vendredi 15 janvier 2010

Les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d'Oie


Il me paraît nécessaire de compléter et rectifier les brèves informations que j’ai données dans mon livre au sujet des frères Cougnon, capitaines de paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie  au moment des guerres de Vendée. En effet, un article de la Revue du Souvenir Vendéen No 239 de juin 2007, apporte des précisions dont je n’ai pas eu connaissance à cette même époque où je commençais mes recherches sur Linières. Son auteur est Jérôme Biteau, et voici les précisions apportées dans son article : « Deux capitaines de paroisse : les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d'Oie »
D’abord il ne faut pas confondre les deux frères : Christophe et François.

Christophe Cougnon 


Il est né aux Essarts le 13 août 1761 (vue 21). Il est le fils de Jacques Cougnon (1733-1807) et de Marie Chacun, ces derniers étant natifs de Saint-André. Au jour du rachat de Linières par Mme de Lespinay en août 1796, Jacques Cougnon est noté dans l’acte comme fermier de la Guérinière.

Le grand-père de Christophe Cougnon s’appelait aussi Christophe, marié à Marie Chaillou en 1730. Il était né en 1706 dans une ferme de la Ridolière où son propre père, Jean Cougnon (1696-1727) était alors fermier et marié en 1695 avec Marie Bricou. Jean Cougnon était le fils de Pierre Cougnon et de Marie Pain.

Puis Jacques Cougnon avait quitté  la Ridolière avec son père pour prendre une métairie au village de la Grange aux Essarts, appartenant à Louis Gabriel de Lespinay, seigneur de Beaumont. Il y résidait en 1776 (1). Ensuite il vint s’installer à la Guérinière, qui dépendait du domaine de Linières, appartenant à Charles Augustin de Lespinay, neveu du précédent.

Christophe et François Cougnon eurent trois frères et trois sœurs. Le contrat de mariage de l’un d’eux, Jean, avec une cousine au 5e degré, Marie Cougnon, en 1778 est accessible par internet sur le site de la Vendée (2).

Au moment de la Révolution, Christophe, habitant la Guérinière, occupait les fonctions de régisseur à l’amenage (ensemble agricole dépendant d’un propriétaire unique) du château de Linières, selon Jérôme Biteau (3). Cette information n’est pas forcément en contradiction avec celle que je relate dans mon livre (page 107) avec l’enterrement du régisseur de Linières, Jacques Mandin. Ce dernier évènement date de février 1794 et on peut penser qu’il a succédé dans cet emploi à Christophe Cougnon, qui a été grièvement blessé en août 1793 et qui avait sans doute dû délaisser sa fonction à Linières. Et puis le mot régisseur employé plusieurs dizaines d’années après la guerre n’est peut-être pas à prendre au pied de la lettre. On ne le voit pas superviser son père, un des métayers de l’amenage. En tout cas il devait avoir des responsabilités à Linières. De toute façon, le domaine était sous séquestre depuis juin 1792, à cause de l’émigration de son propriétaire à la fin de l’année précédente (4). Il y avait eu nomination d’un gardien sur place et les fermages étaient aussi sous séquestre. Nous n’en savons pas plus, mais il est probable que les hommes de confiance du vicomte de Lespinay sur place, dont Christophe Cougnon, devaient ronger leur frein face à cette situation.

Celui-ci avait épousé le 25 janvier 1785, à Saint-André, Marie Madeleine You, dont il eut 6 enfants. Il avait un surnom : Tophliet, diminutif de Christophe dans le patois local..

La loi de réquisition du 24 février 1793 concernait les hommes célibataires ou veufs sans enfants de 18 à 40 ans. A cet égard, les deux frères Cougnon ne tombent pas sous le coup de la loi, étant tous deux mariés, contrairement à ce qui a été écrit. Chaque département devait répartir son contingent entre les districts, et ces derniers devaient en faire autant entre les communes. La ponction était lourde, concernant en moyenne 20 % des inscrits sur les listes. Normalement on commençait par ouvrir un cahier où pouvaient s’inscrire les volontaires. On pouvait aussi organiser une souscription à leur profit, et à celui des désignés si les premiers étaient en nombre insuffisant. Dans les villes ces souscriptions ont été parfois utiles, la misère épaulant le patriotisme pour susciter des volontaires ou adoucir le sort des désignés. Faute d’assez de volontaires on procédait au tirage au sort (comme jadis la milice) ou à un scrutin (5). Ces détails n’apparaissent pas souvent dans les livres d’histoire sur la Vendée, comme si le tirage au sort avait été la règle unique et obligatoire. Mais on comprend que le refus massif de se rendre à la convocation rend ces précisions superflues.

Le Coudray
Dans la nuit du 9 au 10 mars 1793, au moulin Briand, dit Dria (aujourd’hui totalement disparu, entre le bourg de Saint-André et le village de la Brossière), Christophe prononce un discours aux conscrits de la paroisse, réunis pour décider que personne n’irait au biet (tirer au biet, au billet, c’est à dire au sort). Celui-ci devait avoir lieu le lendemain dimanche 10 mars, qui marque en maints endroits de la région le début de l’insurrection vendéenne (6).

Les exemptions d’inscriptions sur la liste des inscrits au tirage au sort, au profit des membres des administrations des municipalités et districts, ainsi que des gardes nationaux sur place (perçus comme des ennemis par les paysans) furent très mal comprises. On a dit que le tirage au sort utilisé au temps de l’Ancien Régime, faisaient partie des pratiques rejetées, ce qu’on n’a pas pu vérifier dans les cahiers de doléances. Défendre une république haïe était impossible pour les jeunes de Saint-André. 

Le 11 mars, date très probable, une partie des conscrits assomment mortellement le maire de Saint-André, Guesdon, parce qu’il a donné la liste des jeunes gens à tirer au sort aux autorités. Le même jour, l’adjoint Marchand (au Plessis-le-Tiers) est également assommé.

La mardi 12 mars se produisit l’épisode appelé « complot » à la foire de l’Oie. On ne sait pas si des hommes de Saint-André y participaient, mais contrairement à ce qui a parfois été écrit, on est sûr de la date de l’évènement (6). On fit prisonnier quelques gendarmes.

Dans la nuit du 11 au 12 mars une seconde réunion des conscrits a lieu dans le pré de Rapine près du Coudray. Il porte ce nom dans le cadastre de 1838 (parcelle no 1 de la section E 2 de la Boninière, en nature de pré, située peu avant que le ruisseau venant du Coudray, qu’il longe, ne se jette dans le ruisseau du Vendrenneau). Tophliet, grimpé sur un chêne élagué, qu’on montrait encore dans les années 1950, fait un discours mobilisateur pour attaquer les bleus à Saint-Fulgent le lendemain. Il est acclamé comme chef. On devait prévoir que l’assassinat du maire et de son adjoint allait attirer l’arrivée des bleus.

Le 12 mars une colonne de 60 républicains envoyée de Fontenay et commandée par Charles Pierre Marie Rouillé, est attaquée à l’entrée du bourg de Saint-Fulgent. Ils avaient été envoyés par le directoire du conseil départemental de la Vendée pour combattre les rebelles dans le district de Montaigu (7). Parmi eux Laparra est fait prisonnier (8). Les documents disponibles ne disent pas qui commandait alors les révoltés. À cause de la suite on cite dans les livres Tophliet et ses hommes de Saint-André, et aussi ceux de Saint-Fulgent avec à leur tête l’aubergiste Lusson et Gautier, procureur de la commune.

Le 13 mars les révoltés vendéens, dont les hommes de Tophliet, attaquent Rouillé à nouveau, ce dernier renforcé par la garde nationale de Niort, et les dispersent jusqu’à l’Oie. La troupe républicaine aurait été de 200 hommes (version de l’abbé Charpentier, ou une centaine dans la version de l’abbé Deniau). D’autres récits retiennent le chiffre de 3 000 républicains mis en déroute à Saint-Fulgent (9). C’est apparemment exagéré. Pour Saint-Fulgent et Saint-André cette journée est souvent retenue pour dater le début de l’insurrection, ce qui peut se discuter.

Dès le lendemain 14 mars les volontaires de toutes les paroisses voisines se rassemblent à Saint-Fulgent sous les ordres du vieux chevalier de Royrand, (c’est le début officiel de l’armée du centre).

Le 19 mars suivant les troupes de ce dernier, comprenant les combattants de Saint-André-Goule-d’Oie regroupés autour de Christophe Cougnon, remportaient la première grande bataille, dite du Pont-Gravereau ou de la Guérinière (Saint-Vincent-Sterlanges), contre l’armée régulière du général Marcé. Sans même connaître cet évènement, la Convention, le même jour, décréta la peine de mort dans les 24 heures pour tous ceux qui prendraient part aux révoltes ou en arboreraient les insignes, désignant l’ennemi d’un mot : "la Vendée" (10).

Au mois d’août 1793, Christophe reçoit une balle au cours d’un incident dans la cour du château de Saint-Fulgent, où il passe pour mort (11). Mais il n’en est pas mort immédiatement comme cela a longtemps été raconté par plusieurs historiens. Et j’ai repris cette version dans mon livre sur Linières. Sa mort est attestée, portant la date du 17-4-1797, sur le registre d’état-civil de Saint-André-Goule-d’Oie au jour du mariage de son fils, Jean, en 1813 (12).

François Cougnon 


Il est né aux Essarts le 25 mars 1766. Il épousa Jeanne Loiseau, de quinze ans son aînée le 23 novembre 1790 à Saint-André. Il s’installa alors chez elle au Coudray.

Celle-ci était la fille de René Loiseau, marchand, qui avait acheté le logis du Coudray en 1767 de Charlotte de Puyrousset, veuve de Louis Corbier. Il rejoignit la communauté de biens formés entre sa femme et son frère Louis Loizeau, ce dernier marié en 1758 avec Marie Anne Godard (13). Louis Loizeau avait été élu fabriqueur de la paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie en 1784 (14).

Jeanne et Louis Loiseau avaient une sœur, Marie, qui s’est mariée avec Jean Rochereau (1747-1805), dont le fils, Pierre, deviendra maire de Saint-André-Goule-d'Oie en 1835.

Charles Sapinaud de la Rairie
François a succédé à son frère comme capitaine de paroisse, après l’accident de ce dernier dans la cour du château de Saint-Fulgent en août 1793. Il avait participé depuis le début à tous les coups montés par son frère. Il avait la réputation d’un esprit moins vif et avec moins de gouaille. Il n’est pas parti dans la Virée de Galerne. En 1794 il rejoignit Sapinaud de la Rairie, qui regroupait des insurgés de l’ancienne armée du Centre, ayant Jean Aimé de Vaugiraud à ses côtés, un ancien officier de marine habitant le bourg de Saint-André-Goule-d'Oie. Le général de Royrand était mort en décembre 1793 dans la virée de galerne. Sapinaud de la Rairie organisa la résistance contre les colonnes infernales, souvent en liaison avec Charette. Dans une liste des officiers de la Vendée militaire publiée en 1887, on relève le nom de Cougnon, sans plus de précision entre les deux frères : « Cougnon, capitaine, 1793, de Saint-André-Goule-d'Oie » (15).

Au sujet de François Cougnon, on raconte une anecdote où est évoqué aussi le rôle exécrable de Benjamin Martineau, le futur habitant de Linières en 1799, beau-frère de Joseph Guyet. Dans la Revue du Souvenir Vendéen, est relaté l’épisode du « guet-apens de Saint-Fulgent » qui se serait déroulé le 25 janvier 1794. On peut lire : « Tous les royalistes de la contrée avaient été invités dans la maison du citoyen Martineau, maire de Saint-Fulgent, à assister à la plantation d’un arbre de la Liberté moyennant sauf-conduit et amnistie complète. Ce fut un piège : les portes du Grand-logis furent fermées et les royalistes présents interrogés. Sur les quarante enfermés dans la cour, quatre seulement réussirent à tromper la vigilance de leur geôlier, dont François Cougnon. Les autres furent enfermés à Chantonnay. Quelques-uns encore purent s’enfuir par une étroite fenêtre. Les derniers périrent à Fontenay au mois de février 1794. » À Legé, le général Turreau avait lui aussi utilisé le même procédé infâme, pour tuer quatre-vingt-dix hommes des paroisses de Falleron et Froide-Fond. Maurice Maupilier, historien de Saint-Fulgent, ne relate pas l’événement, affirmant que B. Martineau avait quitté Saint-Fulgent dès mars 1793 pour se réfugier à Fontenay et y revenir bien plus tard.

Cette histoire, probablement vraie, impute à Martineau une responsabilité qui ne lui est pas due. Il n’était pas maire à cette date, et habitait Luçon. Et on sait que ce n’est pas la seule « accusation » de la postérité à son encontre. Voir sa biographie publiée sur ce site en avril 2011 : Étienne Benjamin Martineau.

À la Restauration, François Cougnon reçut des mains du Préfet un fusil d’honneur au titre de capitaine au 2e corps d’armée de l’Ouest. Le capitaine de paroisse était le chef des insurgés de sa paroisse pendant la guerre de Vendée. Les officiers comme Charette ont ensuite organisé leurs armées en attribuant des grades plus conformes aux traditions militaires. La Révolution française avait en effet aboli toutes les décorations de l’Ancien Régime, mais sous la Convention, les généraux avaient pris pour habitude d’attribuer des armes d’honneur (fusil d’honneur, sabre d’honneur, ou encore tambour d’honneur) pour récompenser les actes de bravoure. C’était un usage aussi dans les armées du roi. Napoléon continua l’institution. Son fusil fut saisi par le nouveau gouvernement installé avec le roi Louis Philippe par la Révolution de 1830 (16). C’est qu’il était craint comme faisant partie des partisans de la branche renversée des Bourbons. Néanmoins la mesure fut générale et diversement exécutée.

François Cougnon reçut aussi des mains du comte de Suzannet, qui avait commandé le soulèvement vendéen de 1815, la décoration du lys « en témoignage de son amour et de sa fidélité envers la personne sacrée du roi ». Son compatriote de la Brossière, François Fluzeau, l'a reçu aussi le 1e janvier 1815. Et un autre habitant reçu un fusil d’honneur, attribué en 1817 et distribué en 1824 comme pour François Cougnon : François Chatry (17). Il avait été sous-lieutenant dans l’armée du Centre, division de Mouchamps, et était cultivateur. Il est décédé le 30 janvier 1820 à Saint-André (vue 165) et s’y était marié le 28 messidor an 12 (17-7-1804, vue 115) avec Jeanne Trotin. Il était le fils de François Chatry et Marie Chaigneau, et nous n’en savons pas plus. Les Chatry à l’époque étaient nombreux à la Forêt, la Bergeonnière, la Boninière, Saint-Fulgent, etc.

On connaît une part de la vie privée de François Cougnon avec les testaments, de lui et de sa femme en 1801 chez un notaire de Sainte-Cécile, puis en 1813 chez un autre notaire de Montaigu. Il en est de même avec les déclarations de succession de sa femme, lui et son fils. Ces informations intéressent plus sa famille que le grand public, et nous ne les reprendrons pas.
Stèle de François Cougnon

François Cougnon est mort à l’âge de 82 ans à St André le 15 décembre 1848 (vue 372), laissant un fils unique, également prénommé François, qui lui survécut 10 ans. Sa femme, Jeanne Loizeau était décédée à Saint-André le 4 décembre 1830 (vue 253).

Sa stèle funéraire est toujours visible au cimetière de Saint-André et une rue à l’entrée du bourg porte son nom.











(1) Archives historiques du diocèse de Vendée, bibliothèque, Patrick Molé, François Cougnon un capitaine de paroisse dans la guerre de Vendée, 1990, mémoire de maîtrise d’Histoire, Paris Sorbonne IV.
(2) Archives de  Vendée, notaires des Essarts, étude de (C) A. H. Verdon (1778), contrat de mariage de Jean Cougnon avec Marie Cougnon du 16-6-1778 (vues 69 à 71).
(3) Information donnée dans une lettre du petit-fils de Christophe Cougnon, nommé Jaud et demeurant à Chantonnay, reprise aussi par F. Charpentier dans son livre : Chez nous en 1793, Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen, 1096, page 261.
(4) Archives de Vendée, notaire Allard des Herbiers : 3 E 019, acte de notoriété du 12 germinal an 11 demandé par B. Martineau, (vue 202/492).
(5) Jacques Peret, Histoire de la Révolution Française en Poitou-Charente 1789-1799, Projets Éditions, Poitiers, 1988, page 165.
(6) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 46-2, les débuts de l’insurrection et l’année 1793.
(7) Compte rendu du directoire du conseil départemental de la Vendée du 24 fructidor an II (10-9-1794), sur les missions de Rouillé en mars 1793, Archives de Vendée : L 71, vue 10 (en ligne). 
(8) P. Gréau, Charles Aimé de Royrand et l’armée du Centte, Souvenir Vendéen, 2018.
(9) Idem (7).
(10) Alain Gérard, « Par principe d’humanité … » La Terreur en Vendée, Fayard, 1999, p. 56.
(11) J. Biteau, Deux capitaines de paroisse : les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d’Oie, dans la Revue du Souvenir Vendéen, no 239 juin, 2007, page 24.
(12) Archives de Vendée, état civil de Saint-André-Goule-d’Oie, mariage du 5-7-1813 de Jean Cougnon avec Aimée Mandin (vue 97).
(13) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, acte de communauté des Loizeau du Coudrais du 23-11-1788.
(14) Voir l’article la fabrique de St André Goule d’Oie au 18e siècle publié en janvier 2013 sur ce site, page 2.
(15) Collectif dirigé par Alexis des Nouhes, Généraux et chefs de la Vendée militaire et de la chouannerie, 1887, réédition en 1980 no 230, page 100.
(16) P. Gréau, Les armes de récompense aux vétérans des armées de l’Ouest, La Chouette de Vendée, 2019, page 108.
(17) Ibidem, pages 108, 176 et 190.

Emmanuel FRANCOIS, tous droits réservés
Janvier 2010, complété en septembre 2023

POUR REVENIR AU SOMMAIRE


Le divorce de Lespinay/du Vigier en 1800


Notre premier article sur ce site en janvier 2010, se rapportait au divorce en 1800 de la châtelaine de Linières et du vicomte Charles de Lespinay, revenu d’émigration après la Révolution. Il était basé sur la publication du réquisitoire du procureur général à la cour de cassation en 1804, Philippe-Antoine Merlin, concernant ce divorce. Puis les travaux de l’universitaire Véronique Noël-Bouton-Rollet sur Amaury-Duval, avaient permis d’éclairer le mystère de la naissance de Guyet-Desfontaines, fils de cette même châtelaine de Linières et de Joseph Guyet. Enfin, la découverte d’un acte de notoriété de 1803 dans l’étude notariale Allard des Herbiers, portant sur le séquestre de Linières en 1792, informait sur le contexte dramatique de ce divorce. Nous en avons fait état dans notre article d’octobre 2012 sur La rente foncière du tènement de Villeneuve à Chauché. Et voici que la numérisation du Journal des Débats, accessible sur le site Gallica, nous donne accès aux articles consacrés par ce journal à ce divorce, nous apportant des précisions complémentaires. C’est donc le moment de reprendre notre article pour l’actualiser, plus de quatre ans après sa première publication.

Les révélations du Journal des Débats


Ingres : portrait de Bertin
Le Journal des Débats était un quotidien, possédé en 1800 par les frères Bertin. Les enfants de Louis Bertin douard, Armand et Louise) continuèrent la direction du journal et furent des amis très proches des Guyet-Desfontaines et d’Amaury-Duval à partir des années 1830. Ce dernier dessina un portrait de Madame Édouard Bertin. Une fille d’Armand, Mme Léon Say, dont le mari fut ministre des finances, fut invitée à Linières au temps d’Amaury-Duval.

La rubrique des faits divers du journal s’est intéressée à ce divorce, à cause de la rudesse, de la diversité et de la complexité des passions qui s’y affrontaient : honneur, fidélité, amour, argent, politique, guerre civile. Et pourtant ce journal était quasi officiel, sérieux, un peu comme la réputation du Monde de nos jours, très loin du fonds de commerce habituel des journaux à scandales. C’est dire si la vie privée des châtelains de Linières a intéressé à l’époque. Dommage pour eux, que les habitants de Saint-André-Goule-d’Oie n’étaient certainement pas nombreux à s’être abonnés à ce journal à l’époque.

Dans son numéro du 15 janvier 1804, le Journal des Débats et lois du pouvoir législatif et des actes du gouvernement (titre complet à cette date), fait brièvement état de l’arrêt de la cour d’appel de la Seine, rendu deux jours plus tôt : « Le tribunal d'appel a confirmé le jugement de première instance dans la cause de Lépinay, il a décidé que M. Lépinay, émigré de son aveu inscrit sur la liste des émigrés du département de la Vendée, ne se trouvant ni rayé, ni éliminé ni amnistié à l'époque du divorce, était soumis à toute la rigueur des lois sur l'émigration, qu'en conséquence la dame Duvigier a pu provoquer la dissolution de son mariage sans recourir à l'intervention judiciaire. ».

Le journal avait publié deux articles dans les jours précédents, donnant des détails sur l’affaire. D’abord dans son numéro du 26 décembre le journaliste avait rendu compte de l’audience de la veille au tribunal, consacrée à la plaidoirie du demandeur en annulation du divorce, le vicomte de Lespinay, obtenu par son ex-femme, née du Vigier. Le nom de celle-ci avait été transformé par la Révolution en Duvigier. Puis dans son numéro du 1e janvier 1804, le même journal rendit compte de la thèse de la défense, Mme Duvigier.

Avant d’entrer dans les détails, nous commençons par une information importante. Elle concerne la naissance du fils de Mme Duvigier en 1797, Benjamin Guyet-Desfontaines. La lecture du jugement d’adoption en 1824 de ce fils par Mme Duvigier et son deuxième mari, Joseph Guyet, fait largement soupçonner que les parents adoptifs (habitant à la même adresse) sont aussi les parents biologiques de l’enfant, et que l’acte de naissance de ce dernier est un faux concernant le nom des parents qui y sont déclarés (Duverger et Desfontaines). Dans le Journal des Débats du 26 décembre 1803, le journaliste écrit à sa manière en page 2 et 3 ce qu’il entendu de l’avocat de M. de Lespinay sur le début des amours de Mme Duvigier, au moment où elle rachète Linières en 1796 : « Cependant elle permet l'entrée de sa maison à un jeune homme du même département, nommé Guyet, qui lui fait des offres de prêt, lui rend des soins, exprime bientôt une grande passion qui est partagée et porte madame de Lespinay à l'entier oubli de ses devoirs. Elle devient mère. » Quel aveu ! N’ayant pas eu d’autre enfant après Benjamin Guyet-Desfontaines, il s’agit bien de ce dernier. La falsification de l’acte de naissance n’avait pas trompé l’ex-mari. Notre soupçon sur la filiation biologique de Guyet-Desfontaines fait place désormais à une quasi preuve.


Un « scandale » mal connu



Palais de justice au Châtelet en 1800
C’est donc la procédure judiciaire tendant à annuler le divorce qui, par ses actes publics, nous informe de la vie privée des châtelains de Linières pendant la Révolution. On aurait préféré les archives familiales, qui ont disparu. Cette procédure a commencé par la signification du divorce à l’ex-mari le 19 février 1802. Celui-ci assigna Mme Duvigier devant le Tribunal de 1ere Instance de la Seine le 22 mars 1802. Le 2 avril 1803, Benjamin Martineau, marié à une sœur de Joseph Guyet et ancien révolutionnaire extrémiste de Saint-Fulgent, obtenait de maître Allard, notaire aux Herbiers, un acte de notoriété concernant le sort du château de Linières, séquestré en 1792, puis pillé en 1794 et déménagé en 1796. Le 8 juillet 1803, le tribunal de 1e instance de la Seine déboutait M. de Lespinay, validant le divorce. Le 14 novembre 1803, celui-ci était enfin rayé de la liste des émigrés, mais perdait son procès en appel le 13 janvier 1804. Enfin, le 24 juillet 1804, la cour de Cassation confirmait la décision de la cour d’appel.

Les actes de la procédure civile ont le mérite de tendre à la crédibilité, à cause des preuves dont ils ont besoin et de leur production contradictoire. Mais ils ont le défaut de trop maîtriser les états d’âme et de se priver d’éléments de psychologie. Néanmoins ils nous permettent de raconter une histoire vraie, quoique incomplète, loin de celle répétée par les anciens autrefois à Saint-André-Goule-d’Oie.

Cette histoire des anciens est intéressante à rappeler. Pour faire simple, la châtelaine de Linières, son mari étant parti à la guerre, s’est vu confisquer son domaine de Linières par les républicains. Elle a été obligée de le racheter. Mais ce faisant elle a été trompée par son régisseur, Joseph Guyet, à qui elle avait demandé d’aller à Fontenay pour y faire cet achat. Il a payé avec l’argent de Mme de Lespinay, mais il a fait mettre l’acte à son nom. Au retour, il a indiqué à l’ancienne propriétaire spoliée qu’elle n’avait qu’une solution pour rester châtelaine : l’épouser ! Ce qu’elle fit (1).

Faut-il dire que pour nos anciens, tout était logique dans cette histoire ? D’abord M. de Lespinay était parti à la guerre, ce qui est normal pour un capitaine. Il était, avec sa jeune femme, une victime des bleus, bien entendu. Et le fourbe, le voleur, était dans le camp des bleus. Quoi d’étonnant ? On n’était pas sûr que l’histoire soit juste, mais c’était celle racontée par la génération d’avant, choquante, mais plausible. Après tout, son authenticité vaut bien celle de l’histoire du jeune Barra racontée par des professeurs d’université (2).
L’histoire vraie, la voici approchée de près.

Naissance de deux filles et tourmente révolutionnaire de 1788 à 1794


Officier de cavalerie
Le vicomte Charles Auguste de Lespinay avait épousé à Poitiers par contrat du 20 mai 1788, Marie Marguerite Félicité du Vigier de Mirabal, orpheline de ses deux parents à l’âge d’un an (3). À cette date, le marié avait 35 ans et était capitaine depuis neuf années au régiment de Berry-cavalerie. Sortant du pensionnat Sainte-Croix de Poitiers, la mariée était âgée de 16 ans.
Sa mère, fille d’un capitaine d’infanterie, Henri Maurice Cherprenet, était morte à l’âge de 18 ans, 7 jours après avoir mis au monde sa fille. Le destin de celle-ci fut bien différent, à commencer par ses maternités. Elle eut deux filles avec son premier mari, nées à Linières : Henriette baptisée le 7 janvier 1790 (vue 238 du registre de Saint-André)) et Pauline le 3 octobre 1791 (vue 12). Au passage, le patronyme de Cherprenet « qui est sa véritable manière de l’écrire », suivant un acte de notoriété du 28 thermidor an 12 (16 août 1804), est préféré à celui lu dans d’autres actes officiels : Charprenet (4).

En mai, juin et  juillet 1791, le vicomte de Lespinay était à Linières. Il acheta dans cette période les métairies des Bouligneaux et du bourg de Saint-André. À la fin de l’année 1790 il avait vendu des arbres futaies épars dans les haies de ses métairies de Saint-Fulgent, et le 24 janvier 1791 un ingénieur de la marine vint en sélectionner 41, qui furent marteler pour en réserver l’usage prioritaire à la marine, suivant la règlementation toujours en vigueur depuis une ordonnance de 1669. La même opération avait été faite en 1788 pour 96 arbres à Linières. Voiturés jusqu’au port de Mareuil ou Luçon, les arbres étaient transportés sur les fleuves jusqu’à la mer, puis embarqués au bord de l’Océan pour le port de Rochefort (5). Le 20 mai 1791 Charles Auguste de Lespinay signa une procuration chez le notaire de Saint-Fulgent, nommant un représentant, dont le nom était laissé en blanc, ayant tout pouvoir pour accomplir les démarches nécessaires au rachat de sa charge de capitaine de cavalerie (6). On sait que la vénalité des emplois avait été supprimée dans les emplois publics par l’Assemblée Nationale et que des textes prévoyaient les modalités de remboursement des charges et offices militaires. Déjà le régiment auquel appartenait Charles de Lespinay avait été baptisé depuis le 1e janvier 1791, le 18e régiment de cavalerie, perdant sa référence au nom du duc de Berry. Pourquoi cette procuration ? Pour pallier aux contraintes d'absences de la vie de garnison, ou en vue d’un départ à l’étranger ?

Dans les semaines suivant la naissance de sa deuxième fille, M. de Lespinay rejoignit l’émigration, comme beaucoup de nobles en activité habitant la Vendée. Il part comme ses deux frères rejoindre l’armée du prince de Condé (7). Il laissait à son épouse une réserve de 100 000 F et des revenus annuels de 18 à 20 000 F. Cela devait suffire, pensa-t-il, pour faire face aux conséquences matérielles de son absence. Il servit à l’armée des princes, comme chef de section à la 2e compagnie à cheval des gentilshommes du Poitou. Il fut inscrit au chef-lieu du département, alors Fontenay-le-Comte, deux ans plus tard sur la liste des émigrés, le 4 octobre 1793. Le désordre administratif explique ce retard dans la confection de cette liste. L’administration départementale demanda aux municipalités de donner la liste des émigrés vers la fin de 1792. Ce n’était pas fini en mars 1793 quand la guerre de Vendée entra dans sa phase armée (8).

Mais entre-temps son domaine de Linières avait été mis sous séquestre à cause de cette émigration, en juin 1792, avec nomination d’un gardien sur place, inventaire fait par les commissaires du district de Montaigu, et confiscation du fermage des quatorze métairies du domaine (9). Son épouse ne pouvait plus compter sur les fermages, non plus bientôt sur ceux de ses métairies qu’elles possédaient dans la Vienne.

Voulant mettre ses biens propres à l’abri et n’être pas impliquée dans le séquestre des biens de son mari, Mme de Lespinay fit acte de renonciation à la communauté de biens avec son mari, née de leur contrat de mariage, dans les derniers mois de 1792 devant l’administration du district de Montaigu, et devant le directoire du département de la Vendée en juin 1795. Voici en quels termes elle réitère en 1801 sa renonciation à la communauté de biens entre elle et son premier mari : « Marie Louise Marguerite Félicité Duvigier, demeurant ordinairement à Paris, rue Saint-Honoré no 41, de présent à Linières commune de Chauché, réitère en tant que besoin les renonciations par elle faite dans les derniers mois de 1792 devant l’administration du district de Montaigu et l’autre devant le directoire du département de la Vendée (22 prairial an 3 ou 10-6-1795), déclare renoncer à sa communauté avec Charles Augustin de Lespinay son mari, résultant de leur contrat de mariage. À Linières 5 pluviôse 9 (25-1-1801). Signé : Félicité Duvigier » (10).

Joseph Aubert : noyades de Carrier à Nantes
En 1793, fuyant les persécutions, Mme de Lespinay se réfugia comme beaucoup d’autres habitants de la région auprès des armées vendéennes avec peut-être sa première petite fille, la deuxième étant en nourrice à Bazoges-en-Paillers. Elle fit partie de la cohorte des civils composant la Virée de Galerne d’octobre à décembre 1793. Elle échappa à la mort une première fois lors des massacres de la ville du Mans en décembre 1793 et une deuxième fois lors des noyades dans la Loire du représentant de la Convention en mission à Nantes, Carrier, au début de 1794 (11). Voir notre article publié sur ce site : Mme de Lespinay échappe à la mort par deux fois (1793-1794)

Mme de Lespinay se réfugia on ne sait où. On perd sa trace après qu’elle soit sortie des geôles de Carrier à Nantes, à partir du mois de mars 1794. Elle réside à Blois le 25 pluviôse an 3 (13-2-1795), c’est à dire loin des combats de la Vendée. On ne sait pas ce qu’elle y fait et depuis combien de temps elle y réside. Probablement a-t-elle dû s’éloigner « à plus de 20 lieues » du département de la Vendée, suivant l’arrêté de Hentz et Francastel, deux conventionnels en mission en Vendée, s’appliquant aux réfugiés, mêmes « patriotes », pour parfaire la déportation de la population. Ainsi, au 1e mai 1794, Jean Victor Goupilleau, révolutionnaire de Montaigu réfugié à Nantes, s’était fixé, lui aussi, avec les siens à Orléans (12)Sur l’indication de son passeport délivré aussi à Blois le 13 ventôse an 3 (3 mars 1795), il est précisé que celui-ci comporte des visas, c’est à dire qu’elle a voyagé. Malheureusement le passeport ne figure pas au dossier. Le 4 mai 1795 elle est Saint-André-Goule d’Oie, « suivant un certificat des membres du comité de la commune de Goule d’Oie du 15 floréal an 3 ». Et le lendemain 5 mai elle est à Nantes, où elle y réside encore en juillet 1795 (13). On a d’elle aussi des réclamations faites le 8 août 1795 au district de Châtellerault et le 23 novembre 1795 au département de la Vienne contre la vente de ses biens propres, confisqués comme bien nationaux. Elle dû, en exécution des lois, changer son patronyme et elle prit son nom de jeune fille, accolant la particule : Duvigier.

Le rachat de Linières en 1796


Le 1e août 1796 elle racheta elle-même, et à son nom, le domaine de Linières pour un montant de 185 560 F (14), et oubliant dans l’inventaire celle de Vrignais. À la même époque les mêmes autorités vendirent la métairie de la Roche-Mauvin 150 000 F. Neuf mois après, le 26 avril 1797, naissait son fils, Benjamin Desfontaines selon l’état-civil.  Elle avait donc déjà rencontré Joseph Guyet, le père. Mais elle était toujours mariée à Charles de Lespinay, ce qui explique qu’on ait voulu cacher cette naissance illégitime à l’état-civil. Au moment de la naissance elle habitait à Paris, rue du Four-Saint-Honoré. Où avait-elle trouvé l’argent du rachat de Linières ? Comment avait-elle connu Joseph Guyet ? Jusqu’ici ces deux questions restaient sans réponse.

M. de Lespinay, du moins son avocat, prétend que Mme Duvigier, « toujours unie de cœur, d'esprit et de volonté avec son mari, répara les pertes causées à leur fortune par la Révolution ; elle soumissionna le principal domaine de son mari absent ». Après quoi il lui reproche en 1803 d’avoir emprunté de l’argent pour racheter Linières, alors que les revenus dont elle disposait se montaient à 18/20 000 F. par an, auxquelles s’ajoutaient des économies de 100 000 F. qu’il lui avait laissées en partant.

L’acte de notoriété du notaire des Herbiers sert de base pour réfuter les dires de M. de Lespinay. Un ancien officier de santé et six habitants des environs du bourg de Saint-Fulgent, situé à deux kilomètres de Linières, attestent du séquestre du domaine, des destructions et pillage subit par le château : « Dans le mois de juin 1792 le séquestre a été établi sur tous les biens meubles et immeubles appartenant à Charles Augustin de Lespinay officier de cavalerie émigré demeurant à Linière commune de Chauché, qu’il fut même fait un inventaire par les commissaires du district de Montaigu, qu’il fut nommé un gardien qui resta jusqu’à l’époque de la guerre de Vendée. »
« Alors toute administration ayant disparu, la maison et les dépendances de Linière et tous les objets mobiliers qui les garnissaient devinrent la proie des armées des deux partis et notamment dans les premiers mois de 1796 par le général Watrin, alors à St Fulgent commandant de cantonnement, fit enlever par beaucoup de charrettes tous les objets restant du mobilier qui avait échappé à la dévastation et à l’incendie du château. Le convoi fut expédié à Fontenay. En foi de quoi nous avons signé le présent.
À Saint-Fulgent le 9 germinal an onze de la République française une et indivisible, je certifie le fait sincère et véritable.
Aubin officier de santé en chef de la colonne du général Watrin
Menard, François Brochard, Jean Libaud, Lamy, Louis Tricoire, Louis Michaud » (15).

Ces dernières personnes se déclarent : « anciens officiers municipaux et habitants du canton de Saint-Fulgent certifions qu’il est de notoriété publique et à notre parfaite connaissance … ». Aubin avait été le premier président élu de la municipalité cantonale de Saint-Fulgent à l’été 1796, habitant Bazoges-en-Paillers. Il avait soigné la 2e fille de M. et Mme de Lespinay, avant qu'elle ne décède en février 1794 (16).

On ne s’étonnera pas du parti pris de Martineau (requérant l’acte de notoriété), mettant sur le même pied les deux armées combattantes pour piller indistinctement les châteaux comme celui de Linières. La propagande, avec sa part de mauvaise foi, est consubstantielle au déclenchement et au déroulement des opérations de maintien de l’ordre et d’exterminations en Vendée.

Les archives du district ayant disparu, nous savons que les faits relatés ont pu exister, et nous pensons qu’ils ont existé. Peut-être pas dans tous les détails rapportés ci-dessus. De leur propre aveu les témoins n’étaient pas présents à l’inventaire, et pourtant celui-ci a concerné « les biens meubles et immeubles ». Belle précision dont l’utilité était recherchée. Où étaient passés les papiers de famille, les bijoux, l’argent liquide, les titres de rente foncière à Linières ? On devine les accusations et ressentiments portés par cet acte de notoriété.

Port de Nantes en 1838
La situation financière de Mme Duvigier était moins assurée que ne le prétend en effet son ex-mari. Elle devait payer son achat de Linières, moitié comptant et moitié dans les trois mois à suivre, en utilisant les mandats territoriaux. Ceux-ci avaient remplacé les assignats depuis le mois de mars 1796, mais avait déjà perdu 80 % de leurs valeurs nominales un mois plus tard. Encore fallait-il en avoir ! Elle s’associa alors à M. Dubois-Violette qui lui fournit le papier monnaie, moyennant une association à 50/50 dans le rachat. Il appartenait à une famille de gros commerçants nantais. Mais ce dernier voulu se retirer de l’affaire quand, peu de temps après l’achat du 1e août, une nouvelle loi exigeait que le quart de l’achat soit payé en numéraire métallique, pièces ou lingots. Sa valeur ne connaissait pas la dégringolade du papier monnaie et il se faisait très rare. Ses possesseurs le cachaient ou ne s’en servaient qu’à bon escient. C’est alors qu’entre en scène Joseph Guyet.

Selon le mari, ce jeune homme de Saint-Fulgent « fait des offres de prêt » à Mme Duvigier, « lui rend des soins, exprime bientôt une grande passion qui est partagée et porte madame de Lespinay à l'entier oubli de ses devoirs. » Mme Duvigier ne dément pas le service rendu en effet. Joseph Guyet a désintéressé M. Dubois-Violette et payé le quart en numéraire exigé par la nouvelle loi. Son avocat admet : « Que ce service ait été suggéré par l'amour, il n'en a pas moins été rendu ». Sauf qu’au simple regard de certaines dates, il semble que le service a été rendu après que « l’amour ait été consommé », comme on dit dans les romans de bonne tenue. Il y eu l’amour d’abord et l’argent après semble-t-il, ce qui est important à souligner, quand on mélange morale, argent et sentiment. Et on connaît la suite, cet amour entre la jeune femme abandonnée de 23 ans et son jeune amant de 21 ans a duré jusqu’aux termes de leurs vies.

Le retour du mari trompé


Coup d’état d’Augereau 
(gravure à la B. N. F. )
Il semble qu’en 1797, au moment peut-être de la naissance de l’enfant illégitime, M. de Lespinay soit revenu à Linières, mais qu’il a dû s’enfuir à cause du coup d’État des Jacobins exécuté par le général Augereau en septembre 1797. Les royalistes gagnaient les élections partielles, menaçant les révolutionnaires au pouvoir. Le coup de force permit l’annulation de la plupart des dernières élections. L’avocat de M. de Lespinay est explicite : « M. de Lespinay, profitant des premières lois favorables aux émigrés, revient dans son domaine de Linières près de sa femme, qui le reçoit avec tous les témoignages de la tendresse conjugale. Le 18 fructidor arrache M. de Lespinay des bras de son épouse, et cette journée, funeste à tant de familles, est un jour d'allégresse pour Guyet, dont les projets de séduction ne rencontrent plus d'obstacles ». On doute fort de la présence de sa femme à Linières au moment de son accouchement à Paris, ainsi que de sa tendresse conjugale. Mais peut-être le journaliste n’a pas compris chaque épisode d’une vie compliquée, ne retenant que la ligne générale de défense de l’ex-mari, victime d’un amant fourbe, des jacobins, et se voilant la face sur les sentiments de sa femme. Ce retour éphémère du mari a peut-être eu lieu, mais pas de cette manière.

En revanche, le retour définitif de M. de Lespinay a bien eu lieu au début de l’année 1800, après l’amnistie de Bonaparte aux « rebelles de l’Ouest » le 28 décembre 1799. Il est avéré officiellement dans l’acte « de soumission aux lois de la République » du 22 mai 1800 que fit Charles de Lespinay entre les mains de l’adjudant-général Champeaux. Il déclare sa résidence à Paris à cette occasion (17).
On sait que Mme Duvigier ne divorça que dans les derniers jours de cette année 1800. Pourquoi avoir attendu ?

Divorce et revente de Linières


Du côté de M. de Lespinay son avocat indique que le couple séparé vivait à nouveau ensemble, depuis neuf mois au moment du divorce. Résumé par le journaliste cela donne : « M. de Lespinay accourt dans le sein de sa patrie, rejoint sa femme et sa fille ; il oublie auprès d'elles les peines de l'absence. Mais sa femme instruite à feindre par son séducteur, cachait des liaisons criminelles sous le voile d'une affection mensongère. » Dans l’autre camp on « nie que M. de Lespinay ait été accueilli, en l'an 8 avec transport, on le reçut avec bonté, on lui donna un logement séparé de celui de Guyet à Linière ; on lui composa une domesticité de trois personnes, et il se contenta de cet arrangement. À Paris, il demeurait en hôtel garni rue de Tournon, tandis que sa femme demeurait rue Saint-Honoré ; donc il n'y a pas eu de cohabitation, comme on l'a prétendu ». Le discours de l’avocat de M. de Lespinay nous parait trouble sur la suite. Il présente le voyage de M. et Mme de Lespinay de novembre 1800 à Linières de la manière suivante : « cette dame vivant depuis neuf mois à Paris près de son mari, déclare brusquement qu'une affaire pressante l'oblige à faire un voyage, part avec précipitation, rejoint Guyet ». Or son mari l’accompagnait. En effet, le 19 brumaire an 9 (10-11-1800), « le sieur Delespinay obtient du ministre de la police un passeport pour se rendre à Linières ; son épouse l'y accompagne. » (17)  

Cette présence à Linières eut au moins deux objets : revente du domaine et divorce. Nous pensons qu’ils sont liés.

Le 6 frimaire an 9 (27-11-1800), Mme Duvigier revend Linières à Joseph Guyet, par acte passé devant Jalabert, notaire à Paris (18). Le Journal des Débats nous donne deux versions de ce fait. M. de Lespinay d’abord dénonce le procédé en parlant de l’agissement de sa femme : « Le 29 brumaire an 9 (20-11-1800, mais peut-être le journaliste a mal entendu), elle passe clandestinement a Guyet un contrat de vente de la terre de Linière produisant douze mille livres de rente pour le prix de trente mille francs ; le 27 frimaire suivant (18-12-1800), une contre-lettre de cet acte de vente la remet en possession du même domaine, et elle s'applaudit de la ruse qui dépouille le mari pour enrichir l'amant. »

Hambourg en 1800
Dans le camp d’en face on rétorque que la manœuvre aurait été appréciée par la famille « et par l'époux lui-même qui écrivit de Hambourg à Guyet, pour lui témoigner sa reconnaissance relativement à la contrelettre qui rendait à la dame de Lespinay la propriété du château de Linière, qu'elle avait vendu à Guyet. » Au moment de la contre-lettre, M. de Lespinay n’était plus à Hambourg. Qui dit vrai ?

La revente à Guyet pour 30 000 F est bien faible, mais son prêt de 1796 à Mme Duvigier avait-il été remboursé ? Et les sentiments unissant ces deux personnes, ne pouvaient-ils pas gouverner le prix des choses entre eux à leur manière ?

En tout cas, cette contre-lettre resta lettre morte, car dans les papiers des notaires pour établir les baux des fermiers, le propriétaire était « Mme Duvigier, femme Lespinay », en juillet 1800. À partir de juin 1802 c’était Joseph Guyet.

Le divorce a été prononcé par le maire de Chauché le 18 décembre 1800 (19), et sa validité confirmée en 1804 par la cour de cassation (20).

Dans le Journal des débats du 1e janvier 1804, l’avocat de Mme Duvigier indique que « M. de Lespinay a consenti à ce divorce proposé par d'habiles jurisconsultes comme le seul moyen de sauver, pour sa fille, une partie des débris de sa fortune. » À partir de là on comprend mieux l’existence de la contre-lettre, rendant la propriété à Mme de Lespinay, dans des conditions qu’il est difficile d’apprécier, faute de disposer des pièces originales. Le coup parait tordu néanmoins, nécessitant probablement « d’habiles jurisconsultes ».

Il se trouve que cette approbation du divorce est également reprise par le très sérieux historien G. de Raignac dans sa présentation du château de Linières (21). Voici ce qu’il écrit : « Au retour d’émigration, Joseph Guyet convainc M. de Lespinay que la vente n’est pas régulière et qu’il doit divorcer fictivement pour rentrer en possession de ses biens. La première partie du programme est exécutée. » Ensuite il indique comment la propriété est restée chez les Guyet. On ne comprend pas tout faute d’informations suffisantes, mais il semble bien qu’il y ait eu négociation de la part des jeunes amants pour arracher une acceptation du divorce au vieux mari. Mais cela n’a pas marché, et M. de Lespinay s’est engagé ensuite dans un procès où il a tout perdu.

Dans ce procès il n’est nullement fait allusion au mariage civil de Mme Duvigier avec Joseph Guyet. C’est qu’il n’eut pas lieu tout de suite, sinon le fait n’aurait pas été passé sous silence. Une première source nous l’indiquait en août 1802. Une deuxième source donnait la date du mois de septembre 1804 (22). Cette dernière nous parait plus vraisemblable désormais. Et le mariage religieux eut lieu bien plus tard, le 31 août 1812 (23).

Une législation d’exception sur le divorce anti-émigré


Sans faire une analyse exhaustive de l’arrêt de la cour de cassation, il est intéressant d’évoquer certains des moyens ou arguments invoqués.

Daumier : avocat
Il y a d’abord les motifs qui relèvent de la cause perdue, mais que certains avocats n’hésitent pas à invoquer pour faire plaisir à leurs clients. Ainsi, Charles de Lespinay prétend qu’il n’a pas été inscrit sous son vrai nom sur la liste des émigrés, puisque on avait écrit : « Delespinay » au lieu de « de Lespinay », et qu’une trentaine de personnes portaient ce nom en Vendée. Sauf qu’à l’époque cette erreur fut prise au sérieux par Joseph Guyet et l’entraina à d’importantes recherches pour enregistrer dans deux actes notariés de notoriété du même jour des rectifications de noms pour lui et pour sa future épouse en préparation de son mariage civil en 1804. On le voit sur le nom de sa mère, Couzin, au lieu de Cousin, sur son épouse Marie Marguerite Félicité du Vigier au lieu de Marie Marguerite Louise du Vigier, sur son ex-mari, Lespinay au lieu de Lepinais, sur le père de son épouse, Jean Guy du Vigier au lieu de Guy Jean, et sur la mère de son épouse, Marie Marguerite Cherprenet au lieu de Marguerite Charprenet (24). Joseph Guyet avait triché dans la déclaration de naissance de son fils en 1797, lui inventant un père et bricolant les prénoms et nom de la mère. C’est donc en homme averti et en homme de lois, qu’il réalisa des copies de nombreux actes pour étayer les rectifications officialisées.

Le visa du 23 mai 1800 enregistrant la soumission de Charles de Lespinay aux lois de la République avait pour conséquence de le faire considérer comme rayé de la liste des émigrés, prétend son avocat contre toute vraisemblance au plan légal.

Plus intéressants sont d’autres motifs avancés :
      Charles de Lespinay prétend que sa femme est revenue avec lui (notamment lors du fameux voyage de Paris à Linières en novembre 1800) et qu’au terme de la loi du 16 avril 1803 cela veut dire qu’il y a eu réconciliation, rendant le divorce impossible. Ce à quoi les juges ressortent un autre article du code civil (art. 295) qui porte que les époux divorcés ne peuvent plus se réunir.

      La loi du 20 septembre 1792 sur le divorce obligeait à se soumettre au jugement d’un tribunal de famille. Or une loi du 14 mars 1795 déclare abrogée cette disposition, dans le cas du divorce pour motif d’émigration, et la citation de Charles de Lespinay à l’acte de divorce n’était pas obligatoire. C’est un point surtout qui a été mis en exergue par le journaliste du Journal des Débats. L’air du temps était à la critique des facilités du droit révolutionnaire créant le divorce. La simple inscription comme immigré entraînait la confiscation des biens, la condamnation à mort, et autorisait le conjoint à obtenir le divorce. M. de Lespinay a récusé la compétence du maire de Chauché pour prononcer le divorce, la procédure observée, et les témoins à l’acte, « tous frères ou beaux-frères de Guyet, les complaisants ou les complices de ses débauches ». Il faut dire que présent à Linières il n’a pas été convoqué à la mairie de Chauché où le divorce fut prononcé !

      La cour de cassation a répondu point par point pour valider le divorce en s’appuyant sur la législation révolutionnaire en vigueur. On sait que la législation napoléonienne opéra un important retour en arrière sur cette législation jugée trop libérale. L’article a-t-il été l’occasion d’une démonstration  à l’aide du cas plaidé ? Ne voyait-on pas dans ce dernier la facilité avec laquelle une épouse laissée à elle-même pouvait disposer des biens de famille à sa guise, c'est-à-dire à la légère ? Autant que la solidité des liens conjugaux exigée par la morale dominante de l'époque, des historiens ont expliqué que le revirement de la législation sur le divorce, opéré par Bonaparte, trouve son fondement dans la volonté de protéger les propriétés familiales.  

      Le visa du 23 mai 1800 enregistrant sa soumission aux lois de la République avait pour conséquence de faire considérer M. de Lespinay comme rayé de la liste des émigrés, avance le demandeur. Les juges répondent qu’un arrêté du gouvernement du 13 août 1800 apporte plusieurs indications. La première, que le visa de l’acte de soumission ne vaut pas passeport. La deuxième, que l’amnistie ne pouvait pas couvrir le crime d’émigration. La troisième, qu’il aurait dû sortir du territoire malgré l’acte de soumission du 22 mai 1800, n’ayant pas été rayé définitivement de la liste des émigrés. Quoique absous du « délit de chouannerie » au jour du divorce, Charles de Lespinay était toujours réputé émigré à cette date. Moyennant quoi il n’existait pas civilement aux yeux de la loi révolutionnaire et ne pouvait être cité à la prononciation de son divorce en mairie de Chauché.

Un mari abandonné


Cet arrêt de la cour de cassation et le divorce prononcé par le maire de Chauché n’abordaient pas un point pourtant important : la garde des enfants. En 1804, la fille aînée, Henriette de Lespinay, avait 10 ans, et sa petite sœur était décédée. À nouveau les parents s’opposèrent sur ce point, à commencer par les convocations du conseil de famille, pour lesquelles on alla jusqu’en cour d’appel sur un point de procédure (25). Finalement l’enfant resta chez sa mère.

Haras de Saint-Lô
Charles de Lespinay quitta Paris et se fit engagé dans la Manche à Saint-Lô, pour y diriger une remonte de chevaux de l’armée (26). C’est là qu’il y est décédé le 23 février 1807, à l’âge de 54 ans. Et c’est Joseph Guyet, mandaté par son épouse, en tant que curatrice de sa fille Henriette de Lespinay, alors âgée de 17 ans et héritière de son père, qui déclara la succession au bureau de Montaigu le 7 août 1807 (24). Celle-ci se résumait semble-t-il, dans le bocage, en la moitié de la métairie de la Petite Atrie située sur la commune des Brouzils. Charles de Lespinay en avait hérité en 1805 d’une parente, lors d’un partage organisé par son frère aîné Alexis, chef de famille, avec son frère Armand et sa sœur Henriette (27).

Sa fille Henriette de Lespinay mourut à l’âge de 21 ans le 16 février 1811. Quand le gouvernement de la restauration monarchique vota sa loi du 27 avril 1825 pour indemniser les émigrés spoliés pendant la Révolution, elle était l’héritière posthume de son père, Charles de Lespinay, qui avait droit à cette indemnisation. Sa mère réclama « l'indemnité comme héritière de la demoiselle de Lespinay, sa fille, qui était aux droits et obligations de son père. » Elle toucha une somme, se rendant pour cela chez le frère aîné de son ex-mari au Pally (Chantonnay) en 1829. Mais là encore on fit un procès, à l’administration cette fois, et le Conseil d’État du prendre une décision en 1835 sur le montant dû (28).

Marie Marguerite du Vigier, veuve Guyet, avant vicomtesse de Lespinay, était décédée à Paris le 19 avril 1833, trois ans après Joseph Guyet (29). Son destin étonnant inspira une rumeur très dans le goût de l’époque romantique dans les années 1830/1840 à Paris dans l’entourage de son fils Guyet-Desfontaines. Le premier mari de l’ex vicomtesse de Lespinay aurait participé à la guerre de Vendée, ce qui est faux. On alla même jusqu’à dire que Charles de Lespinay avait été aide de camp de La Rochejaquelein. Peut-être faut-il soupçonner l’imagination fertile d’Alexandre Dumas, un ami proche (30).


(1) Témoignage entendu par l’auteur dans les années 1960.
(2) Alain Gérard, Vendée les archives de l’extermination, édition du CVRH (2013), page 294.
(3) Son père est mort en 1773 [Ferme du 12-12-1781 de la métairie de la Clielle, Archives de la Vienne, dossier de Mme Duvigier : 1 Q 228 no 234]. Sa mère est morte le 16 juin 1772 à l’âge de 18 ans (vue 42 du registre numérisé), et inhumée dans l’église paroissiale Saint-Paul de Poitiers.
(5) Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay, martelage du 24-1-1791 d’arbres situés sur le domaine de Linières : 1465, et martelage du 13-3-1788 d’arbres situés à Linières : B 1464.
(6) Procuration de Charles Augustin de Lespinay du 20-5-1791 pour racheter la finance de sa compagnie, Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13. 
(7) J. Biteau, Le général de Lespinay (1789-1869), Le Lys et le Lin Éditions, 2024, page 26.(8) Marcel Faucheux, L’émigration vendéenne de 1792 à l’an XI, Archives de la Vendée : BIB 6136, page 13.
(9) Acte de notoriété du 12 germinal an 11 demandé par B. Martineau, Archives de Vendée, étude (A) notaire Allard des Herbiers : 3 E 019, (vue 202/492).
(10) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 20, famille Guyet, réitération  du 5 pluviôse 9 de la renonciation à la communauté des biens par Félicité Duvigier, signée à Linières. 
(11) Mémoires de la marquise de la Rochejaquelein, Mercure de France (1984), page 413 et J. Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire (1840), tome 1, pages 458 et 527.
(12) A. Gérard, Violence et maîtrise de la violence : aux origines de la Guerre de Vendée, "La violence au village : 16e-19e siècle", (dir. Y. M. Bercé), Passés Composés, 2022, p. 191-249.
(13) Inventaire des certificats de résidence de Mme Duvigier entre décembre 1792 et juillet 1795, Archives de la Vienne, dossier de Mme Duvigier : 1 Q 174 no 149. 
(14) Archives de Vendée, vente des biens nationaux, dossier de l’achat de Linières : 1 Q 240 no 317.
(15) Idem (9).
(16) Acte de notoriété du 12-3-1802 de la mort de Pauline de Lespinay, Archives de la Vendée, justice de paix de Saint-Fulgent : 4 U 25/31.
(17) Philippe-Antoine Merlin, Recueil alphabétique des questions de droit qui se présentent le plus fréquemment dans les tribunaux », 3e édition (1820) tome 5, page 247 et s. L’auteur, dit Merlin de Douai (1754-1838), conventionnel en mission à Nantes en juin 1793, y donna l’ordre par poltronnerie d’évacuer la ville après la prise d’Angers et de Machecoul par les révoltés vendéens. Les Nantais, plus courageux, l’obligèrent à rester avec eux, le pistolet sous la gorge. Rapporteur de la loi des suspects (17-9-1793), il fut ministre de la justice sous le Directoire et s’exila en 1815. Taine le traite de « bourreau en chambre. [J.N. Bregeon et G. Guicheteau, Nouvelle Histoire des guerres de Vendée, Perrin, 2017, page 136.]
(18) Anne Huitzing, Modes de faire-valoir et changement social à Saint-André-Goule-d'Oie de 1840 à 1976, Annuaire de la Société d’Émulation de la Vendée (1980). Aussi copie de l’acte de vente des Grandes Roussières et de la Fontaine le 19-4-1894 dans le fonds Boisson des Archives historiques du diocèse de Luçon : 7 Z 32-1. Et notes sur Linières : 7 Z 32-3.
(19) Archives de Vendée, registre d’état-civil de Chauché, an IX, divorce Lepinay/Duvigier du 27 frimaire an 9, vue 17/042.
(20) Idem (17).
(21) G. de Raignac, De châteaux en logis, itinéraire des familles de Vendée, Bonnefonds (1997), tome 8, page 169.
(22) Acte d’adoption du 13-7-1824 de Guyet-Desfontaines, Archives de Vendée, Papiers de famille du général baron de Lespinay (1789-1920), familles alliées, succession de Guyet-Desfontaines : 44 J 16. 
(23) Fiche Coutot : mariage de Joseph Guyet et de Marguerite Duvigier à l’église Saint-Etienne-du-Mont de Paris le 31 août 1812.
(24) Actes de notoriété du 28 thermidor an 12 (16-8-1804) sur les noms et prénoms Couzin, du Vigier, Cherprenet et Lespinay par devant Vingtain notaire à Paris : Archives privées Fitzhebert (dossiers no 1 et 2).  
(25) J. B. Sirey, Recueil général des lois et des arrêts Tome 5 (an XII), page 604 et s : arrêt de la cour d’appel du 7 floréal an 13 (27-4-1805) Duvigier/Delespinay.
(26) Archives de Vendée, déclaration de succession au bureau de Montaigu le 7-8-1807 de la succession de Charles Augustin de Lespinay (vue 95/198).
(27) Partage d’héritage de la Barilière et de l’Atrie le 11-6-1805 (de Lespinay), Archives de Vendée, étude de notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/138.
(28) Recueil des arrêts du Conseil d'État, Delhomme (Paris) 1835/0, série 2, tome 5, arrêt du conseil d’État du 12 juin 1835, Ministre des finances /veuve Guyet. (Gallica.fr : vue 434/818).
(29) Reconstitution d’acte d’état civil de Paris du 15-10-1872 de l’acte de décès du 19-04-1833 à son domicile rue de Sèvres no 16, de Marie Marguerite Félicité du Vigier : Archives privées Fitzhebert (dossier no 9). 
(30) Notes sur la chemise du dossier no 14 : Archives privées Fitzhebert.  


Emmanuel François, 
tous droits réservés
Janvier 2010, complété en novembre 2024


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LIVRE : Les châtelains de Linières à St André Goule d'Oie

Des lieux comme Linières, sur la commune de Chauché, cultivent la discrétion sur leur riche passé. Pourtant certains propriétaires de cet ancien petit fief vendéen, né au Moyen Âge, témoignent d’une vie peu banale, côtoyant Jeanne d’Arc, François Ie et Napoléon.

Des documents jusqu’ici inexploités permettent de découvrir ces châtelains. S’agissant de personnages ayant approchés ceux qui ont fait l’Histoire du Bas-Poitou et l’Histoire de France, on les trouve en compagnie de ces derniers dans des documents et des livres les plus variés. Par bonheur internet nous en fournit un accès facile désormais. De plus les Archives Départementales de la Vendée sont à la pointe dans l’accès du grand public à ses précieux documents. Avec eux on connaît les métayers et domestiques de Linières, les maires et anciens conseillers municipaux de St André, le recensement de la population au XIXe siècle, etc.

Cette monographie a pour but de répondre à la curiosité d’un public désireux de connaître le passé de Linières, de St André Goule d’Oie, de Chauché et du canton de St Fulgent. Mais cette histoire locale et bien particulière illustre et concrétise à sa manière l’histoire nationale avec les chevaliers du Moyen Âge et de la Renaissance, la guerre de cent ans, les guerres de religion, la Révolution et la guerre de Vendée, la montée de la bourgeoisie au 19e siècle, les écoles de peinture il y a 150 ans, la vie politique sous la monarchie de Juillet, etc.

Je l’ai édité en septembre 2009 et il s’est vendu principalement autour de Linières, naturellement.

Et puis j’ai continué mes recherches après la sortie du livre. La montée en puissance d’internet, le retour aux Archives départementales de la Vendée, les rencontres d’internautes suscitées par mon site : linières-saint-André.com, m’ont ouvert d’autres pistes de recherche.

La rencontre avec Véronique Noël-Bouton-Rollet en 2010 a été importante pour mieux connaître les Guyet-Desfontaines et Marcel de Brayer. Auteur d’une thèse de doctorat sur Amaury-Duval (1808-1885), L’homme et l’œuvre en 2007, ses travaux font autorité et l’on ne peut désormais que s’y référer pour évoquer ce peintre.

L’obligeance du directeur de la Société Eduenne des lettres, sciences et arts à Autun, m’a permis d’accéder au fonds Amaury Duval et de compléter mes connaissances sur Amaury-Duval et Marcel de Brayer.
Mon livre édité en septembre 2009 étant épuisé, je le publie maintenant via un éditeur internet. Il est destiné aux lecteurs qui se manifestent de temps en temps, et à qui il est difficile de leur répondre qu’il n’est plus disponible.

L’édition internet paraît constituer un modèle économique adapté à la publication de monographies. Techniquement le livre est devenu une sorte de « clé USB », s’ajoutant à la traditionnelle compilation de pages de papiers conservées dans une couverture de présentation. Et puis il faut bien penser aux futurs utilisateurs d’ebook.

Pour tenir compte des découvertes faites dans mes dernières recherches, j’ai modifié en tant que de besoin le texte de 2009. Pour diminuer le coût de l’ouvrage, j’ai supprimé les photos, par ailleurs la plupart du temps accessibles par internet.

Le livre est vendu par l'éditeur : lulu.com au prix de 20 € + frais de port.

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Table des matières du livre : "Les châtelains de Linières à St André Goule d'Oie"

TABLE DES MATIERES

Chapitre I La Droslinière
La Droslinière ancien nom de Linière
Le régime de la noblesse et le droit féodal
L’ancien château de Linière avant 1870

Chapitre II Les châtelains de la Droslinière de 1200 à 1685
Les Droslin (1200-1350)
Guillaume Baritaud (1350-1381)
Les Foucher (1381-1535)
Les La Châtre (1535-1580)
Charles Bruneau (1580-1590)
Pierre Garreau (1590-1600)
Elie de Goulaine (1600-1630)
Les Legras (1630-1685)

Chapitre III Saint André Goule d’Oie sous l’Ancien Régime
Origine de St André Goule d’Oie
Description de St André Goule d'Oie
Les familles de notables de St André Goule d'Oie
Le prieur curé
La tenue des registres paroissiaux
L’administration temporelle de la paroisse
Le renouveau catholique au 18e siècle

Chapitre IV Les châtelains de Linière de 1685 à 1791
Les Gaborin (1685-1700)
Les Cicoteau (1700-1750)
Les de Lespinay (1750-1791)

Chapitre V Linières dans la Révolution et l’Empire
Linières dans la guerre de Vendée
Le rachat de Linières en 1796 et une naissance en 1797
Un révolutionnaire à Linières : B. Martineau
Le retour de Charles Augustin de Lespinay
Le divorce de Mme de Lespinay
La vie à Paris du couple Guyet

Chapitre VI Les  Guyet-Desfontaines
Mme Guyet-Desfontaines
Guyet-Desfontaines député de la Vendée     
Les habitants de Linières de 1846 à 1866


Description de la métairie de la Morelière
Le tombeau des Guyet au cimetière de Montmartre

Chapitre VII Marcel de Brayer
Isaure de Brayer, sa mère
Alfred de Brayer, son père
Jeunesse et adolescence de Marcel de Brayer
Le nouveau château de Linières
Marcel de Brayer maire de St André Goule d’Oie
Recensement de la population de St André en 1872
Les habitants de Linières en 1872
Le poète

Chapitre VIII Amaury-Duval
Sa famille
Sa vie
Son œuvre
Sa personnalité
Les habitants de Linières au temps d’Amaury-Duval

Chapitre IX Raffard de Marcilly
La famille Raffard de Marcilly à Linières
Les habitants de Linières en 1896
Eugène et Gaston de Marcilly maires de St André

Chapitre X De La Boutetière et la fin du château
Louis Prevost de La Boutetière
Les habitants de Linières au début du 20e siècle
Un bail à fermage en 1907 à la Morelière
La démolition du château et la vente des fermes

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