Pont (1723-1800), seigneur des Granges (de Virson près de la Rochelle), à qui elle apporta la seigneurie de Puy Greffier. Ils eurent au moins 7 enfants. La famille de Pont avait bâti sa fortune sur le négoce et l’armement de navires à La Rochelle. Paul Depont (ou de Pont) fut maintenu dans ses privilèges de la noblesse en 1773, étant aussi seigneur de Puy Greffier. Le domaine lui appartenait avec sa femme, en indivision avec Pauline, la sœur de sa femme, célibataire, comme on le voit chez le notaire de Saint-Fulgent. Le 4 janvier 1775, ils arrentent une pièce de terre d’une boisselée à la Maindronnière (Saint-Fulgent), à Louis et Pierre Girardin, frères et meuniers, et Jacques Rondeau, meunier, demeurant tous ensemble en communauté au moulin à eau de la Dalle à Saint-Fulgent. Les vendeurs sont présentés ainsi : « Paul Charles de Pont, chevalier seigneur des Granges de Virson et Puy Greffier, conseiller du roi, président trésorier de France au bureau des finances de La Rochelle, dame Lucie Sonnet d’Auzon son épouse, Paule Sonnet d’Auzon de Saint-Benoist, fille majeure, demeurant tous à La Rochelle, paroisse de Saint-Barthélemy » (39). Lucie Sonnet d’Auzon est morte en 1779, et son mari avec sa belle-sœur Pauline Sonnet d’Auzon, acceptent le rachat le 12 août 1792 par la communauté Girardin ci-dessus citée de deux rentes purement foncières correspondant à des arrentements en 1763 des moulins à eau et à vent de la Dalle, et en 1775 de la pièce de terre dépendant de la métairie de la Maindronnière. Le montant du rachat est fixé à 20 fois, suivant l’usage, la valeur annuelle des rentes, augmenté du cens annuel de 5 sols à chaque fois. La valeur de la 2e rente rachetée est augmentée en plus de l’impôt du 10e, « conformément aux décrets de l’assemblée nationale ». Enfin le rachat porte aussi sur les lods et ventes (droits seigneuriaux sur les mutations de biens), dont la valeur est fixée de gré à gré pour 5/12 à la somme de 281 livres 18 sols et 9 deniers. Le tout se monte à 1 958 livres 8 sols et 9 deniers. Les droits purement fonciers représentaient 1 666 livres et les droits seigneuriaux représentaient 292 livres 8 sols et 9 deniers (40). Ces derniers avaient été supprimés dans leur principe en 1789, et l’assemblée nationale avait fixé le régime de leur rachat. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’acte de rachat des meuniers de la Dalle. Mais en 1793, ces droits seigneuriaux furent supprimés sans compensation. Tant pis pour les meuniers !

Le Puy Greffier dans l’aveu de la seigneurie de Saint-Fulgent en 1774



Saint-Fulgent en 2019
Dans son aveu à Tiffauges en 1774 le seigneur de Saint-Fulgent déclare que tient de lui à foi et hommage lige sans ligence et à rachat, Hector Sonnet d’Auzon (frère aîné de Lucie), écuyer et seigneur de la Boulaye, Montournais et autres lieux, son hôtel noble de Puy Greffier (41). Avec l’hôtel noble on a la gaignerie (métairie) de la Bonétrie, ses bois « gros et menus », garenne, étang, 2 moulins l’un à vent l’autre à eau, contenant le tout 30 septrées de terre (480 boisselées ou près de 60 ha) et 25 journaux de pré (12 ha environ). De la terre de Puy Greffier dépendait des petits fiefs situés dans la paroisse de Saint-Fulgent, tenus à foi et hommage plain et à rachat :
           -        L’hôtel et hébergement de la Joussière « contenant terre à 4 bœufs », appartenant au seigneur de Puy Greffier, et sur laquelle sont dus au seigneur de Saint-Fulgent 7 deniers obole (demi denier) et 7 autres deniers.
        -        L’hôtel et hébergement du Vignaud avec ses appartenances de métairies (voir plus loin), appartenant au sieur Buor de La Lande, avant lui à la demoiselle de la Negrie sa sœur, et avant elle au sieur Camus Defontaine. Au 16e siècle, le Vignault avait appartenu à Charles Maingarneau, seigneur de la Bedoutière aux Brouzils, puis après 1584 de la Grenouillère à Curzon. Un siècle après elle appartenait à René Maingarneau, son arrière-petit-fils. La petite-fille de ce dernier, Anne de Ramberge, l’apporta en dot à Louis Buor de la Voye. Au 16e siècle le Vignault dépendait de la châtellenie de Vendrennes (42).
  -       -           Le tènement et hôtel du Manerier, « contenant terre à 6 bœufs », lequel est possédé actuellement par le sieur Thiériot de Corvouère, comme héritier de Jacques Thiériot son père.
         -        Le fief Ruffin « contenant 4 septrées de terre et 4 journaux de pré », qui appartient au seigneur de Saint-Fulgent (depuis Pierre Henri Benoît Darquistade qui l’avait acquis de Mathieu de Gennes), en tant que seigneur de la Thibaudière. Il est tenu à foi et hommage plain, à rachat et à 3 deniers de service annuel.
         -        L’hôtel de la Traverserie « contenant terre à 6 bœufs », appartenant à Charles Royrand, « sur lequel lieu est dû à Sonnet d’Auzon un chapon et une paire de gants blancs pour avoir permission d’édifier sur ledit lieu droit de garenne à connils (lapins) ».
Dernier vestige du château de Puy Greffier 
(2019)
            -        Le lieu et tènement de la Petite Boucherie, « gaignerie (métairie) à 6 bœufs », appartenant à Charles Conrart de la Richerie, qui l’a acquis de Marie Guiraud comtesse de la Galisssonnière (43).  « Sur lequel lieu est dû à Sonnet d’Auzon 2 sols de service annuel, plus 2 sols, plus un bouc blanc ou 10 sols en une bourse neuve mi partie attachée à l’une des cornes dudit bouc, et l’autre garnie d’ail, et est à son choix prendre ledit bouc ou les 10 sols avec la bourse pour ledit bouc ».
         -        Les bois taillis de la Bonnetrie, de la Joussière et du Bois aux Loups, contenant en tout 4 septrées (environ 8 ha), appartenant au seigneur de Puy Greffier, et avant lui à Nicolas Gouffié. Ils étaient tenus de Puy Greffier à foi et hommage lige et à rachat.  

Faisant partie de la mouvance de la seigneurie du Puy Greffier on trouve aussi les métairies suivantes situées sur la paroisse de Saint-Fulgent :
          -        La métairie de la Fontaine « contenant terre 4 bœufs ». Elle est tenue à 2 sols de service annuel, et appartient à Marie Agnès Badereau, épouse en 1ere noces du seigneur de Linières, qui l’avait acquise de Charles Royrand de la Roussière, lequel l’avait achetée en 1729 à Paineau du Boupère.
          -        La métairie du Vignaud « contenant terre à 4 bœufs ». Elle est tenue à 2 sols de service annuel, et appartient au sieur Royrand de la Roussière qui l’a eue par échange avec le seigneur de Puy Greffier de la terre des Jaunières en Saint-Benoist.
        -        La métairie de la Tournerie au tènement du Vignaud, qui appartient au sieur Royrand de la Roussière dans les mêmes conditions que celle-ci-dessus.
          -        La métairie de la Bonnelière, « qui peut employer 4 bœufs à l’année », sur laquelle sont dues 10 sols par an de redevances à la seigneurie de Saint-Fulgent.
           -        La métairie de la Chevautonnière, « contenant en soi terre à 4 bœufs », appartenant à « la dame Badereau du Chaffaut héritière de défunt Jude Badereau son père ».
           -        Les 2 métairies du Plessis des Landes, alias le Plessis Fouchard « contenant ensemble terre à 8 bœufs », appartenant à Hubert Irland, chevalier seigneur de Bazoges, conseiller du roi, président au conseil supérieur de Poitiers. Sur ces terres sont dues au seigneur de Saint-Fulgent les rentes féodales suivantes : 10 journaux valant 8 sols 4 deniers, plus 20 sols pour 2 bœufs, plus 12 boisseaux d’avoine, dont chaque boisseau en vaut 2 combles (44) à la mesure du minage de Saint-Fulgent.
         -        La métairie de la Bonnetrie « composée de terres, prés, pâturages et autres choses en dépendant, maisons, etc. le tout pour employer 4 bœufs ». Elle appartient à Charles de Conrart et avant lui dame Marie Guiraud comtesse de la Galisssonnière.
         -        La métairie de la Thébline, « contenant gaignerie à 6 bœufs », sur laquelle est dû au seigneur de Saint-Fulgent « de première concession 3 deniers de taille de devoir noble et féodal, et 3 autres deniers appelés service ». 

Ancien château de Linières (avant 1912)
Dans cette énumération de métairies on relève que celles de la Fontaine et de la Chevautonnière faisaient partie du domaine de Linières quand les autorités révolutionnaires le confisquèrent à son propriétaire pour cause d’émigration en 1793. On comprend ici que ces métairies avaient été agrégées au domaine grâce à la dot de sa grand-mère Marie Agnès Badereau. Elle s’était mariée en 1724 en premières noces à Venant Cicoteau (mort 5 ans plus tard), seigneur de Linières, puis en 2e noces à Séraphin du Chaffault. Le domaine de Linières comprenait aussi sur Saint-Fulgent au moment de sa confiscation les métairies de la Morinière et de la Grande Roussière. Il reste à savoir quand et comment elles étaient venues à la possession du seigneur de Linières.    

On voit ici l’importance des métairies qui est indiquée par un nombre de bœufs nécessaires au trait pour les labours. L’expression révèle une très faible culture des chiffres, malgré qu’on sût depuis longtemps mesurer les surfaces des terres en boisselées. Par tradition depuis le Haut Moyen Âge on estimait et évaluait des tâches avant tout, et les actes notariés reprenaient le langage courant sur ce point. Mais pour se répartir les charges des rentes et devoirs seigneuriaux imposées collectivement sur des territoires, on faisait appel à un arpenteur qui les répartissait en proportion des surfaces mesurées avec sa gaule et possédées par chaque propriétaire, dans un acte appelé « gaulaiement ». Il savait calculer et utiliser la règle de trois, ce qui n’était pas à la portée de tout le monde dans les campagnes. La culture du chiffre ne pouvait venir que de l’apprentissage du calcul. On a pu déterminer qu’une métairie à 4 bœufs faisait environ 40 hectares avec les données précises rassemblées pour la métairie de la Télachère à Chavagnes-en-Paillers. On en déduit qu’une paire de bœufs pouvait correspondre à 20 hectares environ, et que 3 paires, voire 4 paires de bœufs, pouvaient correspondre respectivement à 60, voire à 80 hectares. Ces chiffres ne sont bien sûr que des ordres de grandeur.    

Autre remarque à faire sur l’énumération de cet aveu, il y a 6 fiefs nobles dépendant de Puy Greffier et ainsi arrières-fiefs de Saint-Fulgent. Ajoutés à ceux déjà repérés de la Thibaudière, Roussière, Clavelière et Valinière, on a donc 12 fiefs nobles dans la paroisse de Saint-Fulgent. Comparé aux 15 fiefs de Chavagnes-en-Paillers et aux 14 fiefs de Chauché, ce chiffre confirme l’implantation de nombreux petits fiefs nobles couvrant la région au Moyen Âge. D’autant que l’insuffisance de notre documentation laisse deviner d’autres fiefs non repérés. À Sainte-Cécile, on compte 6 fiefs dans la dépendance de la seigneurie de l’Aublonnière en 1579 (dans un aveu des Essarts), et 16 arrières-fiefs, tous dans la suzeraineté supérieure des Essarts. Saint-André-Goule-d’Oie n’échappe pas au phénomène. On a les fiefs du Coin, la Mancellière, la Roche Mauvin, la Bourolière, la Boninière, la Jaumarière et le Coudray dans sa moitié nord-ouest avec leurs hôtels nobles parfois. Mais dans sa moitié sud-est on ne trouve rien dans l’espace en partie marécageux proche de la forêt de l’Herbergement, sinon à la Brossière, le long du chemin de Montaigu à Chantonnay, où on dénombre 6 petits fiefs nobles en 1550 consistant en terres uniquement. Ces derniers nous montrent bien la fréquence des récompenses et moyens donnés avec ces fiefs à un écuyer au service de son seigneur.

On relève aussi dans l’aveu de 1774 les autres domaines fonciers suivants :
         -        Le pré de la Noue Gosselin qui en 1774 est en terre labourable contenant 3 boisselées, limitrophe de l’étang du même nom, appartenant au seigneur de Saint-Fulgent, lequel doit au seigneur de Puy Greffier 3 chapons par an.
             -        Les moulins à eau de la Rochette sur la rivière de la Maine et le moulin à vent au tènement du Vignaud. Ils ont été arrentés par le seigneur de Puy Greffier en 1764 aux meuniers Pierre Bousseau et Jacques Michaud, à la charge de lui payer par an 120 livres. Pour reconnaissance féodale, ils sont redevables chaque année de « 12 fromages de la Gaubretière ». Serait-ce un indice d’une appellation renommée ?

On a deux rentes :
              -        La rente noble de 24 boisseaux seigle à prendre sur la métairie de la Traverserie (appartenant à Royrand), et 12 boisseaux de seigle et 16 boisseaux d’avoine combles à prendre sur la métairie de la Petite Boucherie (appartenant à Charles Conrart de la Richerie). Elle appartient à Jean Fluzeau, marchand (demeurant à la Brossière), son père, François Fluzeau, l’ayant acquise du sieur Henri Favereau.
            -        La rente noble de 2 setiers de seigle et 1 setier de froment mesure de Saint-Fulgent, due chaque année sur le village de la Menardière. Elle appartient à Me Masson comme héritier de son père.

Lérandière en 2019
Enfin le seigneur de Puy Greffier avait un droit de nomination à la chapelle de Lerandière. La chapellenie ou stipendie de la Tinetière ou Lerandière à Saint-Fulgent était tenue du seigneur de Saint-Fulgent à foi et hommage lige et à rachat, et consistait en une métairie de Lérandière, « qui peut contenir terre à 2 bœufs » dans le village du même nom. Son chapelain devait une rente foncière sur le domaine de 3 boisseaux de seigle, mesure de Tiffauges, à Jean et François Fluzeau de la Brossière, dont leurs parents l’avaient acquise du sieur Gourraud de la Gimaubretière et de sa femme Suzanne de Serode. Dans un acte de reconnaissance de 1780, le chapelain est Philippe Nivet, curé de Virzon (45). Il avait donc été nommé à ce bénéfice par les seigneurs de Puy Greffier, aussi seigneurs de Virson. Il est très probable que la création de cette chapellenie remontait à la fin du 14e siècle, au temps de Pierre Bouchet (voir au début de l’article). Le propriétaire du château de Saint-Fulgent, Agnan Fortin, acquit ce bénéfice le 7 avril 1791 comme bien national pour 15 000 F, en même temps que d’autres biens d’Église dans la paroisse (46).   

Les derniers propriétaires de Puy Greffier au 20 siècle



Gaby : Magasin Ceppe aux Essarts
Pendant la Révolution, un fils de Paul Charles Depont émigra. En conséquence le Puy Greffier fut confisqué par la Nation. En tant que père d’émigré, Paul Charles Depont dut faire un partage des biens avec la République, lequel fut publié et resta affiché à Saint-Fulgent pendant 20 jours, sans réclamation quelconque dit une attestation de l’administration municipale de canton de Saint-Fulgent datée du 6 brumaire an VII (27-10-1798) (47). Dans ce partage, le Puy Greffier devint propriété de la Nation et il fut racheté par « le citoyen Depont des Granges », le 12 frimaire an 5 (2-12-1798) (48). Plus tard la propriété fut vendue par Jacques du Carheil (1895-1964), ancien maire de Boufféré, à Jean Baptiste Ceppe, ce dernier appartenant à une famille établie dans le commerce des vêtements aux Essarts (49). Sa boutique était installée sur la rue de l’hôtel de ville. « À chaque foire de l’Oie, il passait chercher une pièce de tissu de plusieurs dizaines de kilos chez les tisserands Nauleau de Sainte-Florence » (50).


(1) Guy de Raignac, Histoire des châteaux de Vendée de l’époque féodale au 19e siècle, Ed. Bonnefonds, 2000, page 107.
(2) Notes de l’Annuaire de la société d’Émulation de la Vendée, 1872, article de Marchegay sur les seigneurs de Tiffauges, page 193 (vue 99).
(3) idem (1).
(4) B. Fillon et O. de Rochebrune, Saint-Cyr-en-Talmondais, pages 15 et 16, dans « Poitou et Vendée, études historiques et artistiques », réimpression par Laffitte en 1981 de l’édition de 1887. 
(5) Archives historiques du Poitou (1893) volume 24, page 113.
(6) Idem (1).
(7) C. Gourraud, notes historiques sur Chavagnes-en-Paillers, Annuaire de la société d’Émulation de la Vendée, 1876, page 122 (vue 85).
(8) Idem (4), page 17.
(9) B. Fillon et O. de Rochebrune, le Poiroux, page 5, dans « Poitou et Vendée, études historiques et artistiques », réimpression par Laffitte en 1981 de l’édition de 1887. 
(10) G. de Raignac, Quelques familles anciennes du Bas-Poitou depuis longtemps éteintes, 1e série : 8 J 1, Famille Savary, page 192.
(11) Pierre Bayle, Adrien Jean, Quentin Beuchot, Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, Paris (1820) Volume 13, page 41.
(12) Eugène et Émile Haag, La France protestante, ou Vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l’Histoire, Paris (1853), volume 4, page 329 et s.
(13) Michel Pernot, Henri III, le roi décrié, Livre de Poche et Fallois, 2013, page 120, raconte la bataille et son contexte.
(14) Les seigneurs de Puy Greffier, Archives du diocèse de Luçon, fonds Boisson : 7 Z 18-1. Et B. Fillon, Poitou et Vendée, L’église réformée de Fontenay-le-Comte (section XV), dans « Études historiques et artistiques », réimpression Laffitte en 1981 de l’édition de 1887. 
(15) Idem (10).
(16) Transaction de C. de Chastillon avec J. de Belleville et A. de Cossé du 22-5-1556, H. Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles de l’ancien Poitou, 1846, T. 1, page 625.
(17) Contrat d’acensement du 3-9-1565 de la Lande de Pierre Blanche par Jules de Belleville à Loys Masson, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(18) Lettre de Languiller à Lord Burghley, grand trésorier d’Angleterre du 22-10-1572, Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1852-1865), vol. 3, n ° 3 et 4, juillet et août 1854, pages 143-145.
(19) Lancelot Voisin sieur de la Popelinière. J. Piguere Le Frère de Laval, M. P. Piguerre, L'Histoire de France enrichie des plus notables occurrences ..., 1581- Volume 2, Livre 32e, page 121 (scan Google : Bibliothèque nationale d'Autriche). Lettre du roi à Languiller du 10-11-1572 et lettre de réponse de Languiller au roi du 8-12-1572.
(20) Michel Pernot, Henri III, le roi décrié, Livre de Poche et Fallois, 2013, page 374.
(21) Donation du 13-10-1560 du droit de retrait par Jules de Belleville à G. Chasteigner concernant la Boutinière et autres, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 40.
(22) Les seigneurs de Puy Greffier, Archives du diocèse de Luçon, fonds Boisson : 7 Z 18-2. Voir aussi la généalogie des Chasteigner.
(23) Idem (1).
(24) F. Hildesheimer, Une église bien temporelle, dans « Sept siècles d’Histoire en Vendée les diocèses de Luçon et de Maillezais », Recherches Vendéennes no 23, 2017-2018, page 149.
(25) L’histoire du Langon dans La Vendée au temps des guerres de religion, éditée par M. N. Baudouin-Matuszek, Éditions du CVRH, 2013, page 157.
(26) Idem (12).
(27) Joël Bibonne, Histoire de la famille de Vivonne, A.C. V.B., 2018, T. 1, page 414.
(28) Idem (1).
(29) Idem (14). 
(30) Hugues Imbert, Les Grands-jours de Poitou, registres criminels (1531, 1567, 1579, 1634), Archives de Vendée, Mémoires de la Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres : BIB 2471, p. 219.
(31) G. de Raignac, Dépouillements d'archives publiques et privées concernant les familles vendéennes, vol. 12, 8 J 103, pages 85 et 86.
(32) Idem (22).
(33) Idem (1) et (31).
(34) Guy de Raignac, Histoire des châteaux de Vendée de l’époque féodale au 19e siècle, Ed. Bonnefonds, 2000, page 142. Et Paul Romane-Musculus, Les anciennes familles protestantes du Bas-Poitou, dans la Revue du Bas-Poitou, 1944, page 53.
(35) A. Billaud, histoire religieuse du Boupère, Luçon, Imprimerie J. Cadix, 1968, page 70.
(36) Vente par Paul Sonnet d’Auzon à René Lézineau de fiefs à la Meilleraie le 30-4-1721, Archives de Vendée, registre des insinuations de la baronnie de Châteaumur : B 29, vues 23 et 24.
(37) Informations et réception du 23-5-1735 du sergent-garde Girardeau, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1427.
(38) Dossier de réception du 14-4-1753 du sergent garde de Puy Greffier, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1428.
(39) Arrentement du 4-1-1775 d’une pièce de terre à la Maindronnière de Paul Charles de Pont et Sonnet d’Auzon (Puy Greffier) aux frères Girardin, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/8.
(40) Amortissement du 12-8-1792 de rentes sur des moulins de la Dalle par les propriétaires de Puy Greffier à la communauté Girardin, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13.
(41) Aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13.
(42) Guy de Raignac : 8 J 41-1 : famille Maingarneau.
(43) Charles Claude Conrart de la Richerie (1740-1798), marié à Beaurepaire en 1767 avec Anne Girard. Marie Guiraud avait épousé en 1713, veuve du sieur de Lanson, Roland Barrin de la Galissonnière (1646-1737). Celui-ci était un marin de Rochefort, veuf de Catherine Begon avec qui il eut trois enfants. Le premier, Roland Michel de la Galissonière (1693-1746) fut un marin célèbre et administrateur des colonies. Il avait épousé la fille de Marie Guiraud, mais n’eut pas d’enfant. Le second, Marie Madeleine, épousa un parent, Vincent Barrin des Ruilliers, et acheta en 1757 pour 4 500 livres le marquisat de la Galissonnière, qui était revenu à la couronne après le décès sans descendance de son frère. Le troisième fut une fille, qui devint religieuse, Catherine.
(44) Le boisseau était rempli à ras, c’est-à-dire affleurant les bords. Mais on eut aussi des boisseaux « remplis à comble », c’est-à-dire comportant un cône de grains, le comblon, et contenant autant de matière sèche que possible.
(45) Reconnaissance du 8-8-1780 d’une rente foncière de 3 boisseaux seigle aux Fluzeau par le chapelain de Lerandière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/127.
(46) Archives départementales de la Vendée sous-série 1 Q, répertoire de Ventes de biens nationaux antérieures à la loi du 28 ventôse an IV dans le district de Montaigu. Et notes dans le dossier des estimations des biens nationaux dans le canton de Saint-Fulgent : 1 Q 218.
(47) Registre des délibérations de l’administration départementale de la Vendée an VII, Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds Boisson : 7 Z 12-III, enregistrement du 21 brumaire an 7 (11-11-1798).
(48) Notes sur les estimations des biens nationaux dans le canton de Saint-Fulgent, prises dans le dossier 1 Q 218 aux Archives de la Vendée.
(49) Idem (1).
(50) Jérôme Biteau, Mémoire en images le canton des Essarts, éditions Sutton, 2010, page 109.

Emmanuel François,  tous droits réservés
décembre 2019, complété en novembre 2023

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vendredi 1 novembre 2019

Le bourg et le seigneur de Saint-Fulgent en 1774


Le nom de Saint-Fulgent exprime l’origine religieuse de la commune, remontant probablement à l’évangélisation des lieux dans les années 600 après J. C. (1). L’établissement d'un prieuré dans ce lieu a fait oublier son ancien nom, contrairement à ce qui s’est passé pour Goule d’Oie, nom conservé auquel on a ajouté Saint-André. En remontant au plus loin possible au 13e siècle on trouve une famille Drouelin seigneur de Saint-Fulgent, mais aussi de Badiole et Bois Porchet à Beaurepaire. Ils donnèrent leur nom au logis de la Drollinière (devenue Linières) à Chauché et possédèrent la Boutarlière sur cette même paroisse. Jeanne Drouelin et son mari Jean Cathus furent condamnés aux Grandes Assises de Poitiers, tenues du 1e mars au 31 mai 1378, par Miles 1er de Thouars (1327-1378), à lui rendre foi et hommage ainsi que les autres devoirs dus au seigneur de Tiffauges par Maurice Drouelin, chevalier, et seigneur de Saint-Fulgent, père de Jeanne (2). La seigneurie de Tiffauges, suzeraine de la seigneurie de Saint-Fulgent, appartenait à la vicomté de Thouars dès le 11e siècle (3). Quatre siècles plus tard Agnan Fortin, seigneur de Saint-Fulgent, continuait de rendre sa foi et hommage à la vicomté de Tiffauges. Son aveu en 1774 nous donne des informations sur le bourg de Saint-Fulgent à cette date (4). Voyons-les de plus près.

Le château


Th. Drake : 
bataille de 1793 à Saint-Fulgent
Le domaine foncier de l’enclos du château de Saint-Fulgent était en 1774 limité au sud par le grand chemin de Nantes à la Rochelle, et au nord par le chemin qui partait du bourg au lieu appelé Recolette pour aller à Vendrennes (actuelle rue de la Mare aux Fées). À l’ouest il longeait les maisons de Marianne Pairaudeau et de François Morlière qui furent autrefois à Jean Tricouère, séparées du domaine par une venelle (actuelle rue des Trois Colette). À l’est le domaine était limité par le champ du Cormier et un pré qui avait remplacé une partie de l’ancien parc du château. Dans cet enclos il y avait du côté du bourg la maison du four banal servant à la cuisson du pain, relevant du marquisat de Montaigu, et une tour aménagée en prison, relevant de la vicomté de Tiffauges. Les juges seigneuriaux du lieu pouvaient en effet faire mettre en prison « tant au civil qu’au criminel », et à cet effet le seigneur avait « droit de nomination et de création d’un geôlier et de planter fourches patibulaires à trois piliers ». L’expression désignait trois colonnes en pierres sur lesquelles reposait une traverse en bois horizontale qui servait à la pendaison des condamnés à mort. Le nombre de trois piliers à Saint-Fulgent désignait le siège d’une simple châtellenie, alors qu’il y en avait quatre aux Essarts, siège d’une baronnie, avec la même capacité judiciaire de haute justice seigneuriale.

Agnan Fortin a fait démolir tous les bâtiments de l’ancien château après son achat de la seigneurie de Saint-Fulgent en 1769. Six nouveaux corps de bâtiments se joignant étaient construits en 1774 dans la cour et le jardin de l’ancien château : granges, écuries, remises, toits, métairie et bas office (lieux domestiques). Le nouveau château n’est pas encore construit à cette date, mais le sera en partie dans l’ancien jardin et le parc. Les nouveaux jardins, « affiages » (vergers), cour et basse-cour seront pris dans les champs du Normandeau et de la Glacière, situés vers l’est. On déduit de ces indications que le nouveau château a été bâti un peu plus à l’est de l’ancien, s’éloignant des maisons du bourg. Ce nouveau château était construit le 25 mai 1777, jour où y fut reçu à dîner (déjeuner) le comte d’Artois de passage à Saint-Fulgent, dans son voyage de Bretagne à La Rochelle, et allant coucher à Niort. Il était arrivé « escorté de 7 carrosses montés par plusieurs grands seigneurs de la cour et entouré de 50 hommes de cavalerie suisse. J’ai assisté à ce dîner (déjeuner) et à la réunion qui a suivi ». Cette note a été écrite par Jean François Renolleau, syndic (maire) de Chauché (5), qui avait été invité à cette rencontre avec le frère du roi Louis XVI, dont le comté du Poitou lui avait été donné en apanage. Le château sera victime d’un incendie pendant la Révolution, après que sa cour au moins ait servi de camp aux révoltés royalistes au printemps et à l’été 1793 (6). Il fut restauré ensuite après la guerre, puis finalement démoli. L’actuel château a été construit par François Alexis Nisidas des Nouhes, qui avait acheté le domaine en 1841.

Dernier château construit de Saint-Fulgent 
La métairie du château, dont les bâtiments venaient d’être reconstruits en 1774 dans son enclôture, s’appelait la métairie du Chêne. Elle avait un jardin de 4 boisselées (4 860 m2) le long du chemin menant au pont Boutin (vers la Boutinière de Saint-André-Goule-d’Oie). Le propriétaire avait sa garenne dans le « champ de la Garenne » faisant partie de la métairie, au long du chemin nouveau de Nantes à la Rochelle, contenant 26 boisselées (3 ha). On y entretenait habituellement des sortes de clapiers pour élever en plein air des lapins.

Le châtelain conservait toujours en 1774 un droit de passage par un jardin et une cour d’un particulier pour aller directement de son château à l’église ou dans sa « ville de Saint-Fulgent, étant à pied avec notre compagnie, et domestiques familiers étant avec nous, et ce à heures dues, conformément à l’arrentement qui a été fait de ladite maison cour et jardin par les anciens seigneurs à Dominique de Loche, sieur de la Touche, laquelle maison était appelée la maison de la Tour ». Celle-ci appartient en 1774 à Jean Leloup sieur du Parc.

L’aveu de 1774 indique que le seigneur de Saint-Fulgent « avait le droit de forteresse, doüés (conduits d’eau ou mares), fossés, et pont-levis autour de son château et ses appartenances ». Ce type de droit n’avait plus en cette fin du 18e siècle qu’une valeur symbolique, signe d’un prestige qui alimentera bientôt la révolte antiseigneuriale de 1789 dans certaines régions françaises. L’énumération de la consistance des nouveaux bâtiments en 1774 ne comprend pas de fossés ni de pont-levis. Mais l’ancien château, ou celui d’origine, devait probablement en comporter. D’ailleurs on a un emplacement (non spécifié) appartenant à Jacques Gautier et appelé le « château Gaillard » près du bourg, dont le nom est révélateur à cet égard. Il était habité au 19e siècle (7). Le château Gaillard désignait la présence d’un ouvrage fortifié ancien, et le mot « gaillard » lui-même dérive du latin gaiola, geôle, prison (8). On sait que la construction des châteaux aux 10e et 11e siècles n’était possible en principe que sur autorisation du seigneur suzerain de qui on le tenait. À l’origine ils formaient généralement une tour en bois sur une butte dans un but de défense militaire. Tel fut peut-être le cas à Saint-Fulgent, car nous n’avons pas de document pour en témoigner.

La tour que l’on voit sur les anciennes gravures de Saint-Fulgent occupait l’emplacement de la boucherie Debien située en 1965 en face du chemin de la Clavelière (9)


Le nouveau chemin de Nantes à la Rochelle


Les confrontations des parcelles dans le bourg citent parfois le nouveau et l’ancien chemin de Nantes à la Rochelle en 1774. Le nouveau fut construit au milieu du siècle. À Montaigu les travaux se situent probablement dans la période 1752/1757, donc à Saint-Fulgent dans une période proche sinon la même. L’ancien chemin médiéval a pris alors un tracé rectiligne à l’entrée et à la sortie du bourg de Saint-Fulgent. Comme trace de cette rectification de l’ancien chemin on a, à titre d’exemple, un emplacement de « fumerit » (fumier) de 8 pieds (2,4 m) de longueur qui a été enlevé par le nouveau Grand Chemin, et qui dépendait d’une maison appartenant à la veuve de Toussaint Jannière. On empierra le nouveau chemin et creusa des fossés de chaque côté, obligeant les propriétaires riverains dans la campagne à planter des arbres de 30 pieds en 30 pieds (tous les 9 à 10 mètres) à une toise du bord extérieur des fossés (environ 2 mètres). C’était une route de première classe selon le rapport de l’ingénieur en chef du département de la Vendée, section des ponts et chaussées, Maillet, daté du 1e mars 1793. Cela veut dire qu’elle avait 42 pieds de large entre les fossés, soit un peu plus de 14 mètres (10).

Un édit de 1738, avait étendu aux États d’élection comme le Poitou, la corvée royale. Elle réquisitionnait les habitants domiciliés dans les communautés rurales situées dans un périmètre de quatre lieues (seize kilomètres) de part et d’autre du chantier de la route, pour les employer à sa construction ou à son entretien. Les habitants de Saint-André-Goule-d’Oie ont donc été concernés dans cette période de quelques années avant la Révolution. Les travaux étaient saisonniers et concernaient presque tout le monde, dans la limite de 12 jours de travail par an (11). Le syndic de la paroisse était responsable de la désignation des corvéables. 

Il faut dire qu’à la mauvaise saison, les voyageurs hésitaient à prendre ce chemin. On a ainsi le témoignage du chargé d’affaires au château de la Rabatelière, Alexandre Bousseau, qui écrit de Chauché à son interlocuteur nantais le 1e février 1726 : « Si les chemins peuvent être praticables j’irai à Nantes pour m’expliquer avec vous de toutes choses ... mais les chemins sont si mauvais et remplis d’eau que l’on ne sait si l’on est à cheval ou à terre » (12).

Autour du bourg


À la croisée du grand chemin et d’un chemin de traverse, à 2 ou 3 kilomètres du bourg, existait semble-t-il une « Maison Rouge ». C’est ce qu’on lit dans un article de la Revue du Bas-Poitou éditée en 1905 (pages 423 et 424). Le bourg de Saint-Fulgent est cité dans une liste de quelques bourgs concernés dans la Vendée. La situation du lieu n’est pas indiquée, peut-être en direction de Montaigu, et c’est la seule mention trouvée jusqu’ici. Elle est vraisemblable car située généralement à des endroits de passages et à l’écart des habitations. Les Maisons Rouges étaient des hôpitaux créés pour faire face aux épidémies, peintes en rouge pour être remarquées par ceux qui voulaient s’y rendre ou au contraire pour les éviter.

Le Plessis Richard en 2019
Au nord et nord-est du bourg se trouvaient les terres de deux métairies appartenant au seigneur de Saint-Fulgent. Celle du Plessis Richard, dont les terres longeaient le chemin vers Bazoges-en-Paillers, et qui avait près de ses bâtiments l’étang de la Noue Gosselin contenant 3 boisselées environ (3 600 m2), qui consistait en « vivier et réservoir » est-il précisé. La métairie de la Chevantonière (devenue Chantonnière) avait elle aussi ses terres limitées au sud-est par les maisons du bourg bâties au long du grand chemin de Nantes à la Rochelle. Ses métayers auraient bien du mal à se reconnaître aujourd’hui parmi les commerces, ateliers et usines des actuelles zones d’activités du Grand Moulin et de la Rue du Stade.

En 1774 le seigneur de Saint-Fulgent possédait en outre dans la paroisse du même nom les métairies de la Haute et de la Basse Thibaudière, avec la seigneurie de la Thibaudière relevant du marquisat de Montaigu. Il possédait aussi la tuilerie de Boizard avec ses 240 boisselées de landes (30 ha) et son ancien étang converti en pré, et une borderie à la Gatolière. En 1789 il achètera les deux métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye à Saint-André-Goule-d’Oie. Et en 1791 il acheta comme biens nationaux les biens d’Église suivant à Saint-Fulgent : métairie de l’Oiselière, métairie de la Coussaie, borderie de Doulay, borderie de Lerandière et diverses parcelles foncières dépendant de la cure (13).

Il possédait à Saint-Fulgent les 124 arpents (76 ha) des bois taillis des Pierres Blanches, 123 arpents du bois taillis des Tessonnières, et 1 arpent du bois taillis de la Herse autrefois en futaie. Enfin il avait possédé aussi les deux moulins à vent, « l’un à moudre seigle, l’autre froment », de la Haute Clavelière, arrentés (vendus à crédit) à Jacques Fruchard et Julien Piveteau en 1770 à la charge d’une rente annuelle de 30 boisseaux de seigle. S’ajoutait le moulin à eau de la Pesotière « auquel il y a 2 roues, l’une à froment, l’autre à seigle », arrenté en 1770 à Louis et René Guicheteau, à la charge d’une rente annuelle de 30 boisseaux de seigle. Il y avait aussi le moulin à eau de la Chaunière, et le moulin à vent de Sept Septiers près de la Simonière tenu par la veuve Quillon. Lui ou son fermier prélevait un droit de mouture de 1/16e partie des blés apportés à moudre au moulin. Et il avait un droit de vérolie consistant à contraindre les habitants à utiliser le moulin seigneurial. En profitait-il pour forcer sur le droit de mouture ? Comparé à d’autre quantum en Vendée, jusqu’à 1/10e, il semble que non (14). La même quotité s’appliquait jadis pour le four banal du bourg sur la pâte à cuire. La rentabilité des moulins variait de l’un à l’autre. Le régisseur de la Rabatelière eut cette réflexion en 1730 sur un moulin à Champ-Saint-Père : « les moulins ne conviennent qu’à ceux qui les font tourner, et non à un propriétaire à qui ils coûtent plus qu’ils ne valent » (15). En plus des moulins du seigneur, on trouvait d’autres moulins appartenant à des seigneurs ou à des particuliers sur la paroisse de Saint-Fulgent avant et après la Révolution : Templerie, la Rochette, l’Oiselière, la Dalle, la Menardière, les Valinières, la Fridonnière, la Traverserie et la Galotière (16).

En revanche le même régisseur de la Rabatelière avait conseillé quelques années plus tôt au châtelain de la Rabatelière, seigneur du bourg de Chavagnes-en-Paillers : « Pour Chavagnes je vous conseille de faire construire un four à ban qui devrait produire au moins 75 livres de revenus » (17). On ne connaît pas l’aire géographique des habitants concernés par cette contrainte de faire cuire les pains au four banal, mais à voir les nombreux fours à cuire dans les villages, elle semble avoir été limitée. Et il nous faudrait des comptes pour comparer le prix de cette contrainte avec celui payé aux boulangers des villages. On a noté aussi qu’à Boulogne le seigneur devait fournir le bois nécessaire au chauffage du four, pris aux landes des Jouinaux (18). Il devait probablement y avoir une charge de même nature à Saint-Fulgent, mais que nous n’avons pas trouvée. Agnan Fortin arrenta le four banal du bourg de Saint-Fulgent. L’acte fut passé devant Frappier et Boisson, notaires des lieux, le 15 janvier 1771 (19). À cette occasion il reconnut la liberté aux habitants du bourg de faire cuire leur pain par leur propre moyen. Et l’existence d’un boulanger, René Deboeuf (page 75 de l’aveu), indique que cette reconnaissance n’était déjà pas une nouveauté probablement.

Cet inventaire des biens fonciers possédés à la fin de sa vie par Agnan Fortin à Saint-Fulgent passe sous silence l’état peu reluisant de certains d’entre eux quand il acheta sa seigneurie en 1769. Il n’y avait pas que le château qui avait besoin d’être reconstruit à neuf. En 1773 il vendit par arrentement sa métairie de la Chaunière à 4 particuliers en indivision, moyennant une rente annuelle et perpétuelle de 50 boisseaux de seigle à la mesure du minage de Saint-Fulgent, nette de toutes impositions royales. À cette occasion il confirma les droits seigneuriaux dus sur le tènement de la Chaunière à la seigneurie de Saint-Fulgent, à cause de la seigneurie de la Thibaudière. Puis il transforma les menus suffrages perçus sur la métairie en nouvelles redevances seigneuriales reconnues par déclaration roturière à la seigneurie de Saint-Fulgent (20). En raison de la faible valeur de la rente pour une métairie estimée autour de 20 hectares de surface, il paraît ainsi s’être débarrassé de la métairie. Et il restait un moulin à eau à la Chaunière, toujours en ruine en 1774. En revanche les deux roues des moulins à eau de la Pesotière avaient été réparées quand il les afferma en 1770, mais elles avaient dû bénéficier de travaux importants quelques années plus tôt. Avant Agnan Fortin, la seigneurie de Saint-Fulgent appartenait de fait aux créanciers du dernier seigneur mort en 1759 à l’âge de 37 ans, Pierre Henri Benoît Darquistade, un magistrat au parlement de Paris. En 1754 le meunier et fermier de la Pesotière, Mathurin Guicheteau, avait fait sommation au régisseur de la seigneurie de réparer les deux moulins à eau sur la Grande Maine avec leurs bâtiments. Un procès-verbal des réparations estimées nécessaires par deux experts fut établi et communiqué « aux créanciers du seigneur de cette cour et au commissaire des saisies réelles à Rennes » (21).

Les propriétaires déclarés dans le bourg relevant de la seigneurie de Saint-Fulgent


Bourg de Saint-Fulgent en 2019
On y compte 39 domaines déclarés en 1774, mais sans comprendre les biens dans le bourg relevant du fief de Puy Greffier (Saint-Fulgent), et probablement aussi ceux relevant de la seigneurie de la Thibaudière, mouvante du marquisat de Montaigu (22). Ces derniers nous sont inconnus, et il ne nous est même pas possible d’en approcher l’importance. Ces 39 propriétés dans la mouvance de Saint-Fulgent dépendant de Tiffauges appartenaient à 30 propriétaires. Et 29 d’entre eux devaient payer un cens à la seigneurie de Saint-Fulgent, le prieuré-cure de la paroisse étant seul tenu « roturièrement à franche aumône (gratuitement) et à divin service ». Néanmoins l’ancien prieuré, avec un jardin de 4 boisselées à semer lin, devenu un simple masureau (ruine), devait payer un cens de 3 sols et 4 deniers, à la charge en 1774 du sieur de La Grire des Assisses, en sa qualité de prieur de Saint-Fulgent. On déduit de ces indications que le prieuré de Saint-Fulgent avait été reconstruit sur un autre terrain concédé gratuitement par le seigneur des lieux, à une date antérieure pas trop éloignée de 1774. À cette date le curé de la paroisse s’appelait Pierre Pauleau, et le prieur de Saint-Fulgent dont il est fait état, le sieur de la Grire des Assisses, apparaît alors comme le prieur commendataire de l’ancien prieuré et peut-être du nouveau.

La connaissance des métiers exercés dans le bourg n’est pas facile à approcher avec cet aveu seigneurial. Il ne concerne que les propriétaires et non leurs locataires. Ainsi on a le cas de l’auberge du Lion d’Or possédée par le sénéchal de Saint-Fulgent (juge), Pierre Genet, à cause de son épouse, une demoiselle Gourraud, héritière elle-même de sa mère Gabrielle Arnaudeau, laquelle avait épousé René Alexandre Gourraud sieur de la Coindrie. Ce dernier avait été sénéchal avant son gendre Pierre Genet, succédant lui-même à Pierre Gourraud. Pierre Genet était avocat en parlement et « exerçait la juridiction des châtellenies de Saint-Fulgent en qualité de lieutenant, et ayant la survivance de sénéchal dudit lieu ». De plus il est indiqué que cette propriété provenait d’un ancien sénéchal de Saint-Fulgent au début du 18e siècle, Louis Proust sieur de la Barre (23). C’est dire si le commerce et la magistrature se fréquentaient sans complexe à l’époque, les offices (emplois) de magistrats étant eux-mêmes mis en vente et se transmettant par héritage. L’aveu ne nous donne pas le nom des tenanciers de l’auberge. Mais dans les archives notariales on trouve la ferme du Lion d’Or du 30 août 1768 à Louis Savaton, cuisinier, et Charlotte Roussière sa femme, par Pierre Genet, sénéchal de Saint-Georges est-il écrit. Il était donc juge dans deux châtellenies voisines. La ferme est conclue pour 7 ans (1770-1777), moyennant 400 livres par an (24), soit l’équivalent d’une belle métairie de 35/40 hectares. En revanche Charles Guyet, descendant d’une famille d’aubergistes, est propriétaire de l’auberge concurrente du Chêne-Vert, tenue par sa mère, et qu’il afferma en 1777 à un hôtelier.

Quast : Le chirurgien au village (musée de Dôle)
Le métier de certains propriétaires est indiqué, mais rarement : cabaretier pour Jacques Gautier, maréchal ferrant pour Jacques Rousseau, cordonnier pour François Briand, tailleur d’habits pour Jean Lamy, chirurgien pour Jean Leloup sieur du Parc. Le chirurgien était vu comme un artisan à l’époque, considéré nettement au-dessous du médecin et de l’apothicaire. Il lui était imparti en effet un travail manuel : appliquer les emplâtres et onguents, manier la lancette, arracher les dents, etc. Il passait un examen devant une communauté de chirurgiens après son apprentissage. Il faut distinguer le simple chirurgien du maître en chirurgie, qui était un grade de l’université, qu’on pouvait acquérir dans une école de Thouars. Il y avait aussi le chirurgien juré, qui faisait partie d’une corporation, c’est-à-dire qui devait payer une taxe au roi pour exercer son métier. C’était le cas de Jean Leloup. Il devait bien y avoir dans le bourg de Saint-Fulgent un apothicaire, chargé de la préparation des médicaments. On accédait au métier en faisant un stage chez un apothicaire, mais dans la hiérarchie sociale de l’Ancien Régime, l’apothicaire était souvent considéré au-dessus du simple chirurgien à cause de sa position de marchand. 

On ne connaît pas de médecin à Saint-Fulgent avant l’arrivée de Benjamin Martineau vers 1790. Tout juste en 1665, le riche prieur de Saint-André, Pierre Moreau, était soigné par un nommé Charbonnel, docteur en médecine, dont on ignore la demeure (25). Gradé de l’université, le médecin formulait des diagnostics et à délivrait des ordonnances. Enfin l’officier de santé, lui, n’avait pas de grade universitaire, mais faisait un stage près d’un médecin ou d’un autre officier de santé (26). De ce bref aperçu sur les métiers de la médecine d’autrefois on retient le rôle central des « chirurgiens » dans les campagnes. En témoigne Jean de Vaugiraud à Mortagne, qui paie 12 livres en 1620 à un chirurgien « pour avoir traité ma femme d’un mal de tétin » (27).

L’abbé Boisson, chercheur d’une grande curiosité, a laissé aux Archives du diocèse de Luçon un inventaire des Auvergnats de Saint-Fulgent. Il a relevé 6 noms entre 1741 et 1788 sur le registre paroissial pour 4 mariages et 5 enterrements, certains ayant été inscrits pour les deux. À ces 6 noms s’ajoutent celui de quatre témoins aux enterrements, originaires d’Auvergne. Ils étaient jeunes et avaient parfois un métier (chaudronnier, charpentier). On sait que les Auvergnats passaient ramoner les cheminées, et cet inventaire, même modeste par le nombre, montre une implantation de migrants venus d’une région pauvre (28).

Les bâtiments déclarés et leurs redevances


On a 33 maisons seules, plus 20 maisons avec leurs jardins, auxquelles il faut ajouter les auberges du Lion d’Or et du Chêne Vert, deux forges, deux fournils avec four à cuire le pain et 4 maisons à usage variés, 8 granges. À ces 71 bâtiments comprenant une pièce parfois, plusieurs le plus souvent, il faut ajouter 5 masures ou masureaux (bâtiments en ruine) et beaucoup de pièces de jardins seules. L’insuffisance des indications de l’usage des bâtiments ne nous permet pas de calculer le nombre d’habitants du bourg. On sait seulement qu’un gros village de Saint-André-Goule-d’Oie à cette époque, comprenant une quinzaine de maisons habitées, pouvait comprendre environ 80 habitants. On peut estimer en conséquence la population du bourg de Saint-Fulgent autour 500 à 600 habitants environ. Ce n’était pas une ville avec des remparts, mais un simple gros bourg rural, comme les bourgs des Essarts, de Montaigu, de la Roche-sur-Yon ou de Chantonnay. Peu d’habitants de la contrée étaient allés dans une vraie ville, à Nantes, Luçon ou Fontenay-le-Comte par exemple. Néanmoins le mot ville est employé ici au sens moderne, car dans les papiers de l’époque on l’attribuait aux gros bourgs de Saint-Fulgent, les Essarts et Montaigu, mais évidemment pas aux petits bourgs de Saint-André-Goule-d’Oie, Chauché, la Rabatelière ou Chavagnes.

Mairie de Saint-Fulgent
Parmi ces maisons on s’est attardé sur celle de Charles Guyet, dont le fils deviendra propriétaire de Linières en 1800. Charles Guyet habitait sur le côté sud-ouest de la Grande Rue, coupant le bourg de Saint-Fulgent en deux parties dans l’axe nord-ouest/sud-est. Sa maison se situait au milieu du bourg et au nord-ouest de son auberge du Chêne-Vert, cette dernière étant à la croisée de la Grande Rue et du chemin conduisant à la Basse Clavelière. L’actuelle mairie parait être construite à la place de l’ancienne maison de Charles Guyet. À côté de sa maison se trouvait le pré du Fondreau appartenant à Mathurin Thoumazeau, le procureur fiscal. Charles Guyet avait acheté sa maison aux enfants de Louis Prosper Proust décédé en 1745, qui avait été entre autres sénéchal (juge) des châtellenies de Saint-Fulgent, Bazoges et les Essarts, et subdélégué de l’intendant du Poitou. De sa cour d’entrée séparée de la rue par un mur, on pénétrait d’abord sous une galerie donnant accès à la maison. Il y avait quatre pièces à l’étage et quatre pièces à vivre au rez-de-chaussée, plus cuisine, boulangerie, décharge, grenier, cellier, grange, écurie, toits, basse-cour, cave (portant au-dessus un grenier et une chambre). Sur un côté de la maison la galerie longeait un jardin qui s’étendait aussi à l’arrière. Le tout était enclos de murs et occupait une surface de 8 boisselées, soit près d’un hectare environ. Plus à l’ouest il possédait un verger (Hauts Verger) auquel on accédait par un chemin de servitude qui longeait son mur nord. Son mur du côté sud le séparait du jardin et de l’auberge du Lion d’Or. Il possédait aussi la maison dite du « Petit Chêne Vert », située proche du château et de l’autre côté (est) du Grand Chemin en direction de la Rochelle. Elle comprenait une pièce à l’étage et plusieurs au rez-de-chaussée, avec un jardin. Une pièce donnant sur la rue servait de boutique. Dans toute cette description on ne relève pas de latrines, contrairement à d’autres maisons comme celle de Thoumazeau, procureur fiscal. On suppose que les nombreux jardins en comportaient parfois.

Tous ces bâtiments du bourg étaient tenus du seigneur de Saint-Fulgent à la charge de lui payer un cens, chaque fête de noël, faible à l’époque. On ne rencontre qu’un bien sujet à droit de terrage (1/18e). 7 autres biens étaient sujets à une redevance en nature, de 1 à 5 chapons, sachant qu’un chapon était estimé dans cet aveu de 1774 à 10 sols l’un. Tous les autres biens étaient sujets au paiement d’un cens en argent allant de 1 denier à moins d’une livre pour 91 % d’entre eux. Nous avons en effet une grange payant 1 livre et 6 sols, la maison de Charles Guyet payant 3 livres 19 sols et 10 deniers, l’auberge du Lion d’Or payant 1 livre 16 sols et 2 deniers, la boutique du Chêne Vert payant 1 livre 16 sols pour un droit d’ouverture et d’accès à un chemin, la maison du sieur Duparc payant 5 chapons (2 livres 10 sols), la maison de Jacques Meusnier payant 1 livre, et la maison de l’Ecu, du notaire Claude Frappier, payant 2 livres 11 sols 11 deniers. Les redevances annuelles en argent inférieures à une livre totalisent 17 livres et 3 deniers, soit 5 sols en moyenne pour chaque bien déclaré. Si un particulier voulait construire une maison il devait en demander le droit, moyennant création d’un cens. Ainsi Nicolas Tricouère dû s’acquitter annuellement d’un cens de 5 sols pour une boutique qu’il fit construire devant une maison en 1734, et appartenant en 1774 à François Morlière. C’était le lot des bourgs d’individualiser les redevances seigneuriales dues sur chaque domaine, alors que dans les villages les cens et sur-cens étaient collectifs la plupart du temps, à la fois pour les bâtiments du village et les parcelles foncières agricoles du tènement. Dans les bourgs de la Rabatelière, de la Chapelle de Chauché et de Chavagnes, on fait le même constat de redevances individuelles qu’à Saint-Fulgent (29). Quant au bourg de Saint-André-Goule-d’Oie il avait un régime particulier, assimilable à celui des bourgs francs créés vers le 12e siècle, où les habitants ne payaient que deux modestes redevances sur l’élevage des cochons et un sens colectif.

Au paiement du cens, s’ajoutait celui du droit de puisage dans deux fontaines (puits), dont l’une s’appelait la fontaine du Rimon. Ce droit était attaché à des maisons ou jardins et n’était que de 6 deniers par an. On ne relève que 3 domaines ayant un puits individuel, alors que le droit de puisage est mentionné 38 fois dans l’aveu pour le bourg. On a trouvé un de ces puits au bord de la route nationale dans les années 1960 devant l’extrémité droite de l’ancien café du Lion d’Or (30). Il y avait aussi le droit d’emplacement de « fumerit » (fumier), variant de 1 à 10 deniers par an, et acensé par le seigneur des lieux à 6 domaines en 1774. Ces fumiers révèlent une activité agricole dans le bourg.

Au terme de cet inventaire on peut dire que la plupart des maisons avaient donc leurs jardins, et comme dans les villages l’eau potable était un service collectif mis en place par le seigneur moyennant une redevance. Ainsi Charles Guyet possédait plusieurs jardins ou planches dans des jardins du bourg : 4 boisselées dans le « jardin de la Menaudière anciennement appelée la Petite Thibaudière », 6 boisselées en « affiage » (verger) dans le « Haut Jardin », 1/3 de boisselée dans le « Jardin des Vallées », 6 gaulées de terre dans le « jardin des Cloistre », et 1 boisselée dans le « Jardin des Vignes ». On avait besoin pour cela d’espace, et l’urbanisme d’alors n’imaginait pas l’alignement des maisons les unes contre les autres. Pourtant les maisons elles-mêmes n’étaient pas grandes. Leurs dimensions ne sont jamais indiquées dans les documents notariaux et seigneuriaux consultés dans la région. Mais on a repéré une maison composée d’une seule pièce dans la région de Fontenay-le-Comte en 1618 : 6 mètres de long et 5 mètres de large. On y logeait un métayer d’une borderie avec sa famille (31). Ces gros bourgs comme à Saint-Fulgent étaient ruraux et ses habitants demeuraient des campagnards, même ceux qui exerçaient des fonctions de citadins (notaires, juges, etc.), se déplaçant à cheval et habitués au vent et au soleil. Le gros bourg de Saint-Fulgent était un lieu d’échanges avec ses marchés, ses foires et ses artisans, ouvert aux longues distances avec ses deux auberges au long d’un Grand chemin reliant de grandes villes. En même temps c’était un petit centre administratif avec ses notaires, ses juges, etc. On comprend alors qu’il fut choisi en 1790 comme chef-lieu du canton qu’on a alors créé.

L’auberge du Chêne Vert


En 1774, Charles Guyet ne payait qu’un cens de 8 sols pour son auberge du Chêne Vert. Elle était composée « d’une salle, de deux autres chambres basses, de deux autres petites chambres, de 5 chambres hautes, cave, cellier, écurie, grange et toits, cour au-devant sans être renfermée ». Elle était située à l’angle de la route nationale et de la route qui conduit à la Clavelière. Vers 1777, Charles Guyet se retira de son hôtel du Chêne-Vert à Saint-Fulgent, ne conservant que la propriété des murs. Il loua le fonds de commerce à Alexis Hayraud (32). Par héritage les bâtiments de l’hôtel sont passés au 19e siècle aux Martineau puis aux de Grandcourt, devenant une maison d’habitation.

L’auberge dû servir de relais de poste, quoique cela n’apparaisse pas dans l’aveu du seigneur de Saint-Fulgent. La poste de Nantes à la Rochelle passait en 1726 les lundi, mercredi et samedi (33). Suivant les comptes du notaire Bouron de Chavagnes, les tarifs d’auberge à Saint-Fulgent en 1748 étaient pour ¼ de vin : 2 sols 6 deniers, et pour 1 dîner (repas de midi) avec repue (mangée) du cheval : 14 sols.

L’auberge connut l’accouchement d’une voyageuse, le 1e novembre 1759, Marie Thérèse Risoly demeurant à Nantes. On y constata aussi des décès, de Renée Jeanne Marquet le 22 avril 1749, originaire de Bretagne, de Pierre Noguet le 13 mars 1785, marchand originaire d’Anjou, de Louis Allain le 29 avril 1763, domestique.  

En 1962, l’ancienne auberge est devenue la maison de Mme Louis de Grandcourt (34)


Autres redevances seigneuriales  


Halles autrefois à la place de ces maisons
Sur les marchés de la cohue (halles) dans le bourg tous les mardis, le seigneur faisait percevoir un droit de halle (étal) et minage (poids et mesures) sur les marchands. Ce droit de fixer les mesures et de les étalonner s’appliquait au blé, vin, sel, huile et draps. On appliquait les mêmes mesures qu’aux Herbiers et aux Essart, mais l’important était qu’elles soient propres à la seigneurie pour percevoir des taxes. Les halles touchaient au grand chemin de Nantes à la Rochelle et à la rue Saint Jean qui existait déjà avec ce nom. Son emplacement est maintenant occupé par des maisons.

De plus les jours de marché le seigneur percevait des droits sur les marchandises entrant, vendues ou non : 2 deniers par sol pour le beurre, 2 poignées de lin par "botteau" (botte) de lin, un œuf par panier « quelque peu ou beaucoup qu’il y en ait », et sur le blé et sel par chaque boisseau 3 deniers. Pour les 7 jours de foire dans l’année les droits sur les marchandises mises en vente étaient du double de ceux des jours ordinaires de marchés. Le droit d’étal des marchands sous les halles ou sur la place attenante était de 2 sols les jours de foire. Ces jours-là étaient prévus des droits de 4 deniers par pièces sur les chevaux, les bêtes aumailles (bovins) et porcines. Les 7 jours de foire de Saint-Fulgent avant la Révolution étaient : le mardi de Pâques, le mardi de la Pentecôte, la petite Saint-Jean (6 mai), la Saint-Claude (6 juin), la grande Saint-Jean (24 juin), la Saint-Côme (27 septembre) et la Saint-Fulgent (8 octobre). Aux foires de Saint-Fulgent s’ajoutaient dans la contrée les autres foires fréquentées par les habitants de Saint-André-Goule d’Oie et de Saint-Fulgent, de Vendrennes, Bazoges, l’Oie, des Herbiers et des Essarts. Ces lieux d’échanges témoignent d’une activité économique, rendant possible un enrichissement.

Il existait un droit original sur ceux des habitants du bourg qui nourrissaient des chevaux. Ils devaient aller chercher les rentes en céréales dues au seigneur, qui étaient quérables, c’est-à-dire que c’était à ce dernier de les faire prendre sur les lieux de production. Néanmoins le seigneur devait payer la nourriture des personnes préposées à ce transport. Pour tous les bourgeois du bourg concernés et probablement aussi les autres, la redevance devait être sans doute transformée en prix d’argent.

La Noue Grosselin au premier plan (2019)
Autre originalité venant du Moyen Âge, le droit de quintaine. À Saint-Fulgent il obligeait les jeunes mariés « qui veulent résider en madite châtellenie » à courir la lance sur un grand et fort cheval le lendemain de la pentecôte à la Noue Gosselin (près des bâtiments du Plessis Richard). Dans l’aveu de 1774 ce droit a été transformé en une taxe de 5 sols à payer à la pentecôte par les nouveaux mariés de l’année.

Un autre droit est difficile d’explication et concerne les repas des noces dans la châtellenie de Saint-Fulgent. Les mariés devaient donner aux célibataires présents deux pots de vin, un plat de viande, deux pains blancs et une demi-livre de chandelle. Et ceux-ci devaient chanter une chanson aux mariés « devant la maison où est le bouquet ». Faute par les mariés de donner ce qui était prévu, les célibataires avaient droit « d’exécuter sur la table » les nourritures et chandelle prescrites, sauf à ce que l’exécution en soit faite par un sergent (huissier) de la châtellenie. Une fête concernait encore les mariés et les « enfants à marier » le lendemain de la pentecôte. Chaque couple marié dans l’année précédente devait donner aux célibataires en âge d’être mariés 4 pots de vin, « un mouton baillier » et 2 gousses d’aulx. Et ces derniers pouvaient en retour « donner à dîner aux mariés, si bon leur semble ».

Que ces usages fassent partie des droits seigneuriaux montre qu’il ne faut pas réduire ceux-ci aux seules taxes ou impôts prélevés au profit des seigneurs. Ils témoignent d’une imbrication du pouvoir seigneurial dans la vie sociale festive des habitants de la seigneurie au Moyen Âge. On avait néanmoins à Saint-Fulgent une redevance d’un sol au seigneur des lieux due par les jeunes mariés et les veuves demeurant dans le bourg à chaque fête de Toussaint, qui s’appelait « adieux de baillis » ou « ageans de baillis ». Chaque aveu reprenait les droits du seigneur tels qu’ils étaient formulés dans l’aveu précédent, comme le droit de fortification par exemple, sans forcément de lien avec la réalité, le temps passant. Il serait intéressant de savoir ce qu’il en était réellement de ces usages en 1774 à Saint-Fulgent. Ailleurs dans le bocage on appelait ces droits de nature festive, droit de bachelette. Chaque seigneurie avait ses variantes propres, se déroulant souvent au printemps. Mais les « fêtes baladoires » auxquelles elles pouvaient donner lieu comme à la Noue Gosselin, ont pu dégénérer en désordres. Elles furent supprimées par arrêt des Grands Jours (session extraordinaire du parlement tenue exceptionnellement à Poitiers) le 14 décembre 1665. Celle de Châtillon-sur-Sèvre fit l’objet d’une interdiction spécifique par le parlement de Paris en 1779 (35). Ces interdictions attestent de leur existence, probablement aussi à Saint-Fulgent, mais nous manquons de récits pour les situer dans le temps et rendre compte de leur réalité. 

Le privilège de la chasse


L’aveu étudié ne cite pas le privilège de chasse dont bénéficiait le seigneur de Saint-Fulgent, peut-être parce qu’à cette époque il était très encadré par la législation royale après l’avoir été par la coutume, et que cela suffisait. L’administration des Eaux et Forêts avait son siège à Fontenay-le-Comte pour le Bas-Poitou, et avait un pouvoir judiciaire exclusif dans les domaines de la chasse, de la pêche, de l’activité sur les cours d’eau, et de l’abattage des arbres. Personne ne pouvait chasser sur les domaines faisant partie des fiefs seigneuriaux (métairies, bois, forêts, étangs), sans une permission expresse des seigneurs. Les non-possédants des fiefs y étaient interdits de chasse suivant l’ordonnance d’août 1669, article 28 du titre 3 (36). De plus les champs semés de céréales et les vignes, de tous domaines, étaient interdits aux chasseurs de toute condition à certaines périodes dans l’année. Il était interdit aussi aux seigneurs d’empêcher les particuliers d’arracher les mauvaises herbes, de faucher leurs foins et de moissonner à leur volonté, ni les obliger à mettre des épines dans leurs « héritages » (domaines). Les seigneurs pouvaient nommer des gardes chasse pour faire respecter leurs droits, à condition que ceux-ci soient enregistrés à l’administration des Eaux et Forêts (37). Agnan Fortin a ainsi nommé dans cet emploi le 6 mars 1770 Charles Ravaud habitant Saint-Fulgent. Une enquête sur l’intéressé a été conduite par le maître particulier des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte. Deux témoins, affirmant n’avoir pas de liens avec lui, ont « déposé bien connaître Charles Ravaud, pour être de la religion catholique, apostolique et romaine, l’avoir vu s’approcher des sacrements et assister aux services divins, et capable de faire la fonction de sergent garde ». Il a été reçu le 20 mars suivant en son office de « garde de la terre et seigneuries de Saint-Fulgent, bois et buissons en dépendant » (38).

Bourg de Saint-Fulgent en 1900
En 1782 le nouveau garde s’appelait Pierre Baudry et demeurait au château de Saint-Fulgent. Le dimanche 25 août de cette année-là vers 6 heures du soir, il était en train de « faire le dû » (devoir) de sa charge, « orné » de sa bandoulière suivant le règlement, quand il entendit des coups de fusils sur la route des Herbiers à un quart de lieu du bourg (1 km). S’y étant rendu il vit un homme entrer dans une pièce de terre en genêts dépendant de la seigneurie de Saint-Fulgent. Il reconnut le fils Soulard, laboureur demeurant à la Petite Valinière (Saint-Fulgent). Dans son procès-verbal le garde écrit : « Je lui ai dit qu’il ne servait à rien de défendre de chasser, car l’année dernière j’avais trouvé son domestique aussi à chasser, et qu’il chassait journellement contre l’esprit des ordonnances et au mépris des défenses. Et d’autant qu’il n’est de qualité requise pour chasser ». Pierre Baudry a confisqué le fusil et est allé le lendemain déposer son procès-verbal à la maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay, seule habilitée à poursuivre pénalement le contrevenant (39).  

On sait que dans les décrets de la nuit du 4 août 1789 et jours suivants, ce privilège exclusif de chasse dans les fiefs nobles fut aboli, car voulant « détruire entièrement le régime féodal ». Mais le décret du 30 avril 1790 interdit ensuite de chasser sur le terrain d’autrui sans l’accord du propriétaire. Il semble bien qu’ainsi l’espoir de chasser librement connu une désillusion dans la contrée parmi les braconniers. En témoigne une lettre du fondé de pouvoir de la Rabatelière, le notaire Frappier, du 21 février 1791 à son châtelain habitant ordinairement à Nantes, où il l’informe de la situation dans la contrée sur ce sujet : « Je crois que M. de Lespinay (propriétaire de Linières) n’a encore rien fait au sujet de la chasse, qu’il avait comme vous défendue par affiche ». Dans une autre lettre du 21 mars suivant Frappier continue au même : « J’ai parlé à M. Verdon concernant la chasse. Il me dit que M. de Lespinay n’avait rien fait. Un jour M. le chevalier de Chabot passant ici, nous eûmes un moment de conversation ensemble, et il en fut question. Il dit qu’il fallait autant qu’il était possible fermer les yeux dans ce moment sur bien des choses. Nous ferons, monsieur, tout ce que vous voudrez là-dessus, mais je désirerais bien que quel qu’autre que vous commençasse les actions. Si cependant c’est votre dessein, il faudra bien le faire » (40). On hésitait apparemment à poursuivre les paysans qui s’étaient mis à chasser illégalement en profitant des premières initiatives de la Révolution en ce domaine. Quand on sait ce qui s’est passé ici deux ans plus tard, et au regard du peu d’informations disponibles sur le vécu des événements dans cette période dans la contrée, le détail mérite d’être remarqué. Les anciens seigneurs devenus simples propriétaires hésitaient à sévir contre les chasseurs, qui voulaient profiter du vent de liberté né dans la nuit du 4 août.

Conclusion


Cet aveu en 1774 du seigneur de Saint-Fulgent à son suzerain de Tiffauges constitue à lui seul un cours d’histoire et de géographie, certes incomplet, nous emmenant en voyage dans le temps à seulement 2,5 siècles de distance. Tellement proche et tellement éloigné en même temps ! Il faut dire que 15 ans plus tard la Révolution française fut un accélérateur du temps dans le domaine politique. Et 75 ans plus tard les nouvelles techniques permises par la métallurgie révolutionnèrent l’agriculture dans la contrée, base de son activité économique. Désormais le temps s’écoulerait au rythme du progrès proclamé, tendant à nous faire oublier l’immuabilité tout aussi proclamée du temps d’avant. Quant à notre époque, qui a inventé l’accélération du temps, ne nous rend-t-elle pas l’année 1774 encore plus précieuse à visiter à Saint-Fulgent ? 


(1) Abbé Auber, Saint Martin de Vertou, Société des Antiquaires de l’Ouest (1868), page 48 et s.
(2) Cartulaire de Pouzauges, no 7, 7 bis, 12, et 13.
(3) Mémoire de la Société des antiquaires de l’Ouest, Marcel Garaud, Les châtelains de Poitou et l’avènement du régime féodal aux XIe et XIIe siècles, (1964) tome VIII.
(4) Aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (Armand Louis Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13. Toutes les informations de cet article proviennent de cette source, sauf par exception celles mentionnées par d’autres.
(5) Saint-Fulgent divers, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 23.
(6) J. Biteau, Deux capitaines de paroisse : les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d’Oie, dans la Revue du Souvenir Vendéen, no 239 juin, 2007, page 24.
(7) Vente Jaud demeurant à Château Gaillard du 5 novembre 1872, Arch. dép. Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Chauvin, répertoire 3 E 30 1, no 283, vue 114/174. 
(8) Les deux bourgs de la Rabatelière, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 57-2.
(9) Témoignage de M. Cunaud pharmacien à l’abbé Boisson. Un autre donjon ainsi dénommé de nos jours existe près de la maison du percepteur sur le chemin qui va à l’école des filles, notes Boisson, Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds Boisson, 7 Z 23. 
(10) J. Brégeon et G. Guicheteau, Nouvelle Histoire des guerres de Vendée, Perrin, 2017, page 26.
(11) Instruction en 1746 de Daniel-Charles Trudaine, intendant des Finances en charge du département des Ponts et Chaussées.
(12) Lettre du 1-2-1726 de Bousseau à M. Montaudouin sur des affaires en cours, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 7.
(13) Les seigneurs de Saint-Fulgent, inventaire de la succession Fortin, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 18-2.
(14) E. Durel, Les moulins de Vendée, Geste Éditions, 2016, page 10.
(15) Lettre du 29-4-1730 de Bousseau à M. Montaudouin sur le moulin de Montorgueil, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 7.
(16) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 17-2.
(17) Lettre du 20-8-1727 de Bousseau à M. Montaudouin sur les affaires en cours, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 7.
(18) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 26, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(19) Arrentement du 15-1-1771 du four banal de Saint-Fulgent, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6.
(20) Arrentement du 22-12-1773 d’une métairie à la Chaunière par Fortin, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(21) Estimation des travaux du 17-6-1754 sur les moulins de la Pesotière (Saint-Fulgent), Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/114.
(22) Idem (5)
(23) Les officiers seigneuriaux et municipaux de Saint-Fulgent (1700-1830), Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 16.
(24) Ferme du 30-8-1768 de l’auberge du Lion d’Or à Saint-Fulgent, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120.
(25) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 7.
(26) Les médecins, chirurgiens, apothicaires, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 22-2.
(27) Journal de Jean de Vaugiraud, Archives d'Amblard de Guerry, classeur Prix et mesures. Et Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, livre de raison de Jean de Vaugiraud de 1618 à 1625 : 22 J 10.
(28) Idem (5).
(29) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, pages 15 et 18, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(30) Idem (5).
(31) Archives d’Amblard de Guerry, classeur Prix et mesures. Et Archives de Vendée, bibliothèque historique, Journal de messire Paul de Vendée seigneur de Vendée et de Bois-Chapeleau : BIB 6471.
(32) Partage du 4-8-1783 de la succession d’Alexis Herault aubergiste entre les consorts Herault voituriers et Bénigne Planchet sa veuve, Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/8.
(33) Dugast-Matifeux dans « Échos du Bocage Vendéen » no 6, page 19, cité par Paul Boisson dans Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 23.
(34) Information de Me Phelippon, notaire, confirmée par M. Marmin secrétaire de mairie le 4 octobre 1962, notes de l’abbé Boisson, Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds Boisson, 7 Z 23.
(35) J. Dehergne, Le Bas-Poitou à la veille de la Révolution, CNRS, 1963, page 153 et s., Archives de Vendée : BIB 1224. Et Augustin Herault, Les « gas » du bocage vendéen de 1760 à 1960, Hérault, Maulévrier, (1977), pages 45 à 47.
(36) Ordonnance du 11-9-1751 sur le droit de chasse dans les terres non nobles, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1250.
(37) Règlement du 15-5-1779 du comte d’Artois sur la chasse dans ses forêts du Poitou, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1368. Et ordonnance du 21-7-1747 sur la chasse (réitération) du maitre particulier de Fontenay, ibidem : B 1382.
(38) Dossier de réception du 20-3-1770 de garde des terres de Saint-Fulgent, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1434.
(39) Procès-verbal du 25-8-1785 de chasse interdite à Saint-Fulgent, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1440.
(40) Les Montaudouin, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.

Emmanuel François, tous droits réservés
Novembre 2019, complété en janvier 2024

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